Il pleut depuis quelques jours sur une grande partie de la France. C’est une bonne nouvelle et on espère que les pluies vont persister, car le pays connaît une situation de sécheresse extrêmement préoccupante pour les nappes phréatiques.
Enfin, il pleut ! Mais cela n’est pas encore suffisant. Un département comme l’Indre-et-Loire a connu avant cette semaine près de 80 jours sans précipitations significatives (plus de 1 mm par jour). Il n’avait pas plu à Paris depuis le 18 août 2018, ce qui fait une longue période de plus d’un mois, faisant suite à une autre longue période sans précipitation entre le 21 juin et le 17 juillet 2019.
Le pays connaît une situation de sécheresse météorologique, aggravée par un pic de chaleur début septembre, alors que le mois de juillet a été le plus chaud jamais mesuré. La plupart des départements ont mis en place des restrictions d’eau. Sur le site gouvernemental Propluvia, qui recense les arrêtés de restrictions d’eau, on dénombre une quarantaine de départements connaissant une situation de crise pour les nappes phréatiques.
Voici ce que signifie une situation de crise :
« Arrêt des prélèvements non prioritaires y compris des prélèvements à des fins agricoles. Seuls les prélèvements permettant d’assurer l’exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité) »
Voici la carte, pour le moins impressionnante (26 septembre 2019) :
Les habitants de ces départements ne connaissent en général pas ces restrictions en cours et continuent leurs prélèvements habituels. Il y a là une terrible défaillance de la part des autorités, qui négligent dangereusement le problème alors que l’eau potable représente 25 % de la consommation (même si cette consommation ne vient pas forcément des nappes phréatiques). Seuls les entreprises et les agriculteurs sont au fait de ces restrictions, car ils sont les plus directement concernés.
La situation devrait néanmoins intéresser tout le monde, car c’est de la biosphère qu’il s’agit et pas seulement du business agro-industriel très gourmand en eau. Cela d’autant plus que le réchauffement climatique produit par les activités humaines est en cause.
La sécheresse actuelle est d’autant plus prononcée que l’automne et l’hiver derniers avaient connu un déficit pluviométrique, que les pluies du printemps 2019 n’ont pas permis de compenser. D’après les données communiquées par la presse récemment, 73% des nappes phréatiques ont actuellement un niveau inférieur à la normale.
La situation des nappes phréatiques est particulièrement préoccupante dans les régions du nord-est et du centre-est, avec parfois des niveaux « peu satisfaisants, bas à très bas » dans le sud de l’Alsace, la Bourgogne, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou le sud de Centre-Val-de-Loire. Seules les nappes phréatiques de la Corse, du sud de la Vendée et du bassin de l’Adour ont des niveaux qui ne sont pas bas ou modérément bas.
S’il faut donc se réjouir du fait qu’il pleuve actuellement sur une grande partie du pays, cela est loin d’être suffisant. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a expliqué à la presse que ces pluies seront certainement captées par la végétation, car très fines. À moins qu’elles ne proviennent d’orages, donc localisées et intenses, ce qui est favorable au ruissellement plutôt qu’à l’infiltration jusqu’aux nappes.
Les prévisions sont donc mauvaises, il est considéré que la baisse du niveau des nappes devrait se poursuivre. Celles-ci sont pourtant primordiales, non-seulement comme réserves d’eau, mais aussi parce qu’elles ne sont pas isolées du cycle de l’eau et qu’elles communiquent avec les milieux aquatiques de surface, formant des interactions indispensables à la biosphère dans son ensemble.
Voici une petite vidéo montrant le fonctionnement des nappes phréatiques :