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Nouvelle tribune libérale défendant la légalisation du cannabis

Le magazine L’Obs a publié une nouvelle tribune en faveur de la légalisation du cannabis. Les défenseurs de cette drogue reviennent à la charge après une proposition de loi l’an passé. Ils prennent cette fois le prétexte de la crise sanitaire, qui selon eux justifierait encore plus cette légalisation. L’appel a été publié le 18 juin, ce qui est une référence à l’appel du « 18 joints », parodiant l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Cet appel libéral date d’il y a bien longtemps puisque c’est en 1976 qu’il fut publié dans Libération puis repris dans les années 1990 et 2000 par le Collectif d’information et de recherche cannabique (CIRC).

Pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, un tel « combat » libéral et décadent pour la drogue est inacceptable, anti-populaire par nature. Telle n’est pas le cas de la fausse Gauche, vraie libérale et bourgeoise, qui a largement accompagné toute cette mouvance, se voulant alors contestataire. Dorénavant, ces gens sont rentrés dans le rang et c’est maintenant autour de la majorité présidentielle et du gouvernement que l’on retrouve le cœur de la dynamique en faveur du cannabis, qu’ils veulent voir intégrer au capitalisme légalement, et plus seulement de manière clandestine. Cela rapporterait même de l’argent à l’État et créerait des emplois !

Les arguments présentés dans la tribune reflètent extraordinairement bien l’approche de ces gens, qui est le stade ultime de l’individualisme et la pulvérisation de toutes considérations sociales, collectives, civilisationnelles. C’est, pour le dire en deux mots, franchement réactionnaire. Pour la Gauche historique au contraire, le vrai combat est de sauver la jeunesse de l’emprise de la drogue et d’écraser véritablement les réseaux mafieux la distribuant.

Voici la tribune :

« Après la crise du Covid-19, il faut légaliser le cannabis, vite ! »

En juin 2019, avec une vingtaine de députés, nous déposions une proposition de loi relative « à la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis » [PDF]. La même semaine, le Conseil d’analyse économique (CAE), think tank rattaché à Matignon, préconisait dans un rapport très documenté [PDF] la légalisation du cannabis récréatif et une tribune dans « l’Obs », signée par 70 médecins, économistes et élus nationaux et locaux, plaidait pour cette légalisation.

Ces initiatives pour la légalisation du cannabis dénoncent les effets contre-productifs de la politique prohibitionniste mise en place avec la loi de 1970 mais s’attachent surtout aux avantages de cette légalisation.

L’argument économique revient en force à l’heure où nous cherchons des milliards d’euros pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par le Covid-19. La légalisation permettrait en effet de faire rentrer chaque année dans les caisses de l’Etat entre 2 et 2,8 milliards d’euros et elle créerait entre 30 000 et 80 000 emplois, notamment dans le secteur agricole.

L’argument sécuritaire qui démontre que la légalisation permettrait de soulager les forces de police de plus de 120 000 interpellations par an pour simple usage et de plus d’un million d’heures de travail des forces de l’ordre est largement partagé. N’oublions pas que le coût de la répression par l’appareil policier et judiciaire est estimé entre 550 et 700 millions d’euros par an.

L’argument sanitaire qui place la protection de la jeunesse au cœur des politiques de prévention est tout aussi pertinent. Légaliser, c’est maîtriser la distribution du produit, sa composition tout en permettant de développer des vraies politiques de santé publique, de prévention et d’accompagnement à destination des usagers.

L’argument social ou sociétal, enfin, qui consiste à cesser de faire de la consommation de cannabis un problème judiciaire et un problème médical sans voir la banalisation du produit, la diversité de ses consommateurs, son ancrage dans la société et ses multiples usages. Il s’agit également d’être à l’écoute des évolutions des politiques publiques sur le sujet en s’inspirant des expériences conduites à travers le monde.

Développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays

La France devrait s’inspirer des modèles étrangers, en construisant une politique publique à la lumière de leurs forces et de leurs faiblesses. Le Canada, les Etats de Washington, de la Californie et du Colorado aux Etats-Unis, l’Uruguay, ou le Portugal, représentent des expériences diverses et une formidable opportunité afin de développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays. On ne peut ignorer les profonds changements en cours à l’international comme au sein de l’Union européenne : récemment le Luxembourg et Israël ont déclaré vouloir avancer vers des processus de légalisation du cannabis.

Il est plus que jamais nécessaire que nous puissions avancer sur des fondements objectifs, notamment via la mission d’information à l’Assemblée nationale, d’autant plus que la crise du Covid-19 a posé la question de la dépendance et du rôle du cannabis en période de confinement et de crise sanitaire.

Une enquête inédite CANNAVID pilotée par les associations marseillaises Bus 31/32 et Plus Belle La Nuit, en partenariat avec l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), lancée fin avril, s’est intéressée aux conséquences du confinement sur les usages, les pratiques et la santé des consommateurs réguliers de cannabis. Les résultats indiquent une augmentation sensible de la consommation avec des motivations très largement thérapeutiques ou d’automédication liée au stress, aux insomnies, à la douleur. Pour beaucoup, le confinement est resté une douloureuse épreuve que le cannabis est parvenu à soulager.

Les services de police soulignent que la logistique des trafics s’est réinventée pour faire face à la crise. Ni la prohibition ni le confinement n’ont eu d’effet sur la consommation. Demain, la logistique des trafics s’organisera aussi en fonction des nouvelles frontières de la légalisation.

On fera du marché noir en France tandis qu’on pourra aller s’approvisionner sans contrainte au Luxembourg qui va devenir le premier pays européen à légaliser la culture, le commerce et la consommation du cannabis à usage récréatif. L’absurdité de notre système est avérée.

La légalisation du cannabis à échéance 2021 contribuerait donc à sécuriser l’ensemble de la population sur un plan sanitaire et les consommateurs en premier.

Mais avant de légaliser il s’agit très vite de dépénaliser l’usage tout en permettant un réel débat public. Dépénaliser comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens serait sans doute un signe fort et responsable vis-à-vis des millions de Français qui consomment et en ont assez qu’on ne les considère que comme des malades ou des délinquants.

LES SIGNATAIRES

François-Michel LAMBERT député et coprésident de LEF (Liberté écologie fraternité) ; Caroline JANVIER, députée LREM ; Jean-Luc BENNAHMIAS, membre du CESE (Conseil économique social et environnemental) et ancien député européen ; Sylvia PINEL, députée PRG ; Guillaume CHICHE, député ; Aurelien Taché, député ; Delphine BAGARRY, députée ; Sébastien NADOT, député MDP (Mouvement des progressistes) ; Jean Lassalle, député ; Michèle VICTORY, députée PS ; Loïc PRUD’HOMME, Député LFI ; Esther BENBASSA, sénatrice EELV ; Olivier CADIC, sénateur UDI ; Frédérique DUMAS, députée ; Jean-Michel CLEMENT, député ; Valérie PETIT, députée ; Hubert JULIEN-LAFERRIERE, député ; Annie CHAPELLIER, députée ; Moetai BROTHERSON, député Tavini huiraatira ; Sonia KRIMI, députée LREM ; Guillaume GONTARD, sénateur ; Joël GIRAUD, député LREM ; Gil AVEROUS, Maire de Châteauroux, LR ; Jean-Luc ROMERO, Conseil Régional IdF, Président de l’ADMD (Association droit de mourir dans la dignité) ; Olivia HICKS, 1er adjoint au Maire de Paris 2eme, EELV ; Stéphane GATIGNON, ancien Maire de SEVRAN ; Gaspard KOENIG, Philosophe et Fondateur de Génération Libre ; Dr Béatrice STAMBUL, psychiatre, Présidente d’honneur d’AFR (Association française réduction des risques) ; Martin VICTOR, chargé de projet RDR BUS 31/32 ; Robert J. GARY-BOBO, membre CREST ENSAE (Centre de recherche en économie et statistique) ; Benoît VAN DERMAEUSEN, 1er Vice-Président JAP coordinateur ; Bénédicte DESFORGES, Collectif Police contre la Prohibition ; Khalid TINASTI, secretaire général de la commission mondiale pour la politique des drogues ; Henri BERGERON, directeur recherches au CNRS ; Dr Aurélie TINLAND, psychiatre ; Dr Michèle BOURELLY, docteur en Pharmacie ; Sandra LA BERTHE, coordinatrice RESAD84 ; Dr William LOWENSTEIN, Président SOS addiction ; Jean-Pierre CECCALDI, Fondateur Magazine le Cannabiste ; Catherine AUMOND Professeur ; Michel KAZATCHKINE, membre commission mondiale pour la politique des drogues ; Renaud COLSON, enseignant chercheur ; Farid GHEHIOUECHE Porte-Parole de Cannabis sans frontières ; Florian CLARTE ; Tom DECORTE Institute For Social Drug Research ; Stéphane MONTIGNY, Président AIDES Paca ; Anne COPEL, GRECC (Groupe de recherche et d’études cliniques sur les cannabidoïdes) ; Dr Christian SUEUR, GRECC ; Nicolas BONNET, GRECC ; Dr Olivier BAGNIS, Médecin Référent du CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) des Baumettes ; Dr Eric MALBOS, psychiatre ; Dr Guillaume BAYET ; Dr Muriel GREGOIRE, Addictologue ; Dr Rodolphe INGOLD, GRECC ; Fabrice RIZZOLI, Président de CRIM’HALT ; Dr Laurent GOURARIER, Psychiatre ; Pierre CHAPPARD, Membre de psychoactifs ; Fabienne LOPEZ, Principe Actif ; Le CIRC – Le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique »

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Politique

Affaire Lamine Dieng: 145 000 euros pour un règlement à l’amiable qui fusille l’État de droit

La France paie une somme d’argent pour qu’un procès s’arrête. C’est une américanisation du droit, c’est-à-dire une réduction de la justice à des rapports individuels où tout est dommage et intérêt.

La Cour européenne des droits de l’homme a annoncé un accord juridique suivant la culture anglo-américaine. L’État français a été réduit à une personne juridique simple et la famille de Lamine Dieng, mort en 2007 dans un fourgon de police à Paris, a été élevé au statut de plaignant collectif.

