La chanson Wish you were here est très connue ; elle fait partie de l’album éponyme de septembre 1975 qui fut un très grand succès du groupe Pink Floyd. Si la chanson peut avoir différents niveaux de lecture, l’aspect principal est que cela a trait à Syd Barrett.
Celui-ci fut une figure majeure du groupe avant de sombrer dans la folie en raison de la consommation de drogues, et plus exactement de LSD, une drogue déformant très profondément la personnalité tout en l’amenant à littéralement s’écraser.
Naturellement, les consommateurs n’en ont pas l’impression, au contraire ils pensent parvenir à toucher davantage la subtilité des choses. En pratique, ils déraillent et sont ingérables, le LSD est une drogue terrifiante qui mutile l’esprit et amène les gens à devenir quelqu’un d’autre.
Quand on dit quelqu’un d’autre, on parle d’une personne avec une dimension fantômatique, une âme errante. Le LSD amène loin, ailleurs, la personne peut le sentir, mais ne parvient pas à revenir, voire ne veut pas.
C’est le solipsisme, quand on se croit le seul à exister réellement.
Syd Barrett a pour cette raison été exclu de Pink Floyd, après avoir participé au premier album, et il n’a jamais été par la suite en mesure de faire quoi que ce soit. Le groupe s’en est voulu, mais un consommateur de LSD est ailleurs, il pense maîtriser un chemin à un « autre niveau ».
C’est ce que dit la chanson en s’adressant à Syd Barrett : tu crois que tu parviens à cerner et séparer, à distinguer le paradis et l’enfer, les cieux bleus de la douleur, et ainsi de suite. C’est de la folie, on ne peut que repousser cette prétention, et en même temps on regrette cette perte, d’où le refrain Wish you were here, j’eus aimé que tu sois là.
La chanson reproche la perte de vue dialectique que provoque le LSD, cette dissociation des choses les unes des autres que prétend gérer son consommateur. Elle exprime une dignité immense, en se fondant sur une situation concrète, sur un vécu, porté jusqu’à une dimension universelle.
C’est en ce sens une oeuvre d’art, et on peut la comparer d’ailleurs à son antithèse, la chanson Shine On You Crazy Diamond présente sur le même album. C’est pareillement au sujet de Syd Barrett, mais la chanson, qui est une bonne chanson, reste une bonne chanson seulement.
C’est qu’elle perd le vécu pour esthétiser : « Souviens-toi quand tu étais jeune, tu brillais comme le soleil / Que cela brille sur toi, diamant fou / Maintenant, il y a un regard dans tes yeux, comme des trous noirs dans le ciel »… « Allez, étranger, toi légende, toi martyr, et brille ! ».
Cela parle davantage de Syd Barrett, mais en fait cela parle sur lui, et pas de lui dans sa dignité d’être qui manque pour ce qu’il est, pas pour ce qu’il est censé être.
Il n’aura fallu qu peu de temps pour que la France s’aligne totalement sur les règles du marché du CBD édictées par l’Union européenne.
Né quelques part dans les années 2010, ce marché avait pris un essor rapide ces dernières années, à tel point que cela avait engendré des remous juridiques.
Et pour cause… Le CBD est une molécule, le cannabidiol, qui est contenue dans certaines fleurs de chanvre de l’espèce Cannabis sativa.
Lié à la grande question du cannabis, il pose donc question aux plans sanitaire et psychologique, et cela d’autant plus que l’Union européenne autorise la vente et la commercialisation de la fleur en elle-même, qui peut donc être fumée comme le sont les fleurs de cannabis contenant du THC, autre molécule du chanvre.
Ces dernières années, la grande bataille des petits boutiquiers du CBD a résidé dans le fait d’avancer que le CBD était une molécule non-psychotrope mais ayant des propriétés apaisantes, par conséquent bien différente de la substance hallucinogène du THC.
Mais en réalité, personne ne sait vraiment s’il n’a pas d’impact sur la santé en général et d’ailleurs il serait bien stupide de penser l’inverse à partir du moment où est inhaler une fumée issue d’une combustion, par nature mauvaise pour le système respiratoire. Quel délire d’ailleurs que de rajouter des variantes de fumette quand on voit les ravages causés par l’industrie du tabac.
Mais en plus de cela, un rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives montrait que le cannabidiol agissait bien sur les récepteurs du cerveau de la sérotonine et la dopamine, avec des effets de sédation et de somnolence.
Plus inquiétant, le CBD est une substance qui n’est pas « inerte pharmacologiquement », c’est-à-dire qu’elle peut interagir « négativement » avec d’autres médicaments immunodépresseurs, anticoagulants ou contre l’épilepsie, cela alors même que le CBD est justement présenté comme pouvant être utilisé en automédication pour soulager des maladies présentant ces symptômes.
Pour ces raisons, une bataille juridique était engagée depuis l’affaire Kanavape en 2014, où un petit boutiquier fut ensuite condamné justement pour vente d’une cigarette électronique au CBD.
Mais en 2020, la cour de justice de l’Union européenne disait que cette interdiction était contraire aux règles de commercialisation sur le marché commun… avant que, le gouvernement français maintienne l’interdiction de vente des fleurs et des feuilles avec un arrêté interministériel le 20 décembre 2021.
Car la législation française est très stricte à ce sujet : oui à la culture agricole, à l’usage des graines et aux dérivés des fibres pour usage alimentaire, non à la vente des fleurs et des feuilles brutes, quel que soient leur format.
Mais c’était sans compter sur la mobilisation de tout le secteur du CBD autour de l’Union des professionnels du CBD, alliée à la très nauséabonde Confédération des buralistes, qui demandèrent dès janvier 2022 un recours suspensif et un recours sur le fond auprès du Conseil d’État.
Le Conseil d’État a donc tranché en faveur des capitalistes : l’interdiction est jugée « disproportionnée », le CBD aurait de surcroît des « effets contractants et relaxants » et « anticonvulsivants » et des tests existeraient pour contrôler les consommateurs et discriminer consommation de THC et de CBD.
C’est un alignement complet sur l’arrêté de la Cour de justice de l’Union Européenne, et une négation de l’arrêté gouvernemental et des précautions sanitaires édictées par la MILDECA.
Mais peu importe car en réalité, tout était joué d’avance, entre laisser-aller sur l’ouverture de « shops CBD », existence d’une filière chanvre française (pour d’autres débouchés) et chantage aux propriétés médicales (même s’il y a déjà des médicaments à base de CBD disponibles sur ordonnances).
Tout était déjà tellement bien ficelé qu’à la mi-novembre, le groupe écologiste au Sénat faisait approuvé à la majorité une résolution pour le développement de la filière chanvre en France, avec pour toile de fond la question de la consommation de fleurs de CBD.
Car si on utilise depuis extrêmement longtemps le chanvre dans le textile, la construction, la pharmacologie, tout cela n’est plus suffisant et il faut bien continuer à élargir les marchés, d’autant plus que la France en est un grand producteur. Relancer le capitalisme, coûte que coûte, vaille que vaille et peu importe les effets sanitaires à long terme.
Les gens les plus attentifs ne sont pas dupes et savent que tout cela n’est que le prélude à une légalisation plus générale, incluant le cannabis récréatif à l’instar du gouvernement allemand qui vient d’ouvrir la brèche. Pour la France, il faut un sas pour faire accepter la pilule à l’opinion publique et le CBD remplit parfaitement ce rôle de d’incubateur culturel.
Et derrière, ce sont surtout les buralistes qui applaudissent des deux mains, trop contents d’envisager sereinement une compensation de la baisse de la consommation de tabac pour continuer à vendre des tas de sortes de poisons, mais aussi les petits boutiquiers du CBD qui se pensent à la tête d’une « cause » alors qu’ils ne sont que les valets du turbo-capitalisme.
Alors même que plusieurs enquêtes montrent que la jeunesse consomme moins d’alcool et de cannabis ces dernières années, notamment depuis la pandémie de Covid-19, le turbo-capitalisme est là comme un rouleau compresseur pour anéantir tout élan moral.
Pourtant, si l’on a besoin d’une chose en notre époque, ce ne sont pas sédatifs pour nous « apaiser », fussent-ils parés de « modernité », mais bien d’un lucidité pour regarder le réel en face, pour mieux se rebeller.
L’organisme publique Santé publique France a publié mardi 9 novembre 2021 des chiffres ahurissants à propos de la consommation d’alcool en France. D’après une enquête statistique réalisée auprès de 15 000 personnes en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans a une consommation d’alcool considérée comme étant sérieusement à risque.
En 2017, un groupe d’experts a été mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer pour définir un repère quant à ce risque lié à l’alcool. Leur conclusion a été la suivante :
« Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie : de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. »
Ce qui saute aux yeux, c’est que ce « repère », cette limite de risque, est déjà très élevé, correspondant à une consommation intensive d’alcool. Précision qu’il ne s’agit pas de dire qu’une consommation inférieure à ce repère est sans risque.
Comme l’explique l’Assurance maladie (qui a la charge de payer les dégâts de l’alcool) en présentant ce « repère » déterminé en 2017 :
« Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à risque plus ou moins élevé. Il n’existe donc pas de seuil de consommation qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie. »
Hors, d’après l’enquête statistique publiée récemment, même avec un « repère » très élevé, ce sont encore près du quart des gens qui dépassent la limite. Et le chiffre est encore plus grand si on ne considère que les hommes (de 18 à 75 ans), soit 33,2 %.
Il est difficile de trouver une définition quantitative de l’alcoolisme, car celui-ci est plutôt considéré de manière qualitative, avec la dépendance d’une part et l’existence de dégâts psychiques et physiques avérés d’autre part.
Difficile toutefois d’écarter cette idée de la dépendance quand on parle de gens buvant plusieurs verres tous les jours. Difficile également d’imaginer que cela puisse se faire sans dégât, au moins en germe. Cela donne donc un quart de la population française qui est probablement alcoolique, en tous cas avec une consommation la plaçant au bord du gouffre.
C’est énorme. L’alcool est un véritable fait national en France, comme dans de nombreux pays. Plus de la moitié des personnes ayant répondu à l’enquête statistique (55% des 18-75 ans) avait consommé au moins un verre d’alcool au cours des 7 derniers jours. Et 19 % d’entre-eux déclaraient même avoir conscience d’un risque, avec la volonté de réduire sa consommation.
Il y a donc une immense bataille culturelle et sanitaire, mais surtout culturelle, à mener sur ce sujet. L’alcool est ultra présent dans les mœurs, de manière tout à fait banale, alors qu’il s’agit d’un produit extrêmement dangereux aux effets dévastateurs connus.
Il y a eu des progrès certes, notamment grâce à la loi Evin qui depuis trente ans a permis à la société de se prémunir un peu contre les lobbies et le business de l’alcool. Il faut cependant toute la puissance sociale d’une Gauche forte, populaire, ancrée dans le réel, pour faire le poids face à un tel problème.
C’est d’ailleurs un thème fondamental pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, qui a toujours combattu l’alcoolisme et dénoncé les dangers de l’alcool. Aucun esprit rationnel et tourné vers le progrès ne peut en effet relativiser ce qu’est l’alcool, encore moins dans un pays comme la France où il est partout et tout le temps présent.
À l’occasion de la journée mondiale Sans Tabac qui a lieu chaque 31 mai, l’Agence Santé publique France a publié les dernières données sur le tabagisme en 2020. Celles-ci sont mauvaises : pour la première fois depuis longtemps, le nombre de fumeur n’a pas reculé.
Le tabac sera bientôt considéré comme un vestige du 20e siècle, une bizarrerie propre à une société à la fois industrielle et moderne, mais en même temps complètement à la traîne sur le plan des mœurs et de la santé publique.
En attendant, le tabac existe encore largement. Si le nombre de fumeurs quotidien a baissé de 1,9 millions entre 2014 et 2019, ce qui est considérable, il a légèrement augmenté en 2020. Ce sont ainsi 31,8% des 18-75 ans qui fument au moins occasionnellement, dont 25,5 % qui fument quotidiennement. C’est à dire un français sur quatre !
Est-ce là un seuil, qu’il sera difficile de franchir, ou bien simplement une erreur de parcours due à une année particulière marquée par la crise sanitaire et un confinement ? Il est certain en tous cas qu’il reste beaucoup de travail à faire pour débarrasser la société de ce fléau.
Le tabac est largement ostracisé, les paquets sont très chers, il est interdit dans de nombreux endroits, personne ne peut remettre en cause ses effets délétères, les campagnes anti-tabac (notamment sur les paquets eux-mêmes) sont très agressives, etc. Mais tout cela ne semble pas suffire, car le problème est bien plus ancré qu’un simple raisonnement sur le « choix » de fumer ou non.
La question se pose en effet en profondeur, car elle est culturelle. Ce que relève d’ailleurs très bien la Ligue contre le cancer qui vient de publier une étude montrant que le tabac est présent dans 90 % des films français sortis entre 2015 et 2019. Cela donne en moyenne une présence du tabac de 2,6 minutes par film, soit l’équivalent de « six spots publicitaires ».
