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Audrey Pulvar à Aix-en-Provence avec le PCF le vendredi après-midi pour parler d’écologie, à La Rochelle avec le PS dès le lendemain matin

Le PCF organise son université d’été 2019 à Aix-en-Provence du 23 au 25 août et Audrey Pulvar est mise en avant comme une invitée de marque pour parler d’écologie lors du premier débat le vendredi après-midi. Elle sera présente dès le lendemain matin à La Rochelle, à 800 km de là au campus d’été du PS pour un autre débat sur l’écologie…

Le PCF, ce parti historique de la Gauche, qui a été très implanté dans la classe ouvrière et a connu de nombreux intellectuels et scientifiques à ses côtés, n’est plus que l’ombre de lui-même. Il n’est pas mort, mais c’est tout comme. Car inviter et mettre en avant Audrey Pulvar pour parler d’écologie à son université d’été, il fallait le faire !

Quel est le rapport entre cette bobo parisienne et l’écologie ? Est-elle une scientifique aguerrie défendant la planète depuis de nombreuses années ? Est-elle une militante de terrain, rompue à la confrontation au capitalisme écocidaire ? Rien de tout cela, comme chacun le sait. Cette bourgeoise portant des lunettes en écaille de tortue à plusieurs milliers d’euros issues de la « Maison Bonnet » a simplement été présidente de la fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme, dont personne ne sait d’ailleurs très bien à quoi elle sert.

Évincée par le retour de Nicolas Hulot à la tête de sa fondation (il paraît qu’ils ne s’entendent pas bien), elle a finalement monté un « fonds de dotation pour l’Afrique » nommé AfricanPattern. On est là dans une démarche bourgeoise typique, dans le caritatif mondain qui brasse du vent pour se donner bonne conscience. Il est incroyable de voir que le PCF n’a rien trouvé de mieux comme invitée que cette ancienne présentatrice sur de nombreuses chaînes de télévision puis directrice du très bobo magazine Les Inrockuptibles.

Cela en dit long sur l’état de la Gauche à notre époque. D’autant plus qu’elle n’est pas une simple invitée parmi tant d’autres, mais elle est mise en avant dans la présentation de l’université d’été comme une sorte de faire-valoir d’un tournant vers l’écologie :

« L’écologie tiendra une grande place à l’université d’été : nous accueillerons ainsi Audrey Pulvar, présidente (2017-2019) de la Fondation pour la nature et l’homme, à l’occasion d’un grand débat avec Fabien Roussel sur le climat et les voies à dégager pour emporter cette bataille de haute importance. Le regard de scientifiques sera, comme chaque année, précieusement sollicité. Mais cette question mérite aussi d’être abordée sous l’angle des marches pour le climat et de leur écho : nous y accorderons toute l’attention nécessaire à partir des premiers travaux menés sur ces mouvements. »

Tout cela est d’autant plus affligeant qu’Audrey Pulvar ne fera que passer en coup de vent à Aix-en-Provence puisqu’elle est annoncée dès le lendemain matin à 9h30 pour un débat au campus du PS à La Rochelle.

C’est non seulement pas très écolo comme façon de faire, mais en plus cela en dit long sur l’engagement et la démarche d’une telle personne, qui mise sur sa notoriété pour se placer et se faire inviter, alors qu’elle ne représente rien du tout, n’a aucune démarche de fond.

L’écologie n’est pour elle qu’un créneau qu’elle a choisi un beau jour en trouvant cela porteur. Elle fait partie de ces gens très actifs sur les réseaux sociaux pour s’offusquer de tout et n’importe quoi en s’imaginant avoir un impact. La pseudo « affaire du siècle » qu’elle avait lancée avec d’autres ONG pour soi-disant intenter une procédure contre l’État pour inaction écologique est typique de sa démarche.

Quand on est de Gauche, on ne peut que détester ce genre de personnage. La Gauche, si elle veut se réconcilier avec les classes populaires, devra dresser un solide rideau de fer entre elle et ce genre de figure bobo insupportable.

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Tribune d’Audrey Pulvar : « N’ayons pas peur d’être de gauche »

Audrey Pulvar publie une tribune dans L’Obs dans laquelle elle parle d’écologie, de révolution et de la Gauche.

Beaucoup de gens seront forcément mal à l’aise avec l’association d’Audrey Pulvar et du mot Gauche, tellement elle représente un certain état d’esprit bobo détestable, voir caricatural. On sera d’ailleurs amusé de voir qu’elle évoque dans sa tribune plusieurs philosophes en les liant à la Gauche et à la révolution des esprits, mais qu’elle ne semble pas connaître l’existence de Karl Marx !

