Jeudi 18 mars 2025, Emmanuel Macron s’est rendu sur la base aérienne militaire 116 de Luxeuil en Haute-Saône. Ce déplacement s’est accompagné de nouvelles annonces en rapport avec la course à l’armement.
Mais pas n’importe lequel, celui de la dite « dissuasion nucléaire », c’est-à-dire de la possibilité pour la France de rayer de la carte des villes ou d’éliminer d’un coup d’un seul des dizaines, des centaines de milliers de personnes. Bref un instrument de terreur contre les peuples.
Emmanuel Macron a posé le cadre de son déplacement, celui de la guerre contre la Russie et du leadership français dans ce contexte :
« Nous continuerons de soutenir l’Ukraine face à la guerre d’agression, parce que nous savons, par notre histoire et dans notre géographie, en particulier ici, ce qu’être occupé signifie.
C’est d’ici aujourd’hui que les aviateurs de Luxeuil sont engagés pour notre souveraineté.
Vous m’en avez présenté les missions à l’instant avec la défense de notre espace aérien au travers des missions de police du ciel, avec aussi toutes vos missions pour la souveraineté de nos alliés de l’OTAN en protégeant les États baltes. »
L’objectif est clair, très clair : il s’agit d’amplifier la production d’armement d’ici les 7 prochaines années, avec 2030 comme ligne de mire. C’est la course aux armements, telle qu’elle a déjà eu lieu à partir du milieu des années 1900, pavant la voie à la première guerre mondiale.
Mais surtout, il faut pouvoir assurer la crédibilité de la terreur nucléaire française contre la Russie auprès de toute l’Europe, car maintenant que la France s’est portée à la tête de la coalition pour l’envoi de troupes en Ukraine, elle n’a pas le choix que de passer par cette étape furieusement belliciste.
Il a donc été annoncé un investissement de 1,5 milliards d’euros pour permettre une extension ainsi qu’une modernisation de la base militaire dans le but de lui garantir une place retrouvée dans le dispositif nucléaire de la France.
C’est une pierre posée pour la modernisation des Forces aériennes stratégiques (FAS) de l’armée de l’air et de l’espace.
La base va en effet accueillir deux nouveaux escadrons d’avions Rafales produits par Dassault aviation, soit environ 40 nouveaux avions.
Cela va porter la dissuasion nucléaire française par les airs à 5 escadrons avec les avions Rafales contre 3 disposant d’avions Mirage 2000 dans les années 2010.
Un tel investissement était prévu bien avant 2022, mais la perspective de la guerre européenne à la Russie n’a fait qu’accélérer le processus :
Nous n’avons pas attendu ni 2022, ni la bascule qui est en train de s’opérer pour découvrir que le monde dans lequel nous évoluons est de plus en plus dangereux, de plus en plus incertain et qu’il impliquait d’innover davantage, mais aussi de retrouver de la masse dans certaines catégories, de recouvrer plus d’autonomie dans certaines de nos capacités militaires.
Cela suffit de prouver que le monde marche tel un somnambule à la guerre mondiale, l’invasion de l’Ukraine par la Russie n’apparaissant que comme le moment déclencheur et justificateur d’une situation attendue de toutes parts.
Dans un tel contexte, la course aux armements, a fortiori à l’arme nucléaire, est présentée au nom de la paix. Il n’y a pas de conscience que tout cela est une pierre posée à l’édifice général de la guerre à venir :
« Notre pays et notre continent devront continuer de se défendre, de se doter, de se préparer si nous voulons éviter la guerre. »
Emmanuel Macron appuie ici cette course en donnant dans le chauvinisme national, présentant l’armée française comme « la plus efficace du continent ». Il faut pouvoir garantir la confiance de la population, ne pas faire paniquer l’opinion publique, tout en la mobilisant.
A ce titre, un « manuel de survie » en cas de guerre ou de catastrophe va être remis aux Français ! Quel bourrage de crâne !
Le régime de la Ve République peut compter sur le soutien des médias, comme France 2 qui présente dans son journal du 20h de ce mardi 18 mars 2025 un reportage « grand format » sur les besoins de défense, la force de l’armée française, etc. En prime, c’est Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense de François Hollande, qui vient jouer les experts et rassurer sur les capacités de réarmement.
Forcément, dans le capitalisme, quand de tels investissements sont consentis, il ne peut pas y avoir de retour en arrière, et la course aux armements nourrit d’elle-même la venue de la Guerre. Avec cette perspective, ce sont clairement les villes françaises et sites militaires stratégiques (et leurs alentours) qui deviennent la cible des missiles nucléaires russes.
Cet investissement massif dans l’armement nucléaire s’inscrit également dans la volonté d’Emmanuel Macron d’élargir la « dissuasion » française à l’ensemble des pays de l’Europe.
À ce titre, le futur chancelier allemand Friedrich Merz de la CDU/CSU s’est dit d’accord avec cette perspective et le Bundestag a voté ce mardi 18 mars 2025 un « plan bazooka » de plusieurs centaines de milliards d’euros, en grande partie tournés vers l’armée allemande, faisant œuvre de reconnaissance de la « nouvelle communauté européenne de défense ».
Est donc posé en toute tranquillité le renforcement des armes les plus meurtrières, les plus opposées à la civilisation humaine sans, a minima, un haut-le-cœur. Les choses se déroulent dans une passivité de somnambules. Mais de toute manière, sur qui compter ?
Le Parti socialiste et les Écologistes sont tout acquis au renforcement de la guerre à la Russie, ce qui annihile en interne tout possibilité critique du renforcement de l’arsenal nucléaire français.
Quant à La France insoumise, elle défend la diplomatie contre la guerre, pour mieux préserver la « grandeur française ». Une telle proximité avec le nationalisme la rive, elle aussi, à une acceptation de l’arsenal nucléaire français.
À ce titre, voici ce qu’a Jean-Luc Mélenchon a répondu, lors d’une interview sur France Inter le 13 mars 2025, à la question de savoir s’il fallait que la France se réarme :
« Tout ce qui est dit pour les Français est un tissu d’aberrations. Les Français ont un système de défense qui s’appelle la dissuasion nucléaire (…) Si nous avons la dissuasion nucléaire, si nous restons sur l’idée « pour un cheveu, on vous frappe définitivement », alors nous ne sommes pas concernés parce que nous disons à nos adversaires potentiels « nous vous frapperons à mort ». »
De tels propos glacent le sang. Mais il ne peut en être autrement pour qui accepte la jeu de la terreur des superpuissances et des puissances capitalistes en roue libre pour se repartager le gâteau mondial. Terreur contre terreur, et les peuples sont hélas terrifiés, paralysés….
On court droit à la catastrophe et se contenter de dire « on verra bien » n’est pas tenable. Il faut s’impliquer contre vents et marées, pour l’honneur de la civilisation humaine en assumant le désarmement nucléaire unilatéral de la France.
Car non, le peuple de France ne veut pas pouvoir « vitrifier » un autre pays, au nom d’une pseudo « sécurité ». Et au-delà, surtout, il faut la Révolution contre la machine infernale qui est lancée ! C’est le seul impératif qui vaille dans l’époque actuelle !