[Tribune publiée dans le Journal du Dimanche ]
L’écologie porte en elle l’indispensable adaptation de nos modes de vie, de production et de consommation aux limites de la planète. C’est une promesse d’harmonie, de justice et de bien vivre. Chaque année pourtant, le ‘jour du dépassement’ à partir duquel le prélèvement opéré par nos sociétés est supérieur à la capacité de la planète à se régénérer avance. Le climat se dérègle, les écosystèmes disparaissent, l’humanité trinque, les plus fragiles en premier. Cette fuite en avant est d’abord le résultat de choix politiques qui refusent de procéder aux indispensables arbitrages et continuent de favoriser la cupidité et le court terme.
La course au profit – et donc le libéralisme – est antinomique avec la vision d’un monde équilibré et pérenne dans lequel le partage équitable de ressources préservées et la répartition des richesses sont les meilleurs remparts contre les conflits et la prédation de notre écosystème vital.
Nous sommes écologistes donc de gauche, nous portons un projet, une éthique d’action, une grille de lecture du monde, et une vision inscrite dans la durée qui lie indéfectiblement les dimensions environnementales et sociales, sans primat de l’une sur l’autre. Nous sommes engagé.es pour que les plus démuni.es ne soient pas les exclu.es de la mutation du monde et que la transition écologique soit d’abord une opportunité pérenne pour chacun.e de vivre bien sur une planète préservée.
Nous nous réjouissons que cette vision ait gagné une partie de celles et ceux qui, venu.es de la gauche classique, lui offrent aujourd’hui un horizon renouvelé, un idéal d’égalité, de justice et de démocratie à l’échelle de la planète et des générations futures. La rupture effectuée avec le productivisme, le culte de la croissance et la foi aveugle en la technique salvatrice permet une convergence idéologique et l’invention d’une culture commune. Politiquement, nous l’entendons comme une promesse d’élargissement attendue par l’opinion publique et une réponse structurée, à vocation majoritaire, potentiellement bien plus forte, apte à s’attaquer au fléau libéral comme à la gangrène nationale-populiste.
Nous affirmons que se revendiquer écologiste sans s’assumer ‘de gauche’ est une impasse, mener des combats environnementalistes sans porter au même niveau les valeurs de justice sociale est un leurre. S’en remettre à l’économie de marché c’est imaginer que la concurrence pourrait permettre l’égalité, que la somme des initiatives individuelles pourrait mener à un optimum collectif ou que la poursuite des intérêts particuliers pourrait protéger les biens communs et leur accès universel. Quand quelques dizaines de personnes détiennent autant de richesses que la moitié de l’humanité, la démonstration de l’illusion libérale n’est plus à faire, celle de son incompatibilité avec les politiques écologiques non plus.
Pourtant, certaines ambiguïtés profondes ressurgissent récemment. En s’affirmant ‘ni de droite ni de gauche’ et compatibles avec ‘l’économie de marché’ certains écologistes choisissent d’épouser les orientations des Verts allemands dont le nomadisme politique permet des alliances à géométrie variable avec tantôt les conservateurs tantôt les sociaux-démocrates. Ce faisant ils rompent avec cette écologie politique historiquement ancrée dans le camp progressiste et les valeurs de gauche, en France et ailleurs, au profit d’un repli essentiellement environnementaliste.
Cette attitude régressive se veut ‘pragmatique’ c’est-à-dire fondée sur la méthode dite des ‘petits pas’, ou plutôt des faux pas, qui peut s’accommoder de beaux discours et de petites décisions. Cette politique sans résultat ni sur le climat ni sur la biodiversité fait perdre un temps désormais compté pour la planète quand les politiques radicales menées localement font leurs preuves.
Nous ne nous résignons pas à ce que le bien vivre, soit l’apanage de celles et ceux qui ont les moyens, dans une société où manger bio, acheter véhicule propre ou isoler son logement serait le privilège de quelques un.es. Nous croyons à la nécessité d’en finir avec un système capitaliste qui réduit le vivant à une donnée économique et dévaste notre santé, les forêts, les océans, l’air et la biodiversité et, disons-le, la survie même de l’humanité, tant que cela contribue au profit de court terme d’une minorité.
L’écologie politique est systémique. Elle propose une vision et des solutions globales qui par leur humanisme, leur ancrage dans les luttes sociales, leur rejet des inégalités, leur universalisme ne peuvent appartenir qu’à une pensée de gauche. Nous en ferons un Manifeste qui sera publié prochainement.
Ecologistes, nous œuvrons au rassemblement et nous réjouissons que l’écologie politique ne soit plus le pré carré d’une seule formation minoritaire. En nous engageant auprès du mouvement Génération.s, nous sommes fier.es de porter une écologie sans ambiguïté, fidèles à l’ambition historique de réunir les diverses composantes de l’écologie politique, dans sa globalité environnementale, sociale et démocratique. De la faire grandir et se répandre toujours plus dans la société pour enfin conquérir une majorité culturelle et d’action.
Les signataires :
Pascal Baudont, conseiller municipal d’Arradon (56)
David Berly, militant écologiste, Paris
Michel Bock, maire-adjoint honoraire Guyancourt (78)
Alice Brauns, responsable Comité Ville Génération.s (50)
Dominique de Broca, militante écologiste Paris
Yves Contassot, conseiller de Paris et Métropolitain Grand Paris
Isabelle Couradin, co-responsable du pôle Ecologie du CN de Génération.s
Jean-Luc da Lage, militant écologiste, Paris
Patrice Lanco, militant écologiste, Paris
Anne Laure Fabre Nadler, vice-présidente du Conseil départemental de la Gironde (33)
Suzanne Grandpeix, militante écologiste, Paris
Frédéric Guerrien, conseiller d’arrondissement Paris 20e
Pierre Japhet, maire-adjoint Paris 11e
Claire Monod, conseillère régionale d’Ile-de-France
Clément Pequeux, membre CN de Génération.s
Stéphane Saubusse, conseiller départemental de Gironde (33)
Pierre Serne, conseiller régional d’Ile-de-France
Damien Zaversnick, membre CN de Génération.s
Julien Zloch, co-responsable du pôle Ecologie du CN de Génération.s