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Événements significatifs Rapport entre les classes

Les cités de banlieue ont de nouveau craqué en 2023

Les émeutes ont de nouveau pris le dessus dans les banlieues françaises, les cités devenant l’épicentre d’affrontements avec la police. 553 communes ont été touchées, et contrairement à 2005, ce n’est pas la région parisienne qui a servi de fer de lance au mouvement. Ni Lyon ni Marseille non plus, d’ailleurs, car les émeutes ont vraiment essaimé de partout.

Il y a eu la quantité, c’est vraiment le reflet d’un craquage général. Il y a eu aussi la qualité, les émeutes se lançant avec une puissante hargne : on parle d’un milliard d’euros de dégâts.

Le paradoxe, c’est qu’autant d’émotions fortes et d’actions violentes ne produisent rien de bon. La quantité exprime juste que le désarroi dans les cités est général, la qualité que c’est une fuite en avant.

Résultat, les Français sont très choqués, ils sont même affolés. Cela ne s’arrête jamais et c’est toujours à la fois laid et violent. Gilets jaunes… Pandémie… Guerre en Ukraine… Mouvement contre la réforme des retraites… Émeutes dans les cités… Tout apparaît comme incompréhensible, passéiste, incompatible avec une vie épanouie.

Et c’est vrai ! La société française de décompose, ni plus ni moins. Les gens comprennent que le sol se dérobe sous leurs pieds.

Il ne faut pas se leurrer : le gilet jaune ne fait pas rêver, avec sa nostalgie de la France d’il y a trente ans et son style beauf. Le syndicaliste ? Pareil ! Le type est d’une ringardise absolue et n’a rien à dire. Le lumpen des cités ? C’est encore pire, lui on ne veut même pas le voir en photo. D’ailleurs les Français sont très choqués qu’on en fasse autant pour un jeune délinquant qui roule en grosse cylindrée : ce genre de comportement est vu comme très dangereux par le peuple. Personne n’a envie de voir son enfant écrasé par un tel énergumène.

Qu’il soit tué par la police, tout le monde admettra que c’est regrettable. Les Français ne sont pas des salauds. Et ils savent que pour certains la vie est très dure. Mais il y a des limites ! La grande majorité des Français pensera donc que c’est tragique, qu’on n’y peut rien, et que c’était à ses parents de s’en occuper.

Les Français se disent : ce n’est pas mon gamin qui roule à 17 ans dans une Mercedes de location pour aller à 7h du matin manger un McDo. Chacun ses responsabilités !

Le gosse est avant tout victime de ses errements et de ses parents, et c’est le policier qui l’a tué qui était lui au mauvais moment au mauvais endroit.

Le peuple voit juste. Malheureusement, politiquement, il est naïf. Les Français vont donc s’empresser de voter à Droite afin de rétablir un certain ordre social, et tant pis pour les discours sociaux de la gauche populiste, qu’il aurait bien aimé suivre. Mais il faut bien choisir ! Entre son gamin dans le libéralisme d’un côté et des acquis sociaux avec des lumpens potentiellement meurtriers de l’autre, les gens ont vite choisi.

Eh oui, c’est pour ça que les gens votent à Droite de par le monde, que ce soit au Salvador ou aux États-Unis, en Corée du Sud ou au Nigeria. Dans une société en panique, les gens préfèrent la sécurité au désordre fut-il potentiellement social. A moins d’une révolution, mais avec qui à l’heure actuelle ?

Naturellement, ce virage à Droite se fera au grand dam de ceux qui font leur fond de commerce d’un pseudo anti-racisme, masque de tentatives communautaires de s’installer dans le capitalisme ou bien de grappiller davantage de points sociaux, ou bien de moderniser le capitalisme en le bousculant un peu, comme le fait le style LGBT.

Quelle étrangeté de voir une idéologie néo-féodale comme l’Islam se conjuguer au capitalisme le plus ultra-libéral. Le turbocapitalisme est vraiment totalement furieux dans sa tentative de tout déconstruire pour élargir les marchés capitalistes au moyen des identités les plus multiples.

Enfin, là, les jeux sont faits. Les marches « progressistes » organisées le 8 juillet 2023 comme tentative unanime de récupération de la crise des cités n’ont rassemblé que 100, 500, 1000 personnes dans quelques villes de France. La déconnexion avec la réalité populaire est complète.

La droitisation de la société française s’annonce massive.

La dictature algérienne n’en rate pas une

Revenons sur un aspect marquant. Les émeutes de banlieue de 2023 ont été d’une violence puissante. Elles ont fait autant de dégâts qu’en 2005, sauf qu’en 2005 cela avait duré trois semaines. En 2023, cela n’a duré que huit jours.

C’est révélateur. En 2005, les émeutes étaient une prise de conscience d’un rapport de force politique. Il y avait toute une ambiance à l’arrière-plan qui confinait à la mentalité insurrectionnelle. La revue Crise au sujet des émeutes souligne avec raison l’importance du film Ma 6-T va crack-er. Non pas que dans les cités tout le monde écoutait du rap ou même avait vu le film, par ailleurs très mauvais. Mais la bande originale du film, sorti en 1995, avait été une énorme référence populaire.

