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L’UEJF et SOS Racisme font annuler un spectacle de Dieudonné à Paris

Voici les communiqués de l’Union des étudiants juifs de France et de SOS Racisme, qui ont obtenu l’annulation d’un des deux spectacles de l’antisémite Dieudonné à Paris cette semaine. L’intervention était malheureusement largement confidentielle, probablement parce qu’elle s’est organisée au dernier moment ; c’est en tout cas une victoire marquante. Partout en France, il faut empêcher Dieudonné de répandre sa propagande antisémite.

UEJF :

« Le 19 septembre 2019, des étudiants de l’UEJF et de SOS racisme, rejoints par des passants ont scandé des slogans dénonçant le racisme et l’antisémitisme de Dieudonné pendant la première représentation de la soirée. Un important dispositif policier a été mobilisé et la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation de son spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot.

Dieudonné propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire.

Alors que l’antisémitisme a augmenté de 74% en France en 2018, l’UEJF demande aux maires et préfets de France de tout mettre en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice.

Pour Sacha Ghozlan président de L’UEJF « Cette annulation est une étape supplémentaire dans le combat contre Dieudonné. Dans son dernier spectacle, il prétendait que les chambres à gaz n’ont jamais existé, tout en incitant à la haine. Malgré ses subterfuges pour échapper à la justice, nous continuerons à mener ce combat pour défendre des valeurs bafouées par un multirécidiviste haineux.

Après cette annulation, nous demandons aux pouvoirs publics de prendre les mesures nécessaires pour empêcher toutes les représentations de Dieudonné ».

SOS Racisme :

« Ce jeudi 19 septembre, des militants de SOS Racisme et de l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) ont manifesté devant le bus dans lequel Dieudonné donnait son spectacle. Dans le 17ème arrondissement parisien, ils étaient munis de banderoles et scandaient des slogans afin de créer un trouble à l’ordre public et d’interrompre la représentation de l’«humoriste ».

Ce fut chose faite puisqu’un important dispositif policier a été mobilisé et que la préfecture de police a finalement demandé à Dieudonné d’annuler la seconde représentation du spectacle prévue en fin de soirée Porte Maillot. Une victoire pour les deux associations qui rappellent que Dieudonné a été maintes fois condamné pour incitation à la haine raciale.

En effet, depuis plusieurs semaines, Dieudonné, multirécidiviste antisémite, se produit au cœur de Paris dans un bus aménagé pour son spectacle « Gilets Jaunes ». Il propage depuis des années l’antisémitisme et le complotisme, organise son insolvabilité et se joue des forces de l’ordre pour continuer à se produire… Ce contre quoi les associations se battent au quotidien et ce qu’elles dénonçaient lors de cette action. Nous demandons désormais à ce que les maires et préfets de France mettent tout en œuvre pour l’empêcher de se produire. Les autorités doivent agir et faire appliquer les décisions de justice !

SOS Racisme rappelle enfin que les mobilisations militantes comme celle-ci permettent des avancées dans la cause antiraciste. C’est pourquoi nous devons être toujours plus nombreux ! »

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L’inévitable prochaine montée de l’antisémitisme

L’antisémitisme, cette infamie, est profondément enraciné dans la société française. Après les gilets jaunes, il connaîtra une inévitable progression, tant quantitative que qualitative. Et autant par la droite que par une « gauche » coupée de la Gauche historique.

Manifestation pro palestinienne à Sarcelles, juillet 2014

L’antisémitisme ne s’est pas exprimé, à part de manière extrêmement marginale, lors des gilets jaunes. C’est logique : l’antisémitisme sert historiquement de paratonnerre, de fiction anticapitaliste. Quand la crise l’emporte malgré tout, cette fiction perd son sens. La dimension sociale réelle l’emporte. Mais comme rien ne sortira des gilets jaunes, l’antisémitisme reprendra forcément sa fonction. Et avec la crise sociale approfondie, il réapparaîtra de manière bien plus renforcée.

