Le 8 mars est la journée internationale des femmes, ce qui forme un événement politique. Il ne s’agit pas simplement d’affirmer les droits des femmes, au sens de droits purement individuels. Il s’agit d’affirmer l’égalité : à l’égalité économique et sociale doit répondre l’égalité entre hommes et femmes.
Le 8 mars est une date incontournable, en tant que symbole, mais aussi en tant qu’expression historique de tout un patrimoine de lutte. C’est la conférence internationale des femmes socialistes qui a affirmé en 1910 la nécessité d’une telle date, et la première manifestation eut lieu le 19 mars 1911, date anniversaire de la révolution de 1848 et de la Commune de Paris, avec un million de personnes défilant dans les bastions sociaux-démocrates qu’étaient l’Allemagne et l’Autriche, ainsi notamment qu’en Danemark, en Suisse, aux États-Unis.
C’est ensuite la Russie soviétique qui instaura le 8 mars comme journée internationale des femmes, en 1921, Lénine faisant un discours pour exposer le sens d’un tel combat, voyant en « l’esclavage domestique » le fondement de ce qui opprime les femmes. La date était quant à elle choisie pour souligner le rôle de la manifestation d’ouvrières le 8 mars 1921 à Petrograd.
La Gauche historique n’a ainsi jamais affirmé le féminisme comme moyen de promotion sociale individuelle dans un cadre capitaliste par définition honni. Le féminisme, c’est un aspect particulier de l’aspect universel du Socialisme comme affirmation de l’égalité absolue. C’est le sens d’une bataille démocratique : il n’y a pas de féminisme sans Socialisme et inversement, car c’est un seul et même combat, celui pour l’égalité entre tous les êtres humain.
En ce sens, le féminisme dépend du mouvement ouvrier, du socialisme, de la Cause démocratique. Il ne saurait flotter comme une sorte d’à-côté, de lutte autonome, indépendante, ayant ses propres critères, sa propre dynamique, ses propres valeurs, etc. L’Histoire est l’histoire de la lutte des classes, pas l’histoire du rejet des « oppressions ».
Ainsi, si le Socialisme ne se développe pas politiquement, il n’y a pas de féminisme ; inversement, un Socialisme authentique ne peut qu’affirmer la Démocratie, donc l’égalité, donc le féminisme.
Il serait dégradant pour cette dimension démocratique, par ailleurs, de réduire le féminisme à un « levier » pour « la révolution », d’y voir simplement un moyen de faire en sorte que les femmes « rejoignent » la Cause. C’est là une conception totalement anti-démocratique. Le sens du féminisme est de permettre l’égalité hommes-femmes dans les faits, de supprimer tout asservissement intellectuel, morale, physique, financier, social, etc.
Cela, tout le monde peut le comprendre. Si seulement les femmes peuvent promouvoir le féminisme, tous les hommes peuvent en même temps le soutenir, car y reconnaissant la valeur démocratique. Il suffit pour cela que les hommes abandonnent leurs privilèges. Le 8 mars, en tant que journée internationale des femmes, est en même temps aussi celui de la Cause de la démocratie, un marqueur politique concernant tous les hommes.
Et cette dialectique hommes-femmes doit être non seulement bien cernée, mais également protégée des attaques de la gauche post-industrielle qui nie qu’il y ait des hommes et des femmes, rejetant l’existence des différences naturelles pour raisonner en termes de « genre » et affirmer que tout serait dans la tête, que tout serait une question de choix.
La Gauche historique doit savoir préserver et reconquérir ses valeurs face à ces tentatives de négation de l’existence des hommes et des femmes, et donc de la bataille démocratique. Cela signifie raisonner en termes de peuple, de démocratie, et non pas en termes d’individus. Il y a un féminisme qui sert les individus, mais il ne sert que quelques individus, en l’occurrence les femmes faisant carrière dans le capitalisme. Cela n’a rien à voir avec la démocratie.
Le 8 mars est pour cette raison une date essentielle, de par son contenu, de par son appartenance à la tradition de la Gauche historique. Cette date vient de la Gauche historique, elle lui appartient, et c’est son contenu même.