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Rapport entre les classes Société

Face aux fortes chaleurs, il faut utiliser le droit d’alerte

Concernant les fortes chaleurs, le code du travail français est dépassé. Il faut donc savoir utiliser son droit d’alerte et si besoin de retrait.

La santé au travail est une revendication majeure du mouvement ouvrier. Les CHSCT (qui n’existent plus, ayant fusionné au sein des CSE) ont été le fruit de la lutte âpre des travailleurs, notamment des mineurs, pour avoir le droit à la considération de leur santé et de leur sécurité dans l’organisation du travail. Les expositions aux risques sont listées et réglementées dans le code du travail ; augmenter ces listes et les obligations qui en découlent pour l’employeur est un rapport de force perpétuel.

Et le changement climatique amène son lot de nouvelles situations à risque et les épisodes de chaleurs extrêmes en font partie.

Cela fait quelques années que ces épisodes sont annoncés comme devenant plus récurrents par les scientifiques et qu’ils s’installent dans la vie quotidienne. Pour autant, le code du travail ne contraint toujours pas les employeurs à quoique ce soit concernant la chaleur sur le lieu de travail. Il oblige simplement à prendre des mesures de sensibilisation et de « bons gestes », aujourd’hui dérisoires avec des températures qui demandent une véritable adaptation de l’organisation du travail.

En conséquence de ces lacunes, les salariés doivent prendre le relais en s’informant sur le fonctionnement métabolique humain face à la chaleur, sur ses limites et utiliser le droit d’alerte envers l’employeur. Ce droit, moins connu que le droit de retrait, en facilite l’utilisation en fixant les points de risques auprès de l’employeur ; le droit de retrait, lui, s’utilise au moment du danger lorsqu’il subsiste.

Le droit d’alerte est d’autant plus utile lorsque le danger encouru par le salarié n’est pas clairement identifié et recensé dans les procédures habituelles. Par exemple avec l’épidémie de covid19, on avait un danger difficile à évaluer, car on ne connaissait pas bien le virus, il y avait le fait d’être « à risque » soi-même ou son entourage, ainsi que le fait de ne pas avoir de mesures barrières mises en place.

Des droits de retraits ont pu être reconnu par les tribunaux en partie parce que l’alerte avait été donnée en parallèle par des syndicats, permettant ainsi le maintien des salaires.

Avec les chaleurs extrêmes et les manquements du code du travail à ce propos, la situation de flottement est assez similaire.

Le droit d’alerte peut être posé individuellement par le salarié ou collectivement par un syndicat, un collectif de travailleurs, élus CSE, etc. Pour pouvoir alerter, il faut bien connaître les risques encourus et les faire remonter à l’employeur, tout en demandant des adaptations sur le lieu de travail, dans le rythme de travail etc.

Concernant les chaleurs, il faut savoir que la température à elle seule n’est pas ce qui met à mal l’organisme humain, l’humidité présente dans l’air est un facteur très important. Il faut donc signifier à l’employeur qu’il doit surveiller et informer sur ce taux d’humidité autant que sur la température.

Voici un graphique qui donne la température ressentie en fonction de l’humidité :

Et un graphique de l’indice de Thom, indice de stress thermique pour les humains en fonction de la température et de l’humidité:

On voit donc que dès 42°C il existe un risque de mort imminente et que globalement, quel que soit le taux d’humidité, le travail devrait être arrêté à 40°C pour ne pas avoir à sortir de chez soi. À 35°C le taux d’humidité devrait être scruté avec attention et le travail en extérieur arrêté. À partir de 30°C le taux d’humidité doit être surveillé, car à partir de 80 % d’humidité, le risque de malaise est présent.

Concernant les métiers nécessitant d’être dans un véhicule, à partir de 30°C dans l’habitacle, la vigilance se détériore, des pauses pour se rafraîchir sont nécessaires sous peine de risques accrus d’accidents. L’employeur peut certes proposer la climatisation dans les véhicules, mais au-delà d’ajouter des problèmes au problème du climat, cela peut également être un faux-ami en provoquant des chocs thermiques.