Il y a quelque chose d’assez fou d’ailleurs. Si on prend le film Ma 6-T va crack-er (ou plus exactement sa bande-son) et les émeutes de 2005, on aurait pu se dire qu’une nouvelle génération contestataire allait débarquer. C’était un rêve de jeune homme : la casquette bien vissé sur la tête, le bandana rouge bien serré sur le bas du visage, l’AK 47 et la lutte contre l’État bourgeois. Sauf que ce rêve de jeune homme s’est réalisé, au niveau des masses… en soutien à Alain Soral et Dieudonné pour les uns, en soutien à l’État islamique pour les autres !

Si vous regardez tant les uns que les autres, qui ont eu un immense succès entre 2005 et 2023, vous verrez que le profil de leurs soutiens est celui de ceux qui auraient dû basculer à Gauche en 2005. On parle de jeunes hommes, de milieu populaire ou petit-bourgeois et faisant un effort intellectuel prononcé, soucieux de s’impliquer sur le plan des idées en ayant une énorme méfiance vis-à-vis de l’État et des systèmes de domination.

En raison du patriarcat et de l’antisémitisme, tous ces gens ont cependant basculé dans le romantisme fasciste ou l’islamisme. Ils en ont fait une véritable culture au niveau de la vie quotidienne, empêchant tout retour en arrière. Ils ont façonné leurs mentalités avec des fantasmagories, tel « Comprendre l’empire » d’Alain Soral, sorti en 2011, vendu à plus de 120 000 exemplaires. Quel incroyable gâchis !

En ce sens, les émeutes de 2023 dans les cités ferment une porte. Pour en ouvrir une autre?

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Rapport entre les classes

La France libérale et décadente produit spontanément des horreurs

Le 21e siècle voit son premier quart déjà se terminer et la France n’a plus rien à voir avec celle des années 1970. De conservatrice et timorée, elle est devenue libérale et consumériste. Prolétariat, bourgeoisie? Ces classes sont toujours là et forment le cœur de la société. Mais désormais on est comme aux Etats-Unis, ce sont les petits-bourgeois et les déclassés qui donnent le ton. Outrance, mauvais goût, absence de valeurs (bonnes ou mauvaises d’ailleurs), immédiatisme prétentieux, égocentrisme à tout prix…

Sans conscience ni sensibilité, les gens en France s’imaginent qu’il suffit d’arriver et de dire quelque chose, et c’est censé avoir une valeur en soi. L’idée même d’un travail approfondi pour découvrir la substance des choses leur est fondamentalement étrangère. L’importance des réseaux sociaux dans cette décadence est naturellement centrale. N’importe qui peut y raconter n’importe quoi et s’imaginer être « réel ».

L’affaire du jeune Nahel, délinquant tué par un policier alors qu’il refusait d’obtempérer après 26 min de course poursuite dangereuse, est un excellent exemple de cette fuite en avant dans le show capitaliste. Surréactions, foire d’empoigne, ce fut la célébration de l’ego à tous les étages. Même les dénonciateurs conservateurs (comme Jean Messiha) ont fait partie de cette déchéance, puisqu’ils participent à cette foire aux réseaux sociaux sur un mode consommable.

Tout a consisté en de la réaction brute, en mode « moi je ». Avec comme point culminant une mère qui se met en scène en faisant hurler le moteur d’une moto, au milieu de jeunes hommes en plein délire patriarcal le plus primitif, alors qu’elle vient de perdre son enfant… Il faut vraiment que le capitalisme aliène pour qu’on atteigne un tel degré de manipulation, de négation des sentiment maternels.

Le pire est que les idiots autour de la mère de Nahel ont cru l’aider, alors qu’en fait c’est de l’esbroufe. On ne compense pas les difficultés de la vie par le bruit, fut-il égocentré, capitaliste !

https://www.youtube.com/watch?v=AqNtCSYWh_8&ab_channel=TRED

Les émeutes des cités banlieue de fin juin 2023 sont à ce titre exemplaires, tellement elles sont dans leur nature l’inverse de celles de 2005. Elles prennent prétexte de la mort d’un délinquant, mais ne reposent que sur des egos hypertrophiés se mettant en scène. Rien à voir avec les émeutes de 2005 où on savait depuis plusieurs années avant que cela allait craquer et où il y avait énormément de gravité dans les événements. D’ailleurs, à l’époque, tous les mouvements politiques (à part les maoïstes) étaient sous la table et dénonçaient la révolte, y compris les plus à gauche du spectre politique. Alors que désormais, dans le capitalisme, c’est par définition la surenchère populiste permanente.

Pourquoi ? Parce que tout est prétexte à une affirmation de soi et une affirmation de soi seulement. Les gens ne s’attachent à aucune valeur, à moins que ce ne soit « leurs » valeurs, leur propre aventure. On en a une preuve simple. Même ceux assumant une religion de manière rigoriste sont simplement dans la posture. Ils ne généralisent pas leur position censée être pourtant universelle, puisque Dieu est à tout le monde. Ils se focalisent toujours sur leur propre ego et si jamais ils font du prosélytisme, c’est toujours avant tout pour se rassurer eux-mêmes. C’est flagrant : même les gens religieux consomment leur religion.

La société française, capitaliste, est une société sans esprit, sans âme. Ses membres agissent tels des consuméristes errants, sans but ni vision du monde, au jour le jour, sans état d’âme ni profondeur d’esprit. Ils sont incapables de se déterminer, de s’orienter avec une perspective historique. Ils s’imaginent prendre les choses telles qu’elles sont, et donc ils en ratent tant le sens que la profondeur.