Cela donne non plus la Justice, mais un différend entre personnes juridiques, différend qui se règle évidemment non pas selon des principes universels (le juste et l’injustice, le moral et l’immoral), mais selon des intérêts matériels.

En l’occurrence, l’État français a payé la « différence » pour la vie d’une personne : la vie de Lamine Dieng vaut, stricto sensu dans cette affaire puisque la famille a accepté la somme, 145 000 euros.

L’État de droit se voit liquidé au profit d’une machine judiciaire où tout devient un contentieux, comme dans le droit à la consommation. La justice est réduite à l’étude des faits pour entrevoir la possibilité d’un préjudice déclaré par l’une des parties.

Et si un accord « à l’amiable » est possible, c’est toujours cela de gagné pour la pseudo-justice réduite à un mécanisme individualisé de préjudices. Ainsi, en échange de 145 000 euros, la famille de Lamine Dieng cesse toute action envers l’État français et surtout renonce à toute autre « prétention ».

On parle de la vie d’un être humain et on est réduit à une posture juridique d’une plainte pour la panne d’un grille-pains sous garantie dans une cafeteria un matin. Il n’y a plus d’État comme réalité juridique en tant qu’émanation collective et donc forcément juste, et s’il y a de l’injuste, alors c’est reconnu et corrigé.

D’ailleurs, la preuve de cela est que l’État français avait repoussé toute faute dans l’affaire Lamine Dieng et le voilà s’effaçant devant une entité supra-sociale, puisque relevant de l’Union européenne qui n’est pas une société, pas une collectivité.

L’État est ici ramené au statut de « puissance publique » au sens d’une fonction « administrative » formant un « service ». C’est une lecture totalement libérale.

Et une lecture hypocrite. Car l’affaire disparaît. L’État français avait dit : il n’y a pas d’affaire. La Cour européenne des droits de l’homme dit que la question d’une relecture de l’affaire est recevable. L’État dit : on s’arrête là, je paie. La famille accepte. L’affaire disparaît.

L’affaire disparaît. Ce n’est pas la justice, une affaire qui disparaît. La justice, c’est de dire ce qui est juste et injuste. On a ici clairement une liquidation de l’État de droit, son effacement devant le capitalisme.

Ce n’est d’ailleurs pas vrai que sur le plan juridique. Le policier de base va se dire : je vais sauver une femme en train de se faire tabasser par un type super costaud lui démolissant la mâchoire et le nez, il résiste, il meurt, je suis coupable. C’est absolument intenable, car le policier ne peut que se dire que le jeu n’en vaut pas la chandelle et pourtant il veut aider les gens quand même. Donc il est amené à être happé par la démagogie d’extrême-Droite.

> Lire également : «violences policières»: seulement 1000 personnes au rassemblement «pour Lamine Dieng»

C’est à l’image d’une époque : une marginalité violente, un Droit submergé par l’implosion sociale, le relativisme et le manque de moyens, une police qui n’a pas la grille d’analyse adéquate et qui sert de tampon et de bouc-émissaire pour une bourgeoisie toujours plus décadente…

Cette histoire d’État achetant la paix juridique va en tout cas faire date. Il est rare de voir un État capituler et abandonner sa légitimité.

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Politique

«violences policières»: seulement 1000 personnes au rassemblement «pour Lamine Dieng»

Le grand cinéma sur le prétendu racisme de la police et sa violence qui serait systématique a eu beaucoup d’échos dans le pays ces dernières semaines, mais tout cela est terminé. De 20 000 personnes aux rassemblements « pour Adama Traoré », on est passé à seulement 1000 personnes pour le rassemblement « pour Lamine Dieng » hier, alors qu’il s’agit de la même mouvance, avec la présence d’Assa Traoré elle-même.

Lamine Dieng aurait été victime de violences policières… en 2007. Cela n’a jamais intéressé personne, car ce n’est pas intéressant. La police intervenait cette nuit-là suite à une dispute dans un hôtel entre le jeune homme et une femme… qui eut alors plusieurs fractures, avec des traces de sang retrouvées dans l’hôtel et des témoins racontant une scène très violente.

La police explique que Lamine Dieng a été retrouvé se cachant sous une voiture devant l’hôtel et qu’il se débattait très violemment pendant son interpellation puis son transport dans le fourgon. L’autopsie révéla qu’il était sous l’emprise de cocaïne. Il est mort cette nuit-là dans le camion de la police et la famille a ensuite porté plainte pour « administration de coups mortels », expliquant que son maintien au sol l’avait tué et que cela constituait une violence policière.

Cette affaire a été particulièrement soutenue par toute une partie de l’ultra-gauche de l’est parisien, sur un mode anarchiste anti-État. D’ailleurs, le rassemblement d’hier était appelé à 13h12, ce qui n’est pas un hasard. En reprenant l’ordre des lettres de l’alphabet, les chiffres 1 3 1 2 signifient, « ACAB », ce slogan anti-police. Ce genre de « code » est une tradition à l’extrême-Droite, qui se sert par exemple du nombre 88 pour affirmer de manière masquée les lettres « HH », en référence au salut d’allégeance à Hitler.

L’ultra-Gauche « antifa » a repris ce genre de codes à son compte, sur fond de culture post-hooligan/post-skinhead, pour mélanger tout cela dans le 20e arrondissement de Paris à un style « quartier HLM ».

Tout ce petit monde ne représente pas grande chose et la vague qui l’a porté, avec les événements américains, s’est effondrée aussi vite qu’elle s’est formée. Les évènements de Dijon ayant ici probablement refroidi les hardeurs de certaines personnes s’imaginant la police ultra violente en banlieue… alors qu’en réalité elle est surtout ultra pas présente, et totalement désemparée.

Ce à quoi on assiste, c’est ni plus ni moins qu’à l’effondrement de l’État et de la société. Avec au milieux les policiers essayant de faire en sorte que la liquéfaction d’une civilisation ne déborde pas trop. Le capitalisme ne tient plus, la société ne tient plus, et seule la classe ouvrière peut amener un ordre nouveau.

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Politique

Manifestation «anti-raciste» contre… le PCF

On peut penser ce qu’on veut du PCF, qu’il est moderne ou réformiste, social-impérialiste ou progressiste. Il n’est en tout cas pas raciste du tout et l’initiative « indigéniste » contre lui en dit long sur comment toute cette scène postmoderne crache sur le mouvement ouvrier.

L’initiative part de Madjid Messaoudène et il n’y a eu qu’une trentaine de personnes, mais ce n’est pas n’importe qui et le lieu choisi – le siège parisien du PCF à Paris place du Colonel Fabien – est exemplaire.

Madjid Messaoudène est en effet un des acteurs majeurs de la fameuse marche contre « l’islamophobie », qui a été une véritable initiative anti-Gauche. À ses côtés devant le siège du PCF, on trouvait Youcef Brakni du collectif « Justice pour Adama » et Omar Slaouti, un intellectuel majeur de la mouvance des « Indigènes de la République ».

Ces gens ont été biberonnés par la Gauche puis sont passé dans le camp postmoderne, Madjid Messaoudène en étant un cas emblématique. Élu conseiller municipal de Saint-Denis sur la liste Front de Gauche, il est également « délégué à l’Égalité femme/homme, la lutte contre les discriminations, l’égalité des droits, et les services publics » de cette ville.

Cependant, le maire qui l’a nommé, Laurent Russier, du PCF, ne veut cette fois pas de lui. Il était sur la liste électorale de La France Insoumise et le maire PCF veut bien d’une fusion des listes, mais sans lui.

Une indignation bien tardive, alors que Madjid Messaoudène a été un sacré pyromane « indigéniste », notamment marqué par ses messages méprisants et ignobles au moment des meurtres commis à Toulouse, contre des enfants juifs.

Et une réaction tardive qui se paie cher, puisque jouant inlassablement la victime, Madjid Messaoudène a accusé le maire PCF d’être somme toute à la solde du « racisme ». Et il a, dans son initiative ridicule et clairement anti-Gauche avec une tribune à Médiapart, eu l’appui de l’ex-footballeur Vikash Dhorasoo (qui a été candidat de La France Insoumise à Paris aux municipales), évidemment de l’activiste Taha Bouhafs, de la tête de liste La France Insoumise de Saint-Denis Bally Bagayoko, de l’historienne agrégée Mathilde Larrère, etc.

On lit notamment dans la tribune :

« Nous dénonçons ouvertement le racisme qu’a subi Madjid Messaoudene de la part du maire de Saint-Denis et de son équipe. Finalement, il est reproché à cet élu d’avoir initié ou aidé dans des cadres collectifs la lutte contre le racisme et pour l’égalité, c’est en soi du racisme. »

C’est là ridicule, mais c’est surtout un chantage. Les milieux indigénistes ont largement été soutenu par la Gauche électoraliste, avec un deal : vous nous ramenez des voix, on vous donne des places bien au chaud et vous serez rémunéré tout en continuant vos activités. La Gauche électoraliste pensait qu’elle aurait toujours le dessus, car au-dessus des municipalités elle a une dimension gouvernementale. Elle considérait que jamais les milieux postmodernes ne réussirait à les déborder.

Le pari a non seulement été une trahison des valeurs de la Gauche historique, mais aussi une puissante sous-estimation du néo-féodalisme propagé par les religions, ainsi que la dimension dévastatrice du relativisme des milieux postmodernes. C’est cela qui a amené des gens comme Madjid Messaoudène (ou Taha Bouhafs, ou le collectif « La vérité pour Adama ») à disposer d’un écho très important alors qu’ils ne représentent rien.

Si le PCF avait pourtant de la dignité, il aurait dû faire une chose simple : amener deux cent personnes place du Colonel Fabien et violemment éjecter des activistes cherchant à démanteler la Gauche en la dénonçant comme « raciste », en cherchant à la pourrir de l’intérieur. Cependant le PCF n’est plus en mesure d’agir ainsi, car lui-même est passé dans le camps postmoderne culturellement. Là est le drame. C’est, objectivement, une humiliation, mais pas que du PCF, mais bien de toute la Gauche, malmenée par les activistes postmodernes, « décoloniaux », pro-Islam, relativistes, n’ayant aucun rapport ni de près ni de loin avec le mouvement ouvrier.

