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Tribune: «Pour protéger l’Amazonie française et ses gardiens, reconnaissons leurs droits»

L’orpaillage illégal est un véritable catastrophe en Amazonie, qui s’est transformé ces dernières années en une agression de la nature à très grande échelle. Les peuples autochtones constituant les premières nations de Guyane, qui subissent de plein fouet la pollution au mercure consécutive à l’extraction de l’or, affirment leurs droits légitimes, directement liés à l’affirmation de la protection de la nature.

C’est l’objet d’une tribune signée dimanche 13 septembre 2020 par plusieurs associations qui se placent sur le plan du Droit pour contraindre l’État français à mettre en place un cadre démocratique nouveau en ce qui concerne la Guyane.

Aucune quête identitaire ici, ni quelconque démarche « inclusive ». Au contraire, la démarche est fondée sur une réalité matérielle tout à fait concrète, consistant en le rapport historique à la nature des peuples autochtones constituant les premières nations de Guyane. L’État français n’est pas rejeté en tant que tel, de manière abstraite, mais il est fait appel à la substance de sa réalité légale, c’est-à-dire le droit, pour établir un cadre démocratique nouveau et conforme à la réalité naturelle amazonienne.

Voici la tribune :

« Pour protéger l’Amazonie française et ses gardiens, reconnaissons leurs droits

Donner une personnalité juridique aux écosystèmes amazoniens de Guyane et enfin reconnaître le statut des premières nations permettrait une meilleure protection de leurs droits face au scandale écologique et sanitaire de l’orpaillage illégal qui frappe la France sur son territoire d’Outre mer. En ce 13eme anniversaire de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, les associations Wild Legal, Organisation des Nations autochtones de Guyane, Maiouri Nature Guyane, collectif Or de question ainsi tous les signataires de cette tribune souhaitent rappeler à l’Etat ses obligations pour la sauvegarde des droits de la nature et des amérindiens wayana.

Samedi 12 septembre, l’Ecosystème Darwin (Bordeaux) a été la scène de la première conférence-procès pour les droits de la nature et des peuples autochtones, un procès-simulé né de la collaboration entre étudiants en droit, associations guyanaises et métropolitaines et experts, au sein du programme Wild Legal.

Sur le banc des accusés : l’Etat français, attaqué en justice pour carence fautive dans la lutte contre l’orpaillage illégal. Face à lui : les organisations de défense du peuple autochtone wayana et des écosystèmes amazoniens de Guyane.

À la barre, les experts Alexis Tiouka, juriste en droit des peuples autochtones, Valérie Cabanes, juriste internationaliste, experte du crime d’écocide et Jean-Pierre Havard, humanitaire engagé pour la santé du peuple wayana ont éclairé les débats.

Rappel des faits

Au nord ouest de la Guyane, le fleuve Maroni sépare le Suriname et la France et se jette dans l’Océan Atlantique. Sur ses rives immensément riches en biodiversité, habitent les amérindiens wayana. Depuis plus de 30 ans, cette région de Guyane française souffre des impacts de l’orpaillage illégal responsable de la destruction de près de 12.000 ha de forêt et de 1.800 km de cours d’eau. Alors qu’il devrait s’agir d’un sanctuaire pour les espèces animales et végétales, 143 sites illégaux ont été recensés en janvier 2020 au sein du parc Amazonien de Guyane et on estime que 10.000 orpailleurs clandestins seraient présents sur le territoire.

La protection des droits humains à un environnement sain et à la santé

L’utilisation du mercure pour extraire l’or entraîne une contamination importante des écosystèmes terrestres et aquatiques. Des centaines de tonnes de ce produit chimique ont été déversées dans la nature, et remontent ainsi la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme. Les dépistages réalisés chez les amérindiens wayana montrent des taux de contamination mercurielle bien supérieurs à la limite sanitaire de 10 μg/g de cheveu recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les enfants sont particulièrement exposés in utero et les habitants souffrent des effets de cette imprégnation excessive qui provoque des troubles cognitifs, l’altération du système nerveux et particulièrement des fonctions de la vue et de la coordination motrice.