Que peut-il alors spontanément sortir d’une telle société? Absolument rien de bien. C’est pourquoi la Gauche historique a toujours dit : attention, le rôle de la conscience est primordial, les anarchistes ont tort de célébrer l’individu alors que c’est le propre du capitalisme de promouvoir l’égoïsme et l’égocentrisme. Les gens qui réagissent spontanément dans le capitalisme consomment, ils réagissent à des impulsions capitalistes, ils n’ont aucun aperçu ni sensibilité, ils sont dans le consumérisme et l’ego.

Le Socialisme, c’est justement l’affirmation de l’envergure des choses, le recalibrage de l’humanité dans la dialectique de la personnalité et de la société, à rebours de l’incohérence de l’individu avec une société capitaliste exploiteuse et aliénante.

Alexandre Samokhvalov, Kirov saluant un défilé de culture physique, URSS, 1935

Ce qui est en jeu, c’est en fait la question de la recomposition du prolétariat. Que la bourgeoisie soit décadente, il ne peut pas en être autrement. Surtout avec une bourgeoisie française qui a accepté de se soumettre à la superpuissance américaine. Mais où est le prolétariat? Là est la question réelle. Il est forcément là, il ne peut pas en être autrement. Seulement, le prolétariat est atomisé, individualisé, déboussolé. Il existe objectivement, mais subjectivement il faut le recomposer, car le capitalisme a tout fait pour l’empêcher de se saisir en tant que classe. La corruption au moyen de l’exploitation du tiers-monde a joué ici un rôle majeur.

Dans tout événement, c’est ça le fil conducteur : la recomposition de la classe. Pour cela, il faut prendre de la hauteur, s’orienter toujours par rapport à la question de la conscience. Et ne jamais courir derrière les petits-bourgeois et les déclassés, ces sous-produits d’un occident moribond !

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Culture

«Asphalte Hurlante», la poésie métropolitaine de La Caution en mai 2001

Au mois de mai 2001 il y a 20 ans, le groupe La Caution sortait l’incroyable album « Asphalte Hurlante ». C’était un disque à part, avec son approche totalement pop et en même temps une sophistication musicale et lyrique extrêmement poussée, typiquement parisienne.

Autrement dit, La Caution avait réussi l’exploit d’une synthèse entre le rap « Versaillais » (qui mélangeait le fun à la sophistication instrumentale) et le récit de tranches de vie authentiquement populaires des HLM de Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis.

Cela a donné des textes magnifiques, mais relativement difficiles à appréhender, ainsi que musicalement un style électro et « cassé » peu accessible de prime abord. C’était en fait l’apogée de pratiquement trente ans de musique « urbaine », depuis « The Revolution Will Not Be Televised » de Gil Scott-Heron en 1970.

Cela marquait en 2001 pour les amateurs de musique un véritable tournant vers le 21e siècle, avec une poésie métropolitaine d’une grande profondeur culturelle. Rien que la pochette de l’album est une grande réussite.

Voici la transcription du morceau « Souvent », poésie sombre exprimant à merveille la folie des grandes métropoles.

Souvent [La Caution]

[Nikkfurie & Hi-Tekk]
On associe les paramètres.
Les quartiers de France comme système métrique,
Se base sur l’arithmétique de masse et sa rime maîtrise.
Hélas, on a mis l’éthique en place et la rue s’excite.
On nage dans la prise de risque, face à ça : notre charisme d’équipe.
C’est tout con, vu l’style, de traces conductrices,
De haine combustible, en fait : on se duplique.
Une toux convulsive, toute pleine d’onces d’usine,
La peste ondule vite, Hi-tekk plombe une cible.
Je me dis : « nom d’une pipe », réflexe translucide,
De la merde : on butine, de la merde : on butine…

[Hi-Tekk]
Je m’arrête net, en parachute,
Dans les bars à neusks ou les bars à putes.
Dans ce cas, je l’assume et je cavale plus,
Loin des stars de l’anus et de leurs parades nulles.
Leurs carnavals, loin des bases navales, me rendent paranoïaque.
Les narvallos jactent,
Fais gaffe à nos actes, on se masque à l’occaz’,
On marche à l’orgasme paranormal…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
Le flic : un dos d’âne anodin, doté du don d’abattre au teint,
Dompté d’un tonneau de vin d’antan, pendant qu’un badaud meurt d’OD.
La France d’auteur d’Alphonse Daudet, de Danton à Baudin,
Mentir de Sedan à Meudon, du bandit au mendiant, du lundi au lundi.
Du condé qui condamne à la place du juge et qui t’emmerde,
C’est bien au placard qu’il t’emmène, ça a une odeur de chrysanthème…

[Hi-Tekk]
Je représente l’injection létale,
Pour les pointeurs la peur se présente : inspectons les caves.
Pour eux : la peine capitale et maximale.
Après maintes questions légales,
On m’assimile à la peste en HLM habitacle.
Elle reflète la misère, après on se plaint que les cons s’éclatent…

[Nikkfurie]
Compte jusqu’à 10, on gravite au-dessus de notre maigre discographie.
Bon nombre d’africains trafiquent, arrivent en avion, en navire.
Regarde la poésie d’ici, car aucun pro n’hésite ici,
Ici personne n’est justicier et le choix des armes est judicieux…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois ça s’entraide,
Parfois ça s’embrouille,
Souvent, ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

