Le plus grand souci de la Gauche, c’est que depuis le triomphe de la « nouvelle gauche » avec d’un côté François Mitterrand et de l’autre les milieux universitaires, c’est l’idée d’être de gauche qui a triomphé sur le principe d’être à gauche.
Que ce soit avec les socialistes regroupés dans la SFIO avant 1920 ou bien la SFIO et le Parti Communiste – SFIC puis le PCF, il y a toujours eu le principe suivant : une organisation s’appuie sur des principes et une analyse de la société. Il fallait travailler pour être à gauche, en comprenant la situation historique et les rapports économiques.
Avec le pragmatisme gouvernemental, la corruption électoraliste, la soumission au coup d’État de 1958 marquant la fondation de la Ve République, tout cela a disparu. Il s’agirait d’être « de gauche », face à la Droite. Il suffirait finalement d’écouter ce que disent les gens de Droite… et de dire le contraire !
Le souci bien entendu, c’est qu’il y a plein de moyens d’être opposé à la Droite. Il y a ainsi l’extrême-droite, pas les « fachos » mais la vraie extrême-droite, qui veut le triomphe d’un certain idéalisme nationaliste. Il y a aussi la Droite modernisatrice, qui a en horreur la Droite conservatrice. Ce n’est pas pour rien qu’historiquement il y a eu le RPR et l’UDF comme principaux partis de droite en France ! La République En Marche est d’ailleurs une réactivation de l’UDF.
Cela aboutit à ce que des gens s’imaginent de gauche, alors qu’ils ne sont finalement que pour moderniser le capitalisme et c’est cela qui explique que beaucoup de monde se définissant comme de gauche a apprécié les débuts d’Emmanuel Macron, qui allait secouer le « vieux monde » ! Cela reflète une perte de valeurs et un grand problème d’orientation !
François Hollande a été le dernier avatar d’ailleurs de ces menteurs appelant à voter pour eux avec le chantage suivant : si ce n’est pas moi, cela sera la Droite! Il faut se rappeler la véritable démonisation de Nicolas Sarkozy au moment de l’élection de François Hollande. Un tel populisme a liquidé la rationalité à gauche.
Quant à Emmanuel Macron s’oppose à la Droite classique, traditionnelle, mais il n’est pas à gauche pour autant. Il y a plusieurs droites, il y a celle qui préfère le calme du catholicisme et celle qui fait un fétiche de la frénésie des start ups. Il ne suffit pas de dire qu’on n’aime pas les conservateurs : la finance ne les aime pas non plus !
Ce constat est finalement facile à faire une année après l’élection d’Emmanuel Macron comme président, cependant il fallait déjà avoir compris cela avant pour bien en saisir la portée et être capable d’indiquer des chemins pour ramener les gens de gauche à gauche, pour commencer ! L’opposition à la chasse à courre est ici un marqueur incontournable, parce qu’elle attaque les notables dans l’arrière-pays, qu’il remet en cause l’appropriation de la nature par les traditions réactionnaire, et également qu’il exige un rapport nouveau, harmonieux, avec les animaux.
Pourquoi cela arrive-t-il seulement en 2018, alors qu’après 1968 s’est produit toute une critique des valeurs de la société industrielle façonnée par les grandes entreprises et un État à leur service ?
Ce qui s’est passé est finalement simple : les forces intellectuelles ont trahi et se sont précipitées dans les institutions, dans l’art contemporain, dans un véritable business associatif. La classe ouvrière a quant à elle été entièrement bloqué dans des initiatives par l’esprit de cogestion de la CGT et les rêveries autogestionnaires de la CFDT.
Ce qui compte par conséquent, c’est l’esprit de remise en cause de la vie quotidienne dans le capitalisme, mais pas pour aller en arrière, comme le font les zadistes ou les nostalgiques de la France des années 1960. Il s’agit d’assumer la société comme collectivité, c’est-à-dire le socialisme. Et d’être présent sur le terrain de la vie quotidienne!