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La nature de la DZ Mafia

La violence terrible de la DZ Mafia est une expression du cannibalisme social propre à la crise. Voici des informations tout à fait nécessaires pour comprendre cette nature. On peut, pour simplifier, parler de « mexicanisation », mais le terme est impropre bien sûr, car il attribue à un pays quelque chose de foncièrement négatif. Il faut mieux parler de cartel, et la DZ mafia est un exemple de cartel en devenir, comme nous l’avons dit ici.

C’est un phénomène inéluctable, si ce n’est pas la DZ mafia, ça en sera d’autres. Seul un État démocratique et populaire peut avoir la dimension (culturelle, sociale…), l’ampleur (populaire!) et la violence (démocratique, avec des camps de travail!) pour faire face au développement des cartels. Il suffit de regarder aux États-Unis, où il y a des mafias et des gangs partout, et où 2,2 millions de personnes sont en prison (soit pratiquement 1% de la population).

L’origine

La DZ Mafia est à l’origine un petit groupe faisant du trafic de drogues, comme il y en a un nombre très important. Commencée en 2010, l’activité a amené à affronter des groupes voisins et concurrents, avec une certaine violence propre à l’environnement marseillais.

Le facteur-clef fut néanmoins le confinement. Les ventes de drogue de la cité de la Paternelle, la base de la DZ Mafia, ont en effet explosé à ce moment-là. On parle de jusqu’à 100 000 euros de vente par jour.

Des logements du complexe de la Paternelle

La Paternelle, ce sont 184 logements, relativement récents puisque de 1983, et on est non loin de la mer… Quel désastre !

Il faut savoir ici qu’en janvier 2024, les quatre points de deal ont été définitivement fermés, après… deux ans d’activités policières ! Au début de l’année, les commentaires bourgeois étaient triomphalistes… Quelques mois plus tard, il fallait s’apercevoir que la DZ Mafia avait changé de dimension.

Le rôle initial

La DZ Mafia a profité de sa manne financière pour employer massivement des jeunes. Grosso modo, la grande majorité à moins de 21 ans, voire même peut être mineur. La DZ Mafia est ici très connue pour avoir joué les rôles de « semi-grossistes ». Ils proposent d’acheminer les drogues, ils proposent du personnel, etc.

On parle ici des choufs (c’est-à-dire les guetteurs), des charbonneurs (c’est-à-dire les vendeurs), des ravitailleurs… Mais également des tireurs, et c’est cela qui a terriblement marqué la police et l’opinion publique. Les règlements de compte sont facilités, en raison de l’ « uberisation » du phénomène.

C’est de cette manière que la DZ Mafia a éliminé un concurrent, le « Clan Yoda », avec un bilan de 35 morts. Et dans son élan, il a pu étaler ses activités.

La rupture et l’idéologie des cartels

La DZ Mafia a initialement à sa tête Abdelatif Mehdi Laribi « Tic ». Celui-ci s’est mis de côté ou a été mis de côté, ne suivant pas la ligne des assassinats en série.

C’est là où on retrouve trois dirigeants nouveau qui sont… en prison! La DZ Mafia est dirigée depuis la prison, ce qui révèle l’incroyable faillite de l’État, entre faiblesse et corruption. Ces gens utilisent leurs téléphones portables pour gérer et commanditer des assassinats, l’État le sait mais ne peut rien faire. Quelle faillite !

Le profil des trois nouveaux dirigeants reflète naturellement l’époque. Amine O. est le produit de son environnement : adolescent braqueur dans la cité des Micocouliers à Marseille, il a tenté l’aventure en procédant à de multiples actions de tête brûlée pour éliminer ses concurrents. Son succès fait qu’outre son surnom « Mamine », il se fait appeler également « Jalisco » ou « Nemesio », une référence à Nemesio Oseguera Cervantes, le dirigeant du cartel mexicain Cártel de Jalisco Nueva Generación.

On a la même histoire pour Gabriel O., du quartier de la Visitation à Marseille, avec le passage du braquage au rôle de « sicaire ». Ces deux figures rentrent en pratique dans l’histoire du crime comme les premiers à avoir franchi et effacé la frontière allant du braquage à la liquidation ciblée.

Il faut alors mentionner Medhi Laribi, dans la DZ Mafia depuis le début, dont le surnom est « la Brute ». C’est lui qui a accompagné et porté le processus transformant la DZ Mafia. Lui aussi apparaît historiquement comme le premier gérant de ventes de drogues systématisant son activité dans une logique d’expansion capitaliste.

L’aventure humaine criminelle

Ce n’est pas le lieu de philosopher, mais il faut bien noter tout de même qu’à moins de caricaturer les criminels de la DZ Mafia, il faut bien voir qu’ils ont une nature « dynamique ». Ce n’est pas la bonne « dynamique », car au lieu du Socialisme, ils veulent réactiver un mode de vie clanique propre à l’époque esclavagiste.

Néanmoins, ils expriment une situation de crise, ce ne sont pas simplement des « vilains » avec prétendument des gènes criminels. Au sens strict, ce sont des capitalistes tellement modernes et efficaces… Qu’ils en reviennent à l’époque où esclavagiser l’autre était le moyen de pouvoir vivre convenablement.

Le nombre

La DZ Mafia concerne environ 1 000 personnes, un chiffre qui ne veut pas dire grand chose de par les ramifications. Ce sont uniquement des hommes, bien entendu, puisque la dimension patriarcale est omniprésente. La DZ Mafia a un nom faisant référence, rappelons le, à l’Algérie (Djazaïr, DZ), un pays du tiers-monde, portant par conséquent une vaste dimension semi-féodale.

Sans cet arrière-plan, il n’y aurait pas pu avoir de passage au mode « cartel » fonctionnant selon les principes du cannibalisme social. Et de manière intéressante, c’est l’ombre inversée de la tentative de l’Algérie de s’en sortir en trouvant un moyen de développement au moyen des BRICS et de l’affirmation du tiers-monde.

La localisation

Il est considéré que la DZ Mafia s’appuie sur une centaine de pôles dans le pays. On est principalement en région PACA, mais cela commence à irradier. Le noyau dur, c’est Marseille, puis vient une zone avec Arles, Valence, Avignon et Nîmes. Il fut ajouter Dijon et Toulouse.

Le mode opératoire

Il est arrivé que la DZ mafia mène un assassinat, puis incendie le cadavre, pour filmer la scène, la diffuser sur les réseaux sociaux avec un avertissement : « Voici la dernière étape pour les suceurs qui voudront attaquer le pain de la DZ Mafia ».

Il y a également un incendie criminel du domicile d’un agent pénitentiaire, des sévices sexuels commis sur quelqu’un en prison…

C’est la logique des cartels et on connaît la suite : corruption d’agents des institutions (le processus semble déjà avoir commencé), élimination spécifique (journalistes, magistrats…), terreur locale, mise en place d’élus soumis…

Une mafia n’est jamais loin de tout cela, mais c’est différent.

Un cartel n’est pas une mafia

Il faut bien cerner la différence avec ce qu’est une mafia. Une mafia aime l’obscurité, elle fait toujours des accords avec l’appareil d’État à un moment donné. C’est un super-parasite reconnu et accepté à un moment donné. Une mafia est acceptée socialement, elle est quasi intégrée au panorama et ne forme pas, toutes proportions gardées, une réalité à part. Il suffit de penser à la situation italienne.

Un cartel est présent, par contre, à côté de la population. Il y a des rapports cartel – population, mais ils ne sont pas « organiques ». Au point que les cartels peuvent « prélever » des forces dans la population, surtout des jeunes femmes pour les prostituer, ou bien des jeunes hommes pour les faire travailler dans les laboratoires de drogue.

Pour simplifier : une mafia est un reste féodal qui doit sa réalité à des conditions historiques précises. Un cartel est une réactivation de l’esclavagisme.

Le prestige international

Il est affirmé que la DZ mafia est parvenu à tisser des liens avec la ’Ndrangheta italienne et des criminels très brutaux de la Mocro Maffia des Pays-Bas. Si c’est bien le cas, on ne s’en sortira plus. Même si la DZ Mafia devait s’affaiblir, il y aurait un renforcement par des forces extérieures, pour profiter du terrain conquis.

Surtout que la DZ Mafia est parvenu à se connecter aux réseaux du port du Havre, le pont nécessaire avec l’Amérique.

La solution

Il n’y a qu’une seule solution face à la DZ Mafia, face au cannibalisme social : le Socialisme. Pour trois raisons :

  • seule une centralisation de l’économie permet d’éviter le foisonnement des activités illégales parasitaires, en instaurant des normes, des régulations, un cadre, une surveillance, et au moyen de principaux leviers économiques nationalisés ;
  • seule la valorisation de comportements positifs, culturels, populaires, artistiques peut étouffer la fuite en avant dans le cynisme, l’égoïsme, la logique criminelle ;
  • seul un État s’appuyant sur les masses peut briser des appareils criminels développés et est en mesure d’instaurer des camps de travail pour rééduquer le éléments anti-sociaux.

Tout autre perspective est vaine. Il faut que les masses le comprenne avant la catastrophe, car le comprendre après la catastrophe rend les choses bien plus dures, comme on le sait.

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L’horreur du type narcos à Marseille début octobre

Cinquante coups de couteaux et brûlé vif, un conducteur de VTC assassiné par un tueur à gages de… 14 ans : ce qui s’est passé à Marseille début octobre témoigne de l’escalade de la violence. Le nihilisme accompagne la décadence de la France. Les gens croient vivre dans une société post-industrielle et se noient dans la société de consommation, il n’y a plus aucune valeur, ni même de définition (ni homme, ni femme disent-ils), et l’art lui-même se dissout entièrement dans le vide de l’art contemporain. C’est l’effondrement et de là naissent les monstres.

Nous insistons lourdement sur cette question. Nous sommes le seul média à gauche à parler de la question du narco-trafic et à expliquer que c’est une menace fondamentale qui ne cesse de grandir. C’est que nous avons compris que la société française est en décadence, et nous voulons une nouvelle humanité. Tous les autres se complaisent dans une grande tolérance aux drogues, et même aux traffics. Si vous voulez que les choses changent, il faut suivre notre ligne et porter la rupture avec les valeurs décadentes. Il faut assumer le rouge du Socialisme, et ne pas faire dans la demi-mesure!

Car la France subit les assauts des cartels, les « faits divers » s’accumulent comme ces jeunes trouvés par la police à Grenoble armés d’une kalashnikov sur une trottinette. Il faut lire l’appel des magistrats mexicains de mai 2024, alertant sur la situation française. Quant aux événements de Marseille, voici comment la Provence décrit très précisément les faits.

« Les premières investigations menées par la DCOS (ex-PJ) marseillaises, ont déterminé que la victime de 15 ans avait été recrutée via les réseaux sociaux par un détenu de 23 ans depuis la prison de Luynes.

Ce dernier avait confié pour mission à l’adolescent, équipé d’une arme de poing, de se rendre dans la cité Félix-Pyat pour tirer dans la porte de l’appartement d’un co-détenu supposé appartenir au clan adverse, et la brûler.

Sa « mission d’intimidation » devait être rémunérée 2 000€. Mais il avait été surpris dans la cage d’escalier par un groupe de personnes, fouillé et désarmé.

Vers 2h du matin le 2 octobre, son corps avait été retrouvé dans la cité de Fonscolombes (3e), en flammes. L’autopsie a montré que la victime avait été lardée « d’une cinquantaine de coups de couteau« , avant d’être brûlée vive.

Le détenu de Luynes, considérant qu’on avait « tué un de ses jeunes, pour une question d’honneur », aurait alors recruté, toujours depuis sa cellule via les réseaux sociaux, un nouvel adolescent pour venger la mort du premier par un assassinat, cette fois, qui devait être rémunéré 50 000€.

Amenée en taxi du Vaucluse, cette nouvelle recrue d’origine nîmoise a été armée d’un pistolet 357 Magnum et a commandé un VTC via l’application Bolt, accompagnée d’un ami du même âge.

Nessim Ramdane, qui s’était lancé depuis quelques semaines dans cette activité de VTC pour nourrir sa famille, les a alors embarqués pour la course. En chemin, apercevant un homme qu’il pensait être sa cible, le jeune tueur à gages aurait exigé du chauffeur qu’il s’arrête, avant de lui tirer une balle à l’arrière du crâne devant son refus. »

Le jeune assassiné, âgé de 37 ans, était marié et père de trois enfants. Il avait trois emplois pour tenir le coup économiquement. Et il a été assassiné par un cannibale social. C’est précisément le concept que nous mettons en avant et nous appelons à faire de même : c’est de cannibalisme dont il s’agit.

La mort du conducteur, dénommé Nessim Ramdane, rappelle immanquablement celle de Lilian Dejean. Ce sont les innocents qui tombent, dans l’indifférence endurcie du côté du porteur du crime.

Un crime qui relève de toute une culture, de toute une couche sociale. Le lumpenproletariat est solidement installé, il forme la base du narco-trafic. Le jeune qui a tué Nessim Ramdane a des parents criminels, ils sont incarcérés pour trafic de stupéfiants ; lui-même était placé par les services sociaux depuis l’âge de neuf ans.

Voilà ce que produit le capitalisme en crise. Ce n’est plus seulement du conditionnement d’un milieu ambiant, du type cité, dont on parle, mais de tout un environnement. D’où d’ailleurs l’insistance de plus en plus grande sur la dimension « clanique » du narco-trafic. C’est un retour en arrière dans l’Histoire!

Voilà pourquoi il faut aller au Socialisme, voilà pourquoi il faut rompre avec ce monde pourrissant, qui sombre dans la crise générale et qui se précipite vers la troisième guerre mondiale !

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La France subit les assauts des cartels

« Jeunes, ultraviolents et millionnaires » : tel est le titre d’un documentaire d’Enquête exclusive de la chaîne M6, avec une présentation racoleuse et fascinée, la journaliste s’empressant de dire que les assassins en question ont toujours été « respectueux ». Le thème, c’est bien entendu la violence meurtrière de nos narcos à nous, qui se développent massivement à Marseille. Leurs affrontement internes ont fait 49 morts en 2023.

C’est une situation à la mexicaine. Pour prendre un exemple parallèle, en septembre 2024, une ville mexicaine d’un million de personnes, Culiacan, est paralysée par des affrontements entre cartels. Pas d’écoles, les rues vidées, des commerces fermés massivement, etc. Car les narcos frappent avec violence, malgré leur petit nombre. Les assassinats inter-groupes débordent régulièrement sur la population, avec des viols, des meurtres, des massacres, des incendies, des destructions de bâtiments.

Le phénomène se produit de manière récurrente au Mexique et qui s’y intéresse peut lire une description terrible dans le roman d’Eduardo Antonio Parra, El Edén. C’est une retranscription romancée du massacre dans la ville d’Allende en 2011. Il n’y a jamais eu de procès ni même de poursuites pour ces crimes.

On y va en droite ligne pour la France. Car là où les cartels se développent, ils rentrent en concurrence, et ils s’affrontent, s’auto-nourrissant les uns les autres. C’est le sens de la fusillade mortelle visant l’entourage du rappeur Marseillais SCH à la Grande-Motte, près de Montpellier, fin août 2024. L’arrière-plan est flou : règlement de comptes, tentatives d’extorsion. Mais ce qu’il faut bien saisir, c’est qu’il y a tout un arrière-plan, un terreau qui est celui du cannibalisme social.

