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Rapport entre les classes Société

Face aux fortes chaleurs, il faut utiliser le droit d’alerte

Concernant les fortes chaleurs, le code du travail français est dépassé. Il faut donc savoir utiliser son droit d’alerte et si besoin de retrait.

La santé au travail est une revendication majeure du mouvement ouvrier. Les CHSCT (qui n’existent plus, ayant fusionné au sein des CSE) ont été le fruit de la lutte âpre des travailleurs, notamment des mineurs, pour avoir le droit à la considération de leur santé et de leur sécurité dans l’organisation du travail. Les expositions aux risques sont listées et réglementées dans le code du travail ; augmenter ces listes et les obligations qui en découlent pour l’employeur est un rapport de force perpétuel.

Et le changement climatique amène son lot de nouvelles situations à risque et les épisodes de chaleurs extrêmes en font partie.

Cela fait quelques années que ces épisodes sont annoncés comme devenant plus récurrents par les scientifiques et qu’ils s’installent dans la vie quotidienne. Pour autant, le code du travail ne contraint toujours pas les employeurs à quoique ce soit concernant la chaleur sur le lieu de travail. Il oblige simplement à prendre des mesures de sensibilisation et de « bons gestes », aujourd’hui dérisoires avec des températures qui demandent une véritable adaptation de l’organisation du travail.

En conséquence de ces lacunes, les salariés doivent prendre le relais en s’informant sur le fonctionnement métabolique humain face à la chaleur, sur ses limites et utiliser le droit d’alerte envers l’employeur. Ce droit, moins connu que le droit de retrait, en facilite l’utilisation en fixant les points de risques auprès de l’employeur ; le droit de retrait, lui, s’utilise au moment du danger lorsqu’il subsiste.

Le droit d’alerte est d’autant plus utile lorsque le danger encouru par le salarié n’est pas clairement identifié et recensé dans les procédures habituelles. Par exemple avec l’épidémie de covid19, on avait un danger difficile à évaluer, car on ne connaissait pas bien le virus, il y avait le fait d’être « à risque » soi-même ou son entourage, ainsi que le fait de ne pas avoir de mesures barrières mises en place.

Des droits de retraits ont pu être reconnu par les tribunaux en partie parce que l’alerte avait été donnée en parallèle par des syndicats, permettant ainsi le maintien des salaires.

Avec les chaleurs extrêmes et les manquements du code du travail à ce propos, la situation de flottement est assez similaire.

Le droit d’alerte peut être posé individuellement par le salarié ou collectivement par un syndicat, un collectif de travailleurs, élus CSE, etc. Pour pouvoir alerter, il faut bien connaître les risques encourus et les faire remonter à l’employeur, tout en demandant des adaptations sur le lieu de travail, dans le rythme de travail etc.

Concernant les chaleurs, il faut savoir que la température à elle seule n’est pas ce qui met à mal l’organisme humain, l’humidité présente dans l’air est un facteur très important. Il faut donc signifier à l’employeur qu’il doit surveiller et informer sur ce taux d’humidité autant que sur la température.

Voici un graphique qui donne la température ressentie en fonction de l’humidité :

Et un graphique de l’indice de Thom, indice de stress thermique pour les humains en fonction de la température et de l’humidité:

On voit donc que dès 42°C il existe un risque de mort imminente et que globalement, quel que soit le taux d’humidité, le travail devrait être arrêté à 40°C pour ne pas avoir à sortir de chez soi. À 35°C le taux d’humidité devrait être scruté avec attention et le travail en extérieur arrêté. À partir de 30°C le taux d’humidité doit être surveillé, car à partir de 80 % d’humidité, le risque de malaise est présent.

Concernant les métiers nécessitant d’être dans un véhicule, à partir de 30°C dans l’habitacle, la vigilance se détériore, des pauses pour se rafraîchir sont nécessaires sous peine de risques accrus d’accidents. L’employeur peut certes proposer la climatisation dans les véhicules, mais au-delà d’ajouter des problèmes au problème du climat, cela peut également être un faux-ami en provoquant des chocs thermiques.

