Après le 80e anniversaire du débarquement en présence d’Emmanuel Macron, Joe Biden et Volodymyr Zelensky, il y a eu le lendemain le triomphe fait à ce dernier. Au troisième jour, le 8 juin 2024, cela a été au tour de Joe Biden de recevoir tous les honneurs.
Ce qui fait, d’ailleurs, que Volodymyr Zelensky a reçu un triomphe en France, alors que le président américain Joe Biden était en France, à l’arrière-plan. C’est tout un symbole. La France est une succursale américaine, et si elle prend la tête de la coalition contre la Russie, c’est sur ordre américain. D’où les propos de Volodymyr Zelensky, ce pantin de la superpuissance américaine :
« Emmanuel, Monsieur le président, je voudrais te remercier aussi de n’avoir pas laissé l’Europe sans leader et l’Ukraine sans la France au moment qui était décisif. »
La vassalisation est totale, la France ne peut plus reculer. Son armée est totalement intégré dans l’Otan, toutes les institutions ont fusionné avec l’Union européenne. Désormais, si décrochage il y a, il ne peut qu’être total.
Pour preuve, la journée du 8 juin 2024 n’a été accompagnée de strictement aucune annonce franco-américaine. C’était une pure mise en scène. Deux phrases résument ce théâtre : « Alliés nous sommes et alliés nous resterons » (Emmanuel Macron), « La France et les Etats-Unis sont ensemble, aujourd’hui et pour toujours » ( Joe Biden).
Comme il fallait bien faire quelque chose, Emmanuel Macron et Joe Biden sont allés raviver la flamme du soldat inconnu, avec une descente des Champs-Elysées escortés par 140 chevaux et 38 motards de la Garde républicaine. S’en est suivi un banquet à l’Elysée.
Une « Feuille de route franco-américaine » a été signée, comme c’est l’usage, au minimum, lors de telles rencontres. Le document est très long et concerne littéralement tous les domaines : l’Ukraine, l’Otan, la Moldavie, les Balkans occidentaux et le Caucase du Sud, le Moyen-Orient, l’Afrique, la région Indopacifique, les Amériques, la lutte contre les activités de manipulation de l’information et d’ingérence menées depuis l’étranger, le climat, les câbles sous-marins dans le Pacifique, les transports, la coopération scientifique, etc.
Voici les passages les plus importants, ceux qui reflètent l’objectif d’une guerre européenne contre la Russie et la soumission de la France à l’Otan.
Les présidents réitèrent leur ferme condamnation de la guerre menée par la Russie en Ukraine et rejettent la tentative d’annexion par la Russie de territoires ukrainiens souverains, en violation flagrante du droit international, notamment de la Charte des Nations Unies. Le discours nucléaire irresponsable de la Russie et son mépris des régimes de contrôle des armements sont inacceptables.
Dans ce contexte, la France et les États-Unis réaffirment leur soutien constant à la défense par l’Ukraine de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, notamment en continuant de lui apporter une aide politique, humanitaire, économique et de sécurité.
Les deux pays confirment leur appui à une paix globale, juste et durable dans le respect du droit international, et continueront à travailler avec leurs partenaires et Alliés à coordonner l’aide pour permettre à l’Ukraine d’exercer pleinement son droit de légitime défense, prévu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies.
Les présidents ont échangé sur les possibilités d’agir davantage en soutien à l’Ukraine ; cette guerre met en effet en jeu la sécurité euro-atlantique dans son ensemble.
La France et les États-Unis coprésident la « coalition artillerie » au sein du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine et ont l’intention de prendre de nouvelles mesures pour apporter à l’Ukraine le soutien nécessaire dans la période actuelle et à plus long terme.
Les deux pays demeurent déterminés à réfuter les arguments qui prétendent faussement que le temps joue pour la Russie ; les deux présidents s’engagent à soutenir les efforts déployés dans le cadre de l’Union européenne (UE) et du Groupe des sept (G7) pour faire bénéficier l’Ukraine des profits considérables provenant des avoirs souverains russes immobilisés, conformément au droit international et à leurs systèmes juridiques et processus de décision respectifs.
