Selon le Canard enchaîné, si Luc Carvounas a fait 6,36 % aux primaires socialistes pour l’élection au poste de dirigeant, c’est parce que son score a été ajusté de telle sorte par la direction actuelle afin de correspondre au score de Benoît Hamon aux présidentielles.
Les « hamonistes » avaient en effet soutenu Luc Carvounas. La réaction à cette provocation ne s’est pas faite attendre : dans une interview au Monde, Roxane Lundy, la présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), a annoncé qu’elle partait rejoindre Génération.s.
Elle a également précisé que c’était le cas de 25 membres sur 30 du bureau national. C’est ce qui s’appelle ni plus ni moins qu’un putsch, car le MJS vient de tenir son congrès qui a lieu tous les deux ans !
Le 10 février, Roxane Lundy a ainsi été élue… pour ensuite valider un choix non présenté lors du congrès… Une belle opération de magouille, d’autant plus facile que lors de ce congrès, il y a eu un boycott.
Les tendances la Fabrique du changement (liée à Martine Aubry) et Agir en Jeunes socialistes (social-réformiste) n’ont ainsi pas participé au vote (soit environ 150 des 500 délégués). Les « hamonistes » ont d’autant plus eu les mains libres.
Il faut noter au passage qu’il n’est pas parlé de « tendance » – c’est trop « vieux jeu » – mais de « sensibilité » (celle de la présidente est appelée « Transformer à gauche »).
Concluons également sur le fait que le nouveau MJS tient son congrès en avril, exactement au même moment que le Parti Socialiste doit nommer son nouveau dirigeant. Ce qui n’empêche pas la présidente du MJS de parler de… « hasard de calendrier ».
C’est ridicule à un point !
Voici l’interview au Monde, la décision n’étant annoncée ni sur le site internet du MJS, ni sur son facebook, ni sur son twitter.
Pourquoi quittez-vous le PS ?
Je quitte le PS sans haine, c’est un désaccord politique. Je fais le choix avec des milliers de jeunes socialistes de partir, car je considère que le Parti socialiste n’est pas l’outil qui permettra de transformer la société. J’ai voulu croire que l’esprit de synthèse d’Epinay pouvait encore exister, que le PS allait comprendre les échecs du précédent quinquennat, qu’il allait se remettre en question, mais ce n’est pas le cas.
En avez-vous parlé avec Olivier Faure, le futur premier secrétaire du PS ?
Je n’ai pas encore eu l’occasion d’en parler avec lui. Je l’ai félicité pour son élection, je lui ai proposé un rendez-vous, mais je n’ai pas encore eu de suite. Aujourd’hui, nous avons un désaccord politique avec sa ligne et celle de Stéphane Le Foll arrivé deuxième. Nous ne parlons plus la même langue. Je pense que le PS n’est pas en mesure de se relever.
Partez-vous avec le nom et le logo du MJS, aujourd’hui rattaché au Parti socialiste ?
Le Mouvement des jeunes socialistes va prendre son indépendance vis-à-vis du PS. Je le dis simplement, ce n’est pas une question d’étiquette. Si des sociaux-démocrates ou sociaux-libéraux veulent un outil de jeunesse pour continuer à s’engager au sein du PS, je n’y vois pas de problème. Nous leur laisserons le nom s’ils le souhaitent.
Resterez-vous à la tête du mouvement ?
Je reste présidente et je deviens militante de Génération.s. L’objectif est de faire une réforme statutaire lors de notre prochain congrès. Je ne serai plus salariée du PS, nous ne toucherons plus d’argent du PS, nous ne dépendrons plus d’eux.
Le congrès du MJS à Bondy (Seine-Saint-Denis), le 10 février, au cours duquel vous avez été élue est contesté. Plusieurs militants dénoncent des fraudes. Que répondez-vous à ceux qui contestent votre légitimité ?
Je vis très mal ces accusations. Ce congrès s’est passé dans les règles. Ma sensibilité l’emporte à une très large majorité : 70 % des voix. Il y a eu des enjeux qui nous ont dépassés et qui sont le fruit de désaccords politiques. Je veux tourner cette page.
Avez-vous eu des discussions avec Benoît Hamon avant de prendre cette décision ?
Benoît Hamon ne m’a pas démarchée. Je constate qu’il y a une dynamique derrière lui. Je lui ai annoncé que je le rejoignais. Il voit cela d’un bon œil. L’objectif est de se mobiliser pour changer l’avenir. Cinquante ans après Mai 68, le PS est devenu un Ephad.
Vous organisez un congrès le premier week-end d’avril, date du 78e congrès du PS où Olivier Faure doit être intronisé, est-ce une façon de venir le perturber ?
Non. C’est un hasard de calendrier. Nous allons créer une dynamique avec Génération.s. On prévient à l’avance, ce n’est pas un mauvais coup ni un règlement de compte. Je pars tranquille vis-à-vis du PS et je respecte les sociaux-libéraux et démocrates.