Cela fait d’ailleurs plus de 4 mois pendant lesquels l’État n’a toujours pas mis la main sur Mohammed Amra et les assassins des agents pénitentiaires du péage d’Ircanville. Pourtant, l’État a mobilisé à ses débuts plus de 600 policiers pour la traque du fugitif. Depuis, on est revenu à une trentaine avec comme unique recours un appel à témoignage public, plusieurs mois après cette opération mafieuse dont on ne sait pas la nature véritable.

Mais il court justement toujours l’hypothèse comme quoi l’évènement du 14 mai 2024 ne fut pas une évasion, mais une attaque d’un gang rival en vue d’éliminer directement Mohammed Amra après l’avoir récupéré pour obtenir des informations. Si un tel scénario est vérifié, et même finalement si l’attaque assassine visait à le libérer à l’arme lourde, alors il est clair que la France s’oriente à grande vitesse vers la situation à la mexicaine comme cela avait été souligné par des juges mexicains eux-mêmes en visite en France.

Toute cette affaire en dit long sur la déliquescence générale de l’État emporté par la moisissure du capitalisme. Voilà un des aspects qui n’est pas mis en avant par le rapport fort détaillé du Sénat publié en mai 2024, quelques jours avant l’opération mafieuse ultra-violente contre des fourgons de l’administration pénitentiaire au péage d’Ircanville pour intercepter Mohammed Amra.

La ligne rouge du rapport reste confiné aux perspectives de la bourgeoisie : celle de changer de perspective de lutte contre la narcotrafic, la faisant passer d’une lutte contre une criminalité à une lutte contre « les intérêts fondamentaux de la nation ».

Sauf que la nation est elle-même en plein craquage, emportée par un capitalisme pourrissant dont le trafic de drogue est, précisément comme le remarque le rapport, l’expression d’un « turbo-capitalisme ». Le stade ultime du capitalisme, c’est la perte de tout rapport sensible d’avec la réalité et il y a là un équivalent strict entre l’art contemporain, les lubies LGBTQIA+ et la petite main du deal recrutée sur Snapchat, Tik-tok ou Instagram.

Le petit détaillant qui parvient à grimper dans la hiérarchie de son entreprise – son réseau criminel – peut ensuite aisément planifier corruption d’agents publics, assassinats de concurrents ou de personnes dérangeantes, dans une ambiance ultra-individualiste sans connexion avec le réel tel un joueur de jeu vidéo.

Et l’État lui-même produit de cette ambiance ne prend pas la mesure d’une réalité qui enfante dorénavant des figures du trafic dont le caractère anti-social est porté à son paroxysme. Le meurtre au pistolet de Lilian Dejean à Grenoble par un conducteur en fuite en est un des derniers exemples.

Car rien n’est isolé de rien et l’ampleur du trafic de drogue émerge d’une situation générale. À commencer par « la question sociale », où des pans du prolétariat ayant basculé durement et durablement dans le lumpenprolétariat constituent une strate sociale disponible sur le temps long pour réaliser les profits de businessmens.

Ceux-ci vivent le plus souvent dans des pays de la décadence à moitié moyen-âgeuse, à moitié capitaliste tentaculaire, à l’instar de Dubaï. Et c’est une strate sociale d’autant plus disponible qu’elle a généré toute une culture de valorisation de l’idéal gangster, équivalent pour les couches ultra-paupérisées de la figure capitaliste.

Scarface : un film de 1983 qui est le classique de l’idéologie du banditisme (où le bandit « part de rien »), et est d’ailleurs un remake d’un film de 1932 du même titre fondé sur la vie du criminel Al Capone

C’est le règne du morbide dans une société qui a de toute manière viré dans le glauque au mépris de toutes les considérations morales. Car l’explosion des trafics résulte d’une augmentation de l’offre de production, notamment par les ateliers de drogue de synthèse tout autant que de cocaïne en Amérique du sud, avec une explosion de la demande.

Une demande qui s’épanouit dans un turbo-capitalisme qui vend la fête à coups de pilules et de substances psychoactives comme la perspective ultime de la survie existentielle dans un monde pourri. Pareillement que les dealers, les consommateurs acceptent de suivre les préceptes d’une « happycratie » qui se moque entièrement des conséquences macabres et esclavagistes du « moment récréatif ».

La France s’est mise sur un mode où le faux-bonheur psychoactif répond aux vrais trafics lugubres, tout cela dans un contexte de personnalités zombies qui ont perdu pied avec la réalité car ayant refusé tout engagement moral. Le jeu vidéo GTA devient réalité, chaque jour un peu plus, si ce n’est en pratique au moins dans les têtes.

Pour s’en sortir, la France a besoin d’un retour fracassant d’une lutte de classe prolétarienne. Une classe qui porte l’ordre, et la violence pour la maintenir. Une classe qui a besoin de se rééduquer dans un nouveau moule éthique, mais qui y a justement tout intérêt, au moins pour ne pas être victime du cannibalisme social emportant la société.

Il y a besoin d’une tempête de feu qui éradique un capitalisme en crise qui mène au cannibalisme social et à la fuite irrationnelle !

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Des magistrats mexicains alarment sur les narcos français

La France a toujours connu des mafias, mais historiquement elles sont issues d’expression féodale, puisant dans les parcours italien et Corse. On parle ainsi de gens avec un « code », s’imaginant des « bandits d’honneur ». Vivre dans un monde parallèle était assumé, les magouilles échappaient au grand public, s’agitant dans le monde souterrain du crime ou celui de la corruption des municipalités (Lyon notamment).

Comme la France est toutefois en plein effondrement de par l’épuisement de son capitalisme, on assiste à l’affirmation d’une génération nihiliste de criminels. Depuis vingt ans déjà, les bandits « à l’ancienne » reproche aux jeunes des banlieues adoptant un parcours criminel de n’avoir aucune éthique. Mais ces dernières années ont émergé des jeunes adolescents devenant tueurs à gages, des « sicarios » à la mode mexicaine. Quelques billets, une arme et l’adolescent est prêt à ôter une vie comme on vole un téléphone.

Une délégation mexicaine était à Paris justement et le parquet de Paris a relayé ce communiqué. Car lorsque l’État s’effondre en raison de la crise, il est pris d’assaut par des forces cannibales. C’est là où on voit que si les masses populaires ne mettent pas en place un nouvel État, un nouvel ordre, on va se retrouver dans une situation catastrophique. C’est ou le peuple en armes, ou les bandits en armes.

« NARCOTRAFIC – VISITE DE LA DELEGATION MEXICAINE – MAI 2024  

Frederic LE POLLOZEC, Attaché de Sécurité Intérieure au Mexique Felipe de Jesús GALLO GUTIERREZ, Chef de l’agence d’enquête criminelle du bureau du procureur général fédéral Maria Fernanda Perez Galindo, Directrice générale de la coopération internationale – Bureau du procureur de la République (FGR) Ernesto Alejandro VADILLO TRUEBA, Directeur général des enquêtes douanières – Agence nationale des douanes du Mexique (ANAM)

Ont rendu visite au parquet de Paris et aux magistrats de la JUNALCO – Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (visite organisée par la DAEI et la DCIS).

La délégation mexicaine a passé un message d’alarme à l’attention de leurs homologues français, appelant à prendre des mesures en urgence avant de se trouver dans une situation aussi grave qu’au Mexique.

Selon ces professionnels, la France est à un seuil pour prendre des mesures et ne pas commettre les mêmes erreurs.

« Les crimes organisés s’internationalisent, se globalisent. Nos systèmes pénaux garantissent les droits et libertés des personnes, mais il faudrait aussi organiser la manière de travailler contre le crime organisé ».

« Au Mexique, il y a des menaces de mort, qui se traduisent par des actes, cela modifie la manière de travailler : il faut protéger les magistrats ».

« La France peut encore proposer des modifications législatives et donner plus de pouvoir aux parquets, à la police et aux juges pour intervenir de manière efficace. Des peines plus fortes sont nécessaires ».

« Le Mexique a aussi des crimes en col blanc. Les criminels sont comme des chefs d’entreprise. Au Mexique, on commence à travailler sur la recherche et l’analyse financière, on analyse les permis d’importation, d’exportation, les échanges téléphoniques, pour savoir si l’argent des entreprises est légal ou pas. Un des principaux obstacles reste la réticence entre institutions à partager les informations, financières, et téléphoniques par exemple ».

« Le niveau de violences est important au Mexique, et ce n’est pas un exemple. Malheureusement, il faut insister auprès des politiques pour investir et renforcer les institutions. Il faut des gardes fous pour assurer l’indépendance et la stabilité des institutions ».

« Il prendre en compte la question des armes également. Il faut un contrôle des armes à un niveau européen. Au Mexique on a des munitions qui viennent de Roumanie, Russie et Bulgarie. »

Enfin, les deux délégations ont proposé d’échanger des informations de manière informelle, afin de communiquer plus rapidement et bénéficier d’une meilleure visibilité et connaissance juridique de l’autre partie. »

Ce qui caractérise le Mexique, c’est l’existence de nombreux cartels se faisant concurrence et dont les affrontements débordent très largement sur la vie « civile ». C’est beaucoup moins le cas aux États-Unis, où le crime règne également, mais pas tant avec les gangs qu’avec des mafias à l’ancienne qui prévalent tout en s’étant divisés les territoires, et disposant d’une « centrale » pour les négociations, etc.

Un autre aspect du Mexique est un « deal » non officiel. La présidence actuelle de Andrés Manuel López Obrador est contre la guerre à la drogue, et il y a un certain modus vivendi avec les cartels, en mode : vous pompez une partie des richesses nationales, vous trafiquez (drogues vers les États-Unis, racket, vol massif de pétrole, prostitution notamment infantile également massive…), mais il ne faut pas que le pays vacille, car l’économie grandit largement et c’est dans votre intérêt à vous aussi.

Le Mexique est donc aux mains de monopoles économiques et de cartels, mais en mode social avec une élévation marquée du niveau de vie, car la présidence se veut populaire, de gauche assumée, etc. C’est une sorte de social-impérialisme bureaucratique où l’armée prend une place majeure. C’est d’ailleurs l’armée qui s’occupe officiellement du « train maya » et du tourisme dans le Yucatan, la seule région du pays où les narcos ne sont pas présents en tant que tel.

Cette gestion du pays rend fou de rage les libéraux en général, pour qui le pays devient « comme Cuba », ainsi que les pro-américains en général, qui verraient de leur côté le Mexique comme jouant unilatéralement pour les États-Unis le même rôle que la Chine par le passé. Le Nord du Mexique est de fait une arrière-cour industrielle des États-Unis. Les échanges américains avec le Canada et le Mexique combinés sont environ le double de ceux avec la Chine ! La guerre sino-américaine exige une telle modification.

La tension est donc extrême, alors que l’élection présidentielle a lieu début juin 2024, et la candidate « libérale » Xóchitl Gálvez va perdre. Sa campagne est mauvaise (même si elle tente des coups comme jouer au jeu Fifa sur Playstation), alors que sa concurrente Claudia Sheinbaum fait des meetings dans tout le pays, se met régulièrement en scène avec des personnes les plus humbles en larmes dans ses bras, le tout dans une propagande ultra moderne.

La campagne de Claudia Sheinbaum est très exactement le rêve populiste de Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, qu’ils ne pourront jamais mettre en place évidemment, car nous ne sommes pas en Amérique latine et qu’un tel engouement social-populiste n’a aucun socle.

Mais la libérale Xóchitl Gálvez n’est pas en reste pour la suite. Elle a pris soin de saluer très largement l’armée (appelée à revenir à ses fondamentaux…). Et elle a habilement dénoncé sa concurrente Claudia Sheinbaum comme utilisant sur une jupe l’image de la Vierge de Guadalupe, alors qu’elle ne croit « ni en Dieu ni en elle [la Vierge] ».

Claudia Sheinbaum ayant des parents juifs d’Europe de l’Est (et typique de l’engagement massivement communiste qu’on peut retrouver ici), c’est l’antisémitisme et l’anticommunisme qui sont utilisés comme vecteur pour polariser à fond en prévision de la suite. Le Mexique ne va pas échapper à des tensions extrêmes, allant largement possiblement jusqu’au coup d’État militaire.

Quand on voit un tel panorama, on se dit que, tout de même, la France échappera aux narcos. Invitée à ce sujet sur francinfo le 27 mai 2024, Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, a ainsi expliqué la chose suivante.

« La définition d’un narco-état, c’est le fait que toutes les instances décisionnelles sont finalement pénétrées, infiltrées par les trafiquants, y compris des juges, parfois des magistrats, et que dès lors, les décisions qui peuvent être prises au niveau législatif, judiciaire ou tout autre sont influencées par les trafiquants. Mais nous sommes loin d’en être là ». 

Sauf que comparaison n’est pas raison. Le Mexique est devenu un narco-État après avoir été pris d’assaut. C’est dans un second temps que l’État a collaboré, fusionné. Et en France, on a tous les ingrédients pour justement une première grande vague d’installation des narcos. C’est en cela qu’il faut absolument connaître l’exemple mexicain, ainsi que l’exemple colombien.

Il suffit de lire le rapport synthétique de vingt pages de la commission d’enquête du sénat sur le narcotrafic pour voir les faits.

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L’effondrement est là. Tant la société que l’État français s’effondrent, tant les mentalités que la culture sont corrompues, affaiblies, décadentes. Il faut le Socialisme – ou c’est le barbarie ! Il faut l’État socialiste pour écraser par tous les moyens les narcos !

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Événements significatifs

L’Équateur bascule dans le chaos des cartels

Il a été dit et répété ici que le chaos l’emporte sur la planète, que la barbarie du Hamas le 7 octobre – jusqu’au viol de femmes tout en les mutilant – n’est qu’une expression parmi d’autres, dont font partie les cartels de la drogue. Et bien désormais, c’est l’Équateur qui a basculé, déstabilisé par des anciens gangs se professionnalisant et se militarisant sous l’impulsion des richissimes cartels colombiens et mexicains.

L’Équateur est un petit pays d’Amérique latine, peuplé de 15 millions d’habitants ; sa moyenne d’âge est de 25 ans. C’est typiquement un pays dont la structure est d’un côté féodal avec des barons locaux, de la corruption… et de l’autre colonial, avec une domination complète de la part des grandes puissances, américaine en tête.

Et s’il y a quelques années encore, le pays était le plus sûr d’Amérique latine, en très peu de temps, tout a basculé. Les assassinats ont augmenté de 800% entre 2017 et 2022. Il y avait déjà des gangs, comme les Choneros, cependant leur envergure a pris d’un coup une dimension énorme. Au point que tout a basculé lorsque le leader des Choneros, José Adolfo Macías Salazar, alias « Fito », s’est littéralement évaporé d’une prison de haute sécurité de Guayaqil, la seconde ville du pays, le 7 février 2023.

« Fito » faisait déjà ce qu’il voulait dans la prison, comme se filmer pour une vidéo d’un chant en son honneur, dans la tradition des cartels mexicains. Il avait déjà été arrêté en 2000, est parvenu à s’enfuir en 2013 pour être repris dans la foulée. Sa nouvelle évasion, à la veille d’un contrôle général de la prison, reflète l’échec total de l’État.

D’où l’état d’urgence proclamé par le jeune président (depuis novembre 2023) Daniel Noboa, avec la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale » afin de « garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non étatiques.

