L’ignoble contestation de droite contre les ZFE

18 mai 2025

La mentalité « gilets jaunes » a véritablement pourri l’état d’esprit français. À moins que ce ne soit l’inverse : la France décomposée de l’intérieur, en pleine décadence, n’a plus qu’un mauvais populisme racoleur et ringard à offrir en guise de contestation.

Rappelons-nous que le mouvement des « gilets jaunes » est né d’une crispation face à une augmentation de taxes sur le carburant des véhicules, qu’il a pris forme sur les rond-points, avec en guise de symbole cet affreux gilet jaune de haute visibilité présent obligatoirement dans les automobiles.

En 2025, il y a le même cinéma racoleur et bas de plafond, mais en pire : la contestation contre les ZFE.

Les Zones à faibles émissions (ZFE) ont été mises en place en 2019, puis petit à petit dans plusieurs grandes villes dans l’idée d’y réduire la pollution produite par les véhicules.

C’est une mesure très anecdotique, qui consiste à bouter hors des principales agglomérations certaines vieilles voitures significativement plus polluantes que les plus récentes (qui polluent encore beaucoup).

Chaque véhicule bénéficie d’une classification Crit’Air en fonction de l’importance théorique de ses émissions.

Les véhicules thermiques les moins polluants sont classés 1 et les pires sont classés 5 ; les véhicules électriques sont hors-catégorie et bénéficient d’une étiquette verte.

Ensuite, sur la base de ce Crit’Air, des exclusions de circulation sont prévues.

Mais comme la France ne ressemble plus à rien, qu’elle n’a plus une direction centralisée et unifiée, mais qu’au contraire y règnent les particularismes locaux et le relativisme, chaque agglomération, commune ou préfecture fait ce qu’elle veut.

À Grenoble, ville implantée dans une cuvette naturelle et extrêmement polluée, le dispositif existe depuis 2019 (sur 13 communes de la métropole).

Les véhicules de livraison de marchandise Crit’Air 3, 4 et 5 sont exclus. Les Crit’Air 2 devaient être exclus à partir juillet 2025, mais c’est finalement reporté, car les transporteurs traînent du pied en prétextant n’avoir pas de solution, malgré les dispositifs d’aide de la métropole et les multiples solutions commerciales.

En ce qui concerne les véhicules des particuliers, la mise en œuvre a été progressive : interdiction des Crit’Air 5 en juillet 2023, puis des 4 en janvier 2024, puis des 3 en janvier 2025 et il est prévu une interdiction des 2 (ce qui concerne globalement les diesels, car les véhicules essence sont Crit’Air 1 maintenant, depuis 2014 au pire). Cela n’a cours que du lundi au vendredi, de 7h à 19h.

Tout cela ne va franchement pas bien loin, et pour les gens qui vivent à Grenoble et qui subissent la pollution, on se dit que c’est bien la moindre des choses.

Peu ou prou, c’est ici l’application la plus sévère des possibilités permises par les ZFE, avec ce qui existe à Lyon, Paris et Montpellier. Quoique dans le cas de Montpellier, les critères d’exclusion sont officiellement en place… mais sans verbalisation. C’est interdit, mais vous ne risquez rien à le faire !

À l’autre bout du spectre, il y a par exemple la métropole de Nantes. Là, la ZFE ne date que du 1er janvier 2025, à l’intérieur du périphérique, sauf pour les voies menant directement aux parkings liés aux transports en commun. Elle n’est active que du lundi au vendredi, de 7h à 9h et de 16h à 19h. Et… aucun véhicule Crit’Air n’est exclu de la ZFE !

En fait, seuls les véhicules « non classés » sont exclus. La métropole affirme qu’il s’agit de moins de 1 % du parc roulant dans la ville : et pour cause, on parle là de voitures mises en services avant le 1er janvier 1997 ou de poids lourds mis en service avant le 1er octobre 2001 !

Mais c’est encore trop pour les enfants pourris gâtés du capitalisme occidental qui s’imaginent très intelligents en s’opposant à ces petites règles environnementales.

Heureusement (ou pas), les Français sont fainéants et endormis, alors cela ne mobilise personne : malgré l’énorme battage médiatique contre les ZFE et la mise en avant artificielle d’opposants aux ZFE, il n’y a eu que quelques centaines de personnes (essentiellement des motards) manifestant samedi 17 mai 2025.

Toutefois, on sait très bien à quel point de tels manifestations collent à l’esprit du pays ; d’ailleurs, l’Assemblée nationale a voté le 26 mars 2025 pour la suppression des ZFE (le projet de loi n’est toutefois pas encore adopté).

La palme du racolage minable en la matière revient bien entendu à Alexandre Jardin avec son livre intitulé Les #Gueux. Pour s’opposer aux ZFE, ce bourgeois né à Neuilly-sur-Seine en 1965, ayant fréquenté l’ultra-chic École alsacienne à Paris, prétend défendre les plus pauvres des campagnes.

Il n’est pas contre les mesures environnementales, mais contre l’exclusion des plus pauvres, les « gueux ». Ben voyons.

Les gens de droite adorent défendre les plus pauvres quand il s’agit de faire passer leurs propre libéralisme, alors Le Figaro adore Alexandre Jardin et a bien entendu participé à la promotion son ouvrage en l’interviewant.

Sa prose est exemplaire de l’hystérie anti-ZFE :

« Il est capital de bien nommer ce qui est infligé aux milieux populaires qui sont exclus des villes ZFE.

Ce n’est pas un « sentiment », un « ressenti » (comme pour la délinquance), c’est le réel très violent, ségrégatif : on interdit de fait de ville plus de 20 millions de Français qui n’ont pas les moyens de changer de voiture et n’ont pas d’alternative pour aller travailler, se soigner à l’hôpital… vivre !

Avec un PV de 68 euros à la clé, tandis qu’un tiers du peuple vit dans la ruralité, où il y a très peu de bouches de métro.

Mais il y a pire : les ZFE sont d’une rare perversité, car elles incorporent les routes qui les traversent ou les frôlent.

Le pauvre ne peut donc plus bouger sans être verbalisable, sans devenir un suspect dans son propre pays. Superbe, non ?

C’est tout cela que j’explique dans mon livre Les #Gueux, car personne n’a vraiment compris le niveau d’ignominie.

On est passé de la chasse aux pauvres des centres-villes à l’assignation du manant dans les villages, à la partition territoriale du territoire entre zones bobos à air pur et zones prolos-paysans-petits salaires priés de rester entre eux. »

Il faut vraiment n’être qu’un minable sous-produit de l’occident malade de sa décadence pour apprécier de tels propos.

C’est régressif, c’est faux, c’est petit, c’est condescendant. On ne règle pas les problèmes sociaux et environnementaux en décrétant que les plus pauvres doivent continuer à rouler dans des voitures poubelles (d’ailleurs dangereuses).

C’est pourtant ce que font les contestataires des ZFE, qui sont en vérité d’horribles réactionnaires, doublé de salopards irresponsables voulant sacrifier la sécurité, l’environnement et la qualité de l’air pour continuer à se comporter comme des ploucs. C’est odieux.

Tel est pourtant la triste et moribonde actualité de la contestation en France au printemps 2025, tant il n’y a rien, tant la Gauche et le mouvement démocratique et populaire sont amorphes.

Cela ne saurait durer ! Historiquement, il ne peut pas y avoir que la décomposition, la régression, l’esprit misérabiliste petit-bourgeois. Il y aura forcément la grandeur, l’envergure, le drapeau rouge !