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10 décembre 2019: une mobilisation qui ne transcende pas le fatalisme

Les grèves de ce mardi 10 décembre 2019 ont été moins importantes que celles de la semaine dernière, avec principalement les agents RATP et une partie des agents SNCF, surtout les conducteurs, qui maintiennent la grève depuis le 5 décembre. Néanmoins, il a existé encore hier de nombreuses grèves d’une journée, plus ou moins minoritaires, plus ou ou moins entièrement encadrées par les syndicats.

À l’usine Bonduelle Rosporden en Bretagne, la moitié des CDI a débrayé hier, soit pour deux heures, soit toute la journée. Et l’ambiance est assez morose. Le discours du délégué syndical CGT est très pessimiste : il explique que « dans la durée, cela va être compliqué car nous n’avons pas la force de frappe suffisante ».

Et il précise :

« Nous avons une moyenne d’âge de 48/49 ans dans l’entreprise. Il y a beaucoup de gens cassés à force de porter des charges toute la journée. L’entreprise n’arrive plus à recaser les personnels qui ont un problème de santé car tous les postes administratifs sont pris. Il y a donc des licenciements. Il y a vingt ans, on pouvait rester quinze jours en grève, c’était plus facile. Aujourd’hui, on voit bien que les gens sont plus fragiles.

Si l’on veut parler d’équité, il faut tirer tout le monde vers le haut. Nous n’attendons pas grand-chose du Premier Ministre ce mercredi. Les gens sont parfois désabusés, fatalistes. Nous n’arriverons peut-être pas à gagner la bataille mais ne rien faire c’est être sûr de la perdre. Tant qu’il y a une lutte, il y a de l’espoir, mais ce n’est pas simple. »

Voilà qui correspond bien, on le sait, à l’état d’esprit qui règne malheureusement dans le prolétariat français. Le prolétaire français est fataliste. Il se dit que soit c’est foutu, soit qu’il doit regarder individuellement à se caser ailleurs. Il ne va pas plus loin.

La lutte contre le plan gouvernemental de réforme des retraites ne change pas la donne. D’où les discours triomphalistes ou bruyants des syndicalistes et des anarchistes pour faire semblant qu’il se passe quelque chose. N’y croira que celui voulant y croire.

> Lire également : La raison de l’échec du 10 décembre 2019: la malhonnêteté intellectuelle!

Car ce qui est retenu surtout de cette journée du 10 décembre c’est le nombre de manifestants. Ils ont été moitié moins nombreux partout en France que la semaine dernière. Le ministère parle de 339 000 manifestants et la CGT de 855 000 (d’après Le Parisien). Dans tous les cas, moitié moins.

Cela marque un essoufflement, alors que la grève du 5 décembre avait déjà déçu beaucoup de grévistes pour son manque d’impact, mis à part dans les transports franciliens et à la SNCF.

Selon la SNCF, 77,3% des conducteurs de trains étaient en grève hier, ainsi que 55,4% des contrôleurs et 23,9% des aiguilleurs, ce qui fait un taux officiellement de 24,7% de grévistes pour l’entreprise. À la RATP, le taux de gréviste n’est pas communiqué, mais il est évidement très important, car le trafic est très faible voire inexistant depuis jeudi dernier.

Bien qu’il n’y ait pas de chiffres, la grève était significative dans le transport aérien, ce qui a engendré des annulations de vols, plus ou moins importantes selon les compagnies et les aéroports.

Dans de nombreuses entreprises, et notamment dans l’industrie, les quelques personnes ayant fait grève la semaine dernière ont été encore moins nombreuses cette fois, se limitant encore plus que jeudi dernier aux syndiqués et à leur entourage immédiat.

On remarquera ainsi de nombreuses poches de grévistes, réelles mais très minoritaires, un peu partout dans le pays comme chez Michelin à Clermont-Ferrand ou chez PSA Hordain (Sevelnord), près de Valenciennes où une cinquante de syndicalistes, de l’usine et de l’union locale, ont mené un barrage filtrant qui a un tout petit peu retardé la production.

Les dockers du Grand port maritime de Marseille, où la grève d’hier était suivie et devrait l’être à nouveau demain jeudi 12 décembre, ont également fait un blocage en fin de journée. Il y a aussi des grèves dans la plupart des raffineries françaises, dont 7 sur 8 sont bloquées, avec des mouvements reconduits ou arrêtés à différents moments depuis la semaine dernière, de manière dispersée.

Il faut noter par ailleurs dans le nombreuses communes des grosses mobilisations des personnels de cantine scolaire, sans qu’il y ait de chiffre général. Chez les enseignants, la grève était moins importante que la semaine dernière, avec un taux de grévistes d’après le ministère de 12,41% dans le primaire et 19,41% dans le secondaire (contre respectivement 50 % et 40 % le 5 décembre).

Chez EDF, où la CGT est encore très implantée, la grève a été suivie, avec 21,8 % de grévistes (contre 36,5 % la semaine dernière) pour l’entreprise, mais beaucoup plus pour ce qui concerne les ouvriers, sans que l’on ait de chiffre. On sait cependant que dans certaines unités de production, par exemple la centrale de Cordemais en Loire-Atlantique, les grévistes étaient 92 % la semaine dernière et ont encore bloqué la production cette semaine.