Il ne faudrait pas croire cependant qu’il s’agit là simplement de « lobbying », aussi puissante l’industrie du tabac puisse-t-elle être. Si le tabac fonctionne très bien dans la société, c’est parce qu’il est conforme culturellement à cette société. En l’occurrence, à la société de consommation marquée par le capitalisme.
Le tabac est en fait l’archétype du produit de luxe mis à disposition de tout le monde grâce à l’industrie. Ce n’est qu’en changeant la nature de cette production industrielle en général, à la base, que peuvent avoir lieu les bouleversements socio-culturels suffisant pour éradiquer le tabac et le tabagisme.
Et inversement : il faudra de la part de la société française une grande force morale pour assumer le bouleversement culturel nécessaire à un changement de modèle économique qui ferait qu’on soit capable d’arrêter la production de cigarettes. Plus précisément ici faut-il parler des classes populaires, et encore plus précisément de la classe ouvrière.
Autrement dit, on ne changera pas le monde avec des fumeurs, mais avec une classe ouvrière capable de renverser vraiment la table du capitalisme et de ses valeurs, dont le tabagisme est un marqueur.
Ce n’est justement pas pour rien que le tabac est particulièrement présent dans les classes populaires. Les données 2020 montrent que le tabagisme quotidien a encore plus augmenté pour le tiers de la population dont les revenus sont les moins élevés (de 30% en 2019 à 33% en 2020). Et il y a 15 points d’écart entre les revenus les plus bas et les plus haut en ce qui concerne la prévalence du tabac. C’est énorme.
On comprend ainsi aisément que du côté des riches, il y a une prise de conscience bien plus importante de sa propre santé. Cela est tout à fait vrai aussi en ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique, le repos, le rapport aux écrans, les soins psychologiques, etc.
Du côté des classes populaires par contre, il y a une grande passivité face à la société de consommation permise par le capitalisme. Cela paraît pourtant évident : la cigarette est un symbole du capitalisme, elle n’a rien de populaire, elle exprime une dépendance, une auto-destruction. Mais avec 33 % de fumeurs dans les classes populaires, on est encore très loin de cette prise de conscience.
La lutte contre le tabagisme doit donc être un sujet de première importance pour la Gauche véritable, c’est même un combat démocratique et populaire fondamental à mener sur le plan culturel.
Voici un document de l’OMS qui rappelle de nombreuses vérités sur ce qu’impliquent les 300 milliards de paquets de cigarettes vendus chaque année.
1. Les fumeurs risquent davantage de contracter une forme sévère de la COVID-19 et d’en mourir.
2. La mauvaise odeur est partout : elle s’imprègne sur votre peau, partout dans votre maison, sur vos vêtements, elle est perceptible sur vos doigts et dans votre haleine.
3. Le tabac entraîne le jaunissement des dents et un excès de plaque dentaire.
4. La consommation de tabac et de tabac sans fumée est responsable de la mauvaise haleine.
5. Le tabac provoque des rides et vous fait paraître plus vieux, plus vite. Il entraîne un vieillissement prématuré de la peau en détruisant les protéines qui lui donnent son élasticité, en la privant de vitamine A et réduisant le flux sanguin.
6. Ces rides sont plus apparentes autour des lèvres et des yeux ; en outre, la peau des fumeurs est sèche et sillonnée de ridules.
7. Fumer augmente le risque de développer un psoriasis, une maladie inflammatoire non contagieuse de la peau qui se caractérise par des plaques rouges squameuses qui se logent sur tout le corps et provoquent des démangeaisons.
8. Plus d’un million de personnes meurent chaque année d’avoir été exposées au tabagisme passif.
9. Les non-fumeurs exposés à la fumée secondaire risquent de développer un cancer du poumon.
10. La cigarette demeure une cause importante d’incendies accidentels et des décès en résultant.
11. Les cigarettes électroniques exposent également les non-fumeurs et les passants à la nicotine et à d’autres produits chimiques nocifs.
12. L’exposition au tabagisme passif peut accroître le risque de progression de l’infection tuberculeuse latente vers la maladie active.13. L’exposition au tabagisme passif est associée au diabète de type 2.
14. Les enfants de fumeurs souffrent d’une diminution de la fonction pulmonaire qui continue de se manifester sous la forme de troubles respiratoires chroniques à l’âge adulte.
15. L’exposition des enfants au liquide des cigarettes électroniques continue de présenter des risques graves. Les appareils peuvent fuir et les enfants peuvent avaler le liquide.
16. Les cigarettes électroniques sont connues pour être à l’origine de blessures graves, notamment de brûlures causées par des incendies ou des explosions.
17. Les enfants d’âge scolaire exposés aux effets nocifs du tabagisme passif risquent également de faire de l’asthme du fait de l’inflammation des voies respiratoires menant aux poumons.
18. Les enfants de moins de 2 ans exposés au tabagisme passif dans la sphère familiale peuvent contracter des maladies de l’oreille moyenne susceptibles d’entraîner une perte auditive et la surdité.19. Arrêter de fumer diminue le risque de nombreuses maladies liées au tabagisme passif chez l’enfant, telles que les maladies respiratoires (par exemple, l’asthme) et les infections des oreilles.
20. Vous voulez être un exemple pour vos enfants, vos amis et vos proches.
21. Le tabagisme peut avoir des conséquences négatives pour les interactions sociales et les relations.
22. En renonçant au tabac, vous pourrez aller où bon vous semble, sans restrictions – vous pourrez vous mêler aux autres, vous ne vous sentirez plus isolé-e et ne serez plus obligé-e de sortir pour fumer.23. En arrêtant de fumer, vous pourrez être plus productif – vous n’aurez pas à vous interrompre sans cesse pour aller fumer une cigarette.
24. Une étude a conclu que les fumeurs dépensent en moyenne 1,4 million de dollars des États-Unis pour leurs frais personnels. Ce chiffre inclut les dépenses en cigarettes, les frais médicaux et la rémunération, inférieure en raison du tabagisme et de l’exposition au tabagisme passif.
25. Le tabagisme a une influence sur la santé et la productivité des travailleurs – les fumeurs sont plus susceptibles de perdre des journées de travail.
26. Le tabagisme aggrave la pauvreté car l’argent qui passe dans le tabac ne peut être dépensé pour des besoins essentiels comme l’alimentation ou le logement.27. Le tabagisme pèse sur l’économie mondiale, en raison du coût des soins de santé pour le traitement des maladies qu’il provoque – lequel, selon des estimations, s’élève à 1 400 milliards de dollars des États-Unis – et du fait de la perte de capital humain due aux maladies et aux décès qui lui sont imputables.
28. Les fumeurs sont davantage susceptibles d’être atteints d’infertilité. Arrêter de fumer réduit le risque d’avoir des difficultés à procréer, d’accoucher prématurément et de donner naissance à un bébé ayant un faible poids de naissance, ou encore de faire une fausse couche.
29. Fumer peut causer des troubles de l’érection. Le tabagisme a un effet délétère sur l’afflux sanguin vers le pénis, à l’origine de l’incapacité à parvenir à l’érection. La dysfonction érectile est plus fréquente chez les fumeurs et il est fort probable qu’elle persiste ou devienne permanente à moins que l’homme cesse de fumer tôt.30. Le tabagisme conduit aussi à une diminution du nombre, de la motilité et de la morphologie des spermatozoïdes.
31. Plus de 8 millions de personnes meurent chaque année des suites du tabagisme.
32. Le tabac tue la moitié de ses consommateurs. Le tabagisme sous toutes ses formes vous vole votre santé et provoque des maladies débilitantes.
33. Fumer la chicha est tout aussi nocif que consommer du tabac sous d’autres formes.
34. Le tabac à mâcher peut provoquer le cancer de la bouche, la perte des dents, le brunissement des dents, des taches blanches et des maladies des gencives.35. La nicotine présente dans le tabac sans fumée est plus facilement absorbée que lorsque l’on fume des cigarettes, ce qui renforce son pouvoir addictif.
36. Les cultivateurs de tabac sont victimes de problèmes de santé en raison de la nicotine absorbée par leur peau et de leur exposition à de grandes quantités de pesticides et à la poussière de tabac.
37. Dans certains pays, les enfants sont employés dans la culture du tabac, ce qui nuit à leur santé mais les empêche aussi d’aller à l’école.
38. Le tabagisme peut aggraver la pauvreté étant donné que les consommateurs de tabac présentent un risque beaucoup plus élevé de tomber malades et de mourir prématurément de cancers, d’infarctus du myocarde, de maladies respiratoires ou d’autres maladies liées au tabac, privant ainsi leurs familles de revenus dont elles ont grand besoin et imposant des coûts supplémentaires en matière de soins de santé.39. La grande majorité des personnes employées dans le secteur du tabac dans son ensemble gagnent très peu alors que les multinationales du tabac engrangent d’énormes bénéfices.
40. Les produits du tabac chauffés exposent leurs utilisateurs à des émissions toxiques dont bon nombre sont cancérigènes.
41. Les produits du tabac chauffés sont eux-mêmes des produits du tabac ; par conséquent, passer de la consommation de produits du tabac conventionnels à celle de produits du tabac chauffés n’équivaut pas à arrêter de fumer.
42. Il n’y a pas pour l’instant suffisamment de données probantes pour étayer l’affirmation selon laquelle les produits du tabac chauffés seraient moins nocifs que les cigarettes conventionnelles.
43. Les enfants et les adolescents qui utilisent des cigarettes électroniques ont une probabilité au moins deux fois plus élevée de fumer des cigarettes plus tard.
44. Les cigarettes électroniques augmentent votre risque de cardiopathie et de troubles pulmonaires.
45. La nicotine contenue dans les cigarettes électroniques est une drogue à fort potentiel addictif qui peut nuire au développement du cerveau des enfants.
46. Le tabagisme est responsable de 25 % de l’ensemble des décès par cancer dans le monde.
47. Les fumeurs ont une probabilité 22 fois plus élevée que les non-fumeurs de développer un cancer du poumon au cours de leur vie. Le tabagisme est la première cause de cancer du poumon, provoquant plus des deux tiers des décès par cancer du poumon dans le monde.
48. Un fumeur sur cinq contractera une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) au cours de sa vie, en particulier s’il commence à fumer pendant son enfance ou son adolescence, puisque la fumée du tabac freine de manière significative la croissance et le développement des poumons.
49. Chez l’adulte, le tabagisme peut aggraver l’asthme, limitant l’activité, contribuant à l’incapacité et augmentant ainsi le risque de crises graves nécessitant des soins d’urgence.
50. Le risque de passer d’une tuberculose latente à une tuberculose active est plus que doublé par le tabagisme, qui aggrave aussi la progression naturelle de la maladie. Environ un quart de la population mondiale est infectée, de manière latente, par la tuberculose.
51. Fumer seulement quelques cigarettes par jour, de manière occasionnelle, ou être exposé au tabagisme passif augmente le risque de cardiopathie.
52. Le risque d’accident vasculaire cérébral est multiplié par deux chez les fumeurs et le risque de cardiopathie par quatre.
53. La fumée du tabac endommage les artères coronaires, en favorisant la constitution de plaques d’athérome et la formation de caillots sanguins, qui rétrécissent le flux sanguin et conduisent finalement à l’infarctus du myocarde et ou à l’accident vasculaire cérébral.
54. La consommation de nicotine et de produits du tabac augmente le risque de maladies cardiovasculaires.
55. La consommation de tabac, à fumer et sans fumée provoque des cancers de la cavité buccale, des cancers des lèvres, de la gorge (du pharynx et du larynx) et de l’œsophage.
56. L’ablation chirurgicale du larynx en cas de cancer peut rendre nécessaire une trachéostomie, à savoir la réalisation d’une ouverture au niveau du cou et de la trachée afin de permettre au patient de respirer.
57. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé de développer une leucémie aiguë myéloïde, un cancer des cavités des fosses nasales et du sinus paranasal, un cancer colorectal, un cancer du rein, du foie, du pancréas, de l’estomac, des ovaires ou des voies urinaires inférieures (notamment de la vessie, de l’uretère ou du bassinet du rein).
58. Certaines études ont établi un lien entre tabagisme et risque accru de cancer du sein, en particulier chez les gros fumeurs et les femmes ayant commencé à fumer avant leur première grossesse.
59. On sait également que fumer augmente le risque de cancer du col de l’utérus chez les femmes infectées par le papillomavirus humain.
60. Le tabac est responsable de nombreuses pathologies oculaires qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent aboutir à une perte permanente de la vue.
61. Les fumeurs sont exposés à un risque plus grand de dégénérescence maculaire liée à l’âge, une affection qui aboutit à une perte de vision irréversible.
62. Les fumeurs sont aussi exposés à un risque plus élevé de cataracte, une opacification progressive du cristallin qui bloque la lumière. La cataracte entraîne une perte de l’acuité visuelle, et la chirurgie est le seul moyen de restaurer la vision.
63. Des données probantes indiquent que le tabagisme provoque aussi le glaucome, une affection qui accroît la pression oculaire et peut endommager la vision.