Il y a ici quelque chose de fondamentalement mécanique. L’antisémitisme est consubstantiel aux pays marqués par une idéologie religieuse chrétienne où le moyen âge a fait de certains Juifs des banquiers, le prêt à intérêt étant interdit entre coreligionnaires. L’antisémitisme médiéval s’est maintenu par la suite, notamment dans tout le milieu monarchiste, avec son anticapitalisme romantique idéalisant le moyen âge. Et il s’est modernisé, devenant le leitmotiv de tous les communautarismes, religieux comme nationaliste ou « anticapitaliste ».

La situation en France va donc être mauvaise, elle aurait pu pourtant être bonne si la loi Gayssot avait été appliquée. Mais l’État a laissé faire tous les foyers d’antisémitisme, avec leur propagande, leurs innombrables publications, leurs activités culturelles et politiques. Que Dieudonné ne soit pas en prison est une absurdité historique, et il en va de même pour Alain Soral. Cela montre bien que l’État est dans les mains de gens non pas incapables, mais totalement vendus aux couches dominantes, qui se désintéressent de tout ce qui n’est pas eux.

Ce qui est malheureux, avec cet antisémitisme, c’est que les Juifs réagissent, là aussi c’est mécanique, en se repliant sur eux-mêmes. Le sionisme ne prend pas : au-delà d’une sympathie certaine pour Israël, il n’y a aucune vague de départ réelle et les Juifs se sentent dans notre pays français avant tout. Même ceux qui partent sont considérés par les Israéliens irrémédiablement français dans leur style, leur culture, leur attitude.

Cependant, il y a un repli communautaire avec la religion servant de romantisme. Les prénoms donnés ne sont souvent plus des prénoms juifs, même pas des prénoms israéliens ; ce sont des prénoms bibliques jamais employés jusqu’à présent. Cela alors qu’auparavant, c’était des prénoms français qui étaient choisis de manière quasi systématique !

Ce repli, regrettable, critiquable, est évidemment secondaire et sans importance par rapport à l’antisémitisme, ce véritable danger, cette barbarie arrachant aux esprits tout ce qu’il peut y avoir de dignité, de rationalité, d’humanité. Et ce qui est terrifiant, c’est vraiment le terme, c’est que l’antisémitisme profite de larges appuis dans une « gauche » qui n’est plus la Gauche historique. Les populistes et les « ultras », ayant rejeté les principes et traditions de la Gauche, vivent en cercle fermé intellectuellement parlant, dans un romantisme forcené, avec un antisémitisme rampant à l’arrière-plan.

Il y a ici une convergence avec l’utilisation d’un argumentaire « social » dans le camp nationaliste. Comme dans les années 1920 en Italie et dans les années 1930 en Allemagne, on a le refus de la Gauche historique, au profit d’une sorte de spontanéisme populiste, sans principes autre que le succès pragmatique, avec des raisonnements à court terme.

La clef de tout cela, c’est bien entendu la destruction de la culture, qui se généralise. La destruction de la culture musicale, de la culture historique, de la culture littéraire, de la culture cinématographique, de la culture des idées. L’antisémitisme apparaît ici comme une anti-culture, comme une idéologie ayant l’apparence d’une culture, comme un véritable prêt à porter intellectuel. C’est là où réside son terrible danger.

On n’en pas a fini avec cet horrible défi que représente l’antisémitisme, tant sur le plan de son ancrage que de sa diffusion. On peut même dire qu’on ne fait que commencer avec ce problème, tellement rien n’a été fait de manière solide, durable, malgré l’épisode positivement marquant de « Je suis Charlie », qui a fragilisé et freiné la vague antisémite d’alors.

Il appartient à la Gauche de ne pas se contenter de postures ou de positions, mais bien de mener un travail de fond pour analyser et extirper les racines de l’antisémitisme. Les morts de la destruction des Juifs d’Europe nous avertissent du danger !

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Décadence ou inversion des valeurs ?

A moins de penser que tout va pour le mieux ou d’être nihiliste, il y a deux manières de considérer les choses. Soit on assume le point de vue de la Gauche qui avait bien compris dans les années 1920 qu’il y avait une décadence des valeurs, car les riches ne pensent qu’à se goinfrer et ont jeté la culture par-dessus bord. Soit on adopte le point de vue de l’extrême-droite comme quoi les valeurs auraient été inversées.

