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GPA: communiqué de la CIAMS dénonçant la conférence de La Haye

Nous publions ci-dessous un communiqué de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité par Substitution (CIAMS), écrit par sa co-présidente Berta O. García. Elle y présente et dénonce vigoureusement les travaux antidémocratiques de la Conférence de La Haye, qui vise à rendre possible la GPA partout dans le monde, en dépit de la volonté des peuples et des lois des pays. Il y a là un enjeu fondamental, tant au nom des femmes et des enfants, que du Droit lui-même qui est encore une fois pris d’assaut par le libéralisme faisant du corps de la femme une marchandise.

Communiqué de presse

LE “GLOBAL BUSINESS » QUE LA CONFÉRENCE DE LA HAYE
TRAVAILLE EN SOUS MAIN À LÉGALISER :

L’EXPLOITATION DES FEMMES
ET L’ACHAT ET LA VENTE DE NOUVEAU-NÉS

Berta O. García @Omnia_Somnia

Co-présidente de la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité par Substitution (CIAMS)

La Conférence de La Haye de droit international privé travaille, depuis plus de cinq ans, à la légalisation de facto de la maternité de substitution

Un groupe d’experts à La Haye travaille depuis plus de cinq ans sur un protocole visant à résoudre la question de la filiation des bébés achetés dans le cadre des contrats internationaux de maternité de substitution. Mais non satisfaite de cette mission initiale, elle a délibérément choisi de l’élargir, couvrant désormais toutes les étapes du processus de maternité de substitution, y compris le choix de la mère « gestationnelle » par les parents commanditaires visés, les contrats, le consentement, les intermédiaires et les aspects financiers.

Qu’est-ce qui a conduit la Conférence de la Haye à contredire des principes fondamentaux tels que l’intérêt supérieur de l’enfant à rester dans sa famille d’origine, la prévention de la vente et de la traite des enfants au mépris ses propres conventions, comme la Convention de 1995 sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale ?

L’examen des 24 pays représentés dans ce groupe d’experts nous donne la réponse : certains sont des pays qui ont choisi de réglementer la maternité de substitution et donc de la rendre socialement acceptable et d’autres élaborent des textes de loi sous le manteau pour ouvrir leur pays à cette pratique. Et ce n’est pas un hasard si ce sont précisément les représentants des pays qui sont les plus virulents pour faire avancer le protocole de La Haye sur la reconnaissance des décisions judiciaires étrangères en matière de filiation dans le contexte des contrats internationaux de GPA. Si l’on ajoute à cela le fait que plusieurs des membres du groupe sont professionnellement impliqués dans l’industrie de la GPA, il est facile de deviner de quel côté la balance penchera ou, en clair, quel sera le parti pris de ce groupe qui a été désigné comme expert.

Quel rôle jouent les experts des quelques États abolitionnistes présents dans ce groupe : la Suisse où l’interdiction de la GPA est inscrite dans la constitution, l’Espagne, l’Italie, la France, la Suède et l’Allemagne qui l’interdisent sur leur propre territoire ?! Quelles directives leur sont données par leur gouvernement ? Quelle position adoptent-ils tout au long des débats ?

Comment défendent-ils la position de leur État ? Comment partagent-ils leur position abolitionniste commune ? De cette position abolitionniste, nulle trace dans les comptes rendus des travaux du groupe où la démarche réglementariste semble unanime.

Quel est le rôle de Kirsten Di Martino, conseillère principale de l’UNICEF pour la protection de l’enfance, qui est membre du groupe d’experts en tant qu’observatrice ?

Si, comme on peut s’y attendre, elle est là pour défendre la Convention Internationale des Droits de l’Enfant et son protocole facultatif sur la vente d’enfants, il est incompréhensible -si ce n’est pour des intérêts fallacieux- que ce groupe insiste et persiste dans sa démarche depuis plus de cinq ans.

L’UNICEF va-t-il se plier aux intérêts du marché au lieu de défendre le droit des enfants à ne pas être traités comme objet de contrat et de négociation, mais comme sujets de droits ?

Si ce protocole élaboré par ce groupe d’experts est approuvé par les Etats Membres, cela signifiera que la Conférence de La Haye s’est inclinée devant les intérêts privés et commerciaux de l’industrie, puisque, comme l’institution elle-même le reconnaît volontiers dans ses propres documents, il est maintenant bien connu que la maternité de substitution est une entreprise mondialisée («it is now well-known that surrogacy is a global business»).

