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La conception réactionnaire de l’origine de la vie par les astéroïdes

Une nouvelle étude revient à la charge.

Le 3 décembre 2014, la sonde Hayabusa-2 était envoyée par l’Agence d’exploration spatiale japonaise vers un des astéroïdes de type C que composent l’Univers, l’astéroïde Ryugu (« palais du dragon ») découvert en 1999.

Si les scientifiques s’intéressent à ce type d’astéroïde, c’est parce qu’il s’est constitué il y a plus de 5 milliards d’années, soit avant la formation du système solaire et qu’il présente les éléments chimiques de l’état de la matière avant la formation du Soleil.

Prélever et analyser les compositions et la dynamique d’un tel astre, c’est ouvrir la voie à la compréhension de la formation de notre système solaire, ce qui est là tout à fait intéressant et contributif en matière d’avancée scientifique universelle.

Mais voilà, la science n’est pas quelque chose qui plane dans les cieux, et il y a toujours un rapport entre un conception donnée du monde et le travail de recherche proprement scientifique. Or, dans la société bourgeoise subsiste une propension à analyser les choses de manière séparée les unes des autres, tout autant qu’à nier l’auto-suffisance et la dynamique interne de la matière dans son développement.

La thèse de l’impulsion externe, d’une « source » extérieure à la formation de l’Univers prédomine entièrement, le Big Bang étant en cela un bel exemple de la défense religieuse d’une « création originelle » de l’Univers, thèse née dans les années 1950 autour du chanoine catholique belge Georges Lemaître.

En parallèle à cette thèse du Big Bang qui suit l’idée philosophique d’un « grand horloger », on retrouve l’idée de l’origine de la vie par « panspermie ». La « panspermie », c’est cette idée qui voudrait que la vie se « ballade » dans l’Univers grâce à un moyen de transport que seraient les météorites. Et voilà que de récentes recherches sur les poussières sur l’astéroïde Ryugu remettent une couche sur cette approche idéaliste-religieuse.

En effet, le prélèvement de fragments de poussières sur l’astéroïde Ryugu en 2019, puis leur retour sur Terre fin 2020, est une prouesse technique qui a contribué à certifier objectivement la présence d’éléments chimiques essentiels à la vie dans les astéroïdes de type C, tels de l’eau et des acides aminés (à la base de la formation de protéines complexes).

Mais le problème, c’est que les scientifiques tirent le fil et enfoncent le clou en faisant de cette conclusion, une perspective idéaliste-religieuse : l’origine de la vie se situerait ici. Et c’est toute la presse, nationale comme régionale, qui reprend cette idée d’une origine spécifique et métaphysique de la vie sur Terre.

Ainsi, Patrick Michel, membre du CNRS et de l’équipe scientifique Hayabusa-2, déclare à propos des fragments de poussières de Ryugu qu’ils vont :

« nous en dire long (…) selon la matière organique contenue dans ces échantillons, sur le rôle des astéroïdes dans l’émergence de la vie sur Terre ! »

On se demandera alors pourquoi l’eau est également présente, selon des états différents, sur la Lune ou bien encore Vénus et pourquoi la vie ne semble pas y être apparue.

Pour n’importe quelle personne soucieuse d’une approche matérialiste, il ne fait nul doute que l’Univers contient en lui-même les éléments matériels consécutifs au développement d’une de ses formes particulières, que l’on nomme la vie. Par conséquent, le souci dans ces approches, c’est la volonté de trouver un moment « décisif » ainsi qu’une « source originelle » dans l’apparition de la vie sur Terre.

C’est une terrible négation des avancées majeures dans ces réflexions que sont les apports du géochimiste Vladimir Vernadsky, puis de la biologiste Lynn Margulis et du biologiste James Lovelock. Il n’y a en effet pas d’éléments « déterminants » ayant « créé » la vie, mais un processus géochimique propre à la Terre, qui s’est alors constituée comme une Biosphère.

La vie, ou plutôt la matière vivante, est le résultat d’une combinaison matérielle qui s’est réalisée de manière dynamique et interne à la Terre où tout est lié et où rien n’est plus déterminant qu’un autre, et rien n’est moins religieux que de croire (car c’est le mot à utiliser ici, et non pas « penser ») à une impulsion originelle extérieure à la Terre elle-même.

Mais tout cela n’étonnera guère quiconque analyse les choses en profondeur et sait voir la marche du monde actuel, miné par une régression à tous les étages de la vie sociale et culturelle. On bascule vers la réaction intellectuelle à tous points de vue, et en voilà une nouvelle illustration.

Car si l’on suit la thèse de la météorite… On va se demander d’où elle vient… Et d’où vient ce qui vient… Et à l’infini jusqu’à avoir besoin d’un Dieu comme grand démarreur de l’univers. C’est là-dessus que jouent tous les religieux pour combattre le matérialisme, à l’instar du best-seller du début de 2022 « Dieu, la science, les preuves ».

