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Réflexions

Les mentalités françaises: une catastrophe individualiste

Les Français sont pourris par l’individualisme. Leur relativisme est tellement immense qu’ils ne parviennent même plus à prendre quelque chose au sérieux. Le premier ministre dit : pas de football avant décembre, le PSG et Lyon comprennent qu’ils joueront à l’internationale en août et la ligue propose un plan pour recommencer le même mois.

Le président dit : pas d’ouverture de restaurants et de bars avant la mi-juillet. Que font les représentants de ces commerces ? Ils proposent un plan pour juin. Dans l’autre sens cela marche aussi. Le conseil scientifique préconise l’absence de rentrée scolaire avant septembre. Le premier ministre dit alors : rentrée le 11 mai. Histoire qu’on y comprenne plus rien, cette rentrée est différente selon les classes, selon les endroits, etc.

De toutes façons, les Français n’en font qu’à leur tête. On leur dit : pas de retour à la normale avant très longtemps, l’économie va être sinistrée, il faudra une longue période de distanciation sociale. Résultat : pour les Français, le 12 mai tout reprend comme avant.

La désillusion va être totale, le désenchantement complet. Il y a trop d’incohérence dans les mentalités françaises, trop de paresse d’esprit. Quand on voit le MJS (mouvement des jeunes socialistes) Paris dire que l’application de traçage c’est « big brother », mais qu’en même temps les documents à télécharger de ces jeunes socialistes sont sur Google docs, on a un exemple de la bouillie qu’il y a dans la tête de Français consommateurs, râleurs, superficiels, égocentriques.

Quand on pense que la France a donné naissance au protestantisme avec Jean Calvin et que son grand siècle a été le XVIIe des moralistes, on voit comment la machine capitaliste à décerveler a fonctionné à plein régime. Mais vit-on encore dans le capitalisme, ou dans le meilleur des mondes ? Le site Hémisphère gauche nous explique que le traçage c’est mal, car cela ne correspond pas à une confiance collective qu’on devrait avoir :

« Traiter l’épidémie par la surveillance individuelle, c’est finalement rejeter la responsabilité de sa maladie sur le malade, c’est prendre le risque de refaire le lien entre maladie et faute individuelle, déjà présent au Moyen-Age dans le sort que l’on réservait aux lépreux (castration, enfermement), considérant que leur maladie était une punition divine. C’est, au fond, oublier nos interdépendances.

A l’inverse, comme l’explique Yuval Noah Hariri dans le Financial Times, nous avons besoin d’une société de la confiance collective, une société de l’information transparente et de la gestion de crise en commun. Dans cette dynamique de restauration du lien social, nous devons réaliser que nos libertés individuelles sont également collectives et surtout, interdépendantes. »

Voici donc un site se revendiquant ancré à Gauche qui fait d’un futurologue interviewé par le Financial Time une référence pour s’orienter… Et qui s’imagine qu’on peut avoir une « confiance collective » dans une société rongée par l’indifférence, le consumérisme, la vanité.

La société française rentre dans le mur. Les Français sont incapables de faire face collectivement à un défi : et certains voudraient une révolution dans des conditions pareilles ? Pour qu’il y ait une révolution, si on trouve cela juste, il faut puissamment changer les mentalités, les mœurs, c’est une bataille immense à mener. Que la Gauche doit de toutes façons mener si elle veut simplement exister et ne pas se transformer en « gauche » à l’américaine avec ses primaires où gagne toujours un représentant de la grande bourgeoisie, représentant simplement des secteurs concurrentiels au parti d’en face.

Quand on voit la France, on se demande comment tant d’événements populaires de grande ampleur ont pu se dérouler de par le passé. Ne serait-ce d’ailleurs pas impossible et ne peut-on pas y voir un espoir que la vague sociale va apparaître pour de bon ?

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Société

Covid-19: l’hystérie petite bourgeoise bloquant le traçage numérique de la circulation du virus

Il devait être discuté mardi à l’Assemblée nationale d’une application de traçage sanitaire de la population, mais les débats ont été repoussé tant c’est un sujet de crispation. L’hégémonie des mentalités rétrogrades et individualistes, de l’hystérie petite bourgeoise sur les « libertés individuelles », bloque en effet toute avancée à ce sujet.

Nous somme le 30 avril 2020, soit de nombreuses semaines après le début d’une pandémie incontrôlable en raison notamment de la difficulté à tracer la circulation du virus, mais nous ne sommes pas capable de se doter d’un outil simple, efficace, qui existe déjà et qui serait d’une grande aide pour cela.

Il serait en effet grandement utile de tracer cette circulation du virus engendrant la maladie Covid-19 via les téléphones portables, en localisant les contacts qu’a eu chaque personne dont on sait qu’elle est contaminée. Ce besoin de traçage épidémiologique est à la base de toute stratégie sanitaire, c’est la raison pour laquelle il va y avoir après le 11 mai, en plus de la stratégie de tests massifs, des enquêtes sanitaires de terrains menées à grande échelle (avec 30 000 personnes mobilisées) pour remonter les chaînes de contamination.

L’utilisation de la localisation GPS des smartphones, soit la grande majorité des téléphones portables en circulation, possédés par une grande majorité de la population française entre 15 et 65 ans, aurait permis d’aider en cela, bien avant le 11 mai. Cela aurait été d’autant plus simple à mettre en place que le système existe déjà techniquement. L’application Google Maps par exemple trace avec une grande précision les trajets quotidiens de chaque utilisateur, connaissant les magasins dans lesquels il est rentré, les rues qu’il a emprunté, et permet même de déduire si un vélo ou une voiture était utilisée pour un déplacement.

Les données sont enregistrées sans limites de temps et on peut tout à fait savoir via son compte Google où l’on se trouvait précisément le même jour l’année dernière, même si l’on a changé de téléphone, pour peu qu’on ait toujours le même compte Google et qu’on avait son téléphone sur soi.

De la même manière, le premier réflexe de n’importe qui perdant ou se faisant voler son Iphone, sera de se connecter ailleurs pour le localiser, le téléphone étant suivi à la trace sur les serveurs d’Apple.

Il est possible de désactiver cela, mais presque personne n’y prend garde et cela n’a jamais ému grand monde jusqu’à présent. Les Français n’ont donc aucun problème à être suivis à la trace par Google ou Apple… Mais les voilà scandalisés que l’État puisse organiser un telle traçage pour des raisons sanitaires. C’est pour le moins odieux. De l’extrême-gauche à l’extrême-droite, de la Gauche à la Droite, il y a eu une levée de bouclier massive contre l’idée même de ce traçage, au nom de prétendues « libertés individuelles ».

Pour un esprit prolétaire pourtant, il n’y a aucun rapport entre des « libertés individuelles » d’un côté et le fait que l’État ait les moyens de tracer des déplacements pour déterminer des contacts dans un but sanitaire. Pour l’esprit petit-bourgeois par contre, totalement hégémonique en France, l’État est vu comme un monstre froid, machiavélique, voulant manipuler les esprits et décider de la vie des gens.

Plutôt que d’aider à sauver la vie de milliers de personnes, surtout des personnes fragiles, on a donc des gens qui s’imaginent entravés dans leur « liberté » parce que l’État organiserait un suivi numérique des mouvements de la population. C’est l’individualisme capitaliste le plus total.

Qu’il y ait une pression démocratique, sur le plan technique, pour assurer la sécurité de ces données, afin qu’elles ne tombent pas dans les mains de grandes entreprises, c’est une chose. Mais tout de même, c’est un aspect largement secondaire par rapport à l’intérêt que produirait un tel traçage dans la lutte contre l’épidémie, en déterminant de manière assez précise sa circulation et en prévenant les gens potentiellement contaminés.

Qu’ont donc à « cacher » à l’État tous ces gens ? L’État sait déjà où ils habitent et où ils travaillent, et en tant que tel il n’a que faire de savoir s’ils ont été au Super U à 13 heures plutôt qu’à Auchan à 15 heures. Leur panique devant l’État n’est qu’une simple expression de petit-bourgeois réfutant tout collectivisme.

Par contre, on comprend aisément l’intérêt de savoir qu’une personne positive au virus s’est rendue à telle heure dans tel magasin ou tel bus, et qu’elle y a croisé telle et telle personnes. Ces dernières peuvent alors être alertées, afin de redoubler de vigilance vis-à-vis de leur entourage dans un premier temps, puis d’être testées rapidement si possible. Cela contribue au fait d’avoir une vision d’ensemble sur la circulation du virus, pouvant conduire à isoler rapidement des groupes de personnes, des zones, etc. C’est ainsi qu’on peut lutter contre une telle pandémie, en l’absence de vaccin ou médicament.

Mais non, des gens se sont massivement offusqués contre une telle opportunité. Nous sommes donc bloqués à cause de mentalités profondément arriérées, dont le ridicule n’a ici d’égale que l’irresponsabilité que cela engendre sur le plan sanitaire. L’État français, décadent (et certainement pas le monstre puissant qu’imaginent les petits-bourgeois), n’a pas été en mesure d’imposer ce traçage. Il n’a fait que reculer, finissant par n’envisager qu’une solution via Bluetooth, extrêmement complexe sur le plan technique et beaucoup moins efficace qu’une solution par GPS.

L’application n’est donc toujours pas au point, et est même ralentie à cause d’une difficulté technique (concernant le Bluetooth) sur les Iphones. Si l’application existe un jour, on peut largement redouter qu’elle soit sous-utilisée par un grand nombre de personnes irresponsables la refusant. Ce sera d’ailleurs un très grand marqueur sur le plan culturel que de voir ceux l’acceptant et ceux la refusant.

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Politique

11 mai: la stratégie dangereuse de la responsabilité individuelle à la française

Une nouvelle fois, le premier ministre a endossé la casquette du bad cop, de l’empêcheur de déconfiner en rond dans son intervention du 28 avril, alors que les Français immatures s’imaginaient pouvoir tout reprendre comme avant à partir du 11 mai. Seulement, le bad cop en question n’a aucun moyen, ni politique, ni matériel, ni structurel, et il s’en remet à la « responsabilité » individuelle pour espérer éviter une seconde vague de contamination. C’est un choix par défaut qui s’avère très dangereux, risquant par là de faire payer de nombreuses personnes âgées et fragiles du prix de leur vie.

Édouard Philippe a eu le mérite hier de couper court à un certain nombre de fantasmes : celui de la reprise des matchs de football, du retour immédiat à la plage, des mariages, des week-ends dans la famille lointaine, etc.