Depuis 1994, les études se succèdent, mais l’Etat s’est contenté de mettre en place des mesures d’information pour conseiller aux Wayana de changer leurs habitudes alimentaires en renonçant à la consommation de poisson, fortement contaminé. Il semble échapper aux pouvoir publics qu’étant donné l’absence d’alternative pour ce peuple qui tire sa subsistance du fleuve, cette injonction ne peut que rester lettre morte sans la mise en place d’un programme alimentaire étatique de substitution.

Nous appelons l’Etat français à respecter ses engagement découlant de la ratification de la Convention de Minamata sur le mercure et à prendre au sérieux son obligation de garantir le droit à la santé des Wayana en mettant en place une veille sanitaire et une aide alimentaire, mais aussi et surtout, à leur assurer un environnement sain en renforçant massivement les moyens de la lutte contre l’orpaillage illégal.

La reconnaissance des droits des peuples autochtones

Treize ans aujourd’hui que la France a voté la Déclaration des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones et pourtant, elle refuse toujours de reconnaître un statut particulier aux amérindiens de Guyane. Se cachant derrière une lecture restrictive et passéiste de l’article 1er de la Constitution posant le principe d’indivisibilité de la Nation, elle prive ces peuples de droits légitimes propres à leur histoire, leur lien à la terre et leurs cultures.

Sur le Maroni, les activités sociales, économiques, alimentaires et culturelles des peuples autochtones dépendent du lien étroit avec leur environnement, aujourd’hui menacé et en partie détruit par l’orpaillage illégal. Il est nécessaire d’affirmer que la conservation de la biodiversité amazonienne implique la protection des modes de vie et des cultures amérindiennes.

Nous demandons à l’Etat de reconnaître les droits fondamentaux et bio-culturels de ce peuple, son rôle déterminant dans la protection de la nature et par conséquent l’importance de mettre en place une gouvernance partagée ainsi qu’une coopération renforcée dans la lutte contre l’orpaillage illégal.

La défense des droits de la nature

Du fleuve Atrato en Colombie au mont Taranaki en Nouvelle-Zélande, de nombreux écosystèmes de par le monde se voient aujourd’hui reconnaître des droits propres ainsi qu’une personnalité juridique afin de mettre en place un nouveau régime de protection de la Nature. Il s’agit de garantir dans notre droit une nouvelle relation à la Nature, à la fois respectueuse du fonctionnement des écosystèmes et des besoins humains.

Afin de faire face aux ravages de l’orpaillage illégal en Guyane, nous demandons à l’Etat de reconnaître le Haut Maroni en tant qu’entité vivante bénéficiant du droit à la protection et à la conservation de son intégrité, du droit à la pleine santé et à être exempt de contamination, de pollution et de déchets toxiques, le droit à la régénération et à la continuité de ses cycles et processus vitaux, le droit à la restauration de ses écosystèmes. Nous soutenons également la création d’une commission des gardiens du fleuve composée des représentants amérindiens, exerçant une tutelle légale en collaboration avec les services de l’Etat afin de mettre en place un plan d’action visant à éliminer définitivement les activités minières illégales, un programme de soutien aux projets d’alternatives économiques locales pour garantir la sécurité alimentaire de ce peuple et l’organisation d’une campagne régionale de dépistage du mercure.

Le procès simulé pour l’Amazonie française et de ses gardiens est une première étape, par laquelle nous tenons à alerter l’opinion publique et l’Etat en donnant à voir de nouvelles solutions pour la protection des droits de la nature et des peuples autochtones. Nous attendons de la part du gouvernement une réponse quant aux engagements qui seront pris en ce sens pour mettre fin au scandale humain et écologique de l’orpaillage illégal, défendre l’intégrité du fleuve Maroni et enfin reconnaître les droits des premières nations de Guyane.

