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Pourquoi le changement d’heure n’a-t-il toujours pas été supprimé en 2021?

Le changement d’heure est une aberration contre-nature. Tout le monde le sait, tout le monde est contre et l’Union européenne a décidé en 2018 de rapidement le supprimer . Pourtant, rien n’a changé en 2021, car nous vivons dans une société sclérosée, complètement en retard par rapport aux connaissances et aux enjeux de l’époque, et surtout sans réelle démocratie.

Le principe du changement d’heure est une aberration typique du capitalisme triomphant au 20e siècle. L’idée était en 1977, de manière administrative et technocratique, de faire plier la réalité naturelle aux besoins économiques, en l’occurrence pour faire des « économies d’énergie ».

C’est typique d’une réponse erronée formulée par le capitalisme, à un problème réel de la société. En effet, la société moderne est caractérisée par la mesure du temps, mais le problème est que la vie dans un pays comme la France n’est pas la même en fonction des saisons.

Il faudrait, et dans le futur c’est comme cela que fonctionneront les humains, s’adapter graduellement au changement des saisons, en se tournant vers le soleil et en adaptant les horaires de travail et d’école par rapport à lui. Il est évident par exemple que c’est très difficile pour un enfant de se lever de bonne heure en plein hiver, alors que cela pose beaucoup moins de problème au printemps quand le jour arrive tôt. Inversement, quand il fait beau, cela nécessite de passer beaucoup plus de temps dehors et par exemple d’avoir une pause méridienne plus longue, alors qu’au contraire en hiver on peut plus facilement rester enfermer longtemps au chaud dans une pièce à étudier ou travailler.

Seulement, cela n’intéresse pas le capitalisme qui a besoin d’une société entièrement soumise à ses flux et ses cycles, avec une grande homogénéité d’ensemble. Cette homogénéité a permis beaucoup de progrès pour l’humanité, en lui donnant une perspective universelle, une conscience mondiale, planétaire. C’est indéniable. Mais le corollaire est que le capitalisme est incapable de proposer la finesse et la souplesse nécessaire à une vie épanouie, car naturelle. En l’occurrence, il est incapable de répondre aux besoins de l’horloge biologique, dont le fonctionnent dépend du soleil et donc de l’heure solaire.

Pire encore, le capitalisme dérègle la nature, à très grande échelle, puis il est incapable de réparer ses erreurs manifestes. C’est vrai pour le réchauffement climatique par exemple. Les partisans du capitalisme voient très bien que c’est un problème et aimeraient y remédier ; dans les faits pourtant rien ne change.

C’est exactement la même chose pour le changement d’heure dans la plupart des pays. En 1977, le capitalisme a considéré qu’il était impératif de proposer quelque chose d’aussi radical que le changement de fuseau horaire deux fois par an, au nom de l’industrie énergétique. Depuis, il est établi que cela n’a pas vraiment d’effet positif, alors que c’est au contraire très perturbant pour les organismes. Mais la société, soumise au capitalisme et donc à ses grandes limites, est maintenant incapable d’y remédier alors que cela paraît pourtant très simple de le faire.

La situation actuelle est en effet particulièrement déroutante.

En 2018, alors que le sujet était sur la table depuis longtemps, la Commission européenne avait envisagé de supprimer le changement d’heure dès 2019. Rien n’a été acté et en mars 2019, le Parlement européen a finalement voté un report à 2021. Depuis, la société a été chamboulée par la pandémie de Covid-19 (c’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’Union européenne) et la mesure est passée à la trappe.

Rien n’a été préparé, discuté, organisé. La poussière a été poussée sous le tapis et donc ce 28 mars 2021 à 2h du matin, il était en fait 3h, afin de passer sur le fuseau horaire UTC+2 en France. Et personne ne sait maintenant quand prendra fin cette mauvaise habitude bi-annuelle.

Le problème pour l’Union européenne est celui de l’harmonisation entre les pays, chacun étant censé choisir son propre fuseau horaire. Mais cela n’est qu’un aspect secondaire, technique, et n’a rien à voir avec le problème de fond. Il ne s’agit pas ici de faire un critique populiste de l’« Europe » et de verser dans le romantisme national en s’imaginant que la France seule ferait mieux.

Le problème, ce ne sont pas les structures en elles-mêmes ; le problème c’est le fonctionnement général de la société qui est caractérisé par l’économie capitaliste (autrement dit le règne de la marchandise) et l’absence de pouvoir populaire.

Une société authentiquement démocratique, caractérisée par l’hégémonie des classes populaires sur la société, prendrait facilement en compte cette question des horaires et du changement de saison. Elle saurait orienter et administrer la société vers la célébration de la réalité naturelle, avec le soleil et ses cycles saisonniers au cœur de cette célébration de la nature. Ce doit être un point essentiel du programme de la Gauche.

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Les apéros tardifs en été sont-ils plus importants que l’heure naturelle ?

Une consultation internet lancée par l’Assemblée nationale donne une majorité de personnes favorables au maintien de l’heure d’été toute l’année. Cela reviendrait à garder en permanence un décalage d’environ deux heures par rapport à l’heure solaire, sans qu’il y ait eu de véritable débat mené à ce sujet.