64. Les adultes fumeurs sont davantage susceptibles de souffrir d’une perte auditive.
65. Les personnes qui ont fumé toute leur vie perdent en moyenne au moins 10 ans de vie.
66. À chaque bouffée de cigarette, des substances toxiques et cancérogènes sont libérées dans l’organisme et l’on sait que 70 d’entre elles au moins provoquent le cancer.
67. Le risque de contracter un diabète est plus élevé chez les fumeurs.
68. Le tabagisme est un facteur de risque de la démence, un syndrome qui se traduit par un déclin des fonctions mentales
69. La maladie d’Alzheimer est la forme la plus fréquente de la démence et, selon les estimations, 14 % des cas d’Alzheimer dans le monde peuvent être attribués au tabagisme.
70. Les femmes qui fument sont davantage susceptibles d’avoir des règles douloureuses et des symptômes plus sévères à la ménopause.
71. Chez les femmes fumeuses, la ménopause survient de 1 à 4 ans plus tôt que chez les non-fumeuses du fait que le tabagisme diminue la production d’ovules, et se traduit par une perte de la fonction reproductive et des niveaux d’œstrogènes plus faibles.
72. La fumée du tabac réduit l’apport d’oxygène aux tissus corporels.
73. Le tabagisme diminue la circulation sanguine, ce qui peut, en l’absence de traitement, évoluer vers la gangrène (mort des tissus) et obliger à amputer les zones atteintes.74. Le tabagisme accroît le risque de parodontite, une inflammation chronique des tissus qui entourent et soutiennent les dents, qui peut entraîner une destruction de l’os et un déchaussement, voire une perte des dents.
75. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé que les non‑fumeurs d’être victimes de complications postchirurgicales.
76. Les fumeurs sont plus difficiles à sevrer de la ventilation mécanique. De ce fait, leur passage en unité de soins intensifs et leur séjour à l’hôpital en général est souvent plus long, ce qui les expose potentiellement à d’autres infections.
77. Les fumeurs sont susceptibles de souffrir de troubles gastro-intestinaux, tels que les ulcères de l’estomac, les maladies inflammatoires de l’intestin – souvent associées à des crampes abdominales, une diarrhée persistante, de la fièvre et des saignements rectaux – et les cancers des voies digestives.
78. Les fumeurs sont davantage susceptibles de voir leur densité osseuse diminuer, leur risque de fracture augmenter, et de connaître de graves complications, telles qu’une consolidation retardée ou altérée.
79. Les composants de la fumée du tabac affaiblissent le système immunitaire, exposant les fumeurs au risque d’infections pulmonaires.
80. Les fumeurs ayant une prédisposition génétique aux affections auto‑immunes sont exposés à un risque accru de contracter diverses maladies, dont la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, la méningite purulente, les infections postchirurgicales et les cancers.
81. Le tabagisme expose également les individus immunodéprimés, notamment les personnes atteintes de mucoviscidose, de sclérose en plaques ou de cancer, à un risque plus élevé de comorbidités et de décès prématuré.82. Les effets immunosuppresseurs du tabac exposent les personnes vivant avec le VIH à un risque plus élevé de contracter le sida. Parmi les fumeurs séropositifs pour le VIH, le nombre moyen d’années de vie perdues est de 12,3, soit plus du double du nombre d’années perdues par les non-fumeurs séropositifs pour le VIH.
83. Le tabagisme et l’exposition à la fumée du tabac au cours de la grossesse accroissent le risque de mort fœtale.
84. Les femmes qui fument ou qui sont exposées à la fumée secondaire pendant leur grossesse ont un risque de fausse couche plus élevé.
85. Les mortinaissances (l’accouchement d’un fœtus mort dans l’utérus) sont aussi plus fréquentes du fait d’une privation d’oxygène chez le fœtus et des malformations placentaires causées par le monoxyde de carbone présent dans la fumée du tabac et de la nicotine présente dans la fumée du tabac comme dans le tabac sans fumée.
86. Le risque de grossesse ectopique, une complication pouvant s’avérer fatale pour la mère chez qui l’œuf fécondé s’implante hors de l’utérus, est plus élevé chez les fumeuses.
87. Le sevrage tabagique et la protection contre l’exposition à la fumée secondaire sont particulièrement importants pour les femmes en âge de procréer qui souhaitent avoir un enfant et au cours de la grossesse.
88. Les cigarettes électroniques posent des risques importants pour les femmes enceintes qui les utilisent, car elles peuvent nuire au fœtus en croissance.
89. Les nourrissons nés de mères qui fument, consomment du tabac sans fumée ou sont exposées à la fumée secondaire au cours de la grossesse courent un risque plus élevé de naissance prématurée et de faible poids à la naissance.
90. Ce sont les gouvernements et les autorités locales qui paient pour éliminer les déchets du tabac, pas les fabricants de tabac. Arrêtez de fumer pour protéger l’environnement.
91. Les mégots de cigarettes font partie des déchets les plus fréquemment jetés dans le monde et ce sont les détritus les plus souvent ramassés sur les plages et les rives des cours d’eau du monde entier.
92. Des substances dangereuses ont été identifiées dans les mégots, notamment de l’arsenic, du plomb, de la nicotine et du formaldéhyde. Ces substances retenues dans les mégots pénètrent ensuite dans les milieux aquatiques et dans le sol.
93. La fumée du tabac peut contribuer à faire sensiblement augmenter les niveaux de pollution de l’air d’une ville.
94. La plupart des cigarettes sont allumées à l’aide d’allumettes ou de briquets à gaz. Si l’on utilise, par exemple, une allumette en bois pour allumer deux cigarettes, les 6000 milliards de cigarettes fumées dans le monde chaque année nécessiteraient de détruire environ 9 millions d’arbres afin de produire 3000 milliards d’allumettes.
95. Les cigarettes électroniques et les produits du tabac chauffés peuvent contenir des batteries qui devront faire l’objet d’une élimination particulière, ainsi que des produits chimiques, des emballages et d’autres produits non biodégradables.
96. Actuellement, la majorité des plastiques utilisés pour les réservoirs de liquide des cigarettes électroniques ne sont pas réutilisables ou recyclables ; les entreprises transnationales ont tendance à vendre des cartouches jetables, sans doute dans le but d’augmenter leurs ventes grâce à la consommation des clients réguliers.
97. On estime que les émissions causées par les produits du tabac sont équivalentes à celles de 3 millions de vols transatlantiques.
98. La fumée du tabac contient trois types de gaz à effet de serre – le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote – et elle pollue l’environnement intérieur et extérieur.
99. Dans le monde, environ 200 000 hectares sont consacrés à la culture et au séchage du tabac chaque année.
100. La déforestation liée à la culture du tabac a de nombreuses conséquences écologiques graves, notamment un appauvrissement de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, la pollution des eaux et l’augmentation du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.
101. La culture du tabac implique généralement une utilisation massive de produits chimiques, notamment de pesticides, d’engrais et de régulateurs de croissance. Le ruissellement de ces produits chimiques depuis les zones tabacoles peut causer l’altération des sources d’eau potable.
102. Pour produire 300 cigarettes (environ une cartouche et demie), un arbre est abattu uniquement aux fins du traitement de la feuille de tabac.
103. 6000 milliards de cigarettes sont fabriquées chaque année, ce qui équivaut à environ 300 milliards de paquets (à raison de 20 cigarettes par paquet) de produits du tabac. Si l’on part du principe que chaque paquet vide pèse environ six grammes, il en résulte à peu près 1 800 000 tonnes de déchets d’emballage composés de papier, d’encre, de cellophane, de feuilles de métal et de colle. Si on ajoute à cela les déchets provenant des boîtes et des cartons utilisés aux fins de la distribution et de l’emballage, le poids total annuel des déchets solides de post-consommation est porté à au moins 2 000 000 tonnes.
Dimanche 28 février s’est clôturé la consultation citoyenne sur l’usage du cannabis dit « récréatif ». Le nombre de répondants témoigne d’un flop, car ce n’est pas un questionnement démocratique et cela n’intéresse qu’une minorité de gens.
Lancée par l’Assemblée nationale il y a plus d’un mois et demi, le 13 janvier 2021, la consultation citoyenne sur le cannabis dit « récréatif » s’est terminée dimanche 28 février au soir. Ce questionnaire en ligne de 15 interrogations visait à obtenir les informations d’une majorité de personnes quant à leurs usages et leurs avis sur une possible légalisation du cannabis. Finalement, il n’aura recueilli que 253 014 avis.
Si l’on rapporte cela à la population active en France, excluant donc la population de moins de 15 ans, cette consultation ne représente que 0,86 % des gens du pays… Et ce n’est même pas un tiers des 1,2 millions de consommateurs (estimés) réguliers de cannabis. On voit bien que cela n’a intéressé que peu de monde, alors même que l’information de cette consultation a circulé dans les grands médias, et très largement sur les sites pro-légalisation. Sans même parler du travail au corps de l’opinion publique réalisé ces dernières années par des tas de tribunes prêchant la libéralisation du secteur.
Or, voilà, cela est un véritable flop. Caroline Janvier, rapporteuse de la mission d’information sur les usages du cannabis et député LREM du Loiret, déclarait d’ailleurs début février au journal Huffingtonpost :
« Il nous faut plus de femmes, d’autres classes d’âge et des personnes moins impliquées dans le débat. Que la consultation s’élargisse au-delà des cercles de militants pro-légalisation »
Ainsi, dans ce même article, on apprend qu’une majorité des répondants (70%) était d’accord pour la légalisation. De même, il y a environ 67 % d’hommes, le plus souvent âgés entre 18 et 29 ans (45% des répondants). Et si l’on ajoute que 9 % sont des parisiens, alors même qu’ils représentent 3 % des français, on a compris que les gens qui ont donné leur avis proviennent surtout du milieu pro-légalisation. Un petit milieu largement dominé par une poignée de jeunes hommes à la marge, avec un style de vie basé sur la défonce, et souhaitant par là-même niveler vers le bas toute la société.
De l’intitulé de la consultation à la tournure des questions, tout était de toute manière orienté de sorte à ce que seuls les gens pro-légalisation s’expriment. Le questionnaire comprenait sept questions, dont deux avec du texte libre, orientées en faveur de la légalisation, et seulement deux questions, dont une avec texte libre, si l’on y est opposé.
En comparaison, la consultation citoyenne sur le changement d’heure réalisé en 2019 avait recueilli plus de 2 103 999 d’avis. Cela en dit long sur les préoccupations populaires… et celles anti-populaires. Réfléchir au rythme de la vie quotidienne en fonction du cycle du soleil, oui pourquoi pas (et encore que 2 millions de répondants, c’est faible). Réfléchir à légaliser une drogue, quelle idée ! Et pourquoi faire ?
La réalité, c’est que la question du cannabis n’intéresse pas les gens, que le cannabis fait malheureusement partie du décors de la vie sous le capitalisme. La société dit non, ou plutôt : elle détourne le regard car elle sait bien qu’elle a les pieds pris dans le problème et qu’elle n’ose pas encore s’y confronter réellement.
Il n’y a nullement lieu de s’interroger sur une légalisation, car le sujet en lui-même est vain, anti-social, anti-moral. Un ouvrier de 40 ans qui fume pour se décompresser de sa semaine de travail sait bien qu’un tel questionnaire est un cadeau empoisonné. Qu’il y ait très peu de femmes qui ait répondu au questionnaire en rajoute au caractère anti-démocratique, car en général les femmes du peuple endurent et luttent au quotidien contre l’emprise de la drogue sur les enfants, le conjoint, les amis…
Voilà la position populaire : on a été piégé par la drogue, et il est hors de question qu’on en face une fierté, un mot d’ordre de mobilisation. Au pire, on fume, mais on ne se vante pas.
Mais ce n’est visiblement pas la position du député agriculteur LREM Jean-Baptiste Moreau, par ailleurs un opposant virulent à la cause animale, qui voit dans les résultats de cette consultation une aubaine pour lancer un « référendum » pour « trancher » la question.
La drogue n’est pas un horizon moral soutenable et c’est là forcément l’opinion le plus répandu dans la population. Mais sans le pouvoir, sans les leviers réels à disposition pour l’éradiquer, c’est la passivité qui règne. C’est d’ailleurs cette passivité populaire envers la politique qui fait le lit de la revendication libéral-libertaire en faveur du cannabis.
En fait, cette consultation citoyenne n’a été qu’une chambre d’enregistrement d’une lubie de petits-bourgeois, des petits-bourgeois par ailleurs dominés par une bourgeoisie soucieuse de lancer son business sous couvert d’ouverture démocratique.
Le journal de la gauche libérale-libertaire Libération a donné une interview à trois députés favorables à la légalisation du cannabis, issus de la Droite, du centre, et de la fausse Gauche, et publié en Une de son édition du 17 février. Un interview qui n’est rien d’autre qu’un camouflet anti-populaire.
Le jeu de mot « joint-venture » en Une du journal est tout aussi ridicule que les propos tenus par ces trois députés venus vanté les mérités d’une légalisation du cannabis. Trois députés qui ne tombent pas de nulle part.
