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Succès de la manifestation du 6 octobre 2019 contre la «PMA sans père»

Des dizaines de millier de personnes ont manifesté ce dimanche 6 octobre 2019 à Paris pour s’opposer à la « PMA sans père », c’est-à-dire l’extension de l’aide « médicale » à la procréation aux couples de femmes et aux femmes seules. Organisée par les milieux activistes liées à l’Église catholique, la manifestation a été une réussite indéniable.

Le succès de manifestation s’explique par le fait que la société française s’avère en général rétive aux grandes réformes sociétales du libéralisme, étrangère à son exigence historique d’humanisme et d’universalisme, au moins en apparence.

La France n’est pas un pays façonné directement par le capitalisme dans ses fondements comme le sont les États-Unis : le libéralisme n’est accepté massivement qu’à travers le filtrage de l’État. Là, il y a l’impression tout à fait juste qu’il y aura une absence totale de cadre.

« Liberté, égalité, paternité », « Un vrai daron pas des échantillons », « Il est où ton papa ? », « La médecine ? C’est fait pour soigner ! », « Maman tu es unique, papa tu es fantastique ». Tels ont été les principaux mots d’ordre – savamment choisis – de la manifestation rassemblant autour de 74 000 personnes selon la presse ce 6 octobre 2019 à Paris (et même 600 000 personnes selon les organisateurs, 42 000 selon la préfecture).

La cible, c’est donc ce qui est appelé la « PMA sans père », c’est-à-dire l’extension de l’aide « médicale » à la procréation aux couples de femmes et aux femmes seules.

À l’arrière-plan, il y a toute une critique de l’évolution ultra-libérale de la société, pratiquement en confrontation avec le capitalisme… Mais pour faire de la Droite catholique le bastion romantique formant une prétendue solution. Voici la liste des principaux organisateurs :

Les Associations Familiales Catholiques, Alliance VITA, Les Veilleurs, Les Sentinelles, EVeilleurs d’espérance, Juristes Pour L’Enfance, La Manif Pour Tous, Générations Avenir, La Voix des Sans Pères, Vigi Gender, Maires pour L’Enfance, Institut Famille & République, Les Familles Plumées, Trace ta route, Collectif pour le respect de la médecine, CPDH – Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine, Agence Européenne des Adoptés – European Agency for Adoptees et Les Gavroches.

On a donc la mouvance, grosso modo, qui s’est mobilisée il y a sept ans en opposition au mariage homosexuel (qui représente seulement 3,5 % des mariages environ), avec une tonalité alors très familiale-bourgeoise et une hégémonie ouvertement de la Droite.

Les enjeux sont cette fois totalement différents, ils n’ont même franchement rien à voir, mais la Droite catholique compte bien présenter la lutte contre la « PMA pour toutes » comme un prolongement logique de l’initiative d’il y a sept ans. Il s’agit bien entendu d’ôter le terrain à toute critique de la part de la Gauche.

Comme la Gauche post-moderne a le dessus en ce moment, la Droite catholique se dit qu’elle aurait tort de ne pas en profiter pour se donner le monopole de la rébellion contre l’ultra-modernité capitaliste.

Cela se voit très bien lorsqu’on comprend qu’à l’arrière-plan, ce n’est pas le caractère naturel du couple hétérosexuel faisant des enfants qui est mis en avant. C’est évidemment là une thématique de la Gauche historique.

La défense de l’altérité biologique comme base de la vie est le fondement même de la critique de la « PMA pour toutes » et de la GPA de la part d’une Gauche assumant son parcours historique. C’est en ce sens qu’il faut lutter !

La Droite catholique ne compte pas du tout s’attarder sur cette dimension. Elle insiste plutôt sur la thématique du père, avec une part de justesse, mais évidemment une vraie orientation patriarcale en filigrane. Ludovine de la Rochère, la présidente de La Manif Pour Tous, a très bien résumé cela en expliquant que :

« Depuis 1917 la République française accompagne et soutient les pupilles de la nation car elle sait que l’absence de père, le vide que cause cette absence, sont difficiles. La PMA sans Père signifie que la république française ferait sciemment des orphelins de père. »

Elle a également précisé ainsi son propos :

« L’adoption n’a rien à voir avec la PMA sans Père. L’adoption vient réparer une situation. La PMA sans Père, c’est volontairement faire un enfant sans père. »

