Le débat télévisé de Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard sur TF1 le 25 juin 2024 n’avait bien entendu aucun intérêt. Dans le fond, chacun veut à sa manière rétablir les choses. Tous veulent élever le niveau de vie, améliorer l’école, faire baisser l’insécurité, etc.
Bref, c’est sans âme, sans envergure, sans charisme, à l’image des Français. On fait semblant de s’y connaître et on prend une place, et puis on cherche à y rester. Et qu’on ne parle pas de principes ou de valeurs, ces trois représentants des trois axes possibles (le Centre, la Droite et la Gauche) n’en ont tout simplement pas.
C’est en ce sens que la séquence de juin-juillet 2024, avec les élections législatives, a une portée historique. Elle témoigne de l’incapacité à produire quelque chose. Au maximum on regrette le passé : les années 1980 pour la Gauche, les années 1970 pour le Centre, les années 1960 pour la Droite.
En quelque sorte, c’est une nostalgie autour de Mitterrand, Giscard d’Estaing, de Gaulle. Et ces trois là, au-delà des différences, forment une continuité historique. Ce qui fait qu’il n’existe pas de tension en France. Il y a du stress, des appréhensions, mais pas de bouleversement moral ou idéologique.
C’est que tout le monde est incapable de quoi que ce soit. Donner un peu de son temps, de son argent, de soutien est littéralement impossible pour la quasi totalité des gens. Sans un encadrement – celui des entreprises bien structurées, d’associations bien développées, des réseaux sociaux = les gens sont en roue libre, incapables d’autonomie.
Ils sont tout simplement incapables d’autodétermination, alors qu’ils s’imaginent très libres – ce sont en fait des consommateurs, sans esprit, sans âme, sans cœur.
Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard ont donc quelque chose de rassurant, car ils sont à l’image des Français. Ils sont loin et flous, et en même temps tellement proches dans leur absence de prise de position… Avec eux, on ne risque rien, et c’est le principal pour les Français.
Et c’est ce même peuple qui a mené la révolution française et s’est pris d’une passion aveugle pour les conquêtes napoléoniennes? Le contraste est saisissant. Serait-ce à penser que la France est sortie de l’Histoire, corrompue par l’occident? Que c’est sans retour, qu’il ne reste plus qu’à attendre que se dressent les Asiatiques, les Africains, les Latino-Américains pour renverser l’ordre mondial?
Disons qu’il y a encore un bel espoir, car la France est le maillon faible de toute la chaîne occidentale. Le Royaume-Uni est une île empêtrée dans ses rapports avec la superpuissance américaine, l’Allemagne un géant économique, le Japon est une sorte de mélange des deux.
Dans les petits pays, il est compliqué d’obtenir une réelle tension, alors que la France est en tension permanente en raison de ses tentatives permanentes de rester sur le devant de la scène mondiale. Cela la distingue de l’Espagne et de l’Italie, plus en retrait.
La France veut en faire trop et c’est en ce sens que les choses sont possibles. D’ailleurs 2024 est une année rêvée sur ce plan, avec la France prenant la tête de la coalition européenne contre la Russie, et les élections législatives suite à une dissolution-suicide par Emmanuel Macron.
On assiste à une sorte d’auto-destruction dans la cadre d’une quête pour se maintenir à flots, coûte que coûte. Il y a là tellement de contradictions, et de si grande envergure, qu’il est possible d’agir, d’intervenir pour que le drapeau rouge flotte à l’Élysée et que tout soit renversé. Tout se décidera dans la capacité de rupture avec le mode de vie dominant!