Les syndicalistes n’ont aucune perspective socialiste, car ils refusent de se soumettre à la Gauche politique. Les propos tenus à Maubeuge par un syndicaliste à Emmanuel Macron fournissent un exemple de plus de cela.
Dès qu’un syndicaliste l’ouvre, on sait que ce qu’il va dire va torpiller la Gauche. Car la prétention des syndicalistes est incroyable : ils pensent pouvoir mieux gérer que tout le monde, représenter réellement les salariés. Alors qu’en réalité, ils ont une petite minorité sans réel écho, à part pour le patronat qu’ils aident de toutes leurs forces.
Voilà pourquoi un syndicaliste de Sud, alors qu’Emmanuel Macron était dans une usine Renault près de Maubeuge, accompagné de PDG du groupe Carlos Ghosn, a réagi de manière critiquable :
Emmanuel Macron : « On est là tous ensemble pour réussir. »
Le syndicaliste : « On réussit sans vous. »
Ce discours sur la réussite de l’entreprise comme critère de la valeur des ouvriers, on le retrouve à la CGT comme à la CGT-FO, à SUD comme à la CNT ou à la CFDT. Car les syndicalistes ne raisonnent pas en tant que classes, mais en défense de « salariés », c’est-à-dire de gens employés par et pour les entreprises capitalistes ou l’État.
Le raisonnement est donc fait de l’intérieur du capitalisme, sans jamais le dépasser. Le syndicalisme n’a un horizon que totalement borné, et voilà la raison pour laquelle la social-démocratie allemande, au 19e siècle, était scandalisé des socialistes français qui se mettaient à la remorque de la CGT, alors que les syndicalistes doivent inversement être soumis à la Gauche politique.
Un autre propos du syndicaliste en dit long par ailleurs sur la mentalité restreinte, bornée de celui-ci :
« M. Macron, vous n’êtes pas le bienvenu ici. M. Ghosn se donne du mal. Mais avec l’augmentation de l’essence vous reprenez d’une main ce que vous donnez de l’autre. »
Le syndicaliste a tout faux, il ne peut pas voir ni l’écologie, ni le rapport aux campagnes ; en syndicaliste, il veut juste aider à produire des voitures. Comme d’autres veulent plus de fermes-industrielles, de centrales nucléaires, de constructions d’autoroutes, etc.
On retrouve évidemment la problématique de fond : le syndicalisme voit des individus, qu’il compte défendre, il a perdu entièrement de vue la notion de classe. On dit souvent ici que la CFDT représente le syndicalisme le plus adapté à cette perspective individualiste : pas du tout, c’est la CGT-FO qui depuis le départ représente cette tradition, qui est par ailleurs la vraie tradition syndicaliste française.
La CNT n’est d’ailleurs qu’une forme radicalisée de la CGT-FO, la CFDT étant issue du syndicalisme chrétien devenue autogestionnaire puis moderniste, SUD étant un prolongement autogestionnaire de cette tradition CFDT. La CGT est quant à elle les restes des restes de la CGT produite par la vague du Front populaire, qui a obligé la CGT à s’unir et à soutenir celui-ci, avec une tradition d’ouverture à la politique avec le PCF des années 1930 et 1950.
Cela fait qu’au final, c’est le syndicalisme à la CGT-FO qui prend inéluctablement le dessus, comme syndicalisme des salariés, des individus. Et il ne s’agit pas de parler d’un syndicalisme de classe, dont le sens est flou ; ce qu’il faut exiger, c’est la soumission des syndicalistes à la Gauche politique.
Seule la Gauche politique a l’envergure pour faire avancer la société ; les syndicalistes doivent en faire partie, mais leur activité ne leur donne nullement la primauté, c’est à la politique que celle-ci doit revenir.
Sans cela, comme on peut le voir, les syndicalistes soutiennent les entreprises et l’État, diffusent l’apolitisme, ne servent en rien la cause du socialisme, de la classe ouvrière, de la population salariée.