Le 11 mai ne sera qu’une étape et les restrictions seront encore importantes, la date du 11 mai n’étant d’ailleurs plus une promesse (comme l’avait faite le cynique Emmanuel Macron), mais un objectif soumis à des critères précis. Il doit y avoir un plan massif de dépistage et de recensement de l’entourage des personnes contaminées, avec du personnel non-directement médical mobilisé pour assister cette organisation de grande ampleur.

Les masques seront obligatoires dans les transports en commun, qui auront l’obligation de fermer un siège sur deux et de prévoir une distance entre les passagers, l’offre de transport national sera maintenue à un niveau faible, les parcs resteront fermés dans les régions les plus durement touchées, les rassemblements de plus de 10 personnes, privés ou publics, seront prohibés, il ne sera pas autorisé de se déplacer à plus de 100 kilomètres sde son domicile.

Ce sont des mesures importantes, cohérentes avec la situation sanitaire, mais largement insuffisantes. Le premier ministre, comme il l’a très bien exprimé, a tout à fait conscience du risque de circulation massive du virus après le 11 mai, mais il n’a pas les moyens d’assumer toutes les mesures nécessaires, ni d’encadrer véritablement celles qu’il prend. Il s’en remet donc aux choix individuels, à la « responsabilité individuelle » sur laquelle il a beaucoup insisté.

C’est un aveu de grande faiblesse de la part de l’État, contraint de céder face à la pression grandissante de pans entiers de la société prêts à sacrifier les personnes les plus fragiles. Les personnes de plus de 65 ans d’ailleurs, devront se débrouiller pour « choisir » comment continuer à se protéger du mieux possible, alors qu’on l’aura compris le reste de la population pourra quasiment sans contrainte prendre le risque de faire circuler le virus de manière importante en ne respectant pas ce qui ne relèvera finalement que de recommandations.

Pour se dédouaner de la faiblesse de son plan, le premier ministre a beaucoup parlé des acteurs « locaux » ou de « terrain », à qui il veut « laisser le maximum de souplesse ». Cela signifie par exemple que les commerçants auront le choix d’interdire ou non l’accès de leur magasin sans masque, tout comme les parents celui d’envoyer leur enfant à l’école ou au collège, celui des départements ou des mairies d’ouvrir les établissements, etc.

De la même manière, les préfets se voient confier des responsabilités immenses pour gérer à leur sauce dans leur propre département. Cela les rendra très vulnérables aux multiples pressions locales poussant à déconfiner au maximum, surtout dans les régions les moins touchées. Ainsi, le maintien de la fermeture des grands centre commerciaux à envergure régionale annoncée par Édouard Philippe pour limiter la circulation des individus est une très bonne chose, mais elle sera à la discrétion des préfectures. Tout comme finalement un certain nombre de restrictions, qui pourraient être levées localement, progressivement, etc.

Le risque est donc immense dans ces conditions de voir une seconde vague de contamination, et c’est ce qui pend au nez d’une France culturellement libérale, voire libérale-libertaire. Les gens n’ont pas de patience, pas de moralité, pas de conscience des besoins collectifs, et si cela est dit de manière ici trop unilatérale, cela reste tendanciellement vrai.

Les Français restent dans la mesure, dans un éternel entre-deux, qui convient très bien au capitalisme pour tout se permettre et tout faire passer, mais lorsque le défi collectif est obligatoire, alors forcément on va dans le mur…

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Écologie

Chasse aux blaireaux: One Voice lance une campagne contre la vénerie sous terre

L’association de protection animale One Voice a lancé hier une grande campagne contre la vénerie sous terre. Cette pratique immonde de chasse aux blaireaux est très peu connue, tout comme la chasse à courre, et est particulièrement barbare.

One Voice a publié hier cette vidéo, dont les images sont difficilement soutenables :


C’est le fruit d’un travail d’infiltration, pour documenter cette pratique absolument détestable, qu’aucune société avancée ne saurait tolérer.

Un site dédié à été lancé pour la campagne : jaimelesblaireaux.fr

Le nom du site internet est d’ailleurs particulièrement bien choisi, assumant une affirmation culturelle positive, ouvertement en faveur des blaireaux, et pas simplement contre cette pratique humaine détestable.

On retrouve une pétition, dont nous reproduisons le texte ci-dessous :

« Le déterrage des blaireaux est un « loisir » cruel, déguisé en soi-disant chasse utile et nécessaire. Ces animaux sensibles et sociaux sont accusés de tous les maux. Leur existence dans la nature n’est pourtant en rien un obstacle aux cultures. Les blaireaux sont d’ailleurs des animaux protégés en Angleterre, au Pays de Galles, ainsi qu’aux Pays-Bas, au Danemark, en Grèce et en Hongrie.

La France fait donc exception en Europe. Ces mensonges permettent aux chasseurs de les persécuter et de les massacrer jusque dans leurs terriers, qu’ils soient adultes ou juvéniles, de la mi-mai à la mi-janvier tous les ans.

Les images inédites d’enquête de One Voice, montrent toute la violence de ce « loisir », qui fait non seulement des victimes parmi les animaux, mais aussi des dégâts au sein des forêts. Cette pratique sadique maltraite également les chiens, contraints à s’enfoncer et rester sous terre pendant des heures, risquant blessures, problèmes pulmonaires, oculaires, et même de se retrouver enterrés vivants en cas d’éboulement du terrier.

J’aime les blaireaux !

Les mots sont fondamentaux dans la manière dont nous nous figurons le monde. En argot français, « blaireau » est péjoratif. Dans le Robert, il désigne un « personnage antipathique, borné et mesquin. » ; dans le Larousse, un « individu conformiste, borné, niais ». Il est nécessaire de faire évoluer les mentalités autant que les réglementations. Plus de huit Français sur dix demandent l’interdiction de la vénerie sous terre.

Je soussigné.e, demande avec One Voice l’interdiction de la vénerie sous terre, la protection des blaireaux dans toute la France, et que le terme « blaireau », quand c’est une insulte, soit retiré du dictionnaire. »

> Cliquez ici pour signer la pétition

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Politique

Décès de Henri Weber, figure socialiste issue des JCR et de la Ligue Communiste

Figure du courant trotskiste frankiste-pabliste, Henri Weber a ensuite rejoint le Parti socialiste dont il a été un des principaux stratèges à partir des années 1990. Il vient de décéder des suites du covid-19.

Surréaliste. Alors que Henri Weber est décédé en raison du covid-19, Gala titre un article « Carla Bruni a le cœur brisé : son touchant hommage à Henri Weber ». C’était en effet un de ses amis très proches. Comment Henri Weber a-t-il pu se transformer au point de devenir une figure de la « Gauche » la plus bourgeoise, la plus hypocrite ?

Car Henri Weber, c’est un des cadres rompant avec l’Union des Étudiants Communistes pour fonder les Jeunesses Communistes Révolutionnaires, juste avant 1968, dont lui-même est une figure. Les JCR, une structure frontiste trotskiste, donna la Ligue Communiste, au service d’ordre éprouvé dont Henri Weber sera le fondateur et le responsable.

> Lire également : Henri Weber et mai 1968

Seulement voilà, Henri Weber s’est fait happer par la faculté expérimentale de Vincennes, un bonbon sucré empoisonné donné par l’État. Il devint professeur de philosophie politique, aux côtés de Daniel Bensaïd. Ce dernier, l’un des dirigeants historiques des JCR puis de la Ligue Communiste (et la Ligue Communiste Révolutionnaire), descendra pourtant en flamme Henri Weber dans un long texte en 1998, que le NPA, successeur de la Ligue Communiste Révolutionnaire, s’est empressé de republier.

Car Henri Weber a assumé de tourner la page du « gauchisme ». Lorsqu’il a été à la tête du service d’ordre, la Ligue Communiste s’orientait vers la clandestinité et l’affrontement militaire. Le film « Mourir à trente ans » raconte cet épisode de manière romantique, en gommant que les JCR ne sont pas nées spontanément mais comme « front » trotskiste. Or, ce front n’hésitait pas à saluer Che Guevara et Ho Chi Minh, au grand dam des trotskistes historiques.

C’était l’expression d’un romantisme gauchiste que les JCR surent capter, mais la tendance alla donc au guévarisme, au principe du foyer révolutionnaire (aujourd’hui encore, on retrouve le principe foquiste chez des postmodernes se revendiquant paradoxalement de Mao Zedong, ce qui est absurde). L’interdiction de 1973, pour de violents affrontements avec l’extrême-Droite, fit abandonner cette direction et la Ligue Communiste devenue Ligue Communiste Révolutionnaire s’orienta vers une sorte de néo-syndicalisme avec une grande ouverture aux « mouvements sociaux » et un soutien total aux mœurs libérales-libertaires.

L’objectif si ambitieux disparu, il fallait soit assumer de vouloir la guerre révolutionnaire et tout relancer, soit continuer en passant à autre chose en considérant que l’époque avait changé. Henri Weber rompit alors avec la LCR, abandonnant la politique au début des années 1980 avant de rejoindre le Parti socialiste en 1986, tout comme d’ailleurs un trotskiste d’une autre faction, Jean-Christophe Cambadélis.

Henri Weber sera alors un cadre socialiste, comme conseiller technique au cabinet de Laurent Fabius à la présidence de l’Assemblée nationale, chargé de mission de ministres chargés des relations avec le Parlement, sénateur, député européen. Il deviendra d’ailleurs à partir de la fin des années 1990 l’un des principaux stratèges du Parti socialiste.

Il a été une figure du passage du Parti socialiste sur une ligne post-socialiste, post-moderne ; François Hollande l’a d’ailleurs salué avec chaleur :

« Henri Weber était une grande et belle figure de la gauche. Il ajoutait à son érudition une clarté d’analyse, un goût de l’action et une fraîcheur militante avec un humour joyeux qui enchantait jusqu’à ses contradicteurs.

Venu du mouvement de mai 68, il avait rejoint le Parti socialiste car il savait que la Gauche avait besoin d’une force centrale pour aspirer à gouverner. Il y a encore quelques semaines il appelait à un dépassement pour renouveler la social-démocratie que la crise sanitaire qui l’a emporté remet au cœur du débat public.

C’est un homme généreux et un intellectuel lumineux qui disparaît aujourd’hui. Et aussi un ami cher.