Signataires de cette tribune, nous réclamons une mutation profonde de notre modèle juridique afin de défendre les droits de la Nature et des peuples autochtones. Pour faire face aux enjeux écologiques majeurs de notre siècle, il est nécessaire de nous affranchir des jurisprudences obsolètes et de nous engager dans une évolution restructurante de notre gouvernance, reposant sur le respect des droits fondamentaux de tous les êtres vivants, humains et non-humains.

Signataires :

Wild Legal, Organisation des Nations autochtones de Guyane, Maiouri Nature Guyane, Or de question, Alexis Tiouka, juriste en droit des peuples autochtones, Valérie Cabanes, juriste experte du crime d’écocide, Marie Fleury, ethnobotaniste, présidente du Conseil scientifique du Parc amazonien de Guyane, Jean Pierre Havard, association Solidarité Guyane, William Bourdon, avocat, défenseur des droits humains, Eleonore Johannes, collectif des Premières nations, Michel Dubouillé, secrétaire général de Guyane Ecologie, Darwin Climax Coalitions »

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Société

«Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane»

Voici le texte pour un cagnotte Leechi par la Fédération Lokono de Guyane (FLG) :

[retrouvez la cagnotte ici -> leetchi.com/c/covid-19-soutien-aux-peuples-autochtones-de-guyane ]

« Covid 19- soutien aux peuples autochtones de Guyane

À l’initiative des amérindiens et amérindiennnes de la Fédération Lokono de Guyane (FLG), nous lançons une cagnotte pour soutenir nos frères et sœurs amérindiens dans la lutte contre le virus Covid 19.

ÉTAT DE LA SITUATION EN GUYANE.

La région Guyane compte actuellement 96 cas confirmés de covid 19. Le village amérindien Cécilia, qui en compte près d’une vingtaine, est le premier village mis en quarantaine par arrêté du Préfet de Région en date du 9 avril 2020. En raison de notre mode de vie en communauté, le virus s’est propagé rapidement. Dans l’urgence le village, qui a dû etre placé en quarantaine, n’a pas pu se préparer, les habitants n’ont donc pas pu faire leurs réserves alimentaires, d’où la nécessité d’un ravitaillement.

En complément de l’aide de la mairie de Matoury, le village amérindien de Sainte Rose de Lima, en signe de soutien et de solidarité, s’est rapidement organisé et a réussi à lever des fonds pour les approvisionner. Bien que l’aide ait été appréciée, ce n’était malheureusement pas suffisant pour un village de près de 300 habitants.

À ce jour, distribution de masques en quantité très limitée, des tests de dépistage seulement pour les villageois présentants des symptômes, des villages inquiets, les amérindiens stigmatisés.

Nous n’imaginons pas la situation si le virus venait à se propager.

Nous nous devons donc d’anticiper, d’agir et de prévenir la propagation du virus chez nous ainsi que dans les autres villages. Les mesures prises par l’état sont importantes, mais demeurent insuffisantes et ne nous rassurent pas.

C’est pour cela que nous nous mobilisons aujourd’hui en faisant appel à la solidarité et à la générosité de tout un chacun, en lançant cette cagnotte. Nous vous remercions d’avance pour vos contributions.

NOTRE OBJECTIF.

Aider les différents villages amérindiens en achetant et en distribuant au plus vite:

– des produits de premières nécessités aux personnes dans le besoin.

– achat et/ou fabrication de masques en tissu et de gants pour les personnes dans le besoin.

NOTRE PLAN D’ACTION.

– Lister les besoins alimentaires des familles, surtout pour les enfants en bas âge (nourriture, hygiène, etc…)

– Mise en place de médiateurs autochtones de la FLG pour soutenir les équipes de prévention.

– Distribution des produits vers les villages voisins.

– Combattre l’isolement en s’assurant que les villages bénéficient d’infrastructures au niveau des communications. (téléphone, internet).

QUI SOMMES-NOUS ?

La fédération Lokono de Guyane est une association loi 1901 créée en 2008. Elle a pour objectifs de défendre les intérêts collectifs des amérindiens de Guyane, notamment en matière de développement culturel, social, environnemental et économique. Les Lokono (Arawak) sont une des six nations amérindiennnes (Kali’na, Paykweneh, Teko, Wayãpi, Wayana) présentes en Guyane.

