La fédération nationale de la chasse a tenu son congrès. Étaient présents non pas simplement deux ministres, voire trois, mais carrément quatre membres du gouvernement. C’est qu’il s’agit de maintenir la France profonde enfermée dans ses traditions réactionnaires.
Le président de la République Emmanuel Macron est un ardent ami des chasseurs, il leur a promis beaucoup de choses avant les élections, notamment l’organisation d’un tourisme cynégétique. Alors que l’opposition à la chasse à courre est devenue populaire grâce à AVA – Abolissons la Vénerie Aujourd’hui, il a mis tout son poids pour appuyer la contre-offensive, couvrant de ce fait la violence des partisans de la chasse à courre.
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Rappelons également qu’à partir du premier juillet, le permis de chasser va coûter moitié moins cher, que les espèces vont dépendre de « gestions adaptatives » (pour faire sauter les éventuelles protections), qu’à partir de janvier 2020 il y aura une « police de la nature ».
Là, au congrès de la fédération nationale de la chasse à Paris, à la salle de la Mutualité, Emmanuel Macron a envoyé quatre membres du gouvernement. Il y avait ainsi trois ministres : celui de l’agriculture, Didier Guillaume, celui des Collectivités locales, Sébastien Lecornu, celui de la Transition écologique, François de Rugy. À cela s’ajoute la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.
On peut être certain que c’est bien le choix du président de la République : l’arrière-plan ne laisse aucun doute à ce sujet. Willy Schraen, le pittoresque président de la fédération des chasseurs, pour ne pas dire grotesque aux yeux de gens de Gauche, a tenu des propos dénués d’ambiguïté à ce sujet :
« Le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs. »
François de Rugy a tenu lui aussi, à la fin du congrès, des propos résolument clairs :
« Je veux sortir des débats théoriques, même théologiques, des postures. Il y a un autre climat qu’il y a quelque temps. »
Mais c’est là un vœu pieux. AVA – Abolissons la Vénerie Aujourd’hui a littéralement fait briser la chape de plomb concernant la chasse à courre et ce faisant a révélé la nature des chasseurs en général. Il est vrai qu’avec les gilets jaunes, ce thème est passé au second plan de l’actualité et de la réflexion de beaucoup. Mais c’est désormais un marqueur très fort, qui restera.
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Et justement par rapport au caractère improductif des gilets jaunes, il y a lieu de voir l’importance de la culture, et donc notamment de la chasse, ce pilier de la réaction y compris dans une large partie du peuple. Tout est faux dans la chasse : l’esprit communautaire, la volonté de destruction, le rapport dévoyé à la nature, pour ne pas dire terroriste… La liste serait trop longue.
Les chasseurs peuvent donc être très heureux du fait qu’ils aient désormais le soutien ouvert du régime ; effectivement vu ainsi, c’est un triomphe pour eux. Mais c’est d’une valeur faible et uniquement temporaire ; ni Emmanuel Macron, ni le gouvernement, pas même l’État français ne peuvent faire face à l’opposition à la chasse qui est désormais cristallisée et grandit.
On peut même dire que l’opposition à la chasse grandit dans cette adversité, ce qui est inévitable, car elle ne peut être que portée par la Gauche, dans un grand combat pour les valeurs, pour se débarrasser notamment aussi de tous ces restes du passé qui portent la barbarie.
Il n’y a pas au 21e siècle de place pour la chasse, cette activité immorale, dont on ne sait pas s’il faut dire qu’elle est avant tout grossière ou vulgaire. Et on sera toujours étonné de voir Emmanuel Macron, qui s’est toujours voulu si moderne, soutenir corps et âme une telle monstruosité passéiste. Cela en dit long sur ce qu’est la modernité pour lui : un prétexte au libéralisme partout et tout le temps.
À ce titre, la Gauche doit se débarrasser de tout libéralisme culturel et être en mesure de faire des choix assumés. Que le combat contre la chasse, sans même parler de la chasse à courre, ne soit pas au programme de toute la Gauche, est une trahison sur le plan des idées et une capitulation face aux tendances réactionnaires de notre pays.
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