Catégories
Écologie

Abolition de la corrida : honte sur LFI

Ce jeudi 24 novembre, une discussion était très attendue lors de la session parlementaire de LFI : l’abolition de la corrida. Toutes les structures « antispécistes », « animalistes » étaient mobilisées derrière Aymeric Caron et LFI. En fin d’après-midi, le sujet a été présenté et LFI a rapidement décidé de retirer l’abolition de la corrida de l’ordre du jour. Pire, elle l’a remplacée par la réintégration des soignants non-vaccinés.

C’est une honte de ne pas avoir assumé la confrontation jusqu’au bout et de se cacher derrière l’obstruction parlementaire (des centaines d’amendements ridicules déposés et qui auraient dû être discutés) de partisans de la corrida.

Et c’est immonde de choisir de remplacer cette abolition par la réintégration des soignants non-vaccinés. Voilà où mène le populisme. Cela aura au moins le mérite de montrer, encore une fois, le véritable visage de LFI.

Et s’il est impératif de dénoncer la lâcheté et le populisme de LFI, il ne faut pas non plus oublier l’opportunisme dont a fait preuve tout le secteur « antispécistes » / « animalistes ». Car il est faux de s’imaginer que cette abolition était portée par un large élan démocratique. Il y a certes eu beaucoup de bruit à l’intérieur de certains cercles mais les masses français n’ont à aucun moment pris part au débat.

Pour bien s’en rendre compte il suffit de revenir en arrière, au week-end dernier.

Deux cents militants ont manifesté à Paris samedi contre la corrida, pour une dizaine de structures… Le tout pour une énième mise en scène médiatique militante, loin des masses, loin de la France de 2022.

Des événements portés par les mêmes organisations, les mêmes militants qui changent de structures tour à tour, sans valeurs et sans culture propres. Les mêmes actions annoncées sur Facebook. Et toujours le même spectacle vain.

Pour avoir une idée de l’ampleur du désastre, il suffit de comparer ces deux cents manifestants (parfois venus de très loin), aux huit cent pro-corrida du même jour à… Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest.

On a ici toute une mouvance qui a fait croire que l’abolition de la corrida était imminente.

Comment ces gens peuvent-ils s’imaginer que quelques sondages agités dans tous les sens, des likes sur les réseaux sociaux et des mises en scène médiatiques vont changer le monde ?

Sans surprise, la réaction à la déprogrammation de l’abolition de la corrida a été toute aussi nulle politiquement.

Cela se comprend aisément : on parle ici d’un milieu totalement corrompu dans lequel baignent nombre d’opportunistes qui n’ont que faire des animaux. Tous ces élus, conférenciers, influenceurs, activistes médiatiques, youtubers, etc. et aspirants ont une position de parasite : leur vie quotidienne dépend de l’enfer actuel. Ils ne veulent pas le renverser et encore moins s’y confronter : comment pourraient-ils alors se mettre en avant ?

L’opulence de la France capitaliste leur permet de gonfler leur ego lors d’actions médiatiques puis de se retrouver autour de fausse viande et d’une bouteille de vin étiquetée « vegan » dans un nouveau restaurant vegan de la capitale. Avec toute une série de tweets, selfie instagram et autres réalisations ô combien politiques tout du long. Pourquoi voudraient-ils du socialisme ? Le capitalisme leur convient si bien.

Cet épisode montre une nouvelle fois à quel point l’opportunisme et le populisme sont des poisons pour la planète, pour les animaux, pour le socialisme. Les opportunistes de tous bords s’allient, réduisent la politique à du bruit et se défilent dès qu’ils se retrouvent face à l’ancien monde.

Il n’y a absolument rien à attendre tant du parti animaliste etc d’un côté et de LFI de l’autre. Aucune de ces mouvances ne souhaite changer quoi que ce soit : elles ne sont que des avatars d’un monde en pleine décadence qui entraîne toute la Nature avec lui dans sa chute.

A la gauche historique de relever le drapeau de la civilisation face à l’opportunisme et au cynisme.

Catégories
Écologie

Un exemple d’incompréhension socialiste de la question animale en 1931

Le Populaire était le journal quotidien de la SFIO, l’ancêtre du Parti socialiste. On y trouve le 28 avril 1931 un article tout à fait représentatif d’une arriération culturelle pétrie de libéralisme, ici sur la question animale. C’est une petite chronique, qui est signée Jarjaille, en réalité Sixte Quenin (1870-1957).