Illustrataion Phèdre (Jean Racine), Acte V

Le grand discours de la « fachosphère » depuis une décennie est qu’il y aurait une inversion des valeurs. Les criminels seraient mieux traités que les victimes, les femmes adopteraient un patriarcat inversé, les élèves compteraient davantage que les professeurs, etc. La France aurait été prise d’assaut et il y aurait eu un retournement de la hiérarchie de ce qui compte vraiment. Il faudrait donc un retour aux sources.

Certains prônent donc un retour à la France des années 1960, avec un racisme marqué, mais d’autres ont une autre approche. La grande idée d’Alain Soral et de Dieudonné est ainsi de s’appuyer sur une partie des gens issus de l’immigration pour prôner ce « retour aux valeurs », en s’appuyant sur leurs préjugés religieux, leurs valeurs patriarcales, leur romantisme anticapitaliste. Cela a donné une forme « populaire » à ce discours de la « fachosphère ». Alain Soral a eu de très grands succès de ventes avec ses écrits complotistes.

Et il est impossible de ne pas remarquer que les gilets jaunes sont ici en partie les successeurs des tenants de la quenelle de Dieudonné. Il y a le même populisme, le même rejet des « élites », la considération selon laquelle les politiques sont « tous pourris », une obsession petite-bourgeoisie pour l’État, etc. Avec la « quenelle », Dieudonné a popularisé avec un très grand succès un certain style rentre-dedans, revendicatif, sur la base de valeurs anticapitalistes romantiques.

L’antisémitisme virulent, le complotisme délirant, les fascinations pour les élites manipulatrices, etc., tout cela correspond à la mentalité comme quoi les choses auraient été déréglées, que des forces « obscures » auraient procédé à une inversion des valeurs. Comme ce qui devrait compter ne compte pas, on s’imagine qu’elles ne comptent plus, car n’est-il pas logique qu’elles aient compté par le passé, puisqu’elles doivent compter ?

On retrouve ici la logique de nombreux gilets jaunes, qui s’aperçoivent qu’ils sont exploités et pauvres, mais qui ne conçoivent pas que cela soit possible. Ils imaginent donc qu’avant ils n’étaient ni exploités, ni pauvres, alors qu’ils l’étaient également, mais qu’il y avait un peu plus de marge, et que donc ils ne le saisissaient pas… Ils idéalisent alors le passé, au lieu de s’assumer comme pauvres. C’est très étrange que cela : on a des pauvres ne voulant pas être pauvres, mais refusant le fait de s’assumer pauvres. Comme si c’était une honte et qu’il fallait, plutôt que de s’assumer prolétaire, toujours en revenir à la classe moyenne, cette forme sociale idyllique, au-delà du bien et du mal (c’est-à-dire des bourgeois et des ouvriers).

Ce qui saute aux yeux bien sûr, c’est que chez les tenants de l’inversion des valeurs comme processus « sabotant » la France, la culture est un thème qui n’existe pas. On est dans un style violemment beauf, avec une négation brutale de toute réflexion fondée sur la culture. Il n’y aucune référence en termes de romans, films, sculptures, monuments, peintures, pièces de théâtre, etc. On est dans un mouvement « élémentaire », brut de décoffrage, et qui s’assume comme tel. D’où tous les raccourcis, la paranoïa, le complotisme, la rage éparpillée, etc.

Il est important de voir cela, parce que cela montre que la fachosphère ne prône justement pas de réelles valeurs. La question de l’art contemporain est ici un très bon exemple. La fachosphère explique qu’il est scandaleux que l’art contemporain s’impose autant. Cependant, elle ne propose rien en remplacement. Le discours de la fachosphère consiste uniquement à parler d’une inversion des valeurs, pour mettre en avant des valeurs réactionnaires, mais de manière floue. Il ne faut pas croire que la fachosphère mette en avant Raphaël, Donatello, Michel-Angelo ou Leonardo de Vinci.