La charge physique d’un poste de travail est un facteur à prendre en compte. Il existe une classification de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) de la charge de travail sur quatre niveaux.

– Travail léger : Travail de secrétariat ; Travail assis manuel léger (taper sur un clavier, écrire, dessiner, coudre, faire de la comptabilité) ; Travail assis avec de petits outils, inspection, assemblage ou triage de matériaux légers ; Travail des bras et des jambes (conduite de véhicule dans des conditions normales, manœuvre d’un interrupteur à pied ou à pédales) ; Travail debout (fraisage, forage, polissage, usinage léger de petites pièces) ; Utilisation de petites machines à main ; Marche occasionnelle lente (inférieure à 3,5 km/h)

– Travail moyen : Travail soutenu des mains et des bras (cloutage, vissage, limage…) ;Travail des bras et des jambes (manœuvre sur chantiers d’engins : tracteurs, camions…) ; Travail des bras et du tronc, travail au marteau pneumatique, plâtrage, sarclage, binage, cueillette de fruits et de légumes ; Manutention manuelle occasionnelle d’objets moyennement lourds ; Marche plus rapide (3,5 à 5,5 km/h), ou marche avec charge de 10 kg

– Travail lourd : Travail intense des bras et du tronc ; Manutention manuelle d’objets lourds, de matériaux de construction ; Travail au marteau ; Pelletage, sciage à main, rabotage ; Marche rapide (5,5 à 7 km/h), ou marche de 4 km/h avec charge de 30 kg ; Pousser ou tirer des chariots, des ; brouettes lourdement chargés ; Pose de blocs de béton

– Travail très lourd : Travail très intense et rapide (par exemple déchargement d’objets lourds) ; Travail au marteau à deux mains ou à la hache (4.4 kg, 15 coups/minutes)  ;Pelletage lourd, creusage de tranchée ; Montée d’escaliers ou d’échelles ; Marche rapide, course (supérieure à 7 km/h).

Plus le travail est lourd, plus le seuil de température qui met en danger est bas.

Il y a aussi des facteurs individuels qui exposent davantage les personnes au stress thermique, ce sont globalement les personnes vulnérables.

Par exemple, les femmes enceintes ne devraient pas travailler au-dessus de 28°C, mais rien n’est spécifié dans le code du travail français ; l’employeur devrait garantir un poste adéquat ou si cela est impossible maintenir à domicile avec maintien de salaire.

Il est par contre possible de demander une visite chez le médecin du travail pour demander un aménagement, voir un arrêt de travail et cela est aussi valable pour les personnes présentant certaines pathologies chroniques ou bien étant sous certains traitements.

Les personnes ayant dépassé 55 ans sont plus vulnérables à la chaleur, ce qui devrait remettre en question le recul de l’âge de la retraite pour les corps de métier particulièrement exposés.

Aussi, l’alcool, les drogues et toutes les substances stimulantes empêchent l’organisme de faire son travail de rafraîchissement et sont par conséquent à bannir.

Pour l’heure, mis à part des secteurs très précis comme le bâtiment, les horaires et les postes sont très peu adaptés, les employeurs se contentent de recommander de boire régulièrement, éventuellement de fournir de l’eau supplémentaire. Cela ne change pas beaucoup des recommandations classiques lors des chaleurs estivales, alors que l’organisme est davantage sollicité. À un niveau ou le corps nécessite plus de temps de pause pour faire tomber sa température, cela nécessite un accès à de l’eau, à un endroit frais, à la possibilité de se mouiller…

Voici donc un exemple de droit d’alerte avec comme exemple le métier de livreur, mais qui pourra être adapté à d’autre métiers, en précisant les conditions particulières collectives et individuelles.