On retrouve ainsi Robin Réda, député de la 7e circonscription de l’Essonne, membre de « Soyons Libres » le mouvement de Valérie Pécresse fondé en septembre 2017. Jean-Baptiste Moreau, député LREM qui se présente comme le « député-paysan » de la Creuse, ce département français qui cherche par tous les moyens à se lancer dans la culture du chanvre industriel. Et enfin, Danièle Obono, députée LFI de la 17e circonscription de Paris et figure de la gauche post-moderne.
Respectivement président et rapporteur-général, Robin Réda et Jean-Baptiste Moreau sont également les principaux coordinateurs de la Mission d’information sur les usages du cannabis lancée début juillet 2019. Une mission qui a par ailleurs rendu un rapport d’étapes il y a peu de temps à l’Assemblée nationale, en parallèle d’un lancement d’une consultation citoyenne sur le cannabis récréatif.
On l’a donc compris, cette interview est un énième jalon posé dans l’offensive pro-légalisation du cannabis. Une offensive toujours plus intense ces dernières années, dans un contexte de libéralisation dans plusieurs pays comme le Colorado et l’État en de Washington 2012, l’Uruguay en 2013, la Californie en 2016, le Canada en 2018.
La bourse de Wall-Street à New-York s’est d’ailleurs affolée ces derniers jours sur les potentialités futures de l’industrie du cannabis, ce nouvel « or vert », comme le remarquait récemment le journal très à droite « Les Echos » dans un article sur « les stars [qui] investissent dans le cannabusiness » comme Jay-Z, Rihanna, ou encore David Beckham…
Bien évidemment, l’interview de Libération ne présente pas les choses ainsi, mais oriente le propos général autour du fait que ces trois députés partagent un même but commun, celui de la légalisation, avec des logiques de justification et de mise en œuvre différentes. Tout est clair pour Libération qui place en exergue de son article le propos populiste de Jean-Baptiste Moreau comme quoi « la légalisation du cannabis relève du courage politique », comme pour mieux en faire un combat légitime.
Tous se trouvent d’accord pour dénoncer la faillite de la supposée « guerre au drogues », argument démagogique qui est un piège tendu aux habitants des cités populaires confrontés à l’exaspération des trafics. C’est ce même procédé argumentaire qui utilise les malades qui se soignent avec des médicaments composés des molécules extraites du cannabis dans le cadre d’un protocole sanitaire, pour justifier la libéralisation du cannabis récréatif.
L’étude Cannalex a pourtant montré que les différentes légalisations avaient pour conséquence le report du trafic illégal sur des drogues plus « dures », les armes, la traite d’être humain, etc. Tout cela Danièle Obono le nie, en allant même jusqu’à parler de la terrible « colline du crack » comme exemple illustrant l’échec de la loi de 1970 contre la toxicomanie et les trafics :
« Je suis députée d’une circonscription du nord-est de Paris, avec un fort usage de drogues sur la voie publique, notamment de crack. Mon angle, c’est donc la régulation des usages et la réduction des risques »
Se demanderons-nous dans 30 ans si, après avoir toléré la cigarette, banalisé l’alcool, légalisé le cannabis, il ne faudra pas aussi légalisé les drogues de synthèse pour mieux « réguler » les « usages » et « réduire » les risques, pour mieux « aider » des personnes en ayant besoin pour « souffler » ?
Il n’y a pas de faillite de la « guerre au drogues » tout bonnement car elle n’a jamais vraiment été livrée jusqu’au bout et en profondeur. Pour cela, il faut une mobilisation démocratique et populaire : la Chine des années 1950 n’a t-elle pas éradiqué la terrible intoxication à l’opium de cette manière ? S’il y a une faillite, c’est bien celle d’une partie de la collectivité rongée par les valeurs libérales, abdiquant sur une position morale pourtant acquise depuis plusieurs siècles en France.
Pour ces députés, la légalisation offrirait la possibilité de mieux organiser la prévention, notamment à l’école, comme on le fait pour le tabac et l’alcool, ces drogues légales. En réalité, on a là tout l’argumentaire de travailleurs sociaux totalement incapables de refuser les drogues et de promouvoir une morale ferme et réellement alternative, car s’étant eux-même fait prendre au jeu.
On cherchera tant bien que mal en quoi l’infirmière du collège ou le professeur d’éducation civique aident en quoi que ce soit les jeunes à refuser le tabac et l’alcool, cette couche sociale qui fait du repas autour du vin un « art de vivre » et ne rechigne pas à aller fumer quelques cigarettes… en cachette. Ni même en quoi les étiquettes adossées sur les paquets de cigarette, et annoncées récemment par Emmanuel Macron sur les bouteilles de vin, va changer la donne. Enfin, oui : les individus pourront « choisir » librement et en pleine connaissance de cause de se pourrir la santé…
Alors quand on voit que l’interview tourne ensuite à un débat sur la gestion des modalités de la possible légalisation, allant du monopole d’Etat à son seul encadrement des prix, on se dit qu’on assiste à une mise en scène pour préparer l’opinion publique. En fait, on vit là une double lame de fond : celle de l’extension d’un vaste marché capitaliste rendu possible du fait d’une corrosion de la société par les valeurs libérales-libertaires. Et ces trois députés n’en sont que les tristes accompagnateurs.
Si l’on ne veut pas finir broyé entre le marteau libéral et l’enclume conservatrice-sécuritaire, il va falloir choisir le camp de la Gauche historique. Ce camp qui est opposé tant à la régression libérale, qu’au pourrissement social et culturel, car il a l’émancipation populaire comme horizon politique.
Le trafic de drogues est devenu une immense manne financière qui prospère sur le pourrissement social et la corruption de certains pans des institutions.
En 2018, l’Institut de la statistique française INSEE a intégré le trafic de drogue, de sa production à sa vente en passant par sa consommation, dans le calcul du PIB. Tout un symbole de normalisation pragmatique.
Pour les capitalistes, il y a forcément une énorme manne financière : à la même date, le même INSEE estimait que le trafic générait 21 000 emplois à temps plein. Cannabis, cocaïne et autres drogues dites de « synthèse » représenteraient 2,7 milliards d’euros.
L’emprise de cette économie est telle que certains quartiers tournent pratiquement autour de lui. Serge Castello, ancien commissaire à la tête de la sécurité publique entre 2011 et 2017 en Seine-Saint-Denis, parle du 93 comme « un narco-département ». On a là tout un système qui entretien des réseaux bien établis, avec des offres d’emploi presque officielles, des manières de blanchir et de ré-investir l’argent dans l’économie « officielle ».
Dans le JDD, on peut lire des extraits de l’ouvrage de Frédérique Ploquin intitulé « Les narcos français brisent l’omerta ». Dans un de ces extraits, on lit un dealer qui explique tranquillement :
« Tu achètes un commerce, le kebab du coin. Il génère 2 000 euros de chiffre d’affaires par mois, mais tu déclares 40 000 euros. Si tu veux quelque chose de plus durable et que tu disposes de sommes plus importantes, tu te tournes vers les paradis fiscaux, les Caraïbes par exemple. Le but n’est pas d’échapper à l’impôt, mais de réinsuffler l’argent dans l’économie légale pour pouvoir en profiter. Les banquiers installés dans ces îles ne refusent pas l’argent. Sale ou pas, ils comptent. Si tu arrives avec 5 millions en liquide, c’est une grosse somme, même pour eux. Le banquier va être bien vu de sa hiérarchie, c’est ce qui compte. Tu t’engages à laisser l’argent pendant trois ou quatre ans sur ton compte, tu achètes des Sicav locales [sociétés d’investissement à capital variable], des actions ou des obligations. Trois ans plus tard, la banque a pris sa commission et l’argent est à toi, lavé. »
C’est dire à quel point le pourrissement social est entretenu par le capitalisme. À tel point que les trafics intègrent des enfants marginalisés âgés de 11-12 ans. Des gamins attirés par cette réussite financière glorifiée par la culture « gangsta », ce « nouveau western » dont parlait Mc Solaar en 1994, et qui a pris des proportions hallucinantes… Quoi de plus facile que de monter son business de livraison de drogue à domicile ?
Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses, formant un terreau « culturel » encore plus propice à l’expansion des trafics. Comme tous les autres secteurs d’activité, le trafic de drogue a fait face à une rupture d’approvisionnement, avec donc des repartages de marchés.
C’est ce qui explique l’extension anarchique de règlements de compte un peu partout en France, et non plus sur quelques gros points concentrés en périphérie des grandes villes et encadré par des réseaux d' »anciens ». Cet été, à Annonay, petite ville de 16 000 habitants en Ardèche, des personnes masquées ont tiré au fusil de chasse sur un groupe pour une histoire de dette de drogue…
Face à ce pourrissement, certains en appellent alors à la légalisation du cannabis, actuellement la principale drogue vendues par les trafiquants, la cocaïne arrivant juste après puis les autres drogues de synthèse. C’est ce que dit par exemple le libéral Gaspard Koenig, responsable du club de pensée « Génération Libre », pour qui « cela permettrait de transformer les petits dealers hors la loi en entrepreneurs agréés ».
Cette option de la légalisation pour endiguer le trafic illégal est un symbole de toute la déliquescence morale des dominants, soutenue par ses idiots utiles de la « gauche » libérale-libertaire. Une « option » par ailleurs ridicule lorsqu’on sait que la teneur légale THC proposée serait de 7 % lorsqu’il est de 25 à 30 % pour les résines de cannabis illégales…
En fait, la drogue s’est infiltrée dans le quotidien du peuple et elle apparaît maintenant comme un immense rouleau compresseur, comme si rien ne pouvait l’arrêter. La « guerre à la drogue » est une bien fausse expression lorsqu’on sait les affaires de corruption en cascade ces dernières années. Citons là simplement l’affaire Michel Neyret, ancien directeur-adjoint à la direction inter-régionale de la police judiciaire de Lyon, arrêté en 2011 et condamné en 2018 pour corruption et association de malfaiteurs. Ou l’arrestation en 2016 de François Thierry, ex-chef de l’Office central de la répression du trafic illicite de stupéfiants, accusé d’avoir entretenu un réseau d’importation de cannabis par le biais de ses indics.
Il est connu de tous que les mafias savent corrompre des pans de l’appareil d’État, mais aussi de la population. Il suffit ici de se souvenir de l’effroyable assassinat d’Allan Affaguard, docker du Havre, en juin 2020 sur fond de trafic de drogue. Ou à cette sordide affaire mêlant une personne d’un point d’un deal à Saint-Ouen…et le PCF.
Pour se confronter à l’horreur de la drogue, il faut s’en donner réellement les moyens. Ce ne sont ni les faibles ressources données à la police, ni l’état d’esprit libéral qui règne dans l’appareil d’État qui permettront d’éradiquer les mafias.
Cela exige des institutions qui s’appuient sur le peuple, des comités populaires capables de dresser une morale de fer contre la corruption. De nouvelles institutions, construites par en bas, et capables de réprimer les réseaux de production, tout autant que de construire un horizon culturel alternatif à la culture de la drogue.
Cette exigence, elle commence déjà à se faire sentir comme l’attestent les courageuses mobilisations d’habitants, et surtout d’habitantes, en 2019 à Poitiers, Aubervilliers, Saint-Denis, Villeneuve-Saint-Georges…. Et elle n’étonnera personne qui a l’héritage de la Gauche historique chevillé au corps. Il est maintenant temps que la Gauche relance la lutte populaire contre le fléau des drogues.
Afin de forcer à la légalisation du cannabis, le gouvernement fait procéder à une « enquête » sur l’avis des gens.
Du 13 janvier au 28 février 2021, l’Assemblée nationale met en place une consultation en ligne, avec un questionnaire au sujet du « cannabis récréatif ». Notons immédiatement que rien que par ce terme de récréatif, même mis entre guillemets, l’Assemblée nationale tombe sous le coup de la loi en raison d’une présentation d’une drogue sous un jour favorable.
Mais il est bien loin le temps où le policier zélé, souvent obtus mais finalement avec raison, alpaguait quelqu’un pour le moindre symbole lié au cannabis sur un de ses habits. Désormais, le libéralisme libertaire du capitalisme élargit toujours davantage le champ des consommations et le cannabis fait partie des prochains terrains d’accumulation. Il l’est déjà avec les mafias, mais là il s’agit de passer à grande échelle, de proposer un loisir abrutissant de plus à la société toute entière.
Voici ce que cela donne dit dans le langage à la fois complètement hypocrite et administratif-technique de l’Assemblée nationale :
« Il s’agit, pour la mission, de dresser le bilan des politiques publiques menées en matière de prévention et de répression des trafics et usages du cannabis, de proposer un panorama des expériences étrangères de légalisation ou de dépénalisation et de contribuer à une réflexion sur l’éventuelle évolution du cadre réglementaire français relatif à cette substance. »
Les dés sont d’ailleurs tellement pipés que, dans le questionnaire, si l’on est pour la légalisation, on doit répondre à sept questions particulières, dont deux avec du texte libre, alors que si on est contre, on a deux questions seulement, dont une avec texte libre.
On aura compris qu’il s’agit de pousser à l’expression les tenants d’une légalisation et de faire passer ceux du maintien de l’interdiction pour des conservateurs bornés, dépassés, etc. Et il sera dit finalement, pour l’emporter : vous voyez, même des gens contre le cannabis considère que légaliser est la moins pire des solutions, etc.