Malgré que presque partout les contrats de GPA sont illégaux, ce fameux protocole sur lequel travaille ce groupe d’experts ouvrira la voie à la filiation à toute personne qui contourne la loi de son pays pour acheter un bébé dans un autre pays où l’exploitation reproductive des femmes a été légalisée, ou est tolérée, et où la vente d’enfants a cessé d’être un crime pour devenir un commerce très lucratif.

En réponse à cette situation, la Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) a lancé une campagne d’information et un appel pour mettre fin aux travaux de ce groupe d’experts.

Elle a déjà été signée par des milliers de personnes et des organisations féministes et de défense des droits humains de 55 pays. L’appel peut encore être signé à ce lien [1].

La seule alternative à l’exploitation reproductive des femmes – toujours économiquement vulnérables – et à l’achat et la vente de nouveau-nés ne passe pas par sa réglementation, mais par l’abolition mondiale de cette pratique contraire aux droits humains les plus élémentaires.

À cette fin, notre Coalition a déjà rédigé un projet de convention internationale abolitionniste [2] à laquelle tous les États devraient adhérer afin que cette pratique inhumaine et cruelle soit renvoyée à l’histoire comme un mauvais souvenir du passé, tout comme l’esclavage le fut en son temps.

[1] http://abolition-ms.org/actualites/appel-international-pour-arreter-les-travaux-de-la-conference-de-la-haye-visant-a-reglementer-la-gpa/

[2] http://abolition-ms.org/actualites/projet-de-convention-internationale-pour-labolition-de-la-maternite-de-substitution/ « 

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«GPA: un marché aux femmes»: un dossier de la CIAMS en collaboration avec le Mouvement du Nid

Face aux diverses pressions pour la légalisation de la GPA, l’association abolitionniste de la prostitution le Mouvement du Nid s’est associée à la CIAMS (Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution) pour produire un dossier faisant le point sur cette pratique relevant du trafic d’êtres humains.

Le Mouvement du Nid, bien que fournissant un travail de terrain et d’information principalement autour de la prostitution, s’est toujours positionné contre la GPA en soulignant sa similitude avec la prostitution en terme de marchandisation du corps des femmes. Au-delà de son énorme activité de terrain en soutiens aux personnes victimes de la prostitution, de son travail en direction des pouvoirs publics, cette association féministe sait produire des campagnes en direction de la population. C’est là quelque chose de très important lorsque l’on vise à faire pression sur des législations futures.

En effet, pour empêcher à tout prix une généralisation de la GPA, la Gauche, les féministes ne pourront que miser que sur une importante mobilisation à la base, il faut absolument appuyer les démarches allant dans ce sens.

Voici l’introduction du dossier, qui contient de vrais arguments de gauche qui n’ont rien à voir avec la soupe libérale qu’on peut entendre de la part du bloc pro-prostitution, pro-GPA.

« C’est le premier dossier que nous consacrons à la maternité de substitution (dite aussi gestation pour autrui, GPA). Le parallèle entre cette pratique et la prostitution est souvent fait, notamment pour montrer l’instrumentalisation des femmes. Dans une perspective féministe, ce dossier permet de mieux connaître, comprendre et analyser un phénomène devenu, en une trentaine d’années, un marché mondial estimé à présent à 6 milliards de dollars, et qui pourrait atteindre 27 milliards en 2025 (Ugalmugle et Swain: 2019). La matière première de ce marché, ce sont les femmes: leurs corps reproductifs, leurs besoins matériels, leur supposé altruisme. Comme la prostitution, c’est une pratique d’exploitation des femmes, basée intrinsèquement sur des violences à leur égard. Si l’approche ici est résolument critique, il s’agit de dénoncer la démarche d’exploitation et l’industrie qu’elle génère, et nullement les femmes qui deviennent mères porteuses. »

Pour lire le dossier, cliquer sur l’image :

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GPA: signez l’appel international contre les travaux antidémocratiques de la conférence de La Haye

La Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution (CIAMS) mène un travail de longue haleine contre la GPA, afin d’informer et de dénoncer toutes les tentatives d’imposer cette horreur à la société.

Voici son dernier appel, qu’il faut absolument signer, tant au nom du féminisme et de l’humanisme, que de la démocratie. La CIAMS dénonce en effet ici quelque chose de très grave, consistant en la tentative de contournement international des législations nationales, afin d’imposer et de répandre le commerce d’enfants et du ventre des femmes.

