L’association de défense de l’environnement Robin des bois a produit plusieurs communiqués à propos de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen. C’est à chaque fois un point de vue techniques et documenté, servant le débat démocratique.
L’association qui existe depuis 1985 regroupe de nombreuses personnes ayant des connaissances très précises sur les questions environnementales, notamment en ce qui concerne l’eau. Elle avait participé avec succès au fameux procès de la marée noire de l’Erika.
Son premier communiqué à propos de l’incendie de Rouen rappelait la situation de l’usine Lubrizol avant l’accident, parlant ensuite de « marée noire atmosphérique», tandis que le communiqué numéro 4 pointait le caractère pour le moins opaque des stockages à Normandie logistique (située à proximité immédiate de Lubrizol) et donc son absence de surveillance.
D’après le communiqué :
« le stockage occulte de matières inflammables chez Normandie Logistique en quantités très importantes a posé un problème majeur aux pompiers et a failli propager l’incendie dans le site de Triadis lui-même assujetti à la directive Seveso (seuil bas) et à un poste de transformation haute tension EDF »
Il a depuis été révélé que 4250 tonnes de produits ont brûlé chez Normandie Logistique, portant à 9 505 tonnes la quantité de produits brûlés le 26 septembre.
L’association met aussi régulièrement à jour une page regroupant les principales informations sur la catastrophe industrielle de Rouen. C’est un travail très important qui doit être largement connu et être utile à la population : Comptoir d’informations Lubrizol.
Voici le communiqué numéro 6 de l’association Robin des bois, dénonçant les divers services de l’État semblant aller dans le sens de Lubrizol, plutôt que de la transparence démocratique :
« Un comité de transparence ou un comité de défense de Lubrizol ?
Communiqué Lubrizol n°6
En assimilant avec insistance les retombées au sol du panache de l’incendie au bruit de fond de la pollution historique et chronique, les divers services de l’État et en premier lieu la DREAL se font les avocats de la multinationale Lubrizol. Le représentant de l’industriel présent à la réunion d’installation de ce comité a bu du petit lait en entendant 15 jours après le jour J le préfet de Seine-Maritime et le directeur de la DREAL assurer avec constance qu’aucun pic significatif de pollution n’était attribuable à la catastrophe. Même l’inventaire de la mortalité des anguilles et des goélands argentés est flouté.
Dans le cours des échanges, le directeur de l’ANSES – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – a mis en avant l’insuffisance des prélèvements de contrôle. Il a indiqué que les éléments partiels ne montrent pas à ce jour de dépassement des seuils en dioxines et que les experts de l’ANSES travaillent pour rendre rapidement un premier avis prévu mardi 15 ou mercredi 16 octobre. Le ministre de l’Agriculture, sous la pression de députés et de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, s’est emparé de ces informations préliminaires et circonspectes pour annoncer en conférence de presse à l’issue de la réunion une reprise de la commercialisation du lait dans la soirée du vendredi 11 octobre. Le préfet de Seine-Maritime a résisté aux pressions. Il attend la décision formelle des ministères de l’Agriculture, de la Santé et de l’Écologie prise sur la base du futur avis de l’ANSES.
A la fin des débats, Mme Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, a eu des mots de vérité en confirmant que la circulaire relative à la gestion des impacts environnementaux et sanitaires d’évènements d’origine technologique en situation post-accidentelle de 2012 sera entièrement appliquée et en émettant des doutes sur la validité du Plan de prévention des risques technologiques -PPRT- autour de l’entreprise Lubrizol. Le fait que Normandie Logistique et surtout la quantification et la caractérisation des familles de produits stockés dans ses entrepôts n’aient pas été pris en compte constitue la principale défaillance du PPRT.
L’Agence de l’Eau Seine-Normandie se mobilise pour faire des prélèvements des sédiments de la Seine jusque dans l’estuaire. Le bassin versant nord du fleuve concerné par les retombées du panache sera également étudié. Les poissons, les algues et les crustacés feront aussi l’objet d’un suivi en recherchant la signature spécifique de l’incendie de Lubrizol et notamment le zinc. Il n’est pas exclu qu’un comptage des fibres d’amiante dans la colonne d’eau soit diligenté. Des recherches similaires vont être réalisées par l’Agence de l’eau Artois-Picardie.
Robin des Bois souhaite par ailleurs que dans les meilleurs délais le Conseil supérieur de la prévention des risques technologiques soit saisi par le ministère de l’Écologie pour qu’il rende un avis sur les mesures à prendre pour améliorer les PPRT et les modalités d’information des populations en phase préventive et en phase d’urgence. »