Le droit d’alerte s’adresse par écrit (mail, courrier, lettre recommandée avec accusé de réception), il doit évidemment être adapté s’il est adressé de la part d’un salarié ayant une fonction représentative. Le cas échéant en utilisant le pluriel et des formules telles que « En tant que… ».

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Écologie

Canicule : double peine pour les animaux d’élevage

Au sens propre, c’est l’enfer pour les animaux.

Les chaleurs extrêmes et le renouvellement de plus en plus rapproché des canicules sollicitent énormément les organismes terrestres. Le cas du mois de juin dernier a été marquant car une alerte à été lancée en direction des éleveurs concernant les risques importants de stress thermiques. Si tous les animaux ont des systèmes de refroidissement efficace par température sèche, le niveau d’humidité dans l’air, lui, met à mal tous les organismes.

Pour évacuer le surplus de chaleur, le métabolisme de la plupart des mammifères régule la température corporelle grâce à plusieurs dispositifs. Les « habituels » et principaux sont essentiellement la transmission de chaleur dans l’environnement immédiat par radiation, conduction ou contact.

Lors de grosses chaleurs ou lors d’efforts physiques, c’est la sudation qui va compléter cela mais tous les mammifères n’ont pas le même nombre de glandes responsables de la transpiration qui va permettre de dépenser le surplus de chaleur en évaporant.

Les humains par exemple en ont beaucoup, ils évacuent par la sudation jusqu’à 25 % de chaleur au repos et 80 % pendant un effort. Les vaches, elles, n’ont pas d’aussi grandes capacité de sudation, elles n’ont que 10 % du taux de sudation humain et compensent par la respiration.

Quant aux cochons, ils ne transpirent pas du tout, c’est pour ça qu’ils aiment se rouler dans la boue et produisent une évaporation également avec la respiration.

Le métabolisme des oiseaux est complètement différent. L’évacuation de la chaleur ne se fait pas du tout par la peau, uniquement par la respiration, ainsi en cas de hautes températures, les poules peuvent évacuer jusqu’à 60 % de la chaleur par halètement, elles évacuent aussi en écartant les ailes et en provocant un changement dans l’irrigation sanguine.

Dans tous les cas c’est une bonne hydratation qui permet de maintenir le corps à une température normale. Or, quand l’air chaud se charge d’humidité, la sueur ou la respiration ne peuvent plus s’évaporer, c’est le même principe pour tous, avec des seuils plus ou moins élevés d’acceptabilité de chaleur sèche, le stress apparaît vite à mesure que l’humidité augmente.

Pour évaluer le stress thermique que peuvent subir les animaux d’élevage, on s’appuie sur le THI (Température Humidity Index) qui prends en compte la température corrélée au taux d’humidité dans l’air.

Pour une vache, l’inconfort apparaît entre 68 et 72 THI, « stress léger » ;

entre 72 et 80 c’est un « stress fort » ;

entre 80 et 90 un « stress majeur », et au-delà, un risque de mort subite.

Si on parle en terme de températures, à 32°c (une température courante en été désormais), avec 0 % d’humidité on est à 72 THI ;

avec 45 % d’humidité on passe le palier de stress suivant avec 80 THI.

Avec 40°c, on atteint 80 THI dès 5 % d’humidité dans l’air et avec 45 %, c’est le risque de mort subite.

C’est d’ailleurs ce qui s’est produit aux États-Unis dans le Kansas avec des températures de 42°c atteintes alors qu’il faisait humide, des conditions qui ont coûté la vie à 2 000 bovins lors de la vague de chaleur précoce du mois de juin dernier.

Exposés à ces chaleurs, les animaux luttent pour réduire leur activité physique au minimum afin de ne pas créer de chaleur supplémentaire, cela entraîne fatigue et perte d’appétit. Il existe d’autres risques comme les fausses couches, l’inflammation des glandes mammaires et du déséquilibre hormonal.