Daniel Noboa, président de l’Équateur

Daniel Noboa est le fils d’une des plus grandes figures de la haute bourgeoisie équatorienne, qui contrôle une partie significative de la production de bananes, la première exportation du pays (et lui-même candidat à la présidentielle en 1998, 2002, 2006, 2009 et 2013).

Le Pérou voisin a également annoncé l’état d’urgence sur les 1400 km de frontières avec l’Équateur. Ce pays, avec la Colombie voisine de l’autre côté, est évidemment le fournisseur de cocaïne aux gangs, qui ensuite l’expédie vers les pays occidentaux, par l’intermédiaire du Mexique parfois.

Deux jours après l’évasion de « Fito », c’est Fabricio Colon Pico qui s’est évadé d’une prison du centre du pays : c’est un chef des Los Lobos, une organisation concurrente des Choneros et lié, tout comme Los Tiguerones, au Cártel de Jalisco Nueva Generación (CJNG) du Mexique. Les Choneros sont eux liés au Cartel de Sinaloa, le grand rival du CJNG.

Et le même jour que cette seconde évasion, les plateaux télé d’une chaîne publique, TC Televisión, à Guayaquil ont été occupés en direct par des membres de gang, pour une prise d’otages.

Si on regarde les faits en face, on peut dire que les cartels mexicains, en liaison avec les mafias de Colombie (mais également de toute l’ex-Yougoslavie, ainsi que d’Albanie) sont devenus si puissants qu’ils ont désormais des satellites en Équateur capable de s’affirmer militairement et par la corruption.

L’État équatorien tente d’empêcher qu’on atteigne une telle situation où plus aucun retour en arrière n’est possible. Au sens strict, les forces des gangs équatoriens ne représentent pas un obstacle insurmontable pour l’armée.

Mais le problème, c’est la tendance historique à la décomposition : depuis 2020, tout se casse la figure, plus rien ne tient et, dans tous les cas, on va dans une logique de guerre et de seigneurs de la guerre. Seul le peuple en armes peut s’y opposer et on devine le défi que cela représente pour l’Amérique latine.

On parle beaucoup de l’Afrique, dont une partie de la population souhaite largement migrer, mais c’est le cas également en Amérique latine, où plus aucun pays n’est stable. Dans tous les cas, on va vers une situation d’explosion… Les dominos tombent les uns après les autres et la crise en Équateur n’est pas la crise en elle-même, mais simplement une expression de celle-ci, qui va en s’amplifiant.

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Nouvel ordre

L’emprise toujours plus importante du trafic de drogues

La drogue s’est infiltrée à tous les niveaux de la société. La France est aujourd’hui la championne de consommation de cannabis en Europe avec près de 5 millions de consommateurs annuels. Quant à l’ecstasy et la cocaïne, elle a pareillement explosé ces 20 dernières années avec des centaines de milliers de consommateurs par an pour un prix au gramme à Paris passé de 150 € il y a quelques années à 60/80€ aujourd’hui.

Tout cela sans compter sur une jeunesse qui a relativement délaissé « fumette » et alcool pour mieux expérimenter les drogues de synthèse tels que par-exemple les opiacés.

Cette explosion de la consommation serait impossible sans l’emprise accrue des mafias à tous les étages de la société, et notamment dans les sphères institutionnelles, à commencer par les douanes et la police mais aussi les ports, porte d’entrée sur l’Europe pour les mafias. Il suffit de voir les multiples faits divers concernant le personnel des docks des ports de France dans la presse ces dernières années pour s’en convaincre.

En novembre 2022, un rapport du sénat alertait d’ailleurs sur le risque que le France devienne un « narco-État » 2.0, quelques temps après qu’un docker du port du Havre, Allan Affagard, a été sauvagement tué par des mafieux liés au trafic de cocaïne le 12 juin 2020.

Aux Pays-Bas, la mafia est tellement conquérante qu’elle se permet de menacer la vie du Premier ministre Mark Rutte, l’obligeant à se balader en permanence avec des gardes du corps, tout comme en Belgique le Ministre de la Justice échappait de peu à une tentative d’enlèvement en septembre 2022.

C’est que la production et le trafic explosent, comme au port belge d’Anvers où ce sont 110 tonnes de cocaïne qui ont été saisies en 2022 contre seulement 16 en 2015, témoin de l’Europe comme débouché face à un marché américain saturé. Et les ports d’Anvers, de Rotterdam et du Havre sont naturellement les principales porte d’entrée.

Le rapport du sénat français appelle ainsi à la mise en place d’une opération « Mains propres » comme celle qui a eu lieu en Italie dans les années 1990 où le dévoilement de l’ampleur de la corruption aboutissait à la chute des deux principaux partis politiques au pouvoir depuis 1945. Un rapport sur une situation catastrophique qui est passée inaperçu.

Nous ne sommes plus en 1990 : une telle opération contre la corruption institutionnelle par les trafiquants de drogue en France aurait des conséquences bien plus profondes que celles encore dans l’Italie des années 1990. Car la réalité c’est que la France a abdiqué, comme l’atteste la prise en compte dès 2018 du trafic de drogues par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour le calcul de la richesse intérieure (PIB) de la France.

La France craque sous le poids de sa propre inertie d’ « en haut », avec une corruption institutionnelle de plus en plus massive, et d’ « en bas » avec un peuple apathique qui laisse les drames et la déchéance s’installer.

De manière générale, c’est tout un trait d’esprit national qui a failli. De la critique des « paradis artificiels » de Charles Baudelaire à la peinture naturaliste de l’Assommoir par Émile Zola, les français ont préféré relativiser pour finir par accepter la drogue (et ses conséquences) en ce début de XXIe siècle.

Une acceptation qui coûte déjà cher, très cher. Comme cette jeune femme de 24 ans tuée par des balles de kalachnikov dans son appartement après une descente de mafieux pour intimider des rivaux dans un quartier du 13e arrondissement de Marseille au cœur de l’été 2023. Une ville dont certains policiers évoquent sa « mexicanisation », notamment avec l’expansion de résidences privées ultra-sécurisées, tels les « gated communities » américaines.

Ou le drame sordide du 21 août 2023 dans le quartier Pissevin à Nîmes où un jeune garçon de 10 ans a été abattu de sang-froid dans une voiture alors qu’il revenait d’une soirée au restaurant avec son oncle et son petit frère de 7 ans.

Ces évènements apparaîtront demain comme le symbole d’un craquage général de la civilisation.

Un craquage d’autant plus frappant qu’il ne se passe rien à ce sujet alors qu’on peut avoir des semaines d’émeutes pour la mort d’une jeune délinquant routier… Et on assiste à une spirale négative puisque la seule perspective que semble offrir la bourgeoisie c’est la fuite en avant avec une légalisation du cannabis qui a pourtant montré ses effets pervers sur le renforcement des mafias et régressifs sur les plans sanitaires dans les États légalisateurs dans les années 2010, tels l’Uruguay dès 2013.

Même l’extrême-droite est aux abonnés absents, et c’est tout à fait révélateur. En 2023, il apparaît qu’en finir avec les drogues et leurs trafics ne peut passer par une simple « remise en ordre », une « fermeté policière et judiciaire » mais doit passer par la construction d’un nouvel ordre débarrassé des maux de l’ancien monde. « Il y a tout à revoir », voilà ce qui ressort de manière générale car la drogue et son trafic condensent l’ensemble des problèmes d’une société capitaliste en chute libre.

Il y a besoin d’un tel électrochoc général : viser la révolution dans ce pays ne peut se faire sérieusement sans avoir pour objectif le règlement de cette problématique populaire. Et tout le monde sait bien au fond de lui qu’au rythme où vont les choses, cela finira avec la constitution de milices populaires contre les dealers… et les consommateurs.

Il est même tout à fait probable que l’apparition d’un mouvement de ce type soit le prélude à l’enclenchement d’un processus plus large de remise en cause de l’ordre existant. Et dialectiquement de rétablissement de l’ordre tout court, mais nouveau, car socialiste.

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Nouvel ordre

La guerre à venir contre les drogues de synthèse en France

En 2023, les drogues de synthèse n’existent que de manière marginale en France. Considérer qu’il existe un 24 heures sur 24 du capitalisme aboutit toutefois inévitablement à l’affirmation que celles-ci vont s’imposer et s’installer.

Elles répondent en effet à toutes les exigences de ce 24 heures du 24 du capitalisme. Faciles à produire, faciles à distribuer, elles répondent aux attentes des populations totalement déboussolées vivant dans le capitalisme avancé. Le zombie drogué est le pendant du zombie consommateur. Mais pas seulement : même pour travailler, les drogues sont devenues un support parfois nécessaire pour tenir le choc.

C’est là justement où les drogues de synthèse forment un saut dans la barbarie. Elles combinent fuite, dimension « récréative », intensité forcenée. Anti-douleur ou excitation rapide, mise de côté des angoisses, oubli des souffrances et coup de boost : voilà pour résumer la « magie » des drogues de synthèse. En fait, le capitalisme triomphant a tout simplement modifié le rapport aux drogues.

Le paysage métropolitain s’accompagne forcément de personnes en perdition, brisées dans la misère par les drogues

Les drogues sont, historiquement, en effet un fétichisme des débuts de l’humanité, où les consciences primitives des premiers Hommes, dans un environnement froid et hostile, découvraient les joies et les peines. Cela a donné les notions de paradis et d’enfer, le chamanisme préfigurant le monothéisme.

Et les drogues qu’on pouvait trouver naturellement étaient utilisées comme support au sein de religions établies. Ces drogues bouleversaient les esprits et ce bouleversement chimique était imaginé comme un accès à l’au-delà. Par la suite, se détachant de la dimension mystique, l’humanité a développé des drogues récréatives, se faisant piéger par le cannabis ou l’opium. Ici, on est dans une fuite assumée de la réalité, dans une optique de nervosité effacée.

La bataille de Palikao en 1860 marque la victoire franco-anglaise sur la Chine pour la forcer à accepter la consommation d’opium par sa population

Tout a changé depuis. La fin du 20e siècle a été marqué par le développement important de la chimie dans le domaine des drogues, avec surtout naturellement la superpuissance américaine, par les laboratoires des grandes entreprises pharmaceutiques, mais également l’armée américaine. On a notamment Alexander Shulgin qui a dressé un véritable catalogue des drogues de synthèse.

Puis, l’expansion capitaliste massive de 1989 à 2020 a permis un accès facile et aisé au matériel et aux matières premières pour fabriquer des drogues de synthèse. Après une première période artisanale criminelle, notamment romancée dans une série typiquement décadente comme « Breaking bad », on est désormais passé au niveau industriel.

Encore fallait-il un terreau pour cela. Il a été fourni par la crise sanitaire au sein de la superpuissance américaine. Le caractère misérable des soins accordés a permis à certaines entreprises de diffuser en masse des anti-douleurs. Outre que cela a provoqué de l’accoutumance et des décès, cela a été la porte ouverte à un trafic d’anti-douleurs produits dans des laboratoires mexicains avec des matières premières achetées en Chine.

En 2023 l’une des options américaines est une intervention militaire contre le Mexique afin de stopper les cartels

Il va de soi que la superpuissance chinoise était bien consciente des enjeux qu’on trouve ici, tout comme avec TikTok dont l’utilisation est largement restreinte dans son pays d’origine. Les drogues sont un vecteur d’importance stratégique ; un autre exemple significatif est la production massive désormais par la Syrie d’une drogue de synthèse, le captagon.

Et, donc, la crise des « opioïdes » est massive aux États-Unis désormais ; avec 90 000 morts par an, San Francisco envahi par des zombies en quête de « Fentanyl », le désastre est complet. Mais c’est également un modèle.

Une drogue de synthèse, en effet, ne nécessite pas de disposer de matières premières agricoles, comme pour le cannabis et le pavot. Pas besoin d’une agriculture maîtrisée, pas besoin de les transporter clandestinement non plus. Les quantités demandées sont de plus infimes. Rien que les saisies américaines de fentanyl en 2022, 4,5 tonnes, suffiraient à tuer l’ensemble de la population américaine.

2 mg de Fentanyl est déjà une dose létale pour la majorité des gens; la pièce américaine est un équivalent de nos cents et a 19 mm de largeur seulement

Jusqu’à présent, les experts bourgeois relativisent tout cela, en disant qu’aux États-Unis, il y a une dépendance aux anti-douleurs, qui n’existe pas ailleurs. Sauf qu’en réalité, il y avait juste un développement inégal et maintenant le fléau installé, il va se systématiser. Déjà en septembre 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) de La Réunion constatait que les drogues de synthèse étaient présentes (protonitazène et étonitazène, plusieurs centaines de fois plus puissants que l’héroïne et la morphine). La Réunion connaît également les cannabinoïdes synthétiques, une version synthétique du cannabis sous forme de poudre, d’huile, de liquide ultra-concentré.

Et l’État, prisonnier de la forme en raison de sa nature bourgeoise décadente, a souvent un train de retard. Il faut en effet que la combinaison chimique employée pour une drogue de synthèse soit interdite officiellement de la part d’un État. Ce n’est pas la drogue qui est interdite, mais telle ou telle forme chimique. Il suffit donc parfois aux criminels de jouer sur quelques éléments pour contourner la loi. Cela permet un espace énorme pour les dealers qui vendent massivement sur internet des « sels de bain », de « l’engrais », de « l’encens », sans rien risquer, en inventant une nouvelle forme de drogue chaque semaine !

Avec de la « créativité » perverse. Une drogue comme la 3-MMC combine les effets de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines. C’est l’une des drogues mise en avant dans les soirées LGBT « Chemsex », des orgies avec utilisation massives de drogues qui ont largement été mises en avant dans la presse « branchée ». Les drogues de synthèse, ce n’est plus l’ancien monde du cannabis (d’ailleurs lui-même largement modifié en fait), de la cocaïne et du LSD. C’est un « horizon nouveau » pour le 24 heures sur 24 du capitalisme.

La discothèque berlinoise du Berghain ouverte en 2004 a joué un rôle significatif dans l’idéologie des drogues chimiques « branchées »

La fuite en avant dans les drogues synthétiques correspond tout à fait au rythme capitaliste, tant du point de vue du producteur que du consommateur. Il est capable de répondre à toutes les situations, tous les besoins. C’est une tendance inéluctable. Le Rapport européen sur les drogues 2023 constate lui-même que les drogues de synthèse s’affirment. La mondialisation du phénomène se lit également quand on voit l’avancée du tramadol en Afrique de l’Ouest et du Centre (où 10 % de la population consomme du cannabis par ailleurs). La méthamphétamine est en train de se lancer massivement au Mexique, alors qu’elle est déjà fortement présente en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Dans un tel panorama, il est évident que seul le Socialisme peut proposer une réponse, car la réponse ne peut qu’être collective. Destruction militaire des mafias et refonte culturelle de la population, voilà la solution nécessaire, qui ne peut être mise en place que par le peuple en armes, car rien ni personne ne doit échapper au processus d’éradication du fléau.

Le Nouvel Ordre nécessaire implique un combat acharné et sans pitié contre les drogues de synthèse, cette sinistre réalité si conforme au 24 heures du 24 du capitalisme. Tout compromis sur ce plan, avec les drogues en général même, ramène au vieux monde. A la différence ici que les « vieilles » drogues étaient des fuites à rejeter, et que les nouvelles relèvent d’une participation coûte que coûte à un monde en perdition.

