Catégories
Culture & esthétique

Les origines humanistes du sport

« S’exerçant élégamment le corps comme ils s’étaient auparavant exercé l’esprit. »

L’histoire de France est riche de centaines de jeux et d’activités d’adresse, de boules, de quilles, de crosse, de mail, de billard, de sarbacane, etc. Mais de manière générale, ces jeux et activités ne sont pas « physiques » en ce sens où ils n’induisent pas une grande dépense énergétique, contrairement au sport. 

Le terme sport est diffusé depuis l’Angleterre au 19e siècle et est d’origine française : c’est le desport ou déport, qui est communément traduit par « divertissement ». Issu du latin deporto, qui signifie emporter, rapporter, transporter, ce terme induit la notion de mouvement.

Il y a là forcément un rapport au corps en tant que matière vivante en mouvement et il est tout à fait logique de retrouver ce mot dans la littérature humaniste française. Celle ci s’est intéressé à l’activité physique, en opposition à la religion qui focalisait sur l’esprit. 

Plus précisément, les humanistes voulaient allier le corps et l’esprit. Ils ont développé une combinaison des deux avec le sport, comme cela est présenté dans l’article « Le matérialisme dialectique et le sport » par le site Matérialisme dialectique.

« Les aristocrates représentent le corps développé, le peuple le jeu ; les humanistes, qui veulent allier le corps et l’esprit, les épanouir, cherchent ici une combinaison. »

On peut ainsi lire dans la version originale de Gargantua de François Rabelais :

« Ce faict, yssoient hors, tousjours conferens des propoz de la lecture, et se desportoient en Bracque ou es prez, et jouoient à la balle, à la paulme, à la pile trigone, galentement se exercens les corps comme ilz avoient les ames auparavant exercé. »

Le Grand Braque était une salle parisienne de jeu de paume. Ce passage est traduit en français moderne de la façon suivante :

« Cela fait, ils sortaient, toujours en discutant du sujet de la lecture, et allaient se divertir au Grand Braque ou dans les prés, et jouaient à la balle, à la paume, à la pile en triangle, s’exerçant élégamment le corps comme ils s’étaient auparavant exercé l’esprit. »

Dans le chapitre 23 intitulé « Comment Gargantua fut éduqué par Ponocrates de telle façon qu’il ne perdait pas une heure de la journée », François Rabelais insiste longuement sur l’importance de l’activité physique en plus du travail intellectuel :

« Tous leurs jeux se faisaient librement, car ils abandonnaient la partie quand cela leur plaisait, et ils cessaient d’ordinaire lorsque la sueur leur coulait par le corps ou qu’ils étaient las. Ils étaient alors très bien essuyés et frottés. Ils changeaient de chemise et, en se promenant doucement, allaient voir si le dîner était prêt. »

L’activité physique par le jeu est considérée de grande valeur et tout à fait bénéfique pour l’humanité. Sont listées dans cette œuvre de 1534 un certain nombre d’activités ressemblant à des sports actuels (sans qu’il n’y ait forcément de filiation historique par ailleurs). Ce passage, relativement long, est passionnant à lire.

« Il courait le cerf, le chevreuil, l’ours, le daim, le sanglier, le lièvre, la perdrix, le faisan, l’outarde. Il jouait au ballon et le faisait rebondir en l’air, autant du pied que du poing. Il luttait, courait, sautait non avec trois pas d’élan, non à cloche-pied, non à l’Allemande car, disait Gymnaste, de tels sauts sont inutiles et ne servent à rien à la guerre, mais d’un saut, il franchissait un fossé, volait par-dessus d’une haie, montait six pas contre une muraille et parvenait de cette façon à une fenêtre de la hauteur d’une lance.

Il nageait en eau profonde, à l’endroit, à l’envers, sur le côté, de tout le corps, des seuls pieds, une main en l’air, laquelle tenant un livre, traversait toute la Seine sans le mouiller, et tirant son manteau par les dents, comme faisait Jules César. Puis, à la seule force du poignet, il montait dans un bateau. 

De celui-ci, il se jetait derechef à l’eau, la tête la première, sondait le fond, creusait les rochers, plongeait dans les abîmes et les gouffres. Puis il manœuvrait le bateau, le dirigeait, le menait rapidement, lentement, au fil de l’eau, à contre-courant, le retenait en pleine écluse, le guidait d’une main, de l’autre s’escrimant avec un grand aviron, hissait la voile, montait au mât par les cordages, courait sur les vergues, ajustait la boussole, tendait l’écoute, tenait ferme le gouvernail.

Sortant de l’eau, il gravissait la montagne et la dévalait aussitôt. Il grimpait aux arbres comme un chat, sautait de l’un à l’autre comme un écureuil, abattait les grosses branches comme un autre Milon. Avec deux poignards acérés et deux poinçons à toute épreuve, il montait en haut d’une maison comme un rat, puis en descendait de telle façon que ses membres ne souffraient aucunement de la chute.

Il lançait le dard, la barre, la pierre, la javeline, l’épieu, la hallebarde, bandait l’arc, tendait à coups de reins les fortes arbalètes de siège, visait de l’arquebuse à l’œil, affûtait le canon, tirait à la butte, au perroquet, de bas en haut, de haut en bas, devant, de côté, en arrière comme les Parthes. On lui attachait à quelque haute tour un câble pendant à terre. Il y montait avec deux mains, puis dévalait si rapidement et avec tant d’assurance que vous ne feriez pas mieux dans un pré bien plat.

On lui mettait une grosse perche soutenue par deux arbres ; il s’y pendait par les mains, allait et venait sans rien toucher des pieds, si bien qu’à grande vitesse, on n’eût pu l’attraper.

Et, pour s’exercer le thorax et les poumons, il criait comme tous les diables. Une fois, je l’ai entendu appelant Eudémon, depuis la porte Saint-Victor jusqu’à Montmartre. Stentor n’eut jamais une telle voix à la bataille de Troie.

Et, pour fortifier ses nerfs, on lui avait fait deux gros saumons de plomb, pesant chacun huit mille sept cents quintaux, lesquels il appelait haltères. Il les soulevait de chaque main, les élevait en l’air au-dessus de la tête, et les tenait ainsi, sans bouger trois quarts d’heure et davantage, ce qui révélait une force sans pareille.

Il jouait aux barres avec les plus forts, et, quand le point arrivait, il se tenait sur les pieds si solidement qu’il s’abandonnait aux plus aventureux parvenant à le faire bouger de sa place, comme faisait jadis Milon, à l’imitation duquel il tenait aussi une pomme de grenade dans sa main et la donnait à qui pourrait la lui ôter. »

Dans le même état d’esprit, il y a Montaigne, cette immense figure du 16e siècle, qui explique dans ses Essais : 

« Je veux que la bienséance extérieure, et l’entre-gent et la disposition de la personne se façonne quant et quant [en même temps que] l’âme ».

Ou plus précisément :

« Les jeux mesmes [même] et les exercices seront une bonne partie de l’estude : la course, la luicte [lutte], la musique, la danse, la chasse, le maniement des chevaux et des armes. » 

Essais, Livre 1 Chapitre 25

Catégories
Culture & esthétique

La naissance de la gastronomie française

« Quel plaisir d’avoir de l’appétit, quand on a la certitude de faire bientôt un excellent repas. »

Esprit français oblige, c’est à travers la littérature qu’est née la gastronomie française. On doit cela à Jean Anthelme Brillat-Savarin avec sa Physiologie du goût (1825), qui est une œuvre incontournable du patrimoine culturel français.

Le succès fût immense lors de la parution et il y eu plusieurs rééditions, notamment une en 1838 contenant un appendice brillant écrit par Honoré de Balzac.

La première édition, datée de 1826 mais parue en décembre 1825, porte le sous-titre « méditations de gastronomie transcendante ». C’est que, sur la forme, le texte semble extravagant. L’auteur est un magistrat âgé (il meurt en février 1826), conseiller à la Cour de cassation, chevalier de la Légion d’honneur (1804), chevalier de l’Empire (1808), ayant connu l’exil (il fût premier violon au théâtre de New-York) ; son récit est celui d’un parisien flânant dans les dîners mondains.

Sentant qu’il se produisait dans ces dîners et autour de ces dîners quelque-chose de significatif historiquement et culturellement, il se mît à prendre des notes. De là, il produisit une grande réflexion sur la gastronomie, dont son livre en est la première définition.

« Son but est de veiller à la conservation des hommes, au moyen de la meilleure nourriture possible. »

Par « meilleure », il faut entendre tant la qualité gustative que la qualité nutritive. L’auteur est clairement épicurien, il relève du matérialisme philosophique et considère la gastronomie comme une science naturelle.

« Le goût, qui a pour excitateurs l’appétit, la faim et la soif, est la base de plusieurs opérations dont le résultat est que l’individu croît, se développe, se conserve et répare les pertes causées par les évaporations vitales. »

Il dit également, ce qui résume probablement le mieux l’idée de son ouvrage :

« Le goût paraît avoir deux usages principaux :

1° Il nous invite, par le plaisir, à réparer les pertes continuelles que nous faisons par l’action de la vie.
2° Il nous aide à choisir, parmi les diverses substances que la nature nous présente, celles qui sont propres à nous servir d’aliments. »

On comprendra qu’on est bien loin de la cuisine pseudo-gastronomique du 21e siècle, qui est un formalisme décadent et élitiste, loin de toutes considérations naturelles.

De la même manière, Jean Anthelme Brillat-Savarin critiquait vigoureusement la tendance à faire des festins décadents, coupés de la nécessité naturelle.

Il annonce cela dans ses aphorismes dès l’introduction.

« Ceux qui s’indigèrent ou qui s’enivrent ne savent ni boire ni manger. »

Ni gueuleton indigeste, ni cuisine conceptuelle et prétentieuse, la gastronomie est au contraire un art de vivre. C’est le développement historique des Arts de la table à la française, se démocratisant à l’ère des restaurants bourgeois au début du 19e siècle.

Cela reflète un arrière plan historique. L’homme moderne ne craignant plus la faim, il peut cultiver son appétit : telle est l’idée de la gastronomie. Pour le dire autrement, c’est la façon française de se nourrir ; la gastronomie est un raffinement à la française.

Jean Anthelme Brillat-Savarin imaginait le développement de la gastronomie avec une Académie :

« Heureux le dépositaire au pouvoir qui attachera son nom à cette institution si nécessaire ! »

Cela arrivera forcément, tant il y a une nécessité française à réfléchir au bien mangé, par la combinaison du bon et du nourrissant. La lecture de la Physiologie du goût, aussi daté que puisse-être l’ouvrage, est une contribution très inspirante en ce sens.

Ce passage très sympathique reflète très bien l’esprit du livre !

« Le potage est une nourriture saine, légère, nourrissante, et qui convient à tout le monde ; il réjouit l’estomac, et le dispose à recevoir et à digérer. Les personnes menacées d’obésité n’en doivent prendre que le bouillon.

On convient généralement qu’on ne mange nulle part d’aussi bon potage qu’en France ; et j’ai trouvé, dans mes voyages, la confirmation de cette vérité. Ce résultat ne doit pas étonner ; car le potage est la base de la diète nationale française, et l’expérience des siècles a dû le porter à sa perfection. »

Catégories
Vie quotidienne

S’engager sur des courses de vélo

Le titre de l’article est au pluriel car en effet, on ne s’engage pas sur « une » course de vélo, mais sur toute une série de courses. Une course de vélo n’a de sens que si elle s’inscrit dans une saison, en général de février/mars à septembre/octobre.

C’est comme au football, ou bien dans la plupart des sports en fait. Il y a un travail de longue haleine avec une vision à long terme, pour une série d’événements. La différence, c’est qu’au football, il y a une accumulation quantitative de résultats, des défaites, des victoires et des matchs nuls, qui donnent un certain nombre de points et déterminent un classement final.

Au vélo par contre, il s’agit d’accumuler qualitativement la participation à de nombreuses courses pour parfaire sa forme et décrocher à un moment une victoire.

Si une course de vélo est très exigeante en elle-même, ce qui compte et qui demande beaucoup d’effort est surtout l’arrière-plan qu’elle sous-tend. Il faut beaucoup de préparation pour se présenter sérieusement sur la ligne de départ, en ayant la capacité au moins de peser sur la course, si ce n’est de la gagner.

Cela commence à la fin de l’automne avec des petites sorties, qui se transforment ensuite en hiver en de longues sorties collectives d’endurance. A cela s’ajoutent, au fur et à mesure de la préparation hivernale, des entraînements spécifiques, souvent travaillés individuellement.

Il s’agit de développer sa vélocité (tourner vite les jambes), sa force (appuyer fort sur les pédales), son explosivité (pour les sprints), sa capacité à résister à l’acide lactique (pour les efforts soutenus de plusieurs minutes). Il faut surveiller attentivement son alimentation et son hydratation, pendant, avant et après le vélo.

Il y a également le travail en bosse, les relais en groupe à vive allure, l’accumulation de travail à haute intensité sur de très courtes périodes, l’exercice individuel prolongé (type « contre la montre »), le gainage, etc. Tout ce travail doit être relativement maintenu durant la saison, en semaine, ou parfois le week-end lorsqu’on ne fait pas de course.

Il existe différents schémas, voire des stratégies très différentes, pour arriver en forme sur les courses au printemps. Ce qui est incontournable toutefois est la nécessité d’un travail qui est à la fois prolongé et structuré, donc réfléchi.

Il ne s’agit pas simplement de faire des efforts, mais plutôt d’un véritable engagement. C’est d’ailleurs le nom que portent les inscriptions sur les courses amateurs de la Fédération française de cyclisme, quelque-soit le niveau. On dit qu’on s’engage sur telle ou telle course et on paie son droit d’engagement (à moins que ce soit le club qui paie, pour les coureurs ayant un bon niveau et faisant partie d’une équipe structurée avec un peu de moyen).

Cela n’a rien à voir avec le fait de « s’inscrire » sur un événement, de manière consommatrice (par exemple un événement « gravel », une « cyclo-sportive », etc.) La grande différence tient en le rapport à la victoire.

Quand on s’inscrit à un événement, il n’y a rien à gagner, si ce n’est une petite satisfaction personnelle, qui est en réalité très consommatrice (on a acheté un dossard et on est content d’avoir terminé l’événement).

Une course, une véritable course, c’est autre chose. On ne gagnera pas forcément, mais ce qui compte est d’envisager concrètement et pratiquement la victoire. On se prépare longtemps pour gagner et on se donne les moyens sur le moment pour gagner.