À la tribune, Pascale Morinière de la Confédération nationale des Associations Familiales Catholiques a formulé cela de la manière suivante :

« Nous ne voulons pas de votre révolution de la filiation ! Monsieur Touraine, les enfants ont vraiment besoin d’un père ! »

Nicolas Bay, du Rassemblement National, a tourné cela ainsi :

« Créer de toutes pièces une situation où un enfant serait privé de son père, et privé même de la possibilité de connaître un jour son père, ça nous paraît être une régression absolument majeure »

Encore est-il que la bataille pour la critique adéquate de la « PMA pour toutes » n’a lieu pour l’instant que dans de faibles proportions, puisque la Gauche commence seulement à se mobiliser (de manière assumée on a un secteur du féminisme, ainsi que les Poissons roses rassemblant des chrétiens de gauche).

Mais il est encore temps de se mobiliser, les organisateurs de la manifestation du 6 octobre prévoyant déjà quatre grandes mobilisations au cours de l’année, les 1er décembre, 19 janvier, 8 mars, 17 mai et 14 juin.

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« Un modèle papa-maman qui ne tient plus »

À l’occasion de la question de la procréation médicalement assistée bientôt ouverte à toutes les femmes par le gouvernement, un article de Libération rappelle les fondamentaux de l’idéologie dominante : la biologie doit être abolie. Un exemple de plus de comment la fausse Gauche est en réalité le cheval de Troie de l’ultra-libéralisme.

Le fait d’avoir un père et une mère serait un préjugé du passé et la famille n’aurait aucun modèle naturel. Tout relèverait de choix individuels. Il y aurait donc un « droit à l’enfant » et une femme seule peut se outrepasser la nécessité naturelle de vivre en couple avec un homme pour en disposer. La technologie et la loi du marché viennent ici ouvrir de nouveaux espaces au « progrès » des droits individuels.

Et on a ici un paradoxe : l’écrasante majorité des gens sont contre une telle conception du monde. Mais formatés intellectuellement par le libéralisme, la grande majorité des gens accepte sa prédominance. Au nom du principe selon lequel on ne peut pas juger de rien ni de personne, que ce soit dans les arts ou dans les comportements (du moment qu’il n’y a pas « préjudice pour autrui »), l’indifférence prédomine.

Avec, donc, l’assentiment de la fausse Gauche, notamment estudiantine, faisant du combat contre le « conservatisme » sa seule préoccupation. La marchandisation du monde avance à grands pas, par l’intermédiaire de l’égoïsme capitaliste présenté comme un élargissement des droits individuels, alors que la nature est présentée comme foncièrement « réactionnaire » et que les auteurs de l’humanisme et des Lumières sont jetés à la poubelle.

Le quotidien Libération peut donc, dans un article sur la PMA ouverte à toutes, parler de :

« Un modèle papa-maman qui ne tient plus »

On sait comment Marlène Schiappa, la secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les homme, avait lancé en 2017 que :

« Nous sommes au XXIe siècle.Il n’y a pas un modèle unique de famille. »

C’est là directement servir les intérêts du capitalisme pour qui tout est choix, marché, possibilités d’échanges de marchandise. Mais c’est une utopie, car une société acceptant cela ne peut pas tenir. C’est donc surtout un boulevard à l’extrême-droite qui, face à un tel discours de « déconstruction », n’a plus qu’à dérouler pour se présenter comme garante de la civilisation.

Tout le problème de la Gauche est ici facile à comprendre. Tant que les acquis historiques ne sont pas préservés, tant qu’à sa tête intellectuelle et culturelle on a des gens aisés au mode de vie décadent – comme cette très grande figure du Parti socialiste qui roule en Maserati granturismo – rien ne sera possible.

> Lire également : Le droit à l’enfant en l’absence de choix d’un compagnon

À l’arrière-plan, il y a bien sûr la question des ouvriers. Tant que les ouvriers ne fourniront pas le noyau dur de la Gauche, il est inévitable que tout se fasse happer par le capitalisme qui, quoi qu’on en pense, fonctionne en France de manière suffisamment forte pour être à la fois stable et corrupteur. Seuls les ouvriers, de par leur travail et leur position sociale, ne relèvent pas de la fuite en avant dans l’ultra-libéralisme et ses « droits individuels » faisant que tout est marchandise, même le corps et la nature.