Il est clair que pour continuer à progresser sur le chemin rationnel de la connaissance à propos de la formation de la matière vivante, il y a un besoin de changement de société, d’une société où domineront les principes philosophiques matérialistes dans toutes les sphères de la connaissance humaine. Élan dont seule la classe ouvrière marchant vers le socialisme est en mesure de porter, car elle seule porte le collectivisme, et donc la capacité à comprendre les rapports des choses les unes aux autres.

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Réflexions

« Dieu, la science, les preuves » : effectivement le big bang mène à Dieu

Partant de là, si on rejette Dieu…

« Durant trois jours, à l’isolement sur sa paillasse humide, Fock n’a pas eu la moindre miette à avaler. Juste un carafon d’eau à demi croupie. Au soir du quatrième jour, le voilà traîné devant l’un de ses geôliers.

Affaibli par son jeûne forcé, il flageole sur ses jambes. Mais, calfeutré dans son uniforme grisâtre, le personnage qui fait office de chef de la troisième sous-section du NKVD lui ordonne de rester debout. À coups de bâton sur ses reins, là où le choc fait le plus mal.

D’une voix mauvaise, le chef lui apprend qu’il fait partie des conjurés de Poulkovo. Ceux-là qui, traîtres à l’État, profèrent que l’Univers a connu un commencement, des milliards d’années en arrière.

Fock devine alors que l’un de ses tortionnaires doit être l’idéologue de la troupe. Car ce dernier se laisse couler dans un bloc de colère refroidie, portée par une voix déréglée dans les aigus.

Selon cette voix, le matérialisme dialectique couronne le triomphe de la raison. L’Univers est là depuis toujours. Et pour toujours. »

« Dieu, la science, les preuves »

« Dieu, la science, les preuves« , de Michel-Yves Bolloré (ingénieur en informatique, maître ès sciences et docteur en gestion des affaires de l’Université Paris Dauphine) et Olivier Bonnassies (entrepreneur ancien élève de l’École Polytechnique, diplômé de l’Institut HEC start up et de l’Institut Catholique de Paris) épaulés par une vingtaine de personnes, est un ouvrage de 577 pages best-seller en France, avec plus de 100 000 exemplaires vendus en trois mois. Les médias en ont énormément parlé, soulignant son impact sur le plan des idées au sein de la société alors qu’il y a également des conférences à ce sujet.

Il a été publié aux éditions Guy Trédaniel, une maison d’édition ne publiant que des horreurs psychologisantes, mystiques, etc., du genre « Découvrez le chemin de votre âme grâce aux Mémoires Akashiques », « Se libérer du sentiment d’abandon et des angoisses de séparation », « Les nombres boussoles », « Le grand livre des 12 libérations énergétiques », « La nouvelle science de la conscience », « La numérologie en action (Un problème = Une solution) », « L’Oracle à Haute Vibration », etc.

Ces éditions avaient déjà publié en 2014 Trois minutes pour comprendre le Big Bang des frères Bogdanoff, récemment décédés du COVID-19 et qui d’ailleurs ont également participé à « Dieu, la science, les preuves », car l’approche est exactement la même bien que là on a quelque chose de bien plus sérieux.

Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies tirent en effet à l’artillerie lourde avec de très nombreuses références, menant une grande bataille cosmologique, d’une manière qu’on ne peut que considérer comme tout à fait cohérente. Pourquoi cela ?

Tout simplement parce que la théorie du big bang est une conception se présentant comme scientifique et développée par un abbé, astronome et physicien, Georges Lemaître. Son principe est bien connu. Or, en France, 99,9% des gens se voulant athée ou anti-religieux s’en revendiquent, considérant que cela s’oppose à la religion et au créationnisme. Sauf que pas du tout, puisque cela relève de l’idéologie catholique romaine visant à intégrer un discours pseudo-scientifique. Le monde serait le produit d’un « dessein intelligent », la Bible utiliserait des allégories, le big bang serait le moyen employé par Dieu pour donner naissance au monde.

Tel est très exactement le contenu de « Dieu, la science, les preuves ».

Cinquante années d’intense propagande sur le big bang ont de fait été particulièrement efficaces et maintenant la religion en récolte les fruits, jetant les athées et les anti-religieux comme des fétus de paille pour avoir été fainéants intellectuellement. Il suffit en effet aux auteurs de dire : tout le monde reconnaît l’existence du big bang, donc si l’on veut être scientifique alors on l’accepte, donc si on est scientifique on doit croire en Dieu.

C’est implacable. Et c’est juste.

Car, par fainéantise, les athées et les non-religieux s’imaginent que Dieu, ce n’est que de la superstition. Or, c’est inexact. Dieu c’est aussi un moyen d’expliquer les choses. Si l’on raisonne en termes de cause et de conséquence, il faut bien une cause ! Même Aristote, anti-religieux, a dû faire la théorie d’un « Dieu » n’ayant que comme simple fonction d’être un « premier moteur ». Il en va de même pour les déistes des Lumières, comme Rousseau et Voltaire, anti-religieux, mais ayant besoin d’un « grand horloger » afin de justifier que le monde fonctionne.