Il faut ainsi prendre en compte le règlement, avec des arbitres qui surveillent la course et sanctionnent, comme dans n’importe quel autre sport. Et puis il y a la tactique, car on doit courir autant avec sa tête qu’avec ses jambes, comme le dit l’expression.

Pour gagner une course de vélo, il faut être attentif aux moindre mouvement du peloton, repérer ses adversaires les plus en forme, « sentir les coups », c’est-à-dire observer avec ses yeux, mais surtout avec son corps, les moments où il faut vraiment produire un effort, et ceux où il faut au contraire « laisser filer » pour ne pas perdre inutilement de l’énergie.

Ainsi, il y a une autre dimension à l’effort lors d’une course. C’est un effort qui devient productif, autant qu’il est collectif. Car on ne gagne pas tout seul, mais grâce à ses adversaires que l’on a battu (et parfois grâce à ses équipiers avec qui on a produit un travail d’équipe).

Cela est d’autant plus intéressant qu’une course de vélo s’inscrit forcément dans un arrière-plan culturel et produit elle-même une culture. Il y aura des anecdotes chaque année sur telle course, des habitudes se forment au fur et à mesure des années, avec un palmarès, des records, des façons de gagner ou perde telle course, un public qui supporte et commente, etc.

Les courses cyclistes en elles-mêmes sont et produisent une culture, avec une mentalité propre, avec des figures locales, avec des habitudes qui évoluent (en 2023, pratiquement tous les coureurs ont des chaussures blanches, alors qu’elles étaient systématiquement noires il y a quelques années), avec d’autres habitudes qui sont extrêmement bien ancrées (on ne se présente pas sur une course avec des jambes qui ne sont pas rasées ou épilées ! )

Voilà pour quoi il faut s’engager sur des courses de vélo quand on aime le vélo ! Comme pour n’importe quel autre sport d’ailleurs, il faut s’engager et faire des compétitions, de manière sérieuse ! Au moins quand on est jeune. Et puis devenir arbitre, entraineur, encadrant, dirigeant, bénévole d’un jour, etc.

Il ne faut pas être de simples consommateurs de la vie, mais de véritables acteurs de la société, ayant une vie culturelle riche, productive et concrète ! Les courses de vélo sont une excellente école pour cela !

Catégories
Politique

Retraites : l’intersyndicale pleurniche auprès des parlementaires

La défaite sur toute la ligne.

À quel point faut-il avoir échoué pour, après des mois de mobilisation à coups de millions de manifestants, en arriver à écrire une lettre aux parlementaires en s’imaginant obtenir quoi que cela soit ?

L’intersyndicale CFDT, CGT-FO, CGT, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaire et FSU est pitoyable en pleurnichant auprès des élus, pour réclamer ce qu’ils n’ont pas réussi à obtenir depuis des mois. Quelle défaite ! Quel manque de dignité !

On notera d’ailleurs qu’ils prétendent avoir échoué à cause d’un barrage anti-démocratique, mais que leur échec est en réalité politique et culturel, voire surtout culturel d’ailleurs.

L’intersyndicale et tous les gens l’ayant soutenu feraient mieux de faire leur auto-critique plutôt que de se donner aussi lamentablement en spectacle.

« Paris, le 05 mai 2023

Madame, Monsieur, la, le député(e),
Madame la sénatrice, Monsieur le sénateur,

Nous vous avions écrit le 14 février dernier pour vous interpeller de façon très solennelle et grave sur la crise politique et sociale que traverse actuellement notre pays, en raison de l’entêtement incompréhensible de l’exécutif sur le projet de réforme des retraites.

Au cours d’un parcours parlementaire chaotique, le gouvernement a utilisé tous les outils constitutionnels à sa disposition permettant de limiter l’exercice démocratique. En usant du 49.3, il a fait le choix d’accentuer la crise démocratique et sociale malgré le refus très majoritaire du report de l’âge de départ en retraite à 64 ans et de l’allongement de la durée de cotisation est confirmé avec constance : 70% de la population et 94% des actifs sont encore aujourd’hui opposés à cette réforme.

Plusieurs millions de travailleurs et travailleuses, jeunes et retraité.es se sont mobilisés lors de 13 journées de mobilisations depuis le 19 janvier et encore massivement le 1er mai au cours duquel de nombreuses délégations de syndicats étrangers ont apporté leur soutien ne comprenant pas pourquoi l’exécutif n’entend pas le rejet massif de cette réforme. Le gouvernement est en effet resté sourd à cette volonté populaire et l’incompréhension a laissé place à l’indignation, ainsi qu’à la colère. En ne répondant pas à la demande de retrait, les organisations syndicales et de jeunesse avaient prévenu l’exécutif du risque d’explosion sociale que pouvait provoquer cette réforme injuste, injustifiée et brutale.

Parce que nous sommes profondément attachés à notre système de retraites par répartition et au principe de solidarité, cette loi n’est pas acceptable et n’est en rien une réforme de justice sociale. C’est la raison pour laquelle, Madame, Monsieur, l’intersyndicale se tourne vers vous, la représentation nationale. Nous vous demandons donc solennellement de voter le projet de loi abrogeant le recul de l’âge effectif de départ à la retraite et l’allongement de la durée de cotisation.

Nos représentantes et représentants sont, si vous le pensez utile, disponibles pour vous rencontrer et vous exposer nos positions argumentées. »

Catégories
Culture

Iriedaily X Union Berlin, la fraîcheur et les valeurs

« Nebeneinander, miteinander, füreinander ».

Iriedaily, la marque de vêtement berlinoise à l’esprit alternatif, produit une collaboration avec l’Union Berlin, le club de football populaire de l’Est de la ville. Plus précisément, c’est une collaboration entre Iriedaily, le 1.FC Union Berlin et Adidas, l’équipementier du club, pour soutenir le projet Mellowpark.

Voici la présentation du projet.

« Bonjour les amis,

Lors du match à domicile contre le Bayer Leverkusen lors de la 30e journée, les Unioners joueront dans un maillot destiné à aider les enfants de Berlin à faire du skateboard.

Pour cette raison, le Mellowpark, un centre culturel pour les jeunes à proximité immédiate du stade « An der Alten Försterei », orne la poitrine du maillot spécial pour un jour de match.

Adidas et ses partenaires utilisent une partie du produit de la vente du maillot limité pour financer la construction d’une nouvelle skate plaza à Mellowpark.

Celle-ci sera inaugurée le dimanche 30 avril 2023, avec un événement pour tout Köpenick [le quartier de Berlin où est situé le stade].

À l’avenir, les nouveaux espaces offriront un espace pour des ateliers et des projets liés au skateboard, en particulier aux initiatives sociales du sud-est de Berlin – fidèle à la devise :

« Les uns à côté des autres, les uns avec les autres, les uns pour les autres [Soit en allemand : Nebeneinander, miteinander, füreinander] ».

Voici la vidéo, où l’on reconnaît immédiatement la touche apportée par la marque Iridaily, dans un esprit qui colle tout à fait avec celui de l’Union.

Nebeneinander, miteinander, füreinander !

Tout cela est d’une grande fraîcheur, indéniablement populaire, et surtout fortement assumé comme relavant de la Gauche historique. Il y a des usines en fond sur le maillot ! Ce n’est clairement pas à Paris que l’on verrait cela, ni même à Marseille, Saint-Étienne, Lens, Nantes, ou Saint-Ouen.

L’Union Berlin d’ailleurs lui-même un club très populaire avec une identité ouvrière et alternative entièrement assumée.

C’est clairement le feu quand cela fusionne avec le style urbain et moderne d’Iriedaily.

C’est le genre de choses que l’on veut en France ! Et agauche.org paye très cher par l’isolement le fait de promouvoir ce genre de valeurs et de style, bien loin du ronflement syndicaliste et des errements de la fausse gauche française !

Catégories
Société

Comment acheter un vélo ?

Quelques conseils de base.

Acheter un vélo n’est pas une chose facile, surtout à notre époque où le capitalisme exerce une pression immense sur les consommateurs. Soit pour vendre des choses inutiles, soit pour faire croire qu’il est possible d’avoir des choses bien en ne dépensant pas grand-chose.

Typiquement, le « vélo à assistance électrique » est une chose inutile. Si on ne veut pas pédaler, il ne faut pas s’acheter un vélo. Et si on s’estime pas assez en forme pour faire du vélo… et bien justement il serait temps de faire du vélo pour être en forme !

Inversement, les supermarchés et les chaînes de magasin de sport vendent des vélos très lourds, avec des composants de basse qualité qui sont difficilement remplaçables, mais ils prétendent qu’ils vendent des bons vélos pour pas cher. Il faut absolument éviter tous ces magasins.

Un vélo est un objet technologique de grande valeur qui doit être entretenu convenablement, ce qui n’est pas possible avec un vélo « discount » acheté dans une chaîne. Seul un bon vélo aura une bonne base et pourra être entretenu convenablement. Reste à savoir maintenant ce qu’est un « bon » vélo.

Souvent, le marché de l’occasion est une bonne solution, surtout pour des personnes jeunes disposant d’un faible budget. Cela nécessite par contre de la rigueur pour ne pas acheter n’importe quoi. Il est préférable d’avoir l’avis d’une personne connaissant (vraiment) le cyclisme avant d’acheter un vélo qui n’est pas neuf. L’occasion en magasin est une solution envisageable, bien que plus cher qu’en vente directe.

De manière générale, on peut distinguer deux grandes catégories d’usage déterminant l’achat d’un vélo. Soit pour les déplacements quotidiens et aller au travail, soit pour le loisir et le sport.

Dans le premier cas, le vélo d’occasion peut être une solution pour des trajets courts, sur des voies urbaines lentes et sécurisés. On cherchera alors typiquement un vélo de marque des années 1970 ou 1980, en acier. Avec un entretien régulier chez un professionnel, une fois par an, c’est très souvent une bonne idée, car ce sont des vélos robustes, qui sont très confortables sur des petits trajets et efficaces.

Toutefois, dès qu’on cherche à faire des trajets quotidiens longs, de plus de 20 à 30 minutes, voire très longs, de plus de 40 minutes, alors il faut se tourner vers le neuf. Ou alors vers de l’occasion mais en très bon état, et surtout, récent. Cela pour deux raisons essentielles, ainsi qu’une troisième relativement importante : d’une part le confort, d’autre part la sécurité, enfin le rendement.

Pour le loisir, c’est un peu l’inverse. Pour un usage occasionnel et peu intense sportivement, il sera difficile (et peu intéressant) de trouver un vélo de qualité en occasion. Autant se tourner vers du neuf et en profiter pour s’intéresser à l’univers du cyclisme en cherchant à développer sa propre pratique.

Par contre, pour un usage sportif, même débutant, même pour de simples longues ballades, on trouvera facilement en occasion des vélos en bon état et récents, qui permettent d’avoir un très bon matériel pour un coût moindre. Mais attention, cela demande de la vigilance et de la discipline pour bien étudier les annonces avant d’acheter.

Résumons ici les quatre grandes catégories définies ci-dessus, avec un ordre de prix (hors vêtements et casque).

Pour le quotidien avec des trajets assez courts, sur routes sécurisées (pistes cyclables, centre-ville ou bourg) et uniquement sur revêtement dur (bitume) :

50€ à 100€ d’occasion + 50€ minimum pour une première révision + 20€ à 100€ d’équipements (lumières, panier, garde boue, etc.)

On cherchera un vélo en acier, typiquement un Peugeot en bon état, avec un panier à l’avant ou un support à l’arrière pour des sacoches.

Ce vélo par exemple est vendu pour 70€ sur un site de petites annonces. Il faut ajouter des catadioptres, enlever les dynamos pour les remplacer par des lumières rechargeables, passer chez un mécanicien cycle pour vérifier les éléments de sécurité, puis le tour est joué !

Pour le quotidien avec des trajets de plus de 20 minutes, sur route et chemin cyclable :

1000€ à 3000€ neuf + 50€ à 500€ d’équipement.

On cherchera nécessairement un garde-boue ainsi que de quoi transporter ses affaires.

Ce Bergamont Sweep 6 EQ par exemple est vendu 1150€ neuf.

Pour le loisir occasionnel et peu intense :

– environ 1000€ neuf, et pas forcément d’équipement.

Par exemple, ce VSF Fahrradmanufaktur T-100 vendu 1200€ est un choix intéressant.

Pour un usage sportif débutant :

1000€ à 2000€ d’occasion, à partir de 2000€ neuf (ou 1500€ pour un gravel) + 100€ à 500€ d’équipements (lumières, pédales automatiques, kit de réparation, GPS, etc.)

Souvent, il se posera ici la question de privilégier un vélo typé gravel, ou randonnée, ou plutôt route. Un article sera disponible prochainement pour aider répondre à cette problématique. De manière générale, on évitera les VTT, à moins d’en faire un usage très spécifique de manière sportive, et donc avec du matériel de très haute qualité.

Voici par exemple un vélo route d’occasion vendu pour 1700€ sur un site de petites annonces. Ce Canyon Ultimate en carbone équipé d’un groupe Shimano Ultegra mécanique 11 vitesses et d’une bonne paire de roues brontrager est un excellent vélo sportif et peut tout à fait servir y compris sur des courses !

Ce gravel Jari 2.1 de chez Fuji est vendu neuf pour 1600€ est également un très bon vélo, qui sera durable dans le temps et se revendra très bien même dans plusieurs années.

Ensuite, quelque-soit le type de vélo, il faudra régulièrement le nettoyer et surveiller les éléments de sécurité. Une visite annuelle chez un professionnel du cycle s’impose, à moins de se former rigoureusement pour effectuer soit même les opérations d’entretien.

En voici les principales :

  • vérifier régulièrement son freinage et savoir le régler, remplacer les patins ou les plaquettes de freinage, effectuer une purge le cas échéant.
  • vérifier, nettoyer et huiler régulièrement sa chaine, la changer tous les 3000 km environ.
  • vérifier et ajuster régulièrement le réglage du dérailleur.
  • vérifier régulièrement la pression des pneus et les changer en cas d’usure.
  • vérifier régulièrement tension des rayons des roues, ainsi que l’ensemble des serrages et vis du vélo.

Catégories
Écologie

Aidez Suzi Handicap Animal !

Il faut près de 58 000 euros !

L’association Suzi Handicap Animal est un refuge animalier et un centre de soins et d’hébergement pour animaux handicapés depuis 2014, située dans l’Orne.

Il s’agit de la première association française spécialisée dans la prise en charge d’animaux handicapés de toutes races.

