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Cauchemar pour la Gauche: EELV en nouveau François Hollande

L’opportunisme qui s’exprime à Gauche à l’occasion des municipales laisse craindre la réédition de l’épisode François Hollande, c’est-à-dire l’utilisation d’une figure de centre-Gauche pour gagner aux présidentielles et mener la lutte des places.

L’attitude de la Gauche aux municipales est très problématique en bien des endroits. L’unité a été saisie comme importante et essentielle, mais il n’y a pas de mouvement vers une autocritique, un retour aux valeurs historiques. Il y a un contournement des questions de fond en se plaçant à la remorque d’EELV.

Ce qui se passe à Amiens est un exemple glaçant. Cette image présentant les candidats de la liste « Amiens, c’est l’tien ! » représente à elle seule tout un suicide généralisé de gens se disant de Gauche mais totalement déconnecté du monde populaire. Amiens, ville populaire, ville prolétaire, et on la droit à ça ?

Il ne faut pas s’étonner si une ligne aussi anti-ouvrière, anti-prolétaire aboutit aux succès de l’extrême-Droite. Et pour saisir l’ampleur de la catastrophe, la liste est soutenue par le PS, le PCF, Génération-s, Place publique, LFI, Picardie debout, Ensemble 80 et EELV.

C’est du suicide politique. Et ce suicide s’accompagne d’un véritable positionnement stratégique, visant à faire d’EELV le fer de lance pour les élections présidentielles à venir. Il y a bien évidemment l’idée qu’EELV, par son positionnement assez « neutre » politiquement, puisse permettre de gagner et d’amener dans la foulée un gouvernement fondée sur l’alliance EELV-Gauche.

De cette manière, tout serait sauvé, aucune remise en cause ne serait nécessaire, l’équilibre et la stabilité seraient retrouvés. EELV est une carte utilisée pour un gigantesque tour de passe-passe historique. Tout devrait reprendre son cours, comme avant la désillusion de la fin du quinquennat de François Hollande.

C’est là bien évidemment ridicule, alors que l’on voit bien que le sol du pays remue, que les gilets jaunes et la grève des syndicats contre la réforme des retraites n’ont été que de bien pâles hors d’œuvre historiques comparés à ce qui va se produire. C’est un tremblement de terre qui se profile à l’horizon, parce que le capitalisme est instable, qu’il est en crise, que la guerre se montre toujours plus comme une option désirée pour se sortir de la crise.

Se placer à la remorque d’EELV, c’est nier tout cela. C’est se dire qu’à coups de mesures écologistes par en haut, le réchauffement climatique sera supportable. C’est se dire que par l’Union Européenne, on échappera à la crise économique. Que par l’emplacement géographique de la France, on échappera à la rivalité sino-américaine menaçant la paix mondiale.

C’est là une véritable capitulation à laquelle on assiste. Dire que François Hollande a été dénoncé, tout cela pour refaire exactement la même chose dans la foulée avec EELV !

Mais cela permet également d’y voir clair. La Gauche institutionnelle s’éloigne tellement de la Gauche historique qu’elle devient autre chose. La Gauche institutionnelle espère avancer par EELV, alors qu’elle se fera phagocyter.

Et les esprits sincères comprendront vite que se mettre derrière EELV, c’est simplement se mettre à la remorque de capitalistes plus « modernes » que d’autre.

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Écologie

« Il faudra trouver d’autres arguments que les petits oiseaux »

« Il faudra trouver d’autres arguments que les petits oiseaux » : tel est l’argument d’un promoteur immobilier pour faire taire des gens refusant de voir, à Amiens, leur quartier se faire déstructurer par des barres d’habitations. Leur protestation a ceci d’exemplaire que sur le plan de l’immobilier, c’est un véritable phénomène historique, qui parti des années 1970 aboutit aujourd’hui à une France mutilée sur le plan de l’urbanisme.

Amiens Route de Rouen

Une centaine de personnes ont manifesté hier contre le projet, route de Rouen à Amiens, d’immeubles de trois étages, occupant 5200 m², pour 69 logements. Ils font face au promoteur Sigla Neuf, qui a organisé son projet avec la mairie depuis un an et demi, sans que les habitants du quartier soient prévenus de quoi que ce soit.

C’est pourtant tout leur cadre de vie qui va être bouleversé. Car Amiens n’échappe pas à cette défiguration urbaine empêchant une vie culturelle locale, malgré sa situation coincée entre Paris et Lille ; tout pays capitaliste développé engloutit tous les aspects urbains selon ses besoins, ne laissant aucune zone à l’écart. Et ce ne sont pas de ZAD dont on a besoin, mais du socialisme pour remettre tout cela à plat : il faut écraser les promoteurs.

Ceux-ci ont en effet, en attendant, les coudées franches. La mairie devait même vendre une parcelle d’un peu moins de 200 m² au promoteur, jusqu’à ce que le scandale éclate : une conseillère municipale ayant voté favorablement à cela vendait elle-même une des principales parcelles du projet au promoteur…

Les propos du responsable du projet sont édifiants également, comme le rapporte le Courrier Picard :

« Nous sommes sûrs de nous et de notre projet. Il leur faudra trouver d’autres arguments que les hauteurs de murs et les petits oiseaux pour s’y opposer. »

Ce mépris se heurte de plein front avec la réalité parfaitement comprise par les habitants, qui ne veulent pas voir leur quartier disparaître, constatant dans une pétition le faisceau des absurdités d’un tel projet :

« Inadaptation de la construction par rapport au site : alors que la zac inter campus se situe à quelques centaines de mètres et dispose de tout l’espace nécessaire à l’implantation d’habitats collectifs, pourquoi permettre une telle construction au cœur de résidences individuelles dont les jardins et la nature constituent la spécificité du quartier.

Absence de concertation avec les riverains : alors que la proximité est l’une des priorités de la charte de la démocratie locale de la ville.

Abattage de nombreux arbres quarantenaires et destruction de l’habitat des écureuils, hérissons, grives, rouge gorge et autres espèces présentes  sur 5000m2 : pendant que le réchauffement climatique est au cœur des préoccupations publiques et citoyennes et que la végétalisation est une des meilleures solutions pour rafraîchir une ville.

Infrastructures routières déjà saturées : depuis l’ouverture du CHU Sud et d’autant plus avec la mise en place des feux de croisement du carrefour de la libération. L’abondante circulation quotidienne engendre déjà polluants et risques d’accidents.

Places de stationnement déjà insuffisantes pour les riverains : du fait des constructions déjà nombreuses dans la rue et de la politique des bailleurs proposant leurs places de stationnement en supplément locatif aux locataires qui se garent donc dans la rue.

Désagréments engendrés par les travaux : encore plusieurs mois de bruit, poussières, pollutions atmosphérique et visuelle, risques de dégradations des constructions existantes du fait du creusement d’un sous sol de 100 places. »

Ce qui est très intéressant ici d’un point de vue historique également, c’est que ce sont des petits propriétaires qui se rebellent. C’est une propriété populaire : Amiens s’appuie sur des petites maisons, et ces petites maisons représentant un tout petit capital se font intégrer de force à un phénomène urbain imposé par le grand capital.

Il y a donc un phénomène de reprolétarisation, par la destruction des acquis obtenus. C’est un processus inéluctable et annonce les soulèvements populaire de demain, contre la mutilation de la vie quotidienne, l’impossibilité de profiter de la ville et de la campagne en même temps.

"We are the city, we can shut it down!"