Le cauchemar continue et chaque jour apporte son lot d’escalade à la chronologie du bellicisme français depuis le 26 février 2024. La nouvelle du 19 mars 2024, c’est une tribune hallucinante du chef d’Etat-major de l’armée de Terre (CEMAT), Pierre Schill, dans le quotidien Le Monde.
Il y explique que l’armée française est prête à aller au carton. C’est immanquablement une contribution à l’escalade. C’est d’ailleurs parallèle à un bourrage de crâne général de la part des médias sur une possible invasion de toute l’Europe par la Russie. On nage en plein délire, comme en 1914.
Le même jour que la tribune du « CEMAT », la Russie a précisé qu’elle savait à quoi s’en tenir. Le directeur du renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a fait une déclaration à l’agence de presse russe TASS pour expliquer qu’était prévue l’arrivée en Ukraine de 2000 soldats français. Il a indiqué que cette force militaire française sera « une cible prioritaire et légitime pour les attaques des forces armées russes ».
Eh oui, le climat est à la guerre ! Mais qu’a dit Pierre Schill, très concrètement, dans sa tribune?
Il parle de guerre à tous les niveaux, guerre technologique, mais également guerre de masse.
« Sur le terrain, le retour de la violence guerrière s’impose en miroir de l’affaiblissement des règles internationales. Cette violence guerrière mute avec le développement technologique. Le fantasme d’un combat moderne, mené intégralement à distance grâce aux nouvelles technologies, s’est dissipé.
Les nouvelles formes de conflictualité s’ajoutent aux anciennes sans les remplacer : la guerre électronique n’est pas exclusive de corps-à-corps dans les tranchées ; les attaques cyber de duels d’artillerie ; les manipulations informationnelles de combats urbains maison par maison ; les missiles hypervéloces de frappes de drones à bas coût. »
Il dit ouvertement que la France n’est pas menacée… mais ce n’est pas le cas de sa place au niveau mondial dans les rapports de force. Pierre Schill parle littéralement comme un impérialiste.
« Les conflits actuels amènent à reconsidérer la notion de volume de force. Le temps où l’on pouvait infléchir le cours de l’histoire avec trois cents soldats est révolu (…).
Du fait de sa géographie et de l’état de prospérité au sein de l’Union européenne, aucun adversaire ne menace ses frontières métropolitaines (…).
Pourtant, la France n’est pas à l’abri des tensions qui se manifestent partout dans le monde. Elle a des responsabilités internationales. Elle a des intérêts et des territoires dans toutes les aires géographiques ».
Tout cela pour dire que la France est prête à assumer une coalition militaire… Qu’on devine évidemment contre la Russie, même si ce n’est pas dit. Il est bien précisé que cette coalition peut se faire en-dehors de l’Otan (c’est-à-dire avec des pays de l’Otan mais sans officiellement impliquer tout l’Otan).
« La France a la capacité d’engager en coalition une division, soit environ 20 000 hommes, dans un délai de trente jours.
Elle se dote des moyens de commander un corps d’armée en coalition, soit jusqu’à 60 000 hommes, en agrégeant une division française et des capacités nationales du haut du spectre militaire à une ou plusieurs divisions alliées.
L’état-major de corps d’armée est la structure indispensable pour diriger des opérations terrestres d’intensité variable, depuis des missions de gestion de crise ou de réassurance jusqu’à un engagement de haute intensité.
Il est l’outil d’une puissance capable d’entraîner des partenaires ; l’instrument diplomatique et militaire qui autorise la France à s’engager de manière autonome comme nation-cadre au sein de l’OTAN, comme au sein d’une coalition ad hoc. »
Et la conclusion de la tribune, en bon général pressé de faire la guerre:
« L’armée de terre s’adapte pour assurer la sécurité des Français et contribuer à celle de leurs alliés, principalement européens. Elle est engagée dans une vaste transformation qui renforce ses capacités et durcit son organisation.
Dans ses villes de garnison, en exercice ou en opération, l’armée de terre incarne la force et les valeurs de la nation. Elle est fière qu’une part importante de la jeunesse rejoigne ses rangs.
Elle se tient prête. Quelles que soient les évolutions de la situation internationale, les Français peuvent en être convaincus : leurs soldats répondront présent. »
C’est un soutien sans équivoque à la ligne du 26 février 2024. L’intervention militaire fait plus que se dessiner, elle prend déjà forme, elle est là. Guerre à la guerre !