Cette association qui accomplit un travail remarquable se trouve actuellement dans une situation financière extrêmement compliquée : elle doit 57 721,25 euros aux cliniques vétérinaires !

Sans notre aide, l’avenir de l’association est incertain. Suzi Handicap Animal accueille des animaux handicapés menacés d’euthanasie qui ne trouveraient refuge nulle part ailleurs, il est primordial pour eux que cette structure soit préservée ! D’autant que certains animaux ne sont pas adoptables au vu de leur handicap/ pathologies, et resteront des pensionnaires à vie de l’association.

L’association a lancé un appel aux dons sur Facebook avec le détail des factures, les informations bancaires. Il est également possible de consulter leur site internet mais celui-ci est actuellement en reconstruction.

Facebook : facebook.com/associationsuzihandicapanimal

Site internet : suzihandicapanimal.net

Catégories
Guerre

La Chine entre en scène : acte 2

Elle fait ouvertement concurrence aux États-Unis.

La République populaire de Chine avait marqué l’actualité le 24 février 2023 avec l’annonce d’un « plan » pour mettre fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie au moyen du dialogue. C’était le premier acte d’une pièce savamment orchestrée, consistant en le fait de se placer diplomatiquement sur la scène mondiale en concurrence avec les États-Unis dans le cadre de la guerre mondiale pour le repartage du monde.

Cela fût une grande réussite et depuis la Chine n’a eu qu’à attendre que les événements se déroulent en sa faveur. Tant l’Ukraine elle-même que les Européens ont effectivement poussé pour qu’il y ait une communication directe entre la Chine et l’Ukraine, à propos du conflit.

C’est dorénavant chose faite, à l’initiative de l’Ukraine, comme a tenu à le souligner la diplomatie chinoise, appuyant ainsi son statut de superpuissance. Le mercredi 26 avril 2023, le président chinois Xi Jinping s’est en effet entretenu par téléphone avec le Président ukrainien Zelensky.

Ce dernier a parlé d’un appel « long et significatif » (il aurait duré près d’une heure) devant donner une forte impulsion au développement des relations bilatérales entre les deux pays.

Il en ressort deux choses. D’une part, un ambassadeur ukrainien en Chine a été nommé. Il s’agit d’un ancien ministre des Industries stratégiques, Pavlo Riabikine, pour un poste vacant depuis février 2021.

Le régime ukrainien, avec ses illuminations nationalistes s’imagine avoir un quelconque poids dans la scène internationale et pouvoir profiter diplomatiquement de la Chine avec cet ambassadeur ; il se fait encore une fois l’idiot utile du jeu des grandes puissances menant la 3e guerre mondiale.

Ce qui compte vraiment en revanche, c’est qu’il sera envoyé prochainement un « Représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires d’Europe et d’Asie centrale ». Il devra se rendre tant en Ukraine que dans d’autres pays pour, selon le ministère chinois des Affaires étrangères :

« mener des échanges approfondis avec différentes parties sur le règlement politique de la crise ukrainienne. »

On comprend tout de suite que ce médiateur a vocation à se rendre également en Russie pour mener des négociations, celles-ci devant servir non pas à la paix comme but principal, mais au rayonnement international de la Chine face aux États-Unis. Il s’agirait d’ailleurs de l’ancien vice-ministre des Affaires étrangères Li Hui, qui a été ambassadeur de Chine en Russie de 2009 à 2019.

Que ces négociations aboutissent ou non, cela ne change strictement rien à l’affaire car ce qui compte pour la Chine est uniquement de se placer et d’exister en opposition à la superpuissance américaine.

Le communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères appuie très clairement sur cette opposition, la superpuissance chinoise se posant en miroir inversée de la superpuissance américaine.

« La Chine n’est pas à l’origine de la crise ukrainienne, ni n’est partie à la crise. Membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies et grand pays responsable, elle ne reste pas les bras croisés ni ne jette de l’huile sur le feu, et encore moins en tire profit pour ses propres intérêts.

Ce qu’elle fait est désintéressé et impartial. Le dialogue et les négociations sont la seule solution viable. La guerre nucléaire ne fait pas de gagnant. »

Il faut bien souligner ici que, comme à son habitude, la Chine ne parle certainement pas « d’invasion russe », ni ne prononce le mot « guerre ». La Chine ne fait aucun mauvais coup à son allié russe qui est considéré comme une partie devant discuter.

« Il faut saisir les opportunités pour accumuler des conditions favorables au règlement politique de la crise maintenant que la réflexion et la voix de la raison de différentes parties se multiplient.

J’espère que les différentes parties tireront des enseignements profonds de la crise ukrainienne, et recherchent ensemble par dialogue une voie pour assurer la sécurité et la stabilité de long terme en Europe. »

La réaction de la Russie a été bien entendu très modérée, se contentant de rejeter la faute sur les Ukrainiens et les occidentaux ne voulant pas discuter. Prenant acte de la volonté de la Chine de « s’efforcer de mettre en place un processus de négociation », le ministère russe des Affaires étrangères a surtout dénoncé la partie adverse, ce qui fait directement le jeu de la Chine.

« Les autorités ukrainiennes et leurs soutiens occidentaux ont déjà démontré leur capacité à saper les initiatives de paix ».

De son côté, la superpuissance américaine s’est montrée forcément très ennuyée par le jeu de la superpuissance rivale. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain John Kirby a ainsi expliqué à la presse à propos de cet appel téléphonique :

« Nous estimons que c’est une bonne chose. Cela dit, savoir si cela peut déboucher sur une initiative, une proposition ou un plan de paix sérieux, nous l’ignorons pour l’instant. »

Surtout, il rappelle le rôle des États-Unis, qui ont véritablement la main sur le régime ukrainien et qui feront nécessairement tout pour saboter les œuvres chinoises, alors que les chinois font ici tout pour saboter les œuvres américaines.

« [la discussion de paix] ne sera pas viable ou crédible si les Ukrainiens et le président Zelensky, personnellement, n’y sont pas impliqués et ne la soutiennent pas».

C’est un moment marquant de la 3e guerre mondiale qui se déroule et s’amplifie chaque jour.

Catégories
Guerre

Les États-Unis convoquent leurs vassaux à Ramstein

Ils veulent renforcer la guerre à la Russie.

Les États-Unis ont décidé qu’il fallait accentuer la fourniture d’armes et de matériel militaire à l’Ukraine, alors leurs vassaux étaient convoqués vendredi 21 avril 2023. En l’occurrence, il s’agit des pays membres de l’Union européenne et (ou) de l’Otan, ainsi que le Japon par exemple. Cela a eu lieu à Ramstein, sur une base militaire américaine dans le sud de l’Allemagne, symbole de la soumission de ce pays à la superpuissance américaine.

Puisqu’il s’agit de faire la guerre, c’est le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin qui présidait cette 11e réunion du « Groupe de contact de la défense ukrainienne » (qui est surnommé « forum de Ramstein » en raison du lieu).

Il avait à ses côtés le dirigeant de l’Otan Jens Stoltenberg, de retour de Kiev la veille. Pour amuser la galerie et assurer le spectacle, il a été fait comme si ce dernier venait relayer les demandes pressantes du président ukrainien Zelensky à fournir encore et toujours plus d’armes et de matériel militaire, en l’occurrence plus de blindés, d’artillerie, de munitions ainsi que des avions de combat et des systèmes de tirs de longue portée pour les russes derrière la ligne de front.

En réalité, l’Ukraine n’a absolument aucun poids et ce sont évidemment les États-Unis qui décident de tout, c’est-à-dire du rythme, de la nature et de l’organisation de ces livraisons d’armes. C’est précisément ce dont il s’agissait à Ramstein.

En général, il s’est agit de trois sujet clefs : la défense aérienne, les munitions et la coordination. En particulier, les États-Unis et l’Allemagne ont annoncé le début imminent de la formation des ukrainiens à l’utilisation des chars Abrams et Léopard. L’Allemagne a aussi annoncé un accord pour un centre de réparation des Léopard en Pologne. De plus, la question de la fourniture des avions de chasse occidentaux a été discuté une nouvelle fois.

Outre l’aspect technique et logistique, cette réunion (la 11e du genre, donc), avait également un but politique et diplomatique. Autrement dit, les directives américaines doivent être entendues et appliquées !

Lors de son discours d’ouverture, le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin a félicité ses vassaux pour leurs efforts dans la guerre américaine contre la Russie, présentant en détail les apports depuis plus d’un an. Le ton est celui de la bataille de l’occident contre les ennemis de la « démocratie », avec la Russie devant payer cher sa défiance à la superpuissance américaine.

« Mesdames et Messieurs, plus d’un an plus tard, l’Ukraine tient toujours bon. Notre soutien n’a pas faibli. Et je suis fier des progrès que nous avons réalisés ensemble.

Au total, les membres de ce groupe de contact ont fourni plus de 55 milliards de dollars d’aide à la sécurité pour l’Ukraine. C’est dix fois plus depuis notre première rencontre.

Au cours des derniers mois seulement, nous avons fourni l’équipement et la formation nécessaires pour appuyer neuf brigades blindées supplémentaires pour l’Ukraine. Cela a déjà renforcé la position de l’Ukraine sur le champ de bataille.

Ce groupe de contact a également fourni des systèmes de défense aérienne clés pour protéger le ciel, les citoyens et les infrastructures critiques de l’Ukraine. Cela inclut les systèmes Patriot des États-Unis, d’Allemagne et des Pays-Bas, SAMP/T d’Italie et de France et NASAMS du Canada et de Norvège.

Nous avons également amélioré la formation, le maintien en puissance et la puissance de nos bases industrielles.

Et tout au long, nous avons démontré notre unité et notre détermination. Nos efforts communs ont fait une énorme différence pour les défenseurs de l’Ukraine sur le champ de bataille. Et ils soulignent à quel point le Kremlin a mal calculé.

Poutine pensait qu’il pourrait facilement renverser le gouvernement démocratiquement élu de Kiev. Il pensait que le reste du monde le laisserait s’en tirer. Il pensait que notre unité éclaterait.

Mais il avait tort, à tous points de vue.

Alors que nous nous réunissons à nouveau à Ramstein, le monde entend nos voix haut et fort. Le monde voit ce que nous avons accompli ensemble. »

Ce qui compte est donc de continuer et renforcer l’effort de guerre, qui est la 3e guerre mondiale. Le ministre américain a été très clair sur le fait qu’il faille accentuer l’effort.

« Beaucoup d’entre vous ont puisé dans leurs réserves pour aider l’Ukraine. Certains de nos alliés, comme l’Estonie et la Lettonie, ont fait don de plus d’un pour cent de leur PIB à la cause de l’Ukraine.

L’Union européenne a récemment annoncé une importante initiative visant à accélérer la production industrielle de munitions. Et grâce au travail de nos directeurs nationaux des armements, de nombreux autres pays augmentent également leur production de munitions dont l’Ukraine a un besoin si urgent.

Maintenant, plus tôt cette semaine, les États-Unis ont annoncé leur 36e prélèvement présidentiel d’aide à la sécurité pour l’Ukraine, d’une valeur de 325 millions de dollars. Nous avons maintenant fourni plus de 35 milliards de dollars d’aide à la sécurité à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe à grande échelle. Dans ce dernier package, nous avons inclus plus de munitions pour HIMARS, des obus d’artillerie supplémentaires de 155 millimètres et 105 millimètres et d’importantes capacités antiblindées. »

Forcément, c’est l’Otan qui est au cœur de ce dispositif et c’est au dirigeant de l’Otan qu’est revenu le rôle de faire la communication à propos de cette réunion. Ce qu’il a raconté à la presse se résume de la façon suivante : il est très confiant dans le fait que les Ukrainiens sont désormais en mesure de libérer encore plus de terrain, raison pour laquelle il faut accentuer l’effort de guerre contre la Russie.

La guerre occidentale contre la Russie tourne donc à plein régime et va continuer de plus belle. Voici, pour finir, le résumé officiel de cet journée par l’Otan. Le ton et l’approche, ainsi que le contenu, sont très significatifs de la situation actuelle : c’est la 3e guerre mondiale.

« Secrétaire général de l’OTAN à Ramstein : nous devons renforcer le soutien à l’Ukraine

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a participé à une réunion du groupe de contact de défense ukrainien dirigé par les États-Unis à Ramstein, en Allemagne, vendredi 21 avril 2023, à la suite de sa visite en Ukraine. La réunion était présidée par le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin et le président des chefs d’état-major interarmées, le général Mark Milley.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’aide militaire à l’Ukraine alors qu’elle continue de se défendre contre la guerre d’agression brutale de la Russie. « Je viens de rentrer de Kiev hier soir et j’ai rencontré le président Zelenskyy, et son message était qu’il apprécie vraiment et se félicite du soutien solide que les alliés et les partenaires de l’OTAN ont apporté à l’Ukraine, mais compte également sur nous pour continuer à soutenir l’Ukraine dans le futur », a-t-il déclaré.

M. Stoltenberg a remercié le secrétaire à la Défense Lloyd Austin pour son leadership et s’est félicité du nouveau programme d’assistance des États-Unis pour l’Ukraine, comprenant des munitions pour les systèmes de fusées d’artillerie à haute mobilité (HIMARS), des missiles avancés et des missiles antichars. Il s’est félicité des annonces récentes d’autres pays de l’OTAN, dont le Danemark et les Pays-Bas, concernant la livraison de véhicules blindés. Le secrétaire général a également appelé à la poursuite des fournitures de défenses aériennes, de munitions et d’entraînement. Il a ajouté que l’Alliance travaillait en étroite collaboration avec l’industrie pour accélérer la production d’armes et de munitions et reconstituer les stocks alliés.

Le secrétaire général a souligné l’importance d’intensifier l’assistance militaire non létale, notant que le programme d’assistance complet de l’OTAN fournit des fournitures médicales, des systèmes mobiles par satellite et des ponts flottants.

Pendant son séjour à Ramstein, le secrétaire général a également rencontré le ministre ukrainien de la Défense Oleksiy Reznikov et le ministre néo-zélandais de la Défense Andrew Little. »

Sabotez la guerre américaine contre la Russie ! Pour la défaite de l’Otan et la déroute de l’occident !

Catégories
Guerre

20 avril 2023 : le secrétaire général de l’Otan à Kiev

La visite témoigne de la vassalité de l’Ukraine.

Conformément à la mise en scène de la contre-offensive militaire du régime ukrainien, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg s’est rendu à Kiev le 20 avril 2023, pour une visite « surprise ». Aucune surprise en réalité, puisque tout est parfaitement orchestré en fonction d’une narration.