Liens renvoyants à la situation des villages amérindiens.

https://youtu.be/Cez8ujiluww

https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/centre-littoral/coronavirus-les-villages-amerindiens-de-macouria-et-de-matoury-s-isolent-volontairement-pour-prevenir-toute-propagation-du-virus-chez-eux-823150.html

https://www.facebook.com/federationlokonodeguyane/ »

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Écologie

Montagne d’or en Guyane: la réaction du chef coutumier Eric Louis

Voici la réaction d’Eric Louis, chef coutumier du village Kuwano de Kourou en Guyane. Elle fait suite aux différentes annonces préfectorales afférentes aux concessions pour les compagnies minières, rendant très floues les véritables motivations du gouvernement quand au projet Montagne d’or. La méfiance est donc encore de mise en Guyane, il ne s’agit pas de crier victoire trop tôt.

> Lire également : Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !

 

« La Compagnie Montagne d’Or reste sur sa position, l’État qui joue un double rôle ne peut trancher pour un Oui, c’est tout un mécanisme politique et juridique qu’il faut contourner, donc en l’état des différents éléments et surtout de la réforme du code minier tant attendu, au jour d’aujourd’hui il serait simplement inconcevable et incompréhensible de la part de l’état après tant d’interventions au plus haut niveau.

Dans tout les cas nous maintenons notre position négatif contre ce projet et revendiquant trois fois plus nos problèmes quotidiens en Termes de préservation et de réparation sur trois générations.

Pourquoi l’état devrait-il financer un tel projet alors qu’il ferme les yeux sur les problèmes quotidien des Guyanais en particulier les PEUPLES AUTOCHTONES de ce territoire. Nous devons faire-valoir nos droits de vie jusqu’à l’obtention de nos droits de réparation pour avoir détourné nos destins aux profits des différents gouvernements de l’état français qui se sont succédés dans le mépris et l’indifférence face à nos problèmes. La Guyane fait partie de l’Amazonie donc il fait maintenant parti d’un problème de préservation mondial, n’était-ce pas les mots des différents chefs et représentants d’état à l’ONU concernant l’Amazonie ?

Le président de CMO ne mérite tout simplement pas sa place et l’air qu’il respire en Guyane.

Frères et sœurs face à tant de mépris et d’indifférence dans le monde nous restons vigilants et déterminés pour un avenir meilleur pour notre territoire et la planète.

Le chef Eric Louis »

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« L’Amazonie est bien plus qu’une forêt », affirme le Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé

Voici une tribune d’une grande valeur de la part du Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé de Guyane à propos de l’Amazonie. Ce sont des choses concrètes et profondément justes qui y sont dites, avec une grande exigence démocratique et une clairvoyance sur la réalité du capitalisme. Ce texte a une portée universelle très grande, en rappelant notamment qu’en « Afrique aussi la forêt brûle et les peuples et l’ensemble des êtres souffrent de cette destruction. »

« La solidarité amazonienne

Depuis plusieurs semaines, les regards du monde entier sont tournés vers la forêt amazonienne. Cependant, il est souvent vite oublié, volontairement ou pas, que cette forêt est habitée, et gérée raisonnablement par les peuples autochtones depuis des millénaires. Le lien fraternel qui nous lie entre peuples Autochtones d’Amazonie transcende les frontières administratives.

Depuis la Guyane, nous observons avec une grande tristesse les incendies qui ravagent notre forêt dans les différents pays. L’Amazonie est le territoire ancestral des peuples Amérindiens. L’Amazonie a servi de refuge au moment de la rébellion face au système esclavagiste.

La forêt est bien plus qu’un ensemble d’arbres et d’animaux. Nous y avons, nous peuples Amérindiens et Bushinengé, un attachement particulier au niveau culturel, spirituel, économique, etc.

Quand nous voyons les flammes, c’est tout cela qui brûle et c’est ce qui crée cette profonde compassion et solidarité avec les peuples et les communautés qui font directement face à ce drame.

