Pour toute personne cultivée, Cyril Hanouna est un cauchemar. Le fait qu’il soit au cœur d’une émission spéciale « grand débat national », sur C8, en dit long sur le niveau de populisme et de stupidité de la France. La présence de Marlène Schiappa comme co-animatrice, alors qu’elle est membre du gouvernement, montre bien qu’on a touché le fond.
Depuis plusieurs mois, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa se veut une porte-parole de la cause des femmes, n’hésitant pas à intervenir souvent et avec un grand relais dans les médias. Tout cela ne correspond qu’à un féminisme comme simple levier afin d’augmenter l’esprit de compétition entre les travailleurs, pas du tout à un vrai féminisme. On en a la simple preuve au fait qu’elle, pourtant membre du gouvernement, se retrouve comme co-animatrice d’une émission avec Cyril Hanouna.
Peut-on croire une seule seconde que Cyril Hanouna soit en adéquation, dans son style beauf, avec les exigences d’un véritable féminisme ? Absolument pas, bien entendu. L’ennemi des femmes, c’est avant tout les beaufs. Ceux-ci récusent tout changement et toute réflexion, or la cause des femmes implique une participation des hommes à leur rééducation morale et psychologique, par l’abandon du style patriarcal.
Cyril Hanouna correspond à un tel style et Marlène Schiappa montre que son féminisme est un simple opportunisme. Il y a ici une absence totale de dignité, un véritable jeu de massacre de la dignité des idées et de la vie politique. Ce n’est même plus ici de la dégradation, c’est de la destruction pure et simple. Il faut d’ailleurs rappeler ici le jeu sombrement infâme de Cyril Hanouna dans le cadre d’un populisme télévisuel débridé.
Avant le début des gilets jaunes, des infirmiers en colère étaient venus à la sortie des studios à Boulogne-Billancourt pour demander à Cyril Hanouna de les aider, et il les a invités à son émission. C’est pour cela que le 19 novembre des gilets jaunes ont fait pareil, et qu’il les a invités à « Touche pas à mon poste ». Une phrase prononcée à Cyril Hanouna par un gilet jaune le 19 novembre et largement soulignée par les médias alors résume tout:
« On veut que tu dises à Macron que le peuple souffre. »
Il y a un mot très simple et très compliqué pour résumer cela : le fascisme. Non pas qu’on soit dans le fascisme ou que ces gens soient fascistes, mais c’est le fascisme qui s’exprime à travers cette situation.
Car quand on en arrive au point où des gens opprimés ne parviennent même plus à se relier à la classe des travailleurs, qu’ils en arrivent à quémander un animateur télé pour qu’il demande au président de l’aide, c’est que tout est perdu. On en est au point où l’individualisme est complet, le niveau culturel à zéro. La société est aseptisée et est mûre pour basculer dans la quête d’un sauveur venant « rétablir » la justice.
Ce grand moment de télévision qui nous est promis avec Cyril Hanouna et Marlène Schiappa est une catastrophe culturelle, une insulte à la France des Lumières et à l’histoire des luttes de classes de ce pays. Ce n’est pas même une farce, c’est un crime contre la culture.
Voir des siècles de vie politique française réduits à un débat avec des demandeurs d’emploi, des retraités et des commerçants organisé par l’animateur Cyril « les nouilles dans le slip » Hanouna et un membre du gouvernement… ce n’est même plus de l’aberration, c’est de la folie pure et simple.
Ou, plus précisément, l’expression d’une décadence générale de la société française, littéralement anéantie culturellement par le libéralisme économique, politique et culturel.