Il s’agit de forcer le cours des choses, d’obliger l’Ukraine à se précipiter dans les enfers. D’où le soutien de l’Otan comme la corde soutient le pendu :

« L’Otan est avec vous aujourd’hui, demain, et pour aussi longtemps qu’il faudra. »

Cette promesse de Jens Stoltenberg n’engage que ceux qui veulent bien y croire. Cela tombe bien, le régime ukrainien y croit totalement. En pratique, il n’y a que le courant fasciste ukrainien du « secteur droit » qui est plus critique envers les États-Unis, considérant que ceux-ci ne soutiennent l’Ukraine que par intérêt. En même temps, ils croient à 100 % en le Royaume-Uni et veulent un bloc avec la Pologne et la Roumanie, ce qui relativise leur « critique ».

La seule question en Ukraine qui prévaut, c’est celle de savoir sous quelle forme se vendre à l’occident. C’est une tentative, illusoire, de sortir du tiers-monde en se soumettant comme satellite militaire. C’est une tentative, si l’on veut, de réédition de la mise en place de l’État israélien comme forteresse, ou bien de la Turquie d’ailleurs. Dans les trois cas, ukrainien, israélien, turc, il y a l’établissement d’un régime militarisé, nationaliste, avec une idéologie artificielle imposée par en haut, etc.

Si aujourd’hui les États israélien et turc cherchent à disposer d’une indépendance relative de par la croissance de leur capitalisme (bureaucratique par ailleurs), l’Ukraine est elle dans la dépendance totale. Jens Stoltenberg a évidemment souligné l’aide financière et militaire liée à cette situation. 150 milliards d’euros ont été fournis par des pays membres de l’Otan et l’aide militaire continue :

« Les alliés livrent maintenant davantage d’avions de chasse, de tanks, de véhicules blindés, et les fonds de l’Otan pour l’Ukraine reçoivent un soutien urgent… Tout ça fait une réelle différence sur le champ de bataille aujourd’hui. »

Sans l’Otan, le régime ukrainien n’aurait pas tenu le choc. La superpuissance américaine en profite et utilise l’Ukraine. L’objectif annoncé, c’est donc officiellement l’intégration de l’Ukraine dans l’Otan.

Ce qui est pourtant impossible sans une défaite totale de la Russie : cela revient à dire que soit Jens Stoltenberg ment et envoie l’Ukraine se faire démolir pour des promesses, soit qu’il prône la destruction effective de la Russie. Ce sont naturellement les deux aspects de la même pièce, puisque de toutes façons ça ne coûte pas cher pour l’occident !

Soit en effet la Russie gagne et l’Otan prend la partie ouest de l’Ukraine, soit la Russie perd et se fait démanteler. Ainsi, a-t-il souligné :

« La place de droit de l’Ukraine est dans la famille euro-atlantique. La place de droit de l’Ukraine est dans l’Otan. »

Un tel discours est fantasmagorique pour qui connaît l’Ukraine. Mais les Ukrainiens ont accepté cette vente à la découpe. Jens Stoltenberg a, en ce sens, invité le président ukrainien Volodymyr Zelensky à se rendre au sommet de l’Otan de juillet à Vilnius en Lituanie. On saura alors, en toute logique, si la contre-offensive ukrainienne s’est réalisée ou non, et ses résultats. Ce sera donc l’occasion pour l’Otan de prendre l’initiative : c’est un piège pour l’Ukraine. La présence de Volodymyr Zelensky forcera celui-ci à accepter les décisions de l’Otan.

La visite de Jens Stoltenberg à Kiev s’est déroulé d’ailleurs la veille de la réunion de l’Otan sur l’Ukraine à la base américaine de Ramstein en Allemagne. Le régime ukrainien a été prévenu des décisions prises par la superpuissance américaine, comme les forces de l’Otan le seront à Ramstein.

Car, évidemment, dans le camp occidental, la superpuissance américaine donne le ton, et elle seule !

Catégories
Société

Les « petits » excès de vitesse

C’est une agression contre la sécurité routière.

[Mise à jour de notre précédent article Permis à points : le gouvernement va dans le sens des chauffards ].

Le ministère de l’Intérieur annonçait en mai 2022 qu’il menait une réflexion pour assouplir le Code de la route avec l’accord du Président. Il s’agissait de ne plus retirer un point aux conducteurs sanctionnés d’un excès de vitesse considéré comme « petit », c’est-à-dire de moins de 5 km/h au-dessus de la vitesse réglementaire.

Depuis, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réfléchi et a tranché. A partir du 1er janvier 2024, il n’y aura plus de point retiré pour un excès inférieur à 5km/h au dessus de la limite. C’est une défaite terrible pour la sécurité routière.

Le gouvernement prétend, en se basant sur un rapport de la Cour des comptes, qu’en lâchant du lest ici, il pourrait éventuellement gagner ailleurs et améliorer la sécurité routière. C’est irrationnel et mensonger, mais tellement typique des mœurs libérales qui polluent la France et les Français, incapables de discipline collective.

C’est irrationnel et mensonger car dans la pratique, les excès de vitesse de moins de 5 km/h sont déjà considérés comme petits, et donc peu sanctionnés. C’est le principe du permis à point. On en a 12 (ou seulement 6 pendant les trois premières années de permis) et si on en perd un, il est automatiquement renouvelé au bout de six mois (sauf nouvelle infraction, évidemment).

Où est le problème dans ces conditions ? A moins de vouloir aller dans le sens des gens qui roulent systématiquement vite et qui prétendent que ce n’est pas si grave ! Il ne faudrait surtout pas perturber la petite bulle auto-centrée qu’est l’habitacle de leur voiture chérie…

Ajoutons également le fait que dépasser la vitesse de 5 km/h, cela signifie avoir déjà dépassé deux marges. La première, c’est le compteur de la voiture, qui surestime la vitesse réelle. La seconde, c’est l’abattement automatique de la vitesse retenue par les appareils de mesure, pour considérer une marge d’erreur. Jusqu’à 90 km/h, c’est 5km/h. Au delà, c’est un pourcentage.

Concrètement, il faut rouler à 56 km/h en vitesse réelle pour être sanctionné d’une vitesse retenue à 51 km/h. Et donc, à l’affichage sur le compteur de la voiture, on est en général déjà à 60 km/h.

À grande vitesse, l’écart est plus important. Il faut rouler à 116 km/h vitesse réelle (donc plutôt à 120 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 111 km/h. Il faut rouler à 137 km/h vitesse réelle (donc au-delà de 140 km/h sur le compteur de la voiture) pour une vitesse retenue de 131 km/h.

Et encore, cela ne concerne que les radars fixes automatiques, qui sont annoncés par un panneau, ainsi que par des applications GPS ou des cartes (ce qui devrait êtres interdit !). Pour les radars mobiles, c’est-à-dire les contrôles qui ne sont pas annoncés (en tous cas tant qu’ils ne sont pas détectés par les délinquants de la route sur les applications), les abattements sont plus importants encore…

Pour une vitesse retenue de 51 km/h, il faut alors rouler à 61 km/h, donc au-delà des 60 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 81 km/h, il faut rouler à 91 km/h, donc au-delà des 90 km/h sur le compteur de la voiture). Pour une vitesse retenue de 131 km/h, il faut rouler à 143 km/h, donc plus proche des 150 km/h sur le compteur de la voiture).

Et donc, quand bien même l’automobiliste se serait laissé aller à ce « petit » excès de vitesse, il ne perd qu’un seul point sur 12, qu’il récupérera dans 6 mois. Mais c’est encore trop, et le gouvernement français a la bonne idée de se dire qu’on pourrait assouplir cela… D’ailleurs, la proposition vient initialement de la sénatrice (de droite) du Var Françoise Dumont qui demandait également à ce que la première amende soit tout simplement annulée !

Mais dans quel monde vivent ces gens ? Ils ne lisent pas les rapports de terrains de la police et de la gendarmerie qui font remonter des comportements de plus en plus dangereux sur la route depuis la période du confinement ? C’est comme si un nombre important de conducteurs s’étaient totalement débridés, sur le mode « après moi le déluge », ce qui est typique d’une société en décomposition.

D’ailleurs, nul besoin de constater un rapport ou une enquête de police ou gendarmerie : il suffit d’être à bord d’une voiture ne serait-ce qu’une heure, en ville ou à la campagne c’est pareil, pour voir un nombre incroyable d’excès de vitesse flagrants et de comportements dangereux en tout genre.

Seulement, comme la majorité des gens est quand même relativement prudente, que les moyens sont mis pour les infrastructures, que les véhicules eux-mêmes sont calibrés pour assumer de gros accidents, alors cela donne au final des chiffres d’accidents considérés comme « acceptables ». Bien loin du carnage des années 2000, ou pire encore du massacre de masse des années 1970 (18 000 morts en 1972, ainsi que des dizaines de milliers de blessés dont des très graves).

Il n’y a rien d’acceptable à la situation actuelle. En ôtant la suppression de point pour les « petits » excès de vitesse, le gouvernement va clairement dans le sens des chauffards. Car ce sont eux qui sont à un point près sur leur permis, mais certainement pas les gens normaux qui n’ont aucune inquiétude de n’avoir que 11 points pendant 6 mois.

Le gouvernement, par populisme, par libéralisme, par décadence, va dans le sens des chauffards et porte un coup terrible à la sécurité routière. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin engage ici personnellement sa responsabilité dans le délitement de la sécurité routière.

Catégories
Guerre

Taïwan : la gigantesque opération militaire chinoise

Il n’y aura pas de retour en arrière.

Le ministre chinois de la Défense se rend en Russie dimanche 16 avril 2023 pour une visite officielle. C’est en quelque sorte l’apogée pour la Chine d’une longue séquence d’affirmation diplomatico-militaire les jours précédents.

La République populaire de Chine avait en effet annoncé une opération militaire de grande envergure en représailles de la visite aux États-Unis de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen. Ce fut le cas, du 8 au 10 avril 2023, avec une opération d’encerclement de l’île de Taïwan.

Ce genre « d’exercice » est monnaie courante, mais pas à une telle ampleur, avec une telle sophistication stratégique. L’opération nommée « Épée commune » a consisté en des exercices avec des munitions réelles pour des « frappes simulées » dans le détroit pour non moins que le bouclage de l’île. Soit pour l’isoler, soit pour l’envahir, ou probablement une étude des deux options.

Il s’agit de dizaines de navires et d’avions de chasse J-15, ceux-ci approchant notamment l’île depuis son flanc oriental, ce qui est inédit. Les appareils évoluaient donc probablement depuis le porte-avions Shandong actuellement déployé dans le Pacifique occidental.

Le commandement militaire chinois dit avoir « accompli avec succès diverses tâches » et « testé de manière approfondie sa capacité de combat ». Il s’agissait notamment, voire surtout, de tester les capacités opérationnelles d’un commandement interarmées (terre, mer, air) en conditions réelles.

La 3e guerre mondiale a assurément franchi un cap, car l’escalade guerrière est totale. On est ici à couteaux tirés entre la Chine et, non pas le gouvernement sécessionniste de Taïwan, mais directement les États-Unis qui mettent ouvertement de l’huile sur le feu en se servant de Taïwan.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois a réagi au « transit » de Tsai Ing-wen aux États-Unis en pointant directement ces derniers avec des propos très fermes.

« En réalité, les États-Unis et Taïwan sont de connivence. Ils ont utilisé le « transit » comme prétexte pour inciter les sécessionnistes visant l’« indépendance de Taïwan » à s’engager dans des activités politiques aux États-Unis, à mener des échanges officiels et à renforcer les relations de fond entre les États-Unis et Taïwan.

Cette démarche viole gravement le principe d’une seule Chine et les dispositions des trois communiqués conjoints entre la Chine et les États-Unis, porte gravement atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine et envoie un signal erroné aux forces sécessionnistes visant l’« indépendance de Taïwan ».

La Chine est fermement opposée à cette démarche et la condamne fermement. »

De tout cela, la Chine tire une conclusion très claire. S’il faut envahir l’île de Taïwan, elle le fera et assumera la guerre contre les États-Unis.

« La question de Taïwan est au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine et constitue la première ligne rouge à ne pas franchir dans les relations sino-américaines.

L’« indépendance de Taïwan » est incompatible avec la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et constitue une impasse. En réponse aux graves méfaits de la collusion entre les États-Unis et Taïwan, la Chine prendra des mesures fermes et résolues pour préserver la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale. »

D’ailleurs, la Chine menace ouvertement les États-Unis en les exhortant à « éviter de s’engager davantage sur la voie erronée et dangereuse », celle de l’indépendance de Taïwan.

L’opération du 8 au 10 avril 2023 ne fut donc pas simplement des représailles, d’ordre symbolique ou diplomatique, mais véritablement un exercice militaire opérationnel.

Mardi 11 avril, malgré la fin de l’exercice, la pression a d’ailleurs été maintenue sur l’île, avec essentiellement une présence navale (une dizaine de bâtiments) et de nombreuses incursions aérienne (avec une vingtaine d’aéronefs) à proximité immédiate de l’île (le passage le plus étroit entre l’île et le continent ne faisant de toutes façons que 130 km).

Dans ce contexte, la polémique internationale concernant les propos du président français est très significative du degré extrême de tension sur la question. Emmanuel Macron a dit ne pas être « suiviste » de Washington, expliquant que « être allié ne signifie pas être vassal ». Autrement dit, il ne compte pas nécessairement suivre l’escalade américaine sur Taïwan comme il l’a fait pour l’Ukraine.

C’est que l’heure et grave et, que ces propos soient fictifs, irréalistes ou même mensongers, cela ne change rien à l’affaire, car ce qui se profile est un nouvel affrontement militaire de grande ampleur.

Et la France n’est pas en reste. Quoi ce cela puisse signifier, il n’est pas anodin que du 9 au 10 avril 2023, la frégate de surveillance Prairial de l’armée française, donc de l’Otan, a navigué dans le corridor maritime entre Taïwan et le continent. Précisément au milieu de l’opération chinoise.

Certes, ce navire, tout comme le Vendémiaire de la même classe, patrouille régulièrement dans la zone. Et il y a beaucoup de navires militaires français en mer de Chine méridionale.

Mais tout de même. On sait bien qu’il n’y a plus de hasard à ce niveau de conflictualité. Et, de toutes façons, tous les aspects de l’Histoire mondiale sont touchés, de plus en plus subordonnés, à la bataille sino-américaine pour l’hégémonie mondiale.

