Le 10 septembre 2025 a été la journée du « bloquons tout », un mouvement porté par un mélange de syndicalistes CGT, de gilets jaunes, d’activistes de la gauche de la gauche.
Les ambitions étaient grandes et les attentes populaires très hautes. La difficulté était bien entendu la suivante :
– les ambitions étaient bien trop grandes pour ceux qui les avaient : des syndicalistes, des contestataires gilets jaunes, des petits-bourgeois révoltés ;
– les attentes étaient bien trop hautes de la part d’un peuple qui attend que les choses se déroulent d’elles-mêmes et qui ne veut s’engager qu’avec l’assurance que tout va bien se passer.
Il y a eu deux aspects principaux : les manifestations, d’une part, les blocages, d’autre part.

Les manifestations
Il y a eu 550 rassemblements, mais sans ampleur ni aucune tension, avec quelques milliers de personnes à chaque fois. On parle de promenades bon enfant, avec toujours cet esprit fanfare et festif typique des années 2000-2010, et ces revendications focalisées sur le gouvernement, le président ou les milliardaires.
Pour le folklore, il y a bien sûr eu les quelques accrochages de petits groupes avec la police, et les nuages de gaz lacrymogène venant former la traditionnelle atmosphère de « fin de manif ». Rien de particulier toutefois, malgré le nombre élevé d’interpellations (473).
Les blocages
Il y a surtout eu 262 blocages, dont il était beaucoup attendu. Allait-il y avoir de vrais efforts, diffus mais se reliant les uns aux autres ? Ce ne fut pas le cas. Les blocages ont été dispersés et repliés sur soi, sans affirmation contestataire.
Ils ont donc été relativement invisibles, ils ne sont pas allés vers la population.

Une protestation minoritaire dans un pays en attente
La police parle de 175 000 participants en général, la CGT de 250 000. On peut prendre les choses par le bout qu’on veut, cela reste faible quand on connaît la tradition de la contestation à la française.
Il n’y a d’ailleurs pas eu de contestation générale de la part de ceux qui ont largement les moyens de protester de par leur situation sociale privilégiée. Il y a eu seulement 4,14 % de grévistes chez les agents de la fonction publique d’État, 6,8 % dans la fonction publique hospitalière, 4,20 % dans la fonction publique territoriale
Le 10 septembre 2025, le début d’un long chemin
Quand on se fonde sur les valeurs de la Gauche historique, on ne pouvait pas être aveuglé par le spontanéisme et le syndicalisme du mouvement d’appel au blocage. On a déjà vu tout cela avant 1914, avec la CGT comme minorité agitée utilisant le mythe de la grève générale.
Il est bien triste d’en être revenu à un tel niveau. Toutefois, la crise du capitalisme français commencée en 2020 apporte une nouvelle dimension à ce qui se passe. Surtout alors que la France accélère son escalade militaire contre la Russie !
À nous d’être à la hauteur de cette époque complètement nouvelle, qui exige de lever le drapeau rouge du prolétariat afin de sauver la civilisation. Ou la révolution empêche la guerre, ou la guerre provoque la révolution !