Un cap a été franchi par les narcos ce jeudi 13 novembre 2025 à Marseille.
À 14h30 sur un parking du 4e arrondissement, à quelques pas du siège du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a été abattu de 6 balles le jeune Mehdi Kessaci, 20 ans, alors qu’il venait de se garer avec sa voiture. La moto du commando a été retrouvée calcinée dans les quartiers nord quelques temps après.
Le point de bascule est clair : il est ainsi parlé d’un coup pour terroriser en réalité Amine Kessaci qu’il semblait difficile d’atteindre directement. En effet, Mehdi Kessaci, étranger au narcotrafic et qui voulait devenir policier, était le frère cadet d’Amine Kessaci, 22 ans, devenu depuis quelques années une figure politique et associative des quartiers de Marseille.

En 2020, il a lancé l’association Conscience pour venir en aide aux habitants des quartiers, avant de se concentrer plus particulièrement sur le narcotrafic, après que son frère, Brahim, impliqué dans un réseau de drogue, fut la victime d’un règlement de compte sordide en décembre 2020.
Le 10 juin 2023, l’association Conscience organisait une « grande marche contre la criminalité et pour l’avenir de la jeunesse » après avoir tracté longuement dans les différents quartiers de Marseille.
Puis Amine Kessaci a été investi candidat d’Europe-Ecologie Les Verts, pour le Nouveau Front Populaire, dans la 3e circonscription de Marseille lors des élections législatives de l’été 2024. Il manqua de peu d’être élu, la candidate du Rassemblement national l’emportant à quelques centaines de voix près.
Le 2 octobre 2025, Amine Kessaci publiait l’ouvrage « Marseille, essuie tes larmes », sous-titré « Vivre et mourir en terre de narcotrafic », dans lequel il évoque la spirale dévastatrice du narcotrafic et de ses conséquences. Dès lors, Amine Kessaci avait reçu plusieurs menaces et vivait sous protection policière, des policiers ayant été interceptés sur des messageries cryptées des volontés de l’assassiner.

Le franchissement de ce point de bascule ne surprendra pas celles et ceux qui prennent au sérieux la crise du capitalisme et pour qui la décadence généralisée de la société bourgeoise n’est pas une simple manière de parler. Il est souvent parlé de mexicanisation : un tel évènement vient cocher une case en plus de cette réalité qui est en réalité une tiers-mondisation, c’est-à-dire féodalisation, voire un retour du mode de production esclavagiste.
C’est le capitalisme qui s’effondre et comme il n’y a pas l’avenir avec le Socialisme, c’est le passé qui ressurgit.
L’État bourgeois est dépassé. Des formes étatiques – car les mafias sont des formes étatiques – s’affirment et exigent le contrôle de territoires. C’est une guerre, dont le peuple est la victime.
L’assassinat dramatique de Mohamed Kessaci rappelle dorénavant que le combat contre le narcotrafic ne peut pas passer simplement par les rouages légaux de la politique à l’ombre d’un État qui a tout de manière décidé de délaisser ces mêmes quartiers au nom de la « paix sociale ».
D’ailleurs, cet évènement qui devrait faire la Une, devrait faire intervenir jusqu’au plus haut sommet de l’État, notamment le Président de la République, mais il n’en est rien.
Les institutions préfèrent jouer l’apaisement, « interroger », en fait il s’agit de calmer le jeu tant la prise au sérieux de cette affaire viendrait tout remuer.
Au fond, l’État est terrifié, avec une classe dirigeante qui se pense encore à la tête d’un pays puissant, allant de l’avant, alors qu’il est au contraire pris dans un tourbillon régressif qui aspire les choses à toute vitesse. La bourgeoisie relativise tout quand le prolétariat a saisi l’horreur réelle en cours mais esquive toute implication.
Car tout le monde a bien compris que se confronter politiquement au narcotrafic, c’était ouvrir la boite de pandore : celle du capitalisme, avec ses quartiers délaissés, ses réseaux de blanchiment, sa morale inexistante, sa tolérance pour la consommation, son industrie du rap qui en fait la promotion, son acceptation des réseaux sociaux comme espace de recrutement, ses dirigeants plus ou moins compromis…

De toute manière, l’État est enlisé dans une crise de régime qui bloque tout depuis l’été 2024 alors même que la Commission nationale des comptes de campagne (CCNCFP) vient de pointer les risques majeurs de corruption et d’infiltration des narcos dans les prochaines élections municipales de mars 2026.
Les éléments d’enquête récemment publiés dans la presse révèlent un processus déjà bien en cours, comme par exemple différents adjoints de mairies ayant des liens indirects avec des narcotrafiquants ou certains maires passant des contrats avec « le milieu » pour se garantir une protection.
À Marseille, il est déjà établi que les différents candidats aux élections municipales doivent trouver un terrain d’entente avec les narcos s’ils veulent pouvoir aller à la rencontre des habitants de certains quartiers. Il y a aussi cet aveux pathétique d’un videur d’une boite de nuit à Rennes, située non loin d’un point de deal, qui avait passé un accord avec les dealers pour avoir du calme…
C’est bel et bien le retour du féodalisme, voire de l’esclavagisme, dans un pays capitaliste avancé où si l’on veut de la sérénité, il faudrait accepter de pactiser avec ces nouveaux féodaux, ces nouveaux esclavagistes.
Alors, oui il faut la Révolution contre un État dont les dirigeants abandonnent toujours plus l’ordre et la sécurité au profit de ces seigneurs locaux. Il faut le Socialisme, avec sa discipline collective, sa morale de fer contre la décadence, sa perspective sociale impitoyable contre la grande bourgeoisie, ses camps de travail contre les éléments anti-sociaux.

Concrètement, le peuple doit se saisir de lui-même et faire un choix : ou bien il laisse faire et alors dans 5-10 ans, les quartiers paupérisés des villes seront des sortes de favelas régies de bout en bout par des cartels transformés en pôles d’attractivité bien au-delà des seules couches marginalisées, ou bien il se met en résistance collective pour défendre la civilisation.
Seule la force collective populaire ayant confiance en elle, construite en autonomie d’un régime qui fait faillite, est à même d’enclencher une dynamique vertueuse.
C’est Socialisme ou barbarie, il nous faut un nouveau pouvoir, il nous faut un État socialiste !