Ayant défendu la corrida en Espagne (ainsi qu’en France) dans une chronique quatre jours auparavant, lui-même venant d’Arles, Jarjaille répond quelques jours après à une lettre ayant critiqué son positionnement. Ce faisant, il en arrive même à défendre la chasse à courre et l’aristocratie la pratiquant. Après tout, chacun peut faire ce qu’il veut selon lui et le socialisme n’aurait qu’une dimension économique.

C’est une position tout à fait caractéristique de l’incompréhension française du fait que le socialisme concerne tous les aspects de la vie. Le socialisme serait, selon cette conception erronée, simplement une meilleure répartition, mais pas une vision du monde. C’est la porte ouverte aux mœurs réactionnaires, au cynisme, à une défense des valeurs capitalistes assassines.

Tout ce que raconte Jarjaille est faux, depuis sa mise en valeur de la boxe par KO jusqu’à celle de la corrida, et son soutien au libéralisme.

La première chronique, du 24 avril 1931 :

« Pas de bêtises !

On imagine volontiers que les républicains et les socialistes d’Espagne savent ce qu’ils ont à faire et que les multiples conseils qui leur sont donnés généreusement, par des gens qui jugent les choses de loin et de haut, ne sont pas pour les influencer.

C’est pourquoi on a le droit de penser que l’invitation, que leur adresse M. Ernest Judet, de supprimer les courses de taureaux, laissera indifférents les hommes qui ont là-bas de lourdes responsabilités et qui ne vont pas s’amuser à compliquer inutilement la difficile tâche qu’ils ont à accomplir.

M. Judet – et s’est son droit – n’aime pas les corridas. Peut-être choisit-il mal son moment pour prétendre que ce spectacle écarte l’Espagne « de notre civilisation humaine ». L’attitude admirable du peuple espagnol au cours de ces derniers jours, semble plutôt prouver le contraire, ou tout au moins que les spectacles n’ont pas autant d’influence sur les spectateurs que le prétendent leurs dénigreurs ou leurs thuriféraires.

Sans quoi les Espagnols pourraient répondre à l’invite de M. Judet, qu’avant de faire la leçon aux autres, il conviendrait d’abord de se la faire à soi-même.

La vue d’un taureau piqué, ou d’un cheval encorné, émeut M. Judet. Nous comprenons cette sensibilité et nous conseillerions à M. Judet, s’il va en Espagne de ne pas assister à,une corrida. Il lui serait bien facile d’imiter les nombreux habitants de nos régions du Nord, qui craignent la vue du sang, et qui ne vont jamais voir ces combats de coqs, vers lesquels par contre se précipitent des milliers d’amateurs, qui trouveraient étrange qu’un journaliste espagnol les tienne, de ce fait, à l’écart de la civilisation humaine.

De même, il y a beaucoup de gens, à Paris, que dégoûte profondément la vue de deux athlètes demi-nus, se bourrant la figure de coups de poings Ces gens restent chez eux, cependant que des milliers d’autres payent très cher pour voir des émules de Dempsey et de Carpentier, la figure sanguinolente, s’allonger sur le tapis.

Personne, j’imagine, ne prétend que la boxe, voir le rugby, sont des spectacles propres à développer la douceur, la politesse et la passion du grec et du latin. Lorsque les travaillistes sont arrivés au pouvoir en Angleterre, ils auraient pourtant trouvé bizarre qu’un journaliste français leur dise que la première chose qu’ils avaient à faire c’était d’interdire toutes ces brutalités.

Enfin les républicains espagnols pourraient penser qu’avant que, de France, on leur demande de supprimer leur spectacle national, celui-ci devrait d’abord être interdit en France. Or, voici quarante ans qu’on redonne à Nîmes, Arles Bordeaux, Bèziers, Dàx, Perpignan et bien d’autres villes, ces corridas qui, en Espagne, indignent.

M. Judet ne le savait pas? Il ne demande qu’à voir fermer les arènes françaises? On ne lui conseille pas d’aller le dire dans le Midi !