Les responsables de la destruction

Le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré le 12 avril 1998 « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne soit pas montrée aussi efficace que les américains. Eux, ils ont exterminé leurs indiens». Il est évident que ce personnage profondément raciste a une grande part de responsabilité, néanmoins le Grand Conseil Coutumier refuse de céder à la facilité et de personnifier le véritable problème qui est politique et économique et qui est soutenu par la majorité des dirigeants au niveau mondial.

Ce ne sont pas de simples feux, c’est l’œuvre du capitalisme.

Le Brésil n’est pas le seul pays amazonien touché par les flammes, l’Amazonie n’est pas la seule forêt en feu, en Afrique aussi la forêt brûle et les peuples et l’ensemble des êtres souffrent de cette destruction.

Le feu n’est pas le seul danger qui menace ou qui détruit l’Amazonie. L’extractivisme a sa grande part de responsabilité. Et nous sommes dans l’étonnement face au positionnement du président Emmanuel Macron qui consiste à ​dénoncer la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne mais qui parallèlement attribue 360 000 hectares de forêt aux multinationales minières, en Guyane, en Amazonie française​.

Notre positionnement

Le Grand Conseil Coutumier a pour responsabilité de représenter et défendre les intérêts des peuples Amérindiens et Bushinengé de Guyane.

Nous tenons à ré-affirmer notre solidarité avec les peuples directement touchés par ces incendies et nous demandons à la population de prendre enfin conscience de l’importance de la forêt.

Nous avons refusé de co-signer la tribune de madame la ministre Annick Girardin, car il manque des engagements au niveau de la reconnaissance des droits des peuples autochtones et leur rôle dans la préservation de la biodiversité. Nous soutenons sa proposition d’augmenter les fonds alloués par l’Union européenne sur le développement de l’Amazonie ​mais la participation pleine des peuples autochtones à sa gestion doit être garantie​. Nous soutenons sa proposition de créer un fonds international pour l’Amazonie ​mais qui devra être directement géré en Amazonie par les peuples autochtones et les communautés​.

Nous notons les engagements du président de la République Emmanuel Macron «d’associer les peuples autochtones», néanmoins cela doit se traduire par la participation pleine des peuples autochtones à l’ensemble des décisions concernant la Guyane et l’Amazonie, donc ​le renforcement du Grand Conseil Coutumier ​en instance décisionnaire avec de véritables moyens de fonctionnement​.

Nous demandons une nouvelle fois au gouvernement français de ratifier la Convention 169 de l’OIT afin de reconnaître véritablement le droit des Peuples Autochtones.

Pour finir, l’Amazonie est bien plus qu’une forêt, c’est notre «chez-nous», elle est vivante et elle est en train de mourir, par l’action de l’homme. Ensemble, changeons le destin de notre planète et ayons le courage de prendre des virages pour l’avenir et pour l’espoir.

Le Grand conseil coutumier des Peuples Amérindiens et Bushinengé. »

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Guerre

Emmanuel Macron prend en otage la question de l’Amazonie pour servir la puissance française

Avant-hier à la veille du G7 à Biarritz, Emmanuel Macron a opportunément évoqué les incendies en Amazonie, afin de critiquer l’État brésilien et faire pression sur des accords commerciaux. Il en a rajouté lors de son allocution d’hier à Biarritz, laissant entendre qu’il sera à l’origine d’un mouvement d’action en faveur de l’Amazonie, ce qui n’a d’autre fin que de servir les intérêts de la France en tant que grande puissance.

La forêt amazonienne connaît actuellement une série d’incendies de grande ampleur. D’après un spécialiste du Centre européen de prévisions à moyen terme (ECMWF), «  jamais les incendies dans l’État brésilien d’Amazonas n’avaient émis plus de CO2 lors d’un mois d’août, alors que le mois n’est pas encore fini ». Le constat fait par l’Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE) va dans le même sens, avec un nombre de départs de feu constaté très supérieur aux années précédentes.