J’adresse à Fabienne et à ses enfants mes sentiments affectueux. »

La photo mise par François Hollande présente d’ailleurs Henri Weber à l’arrière-plan alors que lui-même fait face à Lionel Jospin. C’est tout un symbole, Henri Weber résumant mai 1968 à une révolte « démocratique et libérale » et tournant totalement le dos à son passé révolutionnaire. Paradoxalement, son choix a été plus marquant que celui de la LCR, qui s’est effondrée en devenant le NPA, faisant du sous-Henri Weber, car au moins Henri Weber a assumé de passer à autre chose.

Reste que tout cela ne fait pas bien rêver et qu’on chercherait vainement un contenu. On a ici affaire à un social-romantisme n’allant somme toute pas bien loin, qu’il soit ouvertement réformiste ou bien à prétention transformatrice.

> Lire également : Polémique Edwy Plenel-Henri Weber sur les gilets jaunes
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Écologie

Covid-19 : déclaration de la coalition européenne pour la fin des tests sur les animaux

Voici la déclaration de la coalition européenne pour la fin des tests sur les animaux, publiée par One Voice qui en est le représentant français. 

« C’est un inconvénient bien connu et majeur des expérimentations animales : elles sont lentes – trop lentes en période de pandémie comme celle du SRAS-CoV-2 à laquelle nous sommes actuellement confrontés. Scientifiques et ONG dénoncent depuis longtemps l’inefficacité de la recherche basée sur l’expérimentation animale – en particulier dans le domaine de la modélisation des maladies et du développement de médicaments. En outre, des échanges ont lieu depuis des années avec différents acteurs du monde médical. Les conclusions en sont que des modèles pertinents pour l’humain doivent être établis, optimisés et validés. De nombreux modèles de recherche avant-gardistes sont déjà au point, comme les modèles cellulaires tridimensionnels du poumon humain et du système immunitaire, ou encore les fameux organes sur puce.

Pourtant, le financement de la recherche est largement affecté à des projets recourant à l’expérimentation animale alors que très peu d’argent est investi dans l’optimisation et la mise en place de technologies basées sur l’humain. Il serait sage de déplacer notre paradigme scientifique vers une recherche sans animaux afin de disposer de modèles de recherche pertinents pour notre espèce en prévision des futures pandémies. De tels modèles in vitro sont plus rapides et plus efficaces que la recherche animale car ils ne butent pas contre le problème des différences spécifiques. D’innombrables animaux souffrent actuellement d’expérimentations liées au COVID-19, effectuées dans le but de trouver « le bon modèle animal » pour étudier le virus et ses propriétés infectieuses. Les furets sont maintenant considérés comme un excellent « modèle », car ils sont infectés par le SRAS-CoV-2. Cependant, les furets ne développent aucun symptôme de la maladie tel qu’observé chez les humains, ce qui fait de cette approche une voie sans issue.

Ce type de stratégie est malheureusement établi de longue date : les résultats d’expériences menées sur des animaux et qui ne s’appliqueront probablement jamais aux humains sont présentés au public comme de grandes réussites. D’autres espèces animales sont utilisées pour la recherche sur le COVID-19 bien qu’elles ne soient même pas infectées – les souris par exemple. Les souris génétiquement modifiées précédemment créées pour étudier d’autres virus de type corona, sont maintenant vendues comme des « boîtes à outils » spéciales afin de déterminer si elles peuvent être utiles à la recherche sur le SRAS-CoV-2. D’autres approches prônent le recours aux souris humanisées afin de les rendre sensibles à une infection virale lors de l’insertion de gènes humains dans leur génome. Outre de très faibles chances de succès, de telles tentatives sont contraires à l’éthique et prennent beaucoup de temps. La génération et la reproduction d’animaux génétiquement modifiés réclament des mois. Les expériences in vivo s’étalent sur plusieurs mois ou années et les chances d’obtenir des résultats expérimentaux pertinents pour les humains sont très faibles.

L’histoire nous a enseigné à maintes reprises que les expériences sur les animaux ne sont pas la méthode adéquate pour trouver des vaccins. Elles exigent des années de travail et des coûts s’élevant à des centaines de millions d’euros, voire davantage. Pour de nombreuses maladies virales telles que le VIH, le MERS ou d’autres virus du SRAS, nous n’avons pas réussi à développer de vaccins efficaces à ce jour en dépit d’années de recherches approfondies.

Chaque pandémie, à l’instar de celle qui nous affecte actuellement, est une chance pour les politiques et les décideurs d’apprendre des erreurs passées. La prochaine arrivera tôt ou tard et nous devrons être préparés à l’affronter, armés de modèles de recherche pertinents permettant le développement rapide et fiable de médicaments. Ceci au nom de la sécurité humaine et de tant d’animaux qui souffrent pour une recherche qui ne tient pas ses promesses.

Déclaration commune de l’ECEAE (coalition européenne pour la fin des tests sur les animaux) sur la recherche sur le COVID-19. »

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Écologie

«Un soutien suite à condamnation interpellation pour nourrissage de chat»

Voici un très important appel à la solidarité. Les faits exposés dans la pétition, qu’il faut impérativement signer, parlent d’eux-mêmes ! La France est un pays terriblement arriéré en ce qui concerne la question animale et cet exemple reflète tout à fait les mentalités. En Allemagne la plupart des policiers auraient aidé la personne, ici on a des CRS qui la harcèlent !

> Signez la pétition en cliquant ici

« Un soutien suite à condamnation interpellation pour nourrissage de chat

Prenez quelques minutes pour lire ceci s il vous plaît.

Pendant ce confinement. Une employée de grandes surfaces, travaillant tous les matins afin de faire prospérer le bon fonctionnement des achats de premières nécessités pendant cette pendemie se retrouve à être convoquée au tribunal le 3 septembre 2020, pour les raisons suivantes :

Le 22 mars 2020 vers 20h, alors qu elle se trouvait sur un parking longeant le front de mer afin de nourrir sa communauté de chats, communauté qu elle nourrit, soigne et stérilise, depuis 5 ans. Une communauté qui est, par ailleurs protégée et encadrée par une association. Une patrouille de CRS, deux hommes et une femme vient à sa rencontre lui demandant ce qu elle fait. Elle répond simplement qu elle nourrit les chats après son temps de travail, qu’elle était bien évidemment seule, sur un parking vide, qui plus est, munie de son autorisation de sortie à jour et signée ainsi que sa pièce d identité. L un d entre eux à répondu qu il n en avait que faire de ces papiers et qu’ils n étaient pas valables, qu elle n avait rien à faire ici et la verbalise de 135 euros d amende.

À la suite de cette verbalisation et selon les lois actuelles, elle obtient une attestation, émanant de ladite association, lui octroyant le droit de nourrir les chats et ainsi de continuer à exercer cette activité en toute l’égalité.

Le 24 mars, alors munie de l attestation de déplacement ainsi que celle de son association, la même patrouille revient à la charge, ils s approchent et commencent à s énerver contre  cette femme, la menaçant d une amende de 1500 euros si elle ne partait pas tout de suite, sans prendre le temps de regarder son attestation. Menacée par les CRS elle est forcée de quitter les lieux, pour la deuxième fois.

Le 03 avril 2020, alors qu’elle quitte son travail à 9h du matin, ayant commencé à 3h du matin, l association lui téléphone pour lui annoncer qu un de ses chats s est fait écraser et qu il faudrait aller le récupérer. Arrivée sur le lieu de l incident, toujours munie de son attestation de sortie et celle de l association, elle récupère le chat le met dans sa voiture et appelle la clinique vétérinaire qui l attendait pour une incinération.

Cependant, la patrouille de CRS, composée des mêmes personnes que les fois précédentes, arrive. L un d eux baisse la vitre et hurle « vous me prenez pour un con », calmement, elle tente de leur expliquer la situation. Ils descendent alors du camion, ne veulent rien entendre et commencent à l intimider, la harceler. Elle prends alors la decision d appeler devant eux et en haut-parleur, la responsable de l association. Ils refusent d écouter. Elle leur demande, toujours calmement, leur matricule par mesure se sécurité, car elle se sent de plus en plus menacée. C est à ce moment là, qu ils lui arrachent le téléphone des mains, la bousculent, l agressent. Ils l ont poussée contre le véhicule afin de la menotte. Jusqu à leur arrivée au commissariat, les CRS se sont montres odieux, envers cette femme, la traitant comme une criminelle.

La voilà en garde à vue de 10h à 19h. Auditions, confrontations, visite médicale s enchaînent. Les CRS portent plainte contre elle, l obligeant à se présenter devant un tribunal le 3 septembre prochain.

Leurs pratiques sont totalement inadmissibles. Elle a été harcèlee, provoquée, frappée, insultée, menottes, mise en garde à vue alors qu elle nourrissait, seule, des chats protégés par une association. Ces pratiques ainsi que ces comportements sont honteux et nous comptons sur vous pour répondre à cette injustice en signant cette pétition. Une cagnotte leetchi à été également mise en place à votre bon cœur et un grand merci à vous tous .

Votre aide est très précieuse, prenez le temps s il vous plaît de signer cette pétition pour que nous puissions l aider à ne pas être condamnée. Merci à tous »

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Écologie

Le projet antidémocratique Internet Starlink par l’entreprise SpaceX

L’entreprise Space X présidée par Elon Musk vient de lancer de nouveaux satellites dans l’orbite terrestre afin de bâtir un nouveau réseau internet. Également connu comme président de l’entreprise d’automobiles électriques Tesla, Elon Musk est le représentant de cette bourgeoisie totalement décadente perdant pied avec le réel mais s’imaginant à l’avant-poste de la modernité.

Le milliardaire Elon Musk, ancien conseiller de Donald Trump, a lancé ces derniers jours 60 nouveaux satellites de son projet « internet Starlink », autorisé par Commission fédérale des communications des États-Unis en 2018. Ils font dorénavant partie des 420 satellites d’internet Starlink, avec à terme la mise en orbite d’un peu plus de 12 000 satellites pour un lancement officiel en 2025.

Placés dans la basse orbite (200 – 500 km d’altitude), ces satellites veulent offrir un réseau qui sera donc indépendant de l’actuelle infrastructure terrestre et marine, avec comme objectif principal d’augmenter le débit d’internet. Les satellites de Starlink pourraient offrir un temps de communication extrêmement court, de l’ordre de 25 millisecondes de latence (pour 30 à 60 millisecondes actuellement pour un très bon accès internet).