Naturellement, il sera également expliqué que tous les partis sont d’accord là-dessus, que cela dépasse les orientations politiques, que c’est une question sociétale. Il sera ajouté comme cerise sur le gâteau les ressources fiscales et le tour sera joué.
Cependant, il y a heureusement une société qui n’a pas encore été délavée à ce point quant à la question du cannabis. Si la jeunesse des grandes villes est très favorable au cannabis, qu’elle voit comme relevant d’un mode de vie distancé et branché en même temps, le reste de la jeunesse n’y est nullement favorable. Et l’opposition au cannabis dans la société reste puissante dans un pays où les bonnes manières relèvent d’une tradition historique depuis le 17e siècle.
De plus, les Français ont assez de conscience sociale pour saisir la problématique. Tout le monde sait très bien que le cannabis est une fuite – une fuite contre l’anxiété, contre un malaise personnel et social. Il y a donc une compréhension de cette question et un refus de chercher à ostraciser. Mais accepter la légalisation en tant que telle, accepter le cannabis dans le panorama… là c’est carrément autre chose.
Reste qu’il faut une voix pour exprimer ce refus du cannabis. Et les digues sont toutes tombées à Gauche. Même Lutte Ouvrière est favorable à la dépénalisation, c’est dire ! Il faut dire que le cannabis fait partie du pack post-moderne aux côtés des LGBT, des migrants, des thèses « décoloniales », de la fascination identitaire pour la couleur de peau et les religions, etc.
Ce pack consiste en des thèses sociétales à l’anglo-saxonne pour empêcher celles de la Gauche historique de s’affirmer… mais on est en France, un pays où la lutte des classes a un grand patrimoine. Cela ne sera certainement pas aussi simple que cela pour le capitalisme qui veut faire passer dans la société son marché du cannabis. Et ce d’autant moins dans un contexte de crise où l’opération d’abrutissement des gens apparaîtra comme d’autant plus claire.
Claire Touzard est rédactrice en chef du magazine Grazia Hommes. Elle est une parisienne tout à fait typique, ancrée dans un monde d’ultra-sociabilité, très portée sur la culture et la modernité, avec des mondanités qui s’imaginent toujours sophistiquées, subversives, et en tous cas au dessus d’une existence morne, plate.
Dans ce monde, il y a l’alcool, qui est une véritable norme. L’alcool n’est pas propre à la bourgeoisie intellectuelle parisienne évidemment, mais il y a en tous cas chez ces gens là une esthétisation de la défonce, comme une sorte d’élégance aristocratique.
Le grand mérité de Claire Touzard, c’est d’avoir compris la vanité de tout cela, et d’avoir choisi de rompre. Elle a assumé le fait d’être alcoolique et a décidé d’arrêter de boire. Elle le raconte dans un livre à paraître le 13 janvier 2021, intitulé Sans alcool, avec écrit en couverture une belle phrase : « Être sobre est bien plus subversif qu’on ne le pense. »
Un tel passage par exemple, aide beaucoup à saisir la substance de ce qu’est l’alcoolisme :
« Il y a plein de raisons à ma quête de l’ivresse. La solitude. Mon caractère dépendant. L’anxiété sociale. Le monde extérieur m’effraie, il représente une masse puissante qui m’attend à chaque recoin, pour mieux me broyer.
J’aime voyager, fuir le réel.
J’aime simplement le fait d’être ailleurs, de transcender la vie sans la vivre : mon quotidien est une chasse à la déconnexion, à la mise sous le tapis. Je cherche à toucher le moins possible la réalité de choses. »
Les mots sont à chaque fois bien choisis, et on comprend à travers cet autre passage qu’elle a eu une réflexion très approfondie à propos de son alcoolisme, qu’elle exprime avec des mots simples mais d’une grande signification :
« Et puis, il y a eu tous ces amis perdus, comme tous ces vêtements que j’ai oubliés sur des bancs de discothèques, dans les trains, dans les cafés, quand mon cerveau ne marchait plus. Ces bouts de moi que j’ai confiés à l’alcool, laissant s’étioler mon amour-propre, mon existence. Moi. »
Elle s’est également exprimée dans une vidéo Brut, pour faire la promotion de son livre. Là encore, ce qu’elle raconte est très intéressant.
Il y a bien sûr tout le début, où elle raconte avec une grande modestie et surtout une grande dignité son parcours alcoolique. L’explication quand au rapport entre sa défonce et l’expression de sa féminité, la pression sociale allant avec, etc. est également très bien vue.
« On a l’impression que c’est ce qui nous rends plus fort » dit-elle de manière très naturelle, démontrant en quelques mots comment l’alcool est un formidable piège.
Mais ce qu’il y a de plus intéressant, c’est qu’elle a compris à quel point tout cela relève de la culture. En effet, l’alcool n’est pas tant un choix individuel, un dérapage, qu’un choix de société. Et ce n’est pas pour rien, comme elle le raconte dans la vidéo, qu’elle se sentait rassurée « de voir des femmes à l’écran qui buvaient toutes seules. »
Puisque l’alcool est une norme, alors il faut la combattre, ou la « déconstruire » comme on dit en langage parisien moderniste. Et c’est là que Claire Touzard dit cette chose très perspicace :
« Il faut des meufs subversives qui ne boivent pas et qu’on se dise « ah bah tiens, on peut être subversive sans picoler » » !
Cela doit également nous rappeler que, dans le mouvement ouvrier, au 19e siècle, le combat contre l’alcool était une tendance importante ; il était considéré que dans le socialisme, l’alcool disparaîtrait plus ou moins de lui-même. Il y a ici un apport culturel qui doit être valorisé comme un aspect de l’héritage de la Gauche historique, à rebours du libéralisme libertaire au service d’un turbo-capitalisme détruisant les personnalités également au moyen de l’alcool.
Dans un document publié début de décembre 2020, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies fait le point sur les tendances récentes (depuis 2019) à propos des usagers et des marchés de substances psychoactives. Le constat est simple : les tendances en cours depuis 20 ans s’aggravent, la drogue se banalise et son commerce est de plus en plus sophistiqué.
L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a un dispositif particulier pour saisir les tendances récentes et nouvelles drogues, en s’appuyant sur des données de terrains minutieusement récoltées. Au sens strict, on n’apprend pas grand-chose de nouveau dans le bilan qui est fait en décembre 2020, si ce n’est que la situation empire.
En ce qui concerne les personnes marginalisées et ayant une consommation particulièrement dure de drogues, il n’y a aucune avancée. Il y a une tendance a écarter ces personnes du cœurs des grandes villes, mais l’héroïne et le crack, ainsi que l’alcool, continuent leurs ravages à la périphérie des villes, menant à des situations d’autant plus précaires pour les toxicomanes que l’État les laisse volontairement vagabonder.
C’est la même chose pour le milieu de la techno, particulièrement pour sa frange urbaine où la drogue continue son expansion. L’observatoire explique de manière très précise le phénomène de banalisation de la MDMA (ecstasy) qui accompagne la généralisation des soirées techno dans des lieux officiels, ou semi-officiels comme les soirées warehouses en périphéries des grandes villes, phénomène absolument massif en 2019.
Les before et afters, c’est-à-dire les rassemblement à domicile entre amis avant ou après les soirées en club ou warehouse, sont également des lieux de généralisation de la drogue, et surtout de diversification des produits. Les free parties restent toutefois les lieux où la consommation de drogue est est la plus intense et diversifiée, avec notamment le LSD, la kétamine, les champignons et la DMT.
Toutefois, le phénomène le plus marquant pointé par le rapport de l’Observatoire est l’accroissement fulgurant des réseaux de livraison à domicile permettant d’écouler des quantités toujours plus grandes de marchandises.
Cela date déjà d’il y a quelques années, mais il y a clairement un tournant et la France se retrouve maintenant submergée par la drogue, en raison d’un réseau de distribution absolument massif. En clair, au moyen des différents réseaux sociaux, les réseaux mafieux s’invitent directement chez les consommateurs et banalisent totalement leur marchandise.
En 2019, puis en 2020 avec le confinement, cela ne concerne plus seulement les bourgeois des grandes villes, mais le phénomène « s’étend aux zones périurbaines, concourant à une disponibilité accrue des produits illicites sur l’ensemble du territoire. »
Les saisies records par les forces de l’ordre pour l’année 2019 montre un accroissement massif de la circulation de drogue, particulièrement pour la cocaïne, alors que dans le même temps les services de polices se retrouvent littéralement submergés par les trafics.
Le constat est également que les prix sont très stables et les produits très concentrés, avec des teneurs en augmentation. C’est le reflet d’un commerce international extrêmement dynamique et florissant.
On a donc une société française particulièrement malade, où la drogue s’impose dans le quotidien d’une part toujours plus grande de la population, et pas seulement dans la jeunesse. Parallèlement, l’État est pratiquement aux abonnés absent, laissant les réseaux mafieux gagner du terrain et de l’influence en toute quiétude. Dans un tel contexte, la perspective pour les cinq prochaines années est particulièrement alarmante.
Il y a urgence : il faut écraser avec force les réseaux mafieux et combattre avec acharnement l’influence culturelle de la drogue, particulièrement dans la jeunesse. C’est une des tâches historiques les plus fondamentales de la Gauche dans un pays comme la France.
Les capitalistes de la fleur de chanvre attendaient avec impatience la décision de la Cour de justice de l’Union européenne dans l’affaire Kanavape. Jeudi 19 novembre 2020, elle vient de donner sa décision et sans surprise, elle demande à la France de s’aligner sur la législation commune européenne.
En 2017, Sébastien Béguerie de l’entreprise Kanavape spécialisée dans la commercialisation de cigarette électronique à base de cannabidiol est convoqué au tribunal correctionnel de Marseille. L’État lui reproche de vendre ses marchandises sous couvert de vertus médicales.
En effet, des médicaments à base de molécules issues du chanvre, comme le tétrahydrocannabinol (thc) ou le cannabidiol (cbd), existent déjà, comme le Sativex (thc) ou l’Epidyolex (cbd). En juin 2018, la Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildca) rappelait :
En France, les seuls produits contenant des tétrahydrocannabinols et du CBD pouvant revendiquer des allégations thérapeutiques sont les médicaments autorisés par l’ANSM ou la Commission européenne sur la base d’un dossier évalué selon des critères scientifiques de qualité, sécurité et efficacité.
Mais la pression capitaliste s’avère extrêmement intense puisque l’ « affaire Kanavape » donne lieu à des propos plein de confusion émanant du gouvernement de l’époque, pavant la voie à l’ouverture de nombreux « shops de CBD » partout en France.
Ces derniers s’appuient sur la législation européenne qui autorise la commercialisation et la vente de fleurs de chanvre à condition que la plante dont elles sont issues contiennent moins de 0,2 % de THC, la substance psychoactive du cannabis. Ainsi, des pays comme la Finlande, la Lituanie, la Norvège, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, etc., autorisent la vente de produits de cannabidiol sur cette base juridique.
Mais, les petits boutiquiers français du CBD oublient que la France a une base populaire qui n’est heureusement pas aussi réceptive aux mœurs libéral-libertaires que les Pays-bas ou la Norvège par-exemple, et que nous ne sommes pas non plus dans les pays de l’Est où l’euphorie capitaliste post-URSS fait des ravages.
De fait, la législation française interdit strictement la vente de fleurs de chanvre, quel que soit le taux de THC, n’autorisant que l’utilisation des graines et fibres d’une plante respectant la norme européenne de moins de 0,2 %. Autrement dit, d’accord pour des huiles, des crèmes, etc., à base de CBD d’une plante contenant moins de 0,2 % de THC, mais non aux fleurs de CBD pour fumer.
Cela pose forcément problème aux marchands de la fumette, confrontés alors à des procès en série.
La Cour de justice de l’Union européenne vient ici jouer son rôle de lissage et d’uniformisation vers le libéralisme, permettant l’extension du marché et la bonne marche du capitalisme. Dans sa décision à propos de l’affaire Kanavape, elle rappelle premièrement que :
La Cour dit pour droit que le droit de l’Union, en particulier les dispositions relatives à la libre circulation des marchandises, s’oppose à une réglementation nationale telle que celle en cause.
Pour ensuite affirmer très nettement :
Une interdiction de commercialisation du CBD, qui constitue, d’ailleurs, l’entrave la plus restrictive aux échanges concernant les produits légalement fabriqués et commercialisés dans d’autres États membres, ne saurait être adoptée que si ce risque apparaît comme suffisamment établi.
Grosso modo, l’échange et la vente de fleurs de CBD doivent être autorisées en France car il ne faut pas faire entrave à la liberté de circulation de marchandises soit-disant « inoffensives » pour la santé. Business is business !
Mais la France et surtout les français ne disent pas que le CBD n’est pas inoffensif au plan sanitaire, ils disent qu’avec un tel marché, on ouvre la boite de pandore vers la banalisation générale des drogues. Le CBD se fume de toute manière avec du tabac, et les études sanitaires disent que le CBD n’est pas psychotrope, non pas qu’il est absolument dénué d’effets indésirables… Si l’on veut se soigner, on a des médicaments prescrits par son médecin, et disponibles en pharmacie.