JARJAILLE [Sixte Quenin] »

La seconde chronique, du 28 avril 1931 :

« Aujourd’hui les affaires sérieuses

Un lecteur a bien voulu me faire connaître que mon dernier papier sur les courses de taureaux n’avait pas eu l’heur [sic] de lui plaire. Et tandis que M. Judet estime que ce spectacle écarte l’Espagne de notre civilisation humaine, mon correspondant soutient qu’on ne peut pas être socialiste si l’on n’a pas pitié des animaux.

On m’a appris, il y a longtemps, que le socialisme avait pitié des êtres humains et parmi eux surtout des plus faibles : la femme, l’enfant. Mais si, pour être socialiste, il faut aussi me préoccuper des toutous à leur mémère et compatir aux souffrances du ver de terre que j’enfile sur mon hameçon, je suis, évidemment, indigne de préconiser la socialisation du sol et des moyens de production.

Mais je pense qu’il faudrait nous garder de mêler le socialisme et la civilisation à des histoires où ils n’ont rien à voir. Le socialisme est une chose, l’opinion que l’on peut se faire sur les relations de l’homme et des animaux en est une autre. Il peut y avoir d’excellents socialistes à la Société Protectrice des Animaux, on y compte aussi de parfaits réactionnaires. Et parmi les aficionados, les amateurs de combats de coqs, ou les pêcheurs à la ligne, qui trouvent leur plaisir au martyre d’animaux, gros ou petits, les opinions politiques sont bien mêlées.

Mais ce qu’il faudrait surtout c’est avoir vraiment le sens de la liberté. Que. M. Judet écrive des articles, voire des livres, pour convaincre ses contemporains que la corrida est un spectacle abominable, rien de mieux. Mais ne pourrait-on se garder de cette manie de vouloir imposer ses goûts, comme ses opinions, à son voisin? Tel spectacle ne vous plaît pas, très bien, n’y allez pas, mais s’il plaît à d’autres, pourquoi l’interdire?

J’avoue que l’étripement d’un cerf ne doit pas être quelque chose de bien ragoûtant. Pourtant, tant qu’une duchesse pourra disposer du terrain nécessaire, je ne vois pas pourquoi on empêcherait par la force, Mme d’Uzès de faire bénir par un évêque, les meutes qui vont pourchasser un malheureux animal.

Les catholiques, certes, pourraient faire observer que l’eau bénite n’a pas été inventée pour les chiens, ils ne le font même pas.

Alors qu’on laisse les républicains et les socialistes espagnols s’attaquer à des problèmes qui ont une autre importance sociale que les courses de taureaux.

JARJAILLE [Sixte Quenin] »

Catégories
Politique

Didier Guillaume, PS, habitué des corridas et ministre de l’agriculture d’Emmanuel Macron

Littéralement toute la Gauche s’offusque, à juste titre, de la présence de deux ministres à une corrida. C’est cependant malheureusement un exemple de plus du verbalisme contestataire sans grand fondement.

Le souci : la Gauche n’a jusqu’à présent rien fait contre la corrida, ni d’ailleurs en faveur des animaux en général. Qui plus est, le ministre principalement concerné par l’affaire vient du Parti socialiste, auquel il a appartenu pratiquement 40 ans. Et il est déjà allé à des corridas avant…

La corrida est quelque chose d’infâme et pour assister sans se révolter à un tel spectacle odieux, il faut avoir perdu une sacrée capacité à l’empathie, ce qui est plus qu’inquiétant. Il est donc scandaleux que la Gauche n’ait jamais interdit les corridas. Elle en avait l’occasion, que ce soit avec la vague populaire de 1981 ou encore avec la « vague » de 2012 avec François Hollande, avec aux mains de la Gauche une large majorité des départements, la quasi totalité des régions, le parlement et le Sénat.

Cependant, la Gauche est gangrenée par les valeurs de la Droite et ce depuis bien longtemps. Elle ne s’est donc jamais opposée à la corrida et on peut être humainement assez dégoûté de voir tout le monde à Gauche dénoncer les deux ministres y étant allé, à Bayonne, sans aucune autocritique. Surtout que le principal argument employé est que Didier Guillaume est ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation et à ce titre responsable de la condition animale.