De la drogue en mode petit-bourgeois passif ou aristocrate prétentieux, déjà méprisable et condamnable, on passe aux drogues pour « tenir », pour se « précipiter », pour « aller de l’avant ». C’est là un accompagnement du capitalisme du 24 heures sur 24 de la vie quotidienne et donc un ennemi complet.

Et ce seront les femmes qui seront en première ligne contre le fléau : les mafias sont constitués d’hommes, les consommateurs sont en quasi totalité des hommes. Ce n’est pas pour rien !

Mikhail Devyatov, Sportives, URSS 1953
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Événements significatifs

30 ans après, l’EZLN se retrouve face aux narcos

Avant la Zad de Notre-Dame-des-Landes et avant le Rojava, il y avait l’EZLN au Mexique, dont la démarche est même à l’origine de tout ce discours post-anarchiste communautaire. Lorsque les zapatistes de l’EZLN débarquent pourtant, le 1er janvier 1994, ils n’ont pas cette image-là du tout.

Avec le sous-commandant Marcos, ils font figure de mouvement alter-mondialiste armé. L’ennemi annoncé, c’est le « néo-libéralisme », l’objectif proclamé, c’est la révolution.

L’EZLN semblait ouvrir un nouveau brasier en Amérique latine, à la suite d’une longue tradition, et au moment où le Parti Communiste du Pérou (dénoncé par les médias comme « Sentier lumineux ») perdait tous ses acquis après avoir ébranlé le pays.

Le mouvement des zapatistes émerge d’ailleurs le jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA/NADTA) en occupant plusieurs mairies dans l’État du Chiapas.

Hélas ! L’EZLN – Armée zapatiste de libération nationale – s’est très rapidement vendue à l’État mexicain. La raison est qu’en réalité, l’EZLN était le masque des Indigènes du Chiapas.

Le Sud du Mexique était en effet marginalisé, depuis l’effondrement de la civilisation maya, au 9e siècle. Même à l’époque des Aztèques puis des conquistadors, le sud restait bien à l’écart, au point d’une révolte chrétienne mystique au 19e siècle pour former un État maya « Chan Santa Cruz ».

Dans ce contexte arriéré, l’État mexicain s’est d’ailleurs empressé de ne rien faire. Les accords de San Andrés en février 1996 ont officialisé une grande autonomie communautaire, l’EZLN devenant alors concrètement le « représentant » rebelle d’un Congrès indigène fondé au mois d’octobre.

Ce Congrès a une prétention nationale, mais est totalement hors-jeu depuis le début au Mexique, n’exprimant que le point de vue du « sud » arriéré. Aussi, afin de tenir en obtenant des soutiens (internationaux et de gauche), il y a eu des « rencontres intercontinentales contre le néolibéralisme et pour l’humanité », des appels « pour la vie », d’innombrables communiqués du Sous-commandant Marcos, etc., et ce pendant trente ans.

Si l’EZLN est totalement passé de mode depuis 1996, il y a eu pendant cette période des soutiens ininterrompus, comme queue de la comète de la « flamme » lancée en 1994. Il était possible d’aller au Chiapas, de rendre visite aux communautés « autonomes », de participer à tout un folklore indigéniste rebelle, etc.

Or, comme on le sait, le capitalisme a connu une immense progression entre 1989 et 2020. Inévitablement, les répercussions se feraient sentir même dans le Sud du Mexique, malgré son arriération et ses bastions « communautaires ».

Et deux rouleaux compresseurs se précipitent désormais sur l’EZLN. De par la nature du pays, ceux-ci ont deux formes : une bureaucratique, une féodale.

Le capitalisme bureaucratique mexicain aimerait bien en effet avancer par la force, en se dégageant de la pesante tutelle américaine.

Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, est ainsi présenté par l’opposition libérale comme une sorte de Satan diffusant partout le virus communiste. Sa ligne est, grosso modo, celle du Venezuela.

Au nom du progrès, cela bureaucratise et militarise. La pointe extrême sud du pays connaît ainsi l’établissement d’un « train maya » pour permettre aux touristes de visiter les ruines de la civilisation maya. Non seulement c’est l’armée qui gère la construction du train, mais c’est également elle qui s’occupera du tourisme là-bas.

Ce militarisme dans le cadre d’un bureaucratisme capitaliste est présenté comme un développement du pays. Andrés Manuel López Obrador parle d’ailleurs à la population chaque matin pour expliquer tout ce qu’il fait au nom du peuple. Il s’est d’ailleurs vanté en 2019 d’avoir rencontre le Sous-commandant Marcos dans les années 1990.

Au centre, le Sous-commandant Marcos et Andrés Manuel López Obrador

Cet épisode du « train maya » touche l’EZLN, car en fait le « progrès » exige la soumission du sud du Mexique et son intégration économique, bloquée depuis la naissance du Mexique, ou même depuis les conquistadors et même les Aztèques. C’est la fin de toute une époque historique.

L’EZLN a d’ailleurs prétendu en 2019 qu’il ferait tout pour empêcher la construction du « train maya », mais c’est une défaite complète, malgré la mobilisation démocratique de quelques forces locales.

Car, l’EZLN, depuis 1996, c’est du folklore. Et le « train maya » n’est pas le seul projet : des groupes paramilitaires liés à des grands groupes capitalistes, notamment miniers, ont commencé, depuis 2019, à mener des provocations armées au Chiapas, parfois meurtrières, au point que l’EZLN prévient qu’il va « reprendre les armes ».

En réalité, l’EZLN sait qu’il ne peut rien faire et c’est pourquoi il a cherché à se relancer avec « La dernière initiative », qui depuis 2020 s’intitule « Capitalisme corporatif mondial, Patriarcat planétaire, Autonomies en rébellion ». Autrement dit, il s’est aligné sur l’idéologie du Rojava et des ZAD, dont il est de toutes façons le précurseur.

Contre les « mégaprojets », il faut que le pouvoir revienne aux « communautés » locales, etc.

Sauf que désormais ce néo-féodalisme est également confronté au capitalisme féodal virulent au Mexique : les narcos. Jusqu’à présent, le sud était relativement préservé, car les cartels mexicains visent des trafics avec les États-Unis. Ils s’exportent désormais cependant dans les pays voisins du Mexique, car ils ont des sommes d’argent colossales et une expertise militaire énorme.

Résultat, les cartels ont investi le Chiapas. En 1992, l’EZLN défilait en armes dans la ville de San Cristóbal de Las Casas, en 2023 elle est sillonnée par « Los Motonetos », des tueurs à motos au service du Cártel de San Juan Chamula, le premier cartel qui se fonde directement sur les populations indigènes.

Car les affrontements entre cartels pour le contrôle de la zone sont réguliers. Les drogues étaient inconnues au Chiapas il y a 10 ans, désormais elles sont monnaie courante dans toutes leurs variantes.

Et il y a le Guatemala juste à côté. Trafic d’êtres humains (pour migrer vers les États-Unis), d’armes, de drogues, prostitution (un phénomène massif au Mexique notamment visant les mineurs), pornographie « ethnique »…

La ville de Frontera Comalapa, aux frontières avec le Guatemala, a vu 3000 de ses 60 000 habitants s’enfuir en raison des affrontements.

Frontera Comalpa, à la frontière. Si les cartels sont désormais massivement présents dans tout le Mexique, ce n’était pas vrai justemet jusqu’aux deux dernières années pour les Etats du Chiapas, de Campeche et du Yucatan.

Tous les cartels se précipitent sur le Chiapas : « Los Zetas », « Cártel Jalisco Nueva Generación » (appelé « El Cártel de las Cuatro Letras » au Chiapas), et surtout le « Cartel de Sinaloa » qui a la main-mise.

Corruption des taxis, des fonctionnaires, des policiers, des syndicalistes, des commerçants, menaces et meurtres, tout est pratiqué pour les extorsions, les trafics, la prostitution.

Il y a dix ans, il n’y avait rien de tout cela ! Mais en contribuant au maintien d’une néo-féodalité indigéniste, l’EZLN a désormais le Chiapas qui se retrouve désormais corrompu et englouti par une autre néo-féodalité – capitaliste cette fois.

Et à cela s’ajoute l’armée et la bureaucratie capitaliste avec ses méga projets. C’est le drame complet.

Les rassemblements légaux, réformistes, sur une base communautaire de l’EZLN ont bien rassemblé un nombre très important de gens au Chiapas. Le succès a été très important. Mais le Chiapas n’est pas une île et désormais il revient dans l’histoire mexicaine, de manière sanglante.

On a là vraiment un événement significatif. C’est la fin de la candeur alter-mondialiste des années 1990. Face aux cartels de la drogue, il faut un niveau militaire digne d’une véritable armée. Ce n’est pas avec des petits regroupements d’auto-défense artisanaux que l’EZLN peut faire le poids.

La crise envahit le monde entier. L’EZLN paye le prix de son mensonge de vouloir à la place du socialisme un fantasme « communautaire », une ZAD indigène.

Cette conception anarchiste n’est qu’un romantisme individualiste du 19e siècle ; à une époque aussi développée que la nôtre, rien n’est possible sans les masses, sans la centralisation, sans un haut niveau de réflexion fondée sur les principes du Socialisme. Autrement dit, sans un Etan, une armée rouge.

Au 21e siècle, avec la crise, la naïveté et l’opportunisme se paient chers!

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Culture

Le LSD et « Wish you were here »

Le solipsisme est le subjectivisme absolu.

La chanson Wish you were here est très connue ; elle fait partie de l’album éponyme de septembre 1975 qui fut un très grand succès du groupe Pink Floyd. Si la chanson peut avoir différents niveaux de lecture, l’aspect principal est que cela a trait à Syd Barrett.

Celui-ci fut une figure majeure du groupe avant de sombrer dans la folie en raison de la consommation de drogues, et plus exactement de LSD, une drogue déformant très profondément la personnalité tout en l’amenant à littéralement s’écraser.

Naturellement, les consommateurs n’en ont pas l’impression, au contraire ils pensent parvenir à toucher davantage la subtilité des choses. En pratique, ils déraillent et sont ingérables, le LSD est une drogue terrifiante qui mutile l’esprit et amène les gens à devenir quelqu’un d’autre.

Quand on dit quelqu’un d’autre, on parle d’une personne avec une dimension fantômatique, une âme errante. Le LSD amène loin, ailleurs, la personne peut le sentir, mais ne parvient pas à revenir, voire ne veut pas.

C’est le solipsisme, quand on se croit le seul à exister réellement.

Syd Barrett a pour cette raison été exclu de Pink Floyd, après avoir participé au premier album, et il n’a jamais été par la suite en mesure de faire quoi que ce soit. Le groupe s’en est voulu, mais un consommateur de LSD est ailleurs, il pense maîtriser un chemin à un « autre niveau ».

C’est ce que dit la chanson en s’adressant à Syd Barrett : tu crois que tu parviens à cerner et séparer, à distinguer le paradis et l’enfer, les cieux bleus de la douleur, et ainsi de suite. C’est de la folie, on ne peut que repousser cette prétention, et en même temps on regrette cette perte, d’où le refrain Wish you were here, j’eus aimé que tu sois là.

La chanson reproche la perte de vue dialectique que provoque le LSD, cette dissociation des choses les unes des autres que prétend gérer son consommateur. Elle exprime une dignité immense, en se fondant sur une situation concrète, sur un vécu, porté jusqu’à une dimension universelle.

C’est en ce sens une oeuvre d’art, et on peut la comparer d’ailleurs à son antithèse, la chanson Shine On You Crazy Diamond présente sur le même album. C’est pareillement au sujet de Syd Barrett, mais la chanson, qui est une bonne chanson, reste une bonne chanson seulement.

C’est qu’elle perd le vécu pour esthétiser : « Souviens-toi quand tu étais jeune, tu brillais comme le soleil / Que cela brille sur toi, diamant fou / Maintenant, il y a un regard dans tes yeux, comme des trous noirs dans le ciel »… « Allez, étranger, toi légende, toi martyr, et brille ! ».

Cela parle davantage de Syd Barrett, mais en fait cela parle sur lui, et pas de lui dans sa dignité d’être qui manque pour ce qu’il est, pas pour ce qu’il est censé être.

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Société

Le conseil d’État s’aligne sur les capitalistes du CBD

C’est une victoire du turbocapitalisme.

Il n’aura fallu qu peu de temps pour que la France s’aligne totalement sur les règles du marché du CBD édictées par l’Union européenne.

Né quelques part dans les années 2010, ce marché avait pris un essor rapide ces dernières années, à tel point que cela avait engendré des remous juridiques.

Et pour cause… Le CBD est une molécule, le cannabidiol, qui est contenue dans certaines fleurs de chanvre de l’espèce Cannabis sativa.

Lié à la grande question du cannabis, il pose donc question aux plans sanitaire et psychologique, et cela d’autant plus que l’Union européenne autorise la vente et la commercialisation de la fleur en elle-même, qui peut donc être fumée comme le sont les fleurs de cannabis contenant du THC, autre molécule du chanvre.

Ces dernières années, la grande bataille des petits boutiquiers du CBD a résidé dans le fait d’avancer que le CBD était une molécule non-psychotrope mais ayant des propriétés apaisantes, par conséquent bien différente de la substance hallucinogène du THC.

Mais en réalité, personne ne sait vraiment s’il n’a pas d’impact sur la santé en général et d’ailleurs il serait bien stupide de penser l’inverse à partir du moment où est inhaler une fumée issue d’une combustion, par nature mauvaise pour le système respiratoire. Quel délire d’ailleurs que de rajouter des variantes de fumette quand on voit les ravages causés par l’industrie du tabac.

Mais en plus de cela, un rapport de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives montrait que le cannabidiol agissait bien sur les récepteurs du cerveau de la sérotonine et la dopamine, avec des effets de sédation et de somnolence.

Plus inquiétant, le CBD est une substance qui n’est pas « inerte pharmacologiquement », c’est-à-dire qu’elle peut interagir « négativement » avec d’autres médicaments immunodépresseurs, anticoagulants ou contre l’épilepsie, cela alors même que le CBD est justement présenté comme pouvant être utilisé en automédication pour soulager des maladies présentant ces symptômes.

Pour ces raisons, une bataille juridique était engagée depuis l’affaire Kanavape en 2014, où un petit boutiquier fut ensuite condamné justement pour vente d’une cigarette électronique au CBD.

Mais en 2020, la cour de justice de l’Union européenne disait que cette interdiction était contraire aux règles de commercialisation sur le marché commun… avant que, le gouvernement français maintienne l’interdiction de vente des fleurs et des feuilles avec un arrêté interministériel le 20 décembre 2021.

Car la législation française est très stricte à ce sujet : oui à la culture agricole, à l’usage des graines et aux dérivés des fibres pour usage alimentaire, non à la vente des fleurs et des feuilles brutes, quel que soient leur format.

Mais c’était sans compter sur la mobilisation de tout le secteur du CBD autour de l’Union des professionnels du CBD, alliée à la très nauséabonde Confédération des buralistes, qui demandèrent dès janvier 2022 un recours suspensif et un recours sur le fond auprès du Conseil d’État.

Le Conseil d’État a donc tranché en faveur des capitalistes : l’interdiction est jugée « disproportionnée », le CBD aurait de surcroît des « effets contractants et relaxants » et « anticonvulsivants » et des tests existeraient pour contrôler les consommateurs et discriminer consommation de THC et de CBD.

C’est un alignement complet sur l’arrêté de la Cour de justice de l’Union Européenne, et une négation de l’arrêté gouvernemental et des précautions sanitaires édictées par la MILDECA.

