Au cœur de la « diagonale du vide », Moulins est la préfecture de l’Allier et compte 20 000 habitants et un peu plus de 60 000 dans son aire urbaine. Ville dominée par les notables de la Droite depuis 1945, une dynamique unitaire très large s’y est lancée à Gauche, donnant l’espoir d’un basculement.
Moulins est à l’image des petites villes de France, marquées par une forte empreinte de la paysannerie dans les mœurs et les traditions. Ceci explique pourquoi la Droite a réussi à s’y ancrer depuis plus de 60 ans, malgré sa lente décrue démographique. En effet, entre 1968 et 2016, la commune a perdu 6 366 habitants, passant de pratiquement 26 00 âmes à 20 000.
Cependant, installé au pouvoir depuis 1995, Pierre-André Perissol le maire Les Républicains a bien du mal à étouffer les oppositions qui émergent à l’intérieur de son camp.
Ainsi, son premier adjoint, Stefan Lunte, d’orientation filloniste, a démissionné de la majorité début juillet. Le motif fut le vote d’une subvention supplémentaire à « Moulins Yzeure Football », jugée incompréhensible au regard des sous-investissements dans la rénovation de choses du quotidien (comme des rues délabrées par exemple).
Derrière se cachent également des recompositions d’ordre idéologique puisqu’il y a peu de temps ce fut le directeur de cabinet du maire, Guillaume Boutié, proche d’Alain Juppé, qui a démissionné.
Né en 1947 et installé à la mairie depuis 1995, le maire Pierre-André Perissol a été investi par Les Républicains pour représenter le parti aux élections moulinoises de 2020. Stefan Lunte a quant à lui officialisé sa candidature début septembre en demandant aussi l’investiture du principal parti de la Droite.
Dans ce contexte de division et de tensions internes à la Droite, il est évident qu’une fenêtre de tir plus que favorable est ouverte pour la Gauche. Ce qui est en train de se passer avec « Moulins ma cité – un avenir partagé », rassemblant le PS, le PCF, Génération-s, Place Publique et EELV est à ce titre plus que bon signe.
Lancée par quelques militants au printemps 2018, l’initiative s’est formalisée en mai 2019 dans le collectif « Moulins ma cité – un avenir partagé » et a multiplié les interventions dans les différents quartiers de la ville. Avec 50 membres et 5 porte-paroles déclarés, ce collectif des forces démocratiques s’appuie sur un ancrage local des plus certains.
Aux élections municipales de 2014 déjà une liste commune PS-PCF, « 100 % Moulins », était parvenu à envoyer plusieurs élus d’opposition, dont Yannick Monnet (PCF). De la même manière que le 9 mars 2014, un vaste rassemblement contre la manifestation fasciste « Jour de Colère » en janvier avait été soutenu par le PS, EELV, le PCF, la CGT et les associations SOS racisme et RESF.
À ce panorama s’ajoute la démission du conseiller municipal élu en 2014 de la liste unitaire de gauche « 100 % Moulins », Jacques Lahaye. Ayant démissionné du PS au cours de l’année 2017, il a fait part de sa proximité avec La République en Marche mais reste en retrait, hésitant entre une candidature ou un soutien à la liste citoyenne.
Aux dernières élections européennes, le Rassemblement national est arrivé en tête des suffrages avec 22, 71 %,, contre 21, 77 % pour La République en Marche et 11, 93 % pour Les Républicains. Éparpillée et divisée, la gauche na rien pesé, alors que rassemblée elle serait arrivée largement en tête avec 30, 6 % (EELV, PCF, PS-PP, Générations, LFI).
Avec une Droite divisée, une force centriste (LREM) prise de court, l’initiative unitaire de « Moulins ma cité – un avenir partagé » fournit l’espoir d’un basculement de Moulins à Gauche.