Ces situations de stress thermique sont de plus en plus souvent présentes. À ce titre, en 2020 c’est durant 5 mois que les animaux d’élevage ont été exposés à des températures et taux d’humidité supérieurs à ce que tolère leur constitution physiologique.

95 % des cochons sont élevés dans des bâtiments fermés, de manière intensive, avec une promiscuité morbide, et c’est également le cas de 83 % des poules. Les vaches ont elles-mêmes un accès limité à l’extérieur, et quand c’est le cas, de nombreux pâturages ne présentent pas d’ombre rafraîchissante.

Les espaces clos ne sont naturellement pas des endroits isolés de la chaleur, au contraire et la seule solution pour rafraîchir l’atmosphère revient à humidifier l’air via des brumisateurs couplés à un système de ventilation. Mais cela est risqué car ça revient à renforcer un des facteurs aggravant de la chaleur si tout n’est pas bien dosé.

La question première pour le monde de l’élevage c’est avant tout le rendement de lait et de viande qui se trouve impacté, on trouve très peu d’information sur l’impact sur les animaux en terme de bien-être.

On peut ainsi se questionner sur la capacité de ces animaux, sélectionnés génétiquement pour leur rendement laitier ou de viande, à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. L’exploitation est déjà un calvaire qui dépasse l’entendement, c’est une vie qui n’en est pas vraiment une, multipliée par des milliards d’êtres mutilés, dès leur génétique, dès la fécondation et puis à la naissance et le restant de leur courte vie.

La question du stress thermique vient donc s’ajouter au mal-être structurel des animaux enfermés sur cette planète.

De toute manière, continuer comme cela c’est s’exposer à un cercle vicieux puisque pour atténuer le stress thermique, il faut mettre à disposition plus d’eau pour des animaux qui en consomment déjà beaucoup. Alors même que les canicules s’accompagnent de sécheresses majeures qui mettent en danger la production agricole végétale. Cette dernière étant elle-même en grande partie dédiée au nourrissage des animaux d’élevage.

L’humanité va donc devoir remettre en question le fait de continuer à utiliser les animaux comme ressource. C’est un choix civilisationnel et moral qui s’impose dans sa profondeur.

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Écologie

Un exercice militaire provoque un vaste incendie dans le Var

L’armée est un appareil replié sur lui-même et déconnecté des besoins de notre époque.

Depuis le jeudi 16 juin, une bonne partie de la France de l’ouest est en alerte canicule et le Var enregistre une vague de chaleur importante, avec des températures de plus de 30°c, mais ne relevant par de la canicule car soumis à d’autres seuils d’alerte.

Il n’empêche que depuis le 1er avril 2022, le Var est en alerte sécheresse, avec des situations très inquiétantes dans certains endroits où l’étiage des cours d’eau est particulièrement bas alors que l’été ne s’est pas encore installé.

Et pourtant, c’est dans un tel contexte climatique catastrophique que l’état-major du camp militaire de Canjuers dans le nord du Var a continué ses exercices de tirs militaires en toute quiétude. Alors même qu’il était logiquement demandé aux automobilistes de ne pas jeter leurs mégots de cigarette par la fenêtre, justement pour prévenir le risque d’incendie…

Mais la nonchalance des militaires a eu pour effet de déclencher un incendie samedi 18 juin, d’abord maîtrisé puis reparti dimanche après-midi, avec d’ors et déjà 1000 hectares partis en fumée. Ce sont plus de 300 pompiers, 4 canadairs et 1 hélicoptère qui ont dû être mobilisés pour circonscrire le feu.

D’ailleurs une enquête a été ouverte par le parquet militaire de Marseille pour connaître les conditions de sécurité des exercices, mais il ne faudra évidemment pas compter sur grand chose pour obtenir la transparence nécessaire au jugement de tels actes criminels.