Le lancement des derniers satellites n’a pas manqué d’alerter bon nombre de gens, pensant y voir des ovnis ou des étoiles filantes. Et c’est bien là que réside le problème : le projet est inconnu des larges masses avec une grande entreprise qui impose son projet par « en haut ». Il a fallu qu’en plein confinement les gens s’aperçoivent des traînées de lumières diffusés par les satellites dans la nuit pour que le projet soit mieux connu.

Car la question de l’utilisation (ou non) de l’espace planétaire est une question éminemment démocratique, tant la connaissances des étoiles et du système solaire en général fait partie d’une connaissance populaire répandue. La passion pour les éclipses en est une bonne illustration et plus que jamais la nuit étoilée fait partie d’un rapport universel à la nature, et à la science.

Alors que la pollution lumineuse terrestre causée par les spots publicitaires et l’éclairage inutile défigure cette contemplation populaire, voilà que le projet Starlink va encore assombrir la nuit étoilée.

Pour le capitalisme, la nature est surtout un obstacle à faire sauter pour les besoins d’accumulation du capital. À cela s’ajoute l’anarchie complète de ce mode de production qui se développe dans le mépris total des conséquences à moyen-long terme sur l’environnement.

Le projet Space X va ainsi multiplier de plusieurs fois le nombre de satellites dans l’espace terrestre. À titre de comparaison, en 2018 la mission d’exploration spatiale Kepler a déployé 140 satellites. Or, les satellites à basse altitude ont une durée de vie très courte, ce qui la pose la question du traitement des satellites déchus à l’heure où les débris spatiaux est un grand problème. Il y a actuellement des milliers de débris, dont 8 000 de plus de 10 cm, qui circulant à plus de 8km/sec dans l’espace, menaçant toute la sécurité spatiale, que le film Gravity l’illustre bien.

> Lire également : Débris spatiaux, une poubelle autour de la Terre

Le projet Starlink correspond à une tentative d’élargissement des capacités d’accumulation du capital au moment même où la machine se grippe de manière irréversible. Cela pourrait bien ouvrir la boite de Pandore pour des grandes entreprises en quête d’un nouveau terrain vierge. C’est déjà par exemple le cas de cette start-up russe Startrocket qui souhaiterait commercialiser des espaces publicitaires dans l’espace ou encore Amazon avec un projet similaire d’internet nommé « Kuiper ».

Développé dans un cadre démocratique et fondé sur la dignité populaire, un tel niveau technologique devrait pourtant être utilisé à des fins universelles. Cet objectif universel, populaire, c’est la recherche scientifique, ou plutôt la quête scientifique de nouvelles formes de vie dans l’univers comme le font déjà de nombreuses explorations sur les exoplanètes.

L’espace doit rester tel qu’il est et ne pas être pollué par des infrastructures visant simplement l’élargissement du capital. La reconnaissance de la nuit étoilée comme porte d’entrée vers la vie et l’Univers doit être une bataille démocratique contre le projet mortifère de SpaceX.

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Politique

Pourquoi les entreprises autrichiennes ont-elles des masques et pas l’État français?

C’est un paradoxe marquant. Depuis le 6 avril, les commerces autrichiens de la grande distribution distribuent des masques aux clients, de manière gratuite. Comment font-ils alors que l’État français souffre terriblement pour s’en procurer ?

Que ce soit au magasin bio ou au supermarché, on obtient en Autriche un masque à l’entrée. Pour ajouter au cliché autrichien de la méticulosité germanique maniaque et parfois pittoresque, il y a des désinfectants pour les mains, les barres des chariots ou des paniers en plastique qui sont désinfectés. Les clients ont parfois des masques et… n’en demandent pas un autre pour en stocker, tout en respectant la distanciation sociale.

La situation ne serait pas dramatique, on rirait presque devant un portrait si tranchant avec le mentalités françaises et les moyens français. Mais comment diable des entreprises d’un petit pays d’Europe centrale ont-elles réussies à importer des dizaines de millions de masques là où l’État français souffre le martyr en espérant être prêt le 11 mai 2020 ?

Plusieurs économistes libéraux en font un cas d’école. Ils profitent de cet exemple pour expliquer que le capitalisme est plein d’initiatives, alors que l’État est par définition bureaucratique. Par conséquent, une foule de petites entreprises réussissent de par leurs activité là où une structure centralisée échoue forcément. Lorsqu’il y a la loi mise en place, il aura donc fallu simplement quelques jours aux entreprises pour être prêtes.

C’est là un véritable conte de fée capitaliste, digne du rêve américain. Car on parle là d’un capitalisme particulièrement monopolisé. Les commerces de la grande distribution relèvent de véritables mastodontes. Spar est un monstre néerlandais de plus de 13 000 magasins dans 48 pays, dont plus de 1500 en Autriche. Rewe est un géant allemand encore plus grand, avec des supermarchés et du tourisme, pour un chiffre d’affaires de plus de 50 milliards d’euros !

Il s’avère simplement que de tels monopoles parviennent à agir davantage que l’État français. Cela correspond à une situation où quelques monopoles mondiaux s’avèrent toujours plus puissants et cela même que des États. On s’imagine même que ces États passent sous leur coupe en partie ou totalement. L’État chinois est aux mains de tels monopoles, mais aux États-Unis on sait que c’est pareil.

En Autriche, il y a pareillement un tel monopolisme. Si les rapports sociaux sont totalement pacifiés, au point qu’il n’y a jamais aucune grève, il y a une infime minorité ultra-riche, vivant dans une bulle, dont le propriétaire de Red Bull est un exemple assez représentatif. Il y a énormément des droits sociaux, un vrai capitalisme par en bas, une administration étatique efficace, mais à un autre niveau tout est corrompu, tant par les mafias que les monopoles. C’est cependant invisible, très propre, parfaitement rôdé. C’est cette situation qui explique le succès des populistes.

La France a pourtant également des monopoles. Cependant, la situation est totalement différente. En Autriche, les rapports sociaux sont pacifiés de manière totale, ce qui se concrétise sous la forme d’un deal : il n’y a jamais de grèves et en échange on accorde aux travailleurs un certain niveau de vie. C’est la même tendance en Allemagne, même si en un tout petit peu moins réussi. En France les monopoles ne sont pas dans un tel esprit de compromis. La démarche est d’arracher autant que possible, les syndicats font pareil et tout le monde s’accorde sur un compromis plus ou moins bancal.

L’Autriche de la cogestion est ainsi un enfer pour qui veut changer les rapports sociaux et la France inversement un paradis… En apparence. En réalité, une Gauche très forte existe en Autriche, avec une tradition ouvrière puissante et un prolongement sous la forme des agitations autonomes à l’extrême-gauche plus ou moins soutenu en sous-main. En France, on a l’apparence de la contestation mais tout sert en réalité une cogestion indirecte, due à la faiblesse des syndicats et à la pacification sociale ouverte.

Là où par contre la situation est différente, c’est qu’en cas de crise, forcément la cogestion ouverte encadre jusqu’au bout, tandis que dans la cogestion indirecte il n’y a pas de partenaires, pas de terrain de neutralisation des conflits sociaux. Évidemment, un petit pays comme l’Autriche, satellite de l’Allemagne, peut se permettre une telle démarche. La France, avec ses incroyables ambitions, est perpétuellement obligé de forcer, de vivre au-dessus de ses moyens.

C’est là l’arrière-plan de toute cette question des masques. Et cela montre que la situation devient toujours plus compliquée, qu’il faut une grille d’analyses bien développée pour comprendre ce qui se passe. Et ce n’est qu’un début !

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Société

Les incroyables et scandaleuses exigences de la Fédération française de cyclisme

Dans un communiqué publié ce samedi 25 avril, la Fédération française de cyclisme exige qu’on lui autorise les entraînements à vélo, puis la reprise rapide des compétitions. C’est un mépris scandaleux de la crise sanitaire en cours, avec le risque d’une deuxième vague de l’épidémie de Covid-19.

Le pays traverse une crise sanitaire historique doublée d’une crise économique qui s’annonce sans précédent. Il y a des milliers de morts, d’autres à venir, des personnes guéries mais avec des séquelles lourdes, des services de santé encore très chargés, des personnes âgées bloquées seules chez elles ou dans leur chambre d’Ephad depuis plusieurs semaines. Mais, mais, la Fédération française de cyclisme (FFC) exige par contre qu’on autorise les quelques milliers de compétiteurs cyclistes à reprendre l’entraînement sur route le 11 mai, puis les compétitions rapidement.

Le communiqué de la FFC n’y va pas par quatre chemins : « se réinventer oui, disparaitre (sic) non ! ». Son discours est simple, revenant à dire on a joué le jeu, mais tout ceci à assez durer, laissez nous reprendre comme avant.

Pour justifier cette incroyable exigence, qui relève carrément du caprice dans un tel contexte sanitaire, la FFC ment éhontément.

Le premier mensonge, particulièrement cynique, c’est celui de l’intérêt collectif :

« Il serait impensable que les restrictions de pratique individuelle du cyclisme puissent perdurer au-delà de cette date [du 11 mai], à l’heure où de plus en plus de voix, comme celle de l’OMS, s’élèvent pour souligner les bienfaits de la pratique du vélo sur la santé publique. Cela constituerait une véritable discrimination vis-à-vis de notre sport alors, qu’au contraire, le vélo présente une opportunité sans précédent de transformer en profondeur et de manière pérenne la mobilité dans notre pays. »

Très bien, mais quel est le rapport ? Il n’y a aucun rapport. Le monde du cyclisme de compétition n’a pas de lien avec celui de la pratique de loisir, de la balade, etc. Et c’est bien normal, car ce sont deux choses différentes. La Fédération française de football ne s’occupe pas des gens jouant au ballon dans un parc ou à la plage, cela n’aurait aucun sens.

La FFC prend donc les gens pour des imbéciles quand elle parle de santé publique et de mobilité dans le pays, car ce n’est pas de son ressort. Les gens prenant leur vélo pour aller au travail ou se balader n’ont que faire de la FFC, et inversement. Ce qui compte pour la FFC, c’est son sport, elle le reconnaît elle-même à la fin du communiqué :

« Le Cyclisme est un sport de plein air, qui trouve son meilleur terrain de jeu pendant l’été. »

Il s’agit donc de retrouver son terrain de jeu. C’est une préoccupation légitime, mais qui ne saurait induire quelque exigence en cette situation particulièrement compliquée pour la société toute entière.