Mais peu importe car en réalité, tout était joué d’avance, entre laisser-aller sur l’ouverture de « shops CBD », existence d’une filière chanvre française (pour d’autres débouchés) et chantage aux propriétés médicales (même s’il y a déjà des médicaments à base de CBD disponibles sur ordonnances).

Tout était déjà tellement bien ficelé qu’à la mi-novembre, le groupe écologiste au Sénat faisait approuvé à la majorité une résolution pour le développement de la filière chanvre en France, avec pour toile de fond la question de la consommation de fleurs de CBD.

Car si on utilise depuis extrêmement longtemps le chanvre dans le textile, la construction, la pharmacologie, tout cela n’est plus suffisant et il faut bien continuer à élargir les marchés, d’autant plus que la France en est un grand producteur. Relancer le capitalisme, coûte que coûte, vaille que vaille et peu importe les effets sanitaires à long terme.

Les gens les plus attentifs ne sont pas dupes et savent que tout cela n’est que le prélude à une légalisation plus générale, incluant le cannabis récréatif à l’instar du gouvernement allemand qui vient d’ouvrir la brèche. Pour la France, il faut un sas pour faire accepter la pilule à l’opinion publique et le CBD remplit parfaitement ce rôle de d’incubateur culturel.

Et derrière, ce sont surtout les buralistes qui applaudissent des deux mains, trop contents d’envisager sereinement une compensation de la baisse de la consommation de tabac pour continuer à vendre des tas de sortes de poisons, mais aussi les petits boutiquiers du CBD qui se pensent à la tête d’une « cause » alors qu’ils ne sont que les valets du turbo-capitalisme.

Alors même que plusieurs enquêtes montrent que la jeunesse consomme moins d’alcool et de cannabis ces dernières années, notamment depuis la pandémie de Covid-19, le turbo-capitalisme est là comme un rouleau compresseur pour anéantir tout élan moral.

Pourtant, si l’on a besoin d’une chose en notre époque, ce ne sont pas sédatifs pour nous « apaiser », fussent-ils parés de « modernité », mais bien d’un lucidité pour regarder le réel en face, pour mieux se rebeller.

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Société

Un quart des français alcooliques?

L’alcool, un fléau national.

L’organisme publique Santé publique France a publié mardi 9 novembre 2021 des chiffres ahurissants à propos de la consommation d’alcool en France. D’après une enquête statistique réalisée auprès de 15 000 personnes en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans a une consommation d’alcool considérée comme étant sérieusement à risque.

En 2017, un groupe d’experts a été mandaté par Santé publique France et l’Institut national du cancer pour définir un repère quant à ce risque lié à l’alcool. Leur conclusion a été la suivante :

« Si vous consommez de l’alcool, il est recommandé pour limiter les risques pour votre santé au cours de votre vie : de ne pas consommer plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de 2 verres standard par jour ; d’avoir des jours dans la semaine sans consommation. »

Ce qui saute aux yeux, c’est que ce « repère », cette limite de risque, est déjà très élevé, correspondant à une consommation intensive d’alcool. Précision qu’il ne s’agit pas de dire qu’une consommation inférieure à ce repère est sans risque.

Comme l’explique l’Assurance maladie (qui a la charge de payer les dégâts de l’alcool) en présentant ce « repère » déterminé en 2017 :

« Il n’y a pas de consommation d’alcool sans risque, mais des consommations à risque plus ou moins élevé. Il n’existe donc pas de seuil de consommation qui permettrait à coup sûr de limiter les risques pour la santé tout au long de la vie. » 

Hors, d’après l’enquête statistique publiée récemment, même avec un « repère » très élevé, ce sont encore près du quart des gens qui dépassent la limite. Et le chiffre est encore plus grand si on ne considère que les hommes (de 18 à 75 ans), soit 33,2 %.

Il est difficile de trouver une définition quantitative de l’alcoolisme, car celui-ci est plutôt considéré de manière qualitative, avec la dépendance d’une part et l’existence de dégâts psychiques et physiques avérés d’autre part.

Difficile toutefois d’écarter cette idée de la dépendance quand on parle de gens buvant plusieurs verres tous les jours. Difficile également d’imaginer que cela puisse se faire sans dégât, au moins en germe. Cela donne donc un quart de la population française qui est probablement alcoolique, en tous cas avec une consommation la plaçant au bord du gouffre.

C’est énorme. L’alcool est un véritable fait national en France, comme dans de nombreux pays. Plus de la moitié des personnes ayant répondu à l’enquête statistique (55% des 18-75 ans) avait consommé au moins un verre d’alcool au cours des 7 derniers jours. Et 19 % d’entre-eux déclaraient même avoir conscience d’un risque, avec la volonté de réduire sa consommation.

Il y a donc une immense bataille culturelle et sanitaire, mais surtout culturelle, à mener sur ce sujet. L’alcool est ultra présent dans les mœurs, de manière tout à fait banale, alors qu’il s’agit d’un produit extrêmement dangereux aux effets dévastateurs connus.

Il y a eu des progrès certes, notamment grâce à la loi Evin qui depuis trente ans a permis à la société de se prémunir un peu contre les lobbies et le business de l’alcool. Il faut cependant toute la puissance sociale d’une Gauche forte, populaire, ancrée dans le réel, pour faire le poids face à un tel problème.

C’est d’ailleurs un thème fondamental pour la Gauche historique, celle du mouvement ouvrier, qui a toujours combattu l’alcoolisme et dénoncé les dangers de l’alcool. Aucun esprit rationnel et tourné vers le progrès ne peut en effet relativiser ce qu’est l’alcool, encore moins dans un pays comme la France où il est partout et tout le temps présent.

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Société

Le tabagisme a augmenté en 2020

À l’occasion de la journée mondiale Sans Tabac qui a lieu chaque 31 mai, l’Agence Santé publique France a publié les dernières données sur le tabagisme en 2020. Celles-ci sont mauvaises : pour la première fois depuis longtemps, le nombre de fumeur n’a pas reculé.

Le tabac sera bientôt considéré comme un vestige du 20e siècle, une bizarrerie propre à une société à la fois industrielle et moderne, mais en même temps complètement à la traîne sur le plan des mœurs et de la santé publique.

En attendant, le tabac existe encore largement. Si le nombre de fumeurs quotidien a baissé de 1,9 millions entre 2014 et 2019, ce qui est considérable, il a légèrement augmenté en 2020. Ce sont ainsi 31,8% des 18-75 ans qui fument au moins occasionnellement, dont 25,5 % qui fument quotidiennement. C’est à dire un français sur quatre !

Est-ce là un seuil, qu’il sera difficile de franchir, ou bien simplement une erreur de parcours due à une année particulière marquée par la crise sanitaire et un confinement ? Il est certain en tous cas qu’il reste beaucoup de travail à faire pour débarrasser la société de ce fléau.

Le tabac est largement ostracisé, les paquets sont très chers, il est interdit dans de nombreux endroits, personne ne peut remettre en cause ses effets délétères, les campagnes anti-tabac (notamment sur les paquets eux-mêmes) sont très agressives, etc. Mais tout cela ne semble pas suffire, car le problème est bien plus ancré qu’un simple raisonnement sur le « choix » de fumer ou non.

La question se pose en effet en profondeur, car elle est culturelle. Ce que relève d’ailleurs très bien la Ligue contre le cancer qui vient de publier une étude montrant que le tabac est présent dans 90 % des films français sortis entre 2015 et 2019. Cela donne en moyenne une présence du tabac de 2,6 minutes par film, soit l’équivalent de « six spots publicitaires ».

Il ne faudrait pas croire cependant qu’il s’agit là simplement de « lobbying », aussi puissante l’industrie du tabac puisse-t-elle être. Si le tabac fonctionne très bien dans la société, c’est parce qu’il est conforme culturellement à cette société. En l’occurrence, à la société de consommation marquée par le capitalisme.

Le tabac est en fait l’archétype du produit de luxe mis à disposition de tout le monde grâce à l’industrie. Ce n’est qu’en changeant la nature de cette production industrielle en général, à la base, que peuvent avoir lieu les bouleversements socio-culturels suffisant pour éradiquer le tabac et le tabagisme.

Et inversement : il faudra de la part de la société française une grande force morale pour assumer le bouleversement culturel nécessaire à un changement de modèle économique qui ferait qu’on soit capable d’arrêter la production de cigarettes. Plus précisément ici faut-il parler des classes populaires, et encore plus précisément de la classe ouvrière.

Autrement dit, on ne changera pas le monde avec des fumeurs, mais avec une classe ouvrière capable de renverser vraiment la table du capitalisme et de ses valeurs, dont le tabagisme est un marqueur.

Ce n’est justement pas pour rien que le tabac est particulièrement présent dans les classes populaires. Les données 2020 montrent que le tabagisme quotidien a encore plus augmenté pour le tiers de la population dont les revenus sont les moins élevés (de 30% en 2019 à 33% en 2020). Et il y a 15 points d’écart entre les revenus les plus bas et les plus haut en ce qui concerne la prévalence du tabac. C’est énorme.

On comprend ainsi aisément que du côté des riches, il y a une prise de conscience bien plus importante de sa propre santé. Cela est tout à fait vrai aussi en ce qui concerne l’alimentation, l’activité physique, le repos, le rapport aux écrans, les soins psychologiques, etc.

Du côté des classes populaires par contre, il y a une grande passivité face à la société de consommation permise par le capitalisme. Cela paraît pourtant évident : la cigarette est un symbole du capitalisme, elle n’a rien de populaire, elle exprime une dépendance, une auto-destruction. Mais avec 33 % de fumeurs dans les classes populaires, on est encore très loin de cette prise de conscience.

La lutte contre le tabagisme doit donc être un sujet de première importance pour la Gauche véritable, c’est même un combat démocratique et populaire fondamental à mener sur le plan culturel.

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Société Vie quotidienne

Plus de 100 raisons d’arrêter de fumer

Voici un document de l’OMS qui rappelle de nombreuses vérités sur ce qu’impliquent les 300 milliards de paquets de cigarettes vendus chaque année.

1. Les fumeurs risquent davantage de contracter une forme sévère de la COVID-19 et d’en mourir.

2. La mauvaise odeur est partout : elle s’imprègne sur votre peau, partout dans votre maison, sur vos vêtements, elle est perceptible sur vos doigts et dans votre haleine.

3. Le tabac entraîne le jaunissement des dents et un excès de plaque dentaire.

4. La consommation de tabac et de tabac sans fumée est responsable de la mauvaise haleine.

5. Le tabac provoque des rides et vous fait paraître plus vieux, plus vite. Il entraîne un vieillissement prématuré de la peau en détruisant les protéines qui lui donnent son élasticité, en la privant de vitamine A et réduisant le flux sanguin.

6. Ces rides sont plus apparentes autour des lèvres et des yeux ; en outre, la peau des fumeurs est sèche et sillonnée de ridules.

7. Fumer augmente le risque de développer un psoriasis, une maladie inflammatoire non contagieuse de la peau qui se caractérise par des plaques rouges squameuses qui se logent sur tout le corps et provoquent des démangeaisons.

8. Plus d’un million de personnes meurent chaque année d’avoir été exposées au tabagisme passif.

9. Les non-fumeurs exposés à la fumée secondaire risquent de développer un cancer du poumon.

10. La cigarette demeure une cause importante d’incendies accidentels et des décès en résultant.

11. Les cigarettes électroniques exposent également les non-fumeurs et les passants à la nicotine et à d’autres produits chimiques nocifs.

12. L’exposition au tabagisme passif peut accroître le risque de progression de l’infection tuberculeuse latente vers la maladie active.13. L’exposition au tabagisme passif est associée au diabète de type 2.

14. Les enfants de fumeurs souffrent d’une diminution de la fonction pulmonaire qui continue de se manifester sous la forme de troubles respiratoires chroniques à l’âge adulte.

15. L’exposition des enfants au liquide des cigarettes électroniques continue de présenter des risques graves. Les appareils peuvent fuir et les enfants peuvent avaler le liquide.

16. Les cigarettes électroniques sont connues pour être à l’origine de blessures graves, notamment de brûlures causées par des incendies ou des explosions.

17. Les enfants d’âge scolaire exposés aux effets nocifs du tabagisme passif risquent également de faire de l’asthme du fait de l’inflammation des voies respiratoires menant aux poumons.

18. Les enfants de moins de 2 ans exposés au tabagisme passif dans la sphère familiale peuvent contracter des maladies de l’oreille moyenne susceptibles d’entraîner une perte auditive et la surdité.19. Arrêter de fumer diminue le risque de nombreuses maladies liées au tabagisme passif chez l’enfant, telles que les maladies respiratoires (par exemple, l’asthme) et les infections des oreilles.

20. Vous voulez être un exemple pour vos enfants, vos amis et vos proches.

21. Le tabagisme peut avoir des conséquences négatives pour les interactions sociales et les relations.

22. En renonçant au tabac, vous pourrez aller où bon vous semble, sans restrictions – vous pourrez vous mêler aux autres, vous ne vous sentirez plus isolé-e et ne serez plus obligé-e de sortir pour fumer.23. En arrêtant de fumer, vous pourrez être plus productif – vous n’aurez pas à vous interrompre sans cesse pour aller fumer une cigarette.

24. Une étude a conclu que les fumeurs dépensent en moyenne 1,4 million de dollars des États-Unis pour leurs frais personnels. Ce chiffre inclut les dépenses en cigarettes, les frais médicaux et la rémunération, inférieure en raison du tabagisme et de l’exposition au tabagisme passif.

25. Le tabagisme a une influence sur la santé et la productivité des travailleurs – les fumeurs sont plus susceptibles de perdre des journées de travail.

26. Le tabagisme aggrave la pauvreté car l’argent qui passe dans le tabac ne peut être dépensé pour des besoins essentiels comme l’alimentation ou le logement.27. Le tabagisme pèse sur l’économie mondiale, en raison du coût des soins de santé pour le traitement des maladies qu’il provoque – lequel, selon des estimations, s’élève à 1 400 milliards de dollars des États-Unis – et du fait de la perte de capital humain due aux maladies et aux décès qui lui sont imputables.

28. Les fumeurs sont davantage susceptibles d’être atteints d’infertilité. Arrêter de fumer réduit le risque d’avoir des difficultés à procréer, d’accoucher prématurément et de donner naissance à un bébé ayant un faible poids de naissance, ou encore de faire une fausse couche.

29. Fumer peut causer des troubles de l’érection. Le tabagisme a un effet délétère sur l’afflux sanguin vers le pénis, à l’origine de l’incapacité à parvenir à l’érection. La dysfonction érectile est plus fréquente chez les fumeurs et il est fort probable qu’elle persiste ou devienne permanente à moins que l’homme cesse de fumer tôt.30. Le tabagisme conduit aussi à une diminution du nombre, de la motilité et de la morphologie des spermatozoïdes.

31. Plus de 8 millions de personnes meurent chaque année des suites du tabagisme.

32. Le tabac tue la moitié de ses consommateurs. Le tabagisme sous toutes ses formes vous vole votre santé et provoque des maladies débilitantes.

33. Fumer la chicha est tout aussi nocif que consommer du tabac sous d’autres formes.

34. Le tabac à mâcher peut provoquer le cancer de la bouche, la perte des dents, le brunissement des dents, des taches blanches et des maladies des gencives.35. La nicotine présente dans le tabac sans fumée est plus facilement absorbée que lorsque l’on fume des cigarettes, ce qui renforce son pouvoir addictif.