Les présidents ont également exprimé leur vive préoccupation face aux transferts d’armes, notamment depuis l’Iran et la République populaire démocratique de Corée, ainsi que de biens à double usage et de composants pour une production militaire en provenance d’entreprises situées en République populaire de Chine et dans d’autres pays, que la Russie utilise pour reconstruire sa base industrielle militaire et de défense afin de continuer sa guerre contre l’Ukraine.
La France et les États-Unis soutiennent des mesures visant à interdire l’accès aux systèmes financiers français et américain de tous ceux qui sont impliqués dans de tels transferts.
Ils soutiennent tous deux résolument le travail de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) visant à mettre en lumière et à documenter les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises par les forces russes.
Les deux pays demeurent déterminés à atténuer les conséquences tragiques de la guerre sur le plan humanitaire et des droits de l’homme ainsi que ses répercussions sur la sécurité alimentaire mondiale, l’énergie, la sécurité et la sûreté nucléaires, et l’environnement.
La France et les États-Unis réaffirment leur volonté d’assurer leur défense réciproque et de défendre chaque parcelle de territoire allié à tout moment, de protéger leurs ressortissants et de préserver la liberté et la démocratie, conformément aux engagements qu’ils ont pris en tant qu’Alliés au sein de l’OTAN.
Ils renforcent ensemble leur défense collective contre l’ensemble des menaces, dans toutes les directions, en suivant une approche à 360 degrés.
Les présidents ont réaffirmé l’importance du renforcement du partenariat stratégique OTAN-UE et d’une défense européenne plus forte et plus capable soutenant le pilier européen de la sécurité transatlantique qui contribue de manière positive à la sécurité collective.
Les États-Unis soutiennent les investissements croissants des Alliés européens et de leurs partenaires dans des capacités militaires qui consolident notre défense commune, de manière complémentaire à l’OTAN.
Depuis la crise commencée en 2020, le capitalisme s’effondre, la superpuissance américaine perd son hégémonie, et pour sauver sa propre peau, le capitalisme français se précipite comme vassal pour aider à « geler » l’ordre mondial.
Cette mise en scène du 8 juin 2024 était très importante pour une partie de la bourgeoisie, qui n’avait pas compris l’initiative prise par Emmanuel Macron le 26 février 2024. Elle craignait que la France ne se retrouve seule, ou bien qu’Emmanuel Macron agissait de manière isolée. La visite de Joe Biden vise à rassurer, à bien montrer que tout est concerté.
L’éditorial du Monde du même jour ne s’y trompe pas, et salue la situation nouvelle, qui donne beaucoup moins l’impression que la France provoque une « escalade » (ce qui est en réalité le cas). Le Monde s’inquiète toutefois du manque d’unité nationale.
« M. Macron se pose ainsi en leader de l’engagement européen au côté de l’Ukraine, même si en quantité cette assistance est bien inférieure à celle des Etats-Unis et de l’Allemagne.
M. Poutine ne s’y trompe pas, qui multiplie les manifestations d’hostilité à l’égard de Paris. M. Macron voit dans ces « signes de nervosité » du Kremlin la confirmation de la justesse de sa stratégie, et rappelle que le droit international autorise l’Ukraine à se défendre : l’aide occidentale se situe dans ce strict cadre.
C’est bien l’agression russe qui provoque un engagement européen accru, pas l’inverse. Mais cet engagement doit pouvoir s’appuyer sur le plus large soutien politique et diplomatique.
L’image d’une Assemblée nationale à moitié désertée, vendredi, au moment où s’y exprimait le président d’un pays en guerre auquel la France vient en aide était à cet égard désastreuse − et inquiétante. »
Le 8 juin 2024 exprime la situation actuelle. La France est vassalisée, il n’y a aucune opposition politique, ni de masse, à l’hégémonie américaine. Tous les partis politiques institutionnels, ou « à gauche de la gauche », se sont alignés. Même le camp nationaliste (Marine Le Pen, Jordan Bardella, Eric Zemmour, Marion Maréchal…) obéit aux attentes de l’Otan sur le plan des positions.
Par conséquent, soyons à la hauteur des attentes historiques, soyons à la pointe de la lutte contre le repartage du monde. En France, sabotons l’effort de guerre, refusons l’hégémonie américaine!