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Écologie

Nouvelle campagne de «30 millions d’amis» contre l’abandon d’animaux

La fondation 30 millions d’amis, qui soutient directement de nombreux refuges, lance une nouvelle campagne contre l’abandon d’animaux.

Le slogan de la campagne pointe du doigt une chose terrifiante, malheureusement bien réelle :

« En France, la peine de mort n’existe plus.
Sauf pour les innocents. »

En effet, comme l’explique « 30 millions d’amis », des milliers d’animaux abandonnés sont tués (il est parlé de manière impropre d’ « euthanasie »)  chaque année, faute de place dans les refuges, faute d’adoption.

L’association pointe directement trois problèmes majeurs, en portant ces revendications très justes :

« – NON aux animaleries – L’animal n’est pas un objet

– NON aux petites annonces – L’animal n’est pas une marchandise

– NON aux acquisitions coup de coeur – L’animal n’est pas un cadeau »

Dix propositions sont ensuite faites sur le site dédié à la campagne, avec une pétition pour les soutenir.

Pour connaître ces dix propositions et signer la pétition, rendez-vous sur la page :

30millionsdamis.fr/la-fondation/nos-campagnes/les-innocents/

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Société

La mode techwear et d’inspiration militaire

Un militaire doit pouvoir se mouvoir de manière aisée et la streetwear profite de plus en plus de cette approche pour aboutir à des vêtements forcément très sombres car cherchant avant tout à se focaliser sur la silhouette.

La récupération, au sens le plus large possible, de la « silhouette » militaire accompagne bien entendu le principe toujours plus marquant comme quoi les habits doivent être adaptés à sa morphologie. Avec l’énorme choix disponible désormais, impossible d’être habillé comme un sac à patates, ou alors c’est un choix, un no-look qui peut avoir sa validité.

Il va de soi également qu’il faut procéder à des contournements et il y a ici une contradiction explosive. Car les pantalons de Stone Island ont du style, mais à 300 euros, ce n’est juste pas possible. Et pourtant… Dans les faits, rien qu’avec cette question de l’accès aux habits stylés il devrait déjà y avoir une rébellion de la jeunesse prônant le socialisme !

Stone Island reprend d’ailleurs, comme d’autres marques ayant compris le principe comme Fila bien sûr, le principe du backpack. Un sac à dos c’est trop gros, un backpack souple et moins gros comme il en existe chez les militaires, c’est par contre tout à fait convainquant.

Il est bien entendu inévitable ici de parler de GR-Uniforma, un projet parallèle du Russe Gosha Rubchinskiy, qui va avec un groupe de musique.

https://soundcloud.com/user-636996411/hardcore

Le travail réalisé avec Diesel est très réussi car il ne donne pas un ton trop « militaro », ce qui est tout de même le gros travers possible de cette approche (et qui donne les habits de type warcore).

Tout cela est entièrement inaccessible de par les prix. Pourtant on ne fera pas croire que cette belle veste d’Yves Saint-Laurent ne pourrait pas être produit en masse et vendu autre chose que 2000 euros…

L’approche d’Yves Saint-Laurent est en tout cas à rebours de l’approche puisant dans le « militaire » et il faut regarder vers la techwear pour avoir un esprit plus conforme à la démarche. L’idée est simple : l’habit fait le moine, non pas dans une logique esthétique, mais dans une démarche utilitariste (isolement thermique, résistance à l’eau, poches nombreuses, respiration).

C’est ici très subtil car d’un côté c’est totalement stupide et sans âme, et donc très conforme au capitalisme. En même temps, il y a une dimension de raccrochage au réel. On est dans le direct, comme dans les vêtements de type militaire.

La marque Acronym, ultra-élitiste et se voulant confidentielle, réalise des choses très poussées, ce qui est encore une fois une sacrée preuve de la nécessité de socialiser tout cela et de rendre cela accessible. C’est à la limite du cyberpunk, Demobaza ayant franchi entièrement le pas dans un style étrange, décadent comme le capitalisme mais en même temps ample et c’est un aspect que l’Orient a largement travaillé, mais qui manque encore largement en France ou dans les pays occidentaux en général.

Le travail d’Isaora est déjà plus conventionnel.

L’une des marques historiques est C.P. Company, qui en 1988 a produit la première veste dont le prolongement forme une cagoule. Là on a une approche italienne donc forcément quelque chose de très haut niveau, assez dans l’esprit streetwear des paninari milanais des années 1980 (et qu’on retrouve chez le claviériste des Pet Shop Boys).

Ce qui aboutit à deux critiques, l’une allant avec l’autre et disqualifiant l’ensemble de l’approche, tout en soulignant qu’il faut la dépasser et profiter de ses apports. Déjà, il y a un culte du ton monochrome, parfois le kaki mais dans la techwear le noir est littéralement monopoliste. Il y a une dimension très élitiste-réactionnaire dans cette limitation.

Ce qui amène à la seconde critique : les femmes sont ostensiblement exclus de l’approche. Il est clairement montré qu’il n’y a rien pour elle, la dimension patriarcale-urbaine, limite à la Mad Max mais en mode grand bourgeois des centre-villes. C’est clairement décadent.

On peut dire en fait qu’en ce qui concerne ce phénomène, quand cela tend au streetwear c’est l’expression d’une tendance positive, alors que l’exclusivisme en est la dimension négative.

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Politique

Municipales: la Gauche suffisamment unie pour battre Édouard Philippe au Havre?

Le candidat PCF tête de la liste « un Havre citoyen » est arrivé second au premier tour des municipales au Havre avec un score significatif, mais a refusé l’alliance avec une autre liste de gauche. L’enjeu est pourtant très grand pour le second tour, d’abord car c’est une ville ouvrière qu’il faut reprendre des mains de la Droite, ensuite car il s’agit d’infliger une grande défaite politique au gouvernement, le Premier ministre Édouard Philippe étant lui-même tête de la liste donnée favorite.

La liste portée par le candidat PCF Jean-Paul Lecoq a fait un score meilleur que ce qui était attendu au premier tour de l’élection municipale au Havre en mars dernier. Avec près de 36 % des suffrages (environs 15 000 voix), c’est la seule liste maintenue au second tour contre celle du maire sortant Édouard Philippe (43,6 %, 18 000 voix), dont le poste est assuré par intérim depuis qu’il est premier ministre.

La liste proposée par EELV en alliance avec le Parti socialiste, les Radicaux de gauche et Place publique est arrivée troisième avec un peu plus de 8 % (3400 voix) et celle du Rassemblement national, quatrième avec un peu plus de 7 % (3000 voix).

Comptant sur sa propre dynamique, la liste du candidat PCF Jean-Paul Lecoq n’a pas souhaité une fusion avec l’autre liste de gauche, dont les membres ont simplement été invités à se joindre au comité portant la liste. Le candidat EELV Alexis Deck avait pourtant accepté de retirer son propre nom, afin de permettre une fusion, mais l’entente n’a finalement pas abouti (si tant est qu’elle eût été possible).

Cela a provoqué beaucoup de colère, d’abord par le candidat EELV Alexis Deck lui-même malgré son soutien, ensuite par les Radicaux de gauche qui se sont dit « indignés de l’absence de fusion entre les listes de gauche ».

Seule l’issue du scrutin le 28 juin dira si le PCF a eu raison de se permettre un tel « luxe », mais c’est en tous cas un risque qui paraît inconsidéré vu la faiblesse de la Gauche à notre époque, au Havre comme partout en France.

Il faut rappeler ici que le PCF s’est fait arracher cette grande ville ouvrière des mains par la Droite en 1995, à une époque où ce parti était encore très implanté et que c’était un ouvrier qui était maire depuis 1971. Jean-Paul Lecoq, fils d’ouvrier, né au Havre, a d’ailleurs adhéré au PCF à cette époque, alors qu’il n’avait que 15 ans.

Mais l’époque a bien changé et, comme partout en France, c’est surtout l’abstention qui est forte dans la classe ouvrière, ainsi que dans les classes populaires en général. La liste dite citoyenne de Jean-Paul Lecoq du PCF n’a ainsi « que » 15 000 voix sur les 105 000 personnes inscrites, auxquels il faut ajouter nombre de personnes même pas inscrites sur les listes électorales. On imagine que cela devrait inciter à un peu plus de modestie quant au fait de se permettre de refuser une fusion avec une liste de gauche. Surtout en ces temps de crise qui se profile.

En face, Édouard Philippe bénéficie pour sa part d’une véritable dynamique bourgeoise, se présentant comme quelqu’un ayant modernisé la ville et profitant maintenant d’une notoriété nationale, etc.

Dans un tel contexte, on a du mal à imaginer comment la liste « un Havre citoyen » pourrait faire le plein de voix manquantes contre un candidat robuste et très implanté. À moins que le PCF au Havre s’imagine pouvoir profiter de la France insoumise et de sa dynamique populiste/gilet jaune ? C’est en tous cas ses principales figures qui se déplacent au Havre pour soutenir, avec François Ruffin et Clémentine Autain dans la semaine, puis Jean-Luc Mélenchon lui-même attendu ce vendredi.

Du côté du PS, qui soutient la liste (et c’est la moindre des choses), ce n’est pas son premier secrétaire qui s’est déplacé au Havre, mais simplement Corinne Narassiguin, une personnalité bien moins connue, bien qu’ayant un rôle important au PS.

Jean-Paul Lecoq bénéficie cependant du soutien marquant de la CGT des travailleurs portuaires du Havre et a prévu de s’employer lui-même à convaincre dans les quartiers populaires, avec un camion sono. Il aura cependant besoin d’un peu plus que des « peut-être » pour arracher des voix ouvrières et populaires, car ce qu’il raconte dans la presse ne fait pas vraiment rêver… :

« Ce n’est pas nous qui disons que c’est bien plus qu’un scrutin local, ce sont les autres qui nous le disent. On porte un projet qu’on a créé avec les havrais en expliquant que l’on va porter une autre vie au Havre, on va essayer de rendre les gens plus heureux, d’essayer d’améliorer leurs conditions de vie. »

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Grève nationale des dockers samedi, après l’assassinat sauvage d’un docker au Havre

La CGT des travailleurs portuaires appelle à une journée de grève ce samedi 20 juin 2020 dans l’ensemble des ports français, en hommage à Allan Affagard. Ce docker du Havre, délégué syndical, a été sauvagement assassiné en rentrant chez lui la semaine dernière et le trafic de drogue est directement mis en cause.