Il y a eu quelque actions de la part d’agents EDF, tantôt biens vues comme à Lyon où la CGT a revendiqué le basculement de 80 000 foyer en tarification heures creuses, tantôt plus discutables comme à Perpignan où le centre-ville a été privé d’électricité pendant une partie de la journée.

On notera également la continuation du mouvement dans les hôpitaux, et notamment les services d’urgence où le mouvement de grève/contestation en cours depuis plusieurs mois connaît un nouveau rebond.

En ce qui concerne la jeunesse, c’est le calme plat dans les lycées et les universités, malgré quelques jeunes radicalisés dans certains établissements qui tentent de forcer les choses avec les habituels « blocus » de lycées ou occupations d’amphithéâtres dans certaines facultés.

Soulignons pour finir la grande grève des éboueurs de Brest (90% de grévistes) depuis la semaine dernière à cause de la durée des tournées et pour réclamer une prime de pénibilité, ainsi que de meilleurs équipements de protection individuelle. Une grève des éboueurs à Martigues près de Marseille, qui dure depuis la semaine dernière, a elle été suspendue hier soir.

Il n’y a ainsi ni mouvement général, ni même une hypothétique agglomération de différentes luttes cloisonnées. On est dans la pente descendante à moins qu’un élément ne vienne s’ajouter dans la dynamique en cours.

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La raison de l’échec du 10 décembre 2019: la malhonnêteté intellectuelle!

La journée du 10 décembre 2019 contre le plan gouvernemental de réforme des retraites n’a pas amené le monde du travail à se mobiliser massivement. Comment peut-on alors prétendre le contraire ? Entre les « on lâche rien » syndicalistes et les fantasmes anarchistes du grand soir, on est dans un déni complet de la réalité. Il faut que ces gens s’effacent devant la Gauche politique.

Il faut vraiment nier la réalité pour raconter que le « monde du travail » et la « jeunesse » s’est massivement mobilisée le 10 décembre. Ce n’est tout simplement pas vrai. Le dire, c’est mentir. Et, à la suite de la mobilisation du 10 décembre, la CGT ment. Son communiqué intitulé « L’opposition à la réforme des retraites se confirme ! » relève de la malhonnêteté intellectuelle.

Comment peut-on écrire la chose suivante ?

« Avec 1 million de manifestants dans plus de 200 manifestations organisées ce mardi 10 décembre, c’est une nouvelle journée de mobilisation réussie alors même que cette date est apparue très récemment dans le calendrier après une première journée d’ampleur historique (…).

L’excès de communication déployé par le Gouvernement pour tenter de désamorcer la situation est un échec, force est de constater que le monde du travail, de la jeunesse et des retraité.e.s se sont de nouveau massivement mobilisés ce jour pour exprimer leur volonté de bénéficier d’un régime de retraite solidaire et intergénérationnel à l’opposé du projet présidentiel. Allant même jusqu’à entraîner la mobilisation de secteurs professionnels peu enclin à la manifestation à l’instar des syndicats de la Police Nationale. »

Comment peut-on parler de date « surprise » alors que c’est censé être un mouvement de grève commencé il y a plusieurs jours ? Rien qu’avec cela on comprend que la CGT cherche simplement à faire du bruit autour des cheminots, de EDF et de la RATP, au moyen des retraités et des jeunes, avec quelques bases ouvrières.

Sauf que les ouvriers en général restent tous à l’écart, que la jeunesse fait d’ailleurs pareil, sans parler des travailleurs du secteur privé en général.

Et les grèves, d’ailleurs, où en est-on ? Parce que tout le silence syndical à ce sujet en dit long. C’est un flop. Ce flop vient du fait que les gens n’ont pas fait confiance ni aux syndicats, ni aux anarchistes. Ni d’ailleurs aux cheminots, aux travailleurs de la RATP et à ceux de l’Éducation nationale, qui ne s’imaginaient tout de même pas que la France allait faire une grève générale rien que pour eux quand même !

Il serait peut-être temps que les travailleurs concernés assument de mener une lutte corporatiste, pour se remettre en cause et alors chercher à gagner la confiance de l’ensemble des travailleurs. Ce qui implique bien plus dure, on le devine… Et justement les cheminots, les travailleurs de la RATP, d’EDF et ceux de l’Éducation nationale ne le veulent pas. Leur raisonnement c’est : foutu pour foutu du côté des travailleurs, tirons notre épingle du jeu.

Qu’on ne s’étonne pas donc si tout plante et si les ouvriers restent à l’écart… comme ils sont restés à l’écart des gilets jaunes.

Et c’est pour cela que toute cette mobilisation actuelle n’a pas d’âme, comme bien d’autres ! Et c’est pour cela que la Gauche politique est totalement à plat, avec les syndicalistes et les anarchistes, devant qui tout le monde capitule pratiquement à gauche.

Ce qui revient à faire semblant d’apprécier les commerçants itinérant du XIXe siècle vendant leur camelote en prétendant que c’est un remède miracle. Alors que la classe ouvrière va réémerger sur la place historique… Et que tout va être alors fondamentalement différent.

Bien malin seront alors ceux qui auront valorisé le syndicalisme, l’anarchisme, les gilets jaunes, en pensant que la Gauche politique, la Gauche historique, c’était du passé !

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Retraites: l’appel à la grève pour mardi 10 décembre 2019

Voici l’appel à la grève pour mardi 10 décembre 2019 par les syndicats CGT, CGT-FO, FSU et Solidaires ainsi que les organisations étudiantes-lycéennes MNL, UNL et UNEF.

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