Il faut parler peu et bien. Les élections législatives de 2024 ont été d’une incroyable complexité et, au-delà des apparences avec trois blocs de taille égale et sans majorité absolue, elles forment un détour.
Quel détour ? Celui d’une colère prolétarienne, d’un esprit de vengeance, d’une démarche punitive. L’engouement pour le Rassemblement national s’est enlisé, il s’est bien effacé. La pression contre le mouvement de fond populaire a été trop puissante.
En raison de l’antifascisme ? Cela a joué, mais cela a été surtout une mise au pas. Toutes les institutions se sont levées comme un seul homme, de la Droite au PCF, contre un peuple qui aurait dû rester dans son coin, à l’écart, et se taire devant la population « avancée » des grandes villes.
Pour preuve, y a-t-il une discussion avec les gens ayant voté pour l’extrême-Droite ? Non, et surtout pas ! Ce qui a compté, c’est l’isolement. En apparence, l’isolement des idées d’extrême-Droite, en réalité aussi voire surtout, l’isolement du mécontentement populaire.
Sur ce plan, les journalistes ne se sont pas cachés d’exprimer leur contentement au vu des résultats, leur joie d’une humiliation de plus pour le « peuple d’en bas » qui a osé protester.
C’est là où cela nous arrange, car la voie de garage qu’est le Rassemblement national est apparue relativement clairement. Alors que l’esprit de punition, lui reste. Oui, les comptes veulent être réglés.
Les masses ne veulent pas du style de vie décadent des centre-villes. Elles ne veulent pas de l’art contemporain. Elles ne veulent pas du turbocapitalisme et des migrants désespérés utilisés pour l’alimenter. Elles ne veulent pas de l’idéologie LGBT qui est le summum de l’individualisme.
Les masses veulent l’ordre, elles veulent l’Etat de droit. Elles exigent que soient écrasés ceux qui donnent des ordres et détruisent leur vie : les bourgeois, les mafias (de plus en plus puissantes), l’Etat au service des puissants.
Toute cette histoire n’est donc pas terminée, bien au contraire, elle commence, même. L’esprit tranquille de la France capitaliste s’imagine avoir réussi le plus dur en mettant de côté le Rassemblement national.
En réalité, c’est maintenant que les luttes de classe vont vraiment commencer. L’étoile rouge va recommencer à briller, la dureté prolétarienne va se reprendre forme.
Surtout qu’une chose impensable arrive à l’Etat français. Il est fondé sur l’engouement autour d’un programme modernisateur, dispensé par un chef ayant acquis la légitimité d’un roi temporaire.
Or, les législatives de 2024 n’ont abouti qu’à une absence de majorité, et donc une instabilité institutionnelle.
Pas de majorité + absence d’engouement = impossibilité de mener des projets d’envergure. Pour une grande puissance en perte de vitesse, c’est inacceptable. La grande bourgeoisie va hurler, surtout alors que la France a pris la tête de la coalition européenne contre la Russie.
Tout va donc se tendre. Et l’espoir ne vient pas d’un « nouveau Front populaire » exprimant les intérêts des fonctionnaires et de la petite-bourgeoisie des grandes villes.
On est en effet rentré dans le dur. La contradiction villes – campagnes, la contradiction travail manuel – travail intellectuel… ont atteint leur point de non-retour.
L’espoir vient ainsi des couches populaires, qui forcément se sentent bernées par le second tour des législatives.
Elles ont encore été réduites au silence… Alors qu’elles ne faisaient que protester, qu’elles ne voulaient même pas renverser la table.
C’est une leçon amère pour les invisibilisés de la mondialisation capitaliste.
Mais de la froideur de la découverte de sa propre situation de prolétaire vient le brasier de la révolution, qui emporte tout dans son incendie.
Un nouvel ordre est la nécessité de l’époque en France!