Le second mensonge, bien plus grave, est celui du respect des règles sanitaires. La FFC prétend ainsi :

« Nous travaillons sur un plan d’accueil et notre objectif est de démontrer clairement qu’avec des gestes barrières facilement applicables et en respectant des mesures de distanciation sociale, il est possible de pratiquer le cyclisme, sans s’exposer soi-même ou exposer les autres à un risque de contamination. »

Cela n’a aucun sens. Soit chacun roule seul et ne contamine personne, soit il y a une activité de club, d’accueil, quelle qu’elle soit, et il n’y a pas de distanciation sociale. La FFC prétend « démontrer », mais elle ne démontre rien, car il n’y a rien à démontrer.

Le cyclisme, par définition, est un sport de promiscuité sociale. Chacun a en tête les images de pelotons cyclistes, que ce soit en course ou à l’entraînement par petits groupes sur les routes de campagne. Rien n’est plus important dans le sport cycliste que l’abri, c’est-à-dire le fait de pouvoir s’abriter du vent derrière ou à côté d’un adversaire, un coéquipier, un partenaire d’entraînement. Cela exige une proximité immédiate, faisant que l’on se touche régulièrement le coude, la roue, le guidon, que les gouttelettes de transpiration, de salive, circulent de manière particulièrement importante entre les coureurs.

Il est donc complément mensonger de la part de la FFC de prétendre ensuite :

« C’est pourquoi, il nous paraît fondamental de pouvoir organiser nos compétitions, dans le respect des mesures sanitaires définies par l’État, le plus rapidement possible. »

Ou encore :

« Aussi, pour la reprise, et lorsqu’il sera temps, nous travaillons à trouver de nouveaux formats d’épreuves qui pourront intégrer les contraintes sanitaires. »

Cela n’a aucun sens, il est impossible d’organiser une course cycliste en respectant les règles de distanciation sociale… à moins de n’organiser que des épreuves de contre-la-montre ou de poursuite individuelle sur piste, mais dans ce cas autant le faire sur home-trainer depuis chez soi sur une plateforme numérique… Ce qui est en fait déjà fait par beaucoup de cyclistes pendant le confinement.

La compétition sportive est une activité sociale d’une importance majeure et cela mérite des décisions claires, rapides, précises de la part des autorités, dans l’intérêt des sportifs et par respects pour toutes les structures sportives. La FFC par contre, avec ses mensonges, avec ses exigences d’enfant gâté, n’aide en rien.

Elle ne fait qu’ajouter de la frustration, de la confusion, elle participe pleinement à la décomposition du corps social, au profit de l’individualisme le plus méprisable. En assumant vouloir reprendre les compétitions le plus vite possible, elle assume le refus de la distanciation sociale et banalise ce refus. C’est très grave, presque criminel tant on sait qu’un tel scenario généralisé engendrerait forcément une seconde vague épidémique, avec son lot de mort et de malades graves dans des régions très peu touchées encore.

Le discours des dirigeants de la FFC est en fait l’expression d’une petite-bourgeoisie paniquée, sombrant dans le mensonge, la mauvaise foi et le mépris de toute perspective sociale, collective.

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Société

«Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane»

Voici le texte pour un cagnotte Leechi par la Fédération Lokono de Guyane (FLG) :

[retrouvez la cagnotte ici -> leetchi.com/c/covid-19-soutien-aux-peuples-autochtones-de-guyane ]

« Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane

À l’initiative des amérindiens et amérindiennnes de la Fédération Lokono de Guyane (FLG), nous lançons une cagnotte pour soutenir nos frères et sœurs amérindiens dans la lutte contre le virus Covid 19.

ÉTAT DE LA SITUATION EN GUYANE.

La région Guyane compte actuellement 96 cas confirmés de covid 19. Le village amérindien Cécilia, qui en compte près d’une vingtaine, est le premier village mis en quarantaine par arrêté du Préfet de Région en date du 9 avril 2020. En raison de notre mode de vie en communauté, le virus s’est propagé rapidement. Dans l’urgence le village, qui a dû etre placé en quarantaine, n’a pas pu se préparer, les habitants n’ont donc pas pu faire leurs réserves alimentaires, d’où la nécessité d’un ravitaillement.

En complément de l’aide de la mairie de Matoury, le village amérindien de Sainte Rose de Lima, en signe de soutien et de solidarité, s’est rapidement organisé et a réussi à lever des fonds pour les approvisionner. Bien que l’aide ait été appréciée, ce n’était malheureusement pas suffisant pour un village de près de 300 habitants.

À ce jour, distribution de masques en quantité très limitée, des tests de dépistage seulement pour les villageois présentants des symptômes, des villages inquiets, les amérindiens stigmatisés.

Nous n’imaginons pas la situation si le virus venait à se propager.

Nous nous devons donc d’anticiper, d’agir et de prévenir la propagation du virus chez nous ainsi que dans les autres villages. Les mesures prises par l’état sont importantes, mais demeurent insuffisantes et ne nous rassurent pas.

C’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui en faisant appel à la solidarité et à la générosité de tout un chacun, en lançant cette cagnotte. Nous vous remercions d’avance pour vos contributions.

NOTRE OBJECTIF.

Aider les différents villages amérindiens en achetant et en distribuant au plus vite:

– des produits de premières nécessités aux personnes dans le besoin.

– achat et/ou fabrication de masques en tissu et de gants pour les personnes dans le besoin.

NOTRE PLAN D’ACTION.

– Lister les besoins alimentaires des familles, surtout pour les enfants en bas âge (nourriture, hygiène, etc…)

– Mise en place de médiateurs autochtones de la FLG pour soutenir les équipes de prévention.

– Distribution des produits vers les villages voisins.

– Combattre l’isolement en s’assurant que les villages bénéficient d’infrastructures au niveau des communications. (téléphone, internet).

QUI SOMMES-NOUS ?

La fédération Lokono de Guyane est une association loi 1901 créée en 2008. Elle a pour objectifs de défendre les intérêts collectifs des amérindiens de Guyane, notamment en matière de développement culturel, social, environnemental et économique. Les Lokono (Arawak) sont une des six nations amérindiennnes (Kali’na, Paykweneh, Teko, Wayãpi, Wayana) présentes en Guyane.

Liens renvoyants à la situation des villages amérindiens.

https://youtu.be/Cez8ujiluww

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/centre-littoral/coronavirus-les-villages-amerindiens-de-macouria-et-de-matoury-s-isolent-volontairement-pour-prevenir-toute-propagation-du-virus-chez-eux-823150.html

https://www.facebook.com/federationlokonodeguyane/ »

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Écologie

Grand concours #QuizzRéseauCétacés: dernier jour !

Le Réseau-Cétacés organise un concours destiné aux enfant (jusqu’à 12 ans) en cette période de confinement. C’est aujourd’hui le dernier jour pour participer ! Voici toutes les informations.

 

Le lien pour le Quizz -> QUIZZ Réseau-Cétacés

 

Les prix :

Le texte de présentation :

 

« Chers Amis,

Nous espérons de tout coeur que vous vivez cette période de la manière la moins compliquée possible.

Comme nous vous l’avons annoncé précédemment, l’équipe de Réseau-Cétacés reste mobilisée pour la sauvegarde des cétacés, mais à distance dans la mesure où beaucoup d’événements et d’interventions scolaires ont été annulés du fait du confinement.

Nous travaillons actuellement à poursuivre, de manière aussi fidèle que possible, notre programme de sensibilisation des enfants à la protection des cétacés.

C’est dans ce but que nous sommes heureux de proposer à vos enfants, neveux, nièces etc… mais également à vos élèves, par votre intermédiaire, le grand concours #QuizzRéseauCétacés.

Il s’agit donc d’un quizz, à faire pourquoi pas en famille, disponible en ligne (jusqu’au 25 avril), composé de 14 questions diverses et variées sur les cétacés.

Il y a des questions faciles et d’autres qui nécessiteront, peut-être, quelques recherches simples sur internet et l’aide d’un adulte.

Le règlement est le suivant :

Le concours est ouvert à compter de ce jour et jusqu’au 25 avril 2020.

  • Une seule participation par enfant, quel que soit le lieu de résidence, sans minimum d’âge et jusqu’à 12 ans (révolus ou non).
  • Vous pouvez inscrire plusieurs enfants.
  • Un tirage au sort sera effectué le 26 avril parmi les quizz ayant obtenu 100% de bonnes réponses. le tirage au sort désignera 5 gagnants avec des lots chouettes à la clé. Les résultats seront annoncés, début mai, sur le site de Réseau-Cétacés mais également sur les réseaux sociaux. La correction du quizz sera également publiée.

Lots :

1er prix : le diplôme « Ambassadeur des cétacés » + le coup de coeur de Réseau-Cétacés « Le livre extraordinaire des animaux des océans » + le DVD « Océans » + 1 badge Réseau-Cétacés.

Cerise sur le gâteau : l’enfant vainqueur du 1er prix fera également remporter le livre et le DVD à son établissement scolaire.

2ème & 3ème prix : le diplôme « Ambassadeur des cétacés » + le DVD « Océans » + 1 badge Réseau-Cétacés.

4ème & 5ème prix : le diplôme « Ambassadeur des cétacés » + 1 badge Réseau-Cétacés.

Tous les participants ayant obtenu 100% de bonnes réponses se verront récompensés du diplôme « Ambassadeur des cétacés ».

Important : pour les questions nécessitant de faire des recherches, nous vous invitons à utiliser le moteur de recherches Lilo. Ce qui vous permettra, en plus, de financer gratuitement les actions de Réseau-Cétacés.

Si vous connaissez le fonctionnement de Lilo, nous vous invitons à verser vos gouttes d’eau via ce lien

Si vous ne connaissez pas encore le fonctionnement de Lilo, nous vous invitons à consulter ce lien

Quizz

Pour toutes questions relatives à ce concours, vous pouvez envoyer un mail à info@reseaucetaces.org

Bonne chance pour ce quizz ! Prenez soin de vous.

Amitiés marines,

L’équipe de Réseau-Cétacés »

 

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Politique

Jean-Christophe Cambadélis propose une Gauche de l’intégrité humaine

Jean-Christophe Cambadélis, figure historique de la Gauche – il a été à la tête de l’Unef-ID et premier secrétaire du Parti socialiste – a publié une longue lettre sur la Gauche de demain. Mais il croit que le monde de demain sera le même.

