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Fin des gilets jaunes, l’échec des petits-bourgeois pris de rage

D’après les chiffres officiels, il y a eu ce samedi 15 décembre deux fois plus de forces de l’ordre mobilisées que de gilets jaunes, respectivement 69 000 contre 33 500. L’« Acte 5 » du mouvement est assurément celui de son effondrement, la fin d’une agitation de petits-bourgeois pris de rage.

À part de la casse, des arrestations et un horizon borné à la contestation de l’impôt, le mouvement des gilets jaunes n’aura pas apporté grand-chose dans le paysage social-culturel de la France du XXIe siècle. Il s’effondre maintenant aussi vite qu’il est apparu, avec toutefois un grand nombres d’irréductibles continuant à vouloir forcer les choses ici et là, en s’imaginant faire la révolution alors qu’ils n’obtiendront plus rien.

Cela montre la dimension velléitaire des gilets jaunes, et on doit ici vraiment citer Lénine qui a donné une définition précise de la nature du petit-bourgeois pris de rage :

« On ne sait pas encore suffisamment à l’étranger que le bolchevisme a grandi, s’est constitué et s’est aguerri au cours d’une lutte de longues années contre l’esprit révolutionnaire petit-bourgeois qui frise l’anarchisme ou lui fait quelque emprunt et qui, pour tout ce qui est essentiel, déroge aux conditions et aux nécessités d’une lutte de classe prolétarienne conséquente.

Il est un fait théoriquement bien établi pour les marxistes, et entièrement confirmé par l’expérience de toutes les révolutions et de tous les mouvements révolutionnaires d’Europe, – c’est que le petit propriétaire, le petit patron (type social très largement représenté, formant une masse importante dans bien des pays d’Europe) qui, en régime capitaliste, subit une oppression continuelle et, très souvent, une aggravation terriblement forte et rapide de ses conditions d’existence et la ruine, passe facilement à un révolutionnarisme extrême, mais est incapable de faire preuve de fermeté, d’esprit d’organisation, de discipline et de constance.

Le petit bourgeois, « pris de rage » devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l’anarchisme, à tous les pays capitalistes. L’instabilité de ce révolutionnarisme, sa stérilité, la propriété qu’il a de se changer rapidement en soumission, en apathie, en vaine fantaisie, et même en engouement « enragé » pour telle ou telle tendance bourgeoise « à la mode », tout cela est de notoriété publique. Mais la reconnaissance théorique, abstraite de ces vérités ne préserve aucunement les partis révolutionnaires des vieilles erreurs qui reparaissent toujours à l’improviste sous une forme un peu nouvelle, sous un aspect ou dans un décor qu’on ne leur connaissait pas encore, dans une ambiance singulière, plus ou moins originale. »

Dans, La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »)

Ces propos sont des plus actuels, ils illustrent parfaitement la petite parodie d’insurrection populaire ayant eu lieu hier midi place de l’Opéra à Paris avec la prise de parole de quelques « leaders » dont le délirant « fly riders » ou Priscillia Ludosky, à l’origine d’une pétition à succès.

Il faut au contraire, pour changer les choses, une conscience claire de ce qu’est le capitalisme et de comment la bourgeoisie en tire profit, en tant que classe exploiteuse. Il faut un style rigoureux, assumant l’idéologie, la politique, la raison et le bouleversement à grande échelle des habitudes pour changer la vie, mettre à bas ce qui nuit.

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