[Nikkfurie]
On dépayse le racisme avec des armes dignes de Maciste.
On se fout de l’aristocratie : le rap, mon art dit trop crasseux.
Si la France était un poumon, nos tours en seraient les cancers !
Si la France était un sumo, nos tours en seraient les Pampers !
Si la France était un rouleau, nos tours seraient ce qu’il compresse !
Si la France, c’était les journaux, nous en serions les faits divers…

[Hi-Tekk]
Je suis complètement à côté de la plaque,
Un pote me casse les yeuks avec ses histoires de cunnilingus.
En face de moi le mur est sale, je vois que l’urine s’incruste.
L’odeur de bière est omniprésente.
Au final, avec la justice, ceux qui la subissent trinquent plus.
Je me dis que l’ultime insulte est celle qui vise mes ancêtres,
Quand on les traite en stupides incultes.
J’aimerais qu’à l’usine s’insurgent les prolétaires,
Qu’ils baisent la France patronale.
Quand je me défoule,
Plus je nique un truc, plus je me dis que dans ma vie,
Je suis l’unique intrus.
Je me prends un stop.
C’est anormal.
Sur les bancs publics s’incrustent,
Nos embrouilles sur la corde raide.
Ma haine : une forteresse munie d’instrus…

[Refrain]
Souvent, on parle d’avant,
Parfois, on parle d’après,
Parfois, on parle d’argent,
Souvent, on parle de vrai.
Parfois, on est 40,
Souvent, on est tout seul,
Parfois, on r’monte la pente,
Souvent, on est sur le seuil.
Souvent, ça boit de l’alcool,
Souvent, ça fume du shit.
Parfois, ça parle de rap,
Tout le temps, on voit les flics.
Parfois, ça s’entraide,
Parfois, ça s’embrouille,
Souvent ça galère sec,
Tout le temps : les rêves se rouillent !

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois on parle de nos pères, parfois on parle de nos mères
Souvent de faits divers, jamais on ne sort de nos sphères
Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Souvent, parfois, tout le temps, jamais en transe, maintenant, souvent

Parfois c’est Hi-Tekk, souvent c’est du bon son
Parfois c’est Nikkfurie, tout le temps c’est La Caution
Parfois c’est DJ FAB, souvent c’est du bon son
Parfois c’est KEROZEN, tout le temps c’est La Caution

L’album a été réédité en 2002 dans une « Ultime édition » avec quelques morceaux supplémentaire, dont le sublime Metropolis :

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Politique

«violences policières»: seulement 1000 personnes au rassemblement «pour Lamine Dieng»

Le grand cinéma sur le prétendu racisme de la police et sa violence qui serait systématique a eu beaucoup d’échos dans le pays ces dernières semaines, mais tout cela est terminé. De 20 000 personnes aux rassemblements « pour Adama Traoré », on est passé à seulement 1000 personnes pour le rassemblement « pour Lamine Dieng » hier, alors qu’il s’agit de la même mouvance, avec la présence d’Assa Traoré elle-même.

Lamine Dieng aurait été victime de violences policières… en 2007. Cela n’a jamais intéressé personne, car ce n’est pas intéressant. La police intervenait cette nuit-là suite à une dispute dans un hôtel entre le jeune homme et une femme… qui eut alors plusieurs fractures, avec des traces de sang retrouvées dans l’hôtel et des témoins racontant une scène très violente.

La police explique que Lamine Dieng a été retrouvé se cachant sous une voiture devant l’hôtel et qu’il se débattait très violemment pendant son interpellation puis son transport dans le fourgon. L’autopsie révéla qu’il était sous l’emprise de cocaïne. Il est mort cette nuit-là dans le camion de la police et la famille a ensuite porté plainte pour « administration de coups mortels », expliquant que son maintien au sol l’avait tué et que cela constituait une violence policière.

Cette affaire a été particulièrement soutenue par toute une partie de l’ultra-gauche de l’est parisien, sur un mode anarchiste anti-État. D’ailleurs, le rassemblement d’hier était appelé à 13h12, ce qui n’est pas un hasard. En reprenant l’ordre des lettres de l’alphabet, les chiffres 1 3 1 2 signifient, « ACAB », ce slogan anti-police. Ce genre de « code » est une tradition à l’extrême-Droite, qui se sert par exemple du nombre 88 pour affirmer de manière masquée les lettres « HH », en référence au salut d’allégeance à Hitler.

L’ultra-Gauche « antifa » a repris ce genre de codes à son compte, sur fond de culture post-hooligan/post-skinhead, pour mélanger tout cela dans le 20e arrondissement de Paris à un style « quartier HLM ».

Tout ce petit monde ne représente pas grande chose et la vague qui l’a porté, avec les événements américains, s’est effondrée aussi vite qu’elle s’est formée. Les évènements de Dijon ayant ici probablement refroidi les hardeurs de certaines personnes s’imaginant la police ultra violente en banlieue… alors qu’en réalité elle est surtout ultra pas présente, et totalement désemparée.

Ce à quoi on assiste, c’est ni plus ni moins qu’à l’effondrement de l’État et de la société. Avec au milieux les policiers essayant de faire en sorte que la liquéfaction d’une civilisation ne déborde pas trop. Le capitalisme ne tient plus, la société ne tient plus, et seule la classe ouvrière peut amener un ordre nouveau.