C’est que le camp de Canjuers est un dispositif stratégique par l’armée française dans le cadre plus général lié à l’OTAN. Par exemple, en avril, quarante soldats ukrainiens sont venus sur le camp pour être formés à l’usage du canon Ceasar dont la capacité est de 6 obus par minute, soit un hectare détruit par minute, pour une portée de 40 km. Bref, c’est un véritable engin de mort moderne qui rase tout, et très vite…

Cela en dit long sur l’aspect stratégique de ce camp dans le dispositif général de l’OTAN, Canjuers étant le plus grand champ de tir d’Europe. Il faut s’imaginer ce camp militaire de Canjuers qui s’étend sur 35 000 hectares de pleine nature, regorgeant d’animaux et d’insectes en tout genre, un écosystème qui est soumis à rude épreuve avec 333 jours de tirs de missiles et d’obus par an, pour un total de 1,6 millions de projectiles lancés.

A ce titre, le feu dans le camp de Canjuers n’a pas pu être au début freiné car il progressait dans une zone fortement polluée par d’anciens explosifs et des restes de missiles non explosés. On croit rêver… ou bien être dans un film de science-fiction ! Malheureusement, ceci est bien la réalité, une réalité militaire le plus souvent dissimulée au grand public et qui se trouve sur le devant de la scène lors de drames comme cet incendie..

D’ailleurs, la barbarie militaire au point de vue écologique, c’était justement le thème développé par l’association « Stop fuelling War » (cessez d’alimenter la guerre) lors du campagne militante « la guerre nous coûte la terre » en opposition au salon d’armement Eurosatory qui se tenait entre le 8 et le 17 juin à Villepinte.

Car, en effet, la guerre c’est l’expression la plus aboutie de tous les maux de la société capitaliste, avec une armée façonné par cette même société, elle et ses valeurs hiérarchiques anti-démocratiques et sa séparation aristocratique d’avec la société dite civile et ses préoccupations. On ne peut s’empêcher de penser ici à la très bonne caricature de cet état d’esprit militariste faite par Stanley Kubrick dans le film « Full Metal Jacket »…

L’incendie provoqué par des tirs d’exercice militaire en pleine sécheresse caniculaire est une énième illustration de pourquoi l’armée des sociétés capitalistes avancées est, à tous les points de vue, une partie du problème et non pas de la solution.

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Écologie

Communiqué de l’Organisation météorologique mondiale (OMM)

Voici le communiqué de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) publié ce vendredi 28 juin 2019, alors que de nombreux records de chaleur sont pulvérisés dans les deux hémisphères depuis le début de l’année. Selon l’organisation, la vague de chaleur précoce et extrême actuellement en France en annonce d’autres, comme partout ailleurs sur la planète…

« L’urgence de l’action climatique sera au centre de la réunion préparatoire au Sommet des Nations Unies

Genève/Abou Dabi, 28 juin 2019 OMM –

Les années 2015 à 2019 pourraient bien être les cinq plus chaudes qu’ait connues notre planète, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

L’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre condamnera sur plusieurs générations la Terre au réchauffement du climat et à ses corollaires que sont la fonte des glaces et le recul des glaciers, la hausse du niveau de la mer, le réchauffement des océans et les phénomènes météorologiques extrêmes.

L’urgence qu’il y a à agir pour le climat, de plus en plus manifeste, sera donc au centre des discussions lors d’une réunion qui doit se tenir à Abou Dabi les 30 juin et 1er juillet prochains afin de donner une impulsion aux initiatives qui seront annoncées à l’occasion du Sommet sur le climat. Ce dernier sera convoqué en septembre par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres.

«L’expression « urgence climatique » nous est de plus en plus familière», a déclaré le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. «Elle ne se réfère pas seulement au climat proprement dit dans la mesure où le changement climatique a un impact sur les océans, les ressources en eau, la sécurité alimentaire, les écosystèmes et le développement durable dans le monde entier».