La fachosphère ne consiste pas à dire que Racine c’est autre chose maître Gims ou Molière autre chose que Booba ; la fachosphère n’est que du ressentiment. La culture n’y existe pas et pour cause : l’extrême-droite n’est que le produit de la décadence de la société française. Une décadence qui a une source simple : les couches sociales dominantes se goinfrent, de manière barbare, ayant abandonné ou abandonnant toujours plus la moindre valeur culturelle. L’ultra-consommation sur un mode nouveau riche devient la règle. On se moque beaucoup des oligarques russes et des millionnaires chinois consommant de manière ostensible et sans réel goût, mais croit-on vraiment que les riches français soient différents ?

La France va mal, elle est en crise, mais ce n’est pas qu’une crise sociale : c’est une crise morale, culturelle, idéologique. C’en est fini de la bourgeoisie hyper éduquée, extrêmement posée, techniquement efficace des années 1960. La bourgeoisie nouvelle est libérale, seulement libérale, et ne peut plus assumer son rôle de dirigeante de la société. D’où la décadence.

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Alain Soral et le « Raptor », produits de la décadence complète de la société française

À la toute fin du mois de juillet, Dieudonné et Alain Soral ont organisé une conférence de presse payante trois euros pour annoncer que la bastonnade entre le second et le youtubeur « Raptor » aura lieu le 20 octobre. Le « Raptor », lui, était aux Maldives en vacances et a rejeté Dieudonné comme organisateur du combat, accusant Alain Soral d’être un lâche ne répondant pas aux messages textos. Il ne veut plus entendre parler d’Alain Soral par conséquent.

C’est un épisode de plus dans le scénario grotesque de l’affrontement à coups d’insultes, de menaces, de paranoïa et d’inculture entre une extrême-droite tellement raciste anti-arabe qu’elle en fait sa cause unilatérale, et une extrême-droite purement antisémite.

Dignes équivalents hystériques de la gauche « postmoderne » et « postindustrielle », ces gens sont le pur produit, littéralement surréaliste, de la décadence complète de la société française. Dieudonné a ainsi lors de la conférence de presse expliqué que l’État israélien visait à la destruction des nations, des familles, de l’humanité entière, Alain Soral dénonçant David ayant tué Goliath au moyen d’une fronde au lieu de se battre à la loyale !

C’est un exemple assez édifiant de l’anti-civilisation que représente l’extrême-droite, rempli d’individualités cherchant à devenir des porte-paroles plébéiens ayant assez d’écho pour parvenir au pouvoir.

C’est la base intellectuelle, si l’on ose utiliser ce terme, de cette fuite en avant dans l’explication paranoïaque du monde. Incapable de voir la question des idées, le « Raptor » ne voit en Alain Soral qu’un « baboucholâtre », Alain Soral voyant en le « Raptor » le vecteur de réseaux sionistes et de regroupements visant les ratonnades.

Ce sont des équivalents directs de Donald Trump, de cette vague conservatrice radicale cherchant à mobiliser en disant qu’il n’est pas besoin de culture, qu’il suffit de l’identité. Ce n’est même plus du nationalisme, mais une sorte de beauferie radicalisée.

Si jamais on se demande pourquoi beaucoup de gens ont voulu malheureusement croire en Emmanuel Macron aux présidentielles, c’est justement parce que l’image de la construction européenne est de maintenir le flambeau de la civilisation, de renforcer le cadre institutionnel. Face aux tendances de repli identitaire, cela semble plus moderne, même si imparfait…

Benoît Hamon et EELV ont très bien compris cette sensibilité de la Gauche et cherchent à en profiter. Mais c’est une illusion : seul le socialisme peut, réellement, concrètement, balayer l’inculture, établir des normes morales et culturelles.

C’est le capitalisme qui produit les valeurs du « raptor » et d’Alain Soral, avec leur style strictement parallèle à celui des rappeurs véhiculant les pires clichés. C’est le capitalisme qui anéantit la culture et ne tolère que la superficialité.


Tous ces gens doivent être mis au pas ; les attitudes guignolesques sont une insulte à toute une culture accumulée et dont les figures sont notamment Montaigne, Racine ou Diderot. L’existence en 2018 d’une telle expression barbare est un scandale historique.

Il faut réorganiser la société ; l’État doit le faire, mais là il ne le peut pas. Seule la reconstruction de l’État sur une base sérieuse, par la classe ouvrière, avec le peuple à la base, peut empêcher les forces de la déliquescence de triompher.