36. Les cultivateurs de tabac sont victimes de problèmes de santé en raison de la nicotine absorbée par leur peau et de leur exposition à de grandes quantités de pesticides et à la poussière de tabac.

37. Dans certains pays, les enfants sont employés dans la culture du tabac, ce qui nuit à leur santé mais les empêche aussi d’aller à l’école.

38. Le tabagisme peut aggraver la pauvreté étant donné que les consommateurs de tabac présentent un risque beaucoup plus élevé de tomber malades et de mourir prématurément de cancers, d’infarctus du myocarde, de maladies respiratoires ou d’autres maladies liées au tabac, privant ainsi leurs familles de revenus dont elles ont grand besoin et imposant des coûts supplémentaires en matière de soins de santé.39. La grande majorité des personnes employées dans le secteur du tabac dans son ensemble gagnent très peu alors que les multinationales du tabac engrangent d’énormes bénéfices.

40. Les produits du tabac chauffés exposent leurs utilisateurs à des émissions toxiques dont bon nombre sont cancérigènes.

41. Les produits du tabac chauffés sont eux-mêmes des produits du tabac ; par conséquent, passer de la consommation de produits du tabac conventionnels à celle de produits du tabac chauffés n’équivaut pas à arrêter de fumer.

42. Il n’y a pas pour l’instant suffisamment de données probantes pour étayer l’affirmation selon laquelle les produits du tabac chauffés seraient moins nocifs que les cigarettes conventionnelles.

43. Les enfants et les adolescents qui utilisent des cigarettes électroniques ont une probabilité au moins deux fois plus élevée de fumer des cigarettes plus tard.

44. Les cigarettes électroniques augmentent votre risque de cardiopathie et de troubles pulmonaires.

45. La nicotine contenue dans les cigarettes électroniques est une drogue à fort potentiel addictif qui peut nuire au développement du cerveau des enfants.

46. Le tabagisme est responsable de 25 % de l’ensemble des décès par cancer dans le monde.

47. Les fumeurs ont une probabilité 22 fois plus élevée que les non-fumeurs de développer un cancer du poumon au cours de leur vie. Le tabagisme est la première cause de cancer du poumon, provoquant plus des deux tiers des décès par cancer du poumon dans le monde.

48. Un fumeur sur cinq contractera une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) au cours de sa vie, en particulier s’il commence à fumer pendant son enfance ou son adolescence, puisque la fumée du tabac freine de manière significative la croissance et le développement des poumons.

49. Chez l’adulte, le tabagisme peut aggraver l’asthme, limitant l’activité, contribuant à l’incapacité et augmentant ainsi le risque de crises graves nécessitant des soins d’urgence.

50. Le risque de passer d’une tuberculose latente à une tuberculose active est plus que doublé par le tabagisme, qui aggrave aussi la progression naturelle de la maladie. Environ un quart de la population mondiale est infectée, de manière latente, par la tuberculose.

51. Fumer seulement quelques cigarettes par jour, de manière occasionnelle, ou être exposé au tabagisme passif augmente le risque de cardiopathie.

52. Le risque d’accident vasculaire cérébral est multiplié par deux chez les fumeurs et le risque de cardiopathie par quatre. 

53. La fumée du tabac endommage les artères coronaires, en favorisant la constitution de plaques d’athérome et la formation de caillots sanguins, qui rétrécissent le flux sanguin et conduisent finalement à l’infarctus du myocarde et ou à l’accident vasculaire cérébral.

54. La consommation de nicotine et de produits du tabac augmente le risque de maladies cardiovasculaires.

55. La consommation de tabac, à fumer et sans fumée provoque des cancers de la cavité buccale, des cancers des lèvres, de la gorge (du pharynx et du larynx) et de l’œsophage.

56. L’ablation chirurgicale du larynx en cas de cancer peut rendre nécessaire une trachéostomie, à savoir la réalisation d’une ouverture au niveau du cou et de la trachée afin de permettre au patient de respirer.

57. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé de développer une leucémie aiguë myéloïde, un cancer des cavités des fosses nasales et du sinus paranasal, un cancer colorectal, un cancer du rein, du foie, du pancréas, de l’estomac, des ovaires ou des voies urinaires inférieures (notamment de la vessie, de l’uretère ou du bassinet du rein).

58. Certaines études ont établi un lien entre tabagisme et risque accru de cancer du sein, en particulier chez les gros fumeurs et les femmes ayant commencé à fumer avant leur première grossesse.

59. On sait également que fumer augmente le risque de cancer du col de l’utérus chez les femmes infectées par le papillomavirus humain.

60. Le tabac est responsable de nombreuses pathologies oculaires qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent aboutir à une perte permanente de la vue.

61. Les fumeurs sont exposés à un risque plus grand de dégénérescence maculaire liée à l’âge, une affection qui aboutit à une perte de vision irréversible.

62. Les fumeurs sont aussi exposés à un risque plus élevé de cataracte, une opacification progressive du cristallin qui bloque la lumière. La cataracte entraîne une perte de l’acuité visuelle, et la chirurgie est le seul moyen de restaurer la vision.

63. Des données probantes indiquent que le tabagisme provoque aussi le glaucome, une affection qui accroît la pression oculaire et peut endommager la vision.

64. Les adultes fumeurs sont davantage susceptibles de souffrir d’une perte auditive.

65. Les personnes qui ont fumé toute leur vie perdent en moyenne au moins 10 ans de vie.

66. À chaque bouffée de cigarette, des substances toxiques et cancérogènes sont libérées dans l’organisme et l’on sait que 70 d’entre elles au moins provoquent le cancer.

67. Le risque de contracter un diabète est plus élevé chez les fumeurs.

68. Le tabagisme est un facteur de risque de la démence, un syndrome qui se traduit par un déclin des fonctions mentales

69. La maladie d’Alzheimer est la forme la plus fréquente de la démence et, selon les estimations, 14 % des cas d’Alzheimer dans le monde peuvent être attribués au tabagisme.

70. Les femmes qui fument sont davantage susceptibles d’avoir des règles douloureuses et des symptômes plus sévères à la ménopause.

71. Chez les femmes fumeuses, la ménopause survient de 1 à 4 ans plus tôt que chez les non-fumeuses du fait que le tabagisme diminue la production d’ovules, et se traduit par une perte de la fonction reproductive et des niveaux d’œstrogènes plus faibles.

72. La fumée du tabac réduit l’apport d’oxygène aux tissus corporels.

73. Le tabagisme diminue la circulation sanguine, ce qui peut, en l’absence de traitement, évoluer vers la gangrène (mort des tissus) et obliger à amputer les zones atteintes.74. Le tabagisme accroît le risque de parodontite, une inflammation chronique des tissus qui entourent et soutiennent les dents, qui peut entraîner une destruction de l’os et un déchaussement, voire une perte des dents.

75. Les fumeurs ont un risque beaucoup plus élevé que les non‑fumeurs d’être victimes de complications postchirurgicales.

76. Les fumeurs sont plus difficiles à sevrer de la ventilation mécanique. De ce fait, leur passage en unité de soins intensifs et leur séjour à l’hôpital en général est souvent plus long, ce qui les expose potentiellement à d’autres infections.

77. Les fumeurs sont susceptibles de souffrir de troubles gastro-intestinaux, tels que les ulcères de l’estomac, les maladies inflammatoires de l’intestin – souvent associées à des crampes abdominales, une diarrhée persistante, de la fièvre et des saignements rectaux – et les cancers des voies digestives.

78. Les fumeurs sont davantage susceptibles de voir leur densité osseuse diminuer, leur risque de fracture augmenter, et de connaître de graves complications, telles qu’une consolidation retardée ou altérée.

79. Les composants de la fumée du tabac affaiblissent le système immunitaire, exposant les fumeurs au risque d’infections pulmonaires.

80. Les fumeurs ayant une prédisposition génétique aux affections auto‑immunes sont exposés à un risque accru de contracter diverses maladies, dont la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn, la méningite purulente, les infections postchirurgicales et les cancers.

81. Le tabagisme expose également les individus immunodéprimés, notamment les personnes atteintes de mucoviscidose, de sclérose en plaques ou de cancer, à un risque plus élevé de comorbidités et de décès prématuré.82. Les effets immunosuppresseurs du tabac exposent les personnes vivant avec le VIH à un risque plus élevé de contracter le sida. Parmi les fumeurs séropositifs pour le VIH, le nombre moyen d’années de vie perdues est de 12,3, soit plus du double du nombre d’années perdues par les non-fumeurs séropositifs pour le VIH.

83. Le tabagisme et l’exposition à la fumée du tabac au cours de la grossesse accroissent le risque de mort fœtale.

84. Les femmes qui fument ou qui sont exposées à la fumée secondaire pendant leur grossesse ont un risque de fausse couche plus élevé.

85. Les mortinaissances (l’accouchement d’un fœtus mort dans l’utérus) sont aussi plus fréquentes du fait d’une privation d’oxygène chez le fœtus et des malformations placentaires causées par le monoxyde de carbone présent dans la fumée du tabac et de la nicotine présente dans la fumée du tabac comme dans le tabac sans fumée.

86. Le risque de grossesse ectopique, une complication pouvant s’avérer fatale pour la mère chez qui l’œuf fécondé s’implante hors de l’utérus, est plus élevé chez les fumeuses.

87. Le sevrage tabagique et la protection contre l’exposition à la fumée secondaire sont particulièrement importants pour les femmes en âge de procréer qui souhaitent avoir un enfant et au cours de la grossesse.

88. Les cigarettes électroniques posent des risques importants pour les femmes enceintes qui les utilisent, car elles peuvent nuire au fœtus en croissance.

89. Les nourrissons nés de mères qui fument, consomment du tabac sans fumée ou sont exposées à la fumée secondaire au cours de la grossesse courent un risque plus élevé de naissance prématurée et de faible poids à la naissance.

90. Ce sont les gouvernements et les autorités locales qui paient pour éliminer les déchets du tabac, pas les fabricants de tabac. Arrêtez de fumer pour protéger l’environnement.

91. Les mégots de cigarettes font partie des déchets les plus fréquemment jetés dans le monde et ce sont les détritus les plus souvent ramassés sur les plages et les rives des cours d’eau du monde entier.

92. Des substances dangereuses ont été identifiées dans les mégots, notamment de l’arsenic, du plomb, de la nicotine et du formaldéhyde. Ces substances retenues dans les mégots pénètrent ensuite dans les milieux aquatiques et dans le sol.

93. La fumée du tabac peut contribuer à faire sensiblement augmenter les niveaux de pollution de l’air d’une ville.

94. La plupart des cigarettes sont allumées à l’aide d’allumettes ou de briquets à gaz. Si l’on utilise, par exemple, une allumette en bois pour allumer deux cigarettes, les 6000 milliards de cigarettes fumées dans le monde chaque année nécessiteraient de détruire environ 9 millions d’arbres afin de produire 3000 milliards d’allumettes.

95. Les cigarettes électroniques et les produits du tabac chauffés peuvent contenir des batteries qui devront faire l’objet d’une élimination particulière, ainsi que des produits chimiques, des emballages et d’autres produits non biodégradables.

96. Actuellement, la majorité des plastiques utilisés pour les réservoirs de liquide des cigarettes électroniques ne sont pas réutilisables ou recyclables ; les entreprises transnationales ont tendance à vendre des cartouches jetables, sans doute dans le but d’augmenter leurs ventes grâce à la consommation des clients réguliers.

97. On estime que les émissions causées par les produits du tabac sont équivalentes à celles de 3 millions de vols transatlantiques.

98. La fumée du tabac contient trois types de gaz à effet de serre – le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote – et elle pollue l’environnement intérieur et extérieur.

99. Dans le monde, environ 200 000 hectares sont consacrés à la culture et au séchage du tabac chaque année.

100. La déforestation liée à la culture du tabac a de nombreuses conséquences écologiques graves, notamment un appauvrissement de la biodiversité, l’érosion et la dégradation des sols, la pollution des eaux et l’augmentation du dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère.

101. La culture du tabac implique généralement une utilisation massive de produits chimiques, notamment de pesticides, d’engrais et de régulateurs de croissance. Le ruissellement de ces produits chimiques depuis les zones tabacoles peut causer l’altération des sources d’eau potable.

102. Pour produire 300 cigarettes (environ une cartouche et demie), un arbre est abattu uniquement aux fins du traitement de la feuille de tabac.

103. 6000 milliards de cigarettes sont fabriquées chaque année, ce qui équivaut à environ 300 milliards de paquets (à raison de 20 cigarettes par paquet) de produits du tabac. Si l’on part du principe que chaque paquet vide pèse environ six grammes, il en résulte à peu près 1 800 000 tonnes de déchets d’emballage composés de papier, d’encre, de cellophane, de feuilles de métal et de colle. Si on ajoute à cela les déchets provenant des boîtes et des cartons utilisés aux fins de la distribution et de l’emballage, le poids total annuel des déchets solides de post-consommation est porté à au moins 2 000 000 tonnes.

Organisation Mondiale de la Santé

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Le flop de la consultation citoyenne sur le cannabis

Dimanche 28 février s’est clôturé la consultation citoyenne sur l’usage du cannabis dit « récréatif ». Le nombre de répondants témoigne d’un flop, car ce n’est pas un questionnement démocratique et cela n’intéresse qu’une minorité de gens.

Lancée par l’Assemblée nationale il y a plus d’un mois et demi, le 13 janvier 2021, la consultation citoyenne sur le cannabis dit « récréatif » s’est terminée dimanche 28 février au soir. Ce questionnaire en ligne de 15 interrogations visait à obtenir les informations d’une majorité de personnes quant à leurs usages et leurs avis sur une possible légalisation du cannabis. Finalement, il n’aura recueilli que 253 014 avis.

Si l’on rapporte cela à la population active en France, excluant donc la population de moins de 15 ans, cette consultation ne représente que 0,86 % des gens du pays… Et ce n’est même pas un tiers des 1,2 millions de consommateurs (estimés) réguliers de cannabis. On voit bien que cela n’a intéressé que peu de monde, alors même que l’information de cette consultation a circulé dans les grands médias, et très largement sur les sites pro-légalisation. Sans même parler du travail au corps de l’opinion publique réalisé ces dernières années par des tas de tribunes prêchant la libéralisation du secteur.

Or, voilà, cela est un véritable flop. Caroline Janvier, rapporteuse de la mission d’information sur les usages du cannabis et député LREM du Loiret, déclarait d’ailleurs début février au journal Huffingtonpost :

« Il nous faut plus de femmes, d’autres classes d’âge et des personnes moins impliquées dans le débat. Que la consultation s’élargisse au-delà des cercles de militants pro-légalisation »

Ainsi, dans ce même article, on apprend qu’une majorité des répondants (70%) était d’accord pour la légalisation. De même, il y a environ 67 % d’hommes, le plus souvent âgés entre 18 et 29 ans (45% des répondants). Et si l’on ajoute que 9 % sont des parisiens, alors même qu’ils représentent 3 % des français, on a compris que les gens qui ont donné leur avis proviennent surtout du milieu pro-légalisation. Un petit milieu largement dominé par une poignée de jeunes hommes à la marge, avec un style de vie basé sur la défonce, et souhaitant par là-même niveler vers le bas toute la société.