L’heure n’est qu’une mesure, déterminé administrativement par les humains pour s’organiser socialement. Cette mesure n’est toutefois pas arbitraire, elle reflète la réalité naturelle de l’alternance entre le jour et la nuit.

Ainsi, la mesure de l’heure est initialement liée à la position du soleil dans le ciel, avec le midi, la mi-journée, correspondant à son zénith. Jusqu’en 1891, l’heure dans chaque département était établie en fonction d’un cadran solaire en Préfecture. Il y a en effet environ 50 minutes de décalage naturel entre Brest et Strasbourg. Pour des raisons économiques, il a bien fallu cependant unifier l’heure sur le territoire national.

Si l’on considère l’heure naturelle, c’est-à-dire l’heure solaire, et que l’on fait une moyenne par rapport au territoire français et aux normes internationales, c’est l’heure UTC 0, celle du premier fuseau horaire, qui correspond le plus à la France. Tel n’est pas le choix qui est fait puisque le pays utilise l’heure UTC +1 en hiver et l’heure UTC + 2 en été.

Le changement d’heure au printemps et en automne est au centre des débats depuis une recommandation de la Commission européenne prônant sa fin. La consultation menée sur internet par l’Assemblée nationale, avec 2 103 999 réponses, donne une large majorité (80%) en ce sens.

Cela est nullement étonnant car le changement d’heure est dénigré chaque année, particulièrement pour le passage à l’heure d’été où il faut dormir 1 heure de moins chaque matin, sans qu’on puisse convenir de l’existence de réels bénéfices par ailleurs.

Le problème par contre est qu’il n’y a pas de réel débat démocratique mené sur la question, avec la possibilité pour la population de se forger un véritable avis. Vouloir cesser le changement d’heure bis-annuel est une chose, et l’on peut considérer que celle-ci est admise, mais encore faut-il savoir quelle heure maintenir.

Cela pose un grand problème à l’Union Européenne qui n’est pas capable d’organiser quelque-chose d’aussi concret pour la vie quotidienne dans, et entre, les pays. Ainsi a-t-il été considéré que chaque pays devait choisir son fuseau horaire d’ici avril, pour une fin du changement d’heure en 2021.

La consultation lancée par l’Assemblé national pose ici un véritable problème démocratique, car elle est comme tombée du ciel, sans qu’ait pu être mené un véritable débat, selon des considérations scientifiques précises sur les plans sanitaires, écologiques et économiques.

De nombreuses personnes, a priori 2 millions si on suppose qu’il y a surtout des vrais votes individuels, ont été « choisir » entre l’heure d’été, l’heure d’hiver, l’heure UTC 0 ou le maintien de l’alternance. C’est l’heure d’été qui en sort gagnante, avec un score favorable à 59 % à l’heure UTC + 2 toute l’année.

Il n’y a aucun grand argument connu en ce sens, et on se demande bien ce qui a pu motiver un tel choix à part la considération qu’il serait dommage de ne plus profiter de journées à rallonge pour prendre l’apéro en été. Une telle motivation ne serait nullement étonnante tant on a l’impression qu’en France, il n’y a pas vraiment d’autre aspiration générale que celle de la tranquillité du camping estival.

L’enjeu est pourtant très important, et chaque personne raisonnable ne peut accepter de faire un tel choix sans une réflexion collective de fond. Ce dont il est question ici, c’est d’un rapport naturel, de notre rapport au Soleil, qui conditionne la vie de la Terre depuis 4,5 milliards d’années.

Il paraît complément dingue qu’un pays censé être moderne et démocratique comme la France soit incapable de mener une telle réflexion avant de faire un choix aussi important en avril.

Le cœur de la question est cependant bien plus complexe qu’un simple choix de fuseau horaire. Il se pose ici la question du rapport à la nature en général, ce qui a de nombreuses implications.

Le problème des horaires et des rythmes qui leurs sont liés sont ainsi largement déterminés par la question des villes et des campagnes. La ville, qui en quelque sorte est synonyme de lumière, de jour «permanent », est en contradiction avec la campagne, où la nuit rend en principe compliqué tout activité. L’humanité devrait en quelque sorte trouver une voix naturelle adéquate synthétisant ces deux aspects.

Ajoutons également que ce serait une grande erreur d’imaginer débattre sur la question du fuseau horaire sans discuter de la question des rythmes de vie eux-mêmes, de leurs calages ou décalages avec le soleil, avec l’heure naturelle.

Ne faudrait-il pas, plutôt que de changer d’heure, ou de choisir une heure très décalée par rapport au soleil, adapter les rythmes de vie à chaque saison ? Les enfants, par exemple, n’ont-t-ils pas besoin de dormir un peu plus l’hiver où les nuits sont longues, qu’en été ? Et en été justement, ne faut-il pas adapter les activités en les décalant le matin, parce qu’on se couche forcément un peu plus tard qu’en hiver ?

Voilà un véritable sujet de réflexion, que seule une société authentiquement démocratique et populaire saurait capable de mener.