La catastrophe est telle que la ville de São Paulo a vu son ciel complètement obscurci pendant une heure en plein après-midi ce lundi 19 août 2019, du fait de ces incendies. Plusieurs études scientifiques alertent par ailleurs sur un possible point de non-retour qui serait franchi rapidement, empêchant l’équilibre hydrique de la forêt tropicale humide de se maintenir, la faisant devenir une savane.

La situation n’est cependant pas nouvelle, ni isolée : elle correspond à l’état général de la planète, dont la vie est bouleversée en profondeur par l’activité humaine dans le cadre du mode de production capitaliste. La question de l’Amazonie fait ici surtout office de totem, manié par des gens qui ne veulent pas réellement changer le monde et qui s’attachent à des symboles pour prétendre l’inverse.

Les propos d’Emmanuel Macron sur Twitter sont très significatifs de cette posture à propos de l’Amazonie :

« Notre maison brûle. Littéralement. L’Amazonie, le poumon de notre planète qui produit 20% de notre oxygène, est en feu. C’est une crise internationale. Membres du G7, rendez-vous dans deux jours pour parler de cette urgence. #ActForTheAmazon »

Personne ne sait vraiment d’où le Président français tient ce chiffre de 20 %, mais il est en tous cas faux. Parler de poumon de la planète pour l’Amazonie correspond de surcroît à une posture romantique, pas à la réalité scientifique.

Déjà, parce qu’un poumon ne produit pas d’oxygène ! Mais surtout, car il est faux de considérer la planète en séparant les parties du monde et les formes de la vie les unes des autres. La production et le maintient de la teneur en oxygène de l’atmosphère est quelque chose de très complexe, qui concerne l’ensemble de la biosphère. La majorité des émissions d’oxygène provient d’ailleurs des océans, grâce au phytoplancton et non pas des forêts. L’Amazonie, aussi grande soit-elle, ne constitue de toutes manières qu’une partie des forêts mondiales.

Mais ce n’est pas ce qui compte ici puisqu’en réalité Emmanuel Macron entend surtout faire pression pour tirer un avantage plus favorable des accords avec le Mercosur, c’est-à-dire surtout le Brésil et l’Argentine. La situation est très simple : l’Union européenne a signé un accord de libre-échange abolissant presque entièrement les taxes douanières entre les deux marchés communs.

Cet accord, qui est pour l’instant suspendu, est intéressant pour l’industrie allemande, notamment pour l’exportation d’automobiles, et pour le Brésil, pour l’exportation agricole. Il est en partie intéressant pour les exportations françaises, mais entre cependant en concurrence avec les intérêts de l’agro-industrie française, elle aussi très puissante et exportatrice.

La destruction par des incendies volontaires de la forêt amazonienne, qui est un crime barbare contre la vie sur Terre et la vie de la Terre, a pour but de dégager d’immenses espaces agricoles pour l’agro-industrie brésilienne et particulièrement l’élevage. C’est cela que critique Emmanuel Macron, non pas pour des raisons écologiques, mais pour des raisons de concurrence économique, principalement à l’encontre de l’élevage bovin français.

Quand le Président français accuse le Président brésilien d’avoir « menti » sur ses engagements en faveur du climat, il dénonce en fait la possibilité d’une concurrence accrue contre l’agro-industrie française du fait de plus grands espaces agricoles. C’est pour cela qu’il affirme en conséquence vouloir s’opposer à l’application de l’accord avec le Mercosur.

La présidente de la FNSEA, qui représente directement les intérêts de l’agro-industrie française, a immédiatement salué la « décision de sagesse » d’Emmanuel Macron, considérant que ses arguments ont été entendus.