Allan Affagard a été retrouvé au petit matin sur le parking d’une école avec le corps sévèrement mutilé (les détails sont ignobles). La CGT pointe directement du doigt le trafic de drogue, à propos duquel elle alerte depuis longtemps.

La police judiciaire a tenu à préciser à la presse qu’il était mis en examen dans un dossier de trafic de stupéfiants, toujours en cours d’instruction, pour des faits datant de 2017. Cependant, la CGT, son syndicat, réfute totalement qu’il puisse être lié au trafic de drogue, en expliquant au contraire :

« Notre camarade Allan n’a jamais été condamné pour le moindre fait concernant le trafic de drogue et pour quoi que soit d’autre d’ailleurs ; à l’inverse, il a toujours été au front pour combattre ce fléau pour le port du Havre, et donc pour les ouvriers dockers »

L’ouvrier docker de 40 ans était par ailleurs père de famille, sportif et impliqué dans son club de rugby, le Racing Club Port du Havre. Son syndicat le décrit comme « un frère d’armes apprécié par tous. »

La grève de samedi, en plus de l’hommage indispensable à un camarade disparu dans des conditions atroces, sera également importante pour dénoncer les trafics de drogue dans les ports.

Voici le communiqué de la CGT des Travailleurs Portuaires du Havre :

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Société

«LGBTQPIA+»

Impossible de suivre l’inflation identitaire à la bourse aux idées délirantes. C’est un véritable empilement de fantasmagories.

Hier on avait la défense des droits des gays et des lesbiennes à mener tranquillement leur vie. C’est une chose, qui concerne des gens concrets, qui ont une certaine attirance et qui veulent la vivre sentimentalement parlant. Cela a sa dignité. Aujourd’hui on a quelque chose de très ressemblant en apparence, mais qui concerne des abstractions et qui est un vecteur du turbocapitalisme. Difficile de faire pire dans l’ultra-individualisme et l’idéalisme, avec la séparation complète du corps et de l’esprit.

Et cela s’accumule comme des richesses capitalistes. On a eu le « LGBTI+ » avec plein de variantes, maintenant on a « LGBTQPIA+ », comme le jeu Animal crossing vient de le mettre en avant. On voit le drapeau « LGBT » mais aussi celui « transgenre » (bleu clair, rose, blanc, cette couleur étant remplacé par du noir pour une version afro-américaine !).

C’est un acronyme pour Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Pansexuel, Intersexe, Asexuel, le « + » montrant qu’on peut ajouter encore toute une série de termes. Ce qui est d’autant plus marquant dans cette inflation, c’est qu’il est ouvertement assumé que toutes ces « orientations » relèvent à la fois d’un « choix » et d’une réalité concrète. Il serait « naturel » d’être « pansexuel », bien que, bien entendu, le terme de « naturel » soit totalement inadéquat, puisque la biologie est réfutée par l’approche postmoderne.

Il est très intéressant également de noter que toutes ces identités sont interchangeables et ce de manière permanente. C’est du prêt-à-porter identitaire. C’est en même temps communautaire, parce qu’on s’insère en même temps que son identité dans une (pseudo) communauté, ce qui est évidemment rassurant, fournissant une (pseudo) socialisation.

On a alors une communauté dans une communauté, puisque les « LGBTQPIA+ » sont censés avoir le caractère d’une communauté. Et avec le « + » cette communauté est sans limites. Ce qui est alors le rêve capitaliste, des consommateurs aux identités multiples, formant une consommation générale mais bien spécifique à chaque fois. Les « LGBTQPIA+ » c’est littéralement une utopie capitaliste.

Il n’est ainsi pas étonnant que le capitalisme valorise les « LGBTQPIA+ », que toutes les grandes entreprises américaines soient en première ligne pour les mettre en avant, que l’Union européenne en a fait une des valeurs les plus essentielles, au nom d’une société « ouverte ».

Quoi de meilleur pour un régime de se prétendre ouvert, démocratique, acceptant toutes les différentes formes d’expression et surtout de bien-être. Peu importe qu’il s’agisse d’abstractions, de fantasmes individualistes, de rejet de tout ce qui est matériel au nom de choix subjectivistes. Le capitalisme peut se présenter comme tolérant : on ne demande pas aux gens de trouver tout bien, on leur demande simplement d’accepter.

Après tout, s’il n’y a pas préjudice pour autrui, pourquoi irait-on trouver quelque chose de mauvais ? Le capitalisme réduit tout au niveau individuel et les « LGBTQPIA+ » sont pour lui un vecteur de libéralisme, absolument efficace. Et il a su utiliser pour cela les gens ouverts, et surtout une ultra-gauche prête à s’engager pour des opprimés qui n’existent que comme constructions subjectivistes. Cela donne d’autant plus de crédibilité aux poussées turbocapitalistes.

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Société

Événements de Dijon: l’américanisation de la société française

La société française craque de partout. Le libéralisme a tellement triomphé dans tous les domaines que l’État de droit cède toujours plus de terrain… Exactement comme aux États-Unis.

Le contexte de la fin du confinement dans les différents pays européens est incroyablement différent et c’est lourd de sens pour interpréter la crise terriblement profonde que connaît la France. En Autriche, la police vient d’infliger ainsi une amende à quelqu’un pour « vent intestinal », car il avait ostensiblement pété en leur présence. En France, pendant trois jours des gens peuvent se balader avec des armes et les utiliser dans une grande ville, sans qu’il n’ait de réponse étatique.

Le décalage est énorme. La France s’effondre de partout, il n’y a plus grand-chose qui tient à part le poids des habitudes. Lors de sa dernière allocution, Emmanuel Macron avait souligné que l’État avait tenu face à la crise sanitaire : s’il se sent obligé de le dire, c’est qu’il avoue à demi-mot que la situation est terriblement grave.

L’affaire de Dijon est terriblement symptomatique de tout cela. Un jeune homme agressé et les principes féodaux se matérialisant violemment : étant d’origine tchétchène, cela a provoqué l’arrivée en masse de groupes de plusieurs dizaines de personnes – autour de 200 – cherchant des affrontements avec des Maghrébins, au moyen de couteaux, de barres de fer et d’armes de poing, ainsi que de fusils automatiques.

C’est le Far-West dans le quartier dijonnais des Grésilles, voire dans le centre-ville, et la police a laissé faire, et on a ainsi des vidéos de groupes armés paradant sur les réseaux sociaux. C’est ni plus ni moins qu’une affirmation de l’américanisation de la société, la France ayant passé un tel cap dans libéralisme que les tissus sociaux sont dégradés au point que la société se décompose.

Et l’un des terribles symboles de cette situation des Grésilles, un quartier à l’abandon laissé au communautarisme et aux mafias, c’est François Rebsamen. Il est maire de Dijon depuis 2001. Cela fait vingt ans pratiquement donc et dans les faits il accompagné une situation empirant.

Militant de la Ligue Communiste Révolutionnaire de 1970 à 1974, il a ensuite de très hautes fonctions dans les cabinets ministériels socialistes. Il a été sénateur, ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social, mais surtout le numéro 2 du Parti socialiste de 1997 à 2008 : c’est la grande figure des partisans de François Hollande, il a été son grand conseiller.

Voilà où aboutit l’opportunisme. Voilà où aboutit la mentalité des universitaires de gauche qui disent que les problèmes sont sociaux, qu’il ne faut pas juger, pas avoir de critères culturels. C’est un moyen de se soumettre au libéralisme et de laisser le capitalisme pourrir les gens à grande échelle, avec certains secteurs où cela termine toujours plus mal.

Les événements de Dijon sont une terrible expression de comment toute une partie de la population est désocialisée, déconnectée du reste, vivant en vase clos avec un capitalisme d’autant plus pervers qu’il est encadré de manière féodale, que la féodalité est y est modernisée. Le capitalisme et la religion en même temps : comment des gens enferrés là-dedans pourraient-ils s’en sortir ?

Ce dont paie le prix ici, c’est très clairement l’incapacité des ouvriers de l’usine Renault de Choisy-le-Roi à avoir impulsé la lutte des classes. Ce qui s’est passé à Dijon n’aurait pas pu avoir lieu si une autre actualité, réelle, l’emportait. Mais on n’a pas eu la grève, on a le collectif « la vérité pour Adama » et toute une vaine agitation ouvertement étrangère à la classe ouvrière.

Et la situation ne se calmera pas : les tensions augmenteront toujours plus, car la France est en crise. S’il n’y a pas de Gauche historique, cela sera l’implosion et la remise en marche sous l’égide du nationalisme et du militarisme, le tout pour sauver le capitalisme.

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Politique

La casse nihiliste d’ultra-gauche et la fausse gauche

Les casseurs nihilistes d’ultra-gauche sont très utiles pour la fausse gauche, y compris la plus institutionnelle. Comme tous ces gens n’ont rien à dire, n’ont aucune dimension sociale et culturelle, qu’ils n’ont comme perspective que d’être la remorque du syndicalisme, alors il leur faut s’inventer des causes.

La dernière en date bien sûr consiste en l’hystérie anti-policière, puisque la police serait devenue l’incarnation même du mal, du capitalisme, de l’État, etc. C’est là qu’interviennent les casseurs nihilistes d’ultra-gauche, en infiltrant un mouvement démocratique comme celui des personnels soignants hier, pour le pourrir de l’intérieur par un peu de casse spectaculaire. Ainsi, les forces de l’ordre doivent intervenir et on a le droit à de photos « chocs » avec des commentaires hostiles à la police, ou bien des petites anecdotes sur des gens interpellés pour faire pleurer dans les chaumières. Peu importe que ces mêmes personnes interpellées aient été filmées en direct à la télévision en train de jeter des pavés sur la police, ce qui compte est de faire croire qu’on aurait en France un État terroriste qui brutaliserait les manifestants au hasard.

