A l’issue du Conseil des ministres du 5 mars 2025, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a expliqué que la France « est prête à intensifier son soutien à l’Ukraine ».
Elle a également déclaré qu’était « envisagé » et ce « à court terme » un déplacement à Washington d’Emmanuel Macron avec Volodymyr Zelensky et le Premier ministre britannique Keir Starmer.
Un tel déplacement a été démenti dans la foulée par l’Élysée, qui a par contre annoncé une allocution surprise d’Emmanuel Macron, le soir à 20h. Nous avons retranscrit ce discours, qui a une très grande portée historique.
Emmanuel Macron met toutes les cartes sur la table. L’ennemi, c’est la Russie, et ce pour toutes les années à venir. Il faut donc se surarmer, et envoyer des troupes en Ukraine… dans le cadre d’un accord de paix. Narration mensongère qui vise à préparer la guerre.
C’est le soutien matériel militaire au régime ukrainien qui va se systématiser d’abord, puis ensuite il y aura des troupes à l’arrière pour « soulager », puis après ce sera le conflit. Un conflit « contrôlé » puisqu’il n’y aura plus les États-Unis, que ce ne sera pas officiellement l’Otan, et que la France aura élargi son parapluie nucléaire aux participants occidentaux.
Il est promis aux masses françaises que leur mode de vie ne sera pas chamboulé : l’idée est d’utiliser les Ukrainiens comme chair à canon, d’appuyer avec des troupes professionnelles françaises seulement, et de faire fonctionner l’économie européenne en la ponctionnant pour la production d’armements.
Il sera également puisé dans les avoirs russes. Le même jour que l’allocution, l’ancien premier ministre Gabriel Attal a publié une tribune en ce sens dans Le Monde : « Utilisons les plus de 200 milliards d’euros d’avoirs russes gelés en Europe pour accompagner l’effort de résistance ukrainien ».
Voici le discours, qui confirme notre position depuis le 26 février 2024, et c’est la seule position juste. La marche à la guerre est instaurée depuis cette date, c’est l’aspect principal.
Comme dit, nous l’avons retranscrit ; il manque donc la première phrase, coupée de la vidéo Youtube : l’Elysée n’est pas capable de fournir le texte du discours, ni d’utiliser un autre support que Youtube, ni même de fournir une vidéo entière.
Vous êtes en effet, je le sais, légitimement inquiet devant les événements historiques en cours qui bouleversent l’ordre mondial.
La guerre en Ukraine, qui a entraîné près d’un million de morts et de blessés, continue avec la même intensité.
Les États-Unis d’Amérique, notre allié, ont changé leur position sur cette guerre, soutiennent moins l’Ukraine et laissent planer le doute sur la suite.
Dans le même temps, les mêmes États-Unis d’Amérique entendent imposer des tarifs douaniers aux produits venant d’Europe.
Enfin, le monde continue d’être sans cesse plus brutal, et la menace terroriste ne faiblit pas.
Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines, et il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère.
La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de trois ans. Nous avons, dès le premier jour, décidé de soutenir l’Ukraine et de sanctionner la Russie. Et nous avons bien fait. Car c’est non seulement le peuple ukrainien qui lutte avec courage pour sa liberté, mais c’est aussi notre sécurité qui est menacée.
En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe, alors personne ne peut plus être sûr de rien.
Et c’est la loi du plus fort qui s’applique. Et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même. L’histoire nous l’a enseigné, au-delà de l’Ukraine.
La menace russe est là et touche les pays d’Europe, nous touche. La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial. Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens, des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s’armer davantage.
La Russie du président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie.
Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux, pour en bloquer le fonctionnement. La Russie tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux. Et au fond, elle teste nos limites.
Elle le fait dans les airs, en mer, dans l’espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.
Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer, dépensant plus de 40% de son budget à cette fin. D’ici 2030, Elle prévoit d’encore accroître son armée et d’avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars, 300 avions de chasse de plus.
Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d’aujourd’hui s’arrêtera à l’Ukraine ?
La Russie est devenue, au moment où je vous parle et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l’Europe. Je le regrette très profondément.
Et je suis convaincu qu’à long terme, la paix se fera sur notre continent avec une Russie redevenue apaisée et pacifique. Mais la situation que je vous décris est celle-là, et nous devons faire avec.
Alors, face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie. Alors, face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie. Il s’agit sans plus tarder de prendre des décisions pour l’Ukraine, pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens. Pour l’Ukraine, d’abord.
Toutes les initiatives qui aident à la paix vont dans le bon sens et je veux ce soir les saluer. Nous devons continuer d’aider les Ukrainiens à résister jusqu’à ce qu’ils puissent négocier avec la Russie une paix solide pour eux-mêmes et pour nous tous.
C’est pour cela que le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l’abandon de l’Ukraine, bien au contraire. La paix ne peut pas être conclue à n’importe quel prix et sous le diktat russe. La paix ne peut pas être la capitulation de l’Ukraine.
Elle ne peut pas être son effondrement. Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu qui serait trop fragile. Et pourquoi ? Parce que là aussi, nous avons l’expérience du passé.
Nous ne pouvons pas oublier que la Russie a commencé d’envahir l’Ukraine dès 2014 et que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk. Et la même Russie n’a pas respecté ce cessez-le-feu. Et nous n’avons pas été capables de maintenir les équilibres faute de garanties solides.
Aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole. L’Ukraine a droit à la paix et la sécurité pour elle-même. Et c’est notre intérêt, et c’est l’intérêt de la sécurité du continent européen.
C’est en ce sens que nous travaillons avec nos amis britanniques, allemands et plusieurs autres pays européens. C’est pourquoi vous m’avez vu ces dernières semaines rassembler plusieurs d’entre eux à Paris, aller les retrouver il y a quelques jours à Londres pour consolider les engagements qui sont nécessaires à l’Ukraine.
Une fois la paix signée, pour que l’Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie. Il nous faut le préparer. Cela passera à coup sûr par un soutien à l’armée ukrainienne dans la durée.
Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes. Celles-ci n’iraient pas se battre aujourd’hui. Elles n’iraient pas se battre sur la ligne de front. Mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect.
Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d’État-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard.
C’est ainsi un plan pour une paix solide, durable, vérifiable, que nous avons préparé avec les Ukrainiens et plusieurs autres partenaires européens et que j’ai été défendre aux États-Unis il y a 15 jours et à travers l’Europe.
Et je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n’était pas le cas.
Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non, les États européens doivent, compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression.
Oui, quoi qu’il advienne, il nous faut nous équiper davantage, hausser notre position de défense, et cela pour la paix même, pour dissuader.
À ce titre, nous restons attachés à l’OTAN et à notre partenariat avec les États-Unis d’Amérique, Mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance en matière de défenses et de sécurité.
L’avenir de l’Europe n’a pas à être tranché à Washington ou à Moscou. Et oui, la menace revient à l’Est et l’innocence, en, en quelque sorte, des 30 dernières années, depuis la chute du mur de Berlin, est désormais révolue.
À Bruxelles, demain, lors du Conseil extraordinaire qui réunira les 27 chefs d’État et de gouvernement avec la Commission et le président du Conseil, nous franchirons des pas décisifs.
Plusieurs décisions seront prises que la France proposait depuis plusieurs années. Les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.
Des financements communs massifs seront décidés pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants.
J’ai demandé au gouvernement d’être mobilisé pour que d’une part, cela renforce nos armées le plus rapidement possible et d’autre part, que cela accélère la réindustrialisation dans toutes nos régions.
Je réunirai avec les ministres compétents les industriels du secteur dans les prochains jours. L’Europe de la Défense que nous défendons depuis huit ans, devient donc une réalité.
Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger, qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin sur leur sol, qui sont prêts à davantage coopérer, à réduire leur dépendance à l’égard du reste du monde. Et c’est une bonne chose.
L’Allemagne, la Pologne, le Danemark, les États baltes et nombre de nos partenaires ont annoncé des efforts inédits en matière de dépenses militaires.
Alors, dans ce temps de l’action qui s’ouvre enfin, la France a un statut particulier. Nous avons l’armée la plus efficace d’Europe et grâce au choix fait par nos aînés après la Deuxième Guerre mondiale, nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire.
Ceci nous protège beaucoup plus que nombre de nos voisins. Et de plus, nous n’avons pas attendu l’invasion de l’Ukraine pour faire le constat d’un monde inquiétant. Et à travers les deux Cette loi de programmation militaire que j’ai décidées et que les parlements successifs ont voté, nous aurons doublé le budget de nos armées en presque 10 ans.
Mais compte tenu de l’évolution des menaces, de cette accélération que je viens de décrire, nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables. J’ai demandé au gouvernement d’y travailler le plus vite possible.
Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.
Notre dissuasion nucléaire nous protège. Elle est complète, souveraine, française de bout en bout. Elle a, depuis 1964, de manière explicite, toujours joué un rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité en Europe.
Mais, répondant à l’appel historique du futur chancelier allemand, j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen.
Quoi qu’il arrive la décision a toujours été et restera entre les mains du Président de la République, chef des armées. Maîtriser notre destin devenir plus indépendant, nous devons y œuvrer au plan militaire mais aussi au plan économique.
Oui, l’indépendance économique technologique industrielle et financière sont des nécessités.
Nous devons aussi nous préparer à ce que les États-Unis décident de tarifs douaniers sur les marchandises européennes, comme ils viennent de le confirmé à l’encontre du Canada et du Mexique.
Cette décision incompréhensible tant pour l’économie américaine que pour la nôtre aura des conséquences sur certaines de nos filières.
Elle accroît la difficulté du moment mais elle ne restera pas sans réponse de notre part. Alors tout en préparant la riposte avec nos collègues européens nous continuerons, comme je l’ai fait voilà 15 jours, à tout tenter pour convaincre que cette décision nous ferait du mal à tous et j’espère oui convaincre et en dissuader le président des États-Unis d’Amérique.
Au total le moment exige des décisions sans précédent depuis bien des décennies, sur notre agriculture notre recherche notre industrie, sur toutes nos politiques publiques ,nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que naguère.
C’est pourquoi j’ai demandé au Premier ministre et à son gouvernement et j’invite toutes les forces politiques économique et syndical du pays à leur côté à faire des propositions à l’aune de ce nouveau contexte.
Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d’hier.
Mes chers compatriote, face à ces défis et ces changements irréversibles, il ne faut céder à aucun excès ni l’excès des va-t-en guerre ni l’excès des défaitistes. La France ne suivra qu’un cap celui de la volonté pour la paix et la liberté, fidèle en cela à son histoire et à ses principes.
Oui, c’est ce en quoi nous croyons pour notre sécurité, mais ce en quoi nous croyons aussi pour défendre la démocratie, une certaine idée de la vérité, une certaine idée d’une recherche libre, du respect dans nos sociétés, une certaine idée de la liberté d’expression qui n’est pas le retour des discours de haine, au fond une certaine idée de l’humanisme c’est cela ce que nous portons et qui se joue.
Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents pour être à la hauteur de cette époque et que nous nous comparions aux États-Unis d’Amérique et a fortiori à la Russie, nous en avons les moyens. Nous devons donc agir en étant Unis en Européens et déterminés à nous protéger.
C’est pourquoi la patrie a besoin de vous de votre engagement. Les décisions politiques les équipements militaires les budgets sont une chose mais ils ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation.
Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu’à nous que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements, alors nous ferons face, ensemble.
Vive la République, vive la France [Musique de la Marseillaise]