La défense de la forêt amazonienne n’est en effet qu’un prétexte, un mensonge, de la part de celui qui encourageait l’industrie liée à l’extraction d’or dans la forêt amazonienne en Guyane lorsqu’il était au ministère de l’économie. Le président brésilien d’extrême-Droite Jair Bolsonaro a alors beau jeu de dénoncer une instrumentalisation, puisque c’est de cela qu’il s’agit :

« Je suis navré que le président Macron cherche à instrumentaliser une question interne au Brésil et aux autres pays amazoniens à des fins politiques et personnelles. Le ton sensationnaliste avec lequel il se réfère à l’Amazonie (faisant même appel à de fausses photos) ne contribue en rien à régler le problème. »

Remarquons ici que cette polémique bénéficie largement au chef d’État brésilien, qui se pose alors en critique des grandes puissances en plein G7, dénonçant même une mentalité colonialiste :

« Le gouvernement brésilien reste ouvert au dialogue, sur la base de faits objectifs et du respect mutuel. La suggestion du président français selon laquelle les affaires amazoniennes soient discutées au G7 sans la participation de la région évoque une mentalité colonialiste dépassée au 21e siècle ».

Chaque pays cherche à tirer son épingle du jeu dans le cadre de la concurrence économique mondiale. Nous vivons l’époque des Trump, Xi Jinping, Bolsonaro, Poutine, Erdogan, Duterte, du Brexit, de la bataille toujours plus ouverte pour le repartage du monde.

Emmanuel Macron et Angela Merkel eux-mêmes sont des va-t-en-guerre avec leur moteur franco-allemand de l’Union Européenne, qui assume une militarisation accrue. La question de la guerre, couplée à celle de la vie pacifiée de la planète sur le plan écologique, va indéniablement façonner les prochaines années !

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« Montagne d’or en Guyane: la politique de l’enfumage continue »

Voici le communiqué du collectif Or de question à propos des annonces du gouvernement sur le projet Montagne d’or en Guyane. Il est suivi par les réactions en vidéo de Michel Dubouillé, le porte-parole du collectif ainsi que de celle de Christophe Yanuwana Pierre, le porte parole des Jeunesses autochtones.

« Montagne d’or en Guyane: la politique de l’enfumage continue

Après l’annonce du Ministre de la Transition Écologique et Solidaire, suite à la première réunion du Conseil de défense écologique, le collectif Or de question exprime sa profonde déception. M. de Rugy n’a fait que réitérer les propos tenus par le Président Emmanuel Macron deux semaines auparavant, sans pour autant enterrer définitivement le projet de la compagnie Montagne d’or.

Le gouvernement le sait, beaucoup lui reprochent de ne pas aller assez vite ni assez loin. Messieurs Édouard Philippe et De Rugy n’ont cessé de le répéter comme pour prévenir les critiques qu’ils ne peuvent manquer de voir venir suite à l’annonce des premières décisions du Conseil de défense écologique.

Le collectif Or de question attendait de la part du gouvernement une réponse ferme et définitive. Au lieu de quoi, les ministres ont rappelé que le “projet actuel” ne semblait pas compatible avec les objectifs fixés en terme de biodiversité. Or de question craint que ces déclarations ne laissent la possibilité à la compagnie minière, voyant la porte fermée, de rentrer par la fenêtre en modifiant son projet.

Creuser une mine d’or à ciel ouvert à coup d’explosif entre deux réserves de biodiversité est, de facto, incompatible avec la préservation de la nature ! Le collectif rappelle qu’en Guyane ce sont aujourd’hui près de 360.000 ha de terres qui sont directement concernées par des activités d’extraction ou des projets de recherches minières, alors même que ce territoire représente à lui seul 50% de la biodiversité française.

Encore une fois le grand enfumage continue donc, avec l’annonce lointaine d’une révision du code minier, patate chaude que les gouvernements successifs se refilent à chaque nouveau mandat. Quand bien même le projet Montagne d’or serait écarté, d’autres demandes de permis miniers sont en cours d’examen et rien ne présage de l’aboutissement de la réforme de la législation française.

A quelques jours des élections européennes, il est permis de douter que ce gouvernement ait convaincu quiconque quant à son engagement pour la protection du climat et de la biodiversité.

Pour les membres du collectif Or de question le combat continue jusqu’à l’abandon définitif de tous les projets industriels miniers en cours ; nous attendons M. le ministre de pied ferme lors de son déplacement en Guyane. »

> Lire également : Non au méga-projet de mine d’or « Montagne d’or » en Guyane !