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Société

Événements de Dijon: l’américanisation de la société française

La société française craque de partout. Le libéralisme a tellement triomphé dans tous les domaines que l’État de droit cède toujours plus de terrain… Exactement comme aux États-Unis.

Le contexte de la fin du confinement dans les différents pays européens est incroyablement différent et c’est lourd de sens pour interpréter la crise terriblement profonde que connaît la France. En Autriche, la police vient d’infliger ainsi une amende à quelqu’un pour « vent intestinal », car il avait ostensiblement pété en leur présence. En France, pendant trois jours des gens peuvent se balader avec des armes et les utiliser dans une grande ville, sans qu’il n’ait de réponse étatique.

Le décalage est énorme. La France s’effondre de partout, il n’y a plus grand-chose qui tient à part le poids des habitudes. Lors de sa dernière allocution, Emmanuel Macron avait souligné que l’État avait tenu face à la crise sanitaire : s’il se sent obligé de le dire, c’est qu’il avoue à demi-mot que la situation est terriblement grave.

L’affaire de Dijon est terriblement symptomatique de tout cela. Un jeune homme agressé et les principes féodaux se matérialisant violemment : étant d’origine tchétchène, cela a provoqué l’arrivée en masse de groupes de plusieurs dizaines de personnes – autour de 200 – cherchant des affrontements avec des Maghrébins, au moyen de couteaux, de barres de fer et d’armes de poing, ainsi que de fusils automatiques.

C’est le Far-West dans le quartier dijonnais des Grésilles, voire dans le centre-ville, et la police a laissé faire, et on a ainsi des vidéos de groupes armés paradant sur les réseaux sociaux. C’est ni plus ni moins qu’une affirmation de l’américanisation de la société, la France ayant passé un tel cap dans libéralisme que les tissus sociaux sont dégradés au point que la société se décompose.

Et l’un des terribles symboles de cette situation des Grésilles, un quartier à l’abandon laissé au communautarisme et aux mafias, c’est François Rebsamen. Il est maire de Dijon depuis 2001. Cela fait vingt ans pratiquement donc et dans les faits il accompagné une situation empirant.

Militant de la Ligue Communiste Révolutionnaire de 1970 à 1974, il a ensuite de très hautes fonctions dans les cabinets ministériels socialistes. Il a été sénateur, ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social, mais surtout le numéro 2 du Parti socialiste de 1997 à 2008 : c’est la grande figure des partisans de François Hollande, il a été son grand conseiller.

Voilà où aboutit l’opportunisme. Voilà où aboutit la mentalité des universitaires de gauche qui disent que les problèmes sont sociaux, qu’il ne faut pas juger, pas avoir de critères culturels. C’est un moyen de se soumettre au libéralisme et de laisser le capitalisme pourrir les gens à grande échelle, avec certains secteurs où cela termine toujours plus mal.

Les événements de Dijon sont une terrible expression de comment toute une partie de la population est désocialisée, déconnectée du reste, vivant en vase clos avec un capitalisme d’autant plus pervers qu’il est encadré de manière féodale, que la féodalité est y est modernisée. Le capitalisme et la religion en même temps : comment des gens enferrés là-dedans pourraient-ils s’en sortir ?

Ce dont paie le prix ici, c’est très clairement l’incapacité des ouvriers de l’usine Renault de Choisy-le-Roi à avoir impulsé la lutte des classes. Ce qui s’est passé à Dijon n’aurait pas pu avoir lieu si une autre actualité, réelle, l’emportait. Mais on n’a pas eu la grève, on a le collectif « la vérité pour Adama » et toute une vaine agitation ouvertement étrangère à la classe ouvrière.

Et la situation ne se calmera pas : les tensions augmenteront toujours plus, car la France est en crise. S’il n’y a pas de Gauche historique, cela sera l’implosion et la remise en marche sous l’égide du nationalisme et du militarisme, le tout pour sauver le capitalisme.

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Politique

Le prétendu racisme de la police, nouvelle lubie de la petite-bourgeoisie hystérique

Après avoir inventé pendant des mois une police « fasciste » qui mutilerait volontairement les gilets jaunes, la petite-bourgeoisie hystérique s’ennuyait pendant le confinement. Elle s’est découvert une nouvelle lubie, répétée en boucle : la police serait raciste et pratiquerait une véritable terreur en banlieue. Camélia Jordana n’a fait que relayer et médiatiser ce fantasme ridicule, de la part de gens n’ayant souvent aucun rapport avec le quotidien des cités populaires.

Suite aux propos délirants de Camélia Jordana sur France 2, le secrétaire départemental parisien du syndicat majoritaire dans la police Unité SGP Police-FO a eu beau jeu de rappeler qu’elle n’a jamais mis les pieds en banlieue, ayant grandi dans un environnement huppé du Var et évoluant depuis dans le show business. Il a aussi précisé ce fait, qui n’aura pas échappé à toute personne vivant dans le monde réel et pas dans ses propres fantasmes : il y a en France dans la police énormément de personnes, venant des classes populaires, qui sont issues de l’immigration ou des Antilles (et qui se sentent particulièrement offusquées par les accusations faites).