Jean-Christophe Cambadélis est l’un des observateurs les plus précis et techniques de ce qui se passe en France, aussi faut-il accorder son attention à sa lettre à un ami de gauche. Il y reprend ses thèses de 2017 pour un « nouveau progressisme » et prône une gauche « girondine », c’est-à-dire, pour traduire cela de manière contemporaine, non centralisatrice et rétive aux démarches autoritaires.

Cela est d’autant plus étrange que lui-même avoue qu’une nouvelle époque s’ouvre :

« Le siècle commence aujourd’hui, comme le précédent avait débuté avec l’assassinat le 28 juin 1914 de l’archiduc François Ferdinand de Habsbourg ouvrant un siècle de guerres, de révolutions ou de décolonisations. Les siècles s’ouvrent toujours sur des drames. Car l’histoire humaine est dramatique. »

Seulement, pour Jean-Christophe Cambadélis, qui est qu’on le veuille ou non corrompu par le capitalisme, rien ne peut vraiment changer. Ainsi, si le gouvernement actuel échoue, alors forcément ce sera au tour de la Gauche si elle se présente comme assez crédible :

« La gauche peut pour une fois penser le monde et ne pas seulement le panser. L’Homme, l’intérêt commun, devient l’espace d’un instant supérieur à l’économie et la société marchande. Et, pour la France confinée, l’échelle des valeurs a changé. »

Jean-Christophe Cambadélis est pourtant tout sauf un naïf alors comment peut-il penser quelque chose d’aussi basique ? C’est que son raisonnement est, comme à son habitude, subtil, très subtil, trop subtil. On a ici le même machiavélisme que chez Jean-Luc Mélenchon, avec une tradition trotskiste de calculs de rebonds par la bande à n’en plus finir.

Ce que veut dire simplement Jean-Christophe Cambadélis, c’est qu’il faut réussir justement ce que Jean-Luc Mélenchon n’est pas réussi à faire : établir une proposition suffisamment construite pour dépasser les concurrents.

En se la jouant « mesuré » et gestionnaire, avec un humanisme bon teint, cela suffira à dépasser toutes les autres tendances politiques :

« National-populiste, libéral-autoritaire, libéral-libertaire, gaullisto-souverainiste, écolo-libéral ou écolo-rupturiste, gaucho-populiste, les offres ne manquent pas.

La gauche doit, elle, proposer son nouvel axe : elle doit se présenter avec son nouveau drapeau. La social-démocratie attendait les dividendes de l’État providence. La nouvelle gauche doit mettre l’intégrité au cœur de la production du marché et des échanges. »

Cela ne tient bien entendu pas debout. Car soit il a tort et à ce moment-là le chaos qui va s’installer va amener à une polarisation où il sera enfin parlé de capitalisme, terme que Jean-Christophe Cambadélis s’évertue à ne jamais employer (à part pour dire une seule fois « le système capitaliste libéral s’arrête ; le confinement est mondial »).

Soit il a raison mais alors avec ce concept de « gauche de l’intégrité humaine » autant assumer de défendre la position de Benoît Hamon, qui dit la même chose depuis plus longtemps, ou bien François Hollande pour une version plus édulcorée.

Et puis quel sens y a-t-il pour Jean-Christophe Cambadélis à parler de « l’Euro-Méditerranée » qui serait « nécessaire à une Euro-Afrique », franchement ! C’est là de la « géopolitique » qui ne fait même pas semblant d’assumer les velléités impériales françaises.

On a connu Jean-Christophe Cambadélis plus inspiré. Mais sa source d’inspiration s’est tarie, car le terrain a totalement changé et ce n’est plus le sien. Sa mise en perspective est trop calme, trop posée, trop mesuré, pour ne pas être en total décalage avec l’Histoire. Dire comme il le fait qu’une ère nouvelle s’ouvre et se contenter de dire qu’il va suffire de réguler le marché sur la base de l’intégrité humaine, c’est flou, idéaliste, abstrait, hors-sol.

Et ce n’est pas de Gauche. Le mouvement ouvrier nomme les choses comme elles sont. Qui fait tout pour ne pas parler du capitalisme et de la bourgeoisie avait tort ; avec la crise actuelle, il a encore plus tort. Tout s’effondre, la nature subit des assauts toujours plus majeurs, les capitalistes vont faire payer la crise aux travailleurs, et il faudrait penser qu’une Gauche néo-gouvernementale pourrait rétablir le monde d’avant, qui par ailleurs était odieux ?

C’est invraisemblable.

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Politique

Résilience commune: une plateforme participative lancée par des organisations jeunesses liées à la Gauche

Des dirigeants de Jeunes Génération·s, de Jeunes Écologistes, de Jeunes Socialistes et de l’Union des étudiants communistes ont publié une tribune lançant une plateforme participative pour trouver des « solutions » aux « crises contemporaines ». Si l’introduction de la tribune rédigée par Politis (qui publie initialement le texte) parle de « Gauche », il n’en est en fait pas question dans le texte, ni sur le site de la plateforme.

Le texte lui-même semblera pour beaucoup de monde très naïf, ne faisant finalement que reprendre l’habituel discours « antilibéral » (en économie) des années 2000. On retrouvera néanmoins sur la plateforme ( resiliencecommune.fr ) beaucoup de textes, avec cette idée de converger vers quelque chose politiquement, pour changer les choses. Le fait de ne pas s’assumer de « Gauche » semble toutefois être un facteur limitant de la démarche, bloquant les choses à un niveau très restreint sur le plan idéologique, et plus généralement en terme politico-culturel. Rien que la notion de résilience d’ailleurs, renvoie plus au zadisme ou à la « décroissance », qu’à la gauche historique, au mouvement ouvrier.

Voici le texte présentant la plateforme :

« Pour une résilience commune

La pandémie du coronavirus nous montre l’échec dramatique des politiques libérales. C’est l’un des symptômes d’un système à bout de souffle, traversé par de nombreuses crises : sanitaires, démocratiques, économiques, sociales, culturelles et environnementales. Une majorité de Françaises et Français aspirent à un autre monde. Un monde où nous retrouverons notre souveraineté collective, où nous dépasserons la société de marché en rompant avec le productivisme. Un monde où nous protégerons les biens communs indispensables à toutes et tous. Nous, jeunes militant·es politiques et associatifs de la génération climat, lançons la plateforme Résilience commune pour accompagner cet espoir.

Nous refusons qu’après la crise du Covid-19 tout recommence comme avant. Nous ne prétendons pas détenir la vérité, mais c’est bien parce que l’avenir nous appartient qu’il nous est inconcevable de laisser celles et ceux qui depuis des années dégradent nos conditions d’existence décider du monde dans lequel nous vivrons demain.

Le coronavirus oblige nos sociétés à questionner en profondeur notre modèle économique et social. Les conséquences des politiques néolibérales sont désormais flagrantes : socialement et écologiquement destructrices, ces politiques sapent les sécurités et solidarités collectives qui nous permettent de rebondir lors des chocs. Pour échapper à un scénario de crises à répétition, il devient impératif de construire un modèle de société radicalement différent.

De multiples propositions et initiatives surgissent de l’arc écologiste et humaniste : nous constatons que des lignes de force unissent ces prises de position. Nous pensons que ces réflexions développant une transformation radicale de notre société constituent les prémices d’une action commune.

Pour rendre visible cette vision partagée, nous voulons recenser ces propositions sur notre plateforme Résilience commune, qui se destine à être un lieu d’expression, d’échange et de synthèse sur la construction du « monde d’après » par les forces écologistes et humanistes. En plus de centraliser les idées et propositions déjà rendues publiques, notre plateforme est accessible à chaque personne souhaitant y publier des textes proposant des réponses à nos crises contemporaines. À partir de cette cartographie des idées et initiatives, nous, jeunes engagé·es, proposerons un plan d’action pour l’avenir.

Aujourd’hui nos divisions sont l’assurance-vie des néolibéraux et des grands capitalistes qui cherchent à faire perdurer leur monde et leurs privilèges. Cette pandémie mondiale est un point de bascule capable de catalyser de grands changements politiques, mais cela nécessitera une immense mobilisation citoyenne, associative et politique.

Nous devons porter la transformation de notre société et contribuer à la création d’une force politique en capacité de la mettre en œuvre. L’écriture de ce projet ne peut se faire que de manière collective et participative. Nous appelons donc chacune et chacun à proposer leurs contributions sur notre site. Face aux crises nous répondons par les idées, face au délitement nous bâtissons l’union. »

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Société

Il y a un an périssait le docteur Richard ‎Mouzoko, héros de notre temps

Il y a un an, on apprenait que le docteur Richard ‎Mouzoko avait péri peu auparavant, le 19 avril, alors qu’il combattait l’épidémie d’Ebola. Il a été la victime de groupes armés niant cette épidémie et agissant dans un esprit de pillage de manière régulière contre les infrastructures sanitaires en République Démocratique du Congo. À rebours des millionnaires liés à la superficialité capitaliste, voilà les véritables héros de l’ombre au service du peuple, envers et contre tout.

Voici le parcours de Richard ‎Mouzoko présenté par l’Orgaisation Mondiale de la Santé ; un livret d’au revoir est également en ligne.

Une vidéo prise depuis un téléphone mobile lundi dernier a immortalisé le docteur Richard Valery Mouzouko Kiboung et ses collègues en train de célébrer son quarante-deuxième anniversaire à Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun. Malheureusement, c’était là son dernier anniversaire. Le 19 avril, il a été tué alors qu’il participait à la riposte contre l’épidémie d’Ebola à Butembo, en République démocratique du Congo (RDC).

Richard était toujours prêt à se rendre là où on avait le plus besoin de lui. Il travaillait régulièrement 15 à 20 jours par mois dans des communautés isolées de son pays natal, le Cameroun, loin de sa femme, Friquette, et de leurs quatre enfants.

Passionné par la santé publique, il a suivi une formation de médecin au Cameroun avant d’étudier à l’Institut de médecine tropicale (IMT) d’Anvers, en Belgique, où il a obtenu un master, puis un doctorat. Il a ensuite poursuivi des études postdoctorales. La Dre Veerle Vanlerberghe, sa directrice de thèse à Anvers, a déclaré: « Il se préoccupait énormément des plus vulnérables… Il était toujours désireux d’apprendre de nouvelles méthodes et de les appliquer dans la lutte contre les maladies qui foisonnent sur son continent. » (lire l’hommage de l’IMT.).

Par la suite, il s’est mis au service des communautés vulnérables: réfugiés, personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et populations nomades. Il a entrepris des recherches sur des maladies comme la fièvre jaune, la rougeole, la poliomyélite, la méningite, le tétanos néonatal et l’infection à virus Ebola, et a dirigé de nombreuses campagnes de vaccination dans de multiples pays.

Richard n’a jamais cessé d’apprendre, et il est lui-même devenu un professeur dévoué qui animait des formations à l’intention de centaines de jeunes médecins et d’agents de santé. D’ailleurs, il excellait dans l’art de communiquer. Il maîtrisait huit langues: outre le français et l’anglais, il parlait les langues locales utilisées au Cameroun comme l’ewondo, le bafia, le haoussa, le bulu, le douala et le bassa.

Ses collègues évoquent son humilité et son altruisme, sa gentillesse et son dévouement envers autrui, son professionnalisme et son sens du devoir.

Les paroles qui suivent, recueillies auprès de quelques-uns de ses plus proches collaborateurs, montrent combien Richard a compté pour eux.

« Richard occupait la chambre attenante à la mienne dans notre hôtel à Butembo. Il aimait que tout soit ordonné autour de lui, même au milieu du chaos dans lequel nous exercions. Souvent, quand je revenais du travail et que je le trouvais en train de nettoyer sa chambre, je lui demandais s’il n’était pas trop fatigué pour cela, après tout le travail qu’il avait accompli sur le terrain. Il se contentait alors de sourire. Il était toujours ordonné, calme et très à l’écoute. » — Bienvenue Onjoh, Programme de contrôle et de prévention des infections, Butembo.

« Richard était comme un grand frère. Régulièrement, il m’envoyait des offres d’emploi en me disant: “As-tu reçu mon message, petite sœur? Tu dois poser ta candidature.” » — Soterine Tsanga, chargée de communication au Bureau du Cameroun; elle a aussi été affectée en RDC où elle travaillait en étroite collaboration avec Richard.

« Il m’interdisait de manger trop de viande. Richard m’apportait des carottes chaque samedi. En échange, je lui enseignais le swahili. Le premier mot qu’il a appris, c’était pole pole, ce qui signifie: doucement. Il m’interrompait souvent quand je parlais trop vite; de sa voix douce, il disait: “Liliane: pole pole !” Il était comme un père pour moi. » — Liliane Soki Musavuli, OMS, Butembo.

« C’est difficile pour moi d’accepter la disparition de notre collègue, ami et frère. Il avait de la compassion pour autrui, une honnêteté sans faille, un sens aigu du devoir et une foi profonde. Richard faisait preuve d’un professionnalisme incomparable. » — Irène Yakana Emah, Présidente de l’Association du personnel de l’OMS au Cameroun.

« Richard était humble, sociable et toujours prêt à voler au secours de son prochain. Je n’ai pas été surpris quand il m’a informé qu’il partait exercer en RDC. C’était un vrai professionnel, un excellent chef d’équipe qui savait créer autour de lui une atmosphère chaleureuse pour laisser s’exprimer les meilleures qualités des membres de son équipe et de ses collaborateurs. Richard est mort en poursuivant la quête constante de servir son prochain qui était la sienne, comme il s’y était engagé en prononçant le serment d’Hippocrate. Il vivra à jamais dans nos cœurs et il restera un exemple d’abnégation. » — Dr Marcellin Nimpa, chargé de la surveillance au Bureau de l’OMS de Madagascar.

« Je me souviens très bien lorsque Richard m’a contacté en février pour m’annoncer qu’il allait à Butembo. J’avais de lui l’image d’un collègue zélé, à la voix douce, qui avait soif de résultats. Nous avons travaillé ensemble à l’OMS pour soutenir les efforts du gouvernement camerounais en vue d’éradiquer la poliomyélite. Son décès est une perte immense pour le Cameroun et plus particulièrement pour sa famille. Il restera notre héros. » — Dr Gérald Sume, OMS Nigéria.

https://www.youtube.com/watch?v=AjuHY_UceI0

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Société

L’incohérence de la ministre des sports Roxana Maracineanu

La ministre des sports Roxana Maracineanu avait un aplomb incroyable pour faire quelques annonces sur Eurosport hier soir. Le plus tranquillement du monde, elle expliquait ne rien savoir de précis, pour ne surtout doucher aucune illusion, tout en laissant bien évidemment entendre que rien ne sera possible avant longtemps pour les compétitions sportives.

C’est avec un certain cynisme et une grande malhonnêteté vis-à-vis du monde sportif amateurs et professionnel, ainsi que leurs spectateurs, que Roxana Maracineanu est intervenue à la télévision. C’était d’ailleurs en privé, sur une chaîne accessible seulement aux abonnés de Canal +, donc de manière tout ce qu’il y a de plus anti-démocratique.

Or, le sport n’est que du sport évidement, il n’est pas la « priorité » bien sûr, mais il reste néanmoins une part importante de la vie du pays, et particulièrement de la vie des masses populaires les plus avancées sur le plan social. Il y a des milliers de structures amateurs, semi-pro ou même de petites structures professionnelles, qui sont d’une grande complexité, avec des mises en œuvre ayant des répercussions immenses.

Rien que pour les sportifs eux-mêmes, l’engagement sportif est très grand, touchant au plus profond de son intimité. Une telle suspensions des compétitions sportives est très perturbante psychologiquement, socialement, culturellement. Il faut donc des réponses claires.

Roxana Maracineanu, une arriviste au style néo-bourgeois condescendant, ne les fournit cependant pas. D’un côté, elle botte en touche en disant que le sport « ne sera pas prioritaire » dans la société et qu’il ne le sera pas pour le gouvernement. Sauf que ces affirmations ne relèvent d’aucun cadre clair et bien défini, comme aux Pays-Bas où les compétitions sportives ont toutes officiellement été reportées jusqu’à au moins après septembre. En France, tout reste très vague, rien n’est assumé.

Les choses sont pourtant simples et claires. Tant qu’aucun vaccin ou médicament n’existe, ou alors que le virus ait muté de lui-même pour s’affaiblir, ou bien n’importe quelle autre situation imaginable changeant la donne, tant qu’il n’y a pas cela, il faudra continuer la distanciation sociale. Celle-ci s’organisera, s’organise, tant bien que mal, au travail ou pour l’école, mais cela ne sera pas possible pour les compétitions sportives.

Les cyclistes ne feront pas le Tour de France avec des masques et comme l’a bien expliqué le coureur Romain Bardet, il y aurait quelque-chose d’étrange à prendre le risque de faire circuler tranquillement le virus sur les routes de France au mois de septembre si la situation n’a pas évolué drastiquement.

Le football professionnel, de par sa puissance financière, s’imagine encore capable de forcer les choses pour finir le championnat. Seulement, tout cela reste encore bien hypothétique, même s’il a copié le modèle allemand. En Allemagne, où le football professionnel a quasiment obtenu sa reprise, la fédération allemande table ainsi sur pas moins de 20 000 tests, avec tout un protocole très lourd. Le football professionnel français veut faire de même, avec 50 000 tests.

Naturellement, tout cela est considérée comme une provocation par rapport au besoin de tests pour des choses plus importantes, par rapport au public dans les stades qui se voit considéré comme facultatif, ainsi que par rapport à la sécurité sanitaire.

En fait, toute personne raisonnable sait bien qu’il n’est pas possible de reprendre les compétitions sportives cet été. C’est simplement logique. Mais le ministère des sports laisse pourtant planer de vains espoirs. Il laisse Denis Masséglia, président du Comité National Olympique et Sportif Français, faire circuler des propos hallucinés disant qu’il discute avec le gouvernement et que des choses seraient possibles, éventuellement, peut être, si jamais, etc.

Il abandonne simplement les dirigeants des clubs amateurs complètement désemparés, obligés de s’accrocher à des hypothèses improbables, etc. Tout cela va engendrer une frustration énorme dans la société : cette partie sociale n’est pas visible de prime abord, mais elle est immense ! Et c’est d’autant plus grave que le gouvernement peut inversement chercher à compenser en bafouant les règles sanitaires, en espérant que tout va bien, simplement pour éviter de l’agitation sociale…

Ici, dans tous les cas, l’absence d’État réellement social, c’est-à-dire étant la société elle-même, fait payer un prix terrible au peuple.

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Politique

L’irruption d’une profonde crise dans les cités populaires

Le confinement provoque une crise économique, une crise culturelle, une crise politique de ce qu’on peut appeler, même de manière imprécise, les cités populaires. L’esprit rebelle de 2005 a totalement disparu et c’est un mélange de nihilisme et de consumérisme qui prédomine et s’embrase, isolant encore plus ces secteurs populaires du reste du peuple.

L’échec des émeutes de 2005 pèse lourdement sur les cités populaires. Ces émeutes avaient été considérées (pas par la gauche gouvernementale ni même l’extrême-gauche dans sa quasi totalité) comme un pas en avant dans un certain esprit de rupture par des gens espérant qu’enfin en France la lutte des classes reprenne, avec le retour de la question sociale.

Ne nous voilons pas la face, malgré le caractère totalement isolé du phénomène dans le pays, la Gauche se cachait derrière un ministère de l’Intérieur qui, lui, ne décida même pas de l’état d’urgence, comprenant que ce n’était que passager et sans contenu. Qu’allait-il toutefois en ressortir ?

Rien, malheureusement. Les religions se sont largement développées sur le terreau de la défaite culturelle. Le trafic des drogues qui s’est renforcé massivement en parallèle a entièrement gangrené des secteurs populaires entiers.

Les récents accrochages et harcèlement de ces derniers jours, qui concernent environ 50 villes, reflètent cette tendance au triomphe du cannibalisme social. Cette nuit du mardi au mercredi a encore été marquée, en région parisienne, à Lyon, Mâcon ou Tourcoing d’incidents au sens très large.

 


Le pays regarde cela avec naturellement un regard terriblement critique : en plein confinement, il y a de telles actions ! Et tout le monde sait que dans ces cités populaires marginalisées, les comportements anti-sociaux se sont généralisés, dans un style patriarcal mêlé d’esprit lumpen. Que les valeurs identitaires se sont installées, alors que la dimension sociale-révolutionnaire indirectement sous-jacente aux travailleurs immigrés a disparu.

L’immense queue pour le drive de McDonald’s venant de rouvrir témoigne de cette plongée dans le consumérisme et le nihilisme. Car en même temps, ces cités populaires sont des appuis très clairs à toute une philosophie capitaliste, une volonté de s’en sortir par le business, voire même le cannibalisme social.

