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Effondrement de la France

Mazan : minable « feuille de route » publiée dans Libération

Avec la publication d’une « feuille de route » signée par 200 hommes, le journal Libération prouve encore une fois qu’il est un journal de bobos totalement haïssables.

Alors que l’on a directement comme sujet visé l’horreur des viols de Mazan, des hommes n’ont rien trouvé de mieux que de publier un guide « contre la domination masculine ». On croit rêver, mais non, telle est la réalité en 2024 où à l’horreur des faits, quelques hommes se pensant avoir « du poids » se la jouent « pédagogues ».

Dire «tous les hommes», c’est parler de violences systémiques perpétrées par tous les hommes, parce que tous les hommes, sans exception, bénéficient d’un système qui domine les femmes. Et puisque nous sommes tous le problème, nous pouvons tous faire partie de la solution.

Ainsi pour le lectorat parisien bobo, le patriarcat résulte de la mauvaise volonté des hommes, pas d’un parcours historique de l’Humanité qui doit maintenant se transformer de fond en comble. Comme si les femmes n’avaient plus rien à faire, comme si tout avait déjà été fait !

Le problème c’est la société bourgeoise qui enfante des monstres, les cautionne, les encourage, voilà la réalité ! Un violeur est une personne qui n’a tout simplement plus d’empathie avec autrui et se laisse occuper par son seul instinct égoïste et bestial, sans égard à aucune règle de civilisation.

Et malheureusement, la société bourgeoise finissante, pourrissante, a fait du manque d’empathie la clef de voute de son « fonctionnement ». Elle pétrit chaque jour les esprits dans le sens du viol en faisant de la morale, de l’empathie et de la civilisation des considérations ringardes face à l’unique horizon du marché où il faut « jouir sans entraves ».

Si tel n’était pas le cas, cela fait longtemps que les personnes âgées ne seraient pas abandonnées, que les handicapés ne seraient pas laissés de côté, que les animaux cesseraient d’être liquidés en masse, que le travail serait autre chose qu’un lieu d’angoisse et de souffrance, que des hectares de zones humides ne seraient pas converties sans états d’âme en centre commerciaux….

L’horreur des faits relatés dans l’affaire Mazan appelle à une seule chose : une grande révolte armée des femmes du peuple pour détruire les racines de toute l’oppression millénaire qu’elles subissent sur fond de décadence d’une société à bout de souffle.

Comment sera vu un tel procès dans 100, 200 ans si ce n’est comme l’expression d’une société malade, dégénérée, ayant perdue la face d’elle-même ? Ne percevons-nous pas le droit de cuissage et le mariage arrangé des temps anciens comme l’expression d’une vie féodale bornée qu’il fallait bousculer ?

Mazan doit être compris comme la nécessité de la révolution dans son ensemble, pour mettre au poste de commandes et défendre violemment l’empathie envers autrui et envers la vie, toute la vie ! Et non, ce ne sont pas aux hommes d’en prendre la direction, non pas parce qu’ils sont mauvais, mais parce que le patriarcat les a anesthésié nerveusement. Seule la révolte armée des femmes du peuple contre la bourgeoisie contient la transformation positive des hommes amenés à s’émanciper de leur aliénation.

Libération a peur de tout cela et pour mieux contre-carrer une telle lutte de classe, ce journal joue l’apaisement en laissant croire de manière mielleuse que l’éducation est l’alpha et l’oméga de la résolution des problèmes. Une éducation qui ne passe pas par l’école mais par les individus eux-mêmes, qui devraient s’auto-éduquer, se « déconstruire », etc. Bref, femmes soyez tranquilles, les hommes vont faire leur diagnostic et mieux se tenir et, avec de la chance, vous pourrez vous insérer tranquillement dans la société actuelle.

Cela en serait anecdotique si ce n’était pas pris au sérieux par toute une frange du féminisme liée au monde universitaire faisant régner son hégémonie sur la question. Car de ce discours se nourrit en miroir le féminisme séparatiste, qui assume la misandrie pour mieux rejeter la « déconstruction » des hommes, impossible à ses yeux.

Les femmes n’ont pas besoin d’avoir des hommes déconstruits, pas plus qu’elles ne doivent se séparer de manière absolue des hommes. Elles ont besoin de se prendre en main en devenant de véritables protagonistes de la destruction d’un capitalisme qui n’a pas aboli le patriarcat mais l’a renouvelé de manière insidieuse.


La tribune en question pour archive :

Procès des viols de Mazan : plus de 200 hommes signent une feuille de route contre la domination masculine

A tous les hommes pour qui le procès Pelicot est un point de bascule, l’essayiste Morgan N. Lucas propose dix points pour en finir avec les boys clubs. Plus de 200 personnalités masculines s’engagent dont Gaël Faye, Guillaume Meurice, Waly Dia, Eddy de Pretto…

Beaucoup disent que le procès des 51 violeurs est en réalité le procès de la masculinité. Beaucoup s’en offusquent, trouvant de bon ton de s’indigner parce qu’ils sont mis dans le même panier plutôt que de s’insurger face aux atrocités orchestrées par Dominique Pelicot et adoubées par tant d’autres hommes. Aujourd’hui pourtant, la question se pose : sept ans après le début de #MeToo, où en sommes-nous ? Qu’avons-nous appris ? Comment nous sommes-nous positionnés ? Où sommes-nous lorsque nos potes, nos collègues, nos frères ont des comportements ou des propos sexistes ? Où sommes-nous lorsque les femmes sont agressées ? Sans doute occupés à questionner la crédibilité de la victime, tout en affirmant que «pas tous les hommes», encore moins nous.