Cela permet de se la jouer très radical, comme avec le PCF publiant la photo d’une femme en blouse blanche se faisant interpeller, avec en commentaire « Cérémonie officielle de remise de médaille aux soignants ».

C’est absolument grotesque, irrationnel, relavant d’une hystérie typiquement petite-bourgeoise. Cela montre la décomposition du mouvement de protestation, l’absence d’une Gauche historique capable, comme elle l’a fait maintes fois, d’isoler l’ultra-gauche anti-politique et radical en apparence seulement.

Voir le PCF tomber aussi bas dans le populisme est une expression de tout une perte de repères et de valeurs, d’un effacement de la Gauche historique au profit de manipulateurs et de petits-bourgeois n’ayant aucun rapport avec la classe ouvrière. La Droite et l’extrême-Droite se régalent de tout cela, car il n’y a plus personne à part eux pour conspuer les casseurs nihilistes d’ultra-gauche. Même quand ces derniers, comme ce fut le cas hier, en arrive à… renverser la voiture d’une personne handicapée !

Quelle honte, quel nihilisme, difficile de faire plus anti-social. Et le gouvernement bien sûr ne fait rien pour empêcher cela. Il faut dire qu’il aurait tort de se priver d’une telle opportunité…. Jamais la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, ne peut accepter un pareil sabotage du mouvement social, qui fait directement le jeu de la Droite et de l’extrême-Droite. Et bien évidemment de la bourgeoisie dans son ensemble.

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Écologie

La nouvelle campagne de la SPA contre les abandons

En cette période de crise sanitaire, la Société Protectrice des Animaux (SPA) a décidé de lancer une campagne de sensibilisation imaginée par l’agence WNP, pour lutter contre les abandons qui explosent pendant l’été. La SPA est une des fédérations regroupant des refuges pour animaux.

Voici le court métrage :

Chaque année, la période estivale est une période critique pour les animaux, et donc forcément pour les SPA, les associations de protection animale, les refuges. Tous les ans, il faut sensibiliser à nouveau, il faut évoquer la situation des animaux pour qu’ils ne soient pas oubliés, il faut dire et redire inlassablement les mêmes choses.

Il faut reconnaître que la France a le triste statut de championne d’Europe de l’abandon, comme le présentait l’association 30 millions d’amis l’année dernière dans sa campagne estivale 2019. Dans son clip, les diverses et terribles formes d’abandon étaient mises en scène : de l’abandon cruel en forêt ou sur une route, ne laissant aucune chance à l’animal de s’en sortir, à l’abandon « planifié » en SPA.

On y apprenait que 100 000 animaux étaient abandonnés dans l’année, dont 60 000 au cours de l’été. Ces chiffres sont effarants.

Comme nous l’avions évoqué récemment, les animaux ont subi le confinement de plein fouet. Les adoptions ont été gelées, puis autorisées sur prises de rendez-vous, les bénévoles nourrisseurs ont dû se débrouiller pour nourrir les chats libres, des associations se sont trouvées dans l’incapacité de venir en aide à certains animaux.

Et comme d’habitude, quand tout va mal, c’est forcément pire pour les animaux. Qu’on se le dise, l’abandon et les situations dramatiques pour eux ne sont pas le propre de la période estivale, c’est un fléau quotidien. La crise économique ne les épargne pas, des gens ne s’en sortent plus, n’ont plus les moyens de s’en occuper, mais surtout les animaux sont considérés comme des marchandises : alors au lieu de chercher une solution, de demander de l’aide, on peut abandonner celui-ci, on le remplacera bien par un autre. On se cherche des excuses, on se donne bonne conscience : l’arrivée d’un bébé, un déménagement, « je n’ai plus le temps, il sera mieux à la SPA », etc …

Alors que l’économie va droit dans le mur, que l’ État cherche à donner le change, alors que la ministre du travail Mme Penicaud elle-même appelle les français à « consommer », à « dépenser leur épargne », comme si tout allait bien, nous savons que la période extrêmement difficile qui se profile le sera aussi pour les animaux. Concrètement, que les français partent massivement ou non en vacances cet été, il y aura des abandons, des drames se joueront.

La campagne de la SPA tend à montrer que l’abandon n’est pas uniquement cette triste image du chien attaché à un arbre en pleine forêt ou de ce chat au poil sali errant affamé dans la ville, c’est un véritable cataclysme émotionnel pour l’animal qui subira épreuves sur épreuves pour s’en sortir. Nous savons que beaucoup de fins ne seront pas heureuses, que beaucoup d’abandons sont ni plus ni moins des condamnations à mort.

L’abandon est d’autant plus difficile à vivre pour un chien, un chat, un NAC, enfin tout animal domestique, qu’ils sont extrêmement routiniers, attachés à leur territoire, à leurs habitudes, à leur famille, à leur routine rassurante. Tout leur monde s’écroule à la mesure que notre aliénation grandit toujours plus.

Alors que la population méprise ses actes honteux, alors que l’indignation est grande, on voit bien que cela n’est pas suffisant et que chaque année il faut recommencer.

Ce sont les associations qui prennent en charge le travail de l’État, de la société qui n’assume rien du tout, alors qu’elles croulent littéralement sous les abandons, sous les factures de plusieurs centaines voire milliers d’euros. Ce sont aussi des personnes isolées qui viennent en aide dans leur quartier parce que c’est tout simplement insupportable pour elles de voir des animaux livrés à eux-mêmes. Alors que la législation prévoit des peines pouvant s’élever jusqu’ à 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende (article 521-1 du code pénal) pour quiconque se rend coupable de l’abandon d’un animal, les sanctions sont rarement, voire jamais appliquées faute de moyens, faute de détermination !

Face à cela, nous savons que nous ne pourrons pas rester là indéfiniment, d’année en année, à regarder déferler la vague incapables de réagir, et qu’il faudra agir de manière collective si nous ne voulons pas sombrer davantage dans la barbarie.

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Politique

Municipales: l’unité de la Gauche permettra-t-elle de l’emporter à Marseille ?

La liste d’union à Gauche « le Printemps marseillais » est arrivée en tête du premier tour des municipales en mars dernier. Elle est maintenant en capacité de remporter la mairie le 28 juin, face à la Droite et l’extrême-Droite, alors que la Droite est visée par la justice pour une possible affaire de fraude électorale.

Le score du « Printemps marseillais » au premier tour des municipales 2020, arrivé en tête avec 23,4 % des suffrages contre 22,3 % pour la Droite et 19,4 % pour l’extrême-Droite, est déjà une victoire en soi. C’est la victoire d’un processus d’unité de la Gauche.

La liste portée par l’écologiste Michèle Rubirola est le fruit d’un long processus de convergences, malgré les nombreuses tentatives de divisions, voire de sabotage de l’initiative. Un moment marquant pour le « Printemps marseillais » a été la décision de Benoît Payan du Parti socialiste de se retirer de la tête de liste, en raison des critiques envers le PS. Il faisait ainsi le choix de l’unité contre la Droite et l’extrême-Droite, dans un esprit de Front populaire.

Il avait alors ces mots très forts :

« Au risque de voir perdurer ce système qui a conduit Marseille dans le mur, et face au danger du FN, nous n’avons pas d’autre choix que de nous rassembler pour gagner. C’est notre seul et unique espoir. Ce rassemblement de la gauche, des citoyens et des écologistes, il existe aujourd’hui, il s’appelle le Printemps Marseillais.

Bien évidemment, des esprits chagrins ont eux préféré leurs petits intérêts personnels à la construction d’une alternative crédible pour Marseille. Marseille se meurt de ce personnel politique médiocre, de ces diviseurs et de ces irresponsables.

Je ne serai jamais de ceux-là. »

> Lire également : «Ma seule ambition, c’est Marseille»: la démarche unitaire de Benoît Payan du PS

Cet élan a permis à différents collectifs et personnalités locales du mouvement démocratiques marseillais et de la Gauche marseillaise de participer pleinement à la démarche. L’appui, depuis le début, de Jean-Marc Coppola du PCF a également été déterminant.

Le score du « Printemps marseillais » a ainsi été une grande victoire, autant qu’une grande surprise pour de nombreux commentateurs. Cela a complètement ridiculisé EELV, qui assumait totalement de saboter la démarche en refusant de s’y joindre. Michèle Rubirola, la tête de liste du « Printemps marseillais », est pourtant elle-même issue de EELV, avec qui elle a été élue au Conseil départemental en 2015. Cependant, elle en a été suspendue en raison de son ralliement au processus d’unité de la Gauche.

Elle disait alors fort justement :

« Le but, ce n’est pas de se faire plaisir et d’arriver troisième comme dans ce sondage, mais d’être en situation de gouverner la ville. Tous unis d’un côté et nous de l’autre, quel est le message pour les électeurs ? Les Marseillais veulent l’union, c’est ça qu’ils n’entendent pas ! »

> Lire également : Municipales: les Verts mettent à mal le travail pour l’unité de la Gauche à Marseille

Il ne faut pas croire ici que c’était simplement une démarche opportuniste personnelle, car il n’y avait à ce moment-là rien d’évident à ce qu’elle soit désignée tête de liste et devienne potentiellement maire de Marseille.

C’est par contre la preuve que les démarches d’unité, quand elles sont menées efficacement, avec un élan populaire et démocratique, fonctionnent. Le résultat de l’élection marseillaise sera donc scruté avec attention par toute la Gauche française. Cela pourrait constituer un élan déterminant pour le processus d’unité de la Gauche à l’échelle nationale, pour les scrutins à venir.

La liste du « Printemps marseillais » portée par Michèle Rubirola a ainsi déjà été soutenue par Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, ainsi que tout l’appareil EELV, qui s’y est finalement rallié. Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure est également attendu à Marseille dans la semaine pour soutenir la liste.

Le résultat du scrutin dans la seconde plus grande commune de France sera également d’une grande signification pour l’ensemble du pays sur le plan politique. Tant l’extrême-Droite (avec le liste RN portée par Stéphane Ravier, ex-maire du septième secteur de la ville), que la Droite, avec la liste LR portée par Martine Vassal, soutenue par le maire sortant Jean-Claude Gaudin, doivent être évitées.

