Voici l’extrait principal d’une tribune publiée dans Le Figaro, Pourquoi la PMA et la GPA ne sont pas « progressistes ». Il y est affirmé avec justesse que l’extension de la PMA présuppose la compartimentation des hommes et des femmes en niant leur complémentarité naturelle.
L’auteur de la tribune est Emmanuel Désveaux, un universitaire anthropologue et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).
Il y exprime les raisons l’amenant à refuser la PMA et la GPA, après avoir constaté que la Gauche et la Droite ont perdu de leur cohérence et qu’il existe des divisions chez les uns et chez les autres au sujet « de l’économie, des mœurs et de l’identité ».
L’extrait, plein de vérités, est d’autant plus intéressant (ou paradoxal) que la démarche de l’auteur (le structuralisme en philosophie) et l’institution dont il fait partie (l’EHESS) relèvent entièrement de la Gauche post-moderne et de son relativisme assumé.
« Revenons à notre table des permutations des trois registres du progressisme. Une combinaison y reste vacante : celle qui associe des positions progressistes en économie et au regard de l’identité, avec une position « réactionnaire » au regard des mœurs.
D’un point de vue logique, une telle combinaison n’est pas moins incohérente que celle qu’incarne le centre selon Emmanuel Macron.
Nous assumons à titre personnel pleinement cette position et notre hostilité à la PMA sans pour autant nous considérer comme étant « de droite », car, au fond, nous éprouvons de sérieux doutes sur le caractère progressiste du projet de loi en train d’être discuté au Parlement.
Ce dernier contrevient en effet à deux valeurs foncièrement progressistes à nos yeux, à savoir le refus du repli sur soi ou sur sa communauté et, serait-ce plus nouveau, une exigence de respect vis-à-vis de la nature.
La PMA est synonyme de fermeture sur elles-mêmes des communautés féminines.
Elle ouvre la voie, d’un point de vue ontologique, à une société où les hommes et les femmes vivraient des existences à la fois parallèles et compartimentées. Elle écrase la figure du père. Elle est captation de l’idée de liberté individuelle.
Enfin, la PMA s’avère être la négation de l’altérité première que la nature nous a donnée en partage.
À l’heure d’une grave crise écologique où d’aucuns parmi nos meilleurs penseurs en viennent à se demander si la nature n’a pas ses propres droits, la PMA, avec ses forts relents d’eugénisme, vient les piétiner en réfutant haut et fort que la procréation doive nécessairement résulter de la rencontre charnelle de deux corps différents.
Les abus dont les femmes ont souvent été l’objet dans le passé (ou le sont encore ponctuellement) ne justifient pas la dérive actuelle.
L’altérité a longtemps fait les beaux jours de la pensée « de gauche ».
Aujourd’hui, celle-ci, et sa frange ralliée au néolibéralisme macronien, crie victoire, après avoir brandi pendant des années la PMA (et la GPA, pourtant chargée d’un lourd potentiel mercantiliste) comme un étendard du progressisme social, alors qu’il s’agit en fait d’une véritable régression.
Au mieux, c’est une victoire de la technè et de l’ingénierie sociale. Trouver désormais le chemin du bureau de vote va nous être difficile. »