Catégories
Guerre

Échec diplomatique d’Emmanuel Macron en Chine

La France ne pèse plus rien.

Emmanuel Macron a effectué une visite d’État en République populaire de Chine du 5 au 7 avril 2023. Il avait fait beaucoup de bruit avant sa visite, en prétendant notamment obtenir des choses de la Chine à propos de l’Ukraine. Il n’a rien obtenu du tout, bien au contraire.

C’est un échec très significatif, confirmant largement la nouvelle situation mondiale.

La France n’est plus qu’une puissance mondiale secondaire, bien qu’elle entende maintenir la fiction de son rang et de son indépendance. La Chine s’accommode très bien de ce cinéma, avec l’idée qu’il ne faut jamais insulter l’avenir – le régime français pouvant tout à fait changer et s’aligner un jour sur la Chine, ni insulter le présent – il y a beaucoup d’affaires à faire avec la France et l’Europe de l’ouest.

Mais la Chine regarde la France de très haut et tient tout à fait son rang d’un point de vue international. Ainsi, elle n’a pas changé d’un iota sa position sur la question ukrainienne, alors que la visite française contribue au contraire à renforcer sa crédibilité internationale.

Cela est absolument flagrant à la lecture de l’ensemble des compte-rendu et communiqués officiels publié lors de cette rencontre. C’est particulièrement visible à la lecture des 51 points de la Déclaration conjointe des deux pays publiée le 7 avril 2023, que nous reproduisons ci-après.

La France est membre de l’Otan, elle est entièrement alignée sur la politique américaine anti-russe, elle fournie des armes à l’Ukraine, elle adule le fanatique président ukrainien Zelensky… Mais elle prétend donner des gages de sérieux à la superpuissance chinoise, qui prétend être au dessus du lot et être pratiquement la seule force pour la paix, alors qu’elle vient de conclure une alliance historique avec la Russie !

La position française est non pas seulement un échec (de son point de vue), mais également une farce. Et c’est une farce dont profite habilement la Chine dans son développement en tant que grande puissance. D’autant plus que la France lui donne des gages sur d’autres sujets tels que l’écologie.

On remarquera au passage que la Chine refait dire à la France (et accessoirement à la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui accompagnait Emmanuel Macron) le soutien à la reconnaissance de la Chine unique, ce qui s’oppose à la reconnaissance de Taïwan. C’est même inscrit dès le 6e point de la Déclaration franco-chinoise, bien avant toutes les questions ukrainiennes.

Pour le reste, il y a surtout entre les deux pays beaucoup de considérations économiques avec une fuite en avant total dans le capitalisme qui est assumé de part et d’autre : exploitation animale, nucléaire, aviation, technologie 5G, etc.

La France s’imagine ici probablement s’en sortir en manœuvrant habilement en eaux troubles grâce à son préstige et son porte-monnaie. Mais son échec diplomatique sur la question de l’Ukraine est la preuve qu’on ne peut pas échapper à l’Histoire, donc à la crise, donc à la la grande bataille pour le repartage du monde, donc à la 3e guerre mondial. La France va bientôt se fracasser contre le grand mur de l’Histoire.

La Chine quant à elle développe habilement et sereinement son rang de superpuissance mondiale, prête à l’affrontement avec la superpuissance américaine dans tous les domaines.

Voici donc le document scellant les échanges et accords entre les deux diplomaties à l’issue de cette visite.

« Déclaration conjointe entre la République française et la République populaire de Chine

A l’invitation de M. Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine, M. Emmanuel Macron, Président de la République française, a effectué, du 5 au 7 avril 2023, une visite d‘Etat en République populaire de Chine.

A l’approche du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, les deux Chefs d’État ont rappelé la solidité du fondement des relations entre les deux pays et l’amitié entre les deux peuples. Ils ont évoqué en profondeur leurs vues sur la relation bilatérale, la relation UE – Chine et les grandes questions régionales et internationales et décidé de lancer de nouvelles perspectives pour la coopération franco-chinoise, et de rechercher une nouvelle impulsion pour les relations entre l’Union Européenne et la Chine, dans la continuité des déclarations conjointes adoptées le 9 janvier 2018, le 25 mars 2019 et le 6 novembre 2019.

I. Renforcer le dialogue politique et promouvoir la confiance politique mutuelle

1.La France et la Chine maintiendront des rencontres annuelles entre les deux Chefs d’État.

2.La France et la Chine soulignent l’importance des échanges de haut niveau, de leur dialogue stratégique, de leur dialogue économique et financier de haut niveau et de leur dialogue de haut niveau sur les échanges humains pour favoriser le développement de leur coopération bilatérale, et conviennent de tenir une nouvelle session desdits dialogues avant la fin de l’année.

3.La France et la Chine réaffirment leur volonté de poursuivre le développement continu de leur partenariat global stratégique étroit et solide, sur la base du respect mutuel de leur souveraineté, et de leur intégrité territoriale et de leurs intérêts majeurs.

4.La France et la Chine s’accordent à approfondir les échanges sur les questions stratégiques et notamment à approfondir le dialogue entre le Théâtre Sud de l’Armée populaire de libération de la Chine et le Commandement des forces françaises en Zone Asie-Pacifique (ALPACI), afin de renforcer la compréhension mutuelle des enjeux de sécurité régionaux et internationaux.

5.La Chine, en cette année du 20ème anniversaire de l’établissement du partenariat stratégique global Chine-UE, réaffirme son engagement dans le développement des relations UE-Chine, encourage les échanges à haut niveau afin de favoriser les convergences de vues sur les enjeux stratégiques, d’accroître les échanges humains, de répondre ensemble aux enjeux globaux et de promouvoir une coopération économique de façon proactive et équilibrée. La France, en tant qu’Etat membre de l’Union européenne, partage ces orientations et y apportera sa contribution.

6.La France réaffirme son attachement à la politique d’une seule Chine.

II. Promouvoir ensemble la sécurité et la stabilité dans le monde

7.La France et la Chine, membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, œuvrent ensemble à la recherche de solutions constructives, fondées sur le droit international, aux défis et aux menaces qui pèsent sur la sécurité et la stabilité internationales. Elles estiment que les divergences et les différends entre Etats doivent être réglés de manière pacifique par le dialogue et les consultations. Elles cherchent à renforcer le système international multilatéral sous l’égide des Nations Unies, dans un monde multipolaire.

8.La France et la Chine réitèrent leur endossement de la Déclaration conjointe des Chefs d’État et de gouvernement de la Chine, de la France, de la Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis (P5) du 3 janvier 2022 pour prévenir la guerre nucléaire et éviter les courses aux armements. Comme le rappelle cette déclaration, « une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée ». Les deux pays appellent à s’abstenir de toute action susceptible d’agraver les risques de tensions.

9.Les deux pays entendent renforcer la coordination et la coopération pour préserver ensemble l’autorité et l’efficacité du régime de contrôle des armements et de non-prolifération et faire avancer le processus international de contrôle des armements. La France et la Chine réaffirment leur engagement à promouvoir de manière équilibrée les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) que sont le désarmement nucléaire, la non-prolifération nucléaire et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, et à renforcer sans cesse l’universalité, l’autorité et l’efficacité du TNP.

10.Les deux parties soutiennent tout effort en faveur du retour de la paix en Ukraine sur la base du droit international et des buts et principes de la Charte des Nations unies.

11.Les deux parties s’opposent aux attaques armées contre les centrales nucléaires et les autres installations nucléaires pacifiques, soutiennent l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans ses efforts pour jouer un rôle constructif dans la promotion de la sûreté et de la sécurité des installations nucléaires pacifiques y compris pour assurer la sureté et la sécurité de la centrale de Zaporijjia.

12.Les deux pays soulignent l’importance que toutes les parties au conflit doivent observer scrupuleusement le droit international humanitaire. Ils appellent en particulier à protéger les femmes et les enfants, victimes du conflit, et à accroître les aides humanitaires aux zones de conflit, et à fournir un accès sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire conformément aux engagements internationaux.

13.Les deux pays poursuivront leurs consultations dans le cadre du dialogue stratégique franco-chinois.

14.La conclusion du Plan d’action global commun sur le nucléaire iranien (JCPoA) en 2015 a constitué un acquis important de la diplomatie multilatérale. La France et la Chine réitèrent leur engagement à promouvoir un règlement politique et diplomatique sur le dossier nucléaire iranien. Elles réitèrent leur engagement à œuvrer à la préservation du régime international de non-prolifération nucléaire ainsi que de l’autorité et de l’efficacité des résolutions du Conseil de Sécurité. Elles réitèrent leur soutien à l’Agence internationale de l’énergie atomique dans ce cadre.

15.La France et la Chine poursuivront des consultations étroites sur la péninsule coréenne.

16.Les deux pays conviennent de continuer leurs échanges via le dialogue franco-chinois sur les questions cyber.

III. Promouvoir les échanges économiques

17.La France et la Chine s’engagent à accorder des conditions de concurrence équitables et non-discriminatoires aux entreprises, notamment dans les domaines des cosmétiques, des produits agricoles et agroalimentaires, de la gestion du trafic aérien, de la finance (banques, assurances, gestionnaires d’actifs), de la santé (matériel médical, vaccins), et encore de l’énergie, des investissements et du développement durable. Pour ce faire, les deux pays travaillent à fournir un bon environnement à la coopération des entreprises, à améliorer l’accès des entreprises au marché de l’autre, à améliorer l’environnement d’affaires, et à garantir le respect des droits de propriété intellectuelle de l’ensemble des entreprises des deux pays. Dans le domaine de l’économie numérique, y compris en matière de 5G, la partie française s’engage à poursuivre le traitement équitable et non-discriminatoire des demandes de licences des entreprises chinoises sur la base des lois et règlements y compris en matière de sécurité nationale des deux pays.

18.La France et la Chine entendent continuer de renforcer leur coopération pragmatique dans tous les domaines du secteur des services, et soutiennent les échanges économiques et commerciaux entre les institutions et les entreprises des deux pays sur la base du bénéfice mutuel, en vue de promouvoir le développement du commerce des services. La France est prête à accepter l’invitation à participer à la Foire internationale du commerce des services en Chine (CIFTIS) de 2024 en tant que pays invité d’honneur.

19.La France et la Chine souhaitent intensifier leur partenariat dans les domaines agricole, agroalimentaire, vétérinaire et phytosanitaire. Elles se félicitent de la sécurisation de l’accès au marché des produits porcins, de l’ouverture de marché pour le baby kiwi et pour les protéines laitières en alimentation animale, ainsi que de l’agrément délivré à 15 établissements exportateurs de viande porcine. Les autorités compétentes des deux pays répondront dans les meilleurs délais aux futures demandes d’agrément des entreprises exportatrices de produits agricoles et agroalimentaires, notamment de viande et d’aquaculture, aux demandes d’enregistrement des recettes de lait infantile, qui répondent aux exigences prévues par leurs lois et règlements sur la sécurité sanitaire des aliments, ainsi qu’aux demandes d’ouverture de marché formulées par leurs autorités respectives. Les deux parties poursuivront leurs échanges et leur coopération dans les filières des bovins allaitants et de la viticulture, ainsi que sur les indications géographiques (IG), en particulier pour l’enregistrement des IG des vins de Bourgogne. La France soutiendra la demande que la Chine déposera pour adhérer à l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) dans les meilleurs délais, ainsi que l’organisation par la Chine d’une conférence internationale sur la filière vitivinicole.

20.La France et la Chine saluent la conclusion d’un « General Terms Agreement » concrétisant l’acquisition par les compagnies chinoises de 160 aéronefs Airbus. Elles étudieront en temps opportun les besoins des compagnies aériennes chinois, notamment en matière de fret et de long-courrier, en fonction de la reprise et du développement du marché du transport et du parc aérien chinoises. Les deux parties saluent le renforcement de la coopération entre l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et l’Administration de l’aviation civile de Chine (CAAC), et poursuivront l’accélération du processus de certification sur la base de standards de sécurité internationaux reconnus mutuellement, notamment s’agissant des programmes H175, Falcon 8X et Y12F. Elles saluent la conclusion d’un accord entre les entreprises des deux pays sur les carburants d’avion durables. Elles poursuivent par ailleurs la coopération industrielle engagée, notamment le projet de la nouvelle chaîne d’assemblage d’Airbus à Tianjin.

21.La France et la Chine soutiennent la reprise dans le meilleur délai de la connectivité aérienne à son niveau pré-pandémique, de manière coordonnée entre les autorités de l’aviation civile et dans la perspective d’un retour à l’application de l’Accord entre le gouvernement de la République populaire de Chine et le gouvernement de la République française relatif au transport aérien signé le 1er juin 1966 et aux arrangements concernés sur les libertés aériennes. Les compagnies des deux pavillons doivent bénéficier de possibilités justes et égales dans l’exploitation de vols entre les deux pays. Elles soutiennent l’approfondissement des échanges humains et économiques, y compris la facilitation de la délivrance de visas pour les acteurs du secteur privé et de la communauté d’affaires.

22.Les deux parties se félicitent de la coopération entre les institutions spatiales des deux pays concernant la sonde Chang’e 6 et les études conjointes des échantillons extraterrestres.

23.Dans leur volonté commune d’une transition vers un système énergétique décarboné, la France et la Chine développent une coopération pragmatique dans le domaine du nucléaire civil dans le cadre de l’Accord de coopération pour les utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire entre les deux gouvernements. Les deux pays s’attachent à poursuivre leur coopération nucléaire sur des sujets de pointe en matière de recherche et de développement, notamment sur la base de l’accord entre l’Autorité de l’énergie atomique de Chine (CAEA) et le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives (CEA). Les deux pays soutiennent l’étude par les entreprises des deux pays de la possibilité de renforcer leurs coopérations industrielles et technologiques, notamment sur la question du retraitement des déchets nucléaires.

24.La France et la Chine saluent les résultats obtenus par l’accord intergouvernemental de 2015 sur les partenariats en marchés tiers. Les deux parties œuvrent au suivi et à la mise en œuvre des projets de coopération en marché tiers déjà identifiés. Les deux gouvernements encouragent les entreprises, les institutions financières et d’autres acteurs à explorer de nouveaux projets de coopération économique structurants sur les marchés tiers, sur la base de standards internationaux élevés applicables.

IV. Relancer les échanges humains et culturels

25.Soucieuses de promouvoir la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles dans le monde, la France et la Chine soutiennent I’approfondissement de leur coopération dans le domaine de la création et de la valorisation des œuvres culturelles et favoriseront une reprise dynamique des échanges et coopérations dans les domaines culturel et touristique. Les deux pays saluent la conclusion d’une déclaration d’intention relative à la coopération dans le domaine de la culture entre les deux ministères de la Culture.