La tribune qu’elle publie dans l’Obs, l’hebdomadaire par excellence des bobos, est néanmoins intéressante. C’est intéressant non pas tant par ce qui y est dit, car c’est en fin de compte ce que pensent déjà beaucoup de gens, mais parce que cela illustre un tournant : de plus en plus de personnalités assument à nouveau la Gauche, le termes Gauche, l’identité de gauche.

C’est assurément une bonne chose, bien qu’il ne faille pas oublier en même temps l’impérieuse nécessité pour les masses populaires et en particulier la classe ouvrière de se réapproprier la Gauche, de ne pas se la faire confisquer à nouveau par une partie de la bourgeoisie.

Voici la tribune publiée ce mercredi 26 juin 2019 :

« La totalité. Rien de moins.

C’est dans la totalité de nos modes de vie, nos organisations, nos projections, que s’inscrit la pensée écologique. Totalité des conséquences effroyables du réchauffement climatique, déjà constatées pour des dizaines de millions d’individus ; totalité de la révolution – et non simple évolution – à opérer pour relever le défi de façon solidaire et responsable.

Mais surtout, totalité de la définition de nous-même à réécrire, créer, construire. Totalité de notre relation à l’autre humain, à l’autre à naître, à l’autre vivant, y compris non-humain ; de notre relation au temps, à l’Histoire, à ce qui compte vraiment.

Totalité des références à pulvériser.

L’écologie n’est pas qu’une affaire de climat, de source d’énergie, de disparition d’insectes ni d’ours blanc dérivant, hagard, sur son morceau de banquise détaché. L’écologie n’est pas qu’une affaire de quinoa, de robinets fermés, de « manger local », d’éoliennes ou de fenêtres bien isolées. Ce que sous-tend la pensée écologique, qui reste à élaborer – bien que de nombreux philosophes, sociologues ou anthropologues, de Dominique Bourg à Timothy Morton, en passant par Erik Olin Wright ou Abdourahmane Seck, pour ne citer que ceux-là, aient déjà beaucoup produit à ce sujet –, concerne avant tout des questions aussi vastes que la justice sociale, la solidarité internationale, le partage de ressources vitales raréfiées, la responsabilité individuelle et collective.

L’autre, encore et toujours. L’autre, l’espace, la transversalité ! Pas petit, mais grand. Pas mon nombril, ma communauté, mais le vaste, le total, l’Humanité. Pas seulement le « vivre ensemble » mais bien plus le « faire ensemble ». Or cet ensemble n’est pas que mon voisin et moi, ma nation et moi, mon continent et moi… cet ensemble est le nouveau cosmos. Et nous dans ce cosmos.

Qu’est-ce que la notion de progrès, quand il détruit l’être et/ou soumet son écosystème au point de le dégrader dangereusement et à jamais ?

Qu’est-ce que l’innovation, si elle remplace une prédation par une autre, l’actualise en quelque sorte, et n’améliore le sort que de quelques-uns au détriment du plus grand nombre ?

Qu’est-ce que le développement s’il ne concerne qu’un hémisphère du globe, au prix de l’exploitation sans cesse réinventée du second ? Notre hémisphère Nord prospère et, recroquevillé sur ce qu’il considère comme ses trésors d’achèvement, ne survit que parce qu’il est érigé depuis le socle d’un hémisphère Sud vidé de sa substance et vers lequel aujourd’hui nous renvoyons nos productions les plus inconvenantes : déchets sensibles, molécules interdites, chimie mortelle, véhicules de réforme, modèle économique mortifère, mirage nucléaire mais aussi émissions de gaz à effets de serre.

Qu’est-ce que la compétitivité, quand elle s’accompagne d’un sentiment de perte d’utilité pour celui ou celle qui travaille, de maladies professionnelles, d’une plus grande précarité et de baisse du pouvoir d’achat ? Quand elle a pour corollaire l’aggravation de la situation climatique, la combustion permanente de notre hyperconsumérisme, la rémunération toujours plus faible d’une valeur travail mondialisée pourtant toujours plus lucrative pour le tout petit groupe de celles et ceux sur l’argent desquels le soleil ne se couche jamais, présent qu’il est sur les 24 fuseaux horaires ?