Cela change tout. Cela a largement contribué à changer la police française ces dernières années, avec toute une génération de policiers ayant un état d’esprit démocratique, ou en tous cas la volonté de l’être. Comme dans le reste de la société française, le racisme quand il existe est ostracisé, dénoncé. Comme dans le reste de la société, les policiers ont bien d’autres choses à faire au quotidien que d’être raciste.

Une petite affaire a cependant agité tout un tas de gens il y a quelques semaines, y voyant une justification de leurs fantasmes. Dans une vidéo filmée depuis un balcon au milieu de la nuit, on entendait les propos graveleux et racistes de policiers repêchant un présumé voleur ayant sauté dans la Seine pour leur échapper. Il a été prétendu par le populiste Taha Bouhafs qui a médiatisé la vidéo qu’il s’agissait de policiers du commissariat de Villeneuve-la-Garenne. C’était en fait de policiers de la Direction territoriale de la Sécurité de Proximité des Hauts-de-Seine, ce qui n’est pas vraiment la même chose. Il s’agit ici d’équipes aux missions très particulières ne concernant pas vraiment le quotidien du peuple.

C’est un peu la police des bas-fonds de la société et il n’est pas étonnant vu la rudesse de leur activité qu’il y ait dans certaines de ces unités des mœurs particulièrement rétrogrades, avec ici selon Le Parisien un commissaire présent ce soir-là qui avait été condamné en 2008 dans une affaire de violence à de la prison avec sursis et une interdiction d’exercer d’un an.

Seulement, il n’y a pas vraiment de rapport entre le quotidien de la plupart des gens vivant en banlieue et ce genre d’histoire concernant une personne égyptienne présente illégalement sur le territoire, qui ne parle même pas français, surprise en pleine nuit aux abords d’une scène de vol sur un chantier. En plein confinement sanitaire de surcroît.

La jeune prolétaire travaillant dans une grande chaîne américaine de café à Paris ou bien l’ouvrier d’une usine automobile, ne se sentent pas particulièrement concernés par cette affaire, n’ayant d’ailleurs jamais à faire à la police dans leur vie quotidienne. Par contre, pour les bobos parisiens, les populistes « de gauche » ou les petits-bourgeois hystériques, qui ne connaissent rien à la réalité du peuple, le lien était fait. Pour eux, un banlieusard est forcément un immigré lié à la délinquance et a tout le temps à faire à la police…

C’est précisément ces petits-bourgeois fantasmant la banlieue que visent les rappeurs lumpen célébrant les drogues, le sexe et la violence comme par exemple Moha la squale dans sa toute nouvelle vidéo.

On peut être choqué des propos de Camélia Jordana, mais il faut bien dire qu’elle n’a rien inventé toute seule. Elle ne s’est faite que le porte-voix de toute une agitation détestable, s’imaginant que la France en 2020 serait un régime terroriste massacrant volontairement une partie de sa population pour des raisons raciales.

C’est ainsi que Dominique Sopo, le président de la moribonde SOS racisme, association qui a été pourtant très populaire à l’origine, s’est fendu d’une tribune fin avril à propos des propos racistes tenus par les policiers. Il prétendait expliquer qu’il ne s’agissait pas de « dérapage », mais de « problème structurel », liant tout cela de manière grotesque à « la police de Papon ». L’actualité serait selon lui « d’ouvrir le chantier de la lutte contre le racisme au sein des forces de l’ordre. »

Dominique Sopo a bien sûr sauté sur l’occasion de la polémique lancée par Camélia Jordana et on notera que dans sa volonté de la défendre à tous prix, il en oublie les personnes antillaises, ou asiatiques, ou roumaines, qui ne seraient étrangement pas concernées par le prétendu racisme systémique de la police. La peur de la police serait ressentie par des personnes « en raison de leurs origines maghrébine et subsaharienne » croit-il expliquer sur une chaîne d’information en continue…

SOS racisme avait également lancé une pétition début mai sur le même registre, signée par tout un tas d’associations et organisations liées à la Gauche, depuis l’UNEF jusqu’à l’UEJF, en passant par EELV, Génération-s, le PS, le PCF, la France insoumise, ainsi que les syndicats CGT, FSU, UNSA, etc.

Dans le même genre, la fantasque association « Urgence la police assassine » a lancé il y a quelques semaines une application iphone afin de filmer la police, avec une vidéo dans laquelle interviennent surtout quelques artistes du show business au ton faussement grave. Il y a ainsi eu tout un tas d’interventions dans le genre, menant donc aux propos de Camelia Jordana.

> Lire également : Camélia Jordana et la police qui massacrerait en banlieue

On notera au passage, pour bien souligner le caractère délirant de ces gens, la vidéo d’Assa Traoré (du « Comité vérité et justice pour Adama » encensé par toute une partie de la Gauche), criant à la censure et appelant à la liberté d’expression. Sauf que Camelia Jordana a tenu ses propos dans une émission à grande audience du service public et que l’émission a elle-même relayé les propos sur Twitter ! C’est une drôle de conception de la « censure »…

Mais le fait est que les militants petits-bourgeois hystériques ne supportent pas un point de vue rationnel, ils ne supportent pas que les policiers et une grande partie de la population puissent être offusqués et dénoncer leur agitation et leurs prétentions fantasmagoriques. Tout ce qui compte pour eux est d’inventer toujours des nouvelles lubies, des nouvelles « causes », des nouvelles « oppressions », afin d’empêcher à tout prix l’émergence de la lutte des classes, de la bataille du prolétariat contre la bourgeoisie, dont ils ne sont qu’un appendice particulièrement méprisable.

