À l’université Bordeaux Montaigne, une conférence devant aborder de manière critique la PMA et la GPA a été torpillée par le syndicat Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, ainsi que les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! La « Gauche » postmoderne se fait ici encore ouvertement l’appui de l’ultra-libéralisme et des institutions elles-mêmes, sous couvert d’un discours très radical en apparence.
Le 24 octobre devait se dérouler une conférence à l’université de Bordeaux Montaigne, dont voici la présentation :
« Avec Sylviane Agacinski : « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique »
Écrivaine et philosophe
Avec le développement des biotechnologies, le corps devient une « ressource » nécessaire à certaines méthodes thérapeutiques, comme la transfusion sanguine, la greffe de tissus et d’organes, ou encore un « matériau biologique » nécessaire aux technologies de la reproduction humaine. Le corps humain vivant, charnel, devient un corps utilisable – tantôt pour la recherche, pour les traitements médicaux, ou pour la procréation assistée.
À partir de là se pose, de façon nouvelle, la question morale et juridique de la protection des personnes et de leur corps. »
Cela devait relever d’un cycle de conférences régulières avec des sujets divers. Le titre de la conférence est une allusion à un texte de 1935 du philosophe Walter Benjamin, L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique. Il y étudie le rapport entre la société de consommation s’installant alors et les impressions de l’œuvre d’art sur les gens.
Cette approche, critiquable peut-être intellectuellement, mais dans tous les cas uniquement intellectuelle et totalement institutionnelle, a été une cible de la « Gauche » postmoderne, qui compte bien étouffer toute réflexion organisée sur la PMA et la GPA, au nom des « droits individuels » et de la remise en cause de « l’hétérofascisme ». Les partisans de la théorie du genre ont ainsi prévenu :
« Nous mettrons tout en œuvre afin que cette conférence n’ait pas lieu. »
C’est ce qu’on lit dans un communiqué signé du syndicat Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, ainsi que les associations GRRR, Riposte trans, Mauvais Genre-s et WakeUp! On a d’ailleurs un exemple de plus de comment la « Gauche » postmoderne a massacré les restes du syndicalisme étudiant en le faisant passer dans le camp des revendications sociétales les plus ultra-libérales. Ici, le syndicat étudiant est associé à pas moins de quatre structures LGBT !
Il est flagrant qu’il n’y a plus rien de raisonnable, pour autant qu’il y en ait eu, chez ces agents de l’ultra-libéralisme dans les rangs de la Gauche.
Cette « Gauche » post-moderne n’est d’ailleurs pas à une contradiction près. Solidaires étudiant-e-s Bordeaux, le syndicat étudiant à l’origine de l’initiative de refus de la conférence, reconnaît lui-même que les institutions sont exactement sur la même ligne que lui.
« Alors que cette année l’Université Bordeaux Montaigne se targue de prendre en compte les prénoms d’usage des étudiant-e-s transgenres afin « d’éviter une exposition à de possibles attitudes ou pratiques discriminatoires », elle invite dans le cadre de ses conférences la “philosophe” Sylviane Agacinski pour parler de « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique » le jeudi 24 octobre 2019 à 18h sur le campus de Pessac. »
On a ainsi des gens se prétendant de gauche, mais trouvant très bien une initiative institutionnelle poussée par le camp du libéralisme dans notre pays ! Et œuvrant à dénoncer comme « réactionnaire » ceux qui s’y opposent… Tout en reprochant au système de ne pas aller assez loin, de ne pas aller assez vite.
On n’a pas ici une Gauche qui reproche au système d’exister et entend le dépasser, mais une « Gauche » postmoderne qui veut le diluer, le faire s’accélérer pour aboutir à l’atomisation la plus grande, avec des individus « tous différents », sans aucun universalisme.
Sa dimension essentielle – être le fer de lance de l’ultra-libéralisme – doit être véritablement compris pour comprendre comment relever la Gauche historique.