C’est une question de principes.
Sur les huit stades qui accueillent la Coupe du monde de football 2022, un seul existait avant la désignation du Qatar en 2010 comme organisateur. Le Qatar, c’est globalement la taille de la Corse, dont essentiellement du désert. En termes de population, c’est équivalent au département du Nord, avec environ 2,5 millions d’habitants.
Il a donc fallu, en douze ans, construire sept stades internationaux, de manière totalement artificielle, à grand renfort de main-d’œuvre étrangère. Elle est essentiellement asiatique, d’Inde, du Bangladesh, du Népal, du Sri Lanka ou du Pakistan, et a choisi de venir s’y faire exploiter dans des conditions très difficiles, notamment de chaleur.
Il fait tellement chaud au Qatar qu’il a fallu décaler la Coupe du monde à la fin de l’année. Dans un premier temps, il avait été envisagé de climatiser ces stades à ciel ouvert pour organiser des matchs par 40°C minimum. Ces systèmes de climatisations ont malgré tout été installés sur 7 des 8 stades, mais ils ne devraient que peu servir avec des températures attendues autour de 25°C ; leur existence en dit néanmoins très long sur le mépris de la nature par les organisateurs de cette compétition, tant de la Fifa que du Qatar.
Le plus grand est le stade Lusail, dans la ville éponyme sortie de terre pour l’occasion. Il fait 80 000 places.
À une cinquantaine de kilomètres au nord de Doha, il y a le stade Al-Bayt, qui fait 60 000 places et a été construit en forme de tente de bédouins.
Les autres stades construits pour l’occasion ont tous une capacité de 40 000, soit plus que la plupart des stades de Ligue 1 en France.
Le stade Al-Janoub est quant à lui censé représenter les coques de bateaux de pêche perlière des côtes de la péninsule arabique.
Le stade Education City à Doha reprend la forme d’un diamant.
Le stade Ahmed Ben Ali a vu une ligne de métro spécialement édifiée pour le desservir, aux portes du désert.
Le stade Al-Thumama a une forme représentant la taqiyah, le couvre-chef traditionnel des hommes.
Le stade Ras Abu Aboud a été fabriqué avec des conteneurs de marchandises.
Le stade international Khalifa, qui existait auparavant, a été entièrement remodelé et a également une capacité de 40 000 places.
Tout cela est grotesque, et insupportable pour qui n’a pas encore totalement vendu son âme au diable capitalisme. Tant écologiquement que culturellement, construire tous ces stades dans un si petit pays, de surcroît désertique, qui plus est sans aucune dimension populaire par rapport au football, est inacceptable.
Tout comme il est inacceptable d’avoir des bâtiments aussi grotesques, sans saveur, qui sont d’ailleurs maintenant la norme partout dans le monde, y compris en Europe.
Il n’y a que les gens cyniques et désabusés, ayant totalement accepté leur condition de rouage du capitalisme tournant à plein régime, pour se dire que ce n’est pas pire qu’autre chose et suivre cette Coupe du monde.
Pour les autres, pour ceux qui refusent de vendre leur âme, boycotter cette Coupe du monde est une évidence. Cela ne changera pas le monde, cela ne changera même rien à la terrible marche du monde. Mais c’est bien la moindre des choses.
On se rappellera au passage que la question se posait exactement en les mêmes termes pour les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin, tout aussi odieux, artificiels et contre-nature. Il était juste de les boycotter, comme il est juste de ne surtout pas regarder de match ni s’intéresser à ce mondial 2022 au Qatar… Sauf pour diffuser une réelle critique du capitalisme.