Qu’est-ce que le bonheur s’il repose sur la possession toujours plus nombreuse d’écrans et de produits manufacturés, à condition que des enfants travaillent, esclaves, pour nous chausser, nous habiller de jeans ou rendre nos téléphones plus intelligents ? Douze heures de travail étouffant, nocif, pénible pour une ration alimentaire, pour un dollar ou une volée de coups de pieds, et qui pour t’en défendre ? D’où surgit le sens, dans une vie envahie d’objets, de clics, de pouces levés, de swaps, mais vide de relation sincère à l’autre, de responsabilité à l’égard du vivant, dans laquelle l’avoir a supplanté l’être, où le temps de cerveau disponible se monnaye à prix d’or ?

Qu’est-ce qu’un « homme augmenté », s’il ne s’agit pas d’améliorer ses conditions de vie, mais simplement de le rendre corvéable, infatigable, encore plus efficace ?

Qu’est-ce que le vote si les régimes totalitaires, leurs haines et leur passion pour le contrôle ne font plus peur, pourvu que des prises USB demeurent ?

Que veut dire le mot réussite, s’il repose sur la non-résorption des inégalités, dans des sociétés de plus en plus violentes, dépressives, malades, structurellement injustes où consommer plus est la seule réponse au mal de vivre qui « ensommeille au creux des reins », comme le chantait Barbara ?

Qu’est-ce qu’être raisonnable, réaliste… « adulte », dans un système capitaliste mondialisé emporté par sa propre déraison, dont le projet tient en deux mots, Enrichissez-vous !, pour la même petite minorité, tandis que la même majorité s’appauvrit sans protester, puisque pour elle, ce capitalisme contemporain a inventé un mantra, en trois mots celui-ci : Manger, wi-fi, dormir ?

À l’heure de l’urgence climatique et de l’effondrement du vivant, répondre à ces questions ne relève ni de la nostalgie pour un communisme productiviste, ni du renoncement face à un cataclysme annoncé comme inéluctable, ni d’un cynisme d’élites (ces principales responsables du problème, qui ont toujours les moyens de s’en protéger) promptes à tancer des masses supposées ignares. C’est tout le contraire. Sans angélisme, mais avec détermination, elles réclament, ces questions, l’élaboration d’une pensée écologique profonde, didactique, à la fois lucide et enthousiasmante. Le constat de la catastrophe et de ses répercussions est connu, documenté. Les conséquences de nos irresponsabilités dès aujourd’hui et pour demain identifiées. Les efforts à fournir et la profondeur de la remise en question également. Ce qu’il nous reste à bâtir ? La route.

Que l’ampleur de la tâche à concevoir échappe à notre entendement n’a rien d’anormal. Mais cette incapacité à saisir l’étendue des possibles restant à inventer n’est pas synonyme de sidération. Bien au contraire, elle nous place, nus et par grand vent, au pied d’une chaîne de montagnes hostiles à gravir, sans possibilité de rebrousser chemin, avec pour seules ressources notre condition humaine et son inaliénable intrinsèque : l’espoir.

Or, si, enfin honnêtes, nous voulons sortir de la cécité pour tenir réellement compte des alertes scientifiques, des affaissements déjà à l’œuvre, de l’injustice dans laquelle sont tenus, partout sur terre les moins lotis (y compris dans nos pays dits riches, elles et ils, les moins responsables de désordres climatiques, en sont pourtant les premières victimes), vers quelle autre grande idée humaine nous tourner que la politique ?

Ici de grands cris désabusés… Ah, les politiques ! Tous les mêmes… et puis que n’avons-nous déjà essayé (on ne le sait que trop bien) ? Comment les différencier ? Tous copains et coquins ! Assertions trompeuses. D’ailleurs on ne parle pas ici des politiques, mais bien de la politique. Celle qui se met au service de la cité, de l’être et de demain. Celle qui pense le long terme, plutôt que l’attrait du prochain mandat. Celle qui se reconnaît, se revendique et ne craint pas, par calculs mesquins et/ou à courte vue, de dire ce qu’elle défend.

Celle qui prend la mesure de ses responsabilités, au regard non seulement du temps présent mais de l’Histoire, et ne cède pas à la trépidation.

En vogue est l’idée faible selon laquelle, dans notre pays encore régi par les institutions à la fois sûres et figées de la Ve République, droite et gauche n’existeraient plus. Le nouveau monde ne s’en accommoderait pas. Ne subsisteraient que des extrêmes, et au milieu une social-démocratie libérale de bon aloi, elle au moins adaptée aux temps modernes. De cette disparition des grandes familles politiques, cependant, la pensée écologique n’aurait cure, car c’est bien connu, l’écologie ne serait « ni de droite, ni de gauche ». Assertions trompeuses, bis.