L’implantation du Rassemblement national dans une ville à l’identité aussi populaire que Marseille est un très grand danger, et c’est une priorité de la combattre le plus largement possible. Quant à la Droite, elle représente au plan local tout un système affairiste âprement dénoncé par toutes les oppositions démocratiques depuis de nombreuses années, en raison du climat particulièrement malsain que cela engendre dans la ville et sa région.

Le climat est tel d’ailleurs, qu’au premier tour un bureau de vote a été attaqué avec des armes factices pour tenter de saisir l’urne, alors que des irrégularités ont été dénoncée dans de nombreux bureaux par le « Printemps marseillais ». Il a également, bien entendu, cette affaire récente de suspicion de fraude aux votes par procuration dénoncée par France 2 et le magazine Marianne, pour laquelle la police judiciaire a été saisie. Une perquisition a eu lieu samedi matin au local de campagne de Martine Vassal, la tête de liste de la Droite (et présidente de la métropole), pour rechercher de possibles «manœuvres frauduleuses» et des «faux et usage de faux».

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Politique

Allocution présidentielle du 14 juin 2020: la quête du consensus

Emmanuel Macron s’est fait démolir par l’opposition pour ses propos creux, son ton rassurant et sa démarche toute en continuité. Mais si c’est ridicule, c’est tout à fait français et Emmanuel Macron fait le pari que les Français resteront tels qu’ils sont.

Il y a un passage dans l’allocution qui décide de tout, celle sur le mode de vie français. Annonçant un retour à la « normale » en mode déconfinement généralisé, le président de la République a cherché à résumer la France ainsi :

« Nous allons donc pouvoir retrouver le plaisir d’être ensemble, de reprendre pleinement le travail mais aussi de nous divertir, de nous cultiver.

Nous allons retrouver pour partie notre art de vivre, notre goût de la liberté. En somme, nous allons retrouver pleinement la France. »

Si on traduit, cela donne : vous les Français vous avez une mentalité de petit-bourgeois, vous êtes des grosses gueules mais votre horizon ne dépasse votre sens de la satisfaction. Vous allez donc tout reprendre comme avant, en refusant comme il faut toute envergure, afin de profiter tranquillement de vos acquis dans l’un des pays les plus riches du monde, tout en prétendant représenter le progrès et la culture.

Emmanuel Macron a d’ailleurs ensuite souligné que la stratégie pour les dix prochaines années, c’était « vivre heureux et vivre mieux ». C’est tout à fait intelligent, tout à fait en phase avec les Français.

Reste que l’économie française va se faire démolir, comme d’ailleurs le capitalisme en général. Alors, que faire ? Emmanuel Macron, qui a utilisé plusieurs fois le terme de « reconstruction », a une solution très simple : la transformation de la France en satellite allemand. Il ne le dit bien entendu pas ainsi et il a souvent employé le terme d’indépendance.

Mais c’est ainsi qu’il faut comprendre tout ce passage :

« L’accord franco-allemand autour d’un endettement conjoint et d’un plan d’investissement pour redresser l’économie du continent est un tournant historique.

En empruntant pour la première fois ensemble, avec la chancelière d’Allemagne, nous proposons aux autres États européens de dire « nous » plutôt qu’une addition de « je ».

C’est le résultat d’un travail acharné, initié par la France, et que nous menons depuis trois ans.

Ce peut être là, une étape inédite de notre aventure européenne et la consolidation d’une Europe indépendante qui se donne les moyens d’affirmer son identité, sa culture, sa singularité face à la Chine, aux États-Unis et dans le désordre mondial que nous connaissons.

Une Europe plus forte, plus solidaire, plus souveraine. C’est le combat que je mènerai en votre nom dès le conseil européen de juillet et dans les deux années à venir. »

Emmanuel Macron dit : j’ai réussi à faire en sorte que l’Allemagne ne sorte pas du projet européen avec ses subordonnés (l’Autriche, la Suède, les Pays-Bas…) mais assume le moteur franco-allemand pour former un bloc en tant que tel face aux États-Unis et à la Chine. L’espoir est très clairement que ces deux derniers pays se donnent le compte suffisamment pour permettre au bloc européen de prendre le devant de la scène.

Tout cela, pourtant, est un raisonnement entièrement fondé sur le capitalisme et sa capacité à résorber toutes les mauvaises situations dans lesquelles il se retrouve. C’est là une utopie grotesque alors que les nuages noirs d’une crise approfondie planent au-dessus du capitalisme mondial.

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Carte des rassemblements des personnels soignants partout en France mardi 16 juin

Les personnels soignants appellent à des rassemblements partout en France mardi 16 juin.

Voici la carte des nombreux rendez-vous, proposée par le collectif inter-urgence, ainsi qu’une présentation :

« Le 16 juin, partout en France

( tout en respectant les mesures de protection )

Loin de toutes illusions dans les concertations avec ceux qui sont responsables de la casse de l’hôpital, il est nécessaire d’affirmer que seul le rapport de force permettra de répondre à l’urgence de la situation dans les hôpitaux publics et le système de santé français. »

 

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Politique

Le 13 juin 2020: les identitaires contre les identitaires

La journée du 13 juin aura été très riche en expressions de la folie identitaire, sur un mode ethnique ou racialiste : la France est bien totalement à côté de la plaque historiquement.

La mort de Georges Floyd aux États-Unis était un prétexte en or pour le collectif « la vérité pour Adama » pour faire passer son message en surfant sur l’émotion démocratique quant à la situation outre-Atlantique. C’était une moyen de mettre en avant sa propre conception identitaire-communautaire de la société française.

La première fois, le 2 juin, cela a marché : il y a eu 20 000 personnes. Cela a provoqué un battage médiatique énorme, c’était l’actualité du moment pendant plusieurs jours. Toute la Gauche a appelé pratiquement au nouveau rassemblement, le samedi 13 juin 2020, place de la République à Paris (et dans quelques autres villes).

Mais comme c’est hors-sol : ce fut le fiasco. On a le même nombre de gens, pour la même population, celle qui ne fait pas rêver la population justement, car les vieux post-extrême-gauche et les jeunes post-modernes, cela ne parle à personne.

En fait, c’est inexact : cela parle à leurs équivalents inversés. Des militants du groupe d’extrême-Droite « Génération identitaire » ont en effet déployé une grande banderole depuis le toit d’un immeuble, juste au-dessus du rassemblement parisien (puisque le préfet a exigé qu’il n’y ait pas de départ en manifestation).

Impossible pour les « identitaires » de rater cela, puisqu’ils fonctionnent justement en polarisant et avec le même discours, mais inversé. D’où la banderole consistant en un miroir des slogans de la manifestation :

« Justice pour les victimes du racisme anti-blanc #whitelivesmatter »

Les habitants aux fenêtres ont commencé à découper la banderole et une jeune habitué des actions dangereuses acrobatiques ou étranges voire douteuses dans le décor urbain parisien (comme ici, ou ) a grimpé sur le toit pour protester puis finalement s’interposer entre les identitaires et d’autres gens venant en découdre.

Et tout cela alors que la France connaît sa plus grande crise économique depuis 1945, et peut-être même de son histoire avec ses ramifications dans tous ses domaines. Surréaliste. Ou plutôt terriblement réel : la France aime perdre son temps et regarde quelques comédiens, peu nombreux, faire leur théâtre. Cela passe le temps.

Quant à la trame, elle puise dans les incohérences du libéralisme. Le hasard historique veut que le même jour décédait Jean Raspail. Cet auteur, de tradition catholique – conservatrice, avait écrit un roman brutal en 1973, Le camp des Saints. Il y racontait comme des hordes de réfugiés se précipitaient en France et que la « gauche » trahissait en les accueillant à bras ouverts, alors que le pays sombrait finalement sous cette invasion barbare des temps modernes.

C’est très exactement la thèse du « grand remplacement » du dandy décadent Renaud Camus ou, dans un style éminemment mieux écrit, du Rivage des Syrtes du dandy élitiste Julien Gracq.

Si elle a un succès désormais, c’est que le racisme ne peut plus marcher dans notre société, c’est une valeur périmée. Qu’il y ait des racistes, c’est un fait, mais le phénomène s’éteint, s’effaçant devant la mondialisation et le métissage. C’est tellement du passé que la « nouvelle droite » française des années 1980 a développé l’ethno-différentialisme, dont les identitaires sont le prolongement. Ils n’ont toutefois guère de succès réel, car ils en reviennent inlassablement à un racisme primaire qui est totalement déconnecté de la réalité française, à part dans certains secteurs arriérés.

Si l’on regarde bien d’ailleurs, le collectif « la vérité pour Adama » et les Indigènes de la République en sont le simple miroir et eux-mêmes ne touchent que des secteurs arriérés. On dit que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles, mais il en va de même pour toute cette démarche identitaire-communautariste.

On se veut « rassuré » parmi les siens. On a d’ailleurs un groupe de quelques personnes qui a mené une opération le même jour au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris, arrachant de son socle un poteau funéraire Bari, une tribu entre le Tchad et le Soudan l’ayant réalisé au 19e siècle. Avec, évidemment, l’idée de le ramener « chez lui », un chez lui ethno-différentialiste fantasmé digne du film hollywoodien de 2018 Black Panther, où les « Noirs » sont définis comme tribaux voire claniques, patriarcaux, ayant le rythme dans la peau, physiquement puissants, aimant les tags, etc. etc.

Certains demanderont alors, avec justesse : pourquoi ces gens existent-ils, pourquoi ont-ils un écho ? Il suffit pour cela de regarder le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac lui-même. Ce musée est un scandale intellectuel, sa base intellectuelle est précisément ethno-différentialiste, avec une lecture digne du national-socialisme : chaque ethnie a son âme unique, sa vision du monde particulière, sa différence irréductible, etc. Il n’y manque que les photographies « ethniques » de Leni Riefenstahl, la cinéaste des grands films nazis, sur les communautés africaines Noubas.