Le formulaire est à signer en suivant ce lien (aller directement en bas de page pour la version française) : signer l’appel

Voici le texte de l’appel :

« APPEL INTERNATIONAL POUR ARRÊTER LES TRAVAUX DE LA CONFÉRENCE DE LA HAYE VISANT A RÉGLEMENTER LA GPA

La Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH) travaille à définir la maternité de substitution dans un protocole international. Ce serait la porte grande ouverte au marché mondialisé du commerce des mères porteuses dans les pays, pour la plupart pauvres, du monde entier.

La Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH) est une organisation intergouvernementale qui compte 86 membres (85 États et l’Union européenne). Sa mission statutaire est d’œuvrer pour « l’unification progressive des règles de droit international privé » principalement par le biais de conventions internationales qui sont juridiquement contraignantes pour les États qui les ont ratifiées.

En 2015, la HCCH a mandaté un groupe d’experts pour travailler sur la question de la filiation, y compris la filiation dans le contexte des accords internationaux de maternité de substitution. En mars 2020, le mandat du groupe d’experts a été renouvelé pour deux ans, avec pour objectif de développer à la fois :

– un instrument général de droit international privé sur la reconnaissance des décisions judiciaires étrangères en matière de filiation juridique ; et

– un protocole séparé sur la reconnaissance des décisions judiciaires étrangères sur la filiation légale rendues à la suite de contrat internationaux de maternité de substitution.

La mission du groupe d’experts a été limitée à la filiation. Mais son travail montre de sérieuses dérives car les experts ont choisi délibérément d’étendre leur mission à toutes les étapes du processus de maternité de substitution, y compris le choix de la mère porteuse, la qualification des parents commanditaires, les contrats, le consentement, les intermédiaires et les aspects financiers. Ceci malgré le fait que les contrats de maternité de substitution sont illégaux dans la plupart des pays du monde.
Le groupe d’experts a donc outrepassé la portée de son mandat. Si ce projet de protocole devait être accepté, cela signifierait que l’institution de la HCCH se prête à des intérêts privés et commerciaux. Au moins 3 des « experts » nommés sont en conflit d’intérêts, étant professionnellement impliqués dans l’industrie de la maternité de substitution

En essayant de développer un instrument de droit international privé sur la maternité de substitution, la HCCH outrepasse ses prérogatives. La maternité de substitution n’est pas une question de droit privé. Elle constitue une violation des droits des femmes et des enfants tels qu’ils sont énoncés dans la CEDEF et la Convention des droits de l’enfant. La HCCH n’a pas vocation à violer les droits des personnes.

La rapporteure spéciale des Nations Unies a reconnu que la maternité de substitution est une vente d’enfants telle que définie « dans le protocole additionnel à la Convention relative aux droits de l’enfant » . Le Parlement européen en a condamné la pratique « qui porte atteinte à la dignité humaine de la femme puisque son corps et ses fonctions reproductives sont utilisés comme une marchandise ». En outre, le Parlement européen considère « que la pratique de la maternité de substitution qui implique l’exploitation reproductive et l’utilisation du corps humain à des fins financières ou autres, en particulier dans le cas des femmes vulnérables des pays en développement, doit être interdite et traitée d’urgence dans les instruments relatifs aux droits de l’homme ». Les États sont tenus de respecter les conventions sur les droits humains déjà ratifiées. La règle de base des conventions portant sur les droits est qu’aucun être humain ne doit jamais être utilisé comme un moyen pour autrui de satisfaire ses besoins ou ses désirs.

Les organisations féministes et de défense des droits humains du monde entier appellent maintenant les 86 membres de la HCCH à mettre fin au mandat du groupe d’experts et au « projet de filiation/GPA » et à œuvrer pour l’abolition de l’exploitation reproductive des femmes et de toutes les formes de trafic et de traite des enfants.

Les organisations et personnes signataires soutiennent le projet de Convention internationale pour l’abolition de la maternité de substitution : http://abolition-ms.org/actualites/projet-de-convention-internationale-pour-labolition-de-la-maternite-de-substitution/ qui a été proposé par la CIAMS, Coalition Internationale pour l’Abolition de la Maternité de Substitution, et envoyé à la HCCH.

Nous devons de toute urgence nous opposer
à cette initiative contraire aux droits des femmes.
Signez et partagez »

 Voici à nouveau le lien vers le formulaire (aller directement en bas de page pour la version française) : signer l’appel