Certes, ni l’air que nous respirons, ni la température au sol ne sont de droite ou de gauche. Il y a bien, pourtant, une réponse de droite ou de gauche au défi climatique. Il y a bien une transition écologique solidaire de gauche réclamant une réinvention de nos références et une transition écologique technologique de droite se contentant d’une adaptation, sans renoncement au vieux monde, sans abandon du moteur surconsumériste capitaliste. Il y a bien un avenir de Terriens, dans lequel le plus grand nombre possible d’êtres, engagés de longue date dans une transformation responsable de leurs modes de vie, auront redéfini leurs aspirations et déterminé le nouvel étalon de leur sentiment de plénitude, et un avenir de Martiens dans lequel se projettent ceux qui continuent de prêter à la technologie la capacité à nous dispenser d’un puissant effort de sobriété.

Quel est notre projet ? Quelle grande alternative solidaire, ayant pour pilier la justice sociale, le goût de l’autre, la Respublica et ses fondements démocratiques, pour modèle la sobriété responsable, sommes-nous prêts à élaborer ? Nous sommes entrés dans une ère de ressources vitales rares, dans un monde fini, nous rappellent Alain Grandjean et Hélène Le Teno, « où le sens de l’action et le plaisir d’exister compenseront progressivement l’éventuel sentiment de sevrage ou de limitation matérielle ressenti […] (où) le droit de faire et de s’accomplir ensemble (générera) autant sinon plus de plaisir que le seul droit de travailler pour consommer ». Or à cette raréfaction, selon que l’on se reconnaisse dans une proposition politique de gauche ou de droite – car oui, ces familles idéologiques existent encore –, on ne réagit pas de la même façon.

Ce que supposent, à l’aune de la justice sociale, les défis de nos nouvelles mobilités, d’un aménagement du territoire soutenable, d’une efficacité énergétique optimale, d’une meilleure alimentation et une agriculture à la fois plus juste pour l’agriculteur et plus respectueuse du vivant, d’une lutte contre les nouveaux ravageurs de cultures, contre les nouveaux virus mondiaux, les nouvelles affections de masse, d’une ville harmonieuse et ouverte sur ses périphéries ; ce que réclame en inventivité la réconciliation du citoyen avec l’action politique et la gestion du commun ; ce qu’il nous reste à construire pour rééquilibrer les rapports entre pays, pour protéger les plus fragiles et écrire la partition dont la jeunesse nous estime comptable, tout cela est bien de gauche ou de droite et réclame un positionnement clair.

La gauche française, désorientée, divisée et que l’on dit en mal d’espace politique, vient pourtant de rassembler, avec les écologistes, 32 % des suffrages exprimés aux européennes. Et maintenant ? Devant cette totalité de la pensée écologique à construire, défendre, porter haut, peut-elle se permettre le luxe d’avancer encore désunie ? Sans préconiser ni fusion des partis ni parole unique, ne pourrait-on au moins imaginer s’adresser au peuple de gauche, lequel subsiste, et au-delà aux Terriens, tenants d’une écologie solidaire, en leur promettant un travail commun, une route – on y revient ?

Timothy Morton démontre :

« La pensée écologique doit imaginer le changement économique ; sinon elle n’est qu’une pièce de plus sur l’échiquier de l’idéologie capitaliste. La réalité monotone et cupide que nous avons construite, avec son tourbillon familier, furieux, mais statique au bout du compte, n’est pas la fin de l’histoire. La société écologique à venir sera beaucoup plus agréable, beaucoup plus sociable et même bien plus raisonnable que nous ne l’imaginons. »Qu’attendons-nous pour y travailler, ensemble ?

Nos contempteurs habituels moqueront le grand retour d’une gauche soi-disant naïve et romantique ? Qu’importe ! Au moins pourraient-ils tomber d’accord sur un constat :

Le cynisme, le chacun pour soi, le soi-disant ruissellement, on a essayé. Si cela marchait, nous n’en serions pas à ce point d’intégral désarroi. Essayons donc autre chose. Car n’en déplaise aux adeptes du « There is no alternative » (TINA), une autre humanité est possible. Songeons aux mots de Pierre Fournier, poète, dessinateur et grand penseur de l’écologie dans un temps où le mot existait à peine…

« Je sais maintenant que la peur de passer pour un con est le plus infranchissable et le plus commun des obstacles. »N’ayons donc pas peur de passer pour des cons ou des rêveurs. N’ayons pas peur d’être de gauche.

Audrey Pulvar (Directrice générale d’African Pattern) »