26.Les deux parties coorganiseront l’Année franco-chinoise du tourisme culturel en 2024 et soutiennent l’organisation en France et en Chine d’évènements de haute qualité, notamment entre le Château de Versailles et la Cité Interdite ainsi qu’entre le Centre Pompidou et le Musée West Bund. Les deux parties s’engagent à faciliter la circulation des expositions dans le respect des lois des deux pays, notamment dans les aspects douaniers et logistiques, et s’efforceront de garantir l’intégrité et le retour des œuvres exposées au public dans le cadre des expositions soutenues.

27.Les deux parties réaffirment leur volonté de renforcer la coopération dans le domaine des industries culturelles et créatives, et leur potentiel de diffusion au public le plus large, en particulier dans les secteurs de la littérature, du cinéma, du documentaire télévisé, de l’Edition (jeu vidéo compris), de la musique, de l’ architecture et du numérique au travers de coproductions, de partenariats en matière de droit d’auteur, de concours et d’échanges d’artistes.

28.La France et la Chine s’engagent à intensifier leur coopération bilatérale dans le domaine de la protection, de la restauration et de la valorisation du patrimoine culturel. Les deux pays saluent la conclusion d’une feuille de route sur la coopération patrimoniale portant notamment sur la présence d’experts chinois aux côtés des équipes françaises sur le chantier de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, sur la coopération en matière de protection, de restauration et d’étude de l’armée de terre cuite, sur les projets de coopération autour du temple de Gongshutang et du tombeau Maoling et sur la promotion du jumelage de sites français et chinois du patrimoine mondial. Les deux pays poursuivront des efforts conjoints pour la prévention et la lutte contre le vol, les fouilles clandestines, l’importation et l’exportation illicites des biens culturels. Ils réaffirment leur plein soutien à la fondation ALIPH pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit.

29.La France et la Chine réaffirment l’importance qu’elles attachent à la coopération sur l’enseignement de la langue de l’autre, par laquelle se forgent l’amitié et la compréhension mutuelles. Elles travailleront au renouvellement de l’Accord de coopération linguistique entre les deux gouvernements signé en juin 2015, encourageront le développement de l’enseignement des deux langues dans les établissements scolaires des deux parties et la multiplication des filières bilingues et favoriseront les échanges et la formation de professeurs de langues.

30.La France et la Chine réitèrent leur attachement au renforcement de la coopération en matière d’enseignement supérieur et de formation professionnelle. Elles encourageront le développement des partenariats entre les établissements d’enseignement supérieur, tels que les instituts franco-chinois, et favoriseront ensemble la reprise réciproque de la mobilité des étudiants et des enseignants. Elles faciliteront également les échanges entre les établissements scolaires. A ces fins, les deux parties établissent une procédure facilitée d’obtention de visas pour ces publics. Les deux parties organiseront au plus tôt une nouvelle session de la commission mixte franco-chinoise en matière d’éducation.

31.Les deux Chefs d’État s’accordent pour que se tienne dans les meilleurs délais la prochaine Commission mixte franco-chinoise en matière de science et technologie pour définir les grandes orientations de la coopération scientifique bilatérale mais aussi du « centre conjoint franco-chinois pour la neutralité carbone », destiné à favoriser les coopérations scientifiques et technologiques dans le domaine de la neutralité carbone. La France et la Chine souhaitent promouvoir les échanges de chercheurs, notamment à travers le programme de partenariat scientifique franco-chinois (le partenariat Hubert Curien – Cai Yuanpei). Les deux parties entendent également poursuivre la mise en œuvre du programme « Jeunes Talents France-Chine » afin de renforcer les échanges entre jeunes chercheurs des deux pays et promouvoir la coopération dans les domaines prioritaires et le développement d’activités de recherche conjointes.

32.Dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024, les deux Chefs d’États souhaitent faire du sport un élément important de la relation bilatérale, notamment en matière d’échanges de jeunes sportifs, de développement d’infrastructures sportives et de partage d’expertise en matière d’industrie du sport.

V. Répondre conjointement aux défis planétaires

33.Dans le contexte de crises alimentaires ayant touché 323 millions de personnes en 2022 selon les Nations Unies, les deux parties s’engagent à préserver la stabilité des marchés, à éviter les restrictions d’exportations injustifiées d’intrants ainsi que de produits agricoles et à fluidifier les chaînes d’approvisionnement alimentaires mondiales, à commencer par la facilitation des exportations de produits céréaliers et d’engrais. Les deux parties œuvrent à la réalisation de ces objectifs, notamment à travers l’initiative Food and Agriculture Resilience Mission (FARM) et l’initiative chinoise pour la sécurité alimentaire globale.

34.La France et la Chine sont convenues de l’importance d’accroître l’appui apporté aux pays les plus affectés par la crise alimentaire, dont leurs partenaires africains, pour construire des systèmes alimentaires résilients et durables. Les deux parties entendent à ce titre promouvoir la coopération internationale contre les pertes et le gaspillage alimentaires et pour la production locale. Elles apportent dans cette perspective un soutien conjoint aux organisations compétentes pour le règlement du problème de l’insécurité alimentaire, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), et le Programme alimentaire mondial (PAM) ainsi qu’aux institutions financières et aux bailleurs multilatéraux et bilatéraux.

35.La France et la Chine soulignent leur soutien au système commercial multilatéral centré sur l’OMC et reposant sur des règles, s’engagent à construire un environnement de commerce et d’investissement libre, ouvert, transparent, inclusif et non-discriminatoire, soutiennent la réforme nécessaire de l’OMC et soutiennent que la 13e Conférence ministérielle de l’OMC aboutisse à des résultats positifs.

36.La France et la Chine entendent coopérer pour remédier aux difficultés d’accès aux financements dans les économies en développement et émergentes et pour encourager une accélération de leur transition énergétique et climatique tout en soutenant leur développement durable. La Chine participera au Sommet pour un nouveau pacte financier mondial à Paris en juin 2023. La France participera au troisième Forum « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale.

37.Les deux pays conviennent de renforcer la coopération dans le cadre du G20 pour que le G20 joue son rôle en tant que forum majeur de la coopération économique mondiale et travaille, conformément aux engagements pris par les dirigeants lors du Sommet de Bali, à faire avancer la réforme du système monétaire et financier international.

38.La France et la Chine soutiennent, dans un contexte de fragilisation des pays en développement la mise en œuvre du Cadre commun pour les traitements de dette adopté par le G20 et le Club de Paris qu’elles ont rejoint en novembre 2020. Les deux parties réitèrent leur engagement à la mise en oeuvre du cadre commun en temps opportun, de manière prévisible, ordonnée et coordonnée, ainsi que leur soutien à l’agenda de la dette adopté lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G20 en février 2023.

39.Les deux parties apprécient que le Sommet du G20 de Bali ait salué les engagements d’affectation volontaires des droits de tirage spéciaux (DTS) et appellent les États-membres du G20 et les États volontaires à accroître leur mobilisation, avec un relèvement de l’effort à hauteur de 30% de DTS mobilisés pour les pays du G20, afin d’atteindre rapidement l’objectif de 100 milliards de dollars américains adopté lors du Sommet du G20 de Rome.

40.Le climat, la biodiversité et la lutte contre la dégradation des terres comptent parmi les priorités partagées par la France et la Chine. Les deux pays s’engagent à poursuivre un haut niveau d’ambition dans la continuité de l’Appel de Pékin lancé en novembre 2019 et dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et de son Accord de Paris, ainsi que du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (dénommé ci-après « Cadre de Kunming-Montréal »), dont les deux parties saluent l’adoption lors de la deuxième partie de la Convention sur la diversité biologique (COP15). La Chine, assumant la présidence de la COP15 pour les deux ans à venir, entend travailler activement avec la France à la mise en œuvre totale et efficace du Cadre de Kunming-Montréal. La France et la Chine saluent la contribution active du Fonds de Kunming et de la facilité qui sera créée sous le Fonds pour l’environnement mondial au financement de la biodiversité. Les deux pays saluent les travaux qui ont été présentés lors du One Forest Summit à Libreville.

41.La France et la Chine s’engagent à communiquer d’ici la COP16 leurs stratégies et plans d’actions nationaux révisés et alignés sur le cadre mondial pour la biodiversité. La Chine examinera favorablement la possibilité de rejoindre la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples. Les deux pays contribuent à l’objectif de réduction de 500 milliards de dollars américains par an des subventions néfastes pour la biodiversité.

42.La France et la Chine réaffirment leurs engagements respectifs de neutralité climat/neutralité carbone. La France s’engage à réaliser la neutralité climat d’ici 2050. La Chine s’engage à atteindre le pic des émissions de CO2 avant 2030 et s’efforce de réaliser la neutralité carbone avant 2060. Les deux pays adopteront des politiques et des mesures pour mettre en œuvre leurs objectifs fixés en matière de contributions déterminées au niveau national alignées avec les objectifs de l’Accord de Paris.

43.Les deux parties apprécient hautement les acquis obtenus lors de la COP27 sur le changement climatique, et s’engagent à maintenir d’étroits échanges et coordinations sur le chemin vers la COP28, pour que le premier bilan mondial de l’Accord de Paris soit un succès et que des avancées encourageantes soient enregistrées sur les sujets tels que l’atténuation, l’adaptation, les pertes et les préjudices, ainsi que les moyens de mise en œuvre.

44.La France et la Chine soutiennent la promotion et le développement de financements contribuant à la transition écologique. Elles encouragent leurs secteurs financiers (dont les banques, assureurs, gestionnaires et propriétaires d’actifs) à aligner leurs activités sur les objectifs d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, ainsi que ceux de préservation de la biodiversité, de développement de l’économie circulaire, de gestion, de contrôle et de réduction de la pollution ou la finance bleue. La France et la Chine encouragent également les échanges entre les agences et banques de développement, les banques centrales, les régulateurs et les autorités financières en matière de finance verte et durable, dans l’objectif de partager leurs expériences et de promouvoir la mise en place et le perfectionnement des standards, y compris en matière de normalisation de l’information extra-financière. Elles s’engagent à soutenir le développement des marchés de capitaux durables.

45.La France et la Chine, conscientes de la part importante du secteur du bâtiment dans leurs émissions de gaz à effet de serre, étudient activement l’adhésion à l’initiative Buildings breakthrough. Les deux pays renforcent leur coopération pour promouvoir la réduction de la consommation d’énergie et la décarbonation des bâtiments et favoriser un développement urbain durable.

46.La France et la Chine se mobilisent pour la protection de l’Océan. Les deux pays se félicitent de la finalisation par la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale (BBNJ) d’un texte visant à assurer la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale et continuent à renforcer leurs échanges et leur coordination dans le cadre du processus de suivi de ce texte. Les deux Chefs d’États réaffirment que les deux parties œuvreront à promouvoir la conservation des ressources marines vivantes de l’Antarctique conformément à la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique et poursuivent les discussions sur l’établissement d’aires marines protégées en Antarctique. La France et la Chine s’engagent dans la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable et ont créé un comité national, respectivement en 2021 et en 2022, afin de souligner l’importance de la connaissance pour mieux protéger les océans. Elles reconnaissent l’importance de la lutte contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

47.La France et la Chine se mobilisent pour le succès de la Conférence des Nations Unies sur les océans en 2025 co-présidée par la France et le Costa Rica. La partie chinoise examinera la feuille de route proposée par la partie française et liant leurs présidences respectives de la COP15 de Kunming sur la biodiversité et la troisième Conférence des Nations Unies sur les Océans qui se tiendra à Nice en 2025.

48.La France et la Chine luttent contre la pollution générée par les plastiques (y compris les microplastiques), soutiennent et s’engagent dans les travaux du Comité intergouvernemental de négociations mandaté par les résolutions 5/14 adoptées lors de la reprise de la cinquième session de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE-5.2), œuvrent à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant.

49.La France et la Chine s’engagent à protéger et gérer durablement les écosystèmes forestiers, à soutenir la recherche scientifique sur des chaînes de valeur plus durables et à lutter contre l’exploitation forestière illégale et le commerce qui y est associé. Elles entendent faire avancer la coopération sur la conservation de la nature ainsi que la protection, la restauration et l’utilisation durable de la steppe. La France et la Chine se réjouissent dans ce cadre de la coopération active entre l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Administration nationale des forêts et des prairies (NFGA) de la Chine.

50.La France et la Chine travailleront de concert pour une transition énergétique plus juste dans les pays en développement à travers des partenariats de transition énergétique juste et d’autres outils.

51.La France et la Chine soulignent l’importance, pour le développement de chaque pays, de la promotion et de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Fin »

Catégories
Guerre

La Finlande intègre l’Otan

Un revirement historique renforçant la guerre.

La Finlande, petit pays de 5 millions et demi d’habitants, avait après la deuxième guerre mondiale, en 1948, signé un « traité d’amitié » et de coopération avec l’URSS. Après 1991, elle maintenait une position de non-alignement, restant systématiquement neutre par rapport à la Russie.

C’est donc un revirement historique qui s’est produit le 4 avril 2023 avec l’officialisation de l’intégration de la Finlande à l’Otan. Plus de neutralité donc, mais une hostilité assumée, en choisissant de se soumettre entièrement à la superpuissance américaine dont l’Otan est l’instrument politico-militaire international.

L’opinion publique finlandaise a été travaillée au corps en ce sens pendant des années par la propagande occidentale. C’était ambigu, en raison de l’officielle « finlandisation » régnante depuis la guerre froide, c’est-à-dire une neutralité affichée, même si en douce derrière l’armée finlandaise s’alignait discrètement sur l’Otan.

Mais la tendance à la guerre a rendu le processus inéluctable. En 2022, après l’invasion russe en Ukraine, ce fut un déchaînement pro-occidental, avec carrément le Premier ministre Sanna Marin annonçant qu’elle allait fournir des armes à l’Ukraine, contre la Russie.

A l’arrière-plan, tout le fond nationaliste du régime finlandais – du même type que celui en Suède, à la fois indirect et absolu – a été systématisé. Les bases idéologiques même de l’État finlandais partent de l’écrasement de la très puissante révolution finlandaise de 1918.

La Finlande était d’ailleurs alliée à l’Allemagne nazie pendant la seconde guerre mondiale. Un fasciste comme Lauri Törni, qui est passé de l’armée nazie à l’armée américaine au Vietnam, est célébré par les institutions finlandaises comme si de rien n’était.