Pourtant, l’affaire Pelicot nous l’a prouvé, la violence masculine n’est pas une affaire de monstres, c’est une affaire d’hommes, de monsieur Tout-le-Monde.

Dire «tous les hommes», c’est parler de violences systémiques perpétrées par tous les hommes, parce que tous les hommes, sans exception, bénéficient d’un système qui domine les femmes. Et puisque nous sommes tous le problème, nous pouvons tous faire partie de la solution.

Mais alors par quoi commence-t-on lorsqu’on se rend compte que le patriarcat s’essouffle, que le vieux monde se meurt ?

Avant toute chose, on arrête de se croire indispensables. On comprend que les femmes n’ont pas besoin de nous et encore moins en ce qui concerne la libération féministe. Elles ont surtout besoin qu’on cesse de leur mettre des bâtons dans les roues. Comprenez que nos gros ego les empêchent d’avancer, que les «not all men» ne servent qu’à vous rassurer vous, pas elles. Il ne suffit pas de dire «moi je ne suis pas comme tous les hommes», ici les mots n’ont aucune valeur face à l’ampleur des violences. Aucune tant qu’ils ne sont pas suivis d’actions concrètes et quotidiennes.

Alors à ceux pour qui le procès Pelicot est le point de bascule. A ceux qui refusent de continuer à participer à un système qui, pour exister, a besoin de dominer la moitié de la population. Il est un peu tard mais il est encore temps. Toutefois, ne pensez pas que la mission consiste à jouer les héros, ne les libérez pas, cela fait des siècles qu’elles s’en chargent.

Il y a quelques mois, dans une interview, un acteur disait être prêt à mettre la main à la pâte mais demandait une feuille de route.

La voici, donnée par un homme aux autres hommes parce qu’il va falloir arrêter de demander aux femmes de nous mâcher le travail.

  1. Arrêtons de considérer que le corps des femmes est un corps à disposition. Assurons-nous toujours du consentement de nos partenaires, cessons de le considérer comme une entrave mais plutôt comme le fondement nécessaire à toutes nos relations.
  2. Prenons en charge nos émotions, arrêtons de nous regarder le nombril, d’inverser la charge victimaire, acceptons de nous remettre en question.
  3. Désapprenons ce que l’on nous a enseigné, raconté de la masculinité, arrêtons de penser qu’il existe une nature masculine qui justifierait nos comportements. Il n’y a pas de nature dominante mais bien une volonté de dominer.
  4. Examinons nos très nombreux privilèges pour les mettre au service du bien commun puis, à long terme, acceptons de les perdre complètement. Pour rappel, l’objectif final étant d’en finir avec cette organisation genrée qui induit «une division hiérarchique de l’humanité en deux moitiés inégales».
  5. Eduquons-nous tout seul en continu et en profondeur, et arrêtons de penser que parce qu’on a lu un livre féministe, nous pouvons désormais mansplainer aux femmes les tenants et les aboutissants de leur lutte.
  6. Apprenons à prendre au sérieux la parole féministe et pas uniquement lorsqu’elle sort de la bouche d’un homme. Nous ne faisons que répéter ce que les féministes disent depuis des siècles. Il serait alors de bon ton de commencer à croire directement celles qui sont à l’origine de ces théories sans attendre que la gueule du messager, parce qu’elle nous ressemble, nous revienne davantage.
  7. Cessons de perpétuer les boys club, de protéger nos homologues masculins. Soyons solidaires avec les victimes, pas les agresseurs.
  8. Comprenons que si aucune femme dans notre entourage ne se confie à nous sur les violences qu’elle a subies, cela ne sous-entend pas que ça n’existe pas. Par exemple, ce n’est pas parce que vous n’avez pas d’obus dans votre salon, que la guerre n’a pas lieu. La violence masculine est une réalité systémique. Il y a urgence à nous décentrer de nos propres expériences pour se forger une vision du monde plus ajustée. Il y a aussi urgence à nous montrer suffisamment dignes de confiance pour qu’elles puissent enfin nous raconter leurs réalités sans craindre nos réactions.
  9. Ecoutons vraiment les femmes lorsqu’elles nous font part de leurs besoins et de leurs limites. Il est probable que si nous cessions deux secondes d’être en posture défensive, nous serions sans doute surpris par ce que l’on peut apprendre quand nous ne sommes pas occupés à nous justifier. N’acceptons pas uniquement de les écouter lorsque leur ton est plaisant. Elles sont tristes et en colère à raison, laissons-les nous l’exprimer.
  10. N’attendons pas qu’une femme nous dise quoi faire pour nous mettre au travail. On a deux yeux pour voir et analyser notre environnement, on peut donc savoir ce qu’il est nécessaire de faire. Parce que c’est aussi une charge mentale de devoir nous dire les choses.

Et enfin : faisons tout ceci en silence, sans le crier sur tous les toits, sans attendre des applaudissements ou des félicitations.