Il est intéressant d’ailleurs de voir Alain Soral l’avoir relativement senti aussi, en dénonçant lors de la conférence de presse les jeunes ne respectant pas les aînés, appelant à la réconciliation nationale et au refus complet de la guerre civile. Cela, bien entendu, en prenant l’antisémitisme comme idéologie, sur le modèle du national-socialisme allemand.

C’est bien là la risque : si la Gauche authentique – pas celle postmoderne, postindustrielle – n’établit pas le socialisme, la démagogie antimoderne et nationaliste l’emportera, comme dans les années 1930.

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La réponse de Dieudonné face à « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie »

Il y a quelques mois, le 14 avril 2018, l’humoriste antisémite Dieudonné prévoyait de jouer à Annecy (Haute-Savoie).

Dieudonné

Un groupe de jeunes progressistes nommé « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie » a prit la décision de lancer une véritable offensive face à Dieudonné. N’étant que très peu nombreux, et avec des moyens limités, ces derniers ont dû mener une bataille pour empêcher sa venue. Ce ne fut pas chose aisée, face au libéralisme ainsi qu’à l’antisémitisme ayant gangrené la gauche.

Ces jeunes progressistes ont donc tracté dans les rues d’Annecy, essayant d’alerter la population locale face à cette menace, et ont également lancé une pétition…

Ce n’est qu’après une campagne médiatique qu’un certain écho est revenu : un peu plus de 200 personnes avaient signé la pétition le 14 avril 2018 et plusieurs élus locaux avaient également apporté leur soutien, ce qui avait permis d’annuler la réservation de la salle où Dieudonné devait initialement se produire.

Il a alors rusé, pour finalement se produire dans un champ.

>> La page Facebook Jeunesse-contre-la-haine-Haute-Savoie

Les idées progressistes de « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie » ayant réussi à contrer l’installation de Dieudonné dans un cadre « officiel » , mais n’ayant pas réussi à mobiliser la population locale montrent deux choses très importantes :

  • premièrement, que la gauche est en totale décomposition, incapable de s’en tenir à ses idées fondamentales, tel le progressisme ;
  • deuxièmement, que sans un appui dans les masses populaires, on ne peut que freiner les idées réactionnaires, et non les stopper.

Vincent Lapierre, « journaliste » pour Égalité et Réconciliation TV, le média d’Alain Soral, a réalisé une vidéo gratuite de plus de 23 minutes en compagnie de Dieudonné, et une version payante plus longue, qui n’a comme seul but que de faire passer Dieudonné pour une victime du système et « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie » comme une « obscure association », qui ne « représente qu’elle-même ». Elle se représente visiblement si bien « elle-même », qu’elle a réussi, même avec une large supériorité numérique des fans de Dieudonné dans la région, à empêcher sa venue dans une salle.

Dans cette vidéo, on y voit d’abord Vincent Lapierre poser des questions aux spectateurs.

Ces questions font référence au texte de la pétition proposée par « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie » posant la question : «  Trouvez-vous que Dieudonné est antisémite ? »

Les personnes interrogées répondent qu’ « il faut sans cesse se remettre en question » et ajoutent que Dieudonné n’est pas antisémite.

Tout le reportage est filmé de manière à faire croire que « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie » est derrière tout ça, menant un véritable délire complotiste. À partir de la troisième minute de la vidéo, on apprend que la salle à Annecy sera annulée pour Dieudonné, et nous avons une véritable impression de surprise et d’émotion : le caméraman a choisi de faire un plan rapproché sur Hervé, la personne s’occupant de la réservation des salles pour Dieudonné, au moment où ce dernier semble inquiet.

S’ensuivent plusieurs minutes de dialogue entre Hervé et Vincent à propos d’Annecy.

On y voit Hervé inquiété par la victoire des idées progressistes.

Par la suite, Vincent interroge Dieudonné sur la manière dont il vit cela. Ce dernier répond en osant se comparer à l’un des plus grands écrivains et dramaturges français :

«  Molière en d’autres temps, qui était chassé par le roi à un moment donné parce qu’il a pas dû faire rire et donc il se retrouve sur les routes avec sa roulotte, bah c’est un peu ça ».