Pour l’Union européenne, il n’y a pas de réalités nationales, liées à des héritages culturels spécifiques issus des luttes de classe. Non, il y a simplement des espaces de projection marchande. Son rôle est de faire de l’Europe un vaste marché commun, si possible avec le plus d’échanges divers et variés, ni plus, ni moins. Il faut bien pouvoir peser dans la concurrence capitaliste internationale…
Avec cette décision, la Cour de justice de l’Union européenne vient détricoter par en haut, de manière totalement anti-démocratique, la culture populaire plutôt rétive à l’ouverture officielle d’un tel commerce en France. L’autorisation du CBD par cette « Cour » doit donc être comprise uniquement pour ce qu’elle est : une décision au service du rouleau compresseur capitaliste.
Psychologiquement, le confinement a été vécu très difficilement par beaucoup de monde. Ses effets restent également très importants. On se reportera ainsi avec d’autant plus d’intérêt vers l’évaluation des addictions pendant le confinement.
C’est l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies qui la fournit, venant de mettre en ligne le numéro de septembre, au format PDF, de Tendances, à retrouver ci-dessous :
[il faut passer la souris (PC) ou le doigt (smartphone) sur le PDF pour faire apparaître le bouton de changement de page en bas du document]
LeParisien a publié un article évoquant le PCF Saint-Ouen qui peut provoquer de la surprise, voire de la stupéfaction, au point qu’on se dit qu’on y comprend plus grand-chose…
Le 29 août 2020, il y avait ce message publié sur le compte Twitter du PCF où on lisait :
« Trafic d’armes, trafic de drogues, trafic de personnes, reprenons le pouvoir dans toutes les rues de la République. »
Ce message a beaucoup fait jaser, parce qu’il sous-tend de reprendre la rue face à des gens violents. Et quand le PCF dit ça, cela a du sens, car de par le passé, il y a plusieurs décennies, il visait l’hégémonie dans les quartiers populaires, avec des comportements types, des valeurs, etc.
Bref, cela a choqué les libéraux et autres tenants d’une société « inclusive ». Démagogie du PCF, retour aux sources ? La question pouvait se poser, puis il y a eu un article du Parisien du 15 septembre 2020.
On se dit alors qu’il y a une erreur dans cet article, dont le titre est « Mort de Sofiane et Tidiane : une «exécution» qui bouleverse Saint-Ouen ». On se dit, cet article va être modifié. Ce qu’on lit n’est pas possible. Cela ne peut pas être à ce point là.
L’histoire est on ne peut plus sordide, puisque deux jeunes de 25 et 17 ans ont été abattus dans une cave de la cité Soubise de cette ville de Seine-Saint-Denis. Le premier des deux étant considéré, dans l’article, comme le chef du réseau local de drogue. Si l’on s’arrête là, c’est un affreux fait divers, reflétant une violence toujours plus grande et diffuse dans la société. Les dealers ne reculent devant rien et si on ne les stop pas…
Sauf qu’en même temps, cette personne est présentée par Le Parisien comme un encarté au PCF, sympathique, conscient, engagé. À lire l’article, il faudrait être admiratif, même. La suggestion de son activité de deal est mentionnée comme en passant, comme s’il était le garagiste du coin :
« Une source proche du dossier affirme que « le plus âgé était identifié comme étant le chef du réseau local du trafic » (…).»
Pour le reste, c’est un article unilatéral, avec un grand lyrisme dont voici quelques exemples :
« Un jeune adorable, un bel esprit », résume Jacqueline Rouillon, ancienne maire (PCF) de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) et très proche de la victime (…).
Sous le choc, Jacqueline Rouillon confie : « Je ne veux pas y croire. Pas lui. Il avait trop envie d’avoir une belle vie. Il avait d’ailleurs repris des études en BTS commerce et ressources humaines, mais il n’était pas parvenu à trouver un maître de stage cette année, comme beaucoup de jeunes. »
C’était aussi un compagnon de militantisme. Il avait pris sa carte au PCF et il était membre de l’association Citoyens solidaires. « Il était très présent dans la vie locale, mais il ne s’est jamais présenté sur une liste », précise-t-elle. L’ancienne maire veut retenir surtout sa personnalité « attachante ». « Tout de suite, il déclenchait la sympathie ». Denis Vemclefs, élu d’opposition, renchérit : « Nous avions beaucoup de discussions sur l’avenir des quartiers populaires. Il avait une réelle conscience politique. » (…).
Ce nouvel accès de violence illustre l’interminable guerre de territoire pour le contrôle des juteux points de stups de Saint-Ouen. Depuis juin, les règlements de comptes à coups d’arme à feu n’ont pas cessé dans la cité. »
On se dit donc que soit Le Parisien délire, soit c’est le PCF de Saint-Ouen qui délire. Et il semble bien que ce soit la seconde option, puisque la section PCF a réagit dans un communiqué, qui ne confirme pas l’appartenance au PCF, mais valide tout à fait l’existence du trafic de drogue et salue la mémoire du jeune homme…
« Ce mardi 15 septembre deux jeunes Audoniens ont été exécutés dans le quartier du vieux st Ouen.
Nous adressons nos sincères condoléances à la famille et à l’entourage de Sofiane Mjaiber et de Tidiane Bagayoko pour affronter cette épreuve.
Nombre de militants communistes ont eu l’occasion de connaître Sofiane et d’apprécier ses qualités humaines, sa joie de vivre et son intelligence. Apprendre son assassinat, est un grand choc, qui suscite tristesse et colère.
L’escalade de la violence sur fond de trafic de drogue a emporté deux jeunes hommes qui auraient dû avoir leur avenir devant eux. Ils sont victimes d’une guerre qui les dépasse.
Depuis le mois de juin dernier, une guerre de territoire fait rage dans plusieurs quartiers de notre ville. Les habitants de la place du 8 mai 1945, de Garibaldi, d’Arago et du Vieux st Ouen sont réveillés parfois plusieurs fois par semaine par le bruit des tirs.
Pour que les représailles ne soient pas suivies de vengeance le cycle de la violence doit être brisé. Le trafic qui gangrène notre ville et emporte inéluctablement dans son sillage violence et mort doit être combattu sans aucune ambiguïté.
La mobilisation de tous, habitants, municipalité, État doit être engagée.
Le tout sécuritaire, la politique du chiffre, a fait preuve de son inefficacité pour lutter contre le trafic. Si des effectifs supplémentaires de police nationale, annoncée depuis plusieurs mois par le gouvernement, seront bienvenus ils ne suffiront pas.
La Seine-Saint-Denis ne doit plus être un territoire délaissé par l’État qui n’a cessé de réduire les moyens alloués aux collectivités, aux services publics et au tissu associatif.
La rupture d’égalité territoriale, sociale et éducative n’est pas une fatalité. En cette période incertaine des perspectives doivent être offerte à la jeunesse audonienne durement secouée par ces morts.
Face à la violence, la cohésion sociale ne doit pas être affaiblie par des coupes budgétaires, elle doit au contraire être renforcée. Nous ne pourrons agir contre la violence et la peur qu’en recréant du commun, ensemble.»
Tout cela est lunaire. On peut donc apparemment être chef d’un point de deal, ou en tous cas impliqué dans le deal, tout en ayant une conscience politique et en agissant en fonction de celle-ci, être au PCF, ou en tous cas proche de lui et apprécié de lui ?
On ne s’étonnera pas qu’on préfère en revenir à la Gauche historique, plutôt que de tolérer cela.
La « Phonk » ou « vaportrap » est un courant musical lié à la Trap, elle-même sous-genre musical du Hip-Hop, qui a explosé au milieu des années 2010. Il puise ses racines dans le rap des années 1990 de la côte Est américaine, notamment de Memphis, Houston ou Miami. Une vague musicale qui marque de son empreinte la jeunesse des années 2010.
L’essor de la « phonk » date véritablement de 2010 avec le morceau « Bringing Da Phonk » de SpaceGhostPurpp, rappeur et producteur de Miami, dont le clip est basé sur des vidéos type VHS. La « phonk » c’est ce style de trap vaporeux très axé sur l’instrumental, réalisé sur de long mix inventifs entre jazz, funk et hip-hop.
Le genre s’est rapidement répandu grâce à DJ Smokey, un jeune artiste d’Hamilton, une ville de l’Ontario au Canada très impactée par la pollution de l’air générée par l’industrie sidérurgique. Influencé par les mix de « SpaceGhostPurpp », il sort son premier volume en 2013, « Evil Wayz Vol.1 ».
Portée par une génération née à la fin des années 1990, la «phonk » est tournée vers cette décennie, jusqu’à la nostalgie. Evidemment, être entièrement tourné vers le passé ne peut rien vraiment produire de nouveau, de populaire. Il serait donc faux de croire qu’il n’y ait là qu’une nostalgie.
Le style puise ses origines dans le style trap de la côte Est américaine, propulsé dans les années 1990 entre autres par « Three Six Mafia » de Memphis ou par DJ Screw de Houston à l’origine de la technique « Chopped & Screwed » (ralentir et répéter un passage en boucle).
Pour l’anecdote, pas si anecdotique que cela d’ailleurs, George Floyd, homme noir tué par un policier à Minneapolis le 25 mai 2020, avait participé sous le nom de « Big Floyd » à une compil’ de Dj Screw.
Mais, la nouvelle génération « phonk » parvient à dépasser ses origines, ne serait-ce par les sonorités et le style qui tournent en dérision justement l’aspect « gangsta » des débuts du sous-genre hip-hop. On le voit avec les images de cartoon ou les pochettes d’album qui se moque du fameux « parental advisory explicit lyrics ».
Avec la « phonk », on a une approche plus posée avec des mix aux basses saturées, des sonorités déformées jusqu’à l’extrême dans une ambiance trap temporisée. A ce titre, il est à l’opposé d’un autre genre de trap qu’est la Drill, assumant le style violent, grave et agressif du gangsta rap.
Depuis le milieu des années 2010, le genre connaît un élan jusqu’à devenir la première référence sur la plateforme SoundCloud en 2016 avec le mot clef #phonk. Cela n’est pas pour rien que c’est sur cette plateforme que ce genre s’est imposé : au-delà de mieux conserver la qualité musicale, elle est aussi un véritable espace tourné vers l’échange et le partage strictement musical.
En France, Soudière est un des artistes de renommée mondiale le plus en vue du genre. Originaire de Nancy, il a découvert le genre en tant que skater après avoir visionné la très fameuse « part » de Beagle dans la « Baker 3 » (2005).
Avec un style de skate original, le morceau « Smoke A Sack » de « DJ Paul & Juicy J » a indéniablement marqué tout skater de ces années là, valorisant un esprit amusant, fun et 100 % décontracté, tranchant avec l’esprit « piss drunk ».
Avec la « phonk », on a une jeunesse cherchant l’esprit de synthèse. C’est une génération qui profite des avancées technologiques de l’informatique et d’internet pour produire de la « phonk » à la fois liée à ses origines des 90’s, tout en la complexifiant musicalement et en assumant une critique des aspects culturels jugés dérisoires de cette époque.
Et en même temps, la critique, la synthèse ne parvient pas à pleine maturité. Elle est une jeunesse encore prisonnière des vicissitudes de son époque, tourmentée par le désir de paix, le « chill » agissant comme une véritable anti-dépresseur et la dépendance aux drogues comme fuite en avant.
La « vaportrape » est indéniablement liée à la codéine et au cannabis, dont certains albums et certaines sonorités font explicitement la référence. Est-ce étonnant de ce point de vue que le genre ait été notamment propulsé par DJ Smokey, originaire d’Hamilton, la ville canadienne la plus ravagée par la récente crise de opioïdes ?
La « phonk » exprime bien l’expérience de la jeunesse des années 2010 qui cherche inévitablement à progresser vers l’avenir, sans arriver à se départir complètement de son époque.
Depuis une petite phrase du ministère de la santé en novembre 2017, les magasins de vente de cannabidiol (CBD) ont explosé en France. Cela n’est pas un signe positif de l’époque. Derrière la profusion des magasins de vente de produits et de fleurs de CBD, molécule dérivée du cannabis, il y a la banalisation générale des drogues, la fuite en avant, la passivité intellectuelle…
Fin novembre 2017, le ministère de la santé affirmait que le CBD comme liquide de cigarette électronique était autorisé grâce à une « dérogation » à la législation. Il n’en fallait pas moins pour que les vendeurs de CBD s’engouffrent dans la brèche, sans que l’on sache si cette dérogation existe vraiment.
Résultat depuis 2018, les « shops » de CBD ont explosé partout en France et malgré de nombreuses perquisitions et gardes à vue, le commerce du chanvre « bien-être » continue de se développer. Cela a même permis au secteur de fonder un syndicat cette même année, le syndicat professionnel du chanvre (SPC), qui mène un travail d’assistance juridique auprès des entreprises incriminées et de lobbying auprès des parlementaires.
