Mercredi après-midi (ou Melody en version originale) est un film britannique de 1971 réalisé par Waris Hussein et écrit par Alan Parker, dont c’est la première participation pour le cinéma (il réalisera plus tard des films tels que Mississippi Burning, Angel Heart, Midnight Express…).
Film méconnu, il s’agit pourtant d’une œuvre magnifique, saisissant comme rarement une étape clé de la jeunesse, celle du premier émoi amoureux.
On y suit le jeune et discret Daniel se lier d’amitié avec le bien plus turbulent Ornshaw, et tomber sous le charme de Melody.
Le film adopte le point de vue des enfants, que ce soit au niveau du récit où tous les adultes sont des personnages secondaires, ou au niveau de la mise en scène où la caméra, lorsqu’elle quitte ses larges plans d’ensemble, se met à hauteur d’enfant pour mieux mettre à jour leur sentiment, leur vision (parfois rétrécit, comme lors des premiers flirt amoureux) du monde.
Alan Parker, qui a beaucoup travaillé dans la pub, accordera à ses propres réalisations énormément d’attention à travailler l’image de ses films, à l’ambiance, parfois au détriment de la narration. On voit ici qu’il n’était pas non plus dénué de talent de conteur.
Associé à la réalisation de Waris Hussein le film parvient à mêler poésie et réalisme des moments simples qui font la vie de l’enfance, que ce soit à l’école, au sein de sa famille, où à l’extérieur à flâner et faire les 400 coups avec les copains.
Si le film s’attarde principalement sur les garçons, les moments mettant en scène les jeunes filles visent tout aussi juste, révélant leur plus grande maturité, que ce soit lors des scènes de danse, ou de discussion à propos des garçons. À l’inverse les garçons sont nettement plus premier degré, plus maladroit.
Au cœur du récit, il y a cette histoire d’amour adolescente, bouleversante par ses moments de vérités, ces regards qui en disent long, ces instants de gênes, les répercussions que cela peut avoir sur les amitiés (principalement masculines).
On se laisse totalement porter par ce film, sa joie de vivre communicative. Pour autant l’arrière-plan social n’est pas oublié, il n’est jamais très loin, principalement par le biais des parents bien différents de Daniel, Ornshaw et Melody. La violence du monde des adultes, notamment à l’école, est présentée de manière assez frontale.
Malgré cela l’énergie, l’envie de vivre, d’aimer, de cette jeunesse prend le dessus et permet d’affronter tous les obstacles, jusqu’à cette séquence finale libératrice.
Tout cela est accompagné par de superbes compositions du groupe de pop rock britannique Bee Gees, en parfaite symbiose avec la poésie et la candeur du film.
Celui ci rappelle fortement d’autres films adoptant le point de vue de la jeunesse et notamment La bande des quatre de Peter Yates (1979), qui s’attardera aussi sur les moments de vie de jeunes un peu plus âgé, à la frontière du monde des adultes, avec le même talent pour souligner toute la dignité de cette vie sur un ton poétique et humoristique, sans pour autant gommer les rapports sociaux. Et c’est dans les années 1980 que ces films adolescents connaîtront leur plus grand succès avec des titres comme The Outsiders (Francis Ford Coppola, 1983), Breakfast Club (John Hugues, 1985), Stand By Me (Rob Reiner, 1986), ou encore Heathers (Michael Lehmann, 1989).
Soulignons cependant que ce genre existait depuis des années, avec des gros succès comme La fièvre dans le sang (Elia Kazan, 1961), ou même avec La dernière séance (Peter Bogdanovich, 1971), sorti aux États-Unis la même année.
Parmi tous ses titres Melody fait pâle figure en termes de reconnaissance et de réputation. Il n’a pourtant rien à leur envier, son sujet intemporel étant porté par une forme d’une grande modernité qui n’a pas pris une ride.