Ce passage montre une nouvelle fois le caractère complotiste de Dieudonné, le roi étant ici « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie ».

Nous voyons bien là qu’il cherche à discréditer le groupe de jeunes progressistes, en se basant uniquement sur le nombre de mentions « j’aime » sur leur page Facebook.
C’est pathétique.

Il ne s’attaque même plus à un contenu, mais à la forme… De même, il ajoutera à propos de l’interdiction de son spectacle : « est-ce que c’est vraiment la police[qui a fait pression sur le propriétaire de la salle], ou pas ? » rajoutant, en moins de deux minutes, une nouvelle théorie délirante. Durant les 16 minutes suivantes, on y suit Dieudonné cherchant un lieu pour sa représentation, qui finalement sera un champ à 12 km d’Annecy.

Dieudonné et Alain Soral au tribunal
Dieudonné et Alain Soral au tribunal

Dieudonné a eu besoin d’une vidéo de 23 minutes et d’un article sur « Égalité et Réconciliation TV » pour dire que ces attaques ne l’atteignaient pas, alors qu’on sait que ce dernier n’en menait pas large quant au devenir de sa représentation à Annecy.

Cela sera finalement une demi-victoire pour « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie », qui a réussi à tenir sa ligne, à freiner Dieudonné dans son élan, ainsi qu’à bien l’importuner pendant quelque temps.

Notons que ce dernier prévoit à nouveau de jouer à Annecy, le 14 mars 2019. Cette fois, il n’aboutira à rien et ne fera même pas de « spectacle » dans un champ !

> À lire ailleurs : une présentation de « Jeunesse contre la Haine Haute-Savoie » par le site annecygauche.noblogs.org

 

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Au sujet du « Raptor dissident »

L’envergure du succès du « Raptor dissident » se voit au nombre de vues que l’algorithme de YouTube mesure, et il faut bien admettre que l’on est là présence d’une surface d’influence littéralement énorme : plus de 500 000 abonnés le suivent, ses vidéos atteignent et dépassent de plus en plus le millions de vues, notamment sur sa chaîne YouTube Raptor Dissident, avec plus de 2,5 millions de vues pour certaines d’entre celles de la série « Expliquez moi cette merde ».

Raptor dissident youtube

Les vidéos de sa seconde chaîne, Raptor vs Wild, où il anime de longues émissions dans un esprit plutôt radiophonique de plusieurs heures, avec des invités, rencontrent moins de succès en comparaison, mais tournent néanmoins autour d’une base solide de pratiquement 150 000 vues chacune. On peut donc parler ici d’un phénomène particulièrement significatif.

A quoi est dû ce succès ? Le « Raptor dissident », c’est donc d’abord un style. Un style exprimé par la connexion entre deux formes symétriques de la réaction que le YouTuber a su réaliser et développer de manière réussie.

D’abord, le Raptor s’est appuyé sur les codes expressionnistes propres à rassembler et à toucher toute une frange de sa génération. Cela autour d’un univers largement alimenté par des références aux jeux vidéos, aux mangas, aux blockbusters américains, aux émissions de télévision des années 1990-2000. On retrouve ici cet univers geek largement développé sur les réseaux ou sur YouTube par le Joueur du Grenier ou même Usul par exemple selon un style parallèle, assez similaire en tout cas sur la forme, le ton, le montage.

Mais cette forme, le Raptor l’a considérablement approfondie et politisée par toute une démarche culturelle, de nature « méta-politique », propre à l’extrême-droite. C’est-à-dire, un mélange d’individualisme aristocratique, mêlant dans une perspective romantique, un appel aux vertus chevaleresques, aux valeurs « identitaires » et à l’esprit de communauté, dans le but de produire et d’affirmer des cadres culturels en capacité d’influencer le débat public, par leurs idées et leur style.

Et pour cela, le Raptor a bénéficié de l’espace politique ouvert par Dieudonné et Alain Soral, en s’inscrivant lui-même dans ce courant de la « dissidence » populiste réactionnaire. Le Raptor a donc poussé cette démarche à fond, rassemblant autour de lui d’autres figures en mesure de renforcer cette ligne, comme Papacito en particulier.