 


L’ultra-gauche développe bien entendu une rhétorique anti-policière primaire, sans voir naturellement que bon nombre de policiers sont désormais issus du peuple et l’assument. Finie l’époque où la police était une caste entièrement séparée du peuple. C’est encore vrai en partie, mais dans les grandes lignes c’est terminé et cela ne distingue qu’encore plus les policiers des gendarmes.

Il ne faut évidemment pas pour autant s’attendre à ce qu’avec l’État actuel, les policiers ne soient pas aliénés par leurs fonctions, alors que leurs dirigeants sont extérieurs au peuple, quand ils ne sont pas même corrompus par les mafias. Reste que faire de la police l’alpha et l’oméga des questions de notre époque n’a aucun sens.

On peut d’ailleurs dire que si la révolte de 2005 a été une affirmation réformiste, un appel à l’aide avec des traits sociaux-révolutionnaires, on est actuellement dans une déliquescence totale, une expression d’une aliénation complète, totalement masculine et ouvertement liée au cannibalisme social.

C’est une crise énorme pour les cités populaires, mais une crise salutaire car de l’échec de l’expression nihiliste, après l’échec de la proposition stratégique islamiste, doit venir la recomposition populaire, inévitable.

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Culture

French touch 2020 (playlist)

La scène musicale française est très productive. Elle est portée par des artistes brillants, assumant une touche très spécifique, que l’on pourrait qualifier de mélodique-mélancolique, avec toujours une attention donnée au style, à l’attitude. On reconnaît en général une certaine légèreté, mais qui est construite, élaborée, travaillée.

Voici une petite sélection de morceaux récents, voir très récents, avec souvent un nombre incroyablement bas de vues. Quelle est donc cette jeunesse incapable de reconnaître les talents qu’elle produit ?

[le service multiplateforme de streaming que nous utilisions habituellement clôt malheureusement ses services à la fin du moins ; les playlists seront dorénavant sur YouTube uniquement].

1. MAGENTA – Chance feat. Vendredi sur Mer
2. Mou – Sophie Marceau
3. Hier soir – Midi Minuit
4. The Pirouettes feat. Timothée Joly – Lâcher prise
5. Sally – ROULETTE RUSSE
6. Moussa – Element
7. Myth Syzer – Nirvana
8. Zed Yun Pavarotti – îles

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Politique

En plein confinement, la France expulsera-t-elle un opposant vers la Turquie?

La France a toujours pratiqué une politique très particulière envers les opposants au régime turc. Arrestations coup de poing, condamnations, le tout sans que la presse n’en parle jamais. D’où l’option, malgré le confinement, d’expulser un opposant vers la Turquie.

La Turquie connaît depuis les années 1960 des coups d’État, des interventions périodiques de l’armée et de la police à tous les niveaux de la société, jusqu’à des vagues de torture et de disparitions. Être de gauche implique donc une motivation très forte, tout un certain romantisme.

L’État français applique une ligne toujours très claire sur ce plan : une répression complète, systématiquement passée sous silence. Un aspect important historiquement est également la pression américaine et allemande, en raison des importants intérêts de ces pays en Turquie.

Sefik Sarikaya s’est donc confronté à une machinerie administrative et policière implacable. Parmi les nombreuses péripéties, on a une arrestation en 2008, une remise en liberté conditionnelle au bout de plus d’un an puis en procès en 2012 avec une condamnation à une peine de 8 ans au moyen du fameux « association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste ». Prenant la fuite et rattrapé en 2016, le voilà libéré ce 21 avril mais le juge l’a prévenu : il sera expulsé vers la Turquie.

Il va de soi que les opposants en France au régime turc, dont le Comité des libertés, sont vent debout, et avec raison. La France a une politique non seulement malsaine, mais même criminelle. Il faut bien comprendre qu’il s’agit là d’un monde parallèle. Sachant que l’opinion publique ne sera jamais au courant, que la Gauche ne parlera jamais des opposants au régime turc, les juges font ce qu’ils veulent, parfois avec des provocations incroyables.

C’est le règne de l’arbitraire, de l’association de malfaiteurs en veux-tu en voilà. C’est pratiquement une juridiction parallèle et cela depuis les années 1980 !

La question qui se pose n’est évidemment pas de savoir si les opposants sont, ou pas, coupables de ce dont on les accuse. On ne peut pas voir les choses ainsi, en effet. Ce qui compte, c’est la Turquie. Est-ce un pays démocratique ? Certainement pas. Partant de là, on ne peut pas juger les opposants au régime turc selon des critères franco-français… Et encore moins selon les critères de la défense des intérêts économiques capitalistes.

Il faudrait d’ailleurs une commission montée par la Gauche pour réétudier toute cette histoire de répression depuis le début des années 1980. Mais cela n’arrivera pas, bien sûr, car la Gauche gouvernementale a totalement accepté cette répression quand elle était au poste de commande. Elle a elle-même accepté le silence total à ce sujet.

C’est que, bien entendu, cela l’arrangeait également de ne pas poser des questions de fond sur la nature d’une régime politique, les principes de l’engagement, l’unité de la Gauche, la définition de la démocratie, le rapport aux luttes populaires, etc.

Et cette gauche gouvernementale, fuyant la vérité, s’est d’autant plus enlisée dans l’esprit gouvernemental, jusqu’à perdre entièrement tout contenu, même symbolique.

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Politique

1er mai: l’appel de la CGT et de l’ultra-gauche à manifester virtuellement

Cela fait plusieurs années que la CGT et l’ultra-gauche pratiquent l’agitation velléitaire et l’échec du mouvement contre la réforme des retraites les a terriblement affaiblis. Avec la crise sanitaire, il y a la peur de disparaître – et effectivement la politique va reprendre ses droits. D’où la tentative d’appeler à… manifester le premier mai sur les réseaux sociaux, certains groupes sociaux appelant même à manifester physiquement, d’autres à manifester dès le lendemain de la fin du confinement. Comme si tout allait recommencer comme avant…

Voici l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaire, ainsi que de l’Unef et d’organisations lycéennes :

 

« Plus que jamais le 1er Mai,

Alors que le monde entier fait face à la pandémie, ce premier mai sera plus que jamais la journée internationale de luttes des travailleuses et travailleurs.

Depuis le début de la crise sanitaire, des millions de personnes sont confinées. De nombreux pays vivent grâce aux oublié-es, aux invisibles de nos sociétés, qui continuent à travailler, le plus souvent au risque de leur propre vie.

Évidemment ce sont d’abord l’ensemble des personnels de santé qui n’ont pas comptées leurs heures, leur dévouement. Ensuite il y a tous les salarié-es, souvent des femmes, du commerce, de l’agro-alimentaire, du paramédical du social, du nettoiement…, ainsi que tous-tes ces agent-es de la fonction publique qui ont continué d’assurer leurs missions de service publics, et plus largement ceux et celles qui travaillent au service de la population.

Les paroles de reconnaissance des gouvernements n’ont pas été suivies d’actes forts. Les mots sont évidemment insuffisants pour exprimer notre colère, et notre détermination à faire changer les choses. Nous porterons ce 1er mai 2020, bien que confiné-es, les revendications qui sont plus que jamais d’actualité :

Car sacrifier la santé des travailleurs-ses n’est pas admissible :

Si la « reprise » de la vie sociale, dont le travail fait partie, est une espérance, une nécessité pour beaucoup d’entre nous, (et pour d’autres plus pour remettre leur profit à l’ordre du jour), cela ne peut se faire sans la garantie la plus absolue de la sécurité de chacun, chacune, ainsi que celle de ses enfants. La santé, la sécurité, le droit de retrait, de grève, le droit syndical doivent être respectés !!

Car sacrifier les droits des travailleuses-eurs sur l’autel de l’économie n’est pas tolérable et ne pourra continuer quelle que soit la situation :

Des semaines à 60 heures de travail, la perte des congés, des jours de repos, le travail dominical étendu, les abus sur le télétravail ne sont pas légitimes et ne peuvent durer ! Ce n’est pas une prime donnée au bon vouloir du patron, ou de l’employeur public, une aide ponctuelle aux plus modestes qui suffiront aux travailleurs-euses : ce sont de vraies revalorisations salariales du SMIC et des salaires en particulier dans les conventions collectives où ils sont les plus bas, tout comme dans la fonction publique !

Sacrifier les plus précaires d’entre nous n’est pas admissible dans une société d’égalité et de solidarité :

Vacataires, intérimaires, intermittent-es, services civiques, la précarisation des travailleur-euses s’est multipliée ces dernières années, et la situation des chômeur-euses et étudiant-es a été dégradée, tout comme celle des sans-papiers aujourd’hui ignoré-es sur le plan sanitaire comme social.

Elles et ils payent le prix fort de la situation, et les inégalités sociales explosent. Le manque d’investissement au niveau de la santé, la réforme de l’assurance chômage, le projet de réforme de la retraite pas points, mettent à mal la protection sociale, laquelle est un socle protecteur.

De plus, le développement des services publics est nécessaire et indispensable pour assurer l’égalité et répondre aux besoins de la population. De nombreuses aides sont prévues pour les entreprises, alors que pour ceux et celles qui sont dans les situations difficiles, elles restent mineures. Il faut permettre la suspension des loyers et des dépenses de toute l’énergie, une aide pour l’accès à internet et aux transports, car nous savons que si la crise sanitaire peut régresser, la situation économique et sociale va continuer à faire des dégâts.

Cette situation inédite, qui peut malheureusement perdurer et/ou continuer, a remis en lumière l’essentiel : Un hôpital et un système de santé publique avec de vrais moyens humains, matériels, financiers, un système de protection sociale large tout au long de la vie, des services publics qui ne sont pas sacrifiés par des politiques de restructurations, suppressions au bénéfice des appétits de ceux qui prospèrent dans ce système capitaliste !

Le 1er mai doit permettre à chacun et chacune de s’emparer de ces revendications, et par tous les moyens de les rendre visibles.

Même confiné-es, manifestons toutes et tous le 1er mai, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux(…) et donnons à cette journée une véritable force collective !

Le 1 er mai, soyons visibles, solidaires, déterminées. Nous ne paierons pas la crise générée par des choix politiques d’un système capitaliste mortifere.

Transformons le monde de demain en un monde vivable, de justice sociale, écologiste et féministe ! »