De l’intitulé de la consultation à la tournure des questions, tout était de toute manière orienté de sorte à ce que seuls les gens pro-légalisation s’expriment. Le questionnaire comprenait sept questions, dont deux avec du texte libre, orientées en faveur de la légalisation, et seulement deux questions, dont une avec texte libre, si l’on y est opposé.

En comparaison, la consultation citoyenne sur le changement d’heure réalisé en 2019 avait recueilli plus de 2 103 999 d’avis. Cela en dit long sur les préoccupations populaires… et celles anti-populaires. Réfléchir au rythme de la vie quotidienne en fonction du cycle du soleil, oui pourquoi pas (et encore que 2 millions de répondants, c’est faible). Réfléchir à légaliser une drogue, quelle idée ! Et pourquoi faire ?

La réalité, c’est que la question du cannabis n’intéresse pas les gens, que le cannabis fait malheureusement partie du décors de la vie sous le capitalisme. La société dit non, ou plutôt : elle détourne le regard car elle sait bien qu’elle a les pieds pris dans le problème et qu’elle n’ose pas encore s’y confronter réellement.

Il n’y a nullement lieu de s’interroger sur une légalisation, car le sujet en lui-même est vain, anti-social, anti-moral. Un ouvrier de 40 ans qui fume pour se décompresser de sa semaine de travail sait bien qu’un tel questionnaire est un cadeau empoisonné. Qu’il y ait très peu de femmes qui ait répondu au questionnaire en rajoute au caractère anti-démocratique, car en général les femmes du peuple endurent et luttent au quotidien contre l’emprise de la drogue sur les enfants, le conjoint, les amis…

Voilà la position populaire : on a été piégé par la drogue, et il est hors de question qu’on en face une fierté, un mot d’ordre de mobilisation. Au pire, on fume, mais on ne se vante pas.

Mais ce n’est visiblement pas la position du député agriculteur LREM Jean-Baptiste Moreau, par ailleurs un opposant virulent à la cause animale, qui voit dans les résultats de cette consultation une aubaine pour lancer un « référendum » pour « trancher » la question.

La drogue n’est pas un horizon moral soutenable et c’est là forcément l’opinion le plus répandu dans la population. Mais sans le pouvoir, sans les leviers réels à disposition pour l’éradiquer, c’est la passivité qui règne. C’est d’ailleurs cette passivité populaire envers la politique qui fait le lit de la revendication libéral-libertaire en faveur du cannabis.

En fait, cette consultation citoyenne n’a été qu’une chambre d’enregistrement d’une lubie de petits-bourgeois, des petits-bourgeois par ailleurs dominés par une bourgeoisie soucieuse de lancer son business sous couvert d’ouverture démocratique.

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Le journal Libération à l’offensive pour la légalisation du cannabis

Le journal de la gauche libérale-libertaire Libération a donné une interview à trois députés favorables à la légalisation du cannabis, issus de la Droite, du centre, et de la fausse Gauche, et publié en Une de son édition du 17 février. Un interview qui n’est rien d’autre qu’un camouflet anti-populaire.

Le jeu de mot « joint-venture » en Une du journal est tout aussi ridicule que les propos tenus par ces trois députés venus vanté les mérités d’une légalisation du cannabis. Trois députés qui ne tombent pas de nulle part.

On retrouve ainsi Robin Réda, député de la 7e circonscription de l’Essonne, membre de « Soyons Libres » le mouvement de Valérie Pécresse fondé en septembre 2017. Jean-Baptiste Moreau, député LREM qui se présente comme le « député-paysan » de la Creuse, ce département français qui cherche par tous les moyens à se lancer dans la culture du chanvre industriel. Et enfin, Danièle Obono, députée LFI de la 17e circonscription de Paris et figure de la gauche post-moderne.

Respectivement président et rapporteur-général, Robin Réda et Jean-Baptiste Moreau sont également les principaux coordinateurs de la Mission d’information sur les usages du cannabis lancée début juillet 2019. Une mission qui a par ailleurs rendu un rapport d’étapes il y a peu de temps à l’Assemblée nationale, en parallèle d’un lancement d’une consultation citoyenne sur le cannabis récréatif.

On l’a donc compris, cette interview est un énième jalon posé dans l’offensive pro-légalisation du cannabis. Une offensive toujours plus intense ces dernières années, dans un contexte de libéralisation dans plusieurs pays comme le Colorado et l’État en de Washington 2012, l’Uruguay en 2013, la Californie en 2016, le Canada en 2018.

La bourse de Wall-Street à New-York s’est d’ailleurs affolée ces derniers jours sur les potentialités futures de l’industrie du cannabis, ce nouvel « or vert », comme le remarquait récemment le journal très à droite « Les Echos » dans un article sur « les stars [qui] investissent dans le cannabusiness » comme Jay-Z, Rihanna, ou encore David Beckham…

Bien évidemment, l’interview de Libération ne présente pas les choses ainsi, mais oriente le propos général autour du fait que ces trois députés partagent un même but commun, celui de la légalisation, avec des logiques de justification et de mise en œuvre différentes. Tout est clair pour Libération qui place en exergue de son article le propos populiste de Jean-Baptiste Moreau comme quoi « la légalisation du cannabis relève du courage politique », comme pour mieux en faire un combat légitime.

Tous se trouvent d’accord pour dénoncer la faillite de la supposée « guerre au drogues », argument démagogique qui est un piège tendu aux habitants des cités populaires confrontés à l’exaspération des trafics. C’est ce même procédé argumentaire qui utilise les malades qui se soignent avec des médicaments composés des molécules extraites du cannabis dans le cadre d’un protocole sanitaire, pour justifier la libéralisation du cannabis récréatif.

L’étude Cannalex a pourtant montré que les différentes légalisations avaient pour conséquence le report du trafic illégal sur des drogues plus « dures », les armes, la traite d’être humain, etc. Tout cela Danièle Obono le nie, en allant même jusqu’à parler de la terrible « colline du crack » comme exemple illustrant l’échec de la loi de 1970 contre la toxicomanie et les trafics :

« Je suis députée d’une circonscription du nord-est de Paris, avec un fort usage de drogues sur la voie publique, notamment de crack. Mon angle, c’est donc la régulation des usages et la réduction des risques »

Se demanderons-nous dans 30 ans si, après avoir toléré la cigarette, banalisé l’alcool, légalisé le cannabis, il ne faudra pas aussi légalisé les drogues de synthèse pour mieux « réguler » les « usages » et « réduire » les risques, pour mieux « aider » des personnes en ayant besoin pour « souffler » ?

Il n’y a pas de faillite de la « guerre au drogues » tout bonnement car elle n’a jamais vraiment été livrée jusqu’au bout et en profondeur. Pour cela, il faut une mobilisation démocratique et populaire : la Chine des années 1950 n’a t-elle pas éradiqué la terrible intoxication à l’opium de cette manière ? S’il y a une faillite, c’est bien celle d’une partie de la collectivité rongée par les valeurs libérales, abdiquant sur une position morale pourtant acquise depuis plusieurs siècles en France.

Pour ces députés, la légalisation offrirait la possibilité de mieux organiser la prévention, notamment à l’école, comme on le fait pour le tabac et l’alcool, ces drogues légales. En réalité, on a là tout l’argumentaire de travailleurs sociaux totalement incapables de refuser les drogues et de promouvoir une morale ferme et réellement alternative, car s’étant eux-même fait prendre au jeu.

On cherchera tant bien que mal en quoi l’infirmière du collège ou le professeur d’éducation civique aident en quoi que ce soit les jeunes à refuser le tabac et l’alcool, cette couche sociale qui fait du repas autour du vin un « art de vivre » et ne rechigne pas à aller fumer quelques cigarettes… en cachette. Ni même en quoi les étiquettes adossées sur les paquets de cigarette, et annoncées récemment par Emmanuel Macron sur les bouteilles de vin, va changer la donne. Enfin, oui : les individus pourront « choisir » librement et en pleine connaissance de cause de se pourrir la santé…

Alors quand on voit que l’interview tourne ensuite à un débat sur la gestion des modalités de la possible légalisation, allant du monopole d’Etat à son seul encadrement des prix, on se dit qu’on assiste à une mise en scène pour préparer l’opinion publique. En fait, on vit là une double lame de fond : celle de l’extension d’un vaste marché capitaliste rendu possible du fait d’une corrosion de la société par les valeurs libérales-libertaires. Et ces trois députés n’en sont que les tristes accompagnateurs.

Si l’on ne veut pas finir broyé entre le marteau libéral et l’enclume conservatrice-sécuritaire, il va falloir choisir le camp de la Gauche historique. Ce camp qui est opposé tant à la régression libérale, qu’au pourrissement social et culturel, car il a l’émancipation populaire comme horizon politique.

>> lire aussi : la Gauche doit stopper le fléau des trafics de drogue

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La Gauche doit stopper le fléau des trafics de drogues

Le trafic de drogues est devenu une immense manne financière qui prospère sur le pourrissement social et la corruption de certains pans des institutions.

En 2018, l’Institut de la statistique française INSEE a intégré le trafic de drogue, de sa production à sa vente en passant par sa consommation, dans le calcul du PIB. Tout un symbole de normalisation pragmatique.

Pour les capitalistes, il y a forcément une énorme manne financière : à la même date, le même INSEE estimait que le trafic générait 21 000 emplois à temps plein. Cannabis, cocaïne et autres drogues dites de « synthèse » représenteraient 2,7 milliards d’euros.

L’emprise de cette économie est telle que certains quartiers tournent pratiquement autour de lui. Serge Castello, ancien commissaire à la tête de la sécurité publique entre 2011 et 2017 en Seine-Saint-Denis, parle du 93 comme « un narco-département ». On a là tout un système qui entretien des réseaux bien établis, avec des offres d’emploi presque officielles, des manières de blanchir et de ré-investir l’argent dans l’économie « officielle ».

Dans le JDD, on peut lire des extraits de l’ouvrage de Frédérique Ploquin intitulé « Les narcos français brisent l’omerta ». Dans un de ces extraits, on lit un dealer qui explique tranquillement :

« Tu achètes un commerce, le kebab du coin. Il génère 2 000 euros de chiffre d’affaires par mois, mais tu déclares 40 000 euros. Si tu veux quelque chose de plus durable et que tu disposes de sommes plus importantes, tu te tournes vers les paradis fiscaux, les Caraïbes par exemple. Le but n’est pas d’échapper à l’impôt, mais de réinsuffler l’argent dans l’économie légale pour pouvoir en profiter. Les banquiers installés dans ces îles ne refusent pas l’argent. Sale ou pas, ils comptent. Si tu arrives avec 5 millions en liquide, c’est une grosse somme, même pour eux. Le banquier va être bien vu de sa hiérarchie, c’est ce qui compte. Tu t’engages à laisser l’argent pendant trois ou quatre ans sur ton compte, tu achètes des Sicav locales [sociétés d’investissement à capital variable], des actions ou des obligations. Trois ans plus tard, la banque a pris sa commission et l’argent est à toi, lavé. »

C’est dire à quel point le pourrissement social est entretenu par le capitalisme. À tel point que les trafics intègrent des enfants marginalisés âgés de 11-12 ans. Des gamins attirés par cette réussite financière glorifiée par la culture « gangsta », ce « nouveau western » dont parlait Mc Solaar en 1994, et qui a pris des proportions hallucinantes… Quoi de plus facile que de monter son business de livraison de drogue à domicile ?

Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les choses, formant un terreau « culturel » encore plus propice à l’expansion des trafics. Comme tous les autres secteurs d’activité, le trafic de drogue a fait face à une rupture d’approvisionnement, avec donc des repartages de marchés.

C’est ce qui explique l’extension anarchique de règlements de compte un peu partout en France, et non plus sur quelques gros points concentrés en périphérie des grandes villes et encadré par des réseaux d' »anciens ». Cet été, à Annonay, petite ville de 16 000 habitants en Ardèche, des personnes masquées ont tiré au fusil de chasse sur un groupe pour une histoire de dette de drogue…

Face à ce pourrissement, certains en appellent alors à la légalisation du cannabis, actuellement la principale drogue vendues par les trafiquants, la cocaïne arrivant juste après puis les autres drogues de synthèse. C’est ce que dit par exemple le libéral Gaspard Koenig, responsable du club de pensée « Génération Libre », pour qui « cela permettrait de transformer les petits dealers hors la loi en entrepreneurs agréés ». 

Cette option de la légalisation pour endiguer le trafic illégal est un symbole de toute la déliquescence morale des dominants, soutenue par ses idiots utiles de la « gauche » libérale-libertaire. Une « option » par ailleurs ridicule lorsqu’on sait que la teneur légale THC proposée serait de 7 % lorsqu’il est de 25 à 30 % pour les résines de cannabis illégales…

En fait, la drogue s’est infiltrée dans le quotidien du peuple et elle apparaît maintenant comme un immense rouleau compresseur, comme si rien ne pouvait l’arrêter. La « guerre à la drogue » est une bien fausse expression lorsqu’on sait les affaires de corruption en cascade ces dernières années. Citons là simplement l’affaire Michel Neyret, ancien directeur-adjoint à la direction inter-régionale de la police judiciaire de Lyon, arrêté en 2011 et condamné en 2018 pour corruption et association de malfaiteurs. Ou l’arrestation en 2016 de François Thierry, ex-chef de l’Office central de la répression du trafic illicite de stupéfiants, accusé d’avoir entretenu un réseau d’importation de cannabis par le biais de ses indics.

Il est connu de tous que les mafias savent corrompre des pans de l’appareil d’État, mais aussi de la population. Il suffit ici de se souvenir de l’effroyable assassinat d’Allan Affaguard, docker du Havre, en juin 2020 sur fond de trafic de drogue. Ou à cette sordide affaire mêlant une personne d’un point d’un deal à Saint-Ouen…et le PCF.

Pour se confronter à l’horreur de la drogue, il faut s’en donner réellement les moyens. Ce ne sont ni les faibles ressources données à la police, ni l’état d’esprit libéral qui règne dans l’appareil d’État qui permettront d’éradiquer les mafias.

Cela exige des institutions qui s’appuient sur le peuple, des comités populaires capables de dresser une morale de fer contre la corruption. De nouvelles institutions, construites par en bas, et capables de réprimer les réseaux de production, tout autant que de construire un horizon culturel alternatif à la culture de la drogue.

Cette exigence, elle commence déjà à se faire sentir comme l’attestent les courageuses mobilisations d’habitants, et surtout d’habitantes, en 2019 à Poitiers, Aubervilliers, Saint-Denis, Villeneuve-Saint-Georges…. Et elle n’étonnera personne qui a l’héritage de la Gauche historique chevillé au corps. Il est maintenant temps que la Gauche relance la lutte populaire contre le fléau des drogues.

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L’Assemblée nationale « consulte » sur le cannabis récréatif

Afin de forcer à la légalisation du cannabis, le gouvernement fait procéder à une « enquête » sur l’avis des gens.

Du 13 janvier au 28 février 2021, l’Assemblée nationale met en place une consultation en ligne, avec un questionnaire au sujet du « cannabis récréatif ». Notons immédiatement que rien que par ce terme de récréatif, même mis entre guillemets, l’Assemblée nationale tombe sous le coup de la loi en raison d’une présentation d’une drogue sous un jour favorable.

Mais il est bien loin le temps où le policier zélé, souvent obtus mais finalement avec raison, alpaguait quelqu’un pour le moindre symbole lié au cannabis sur un de ses habits. Désormais, le libéralisme libertaire du capitalisme élargit toujours davantage le champ des consommations et le cannabis fait partie des prochains terrains d’accumulation. Il l’est déjà avec les mafias, mais là il s’agit de passer à grande échelle, de proposer un loisir abrutissant de plus à la société toute entière.