Ce n’est pas tout ! En raison de l’offensive post-moderne, notamment LGBT, le matérialisme est combattu de l’intérieur par les ultra-individualistes rejetant toutes les normes et, par conséquent, hostiles au concept de « Nature ». Or, si on rejette la Nature, alors le monde est matériel mais relève du hasard. Il est alors très facile pour les religieux d’arriver et de dire que le monde ne relève pas du hasard, qu’il y a une cohérence dans l’ensemble. Qu’il faut donc un principe organisateur, qui vient forcément de Dieu.

« Dieu, la science, les preuves » est à ce titre un ouvrage extrêmement intéressant, car il retrace de manière très lisible la théorie du big bang, il montre comment il y a cinquante ans, les matérialistes s’y opposaient tous, comme il est ainsi relaté :

En 1963 encore, Alexandre Dauvillier, le titulaire de la chaire de cosmologie au Collège de France à Paris, aurait dit, à propos du Big Bang : « C’est de la foutaise. L’Univers n’a pas de début, car penser que l’Univers a un début, ce n’est plus de la physique, c’est de la métaphysique . »

Ce qui est fou, c’est qu’aujourd’hui le big bang est considéré comme « physique » justement ; concrètement seul le PCF(mlm) le réfute au nom du matérialisme dialectique. Ce qui est idéologique-dogmatique, car cela revient à dire : les preuves du big bang s’appuient seulement sur des données qui sont interprétées en un sens particulier. Au nom de l’idéologie (communiste), il faut considérer comme partielles ces données qui remettant en cause la vision communiste du monde et combattre les interprétations pro-religieuses.

C’est dogmatique car cela fait donc triompher l’idéologie. Mais en même temps, n’y a-t-il justement pas ici une idéologie à l’oeuvre avec le big bang?

Toute la question est bien là. « Dieu, la science, les preuves » n’est pas un récupération de la théorie du big bang, c’est un ouvrage bien fait, résumant bien le développement de la conception du big bang et ses implications. Et en même temps c’est normal que cela se retrouve chez les éditions Guy Trédaniel, parce que la tendance est la même : promouvoir l’irrationalisme.

Une preuve de cela, c’est que « Dieu, la science, les preuves » vise justement explicitement le matérialisme dialectique, présenté comme ennemi à abattre. Karl Marx et Friedrich Engels voient leur conception de l’éternité de la Nature évidemment attaquée frontalement et on trouve une très longue dénonciation particulièrement romancée du combat soviétique, à l’époque de Staline, contre la conception du big bang et ses partisans. L’ouvrage est ouvertement idéologique.

D’ailleurs, pour bien faire, il y a également une longue dénonciation des nazis qui auraient pareillement rejeté le big bang. Cela ne s’étaie ici sur strictement rien, à part sur quelques illuminés à la marge du régime, et d’ailleurs les soldats allemands de la seconde guerre mondiale avaient sur leurs ceinturons la devise « Gott mit uns », Dieu avec nous. Mais on a compris le sens de la démarche qui est d’assimiler le matérialisme dialectique au nazisme, comme formes « matérialistes » hostiles à Dieu.

L’ouvrage est concrètement un véritable manuel de propagande, tout en étant une excellente introduction à qui veut découvrir le monde de la cosmologie, car Il est très pédagogique et en même temps totalement à charge, ce qui permet d’élever son niveau, à condition d’être athée et de saisir les véritables enjeux.

Mais, athée, qui l’est vraiment, d’ailleurs, aujourd’hui en France ? L’ouvrage propose une citation aidant à savoir si on l’est:

« Au XVIIIe siècle, Diderot et d’autres penseurs postulèrent que la matière elle-même était vivante : « Tout animal est plus ou moins homme ; tout minéral est plus ou moins plante ; toute plante est plus ou moins animal. »

Être athée, comme Diderot, c’est considérer que la matière est sensible en elle-même, avec différents degrés d’organisation. Si on ne l’admet pas, si on considère qu’il y a quelque chose « en plus », alors il faut trouver une origine à cela – et c’est Dieu, que celui-ci soit un petit pois, des spaghettis, Allah, ou le Christ.

Les Français ne veulent pas du Christ ou d’Allah, mais ils ne veulent pas reconnaître la Nature. Ils leur restent alors les petits poids ou les spaghettis. On comprend pourquoi la société française est en déchéance.

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« Le matérialisme dialectique et le big bang »

Une conception athée.

En relation avec le best-seller « Dieu, la science, les preuves », voici un avis très exactement contraire. Et il ne faut pas se voiler la face : de part et d’autre, on a un haut niveau de problématique cosmologique ; si l’on a pas l’habitude, la lecture peut être malaisée. Force est de reconnaître toutefois que tant l’ouvrage « Dieu, la science, les preuves » que ce texte (des textes « philosophiques » de materialisme-dialectique.com) se laisse appréhender.

Le-materialisme-dialectique-et-le-big-bang