Consciente de la situation avec plus de mille kilomètres de frontières avec l’Otan, la Russie est évidemment très mécontente. L’adhésion finlandaise est vue par elle comme un acte d’hostilité majeure, une « atteinte à sa sécurité ». Des « contre-mesures » ont été promises en retour.

Il ne faut pas se leurrer et nous l’avions expliqué dès mai 2022 : désormais Helsinki est une cible pour les armes atomiques russes, et il suffit de regarder la carte pour le comprendre.

La superpuissance américaine qui s’est arrogée l’Ukraine après s’être arrogée l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, continue donc sa stratégie d’encerclement et de pression sur la Russie.

La guerre mondiale pour le repartage du monde avance d’un nouveau pas, les blocs se forment, se renforcent et s’affrontent de plus en plus ouvertement.

Voici le communiqué, historique, de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord qui s’en prend ouvertement à Vladimir Poutine, dans le but assumé d’envenimer les choses.

« Ce jour (4 avril 2023), la Finlande est devenue le 31e pays membre de l’OTAN en remettant aux États-Unis, au siège de l’OTAN à Bruxelles, son instrument d’accession au Traité de l’Atlantique Nord. Le protocole d’accession de la Finlande a été signé par les autorités des pays de l’Alliance le 5 juillet 2022 et ratifié ensuite par les 30 parlements nationaux.

« Nous souhaitons à la Finlande la bienvenue au sein de l’Alliance », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, après que le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, a remis l’instrument d’accession de la Finlande au gouvernement des États-Unis, représenté par le secrétaire d’État, Antony Blinken. Le secrétaire général a ensuite accueilli le président finlandais, Sauli Niinistö, au siège de l’OTAN pour une cérémonie de lever des couleurs afin de célébrer l’adhésion du pays à l’Alliance.

S’exprimant avant la cérémonie, le secrétaire général a remercié le président Niinistö pour ses grandes qualités de dirigeant et pour avoir amené la Finlande à intégrer l’Alliance qui, dans l’histoire, a le mieux réussi.

« Je suis extrêmement fier d’accueillir la Finlande en tant que membre à part entière de l’Alliance, et je me réjouis à la perspective d’accueillir également la Suède dès que possible », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter « L’adhésion à l’OTAN est bénéfique pour la Finlande, bénéfique pour la sécurité nordique et bénéfique pour l’Alliance dans son ensemble ». Le secrétaire général a en outre fait observer que l’adhésion de la Finlande montre au monde que le président Poutine a échoué à « fermer la porte de l’OTAN ». « Alors qu’il voulait moins d’OTAN, il a obtenu tout le contraire : plus d’OTAN, et la porte de l’Alliance qui reste grande ouverte », a-t-il déclaré.

L’hymne national finlandais et l’hymne de l’OTAN ont été joués tandis que le drapeau finlandais était hissé pour la première fois au siège de l’OTAN, en présence du président Niinistö, du ministre des Affaires étrangères, M. Haavisto, du ministre de la Défense, M. Kaikkonen, des ministres des Affaires étrangères de tous les pays de l’Alliance et du pays invité, la Suède. Des cérémonies de lever des couleurs ont eu lieu simultanément au Commandement allié Opérations (SHAPE), à Mons (Belgique), et au Commandement allié Transformation, à Norfolk, en Virginie (États-Unis).

Se tenant aux côtés du président Niinistö, le secrétaire général a déclaré : « La Finlande est plus sûre et l’OTAN est plus forte avec la Finlande comme Allié. Vos forces sont conséquentes et très performantes, votre résilience est exceptionnelle, et depuis de nombreuses années des soldats finlandais et des soldats de pays de l’OTAN œuvrent côte à côte en tant que partenaires. À partir d’aujourd’hui, nous sommes solidaires en tant qu’Alliés. » »

Il va de soi que l’idée est de faire intervenir la Finlande sur le terrain – celle-ci se voyant promise une partie de la Russie. L’opinion publique finlandaise ne peut pas ne pas le savoir. C’est là qu’on va comment la marche à la guerre est irrépressible, les éléments se surajoutant, formant un engrenage.

Catégories
Réflexions

Les gens bien ne font pas de trottinette électrique

C’est le véhicule du 24h/24 turbocapitaliste.

Les gens circulant à trottinette électrique sont moches. Ils n’ont aucune allure de part la position guindée et crispée que nécessite la conduite d’un tel engin. C’est un manque cruel de style et de raffinement ; culturellement, surtout en France, c’est quelque chose de tout sauf anodin. La généralisation des trottinettes électriques est une marque évidente de décadence des mentalités, avec une américanisation totale des comportements.

Mais s’ils sont moches, c’est aussi parce qu’ils sont des feignants incapables de prendre un simple vélo, ou même de se déplacer à pied. Il ne faut pas s’y tromper : la trottinette électrique n’est aucunement une mobilité «douce ». Elle ne remplace pas les horribles voitures et les immondes scooters. Elle en est plutôt leur extension, sur des parcours courts. La trottinette électrique est typiquement une modernisation et une généralisation de l’état d’esprit « automobile » du 20e siècle.

S’imaginer seul au monde, circuler à toute allure sans aucune considération pour les autres et les règles communes, se garer n’importe où, voire emmener son propre véhicule jusque dans les rayons d’un magasin : telle est la réalité de la trottinette électrique dans les villes, comme elle l’était dans les années 1980 pour l’automobile.

D’ailleurs, on pourra faire toutes les critiques que l’on veut sur l’automobile dans les villes – et il faut faire ces critiques, mais il est indéniable qu’au moins, la circulation automobile est encadrée. Ce n’est qu’à la marge qu’il y a des salopards pour ne rien respecter. Pour la trottinette électrique par contre, c’est systématique.

Le pire en la matière vient bien sûr des flottes en libre service, où en fait c’est l’usage même que de se garer n’importe où et de ne surtout pas respecter le matériel utilisé. Qui a vécu ou est passé ne serait-ce qu’une journée à Paris ces dernières années ne peut qu’être horrifié de ce sinistre spectacle des trottinettes électriques absolument partout, y compris dans les cours d’eau…

Le référendum local proposé par le Mairie de Paris le 2 avril 2023 visant à interdire ces flottes en libre service ne pouvait qu’aboutir. Rien d’étonnant à ce qu’elles furent rejetées à près de 90% (avec toutefois un taux de participation très faible, moins de 10%).

Impossible néanmoins de considérer ce vote comme une victoire de la société. Déjà, car il arrive bien trop tard : une société réellement civilisée n’aurait jamais laissé faire depuis le début.

Surtout, car cela ne changera rien à la prolifération des trottinettes électriques personnelles, comme c’est le cas dans beaucoup d’autres villes. Les trois opérateurs parisien Lime, Tier et Dott trouverons d’ailleurs probablement des parades pour continuer à exister dans la capitale après le 1er septembre 2023. On peut compter sur leur créativité capitaliste pour cela…

Toujours est-il que les trottinettes électrique sont un symbole typique de notre époque.

Une époque où la bourgeoisie française, censée être garante de la société et de son ordre, a littéralement sombré, au point de se faire déborder dans sa propre capitale par quelques hurluberlus (dont énormément de touristes étrangers).

Une époque de décadence, où le vivre ensemble recule chaque jour un peu plus en raison de l’ensauvagement de la société, qui va de pair avec l’emprise toujours plus grande du capitalisme sur la vie des gens, et inversement.

Un époque où le turbocapitalisme s’immisce partout, 24 heures sur 24. Il faut pouvoir consommer sans entrave, telle est la promesse à laquelle s’imagine céder la pauvre âme se déplaçant en trottinette électrique.

Ce n’est pas simplement que le capitalisme colonise tout, c’est aussi que les gens eux-mêmes sont des agents du capitalisme. La trottinette électrique est le parfait véhicule de l’individualiste acharné.

Il est pourtant bien plus simple de prendre un vélo (un vrai, pas un vélo avec un moteur), ou de marcher. Mais cela demande un effort, de l’organisation, alors que par contre le capitalisme permet d’aller vite partout en restant debout figé sur une plateforme en plastique dur.

Peu importe que cela pollue énormément pour de simples petits trajets, à cause des batteries, et aussi de l’électricité qui est majoritairement nucléaire en France. Peu importe que cela soit dangereux, surtout pour les piétons, mais aussi pour les usagers de la trottinette électrique eux-mêmes. Peu importe, car il faut foncer sans se poser de question, consommer sans restriction aucune.

C’est une évidence, les gens bien ne peuvent pas participer à cela, ils tiennent les trottinettes électrique et leurs usagers en horreur. Reste aux gens bien de se prendre en main et de renverser la table, au nom de la civilisation. C’est précisément le programme de la Gauche historique !

Catégories
Politique

28 mars 2023: essoufflement contre la réforme des retraites

Il y avait moins de monde que la semaine précédente.

C’était, mardi 28 mars 2023, la 10e grande journée d’action contre la réforme des retraites. L’éternel et pathétique spectacle de syndicalistes ringards accompagnant quelques casseurs mettant à sac des centre-villes, sous les yeux des « forces de l’ordre » laissant faire tout en déversant des quantités ahurissantes de lacrymogène, s’est encore joué dans les grandes villes françaises.

Et les syndicats ont déjà annoncé qu’ils remettaient ça le jeudi 6 avril.

Tout cela va donc durer, avec inévitablement un long et lent pourrissement, accompagnant le délitement général de la société française. Il y avait mardi 28 mars, 740 000 manifestants en France selon le ministère de l’Intérieur, contre plus d’un million la semaine dernière. La CGT a vu quant à elle plus de deux millions de manifestants, contre 3,5 la semaine dernière.

C’est donc un recul, qui n’étonnera personne.

Si les gens en France sont « contre » la réforme, en réalité ils sont surtout « pas pour, mais bon ». Pour eux, hors de question pour autant de se mobiliser en masse dans un tel contexte, avec une telle démarche. Le mouvement contre la réforme des retraites est bien trop un vide intersidéral en termes de contenu, de vision du monde, de culture, d’utopie, et même de réalisme.

Autrement dit, c’est d’une nullité affligeante et il est déjà hallucinant de constater que ça parvienne à encore mobiliser autant de monde. Faut-il que la France soit à la ramasse!

Voyons les choses en face. Le décalage entre les syndicalistes (accompagnés des restes de la gauche) et la société française, est immense. Le décalage avec la réalité du monde, qui est la 3e guerre mondiale, est encore pire.

Reste à savoir maintenant ce qui pourra ressortir de ce décalage, qui débouchera forcément sur un effondrement, et donc un renouveau. Car tout ce qui se passe n’est qu’une expression de l’effondrement de l’occident.

Cet effondrement tant attendu par les masses mondiales!

Et terriblement craint par l’intersyndicale, dont voici le communiqué pleurnichard, qui assume ouvertement d’être là pour empêcher « l’explosion sociale ».

communique_intersyndicale_28_mars-1

Catégories
Guerre

La nouvelle alliance sino-russe contre les États-Unis

La Russie intègre officiellement le bloc formé par la superpuissance chinoise.

Du lundi 20 au mercredi 22 mars 2023, le président chinois Xi Jinping effectuait une visite d’État en Russie, sa première visite à l’étranger depuis sa réélection à la tête du pays. C’est une visite historique, car elle vient sanctionner une perspective entièrement nouvelle sur la scène internationale. La Chine parle même de « l’ère nouvelle ».

C’est la question de la guerre en Ukraine qui est ici la clef pour changer la donne. Jusqu’à présent, ce sont les États-Unis qui avaient la main, menant une campagne mondiale ultra-agressive contre la Russie pour l’isoler et l’acculer militairement, au prétexte de défendre la souveraineté territoriale de l’Ukraine.

La Chine regardait cela avec distance et hauteur, n’intervenant que très peu sur le sujet, restant officiellement neutre, se contentant de ne pas faire le jeu de la superpuissance américaine en ne participant pas aux sanctions et à l’isolement ciblant la Russie.

Toutefois, le 24 février 2023, la Chine est officiellement entrée dans la danse en proposant une feuille de route en 12 points dans la perspective de mettre fin au conflit. La Chine n’utilise pas le terme de « guerre », par ailleurs.

C’était une première manœuvre diplomatique, afin de se placer comme grande puissance capable d’être une alternative à l’hégémonie occidentale, surtout contre la superpuissance américaine poussant à l’escalade.

La Chine utilise la question ukrainienne pour développer sa propre hégémonie alternative. La Russie accepte de s’y plier et intégrè donc officiellement le bloc formé par la superpuissance chinoise.

Voici le communiqué du ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine (dans sa version française officielle) évoquant la Déclaration conjointe historique entre les deux pays.

« Dans l’après-midi du 21 mars, heure locale, le Président Xi Jinping et le Président russe Vladimir Poutine ont signé et publié, au Kremlin, à Moscou, la Déclaration conjointe entre la République populaire de Chine et la Fédération de Russie sur l’approfondissement du partenariat de coordination stratégique global à l’ère nouvelle.

Sur la question ukrainienne, les deux parties estiment que les buts et principes de la Charte des Nations Unies doivent être observés et le droit international, respecté.

La Russie salue la position objective et impartiale de la Chine sur la question ukrainienne.

Les deux parties s’opposent à la recherche, par quelque pays ou groupe de pays que ce soit, des avantages militaires, politiques et autres au détriment des intérêts sécuritaires légitimes d’autres pays.

La Russie réaffirme son engagement à relancer rapidement des pourparlers de paix.

La Chine y exprime son appréciation. La Russie salue la volonté de la Chine de jouer un rôle actif pour régler la crise ukrainienne par des moyens politiques et diplomatiques, ainsi que les propositions constructives présentées dans le document Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne.

Les deux parties indiquent que pour régler la crise ukrainienne, il faut respecter les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays, éviter la confrontation des blocs et se garder de mettre de l’huile sur le feu.

Elles soulignent qu’un dialogue responsable est le meilleur moyen pour régler solidement la question, et que la communauté internationale doit soutenir les efforts constructifs dans ce sens.

Les deux parties appellent à cesser tout acte susceptible d’engendrer la tension et de prolonger les conflits, de sorte à prévenir la dégradation voire le dérapage de la crise.

Elles s’opposent à toute sanction unilatérale non autorisée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies. »

La visite d’État a été de fait l’occasion d’une affirmation anti-américaine très forte, en assumant à la face du monde une coopération alternative, tant militairement qu’économiquement et culturellement.