C’est que le secteur peut compter sur un flou juridique. Si les dispositions européennes autorisent la distribution des fleurs de chanvre à condition qu’elles contiennent moins de 0,2 % de tétrahydrocannabinol (THC), molécule psychotrope du cannabis, la législation française interdit strictement la vente des fleurs. Elle n’autorise l’utilisation des graines et des fibres qu’à la condition que la plante contiennent moins de 0,2 % de THC, et donc que les produits dérivés de la plante soit quant à eux sans aucune trace de cette substance psychotrope.
C’est dire qu’au point de vue strictement de la loi, la majorité des magasins de CBD en France sont en infraction, mais la disposition européenne leur garantie un espace de développement. D’ailleurs, c’est pour aligner la législation française sur celle européenne qu’une commission parlementaire d’information sur l’usage du cannabis est actuellement en cours au parlement.
Et vue le travail souterrain opéré par le lobby du CBD et les tribunes pro-légalisation du cannabis ces dernières années, il ne fait nul doute que les « shops » de CBD vont être autorisés par la loi dans peu de temps.
Mais alors, que cela change-t-il puisque les magasins existent déjà ? Cela fait tout bonnement sauter un verrou culturel et ce n’est pas rien. Pour l’instant, les dirigeants de magasins avancent à petit pas. Ils posent des jalons recevables par l’opinion publique. Le CBD, présenté comme une molécule de bien-être qui aiderait à se relaxer, à se détendre, passe beaucoup mieux que celui frontal de la légalisation totale du cannabis.
Mais à terme comment ne pas penser que le soit-disant inoffensif « CBD bien-être » n’entraîne pas la capitulation de l’opinion publique envers le cannabis ? Car derrière le « CBD bien-être », il y a tout de suite le cannabis thérapeutique, qui d’ailleurs forme une des principales revendications du syndicat du chanvre. Au Canada, au cannabis thérapeutique autorisé en 2016 a succédé dès 2018, la légalisation du cannabis récréatif.
Et comment peut-il en être autrement dans une société où les choses évoluent par la liberté du marché, sans aucun débat démocratique à la base ? A ce niveau, ce qui va se passer est simple. Les « shops » de CBD vont avoir un cadre légal et pouvoir diffuser encore plus librement des produits aux couleurs « fun », tournés vers les jeunes et stimulant l’imaginaire du fumeur de joint.
Comment ne pas penser à la mère de famille qui va passer devant un de ses « shops » et dont le fils va lui faire remarquer que le cannabis est légal en France ? Comment faire la différence entre le cannabis avec ou sans thc ? Les deux ont la même apparence, les deux ont la même odeur, les deux sont fumés de la même manière ! Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder quelques « produits » vendus dans des commerces actuels de CBD :
C’est de cette manière que, sur fond d’un laisser-aller généralisé, nous allons vivre dans les prochaines années la lente imposition du cannabis par la libéralisation commerciale, ce qui relève de tout sauf d’un débat démocratique et populaire. A moins que la brutalité de la crise économique soit l’électrochoc dans la classe ouvrière lui permettant de balayer les prétentions des semeurs d’illusions anti-luttes des classes…
Le libéralisme culturel et le conformisme à la société de consommation ont largement envahi la musique techno française, en particulier pour tout ce qui relève des « free parties ». Le fait que des dizaines d’événements sauvages soient organisés ces derniers jours dans le plus grand mépris pour toutes considérations sociales et sanitaires en dit très long à ce sujet.
Quelques jours avant le confinement en mars dernier, on apprenait que le collectif Heretik reportait en septembre une grande soirée, en présence de l’emblématique Manu Le Malin. Il s’agit si l’on peut dire de la crème de la scène techno à la française des années 1990 et 2000, avec les fameuses raves parties et toute une culture alternative allant avec, dont l’apogée est sans conteste l’événement devenu mythique de la piscine parisienne Molitor, alors désaffectée, en 2001.
Au regard des événements récents, la question se pose clairement de l’interprétation qu’il faut faire de ce slogan typique de cette scène. Car justement, la doctrine établie en France c’est le libéralisme et force est de constater que les « free parties » en sont devenues des postes avancés.
Le début du mois de juillet a été particulièrement chargé en la matière : en plus du grand événement tenu dans la Nièvre regroupant 5000 personnes, il y a eu 2000 personnes dans le bassin d’Arcachon, ainsi que des groupes de plusieurs centaines ici et là. De manière particulièrement marquante, il y a eu à Montreuil (Seine-Saint-Denis), à 10 jours d’intervalle, deux « teufs » au parc des Beaumonts. Ce parc se situe à deux pas des habitations, mais il est surtout… une réserve écologique pour les animaux, classée Natura 2000.
C’est un véritable scandale, une honte s’ajoutant au fait déjà honteux d’organiser un tel événement sans respect pour les mesures sanitaires. Les gens ayant fait cela devraient être conspués, dénoncés comme les pires avatars du capitalisme moderne dévastant tout, méprisant tout.
Au lieu de cela, on a en France une scène des « free parties » qui vit dans un mensonge permanent depuis au moins dix ans, en prétendant à une culture alternative, autonome, « libre », etc. En vérité, les « teufs » sont surtout des supermarchés de la drogue à ciel ouvert, avec des murs de son diffusant une techno toujours plus mauvaise, vulgaires, qui n’est qu’un strict équivalent inversé de « l’électro » insipide des radios commerciales.
En fait, pour trouver ce qu’il peut rester d’alternatif et de culturel dans la musique techno, il faut surtout se tourner vers les villes et les clubs, d’inspiration plutôt berlinoise. Il n’y est en général pas question de « changer le monde », mais on a au moins des gens sérieux, concernés, cohérents dans leurs valeurs.
On a de ce côté des personnes ayant cherché à mettre en place des choses pour ouvrir les dancefloors en respectant les enjeux sanitaires, sans non plus se ranger derrière les préoccupations uniquement commerciales des discothèques classiques. On peut toujours penser que c’était voué à l’échec par nature, et c’est d’ailleurs ce qu’a fait l’État qui refuse tout discussion à ce sujet. Cela a néanmoins du sens, et surtout une grande dignité.
C’est tout l’inverse de ces « free parties » décadentes, ouvertement tolérées par le gouvernement, qui est souvent au courant et ne fait pas grand-chose pour les empêcher.
Il faut dire qu’entre partisans du libéralisme et de l’individualisme forcené, on se comprend. C’est donc la « Ministre de la citoyenneté » qui s’est rendu sur place dans la Nièvre pour demander gentiment aux teufeurs de porter un masque…
Elle s’est félicité de la distribution de 3000 masques ainsi que de 6000 « bons pour être testé ».
C’est directement l’Agence régionale de santé qui a été dépêchée sur place pour organiser, cette même agence tant décriée depuis le début de la crise du covid-19 pour ses insuffisances. Les sapeur-pompiers chargés de la distribution expliquent alors :
« Les gens sont très contents qu’on leur donne ce bon. Ils prennent le papier, choisissent le laboratoire, et les résultats vont au médecin qu’ils veulent ».
Dans le même genre, on a la gendarmerie expliquant à la presse que des participants ont été « invités » à « passer une nuit de plus sur le site » en raison de leur état d’ébriété. C’est directement le colonel de Gendarmerie de la Nièvre qui précise ensuite, de manière particulièrement bienveillante :
« pour moi l’objectif recherché par la gendarmerie sera atteint si, mercredi matin, on se réveille sur le constat d’aucune victime sur la route ».
On a donc un État complètement débordé par la crise sanitaire depuis des mois, mais qui accompagne tranquillement des irresponsables anti-sociaux, méprisant totalement l’effort sanitaire du reste de la population.
Il ne faudrait pas croire ici qu’il s’agit de « jeunes » voulant simplement s’amuser et faisant une sorte de bêtise de jeunesse. Ces événements sont au contraire très organisés avec une logistique bien rodée, une coordination à grande échelle, des gens avec des talkies-walkies organisant sur place et des participants venant de très loin, y compris de Belgique, d’Italie, d’Espagne, et même d’Europe de l’Est, circulant pour beaucoup dans des camions aménagés tels de véritables camping-car.
Ces chiffres en disent très long sur l’état d’esprit de la « fête », particulièrement décadente :
200 verbalisations en raison de produits stupéfiants, une vingtaine de permis retirés pour conduite en état d’ivresse, 61 personnes admises au poste médical avancé, 11 évacuées à l’hôpital de Nevers dont 3 en urgence absolue…
Tout cela est un aspect du capitalisme, seulement un aspect du capitalisme, contrairement aux prétentions des « free parties » qui s’imaginent être une contre-société.
Le magazine L’Obs a publié une nouvelle tribune en faveur de la légalisation du cannabis. Les défenseurs de cette drogue reviennent à la charge après une proposition de loi l’an passé. Ils prennent cette fois le prétexte de la crise sanitaire, qui selon eux justifierait encore plus cette légalisation. L’appel a été publié le 18 juin, ce qui est une référence à l’appel du « 18 joints », parodiant l’appel du 18 juin du Général de Gaulle. Cet appel libéral date d’il y a bien longtemps puisque c’est en 1976 qu’il fut publié dans Libération puis repris dans les années 1990 et 2000 par le Collectif d’information et de recherche cannabique (CIRC).
Pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, un tel « combat » libéral et décadent pour la drogue est inacceptable, anti-populaire par nature. Telle n’est pas le cas de la fausse Gauche, vraie libérale et bourgeoise, qui a largement accompagné toute cette mouvance, se voulant alors contestataire. Dorénavant, ces gens sont rentrés dans le rang et c’est maintenant autour de la majorité présidentielle et du gouvernement que l’on retrouve le cœur de la dynamique en faveur du cannabis, qu’ils veulent voir intégrer au capitalisme légalement, et plus seulement de manière clandestine. Cela rapporterait même de l’argent à l’État et créerait des emplois !
Les arguments présentés dans la tribune reflètent extraordinairement bien l’approche de ces gens, qui est le stade ultime de l’individualisme et la pulvérisation de toutes considérations sociales, collectives, civilisationnelles. C’est, pour le dire en deux mots, franchement réactionnaire. Pour la Gauche historique au contraire, le vrai combat est de sauver la jeunesse de l’emprise de la drogue et d’écraser véritablement les réseaux mafieux la distribuant.
Voici la tribune :
« Après la crise du Covid-19, il faut légaliser le cannabis, vite ! »
En juin 2019, avec une vingtaine de députés, nous déposions une proposition de loi relative « à la légalisation contrôlée de la production, de la vente et de la consommation de cannabis » [PDF]. La même semaine, le Conseil d’analyse économique (CAE), think tank rattaché à Matignon, préconisait dans un rapport très documenté [PDF] la légalisation du cannabis récréatif et une tribune dans « l’Obs », signée par 70 médecins, économistes et élus nationaux et locaux, plaidait pour cette légalisation.
Ces initiatives pour la légalisation du cannabis dénoncent les effets contre-productifs de la politique prohibitionniste mise en place avec la loi de 1970 mais s’attachent surtout aux avantages de cette légalisation.
L’argument économique revient en force à l’heure où nous cherchons des milliards d’euros pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par le Covid-19. La légalisation permettrait en effet de faire rentrer chaque année dans les caisses de l’Etat entre 2 et 2,8 milliards d’euros et elle créerait entre 30 000 et 80 000 emplois, notamment dans le secteur agricole.
L’argument sécuritaire qui démontre que la légalisation permettrait de soulager les forces de police de plus de 120 000 interpellations par an pour simple usage et de plus d’un million d’heures de travail des forces de l’ordre est largement partagé. N’oublions pas que le coût de la répression par l’appareil policier et judiciaire est estimé entre 550 et 700 millions d’euros par an.
L’argument sanitaire qui place la protection de la jeunesse au cœur des politiques de prévention est tout aussi pertinent. Légaliser, c’est maîtriser la distribution du produit, sa composition tout en permettant de développer des vraies politiques de santé publique, de prévention et d’accompagnement à destination des usagers.
L’argument social ou sociétal, enfin, qui consiste à cesser de faire de la consommation de cannabis un problème judiciaire et un problème médical sans voir la banalisation du produit, la diversité de ses consommateurs, son ancrage dans la société et ses multiples usages. Il s’agit également d’être à l’écoute des évolutions des politiques publiques sur le sujet en s’inspirant des expériences conduites à travers le monde.
Développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays
La France devrait s’inspirer des modèles étrangers, en construisant une politique publique à la lumière de leurs forces et de leurs faiblesses. Le Canada, les Etats de Washington, de la Californie et du Colorado aux Etats-Unis, l’Uruguay, ou le Portugal, représentent des expériences diverses et une formidable opportunité afin de développer une approche pragmatique et adaptée à notre pays. On ne peut ignorer les profonds changements en cours à l’international comme au sein de l’Union européenne : récemment le Luxembourg et Israël ont déclaré vouloir avancer vers des processus de légalisation du cannabis.
Il est plus que jamais nécessaire que nous puissions avancer sur des fondements objectifs, notamment via la mission d’information à l’Assemblée nationale, d’autant plus que la crise du Covid-19 a posé la question de la dépendance et du rôle du cannabis en période de confinement et de crise sanitaire.
