L’escalade militaire française contre la Russie vient de connaître un sacré coup d’accélération. Depuis le 26 février 2024, il y a l’instauration de toute une narration et des moments d’escalade. Cependant, là, on est dans une séquence parmi les plus brutales.
Le 25 septembre 2025, on a ainsi le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, qui a présenté ses grandes orientations à la Section technique de l’armée de terre (Stat), à Versailles. Son mot d’ordre : « être prêt dès ce soir » à la guerre de haute intensité.
Emmanuel Macron lui a fait écho, le 1er octobre, lors d’un sommet informel des 27 dirigeants de l’Union européenne à Copenhague, au Danemark.

C’est lors d’une interview à cette occasion au quotidien allemand le Frankfurter Allgemeine Zeitung qu’il a formulé les termes de l’escalade.
Après avoir rassuré le journaliste quant à la situation économique de la France – selon Emmanuel Macron, c’est juste un mauvais cycle et finalement tout va bien – il présente la Russie comme un ennemi avec qui il y a une confrontation permanente.
Les médias ont beaucoup souligné le fait qu’Emmanuel Macron parle de confrontation. Effectivement, c’est ce qu’il dit lors d’une interview à la presse à Copenhague, le même jour (« nous sommes dans un confrontation avec la Russie »).
Dans l’interview au quotidien allemand, il va plus loin : il parle de confrontation permanente et même structurelle. Et il développe le sujet, indiquant les nouvelles initiatives.
« Nous sommes en train de nous armer.
Mais pendant longtemps, nous avons sous-estimé la Russie.
Certes, la Russie est beaucoup plus faible que l’Europe sur le plan économique, sa population diminue et son industrie n’est pas innovante.
Cependant, elle produit beaucoup plus d’armes, et ce, plus rapidement. Nous avons sous-estimé la menace.
On ne passe plus du jour au lendemain de l’état de paix à l’état de guerre.
Nous sommes en confrontation permanente.
Outre le terrorisme, la Russie est la plus grande menace structurelle pour les Européens. »
Lorsqu’on lui demande s’il fallait abattre un avion russe s’il rentrait dans l’espace aérien de l’Union européenne, Emmanuel Macron répond également :
« Conformément à la doctrine de l’ambiguïté stratégique, je peux vous dire que rien n’est exclu. »

Emmanuel Macron souligne également la nécessité de prolonger les sanctions et de frapper la flotte dite fantôme, qui transporte du pétrole russe.
« Pour que les sanctions soient encore plus efficaces, il faut désormais concentrer les efforts sur la flotte fantôme. Les signaux clairs envoyés par les États-Unis sont utiles.
Nous devons lutter contre ces quelque 800 navires actifs qui contournent les sanctions. De nombreuses entreprises ont été sanctionnées, mais un contrôle efficace est nécessaire.
Nous devons tous nous unir pour contrôler ces navires, les bloquer et augmenter les coûts pour l’économie russe. Nous devons également accélérer l’aide à court terme à l’armée ukrainienne. »
Et, justement de manière opportune, l’armée française a intercepté un navire béninois, un pétrolier de 244 mètres long, à la suite d’un enquête ouverte par le parquet de Brest pour « défaut de documentation de la nationalité et du pavillon du navire » et « refus d’obtempérer ». Deux personnes ont été placées en garde à vue.
L’accusation faite est d’avoir participé à l’emploi de drones au Danemark, dans le but de perturber le trafic aérien. En pratique, le navire fait du surplace depuis quelques jours dans l’océan l’Atlantique, au large de Saint-Nazaire…
Qui provoque qui ? Naturellement, tout le monde provoque tout le monde et il n’y a aucune raison de croire ni les uns ni les autres. Les drones à Copenhague peuvent très bien avoir été utilisés par l’Otan ou l’Ukraine afin de jeter de l’huile sur le feu.
On est dans l’accumulation belliciste, afin de mettre en place la guerre impérialiste de repartage du monde. Emmanuel Macron a d’ailleurs affirmé lors de l’interview au quotidien allemand que :
« Je travaille actuellement à l’actualisation de notre doctrine et je souhaite poursuivre l’approfondissement de notre dialogue stratégique avec les Européens qui le souhaitent.
Il existe de toute façon une dimension européenne depuis 1962. »
Dans l’interview au quotidien allemand, Emmanuel Macron parle également des avoirs russes en Europe et il est clairement affirmé que ces avoirs vont être récupérés.
Normalement, le capitalisme interdit une telle expropriation et juridiquement, sur le plan international, c’est donc interdit. Le faire supposerait une magouille où il serait affirmé que c’est une avance sur d’hypothétiques réparations russes après la guerre.
Cela implique par contre également que les capitalistes du monde entier vont constater que le capital présent dans l’Union européenne peut être confisqué arbitrairement. C’est forcément très perturbant pour eux.
En tout cas, cela confirme ce qui a été dit ici : la tendance à la guerre impérialiste de repartage du monde est l’aspect principal.
Les fantasmes qui visent à expliquer qu’Emmanuel Macron va être poussé à la démission relèvent de l’absurdité petite-bourgeoise. On voit même mal comment le gouvernement pourrait sauter, dans un contexte où le capitalisme français joue sa crédibilité dans l’escalade contre la Russie.
C’est même pour cela que Sébastien Lecornu, ancien ministre des Armées, a été nommé premier ministre. Formellement, d’ailleurs, comme il n’y a pas de nouveau gouvernement, il occupe encore cette fonction.
On ne peut pas parler d’une anecdote : le ministre des Armées, en fonction depuis mai 2022, est premier ministre depuis septembre 2025 !
Cela correspond à la tendance générale à la militarisation, à la marche vers la bataille de repartage du monde.
Une bataille où l’ennemi est pour nous dans notre propre pays, en conformité avec le principe du défaitisme révolutionnaire. Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution !