Un second débat a eu lieu avant les élections législatives, avec les principaux courants politiques du pays. On a eu sur France 2 Gabriel Attal premier ministre et représentant de la majorité présidentielle autour d’Emmanuel Macron, Jordan Bardella du Rassemblement national, et enfin le socialiste Olivier Faure pour le « Nouveau Front populaire » (la fois précédente c’était Manuel Bompard de La France Insoumise).
Cette fois, il a clairement été parlé de l’Ukraine. Le socialiste Olivier Faure s’est prononcé « favorable » à l’envoi de missiles français pour l’armée Ukrainienne, s’ils
« permettent de viser sur le sol russe des infrastructures qui servent à bombarder le sol ukrainien ».
Jordan Bardella a affirmé qu’il ne fallait pas laisser
« l’impérialisme russe absorber un État allié comme l’Ukraine ».
Gabriel Attal a de son coté expliqué qu’il était fondamental de soutenir les Ukrainiens
« parce qu’ils défendent des valeurs qui sont les nôtres: la démocratie, la liberté »
mais également :
« parce qu’en les soutenant, on défend aussi les Français et leur quotidien ».
Comme on le voit, tous sont pour la guerre contre la Russie. Mais il y a des nuances, avec toute une polémique. Marine Le Pen avait affirmé le 26 juin 2024, la veille, dans une interview au quotidien Le Télégramme que:
« Chef des armées, pour le président (de la République), c’est un titre honorifique puisque c’est le premier ministre qui tient les cordons de la bourse. »
Elle a ajouté que
« Jordan (Bardella) n’a pas l’intention de lui chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Sur l’Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes ».
Cela a fait scandale, car cela a été compris comme une remise en cause de la centralisation présidentielle française sur le plan des choix stratégiques. Rappelons que le régime français de la 5e République est né d’un coup d’État en 1958.
Le matin même du débat, Marine Le Pen a plus ou moins rétropédalé, comme le dit l’expression. Elle a affirmé sur le réseau social X que:
« Sans remettre en cause le domaine réservé du président de la République, en matière d’envoi de troupes à l’étranger, le Premier ministre a, par le contrôle budgétaire, le moyen de s’y opposer. Jordan Bardella était donc fondé à rappeler qu’il est opposé à l’envoi de militaires français en Ukraine ».
Là, on retombe sur une ancienne déclaration de Jordan Bardella, que très peu de monde avait remarqué. En date du 24 juin, la déclaration consiste à dire que l’envoi de troupes en Ukraine est une ligne rouge:
« Je n’entends pas créer les conditions ou mettre en œuvre » [un tel projet]
Autrement dit, Jordan Bardella fera de l’obstruction. Dire cela ne coûte rien et rassure, c’est là où on voit qu’il est évident que le vote en sa faveur doit également beaucoup à la question de la guerre. Personne ne l’a jamais analysé et personne ne le fera par ailleurs, nous seuls pourrions le faire, mais c’est au-dessus de nos moyens.
Ce qui est clair par contre, c’est que c’est mensonger. Car le jour même du débat, et en écho à cette question, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a raconté à l’AFP, dans un commentaire à l’écrit « exclusif », qu’il était serein.
Il a exprimé sa certitude que même un changement de gouvernement ne modifierait pas le soutien français.
« Nous croyons que les Français continueront à soutenir l’Ukraine quelle que soit la situation politique. »
« De même, par la volonté du peuple français, le prochain gouvernement continuera à soutenir pleinement l’Ukraine à la fois sur le champ de bataille. »
« Nous sommes convaincus que le prochain gouvernement sera indépendant de l’agresseur russe et restera attaché aux valeurs européennes et à une Europe forte et unie, l’Europe même que l’Ukraine défend contre la tyrannie russe. »
Les élections législatives de 2024 posent des nuances, exactement comme les élections américaines posent des nuances avec les Républicains et les Démocrates.
La vie politique française s’aligne sur ce modèle. Pour l’instant, il y a encore trois grandes tendances, mais cela ne pourra que se redessiner… Et dans cette configuration anti-politique, il y aura justement l’espace pour la reformation d’une Gauche historique à la hauteur de ses ambitions et des exigences révolutionnaires de l’époque.