Et si ce musée est comme cela, c’est parce qu’il a adopté le point de vue relativiste ethno-culturel diffusé par la France dans la droite ligne de Claude Levi-Strauss. C’est d’ailleurs au nom de « l’universalisme républicain » que Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, a publié le même jour une tribune dans Le Monde, pour réclamer… la mise en place de statistiques ethniques.

Seulement, en période de crise, ce qui était avant présenté comme une « ouverture à l’autre » se transforme chez certains en outil de sécession.

On s’en souviendra donc, du 13 juin 2020, avec ces identitaires contre les identitaires, et des Français ne tombant pas dans le panneau. Ils préfèrent les anti-racistes qui se trompent que des racistes ne se trompant pas. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils vont accorder de la valeur aux propos totalement hors-sol d’Assa Traoré lors du rassemblement, comme quoi la question du racisme était « enfin » prise en compte en France.

C’est l’avantage d’avoir une solide base démocratique : accorder de l’attention aux questions importantes, les Français savent encore le faire. Sombrer dans une vision du monde paranoïaque, ils ont mieux à faire.

Après, du point de vue de la Gauche, tout cela est un contre-feu terrible servant le capitalisme alors qu’on affronte une crise d’envergure énorme. On perd du temps, on perd de l’attention, on va le payer cher.

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Guerre

Vers la guerre: le M51 nucléaire français testé le même jour que le lancement du Prince Vladimir par la Russie

La France a testé son missile nucléaire mer-sol M51 le même jour qu’était lancé le sous-marin lanceur de missiles nucléaires Prince Vladimir. Qui croit au hasard ne comprend pas la tendance à la guerre.

Pour comprendre ce qui se trame en France à l’arrière-plan, il suffit de porter son attention sur l’ignoble film de 2019 avec Omar Sy et Matthieu Kassowitz, Le chant du loup. Cette production française, acclamée par la critique locale, qui met sur un piédestal la force de frappe française. C’est littéralement criminel et cela correspond à toute une mise en place d’un certain état d’esprit.

Dans les années 1970, l’extrême-Gauche aurait attaqué les salles de cinéma. Dans les années 1980, le PCF aurait protesté contre l’esprit d’intervention militaire. Dans les années 1990, la Gauche aurait dit en général que ce film, tout de même, va trop loin. Depuis les années 2000 la thématique n’existe plus. Or, là, on est comme dans les années 1980, avec une course aux armements et deux superpuissances prêts à se taper dessus pour décider du sort du monde en leur faveur.

Et la France vaut bien la Russie niveau militarisme. On sait que la Russie est économiquement de la taille de l’Italie, mais qu’elle est aux mains d’une oligarchie prolongeant les grands monopoles de l’URSS organisés autour du complexe militaro-industriel. Il y a ainsi des technologies de pointe qui sont utilisées pour renforcer artificiellement la dimension militaire meurtrière du pays. Cela coûte une fortune, bien entendu aux dépens de la population, tout cela pour des projets comme l’expansion aux dépens de l’Ukraine.

Mais si l’on regarde bien, la France fait pareil niveau course aux armements. Et le choix français d’un test le même jour que le lancement du sous-marin russe – ou inversement – est une contribution à la tension mondiale.

Le sous-marin nucléaire de 4e génération Prince Vladimir est ainsi un véritable monstre au service de la guerre dans tout ce qu’elle a de plus terrifiante. C’est un sous-marin nucléaire lanceur d’engins, avec 16 missiles Bulavas. Chaque missile Bulava – masse d’armes en russe – transporte dix ogives nucléaires. Chaque missile, c’est donc… entre sept-cents et mille fois Hiroshima.

C’est monstrueux. Mais c’est exactement pareil pour la France : chaque sous-marin nucléaire lanceur d’engins a 16 missiles M51, l’équivalent direct des Bulavas. La folie criminelle des uns vaut bien celle des autres. Surtout que ces missiles, il y en a beaucoup, car il y a beaucoup de têtes nucléaires… La France en a 300. La Russie et les États-Unis en ont 2000 chacun.

Que faut-il alors penser de militaires assez cinglés pour faire un test militaire le même jour que le lancement officiel d’un tel sous-marin, et inversement ? C’est un choix que de choisir le même jour, sur les 365 de l’année, alors que les tests de missiles sont très rares d’ailleurs (cent millions d’euros l’unité). Il y a eu neuf tests de M51 depuis 2006… et il a fallu choisir ce jour-là ?

Qu’importe d’ailleurs de savoir si l’armée française est responsable de la date ou l’armée russe. Les deux sont dirigés par des généraux qui devraient tous être révoqués et emprisonnés pour leurs activités bellicistes. Et il ne faut pas croire que cela s’arrête. La France travaille sur une troisième version du M51, afin d’ajouter encore plus de kilomètres, encore plus de résistance aux anti-missiles…

Et chaque pays capitaliste d’envergure pousse en ce sens. Il y a une course à l’armement, à la suprématie technologique, chaque pays cherchant à trouver un moyen de déborder les autres. L’Allemagne, par exemple, est ouvertement orientée vers les drones militaires et espère avoir trouvé une véritable clef pour la domination dans les batailles futures. Tous les partis politiques allemands pratiquement sont tout à fait d’accord avec ce programme.

Tout comme d’ailleurs tous les partis politiques français sont d’accord avec le développement du programme nucléaire français. Jamais on ne verra le PS, le PCF ou La France Insoumise exiger l’abandon de l’arme atomique. Et pourtant, c’est là une revendication évidente. Quelle personne de Gauche peut accepter l’anéantissement de millions d’êtres vivants ? Quelle personne de Gauche peut accepter qu’une personne décide de l’ordre de tir pour cet anéantissement ?

> Lire également : Le film Le chant du loup et l’angoissante question de la bombe nucléaire

Rien que pour cela la Ve République est un régime ultra-autoritaire, comme d’ailleurs toute la Gauche le pensait en 1958 à la suite du coup d’État militaire de de Gaulle. Cela montre que pour combattre la course aux armements, il faut une réelle démocratie fondée sur le peuple : un régime organisé par en haut ne peut que resservir les intérêts de la compétition internationale, de la bataille pour se repartager le monde pour plus de profits.

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Guerre

Missile M51: communiqué de l’ICAN France en réaction à l’essai nucléaire français d’hier

Voici le communiqué de l’ICAN – France, le relais national de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN), en réaction à l’abominable tir d’essais du missile nucléaire M51 par la France, hier.

« Alerte presse – Essai missile nucléaire M51

En réaction au tir de missile M51, parle SNLE-NG Le Téméraire, ce 12 Juin 2020

Patrice Bouveret – directeur de l’Observatoire des armements, co-porte-parole de ICAN France

  • « L’absence volontaire d’actions concrètes de la France en faveur du désarment nucléaire est dangereuse car elle est une incitation à la prolifération. Il est urgent que la France s’ancre dans la nouvelle réalité du monde en respectant la démocratie, et s’engage au côté de la majorité des États de la communauté internationale qui soutient le Traité d’interdiction des armes nucléaires. »
  •  « Cet exercice nucléaire est contraire à l’esprit du traité de non-prolifération nucléaire qui prévoit que les États dotés de l’arme atomique doivent, de bonne foi, tendre vers la suppression de toutes les armes nucléaires de la planète. »
  • « Croire que la politique de dissuasion nucléaire nous mettrait à l’abri de menaces étatiques repose sur des mythes et ne tient absolument pas compte  de la réalité des angles morts qui existent et des risques d’utilisation par erreur ou par accident. »

Jean-Marie Collin – expert sur le désarmement nucléaire et co-porte-parole de ICAN France

  • « En réalisant ce test, la France montre ses muscles sur sa capacité de créer des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques. Ce test est une nouvelle fois la démonstration que la politique de dissuasion se traduit par une acceptation de renoncer à l’ensemble des règles de droit international, dont le droit international humanitaire. »
  • « Le coût de développement des forces de dissuasion ne cesse de progresser au détriment  d’une véritable sécurité humaine. En 2020 c’est 8 999 € par minute dépensée par l’ensemble des contribuables Français, en 2025 ce sera 11 415 € ! »
  • « Il est urgent que la commission des Affaires étrangères mette en place la délégation permanente à la dissuasion nucléaire, à la non-prolifération, à la maîtrise de l’armement et au désarmement adoptée en juillet 2018. Ce format permettrait d’engager une plus grande transparence sur ce domaine qui reste bien opaque. Les parlementaires qui ont multiplié les tribunes pour « changer de monde » doivent agir au plus vite. Sinon, nous allons rester dans ce « monde d’avant » ; toujours sous la menace des armes nucléaires ». »
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Politique

Face à la dérive «racialiste»: la lutte des classes

La France est en plein dans une crise économique majeure, qui va chambouler toute la société, et il y a un contre-feu racialiste afin d’empêcher qu’on comprenne les véritables enjeux. Ce qui se joue, c’est déjà un affrontement entre les classes.

La police serait « raciste », la France une « dictature », le pays connaîtrait un véritable apartheid, la police serait même la véritable responsable de tous les malheurs possibles… Qui diffuse de pareilles inepties ? Qui les met en avant ?

Tout simplement la petite-bourgeoisie en train de passer sous le rouleau compresseur de la crise et s’agitant par tous les moyens pour provoquer quelque chose. Provoquer quoi Elle ne le sait pas. Mais elle sait que pour survivre, elle a besoin de faire du bruit. C’est exactement le même phénomène que les « gilets jaunes » et c’est une expression réactionnaire.

C’est en effet une « réaction », avec une absence totale de projection vers l’avenir et de valeurs. Une réaction qui se fonde sur l’irrationnel et qui propage l’irrationnel, en veillant bien à ne surtout pas utiliser les gros mots que sont bourgeoisie et capitalisme.

La France a connu une crise sanitaire unique – mais le pays ne réfléchit pas à cela. Il considère que c’est déjà du passé et que c’est quelque chose de lointain, de chinois. La problématique du rapport à la nature, aux animaux ? Elle n’existe pas !

La France va dans le mur économiquement parlant. Son économie va se faire littéralement fracasser et le gouvernement, dépassé, arrose avec des aides par milliards, en espérant qu’il en ressortira quelque chose. Et pourtant rien de tout cela n’est pris au sérieux !

