Les manifestations et grèves du 18 septembre 2025 devaient être différentes. Elles ne l’ont pas été. Il y a eu 500 000 personnes se mobilisant selon la police, un million selon la CGT.
Les cortèges n’ont pas été marquées par une tension particulière ; il n’y a eu aucun saut qualitatif dans l’organisation des gens, que ce soit du côté des travailleurs ou des jeunes.

Sur le plan revendicatif, cela a été un grand fourre-tout incohérent, mêlant l’appel à la démission d’Emmanuel Macron au soutien à la Kanaky, en passant par le rejet de la police et la protestation contre la destruction de Gaza.
De manière notable, les lycéens n’ont pas été de la partie, alors qu’inversement l’État avait massivement mobilisé les forces de l’ordre, matraquant déjà psychologiquement la veille et l’avant-veille au sujet des « casseurs ».
Le 18 septembre 2025 n’est donc pas une date historique, malgré toutes les vantardises, tous les mensonges, tous les prétentions des milieux « révolutionnaires » qui fantasmaient sur la grève générale.
La vérité, c’est que le mouvement a des secteurs de la CGT comme fer de lance, et que la CGT, de A à Z, est intégré au capitalisme. Les luttes revendicatives qui en découlent prennent donc immédiatement une forme et un contenu intégré au capitalisme. De manière typique, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet expliquait le matin à la radio d’État France info qu’elle trouve cela très bien que l’on puisse posséder une résidence secondaire.
C’est le sens de l’appel à la « justice sociale », qui est le vrai mot d’ordre universel des participants. Il s’agit d’une posture typique de couches sociales pauvres du point de vue français, mais finalement assez riches au niveau mondial pour accepter d’être corrompu par le capitalisme.
C’est la preuve que sans contenu sur le plan des idées et de la culture, on ne peut pas avancer. Le spontanéisme mène à l’échec, le populisme mène à la stupidité, l’agitation comme fin en soi ne sert qu’à faire du bruit et n’aboutit à rien.

Ce qui est intéressant, par contre, c’est le rapport au 18 septembre 2025. Beaucoup de gens ont regardé cela avec intérêt, un intérêt qu’ils n’auraient pas eu si le contexte n’était pas tout à fait particulier.
Cet intérêt a consisté en un mélange d’espoir, de méfiance, de doute, d’attente… et il a concerné des gens normalement assez éloignés de toute contestation. On peut et on doit dire qu’en fait le mouvement du 18 septembre 2025 a justement raté à mobiliser toute une énorme base de sympathisants.
De notre point de vue, c’est bien plus intéressant que le mouvement du 18 septembre 2025 lui-même, et c’est une réalité qui a bien plus de sens que toute cette démagogie sur la « grève générale ».
Il y a eu une non-expérience de la part des gens, mais il reste quelque chose, par la négative. C’est le début de quelque chose, d’un premier pas sur un chemin qui reste immensément long, tellement on est loin du compte et le niveau des gens désespérant.
Quand on voit les gens, comment attendre la grève générale ? Comment oser même l’espérer ? S’ils la font, cela va être un désastre, et même encore pire. Et, de toutes façons, la « grève générale » est un mythe, ce qui existe en réalité c’est une grève politique de masses dans un contexte bien particulier, comme 1936 et 1968.
Il faut donc que les gens fassent l’expérience de l’organisation à la base et augmentent leur niveau de conscience. Là, alors, on aura une vraie initiative démocratique qui fera avancer la révolution.
Et la marche à la guerre de repartage du monde ne peut qu’accélérer le processus, dans le contexte d’un capitalisme français en crise.