Mais où sont passées toutes les personnes qui se sont rapprochées de la Cause animale ? Elles ont toutes disparues de la circulation depuis la pandémie. Il ne reste plus rien ! Dès que la pandémie s’est installée, il y a une profonde crise morale, intellectuelle, culturelle, et la Cause animale n’a tout simplement pas tenu le choc.
Avant la crise, il était considéré que la question animale commençait à faire partie du panorama de la vie en France, que les avancées devaient être inexorables. La chasse à courre commençait à être connue et très largement remise en cause ; l’existence du mode de vie vegan se faisait connaître.
Avec la crise, les animaux ont disparu comme question importante, c’est à peine si on en parle encore ; quant au véganisme, il est devenu un végétalisme simple prétexte à l’industrie de l’alimentation.
Ce qui compte, c’est l’armée, c’est la compétition internationale, c’est la lutte de chaque pays pour son influence ; qui va se préoccuper du sort des êtres vivants en général dans un tel contexte ? D’où dans la Cause animale une tendance au pessimisme, à l’isolement social et aux mentalités nihilistes.
Mais il ne faut pas se fier aux apparences. En réalité, la défaite de la Cause animale est sa victoire. Initialement, la Cause animale est née comme Cause en soi, de manière séparée du reste. Cause vraie, cause juste, elle a pu galvaniser et produire un mouvement de masse. Il faut lire l’incroyable histoire du Front de Libération animale qui en Angleterre était la grande actualité des années 1970-1980, avec des actions quotidiennes. Plusieurs décennies après, on ne peut qu’être bluffé, interloqué de l’ampleur et de la modernité des exigences qu’on trouvait alors.
Mais aucun mouvement, fut-il moralement juste, ne peut exister de manière séparée de la maturité de l’Histoire qui s’avance. Ce sont les prolétaires qui transforment le monde, ce sont eux qui vont transformer la réalité dans un sens nouveau, révolutionnaire, et la Cause animale ne peut être victorieuse qu’en se fondant, en se fusionnant avec cette classe laborieuse.
On dira que les ouvriers mangent des merguez et n’en ont rien faire, pour beaucoup, des animaux. Tout à fait, tout comme d’ailleurs ils se moquent du Socialisme. C’est pourquoi, historiquement, le Socialisme vient de l’extérieur du prolétariat, il est porté par l’avant-garde qui elle a une compréhension scientifique du monde et des transformations en cours, des transformations nécessaires.
Et si la Cause animale est juste, car portée par l’Histoire, alors immanquablement elle devient une partie du Socialisme, de son programme, de ses mentalités, de ses exigences et de son action.
La Cause animale est même un critère fondamental pour distinguer ceux qui vivent dans le passé et ceux qui ont compris que la planète Terre est autre chose qu’un gros rocher où une humanité tombée dans la démesure peut tout massacrer pour satisfaire son ego.
La Cause animale est collective ; elle ne concerne pas simplement tel ou tel animal, mais tous les animaux. Par conséquent, elle concerne la planète entière, dans son existence et dans son devenir. On raisonne forcément de manière absolue, on réfléchit en termes de grands ensembles, où tout est lié, tout est relié. On voit la planète comme une Biosphère.
C’est la raison pour laquelle inversement les mouvements « pour le climat », pour la « dernière rénovation », les « soulèvements de la terre » et autres agitations pessimistes – nihilistes sont de nature anti-animale et anti-Socialisme. Ils tentent de « freiner » les choses, de revenir en arrière, d’empêcher qu’on agisse de manière nouvelle : ils veulent seulement qu’on « ralentisse » les choses.
Il ne s’agit pourtant pas de ralentir les choses, mais de les accélérer. La notion d’enfermement des animaux est par exemple éminemment odieuse. Il est très facile de comprendre que cela relève du passé. Ce passé doit être abandonné, dépassé, il reflète une humanité sans maturité, se comportant de manière irréfléchie et spoliatrice.
C’est avant tout une question de sensibilité que tout cela. Et le Socialisme se fonde sur le matérialisme, sur la reconnaissance de la matière, par opposition à l’idéalisme, qui développe le culte d’idéaux fictifs ou dépassés. Il faut reconnaître les choses telles qu’elles sont, voilà ce que dit le Socialisme. Et comment ne pas reconnaître la situation d’un oiseau en cage ? Tout comme : comment ne pas reconnaître la situation d’un oiseau qui n’est pas en cage ?
La Cause animale devient celle du Socialisme, voilà ce que la crise révèle en fait. La défaite de la Cause animale est sa victoire, car elle passe de proposition idéale à une exigence historique – à condition qu’il y ait une avant-garde pour la porter, sur le plan des idées et du vécu, dans la réalisation de la société nouvelle, socialiste, dont nous avons besoin.
L’avenir exige d’être à la hauteur concernant la Cause animale – sans quoi l’avenir ne deviendra pas le présent !