Le Rassemblement national est, sur le plan du programme, une sorte de Droite populaire à la Jacques Chirac, avec un arrière-plan historique nationaliste mais largement dilué.
Un aspect marque toutefois. Sa dimension populiste et hors-cadre par rapport aux institutions traditionnelles en fait un repoussoir pour la bourgeoisie, qui est désormais une bourgeoisie bobo, décadente, parasitaire, et plus du tout la bourgeoisie conservatrice, cultivée, travailleuse et entreprenante.
Cela se lit très bien avec l’initiative prise par France Universités (soit 120 établissements d’enseignement supérieur), la Conférences des directeurs des écoles françaises de management (39 écoles dont HEC, l’Edhec, Audencia, l’Essec, l’ESCP, l’EM Lyon….), la Conférence des directeurs des écoles d’ingénieurs (200 écoles dont Polytechnique, Conférence des directeurs des écoles d’ingénieurs, les Mines…) et la Conférence des grandes écoles (227 grandes écoles).
Ces structures de formation des cadres du capitalisme – on sait l’importance des écoles de management et d’ingénieurs dans le pays – ont appelé à s’opposer au Rassemblement national pour le second tour des législatives anticipées de 2024.
C’est là un marqueur de classe. On sait justement que moins vous êtes diplômés, plus vous allez tendre vers le Rassemblement national, et inversement.
Et là on a toutes les structures d’éducation supérieures en mode post-bac qui dénoncent le Rassemblement national, clairement sur une ligne de classe, puisque c’est le peuple qui est condamné en réalité, et non pas l’extrême-Droite.
Ce qui est dénoncé dans le document, c’est le refus de la « mondialisation », des échanges internationaux, d’un mode de vie cosmopolite, bref du capitalisme international (que le Rassemblement national feint de dénoncer).
Voir des écoles formant des cadres pour les grandes entreprises (en management ou comme ingénieurs) parler d’universalisme, d’humanisme et des Lumières… c’est vraiment incroyable, ces gens n’ont honte de rien.
Ce qui montre bien quelle serait – quelle sera – leur position lorsque le Socialisme sera à l’ordre du jour : ces gens seront en première ligne pour s’y opposer.
On voit bien qu’ici on a droit à une réaction de classe, avec une bourgeoisie moderniste qui s’inquiète des conséquences du populisme de Droite et de son succès populaire.
C’est là où, si on est vraiment de Gauche, de la Gauche historique, on comprend que le Rassemblement national n’est qu’un affreux détour, et qu’une recomposition prolétarienne va être à l’ordre du jour.
Pour la Gauche bobo par contre, qui apprécie les migrants, les LGBT et le turbocapitalisme, ce que disent les représentants des universités, des écoles de management et d’ingénieurs… est correct!
Oh oui, il faut se préparer à la colère prolétarienne qui monte, et ce n’est pas le Rassemblement national qui pourra longtemps la dévier, la contenir, la manipuler. Il y en a des comptes à régler !