D’autre part, le Raptor et sa bande ont perçu l’impasse vers laquelle se dirigeaient Dieudonné et Soral, qui après leurs premiers succès, se sont contentés d’une situation de rente propre à simplement leur assurer une existence confortable, mais ayant échoué à produire un changement culturel significatif selon eux.

Il s’agit alors d’approfondir la démarche en passant au-dessus de Dieudonné ou Soral, considérés non comme des adversaires mais comme des précurseurs, ou des concurrents, outranciers et surtout pas au niveau de la ligne qu’entend promouvoir le Raptor.

Celui-ci entend compléter la culture geek dont il est issu par tout un parallèle avec la culture réactionnaire antérieure, revoyant précisément à la France gaullienne d’avant Mai 1968, comme base idéalisée permettant de produire une image propre à marquer par son style et à rallier de manière large.

On a ici toute une démarche consistant à mettre en avant les codes de l’acteur Jean Gabin, notamment avec ce qu’essaye de reproduire quelqu’un comme Papacito, une mise en scène qui se pense irrésistible, « virile », avec des poses et des répliques surjouées, théâtralisées, forcées pour tout dire, une esthétique qui mélange les pages « culture » du Figaro ou de Valeurs Actuelles avec ses lunettes de soleil hors de prix et son goût pour la consommation distinctive et luxueuse, avec une attitude et un jeu et des punch-lines pour faire « populaire », vantant par exemple la nécessité d’éduquer à coup de « gifle avec élan » les immigrés récalcitrant à se sentir français.

Ou encore affirmant qu’au fond s’il y a des agressions contre les femmes, c’est aussi parce que les hommes ne sont plus des « bonhommes à l’ancienne », qu’il manquerait donc plus de patriarcat et d’autorité virile.

On a là le même anti-réalisme, caricaturant les types et forçant les traits mais qui s’affirme toutefois authentique, rejetant la modernité corrompue au nom de la liberté individuelle et de l’esprit du terroir et de « ceux qui triment » et qui se retrouvent dans leur temps libre à dialoguer entre copains, quand ils ne sont pas à salle pour « pousser » ou mettre les gants, entre mâles de préférence, échangeant sur leur écœurement face à l’écroulement du monde, entourés de filles reflétant symétriquement leur vulgarité désabusée, sur le ton de la dérision semi-sophistiquée et du bon mot, qu’on peut se permettre, parce qu’on a du muscle et qu’on est « street credible ».

Raptor dissident Youtube

C’est-à-dire qu’on a littéralement ici des petit-bourgeois qui se travestissent en ouvrier, méprisent les masses dont ils sont issus pour vivre romantiquement une aventure individualiste, une entreprise contre le reste du monde dont ils rejettent la médiocrité de manière unilatérale, en hommes libres et solitaires.

Évidemment, on a là aussi tout un écho avec le style développé par le réalisateur Michel Audiart, qui a mieux que personne joué sur cette confusion entre les valeurs de la Gauche et le soi-disant pragmatisme « concret » de la Droite, exprimant faussement le « bon sens » populaire de la seconde contre la première :« c’est la gauche qui me rend de droite » disait Audiard, et toute la démarche, tout le style du Raptor s’inscrit dans cette filiation, et mieux dans la posture, de la « rébellion » petite-bourgeoise contre le monde moderne.

Le Raptor a compris qu’un écho était jouable en affirmant le parallèle avec cette forme identifiable et malheureusement appréciée car mal comprise au sein de la culture de notre pays, et qui permet d’apparaître crédible, de dire quelque chose de familier, avec un style qui apparaît « français » et authentique.

La vulgarité de l’esthète désabusé, mais fort d’esprit et de corps, prolonge donc ici des figures propres à flatter l’esprit réactionnaire d’une partie des masses, piégées dans la culture beauf à qui elle donne une forme « noble », « cultivée », « aristocratique », comme l’a fait Louis-Ferdinand Céline dans le domaine littéraire ou Jean-Marie Le Pen dans celui de la politique, que le Raptor présente comme le « daron du game trop stylée et déter » face à sa fille surnommée ironiquement « Malika Le Pen » qui ne porte pas « ses couilles » et ne consiste en rien.