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Société

L’État français incapable d’empêcher un match de football avec 400 jeunes à Strasbourg

Selon les fantasmes de l’ultra-gauche et des petits-bourgeois radicalisés, l’État français exercerait une véritable dictature terroriste dans le pays, profitant de la crise sanitaire pour renforcer son autorité. En vérité, c’est le règne du libéralisme et du laisser-aller en France et l’État se retrouve régulièrement impuissant, comme face à ce simple match de football rassemblant 400 jeunes irresponsables à Strasbourg.

400 jeunes se sont retrouvés dimanche sur un terrain de football d’un quartier de Strasbourg, pour un match organisé sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas de quelques adolescents bravant les règles pour une partie improvisée, comme c’est très souvent le cas à Strasbourg mais aussi un peu partout en France. C’était un match arbitré, avec les joueurs portant un maillot de couleur et des crampons, des centaines de spectateurs autour, quelques pétards, un envahissement du terrain, un défilé des vainqueurs, etc. Le Parisien a compilé des images glanées sur les réseaux sociaux, qui sont pour le moins hallucinantes alors que règles sanitaires contre le covid-19 sont encore en vigueur en France :

Selon la version officielle, la police municipale n’aurait été au courant que tardivement, constatant impuissante la fin de la partie. Personne ne pourra croire une telle version, alors que le terrain se situe en pleine ville et qu’il est immédiatement visible depuis de nombreux immeubles. Sans compter le bruit qu’a généré un tel rassemblement dans un quartier d’habitations le dimanche.

Il y a qu’en France, dans de nombreuses situations, et particulièrement dans les cités populaires comme ici dans le quartier des Poteries à Strasbourg, la police n’est pas en mesure d’intervenir sans déployer des moyens immenses. Alors la consigne est de ne pas intervenir. Un tel match en pleine crise sanitaire alors que les rassemblements de plus de dix personnes sont censés être interdits est pourtant une faillite complète pour l’État. C’est aussi une faillite pour la société que d’avoir autant de jeunes, dont beaucoup très jeunes, presque uniquement des garçons il faut le préciser, assumant un tel mépris de l’intérêt collectif, en l’occurrence de la santé des personnes les plus fragiles. Cela relève directement du cannibalisme social, qui gangrène les cités populaires, laissant nombre de familles populaires dans le désarroi, avec comme seule perspective de fuir le quartier.

L’État français n’en a rien à faire des cités populaires, comme il n’en a rien à faire que les petits-bourgeois des centre-villes s’amassent sur les pelouses par centaines, poussant le mépris pour les règles sanitaires jusqu’à se faire la bise pour les plus arriérés d’entre eux.

C’est ce même État qui, via le juge des référés, a fait sauté l’arrêté du maire de Strasbourg obligeant le port du masque dans les rues du centre-ville. C’était pourtant une mesure de bons-sens dans un lieu aussi dense, alors que le masque est déjà obligatoire dans les transports, qu’il est logiquement imposé dans de nombreux commerces, chez les dentistes, pour de nombreux travailleurs, etc.

Seulement voilà, il y a des gens que cela insupporte, qui s’imaginent entravés dans leur vie à cause du masque, incapables d’un minimum de discipline pour l’intérêt collectif. Ce sont ces mêmes gens qui fantasment contre le prétendu totalitarisme de l’État français, qui est pourtant incapable d’empêcher un simple match de football de quartier.

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Politique

Camélia Jordana et la police qui massacrerait en banlieue

Les propos hallucinés de Camélia Jordana croyant que la France est l’Afrique du Sud de l’apartheid reflète bien toute une bourgeoisie d’origine immigrée utilisant une démagogie infâme pour se faire valoir.

Camélia Jordana est une chanteuse et une actrice. Elle a eu un parcours bourgeois toute sa vie, son père est chef d’une entreprise de transport en béton et sa mère une thérapeute en développement personnel.

De passage à « On n’est pas couché », une émission de France 2, elle a tenu des propos délirants, mais tout à fait en phase avec l’ultra-gauche. Dénonçant la police, elle dit :

« Je ne parle pas des manifestants, je parle des hommes et des femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau. C’est un fait. »

Et Camélia Jordana d’expliquer qu’elle ne se sent pas en sécurité « face à un flic » parce qu’elle a les cheveux frisés ! Cela ne doit pas étonner, cela dit, cela fait plusieurs années qu’elle raconte cela dans la presse people. Selon elle, depuis les attentats du 13 novembre 2015, l’ambiance aurait changé, le racisme serait prégnant, en particulier dans la police, etc.

On a là une démagogie typique. La bourgeoisie d’origine immigrée cherche à gagner des positions en s’appuyant sur les prolétaires d’origine immigrée. Mais il faut pour cela gommer les différences de classe. Par conséquent, rien de tel qu’un racisme institutionnel imaginaire pour faire des immigrés une « caste » qui serait opprimée. Et comme levier, on utilise les lumpens confrontés à la police qu’on transforme en « martyrs ».

C’est un très beau tour de passe-passe, qui ravit l’ultra-gauche qui trouve là du grain à moudre pour ses fantasmes anti-étatiques. Jamais d’ailleurs le roman 1984 n’aura été aussi à la mode dans toutes les couches intellectuelles petites-bourgeoises, qui voient en l’intervention de l’État contre le covid-19 l’émergence du spectre du totalitarisme communiste.