Le Président de la République populaire de Chine et le Président de la Fédération de Russie ont publié également une Déclaration conjointe sur le plan de développement des priorités de la coopération économique sino-russe d’ici 2030.

La perspective, principalement sur le plan énergétique, est un approvisionnements en gaz russe vers la Chine d’ici 2030 qui sera d’au moins 98 milliards de mètres cubes, avec en plus de 100 millions de tonnes de GNL.

Presque tous les paramètres du grand projet de gazoduc sino-russe Power of Siberia – 2 ont été convenus lors de la visite d’État, entérinant le fait que la Russie devienne l’énergéticien de la superpuissance chinoise.

La Russie se place quasiment pour devenir une semi-colonie chinoise, acceptant les règlements en Yuan, renforçant la formation des étudiants russes dans les université chinoises, se disant même prête à aider les entreprises chinoises pour remplacer les entreprises occidentales qui ont quitté la Russie.

Ce qui se passe est très facile à voir : la Russie est utilisée par la Chine comme faire-valoir alternatif à l’occident sur le plan international. Voici comme la Chine raconte elle-même (en version française) le soutien de Vladimir Poutine à sa propre hégémonie alternative.

« Il a affirmé que la Russie soutenait fermement la Chine dans ses efforts pour préserver ses intérêts légitimes sur les questions liées à Taiwan, à Hong Kong, au Xinjiang et autres. Il a félicité la Chine d’avoir fait aboutir à des résultats historiques le dialogue entre l’Arabie saoudite et l’Iran à Beijing, estimant que cela illustre pleinement la place importante et l’influence positive de la Chine en tant que grand pays dans le monde.

La partie russe, a-t-il dit, salue la position objective et impartiale que la Chine poursuit depuis toujours dans les affaires internationales, soutient l’Initiative pour la sécurité mondiale, l’Initiative pour le développement mondial et l’Initiative pour la civilisation mondiale lancées par la Chine et entend intensifier encore davantage sa coordination avec la partie chinoise sur la scène internationale. »

De son côté, le président chinois Xi Jinping a été extrêmement clair pour présenter et affirmer l’intégration de la Russie au bloc chinois contre le bloc américain.

Il a expliquée que les deux pays doivent dorénavant :

  • se soutenir mutuellement sur les questions touchant aux intérêts vitaux de part et d’autre et combattre ensemble les ingérences des forces extérieures dans leurs affaires intérieures ;
  • renforcer la communication et la coordination dans les affaires internationales, notamment au sein des Nations Unies, de l’Organisation de Coopération de Shanghai, des BRICS et dans d’autres cadres multilatéraux ;
  • porter le véritable multilatéralisme, combattre l’hégémonisme et la politique du plus fort, contribuer à la reprise mondiale dans l’après-COVID-19, promouvoir la tendance à un monde multipolaire et à favoriser la réforme et l’amélioration du système de gouvernance mondiale.

La superpuisance américaine est très clairement désignée, la bataille pour le repartage du monde est entièrement assumée. Et celle-ci a déjà commencé. Et notre ennemi est notre propre camp.

Pour la défaite de l’OTAN et la déroute de l’occident !

Catégories
Politique

23 mars 2023 : les syndicats continuent leur mouvement

Ils considèrent ne pas avoir perdu.

Les syndicats sont très contents d’eux-mêmes, considérant qu’ils ont réussi leur affaire. Malgré l’échec parlementaire, ils continuent d’exister et de faire la Une de l’actualité en s’opposant au report de l’âge légal de la retraite à 64 ans.

La CGT annonce 3,5 millions de manifestants dans toutes la France jeudi 23 mars 2023. Ce n’est pas plus que le maximum qui avait été atteint le 7 mars dernier, selon ses propres chiffres, mais c’est suffisamment beaucoup pour exister. Le ministère de l’Intérieur quant à lui fait état d’1,1 million de manifestants, soit un peu moins que les records des 31 janvier et 7 mars où environ 1,3 millions de manifestants avaient été annoncés.

Il n’y a donc aucun élargissement, aucune massification du mouvement, mais une base solide, qui persiste et signe. Dans le détail, cela donne des regroupements très importants surtout dans les grandes villes, dont plusieurs ont battu leur record de mobilisation d’après les préfectures.

Il y a Bordeaux (18 200 manifestants), Toulon (12 0000 manifestants), Rouen (14 800 manifestants), Strasbourg (12 400 manifestants). Ailleurs, c’est peu ou prou la même chose que d’habitude avec plusieurs milliers de manifestants.

C’est aussi le cas à Paris où le chiffre record de 119 000 manifestants est annoncé par la Préfecture. C’est plus que le 7 mars (81 000) et le précédent record du 11 février (93 000).

La CGT de son côté annonce le chiffre de 800 000 personnes à Paris, soit presque un quart de son total national ! Le chiffre donné par Le Monde et quelques autres médias ayant eu recourt à un cabinet privé est de seulement 83 000 personnes, soit dix fois moins…

On pourra trouver ce décalage anecdotique, mais c’est en tous cas typique de la situation en particulier et de l’esprit syndicaliste en général. On est dans l’esbroufe, le superficiel, avec la volonté de faire du bruit pour faire du bruit, mais avec un contenu absolument déplorable.

La palme du minable revient ici certainement aux syndicalistes de Perpignan qui ont trouvé cela intelligent de faire un Haka, la danse guerrière ultra-rétrograde des All Blacks, l’équipe de Rugby nationale néo-zélandaise.

Pour en arriver là, il faut plus que la méconnaissance de l’histoire ouvrière : on est carrément dans le nihilisme.

Le pire étant peut-être que ces gens ne comprendront même pas pourquoi ils sont critiqués.

Il faut mentionner également les violences et casses urbaines, qui ont été très nombreuses et participent de l’ambiance délétère dans le pays. En l’espèce, il s’agit de regroupement d’ultra-gauche agissant comme milices para-syndicales (si ce n’est officiellement, en tous cas objectivement), qui partagent des mots d’ordres communs et la même volonté de faire du bruit sans réel contenu ni politique, ni idéologique, ni culturel.

Cela donne des scènes spectaculaires, surtout avec ces feux de poubelles et des feux d’artifices, des vitrines cassées, des institutions vandalisées (le tribunal administratif à Nantes, l’hôtel de ville de Bordeaux, une mairie à Lyon, etc.), des policiers blessés.

On relativisera toutefois le degré de « violence » de ces milices qui en vérité ne font pas grand-chose à part se donner en spectacle pour des photos racoleuses prises par quelques journalistes. Il y aurait 149 policiers et gendarmes blessés, pour 200 interpellations.

L’intersyndicale entend ne rien lâcher et appel à une nouvelle mobilisation mardi 28 mars. Voici son communiqué.

Tous ces gens s’imaginent protagonistes de quelque chose, mais en réalité ils expriment la décomposition du capitalisme français, le déclassement de la puissance française, l’effondrement culturel et social de la société française.

Une époque meurt devant nos yeux et une autre s’ouvre déjà – celle de la défaite de l’Otan et de la déroute de l’occident !

Catégories
Politique

Emmanuel Macron rappelle aux français le prix du quoiqu’il en coûte

La facture sera salée.

Certains ont voulu croire que l’argent était réellement magique et que les richesses peuvent se créer ex-nihilo sans aucune conséquences. Nous avons dis dès l’origine que cela allait coûter aux français, et qu’il fallait la socialisation.

Emmanuel Macron s’est exprimé hier lors d’une interview visant à justifier le passage en force de la réforme des retraites et continuer à maintenir l’argument de la nécessité. Il n’a rien dit, rien annoncé qui aille dans le sens d’une modification d’approche compte tenu de la contestation actuelle.

Il n’a fait que rappeler que sa fonction était d’assurer une certaine continuité du capitalisme français, en limitant la casse de la crise déclenchée par le COVID19 et du quoiqu’il en coûte.

Il évoque cela ainsi lorsque les journalistes lui font remarquer sont changement de position sur les retraites :

« Journaliste : Vous disiez vous-même en 2019 « on ne peut pas demander aux gens de travailler jusqu’à 64 ans si à 55 ans ils ont déjà du mal à trouver du boulot. »

Emmanuel Macron : On a beaucoup repris ce passage. Je vais être clair avec vous car justement j’ai le sens de la démocratie et du mandat. Quand je m’exprime et que je dis cela en 2019 – on a lancé les ordonnances travail que depuis 18 mois, ça fait 6 ans maintenant qu’elles sont en œuvre avec les résultats que vous connaissez – je m’exprime dans une société qui est à plus de 8 % de taux de chômage. Le mandat que j’ai en 2017 c’est de créer un système universel des retraites, en aucun cas de bouger l’âge de départ parce que le rapport de concertation des retraites et tous les experts disaient « y’a pas de problème ».

Après cette expression que tout le monde nous ressert, qu’est-ce qui s’est passé dans notre pays ? Les gens vivaient dans quel monde ?

On a eu le Covid. On a eu la guerre. On a eu l’inflation. La Nation a dépensé des dizaines de milliards d’euros pour protéger, elle a donc construit une dette qu’on a amorti dans le temps et nos comptes se sont dégradés.

Au moment de la campagnes de 2022, la situation est drastiquement différente. »

Il parle de la guerre au passé, mais il serait plus juste de dire « on a la guerre en Ukraine ». Et la guerre n’est pas un sujet pour les français qui acceptent passivement que le complexe militaro-industriel français marche à plein régime pour envoyer des armes à crédit au régime ukrainien.

Il a été dit ici que le capitalisme avait provoqué sa propre crise de part la destruction généralisée de la planète qui a engendré la pandémie de COVID19 et que le confinement a été un moment de collectivisme forcé au sein du capitalisme. Une anomalie majeure dans le flux-tendu exigé par l’accumulation moderne.

La guerre est une conséquence de la crise, les conflits inter-impérialistes restent ce qu’ils étaient au XXè siècle et tels qu’ils étaient décrit par les intellectuels du mouvement ouvrier de l’époque : une nécessité pour les capitalismes nationaux pour maintenir leur rang dans le monde. Non pas de manière consciente mais de manière tout à fait inéluctable.

Alors Macron patauge, parce que son idéal turbo-capitaliste personne n’y croit plus et là où les français sont en mauvaise posture, c’est qu’ils veulent quand même le capitalisme. Ils ne veulent pas que leur niveau de vie baisse, ils ne veulent pas de la crise et tant que cela reste ainsi, cela nécessite la guerre.

C’est très concrètement le sens de « socialisme ou barbarie ».

Or, ils ne veulent pas du socialisme, ils ne veulent pas d’un ordre nouveau, ils veulent le rétablissement d’un ordre ancien fantasmé. Sans une remise en question générale dirigée par le mouvement ouvrier, il n’y aura ni ordre, ni paix, ni justice.

Catégories
Politique

La France se décompose en mars 2023

La société française est totalement pourrie.

Les Français sont des hypocrites ; ce n’est pas pour rien qu’ils n’ont jamais assumé le protestantisme pourtant né chez eux avec Jean Calvin, et qu’ils ont toujours préféré le catholicisme où, au moins, on pouvait se repentir après avoir fait le contraire de ce qui était demandé.

Quiconque regarde par la fenêtre, dans la rue, au travail, à l’école, où qu’il veuille, ne peut pas ne pas voir que la France se décompose, que plus rien ne tient. Le niveau culturel s’effondre, les gens se contentent du superficiel et développent même un goût pour le superflu. Chaque Français rêve de gagner des millions au loto pour se contenter de se laisser vivre en profitant du luxe.

Autre constat : la violence dans la société s’est effondrée. La violence directe, l’agressivité des années 1970-1990 a pratiquement disparu, mais la violence sociale a explosé. On ne risque plus de se faire tabasser au commissariat, mais toute la société tabasse la psychologie, les nerfs, les sentiments. La vie quotidienne est méchamment ardue.

Mais les Français ne l’assument pas. Ils masquent la réalité, car ils comptent encore profiter jusqu’au maximum d’être au chaud en occident. Le pays se tiers-mondise ? Qu’importe si « moi » je peux encore en profiter. Tant pis pour les autres !

C’est cela qui explique cette ambiance années 1930 qui suinte du mouvement actuel contre la réforme des retraites. On n’y trouve strictement rien relevant de la Gauche historique. C’est la Droite qui s’exprime partout. Marches aux flambeaux… Incendie d’effigies de personnalités politiques… Anti-parlementarisme avec ciblage de permanences d’élus… Virilisme des « minorités agissantes » lors des manifestations… Esprit ouvertement corporatiste avec un refus catégorique d’élargir le champ des revendications…

On voit mal comment Marine Le Pen ne va pas profiter de manière prononcée de la séquence en cours. Nous vivons pratiquement un Février 1934 conforme à l’esprit de notre époque : sur un mode syndical occidental, mou, aigri, délétère, acide. On pensait qu’avec les gilets jaunes, ces chemises noires ne s’assument pas, on ne pouvait pas vraiment faire pire… Eh bien si ! Les beaufs du syndicalisme ont réalisé cet exploit.

Ce qui nous pend au nez, c’est le scénario italien des années 1920. L’agitation sociale échoue, et même si elle n’a pas été « révolutionnaire », elle fait suffisamment peur à la bourgeoisie qui craint une progression du niveau de conscience historique des masses. Alors, ce qui s’ensuit, c’est la victoire électorale de l’extrême-Droite. Puis un tour de vis massif et l’instauration d’un régime, à peu près le même, et pourtant différent, pour aller à la guerre.

On dira qu’il n’y a pas de milices d’extrême-Droite aujourd’hui. C’est vrai, il n’y a que quelques regroupements totalement déconnectés de la réalité. Mais il n’y a même pas besoin de telles milices, car la Gauche historique – la seule réelle menace pour la bourgeoisie – est inexistante ou presque en France. Ce n’est pas La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui va prendre l’Élysée par les armes et instaurer le Socialisme. Et de toutes façons les masses ne veulent rien savoir, elles ne veulent pas de la politique, elles veulent qu’on les laisse tranquilles et que chacun puisse continuer sa petite vie.

Le mouvement contre la réforme des retraites auquel on assiste est une infamie, une insulte aux exigences de l’Histoire. Nous l’avions dit dès le départ. Et il n’a pas fini de continuer à s’enfoncer. Cela va empirer.

Rien de toute ça n’empêchera toutefois la résurgence inéluctable de la Gauche historique ! C’est la crise générale, la France s’effondre, les compteurs sont remis à zéro, et il faut boire le calice de la corruption occidentale des masses jusqu’à la lie, voilà tout. Demain sera entièrement différent politiquement.