Petteri Tallas est membre du Comité directeur du Sommet sur le climat et copréside le Groupe consultatif pour la climatologie avec Leena Srivastava, vice-rectrice de l’École des hautes études relevant de l’Institut de l’énergie et des ressources (TERI), à New Delhi. Le groupe en question présentera lors du sommet, à l’intention des dirigeants du monde, des comptes rendus détaillés sur l’état du climat ainsi que des solutions à caractère scientifique pour aller de l’avant et fixer des objectifs ambitieux dans les secteurs clefs.

La délégation de l’OMM participera à un certain nombre de tables rondes lors de la réunion d’Abou Dabi, qui porteront notamment sur les nouveaux objectifs à fixer, sur la transition énergétique et sur le climat et la santé.

António Guterres a convié les dirigeants du monde au Sommet sur le climat, du 21 au 23 septembre prochains, pour qu’ils y présentent des plans concrets et réalistes visant à accroître, d’ici à 2020, leurs contributions déterminées au niveau national compte tenu de l’objectif qui consiste à réduire de 45 % les émissions nettes de gaz à effet de serre sur les dix ans à venir et à parvenir à un bilan nul d’ici à 2050.

La température moyenne a augmenté de près de 1° Celsius depuis l’époque préindustrielle, d’après la Déclaration de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2018. Le temps presse, si nous entendons respecter les engagements pris au titre de l’Accord de Paris sur le climat, c’est‑à‑dire contenir la hausse des températures bien en deçà de 2° C, voire la limiter à 1,5° C, d’ici la fin du siècle.

Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère continuent de croître. Le dioxyde de carbone reste dans l’atmosphère et l’océan durant des siècles, et continuera donc à l’avenir de pousser les températures à la hausse et d’entraîner l’acidification des océans.

«La dernière fois que la Terre a connu une teneur en dioxyde de carbone comparable, c’était il y a 3 à 5 millions d’années: la température était de 2 à 3 °C plus élevée qu’aujourd’hui et le niveau de la mer était supérieur de 10 à 20 mètres au niveau actuel», a souligné Petteri Taalas.

Les quatre dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, et 2019 pourrait bien leur emboîter le pas. La tendance à la hausse s’est poursuivie sans relâche depuis le début de l’année, la période janvier–mai se classant au troisième rang des plus chaudes jamais observées.

L’étendue moyenne de la banquise antarctique en mai 2019 était la plus faible jamais constatée pour ce mois, tandis que celle de la banquise arctique figurait au deuxième rang des plus faibles pour ce même mois, d’après le Centre national de données sur la neige et la glace (NSIDC) des États-Unis d’Amérique.

La fréquence et l’intensité des vagues de chaleur et des pics de température poursuivent leur courbe ascendante, et de nombreux records de chaleur sont pulvérisés dans les deux hémisphères. La vague de chaleur inhabituellement précoce que connaît l’Europe – avec des pics à plus de 40° C en France et en Espagne – n’est que la dernière en date d’une série de phénomènes météorologiques extrêmes.

Le mercure a dépassé les 50° C ces dernières semaines en Inde, au Pakistan et au Moyen‑Orient. La mousson du sud-ouest s’est fait attendre, ce qui a mis sous pression les ressources en eau, notamment à Chennai, sixième plus grande ville de l’Inde.

La sécheresse en engendré l’insécurité alimentaire dans la région de la corne de l’Afrique, tandis que l’Asie du Sud-Est ne s’est toujours pas remise des cyclones tropicaux dévastateurs qui l’ont frappée cette année et qui ont fait plus d’un millier de victimes au Mozambique, au Malawi et au Zimbabwe.

Des centaines de hautes personnalités politiques du monde, parmi lesquelles des ministres, ainsi que des experts en climatologie et des représentants des entreprises, des autorités locales, de la société civile, des jeunes et du système des Nations Unies sont attendus dans la capitale des Émirats arabes unis pour cette réunion-bilan à laquelle prendra part le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.

For further information contact: Clare Nullis, Media Officer. Email cnullis@wmo.int, Cell + 41 79 709 13 97 »