Voici ce que cela donne dit dans le langage à la fois complètement hypocrite et administratif-technique de l’Assemblée nationale :

« Il s’agit, pour la mission, de dresser le bilan des politiques publiques menées en matière de prévention et de répression des trafics et usages du cannabis, de proposer un panorama des expériences étrangères de légalisation ou de dépénalisation et de contribuer à une réflexion sur l’éventuelle évolution du cadre réglementaire français relatif à cette substance. »

Les dés sont d’ailleurs tellement pipés que, dans le questionnaire, si l’on est pour la légalisation, on doit répondre à sept questions particulières, dont deux avec du texte libre, alors que si on est contre, on a deux questions seulement, dont une avec texte libre.

On aura compris qu’il s’agit de pousser à l’expression les tenants d’une légalisation et de faire passer ceux du maintien de l’interdiction pour des conservateurs bornés, dépassés, etc. Et il sera dit finalement, pour l’emporter : vous voyez, même des gens contre le cannabis considère que légaliser est la moins pire des solutions, etc.

Naturellement, il sera également expliqué que tous les partis sont d’accord là-dessus, que cela dépasse les orientations politiques, que c’est une question sociétale. Il sera ajouté comme cerise sur le gâteau les ressources fiscales et le tour sera joué.

Cependant, il y a heureusement une société qui n’a pas encore été délavée à ce point quant à la question du cannabis. Si la jeunesse des grandes villes est très favorable au cannabis, qu’elle voit comme relevant d’un mode de vie distancé et branché en même temps, le reste de la jeunesse n’y est nullement favorable. Et l’opposition au cannabis dans la société reste puissante dans un pays où les bonnes manières relèvent d’une tradition historique depuis le 17e siècle.

De plus, les Français ont assez de conscience sociale pour saisir la problématique. Tout le monde sait très bien que le cannabis est une fuite – une fuite contre l’anxiété, contre un malaise personnel et social. Il y a donc une compréhension de cette question et un refus de chercher à ostraciser. Mais accepter la légalisation en tant que telle, accepter le cannabis dans le panorama… là c’est carrément autre chose.

Reste qu’il faut une voix pour exprimer ce refus du cannabis. Et les digues sont toutes tombées à Gauche. Même Lutte Ouvrière est favorable à la dépénalisation, c’est dire ! Il faut dire que le cannabis fait partie du pack post-moderne aux côtés des LGBT, des migrants, des thèses « décoloniales », de la fascination identitaire pour la couleur de peau et les religions, etc.

Ce pack consiste en des thèses sociétales à l’anglo-saxonne pour empêcher celles de la Gauche historique de s’affirmer… mais on est en France, un pays où la lutte des classes a un grand patrimoine. Cela ne sera certainement pas aussi simple que cela pour le capitalisme qui veut faire passer dans la société son marché du cannabis. Et ce d’autant moins dans un contexte de crise où l’opération d’abrutissement des gens apparaîtra comme d’autant plus claire.

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«Il faut des meufs subversives qui ne boivent pas»

Claire Touzard est rédactrice en chef du magazine Grazia Hommes. Elle est une parisienne tout à fait typique, ancrée dans un monde d’ultra-sociabilité, très portée sur la culture et la modernité, avec des mondanités qui s’imaginent toujours sophistiquées, subversives, et en tous cas au dessus d’une existence morne, plate.

Dans ce monde, il y a l’alcool, qui est une véritable norme. L’alcool n’est pas propre à la bourgeoisie intellectuelle parisienne évidemment, mais il y a en tous cas chez ces gens là une esthétisation de la défonce, comme une sorte d’élégance aristocratique.

Le grand mérité de Claire Touzard, c’est d’avoir compris la vanité de tout cela, et d’avoir choisi de rompre. Elle a assumé le fait d’être alcoolique et a décidé d’arrêter de boire. Elle le raconte dans un livre à paraître le 13 janvier 2021, intitulé Sans alcool, avec écrit en couverture une belle phrase : « Être sobre est bien plus subversif qu’on ne le pense. »

Les 30 premières pages qui sont accessibles sur le site de l’éditeur Flamarion laissent entrevoir un récit très intéressant.

Un tel passage par exemple, aide beaucoup à saisir la substance de ce qu’est l’alcoolisme :

« Il y a plein de raisons à ma quête de l’ivresse. La solitude. Mon caractère dépendant. L’anxiété sociale. Le monde extérieur m’effraie, il représente une masse puissante qui m’attend à chaque recoin, pour mieux me broyer.

J’aime voyager, fuir le réel.

J’aime simplement le fait d’être ailleurs, de transcender la vie sans la vivre : mon quotidien est une chasse à la déconnexion, à la mise sous le tapis. Je cherche à toucher le moins possible la réalité de choses. »

Les mots sont à chaque fois bien choisis, et on comprend à travers cet autre passage qu’elle a eu une réflexion très approfondie à propos de son alcoolisme, qu’elle exprime avec des mots simples mais d’une grande signification :

« Et puis, il y a eu tous ces amis perdus, comme tous ces vêtements que j’ai oubliés sur des bancs de discothèques, dans les trains, dans les cafés, quand mon cerveau ne marchait plus. Ces bouts de moi que j’ai confiés à l’alcool, laissant s’étioler mon amour-propre, mon existence. Moi. »

Elle s’est également exprimée dans une vidéo Brut, pour faire la promotion de son livre. Là encore, ce qu’elle raconte est très intéressant.

Il y a bien sûr tout le début, où elle raconte avec une grande modestie et surtout une grande dignité son parcours alcoolique. L’explication quand au rapport entre sa défonce et l’expression de sa féminité, la pression sociale allant avec, etc. est également très bien vue.

« On a l’impression que c’est ce qui nous rends plus fort » dit-elle de manière très naturelle, démontrant en quelques mots comment l’alcool est un formidable piège.

Mais ce qu’il y a de plus intéressant, c’est qu’elle a compris à quel point tout cela relève de la culture. En effet, l’alcool n’est pas tant un choix individuel, un dérapage, qu’un choix de société. Et ce n’est pas pour rien, comme elle le raconte dans la vidéo, qu’elle se sentait rassurée « de voir des femmes à l’écran qui buvaient toutes seules. »

Puisque l’alcool est une norme, alors il faut la combattre, ou la « déconstruire » comme on dit en langage parisien moderniste. Et c’est là que Claire Touzard dit cette chose très perspicace :

« Il faut des meufs subversives qui ne boivent pas et qu’on se dise « ah bah tiens, on peut être subversive sans picoler » » !

Cela doit également nous rappeler que, dans le mouvement ouvrier, au 19e siècle, le combat contre l’alcool était une tendance importante ; il était considéré que dans le socialisme, l’alcool disparaîtrait plus ou moins de lui-même. Il y a ici un apport culturel qui doit être valorisé comme un aspect de l’héritage de la Gauche historique, à rebours du libéralisme libertaire au service d’un turbo-capitalisme détruisant les personnalités également au moyen de l’alcool.

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La drogue se banalise toujours plus en France

Dans un document publié début de décembre 2020, l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies fait le point sur les tendances récentes (depuis 2019) à propos des usagers et des marchés de substances psychoactives. Le constat est simple : les tendances en cours depuis 20 ans s’aggravent, la drogue se banalise et son commerce est de plus en plus sophistiqué.

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies a un dispositif particulier pour saisir les tendances récentes et nouvelles drogues, en s’appuyant sur des données de terrains minutieusement récoltées. Au sens strict, on n’apprend pas grand-chose de nouveau dans le bilan qui est fait en décembre 2020, si ce n’est que la situation empire.

En ce qui concerne les personnes marginalisées et ayant une consommation particulièrement dure de drogues, il n’y a aucune avancée. Il y a une tendance a écarter ces personnes du cœurs des grandes villes, mais l’héroïne et le crack, ainsi que l’alcool, continuent leurs ravages à la périphérie des villes, menant à des situations d’autant plus précaires pour les toxicomanes que l’État les laisse volontairement vagabonder.

C’est la même chose pour le milieu de la techno, particulièrement pour sa frange urbaine où la drogue continue son expansion. L’observatoire explique de manière très précise le phénomène de banalisation de la MDMA (ecstasy) qui accompagne la généralisation des soirées techno dans des lieux officiels, ou semi-officiels comme les soirées warehouses en périphéries des grandes villes, phénomène absolument massif en 2019.

Les before et afters, c’est-à-dire les rassemblement à domicile entre amis avant ou après les soirées en club ou warehouse, sont également des lieux de généralisation de la drogue, et surtout de diversification des produits. Les free parties restent toutefois les lieux où la consommation de drogue est est la plus intense et diversifiée, avec notamment le LSD, la kétamine, les champignons et la DMT.

Toutefois, le phénomène le plus marquant pointé par le rapport de l’Observatoire est l’accroissement fulgurant des réseaux de livraison à domicile permettant d’écouler des quantités toujours plus grandes de marchandises.

Cela date déjà d’il y a quelques années, mais il y a clairement un tournant et la France se retrouve maintenant submergée par la drogue, en raison d’un réseau de distribution absolument massif. En clair, au moyen des différents réseaux sociaux, les réseaux mafieux s’invitent directement chez les consommateurs et banalisent totalement leur marchandise.

En 2019, puis en 2020 avec le confinement, cela ne concerne plus seulement les bourgeois des grandes villes, mais le phénomène « s’étend aux zones périurbaines, concourant à une disponibilité accrue des produits illicites sur l’ensemble du territoire. »

Les saisies records par les forces de l’ordre pour l’année 2019 montre un accroissement massif de la circulation de drogue, particulièrement pour la cocaïne, alors que dans le même temps les services de polices se retrouvent littéralement submergés par les trafics.

Le constat est également que les prix sont très stables et les produits très concentrés, avec des teneurs en augmentation. C’est le reflet d’un commerce international extrêmement dynamique et florissant.

On a donc une société française particulièrement malade, où la drogue s’impose dans le quotidien d’une part toujours plus grande de la population, et pas seulement dans la jeunesse. Parallèlement, l’État est pratiquement aux abonnés absent, laissant les réseaux mafieux gagner du terrain et de l’influence en toute quiétude. Dans un tel contexte, la perspective pour les cinq prochaines années est particulièrement alarmante.

Il y a urgence : il faut écraser avec force les réseaux mafieux et combattre avec acharnement l’influence culturelle de la drogue, particulièrement dans la jeunesse. C’est une des tâches historiques les plus fondamentales de la Gauche dans un pays comme la France.

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Cannabis: la Cour de justice de l’Union européenne impose le CBD à la France

Les capitalistes de la fleur de chanvre attendaient avec impatience la décision de la Cour de justice de l’Union européenne dans l’affaire Kanavape. Jeudi 19 novembre 2020, elle vient de donner sa décision et sans surprise, elle demande à la France de s’aligner sur la législation commune européenne.

En 2017, Sébastien Béguerie de l’entreprise Kanavape spécialisée dans la commercialisation de cigarette électronique à base de cannabidiol est convoqué au tribunal correctionnel de Marseille. L’État lui reproche de vendre ses marchandises sous couvert de vertus médicales.

En effet, des médicaments à base de molécules issues du chanvre, comme le tétrahydrocannabinol (thc) ou le cannabidiol (cbd), existent déjà, comme le Sativex (thc) ou l’Epidyolex (cbd). En juin 2018, la Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildca) rappelait :

En France, les seuls produits contenant des tétrahydrocannabinols et du CBD pouvant revendiquer des allégations thérapeutiques sont les médicaments autorisés par l’ANSM ou la Commission européenne sur la base d’un dossier évalué selon des critères scientifiques de qualité, sécurité et efficacité.

Mais la pression capitaliste s’avère extrêmement intense puisque l’ « affaire Kanavape » donne lieu à des propos plein de confusion émanant du gouvernement de l’époque, pavant la voie à l’ouverture de nombreux « shops de CBD » partout en France.

Ces derniers s’appuient sur la législation européenne qui autorise la commercialisation et la vente de fleurs de chanvre à condition que la plante dont elles sont issues contiennent moins de 0,2 % de THC, la substance psychoactive du cannabis. Ainsi, des pays comme la Finlande, la Lituanie, la Norvège, l’Espagne, les Pays-Bas, l’Allemagne, etc., autorisent la vente de produits de cannabidiol sur cette base juridique.

Mais, les petits boutiquiers français du CBD oublient que la France a une base populaire qui n’est heureusement pas aussi réceptive aux mœurs libéral-libertaires que les Pays-bas ou la Norvège par-exemple, et que nous ne sommes pas non plus dans les pays de l’Est où l’euphorie capitaliste post-URSS fait des ravages.

De fait, la législation française interdit strictement la vente de fleurs de chanvre, quel que soit le taux de THC, n’autorisant que l’utilisation des graines et fibres d’une plante respectant la norme européenne de moins de 0,2 %. Autrement dit, d’accord pour des huiles, des crèmes, etc., à base de CBD d’une plante contenant moins de 0,2 % de THC, mais non aux fleurs de CBD pour fumer.

Cela pose forcément problème aux marchands de la fumette, confrontés alors à des procès en série.

La Cour de justice de l’Union européenne vient ici jouer son rôle de lissage et d’uniformisation vers le libéralisme, permettant l’extension du marché et la bonne marche du capitalisme. Dans sa décision à propos de l’affaire Kanavape, elle rappelle premièrement que :

La Cour dit pour droit que le droit de l’Union, en particulier les dispositions relatives à la libre circulation des marchandises, s’oppose à une réglementation nationale telle que celle en cause.

Pour ensuite affirmer très nettement :

Une interdiction de commercialisation du CBD, qui constitue, d’ailleurs, l’entrave la plus restrictive aux échanges concernant les produits légalement fabriqués et commercialisés dans d’autres États membres, ne saurait être adoptée que si ce risque apparaît comme suffisamment établi.

Grosso modo, l’échange et la vente de fleurs de CBD doivent être autorisées en France car il ne faut pas faire entrave à la liberté de circulation de marchandises soit-disant « inoffensives » pour la santé. Business is business !

Mais la France et surtout les français ne disent pas que le CBD n’est pas inoffensif au plan sanitaire, ils disent qu’avec un tel marché, on ouvre la boite de pandore vers la banalisation générale des drogues. Le CBD se fume de toute manière avec du tabac, et les études sanitaires disent que le CBD n’est pas psychotrope, non pas qu’il est absolument dénué d’effets indésirables… Si l’on veut se soigner, on a des médicaments prescrits par son médecin, et disponibles en pharmacie.

Pour l’Union européenne, il n’y a pas de réalités nationales, liées à des héritages culturels spécifiques issus des luttes de classe. Non, il y a simplement des espaces de projection marchande. Son rôle est de faire de l’Europe un vaste marché commun, si possible avec le plus d’échanges divers et variés, ni plus, ni moins. Il faut bien pouvoir peser dans la concurrence capitaliste internationale…

Avec cette décision, la Cour de justice de l’Union européenne vient détricoter par en haut, de manière totalement anti-démocratique, la culture populaire plutôt rétive à l’ouverture officielle d’un tel commerce en France. L’autorisation du CBD par cette « Cour » doit donc être comprise uniquement pour ce qu’elle est : une décision au service du rouleau compresseur capitaliste.