Une enquête inédite CANNAVID pilotée par les associations marseillaises Bus 31/32 et Plus Belle La Nuit, en partenariat avec l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), lancée fin avril, s’est intéressée aux conséquences du confinement sur les usages, les pratiques et la santé des consommateurs réguliers de cannabis. Les résultats indiquent une augmentation sensible de la consommation avec des motivations très largement thérapeutiques ou d’automédication liée au stress, aux insomnies, à la douleur. Pour beaucoup, le confinement est resté une douloureuse épreuve que le cannabis est parvenu à soulager.
Les services de police soulignent que la logistique des trafics s’est réinventée pour faire face à la crise. Ni la prohibition ni le confinement n’ont eu d’effet sur la consommation. Demain, la logistique des trafics s’organisera aussi en fonction des nouvelles frontières de la légalisation.
On fera du marché noir en France tandis qu’on pourra aller s’approvisionner sans contrainte au Luxembourg qui va devenir le premier pays européen à légaliser la culture, le commerce et la consommation du cannabis à usage récréatif. L’absurdité de notre système est avérée.
La légalisation du cannabis à échéance 2021 contribuerait donc à sécuriser l’ensemble de la population sur un plan sanitaire et les consommateurs en premier.
Mais avant de légaliser il s’agit très vite de dépénaliser l’usage tout en permettant un réel débat public. Dépénaliser comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens serait sans doute un signe fort et responsable vis-à-vis des millions de Français qui consomment et en ont assez qu’on ne les considère que comme des malades ou des délinquants.
LES SIGNATAIRES
François-Michel LAMBERT député et coprésident de LEF (Liberté écologie fraternité) ; Caroline JANVIER, députée LREM ; Jean-Luc BENNAHMIAS, membre du CESE (Conseil économique social et environnemental) et ancien député européen ; Sylvia PINEL, députée PRG ; Guillaume CHICHE, député ; Aurelien Taché, député ; Delphine BAGARRY, députée ; Sébastien NADOT, député MDP (Mouvement des progressistes) ; Jean Lassalle, député ; Michèle VICTORY, députée PS ; Loïc PRUD’HOMME, Député LFI ; Esther BENBASSA, sénatrice EELV ; Olivier CADIC, sénateur UDI ; Frédérique DUMAS, députée ; Jean-Michel CLEMENT, député ; Valérie PETIT, députée ; Hubert JULIEN-LAFERRIERE, député ; Annie CHAPELLIER, députée ; Moetai BROTHERSON, député Tavini huiraatira ; Sonia KRIMI, députée LREM ; Guillaume GONTARD, sénateur ; Joël GIRAUD, député LREM ; Gil AVEROUS, Maire de Châteauroux, LR ; Jean-Luc ROMERO, Conseil Régional IdF, Président de l’ADMD (Association droit de mourir dans la dignité) ; Olivia HICKS, 1er adjoint au Maire de Paris 2eme, EELV ; Stéphane GATIGNON, ancien Maire de SEVRAN ; Gaspard KOENIG, Philosophe et Fondateur de Génération Libre ; Dr Béatrice STAMBUL, psychiatre, Présidente d’honneur d’AFR (Association française réduction des risques) ; Martin VICTOR, chargé de projet RDR BUS 31/32 ; Robert J. GARY-BOBO, membre CREST ENSAE (Centre de recherche en économie et statistique) ; Benoît VAN DERMAEUSEN, 1er Vice-Président JAP coordinateur ; Bénédicte DESFORGES, Collectif Police contre la Prohibition ; Khalid TINASTI, secretaire général de la commission mondiale pour la politique des drogues ; Henri BERGERON, directeur recherches au CNRS ; Dr Aurélie TINLAND, psychiatre ; Dr Michèle BOURELLY, docteur en Pharmacie ; Sandra LA BERTHE, coordinatrice RESAD84 ; Dr William LOWENSTEIN, Président SOS addiction ; Jean-Pierre CECCALDI, Fondateur Magazine le Cannabiste ; Catherine AUMOND Professeur ; Michel KAZATCHKINE, membre commission mondiale pour la politique des drogues ; Renaud COLSON, enseignant chercheur ; Farid GHEHIOUECHE Porte-Parole de Cannabis sans frontières ; Florian CLARTE ; Tom DECORTE Institute For Social Drug Research ; Stéphane MONTIGNY, Président AIDES Paca ; Anne COPEL, GRECC (Groupe de recherche et d’études cliniques sur les cannabidoïdes) ; Dr Christian SUEUR, GRECC ; Nicolas BONNET, GRECC ; Dr Olivier BAGNIS, Médecin Référent du CSAPA (centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) des Baumettes ; Dr Eric MALBOS, psychiatre ; Dr Guillaume BAYET ; Dr Muriel GREGOIRE, Addictologue ; Dr Rodolphe INGOLD, GRECC ; Fabrice RIZZOLI, Président de CRIM’HALT ; Dr Laurent GOURARIER, Psychiatre ; Pierre CHAPPARD, Membre de psychoactifs ; Fabienne LOPEZ, Principe Actif ; Le CIRC – Le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique »
Moby vient de sortir un album et c’est toujours l’occasion de saluer cette figure musicale, culturelle, politique. Il a réussi à maintenir une profonde cohérence, des valeurs sérieuses tout en cherchant autant que possible à éviter toute forme de corruption.
Moby a sorti son 17e album et on aurait tort de le juger selon des critères traditionnels. Moby ne prétend pas à la nouveauté et il n’est pas là pour étaler son ego. Il aurait pu aisément mener une carrière commerciale, mais il a réussi à maintenir son intégrité punk initiale. L’un de ses coups marquants a été, après l’important succès de l’album Everything Is Wrong en 1995, la sortie l’année d’après d’un album d’alternative rock au son parfois carrément abrasif, sur une base punk ou hardcore, Animal rights.
Sa carrière commerciale fut torpillée, mais lui s’en moqua très clairement. C’était une question d’intégrité. Il considère d’ailleurs Animal rights comme son meilleur album. Et l’album suivant, Play, avec un retour à la musique électronique fut son plus grand succès. Là les choses se passèrent mal : il sombra dans la décadence. Drogues, alcool, coucheries, jusqu’à l’implosion. Qu’à cela ne tienne, assumant le combat et la rupture, il vit désormais dans un trois pièces, rejetant ce passé corrompu.
Car, de quel « succès » parle-t-on ? Moby est l’un des nôtres. Lui, qui a désormais « vegan for life » de tatoué sur le cou, a distribué ces dix dernières années la quasi totalité de son argent gagné à des associations, notamment en faveur des animaux. On ne peut pas le juger selon des critères propres au capitalisme et il en va de même pour son dernier album.
Si demain il y avait le Socialisme et qu’on confisquait ses richesses, en admettant qu’il en ait réellement, il dirait : ah, cool. Et il faut bien faire attention : Moby ne vient pas de la petite-bourgeoisie intellectuelle. Il vient des couches populaires. Il a même vécu à un moment dans une usine à moitié abandonnée, sans eau courante mais avec l’électricité gratuite, lui permettant d’élaborer de la musique électronique après qu’il ait participé à la scène punk hardcore.
Il n’a d’ailleurs jamais pu s’entendre avec les « majors » de l’industrie musicale ni tous les escrocs de ce milieu et finalement il est bien content d’être un énorme travailleur produisant énormément de choses, faisant de la « méditation », « déçu » d’être hétéro mais ne passant pas pour autant dans les délires postmodernes. Il est à la frontière : son difficile parcours et ses racines, tant alternatives que populaires, en font quelqu’un d’ancré dans le réel. Il faut dire que le véganisme ne pardonne pas niveau ancrage dans le réel, surtout quand on l’est comme lui depuis 1997.
Sur son compte Twitter, Moby se définit comme « un amoureux de l’ALF »et il est d’ailleurs évidemment également straight edge, avec VX (pour vegan straight edge) tatoué à côté de son œil droit. Il a un regard très critique sur ses errements passés à la suite du succès de l’album Play et dans une interview au JDD à l’occasion du nouvel album, il raconte avoir rencontré Donald Trump « à plusieurs reprises quand [il vivait] à New York durant [ses] années décadentes ».
Tout cela pour dire qu’il est un personnage terriblement sympathique, à rebours des beaufs et Dieu sait s’il y en a en France et aux États-Unis. Ce qui amène la question : pourquoi n’y a-t-il pas plus de Moby ? Et puis où sont tous nos Moby français ? Il faut dire ici que les Français considèrent la viande, l’alcool et les coucheries comme un haut niveau de civilisation, ce qui fait qu’on est évidemment très loin du compte.
On ne doit pas s’étonner que le nouvel album, All visible objects, a ainsi une approche assez recherchée. Musicalement, c’est en quelque sorte un retour de la fin des années 1980, avec ce son des début de la musique électronique, dont Voodoo Ray d’A guy called Gerald fut un sacré emblème. On est dans cet esprit mêlant sonorités house, dub, revendication d’universalisme et de paix, avec des nappes électroniques ambiantes.
C’est un choix esthétique de Moby, sa contribution. Il est conscient que la fin des années 1980, dont il explique être nostalgique avec « 10 000 autres ravers », portait dans la musique électronique une énorme volonté de changement, avec une profonde dimension existentielle. Ce qui s’est déroulé en Grande-Bretagne a été énorme, d’une ampleur formidable, malheureusement anéantie par les drogues. La techno assumait l’universalisme, la modernité technologique, le fait de vivre en paix, de vouloir l’harmonie avec la planète. C’est avec cela que Moby appelle à renouer. Et il a raison.
Jeudi 20 février, Édouard Philippe, en déplacement dans les Vosges a annoncé, pour la deuxième fois (la première étant en septembre 2019 lors de « l’agenda rural »), la mise en place de 10 000 nouvelles licences IV, c’est-à-dire d’autorisation de débit d’alcool dans les villages ayant perdu leur bistrot, afin de lutter contre la morosité dans les campagnes.
C’est glaçant de voir qu’en France cela ne pose pas de problème de dire que la vie sociale va de paire avec l’alcool.
Du point de vue d’un citadin quelconque, qui n’a jamais traîné dans un bar de village (type PMU), évidemment l’idée d’amener un petit bistrot, cela paraît sympa. On se dit que ça peut être un endroit où écouter de la musique, où rencontrer de nouvelles personnes, où trouver l’amour, où exposer de l’art et d’autres choses encore…Bref, un bar à la campagne, ce serait contrer l’ennui et la morosité.
On a là toute l’approche d’une bourgeoisie libérale qui voit la culture rurale dans les bistrots comme elle voit la « lutte des classes » dans le mouvement des gilets jaunes. La campagne ce serait de manière immuable le combo beauf-chasseur-bistrot.
Mais il suffit de ré-écouter « demain c’est trop tard » de MC Circulaire pour comprendre comment la jeunesse populaire des campagnes évite ces bistrots, voir même les fuit comme un résidu folklorique. Dans les années 1990 – 2000, l’arrivée des free party furent un temps l’expression d’un besoin de culture avec le progrès technologique comme outil, pour rompre avec des mentalités qui ne changent pas.
Dans les campagnes et les zones péri-urbaines, l’alcool, et les drogues en général, participent à un long naufrage social, culturel. C’est justement dans les villages, où l’alcool est un faux frère emportant amis et familles dans des accidents de la route, qu’il faut fermer les vannes. Le quotidien est morose c’est ainsi, le bistrot n’y changera rien.
Dans ce genre de bar, pas de concerts, il y a la radio ou les clips à la télé, de toute façon, ça ferme à 20h car il faut ouvrir à l’aube pour ceux qui prennent le premier verre avant le travail. Dans ce genre de bar, pas de rencontre, on connaît déjà tout le monde ! Et puis les femmes n’aiment pas trop y traîner car les hommes y sont pesants. Celles qui y traînent, on leur refait leur réputation.
Le murmure des ragots, c’est aussi ça l’ambiance « bistrot » des campagnes, ça comble le vide. Il n’en faut pas plus pour pousser à s’en aller pour la jeunesse moderne qui veut s’épanouir.
Or, la culture « bistrot » fait partie d’un dispositif de maintien des mentalités conservatrices dans le cœur du pays. En faisant une telle annonce à quelques semaines des élections municipales, Édouard Philippe joue là sa carte de ralliement des esprits les plus rétrogrades et montre par là-même que le libéralisme des villes renforce l’arriération réactionnaire des campagnes. Le retro-pédalage de l’Etat concernant la campagne du mois sans alcool est aussi révélateur.
Ce qui sauverait le village, ce serait des services publics, qu’une association se monte proposant des choses qui changent, un petit festival pendant l’été, un café bibliothèque avec des concerts divers et variés. Ce serait que la jeunesse refuse d’avoir à choisir entre passivité au village ou consommation à la ville, pour mettre en œuvre ce dont elle a besoin.
Il est donc de la responsabilité de la gauche dans les milieux ruraux d’assumer son rôle de vecteur d’élévation culturelle. Car si la question des services publics appartient à l’état, la culture, l’enrichissement moral ne peut venir d’en haut, il est un produit des bases se mettant en mouvement pour changer la vie.