C’est naturellement tout aussi parfait pour le Paris rive gauche, d’esprit catho de gauche, portant historiquement la droite du Parti socialiste, surfant les modes « post-modernes ». De France Inter à Glamour, on adore Camélia Jordana.

Car les gens comme elle en rajoutent et en rajoutent, jusqu’à un irrationalisme considéré comme la plus grande des rationalités. Camélia Jordana, qui bien entendu habite au cœur de Paris, croit en ce qu’elle dit, elle pense vraiment que la police « massacre » les non-blancs en banlieue. Une banlieue considérée par elle, bien entendu, comme uniquement composée de non-blancs. Et d’ailleurs, comme pour l’ultra-gauche, seuls ces non-blancs seraient le peuple au sens strict. Tous les autres seraient des privilégiés.

Camélia Jordana représente le grand succès des « Indigènes de la République » et de toutes ces idéologies de la bourgeoisie immigrée nées comme la vague islamiste, de la grande défaite du soulèvement des banlieues de 2005. 2005 aurait pu amener un grand renouveau de la Gauche, avec l’affirmation d’un conflit assumé avec le régime. Cela se transforma en rejet des institutions.

La différence entre un conflit avec un régime et un rejet des institutions doit être ici bien comprise et pour cela, il suffit de regarder le hip hop, le rap. Avant 2005, la dimension sociale suinte par tous les pores dans ce courant musical. Après 2005, c’est terminé.

Camélia Jordana procède de cette situation et représente une partie de la bourgeoise manipulant les esprits avec une démagogie racialiste, un discours anti-institutionnel néo-féodal, tout cela pour se donner une image « populaire ».

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Politique

L’irruption d’une profonde crise dans les cités populaires

Le confinement provoque une crise économique, une crise culturelle, une crise politique de ce qu’on peut appeler, même de manière imprécise, les cités populaires. L’esprit rebelle de 2005 a totalement disparu et c’est un mélange de nihilisme et de consumérisme qui prédomine et s’embrase, isolant encore plus ces secteurs populaires du reste du peuple.

L’échec des émeutes de 2005 pèse lourdement sur les cités populaires. Ces émeutes avaient été considérées (pas par la gauche gouvernementale ni même l’extrême-gauche dans sa quasi totalité) comme un pas en avant dans un certain esprit de rupture par des gens espérant qu’enfin en France la lutte des classes reprenne, avec le retour de la question sociale.

Ne nous voilons pas la face, malgré le caractère totalement isolé du phénomène dans le pays, la Gauche se cachait derrière un ministère de l’Intérieur qui, lui, ne décida même pas de l’état d’urgence, comprenant que ce n’était que passager et sans contenu. Qu’allait-il toutefois en ressortir ?

Rien, malheureusement. Les religions se sont largement développées sur le terreau de la défaite culturelle. Le trafic des drogues qui s’est renforcé massivement en parallèle a entièrement gangrené des secteurs populaires entiers.

Les récents accrochages et harcèlement de ces derniers jours, qui concernent environ 50 villes, reflètent cette tendance au triomphe du cannibalisme social. Cette nuit du mardi au mercredi a encore été marquée, en région parisienne, à Lyon, Mâcon ou Tourcoing d’incidents au sens très large.

 


Le pays regarde cela avec naturellement un regard terriblement critique : en plein confinement, il y a de telles actions ! Et tout le monde sait que dans ces cités populaires marginalisées, les comportements anti-sociaux se sont généralisés, dans un style patriarcal mêlé d’esprit lumpen. Que les valeurs identitaires se sont installées, alors que la dimension sociale-révolutionnaire indirectement sous-jacente aux travailleurs immigrés a disparu.

L’immense queue pour le drive de McDonald’s venant de rouvrir témoigne de cette plongée dans le consumérisme et le nihilisme. Car en même temps, ces cités populaires sont des appuis très clairs à toute une philosophie capitaliste, une volonté de s’en sortir par le business, voire même le cannibalisme social.

 


L’ultra-gauche développe bien entendu une rhétorique anti-policière primaire, sans voir naturellement que bon nombre de policiers sont désormais issus du peuple et l’assument. Finie l’époque où la police était une caste entièrement séparée du peuple. C’est encore vrai en partie, mais dans les grandes lignes c’est terminé et cela ne distingue qu’encore plus les policiers des gendarmes.

Il ne faut évidemment pas pour autant s’attendre à ce qu’avec l’État actuel, les policiers ne soient pas aliénés par leurs fonctions, alors que leurs dirigeants sont extérieurs au peuple, quand ils ne sont pas même corrompus par les mafias. Reste que faire de la police l’alpha et l’oméga des questions de notre époque n’a aucun sens.

On peut d’ailleurs dire que si la révolte de 2005 a été une affirmation réformiste, un appel à l’aide avec des traits sociaux-révolutionnaires, on est actuellement dans une déliquescence totale, une expression d’une aliénation complète, totalement masculine et ouvertement liée au cannibalisme social.

C’est une crise énorme pour les cités populaires, mais une crise salutaire car de l’échec de l’expression nihiliste, après l’échec de la proposition stratégique islamiste, doit venir la recomposition populaire, inévitable.