Les services publics de santé en France se dégradent de manière importante et se sont les personnels qui, en première ligne, doivent malgré tout « gérer », tant bien que mal, car ils sont la conscience professionnelle.
La situation est particulièrement difficile dans les services d’urgence, où la colère est grande avec un mouvement de contestation prenant de l’ampleur.
Suite à la manifestation nationale des urgentistes ce jeudi 6 juin 2019, voici le communiqué du collectif inter-urgences, qui organise la mobilisation des personnels urgentistes de nombreux établissement :
D’après le collectif, ce sont actuellement (vendredi soir) 83 établissements qui connaissent un mouvement de grève, comme le montre cette carte (mise à jour automatiquement) :
Légende de la carte :
– en bleu, les SAU (Service d’accueil et traitement des urgences) connaissant un mouvement de grève ;
– en vert les contacts en cour.
Sur un registre plus politique, voici également le communiqué du groupe Sénateurs Communistes Républicains Citoyens et Écologistes qui dénonce la complicité de la Droite avec le gouvernement sur le projet de loi santé auquel s’opposent les urgentistes mobilisés :
« LA MAJORITÉ SÉNATORIALE COMPLICE DU PROJET DU GOUVERNEMENT DE RÉDUIRE LES HÔPITAUX DE PROXIMITÉ À DES COQUILLES VIDES
Alors que l’examen du projet de loi « organisation et transformation du système de santé » vient de s’achever au Sénat, ce texte entérine notamment la disparition des hôpitaux de proximité en les vidant de leurs services essentiels : gériatrie, maternité, plateau technique, et chirurgie.
Depuis près de 30 ans, les politiques successives ont attaqué ce qui constitue la colonne vertébrale de notre système de santé : l’hôpital public. Et aujourd’hui, ce projet poursuit et aggrave les recettes qui ont échoué. Au nom de la pénurie médicale, il accélère les Groupements Hospitaliers Territoriaux et instaure la gradation des soins, privant certains territoires d’établissements de proximité au bénéfice de superstructures plus éloignées et donc moins accessibles.
Avec la complicité bienveillante de la majorité sénatoriale de droite, tous les articles ont été votés au mépris des souffrances des personnels qui se mobilisent dans l’intérêt général.
Ainsi, alors que les urgences sont, à juste titre, en grève, le projet de loi ne contient ni recrutement ni augmentation de salaires, pas plus que d’ouvertures de lits d’aval dont les suppressions sont en nombre exponentiel.
Les difficultés d’accès aux soins sont liées entre elles, et seule une politique globale peut les résoudre. Pour y parvenir, un investissement financier est indispensable.
Notre groupe s’est battu pied à pied pour une autre logique : augmentation des moyens des universités pour former davantage d’étudiantes et d’étudiants, expérimentation, dans les zones sous denses volontaires, de l’installation de jeunes médecins pendant deux années suivant l’internat, préservation du statut des centres de santé et carte hospitalière totalement différente.
Nous pensons, en effet, que le maillage d’hôpitaux de proximité doit être maintenu et développé avec des services d’urgence 24h/24h, de médecine, de chirurgie, d’unité obstétrique, de soins de suite et de structures pour les personnes âgées en lien avec la médecine de ville, le réseau de centres de santé et la psychiatrie de secteur.
Le gouvernement répond au personnel hospitalier en grève « soigne et tais- toi », et aux parlementaires qui proposent une autre vision de la politique de santé, avec le recours aux ordonnances : « vote et tais- toi ». Nous ne nous tairons pas et nous voterons contre ce projet de loi Mardi 11 juin lors du scrutin solennel !
Nous continuerons à défendre, comme nous nous y sommes engagés lors du tour de France des hôpitaux et EHPAD, des propositions alternatives en faveur d’une santé de qualité et de proximité pour toutes et tous. »
> Lire également : Communiqué du mouvement Génération-s sur la colère dans les services hospitaliers