La « dissidence » du Raptor consiste donc à se reconnecter directement à ce style démagogique et à ces figures, en proposant une enveloppe modernisée, établissant une continuité propre à permettre l’héritage, d’exprimer faussement la « permanence » d’une rébellion française face à la Modernité, d’affirmer « l’homme ancien » contre le monde moderne. Il s’agit bien là en ce sens d’une offensive culturelle de la réaction, d’un populisme réactionnaire sur une ligne menant très clairement au fascisme.

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Annecy : non à Dieudonné le 14 avril 2018

Dieudonné est toujours actif, cherchant avec un  certain succès à contourner la vaste opposition démocratique qui lui fait face. Il était il y a quelques jours, le 30 mars 2018, à la salle des fêtes de Bayeux, au grand dam de son maire Patrick Gomont qui a tenu à préciser :

« Je tiens ici à réaffirmer que la Ville de #Bayeux ne cautionne en aucun cas la venue de Dieudonné, hier à la Comète. La salle a été réservée sous une fausse identité et lors de la réservation, la billetterie indiquait Caen puis les spectateurs recevaient le lieu exact de la représentation par sms.

Je dénonce ces pratiques malhonnêtes dont cet individu use pour tromper les communes, dont la Ville de Bayeux, qui ne veulent pas de lui en représentation. L’équipe municipale se réserve le droit de porter plainte. »

Le lendemain, il était à Rouen, puis ensuite à Serqueux. A chaque fois quand on achète le billet, on est informé que le lieu sera au maximum dans les 20 km de la ville mise en avant et qu’on sera prévenu quelques heures auparavant par texto.

Il y a désormais le même risque à Annecy le 14 avril. Dieudonné a essayé de louer la salle de l’Arcadium, qui était déjà prise. Mais il est évident que seule une mobilisation vaste peut faire pression pour qu’il n’y ait pas de réactions après la tenue d’un spectacle – en réalité surtout une tribune politique – de Dieudonné.

Voici l’appel fait à Annecy justement pour une telle mobilisation, par Jeunesse contre la haine, avec une pétition comme intermédiaire pour relayer l’appel, qui espérons le se déploiera également dans les communes avoisinantes.

« Le 14 avril prochain, l’ « humoriste » antisémite Dieudonné a prévu une date à Annecy pour sa nouvelle tournée.

Jeunesse contre la haine Savoies appelle donc le maire d’Annecy, Mr. Jean-Luc Rigault à faire interdire son spectacle à Annecy.

Dieudonné a été condamné pour  » incitation à la haine raciale « .

Mais malgré cela, il relance une tournée cette année, dans toute la France.
De plus, son geste « la Quenelle » est un geste ouvertement antisémite et homophobe, puisqu’il s’agit d’une sodomie, ce geste ressemble au salut nazi, étant d’après la LICRA un salut nazi inversé.

D’après Dieudonné, le monde est contrôlé par les lobbys sionistes, il est proche d’Alain Soral et Robert Faurisson (ayant été eux-mêmes condamnés à plusieurs reprises, soit pour injures raciales, soit pour diffamation raciale).

Dieudonné n’est pas un humoriste mais un antisémite !
Interdisons son spectacle partout !  »

En plus d’être un antisémite, Dieudonné ne cache plus ses liens avec les néo-nazis, comme avec Faurisson, qui en plus d’avoir été condamné pour son négationnisme* , et proche de Rivarol (journal nationaliste) et on a pu l’apercevoir au banquet de Rivarol.

Signez la pétition et partagez la : https://www.change.org/p/jean-luc-rigault-dieudonn%C3%A9-ne-fait-rire-que-les-antis%C3%A9mites 

Il s’agit d’une initiative de Jeunesse Contre La Haine Savoies, pour toute remarque vous pouvez les contacter via :

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-Twitter : @jclh_savoies
-Mail : jclh.savoies@gmail.com

*Négationnisme: Doctrine niant la réalité du génocide des Juifs par les nazis, notamment l’existence des chambres à gaz.