La dérive « racialiste » actuelle dans le pays est une expression de cette négation de la réalité. Elle vise à contribuer à empêcher que soit saisi cette simple vérité de la Gauche historique : l’histoire est l’histoire de la lutte des classes.

Les questions identitaires sont une arme qui vise à diviser pour régner, à séparer les gens et les monter les uns contre les autres. Au lieu de considérer qu’on vit sur la même planète et qu’on en train de la détruire, il faudrait se diviser et faire de ces divisions des catégories qui guideraient la société, les comportements, les mœurs.

Qui a intérêt à cela ? Qui a intérêt à faire d’une agitation réactionnaire un moyen de trouver un paratonnerre face aux luttes de classes ?

Le pire dans tout cela, ce sont les idiots utiles, qui s’imaginent dénoncer une oppression alors qu’ils ne sont que les outils du maintien de l’exploitation. Car l’histoire est l’histoire de la lutte des classes, c’est cela la clef de tout, et qui veut rajouter des choses n’est en réalité qu’un semeur d’obstacles visant à désorienter.

Seule la Gauche historique, selon qui tout se décide par rapport à la lutte des classes, peut nous sortir de cette situation, par la raison et la connaissance, par l’organisation et les choix relevant du Socialisme. Et pour qu’elle existe, il faut une classe ouvrière qui soit en action et non des ouvriers à la remorque du mode de vie capitaliste et des syndicats dont la définition même est d’accompagner l’exploitation et désormais le désastre.

On a changé d’époque et il faut être à la hauteur de celle-ci !

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Société

Tribune de féministes en soutien de J.K. Rowling, victime de l’acharnement des activistes «trans»

L’activisme « trans » est très virulent et J.K. Rowling, la célèbre auteure de la série Harry Potter, en est actuellement victime. La raison ? Elle « ose » rappeler sur Twitter une réalité biologique toute simple, évidente, incontestable : les personnes qui sont concernées par les menstruations sont… des femmes ! Cependant, dire cela est considéré comme « transphobe » par les activistes délirants de l’idéologie transgenre. Voici une tribune de féministes françaises en soutien à J.K. Rowling, initialement publiée par Le Figaro :

«Nous, féministes, soutenons J.K. Rowling contre le lynchage des activistes trans»

J.K. Rowling, l’autrice de Harry Potter s’est attiré les foudres d’activistes trans, après avoir posté une série de tweets où elle exprimait un point de vue ironique sur la différence des sexes.

Nous féministes souhaitons alerter le grand public sur la situation de la communauté lesbienne en France et à l’international. Pour commencer nous souhaiterions rappeler que les lesbiennes ne sont pas les seules à vivre dans la peur de l’activisme trans extrême.

James Caspian, Eva Poen, Kathleen Lowrey… la liste est longue de chercheurs universitaires (américains, canadiens, britanniques …) harcelés et parfois licenciés par leur hiérarchie sur ordre des activistes trans radicaux (qui ne représentent pas l’ensemble des communautés trans).

James Caspian a par exemple été attaqué pour avoir essayé de mettre en place une étude sur le pourcentage de personnes regrettant d’avoir «changer de sexe». Le simple fait de vouloir faire une étude sur le sujet étant maintenant considéré comme offensant.

Selina Todd, une historienne britannique n’a pas été harcelée par sa hiérarchie mais a dû embaucher des gardes du corps suite à des menaces de certains trans-activistes hardcore. Rosa Freedman, professeure de droit, a elle été bousculée et menacée de viol.

Depuis un an environ, on observe dans les pays anglophones et scandinaves un boom de personnes mettant en scène sur Twitter, Reddit et YouTube leur dé-transition. Mais ces personnes devront vivre toute leur vie avec les conséquences de leur transition. Plus la transition est avancée, plus les dommages physiques sont lourds et irréversibles. Les hormones créent des problèmes osseux sévères. Les ablations sont définitives.

En Suède, le nombre de fillettes de moins de 18 ans voulant «changer de sexe» (une chose techniquement impossible) pour tenter de devenir des personnes transmasculines a été multipliée par 15 de 2010 à 2018. Selon les statistiques du gouvernement suédois, parmi elles 15% étaient autistes et 19% hyperactives.

Au Royaume-Uni leur nombre a été multiplié par 45 de 2010 à 2018 (passant de 40 cas par an en 2010 à plus de 1 800 pour l’année 2018). La ministre britannique des droits des femmes de l’époque, Penny Mordaunt, s’en était publiquement émue.

Des youtubeurs français incitent des jeunes de moins de 15 ans à prendre des hormones «en cachette de leurs parents» et en toute illégalité.

Mais le vent finit par tourner, malgré le marché qui s’est créé, malgré le lobbying de l’industrie pharmaceutique.

Le 22 avril 2020, sous la pression de mouvements lesbiens féministes, le Royaume-Uni a annoncé vouloir interdire les opérations chez les moins de 18 ans. Depuis novembre 2019, six États des États-Unis ont interdit toutes formes de transition: hormones, opérations et bloqueurs de puberté (inhibiteurs hormonaux qui ont vocation à retarder la puberté avant de commencer une transition). Huit autres États de ce pays débattent en ce moment de lois identiques.

Un article du journal «The Economist» montrait par ailleurs que dans la très grande majorité des cas, les bloqueurs de puberté sont inutiles car la très grande majorité des enfants concernés ne deviendront pas trans à l’âge adulte.

La Suède commence aussi à envisager une loi interdisant les opérations et les bloqueurs de puberté après des émissions sur le sujet réalisées par Malou Von Sivers, présentatrice de télévision et militante féministe.

En Australie, la sénatrice (mère de trois filles) Amanda Stoker est partie en croisade contre les changements de sexe chez les enfants. Les pays pionniers dans la transition de masse sont en train de devenir les pays pionniers de la dé-transition de masse.

Par ailleurs, les études sur les taux de regret ne prennent pas en compte les personnes qui quittent la «communauté trans», cessent tout suivi et sortent donc des statistiques. Et surtout, ces études ont été faites à l’époque où les enfants ne pouvaient pas transitionner, quand la transition était un traitement pour une situation très rare et très spécifique: la dysphorie de genre qui qualifie le sensation pour une personne d’être né du mauvais sexe.

Une étude de Lisa Littman – chercheuse en santé publique – explique que certaines formes de dysphorie de genre à déclenchement rapide à l’adolescence («rapid onset gender dysphoria») sont parfois causées par des traumas, des difficultés d’adaptation, des phénomènes de contagion liés aux réseaux sociaux ou à une homosexualité mal assumée dans une société où celle-ci est invisibilisée. Les recherches de Littman ont été reniées publiquement par l’université l’employant non pas en raison des moyens utilisés mais parce que les résultats invalidaient les ressentis de certains.

Certains mouvements se prétendant féministes expliquent qu’une femme est une personne qui se dit femme. Dire d’une catégorie de la population qu’elle englobe n’importe qui prétendant en faire partie, c’est dire de cette catégorie qu’elle n’existe pas.

Nous observons que les hommes ne sont pas concernés par cela: un homme est toujours une personne qui est dit homme par les autres hommes, qui est perçu homme par les autres hommes.

Comment Keira Bell, cette jeune militante lesbienne anglaise de 23 ans qui regrette aujourd’hui d’avoir pris des hormones et des bloqueurs de puberté à l’âge de 16 ans, pouvait-elle savoir qu’elle était lesbienne?

En France aussi, quand des lesbiennes veulent organiser des activités entre elles, elles subissent des pressions de la part de groupes s’identifiant féministes «queers» pour intégrer dans leurs activités des personnes transféminines attirées exclusivement par les femmes.

Nous constatons que trop souvent ces personnes essaient de contrôler notre parole, nos pratiques et notre visibilité. Nous voulons garder nos espaces, nos activités sportives et festives en non-mixité.

Les gays ont des espaces intimes à eux, les personnes trans ont des associations aussi, nous voulons pouvoir faire de même sans que certains groupes cherchent violemment à nous en empêcher au nom du droit à l’«inclusion» .

L’injonction à la transition d’adolescentes (lesbiennes ou pas) et la négation de la sexualité des femmes lesbiennes relèvent du sexisme et de la lesbophobie.

Nous alertons l’ensemble de la société sur les dangers du trans-activisme extrême (qui ne représente pas l’ensemble des personnes trans) qui occulte l’ensemble des femmes et leur demandons d’œuvrer à la visibilité lesbienne.

Celle-ci est la preuve donnée aux petites filles et aux adolescentes (y compris hétérosexuelles) qu’il est possible d’être une femme sans se conformer aux stéréotypes de genre. Plus nous tarderons à réagir, plus nombreuses seront les jeunes femmes affectées, qui pourraient se voir forcées d’effectuer une transition, et plus les dommages physiques seront lourds et irréversibles.

* La tribune est signée par l’association «44 vilaines Filles» (collectif lesbien nantais), et Marie-Jo Bonnet, Chercheuse, historienne, co-fondatrice des Gouines Rouges, lesbienne et militante féministe; Christine Le Doaré , Ex-présidente du centre LGBT de Paris et militante féministe universaliste; Yolanda Alba, Vice présidente du réseau européen des femmes journalistes et écrivaine; Florence-Lina Humbert, Journaliste 50/50 Magazine; Marguerite Stern, Réalisatrice de podcast et militante féministe; Marie Josèphe Devillers, militante lesbienne féministe; Ana Minski, écrivaine et militante; Marie Montaigue, enseignante; Valérie Pelletier, abolitionniste et militante féministe radicale; Nadia Guenet, réalisatrice radio et productrice de «la révolution sera féministe»; Julie-Elisa Go, féministe et développeuse; Chantal Hervouet, militante féministe lesbienne et abolitionniste; Alexis Solis, féministe lesbienne, abolitionniste; Martine Ragon, militante féministe abolitionniste; Morgane Ricard, militante; Valentine Minery féministe; Lucie Robin-Lesage, féministe; Marie Noëlle Gerolami, lesbienne féministe; Sophie Plisson, archéologue; Muriel Petit, enseignante; Annick Karsenty, militante feministe abolitionniste. »