Allons donc ! Qu’a fait la Gauche pour les animaux jusqu’à présent ? Rien ! Et elle continue de ne rien faire. L’abolition de l’expérimentation animale n’est même pas au programme, alors que cela devrait être une valeur de base de la Gauche. Dénoncer Didier Guillaume est donc trop facile.

Surtout que celui-ci vient de la Gauche. Responsable des jeunes socialistes de la Drôme, il est le coprésident du comité de soutien départemental à François Mitterrand… en 1981. Il est premier secrétaire fédéral de la Drôme du PS de 1986 à 1997. On lit bien : de la Drôme. Un département où la culture de Gauche est très alternative.

C’est un premier problème. Il y a une faille culturelle à Gauche. Le second souci, c’est que Didier Guillaume a été, entre autres, sénateur PS de 2008 à 2018 et même président du groupe socialiste au Sénat de 2014 à 2018. Ce n’est donc pas n’importe qui… et il est passé avec armes et bagages chez Emmanuel Macron !

Pour enfoncer le clou, ce n’est pas la première fois non plus que Didier Guillaume va à une corrida. Cela veut dire quoi, qu’avant c’était acceptable, et plus maintenant ? En quoi donc la présence à une corrida de Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture et Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a-t-elle quelque chose de nouveau ?

Emmanuel Macron ne soutient-il d’ailleurs pas ouvertement la chasse ? À un moment il faut tout de même se rappeler que la Gauche, c’est la Gauche et la Droite, la Droite ! Les propos du député du Cher, François Cormier Bouligeon (LREM), sur Twitter, sont un bon exemple ici :

« Soutien total à mon ami @dguillaume26 en prise avec une vilaine polémique fomentée par les partisans d’une triste société aseptisée qui veulent nous imposer de manger de steacks de soja et boire de l’eau tiède ! Et ne comprennent rien à la portée symbolique des rituels. »

On dira : oui mais Didier Guillaume est également responsable de la condition animale, du « bien-être animal », en tant que ministre de l’agriculture. Soit. Mais quelle est la condition animale en France ? Elle est dramatique et correspond ainsi tout à fait à la présence d’un ministre de l’agriculture à une corrida.

S’offusquer est donc particulièrement ridicule. À lire les responsable de la Gauche scandalisés, on a l’impression qu’ils sont tous devenus vegans. On se doute que ce n’est pas du tout le cas… et on l’aura compris, la Gauche n’est ici tout simplement pas au niveau et c’est le règne de la démagogie.

Elle cherche à utiliser ce qu’elle peut, sans se soucier d’aucune crédibilité. Qui la ridiculise aux yeux des gens. Prenons Julien Bayou, porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts. Il a affirmé la chose suivante :

« Le ministre de l’Agriculture lui-même est responsable du bien-être animal et il devait annoncer des pistes pour améliorer les questions de condition animale. Pourtant, il se prête à un spectacle lugubre où il s’agit de traumatiser et finalement de massacrer des taureaux comme si c’était un spectacle. C’est évidemment rigoureusement contradictoire avec tous les discours et les attentes sur la question du bien-être animal. Ce gouvernement doit tenir parole ou alors arrêter de nous bassiner les oreilles avec de grands discours sur l’écologie et le bien-être animal. Au bout d’un moment, il faut agir. »

Soit ! Mais alors pourquoi EELV n’a-t-il rien dit contre la corrida depuis des années et notamment lorsqu’il était au gouvernement dans la « gauche plurielle » ? Pourquoi rien n’a été dit lorsque Noël Mamère, député écologiste, avait expliqué dans un de ses livres en 2002 qu’il appréciait tant la corrida que la chasse ?

Car ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de nombreux gens s’étant fait cassés la figure pour s’être opposé aux corridas. Ce n’est pas comme si la corrida n’était pas dénoncée ardemment par certains milieux à Gauche (et comme le dessinateur de Charlie Hebdo Charb, mort assassiné).

En fait, il aura fallu un ministre qui aura été au Parti socialiste pendant presque 40 ans pour que la Gauche découvre la corrida. C’est dramatique. Et au-delà de cela, il faudra se rappeler cet épisode, lorsque demain il faudra exiger de tous ces beaux-parleurs qu’ils s’engagent vraiment contre la corrida !