La charge physique d’un poste de travail est un facteur à prendre en compte. Il existe une classification de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) de la charge de travail sur quatre niveaux.

– Travail léger : Travail de secrétariat ; Travail assis manuel léger (taper sur un clavier, écrire, dessiner, coudre, faire de la comptabilité) ; Travail assis avec de petits outils, inspection, assemblage ou triage de matériaux légers ; Travail des bras et des jambes (conduite de véhicule dans des conditions normales, manœuvre d’un interrupteur à pied ou à pédales) ; Travail debout (fraisage, forage, polissage, usinage léger de petites pièces) ; Utilisation de petites machines à main ; Marche occasionnelle lente (inférieure à 3,5 km/h)

– Travail moyen : Travail soutenu des mains et des bras (cloutage, vissage, limage…) ;Travail des bras et des jambes (manœuvre sur chantiers d’engins : tracteurs, camions…) ; Travail des bras et du tronc, travail au marteau pneumatique, plâtrage, sarclage, binage, cueillette de fruits et de légumes ; Manutention manuelle occasionnelle d’objets moyennement lourds ; Marche plus rapide (3,5 à 5,5 km/h), ou marche avec charge de 10 kg

– Travail lourd : Travail intense des bras et du tronc ; Manutention manuelle d’objets lourds, de matériaux de construction ; Travail au marteau ; Pelletage, sciage à main, rabotage ; Marche rapide (5,5 à 7 km/h), ou marche de 4 km/h avec charge de 30 kg ; Pousser ou tirer des chariots, des ; brouettes lourdement chargés ; Pose de blocs de béton

– Travail très lourd : Travail très intense et rapide (par exemple déchargement d’objets lourds) ; Travail au marteau à deux mains ou à la hache (4.4 kg, 15 coups/minutes)  ;Pelletage lourd, creusage de tranchée ; Montée d’escaliers ou d’échelles ; Marche rapide, course (supérieure à 7 km/h).

Plus le travail est lourd, plus le seuil de température qui met en danger est bas.

Il y a aussi des facteurs individuels qui exposent davantage les personnes au stress thermique, ce sont globalement les personnes vulnérables.

Par exemple, les femmes enceintes ne devraient pas travailler au-dessus de 28°C, mais rien n’est spécifié dans le code du travail français ; l’employeur devrait garantir un poste adéquat ou si cela est impossible maintenir à domicile avec maintien de salaire.

Il est par contre possible de demander une visite chez le médecin du travail pour demander un aménagement, voir un arrêt de travail et cela est aussi valable pour les personnes présentant certaines pathologies chroniques ou bien étant sous certains traitements.

Les personnes ayant dépassé 55 ans sont plus vulnérables à la chaleur, ce qui devrait remettre en question le recul de l’âge de la retraite pour les corps de métier particulièrement exposés.

Aussi, l’alcool, les drogues et toutes les substances stimulantes empêchent l’organisme de faire son travail de rafraîchissement et sont par conséquent à bannir.

Pour l’heure, mis à part des secteurs très précis comme le bâtiment, les horaires et les postes sont très peu adaptés, les employeurs se contentent de recommander de boire régulièrement, éventuellement de fournir de l’eau supplémentaire. Cela ne change pas beaucoup des recommandations classiques lors des chaleurs estivales, alors que l’organisme est davantage sollicité. À un niveau ou le corps nécessite plus de temps de pause pour faire tomber sa température, cela nécessite un accès à de l’eau, à un endroit frais, à la possibilité de se mouiller…

Voici donc un exemple de droit d’alerte avec comme exemple le métier de livreur, mais qui pourra être adapté à d’autre métiers, en précisant les conditions particulières collectives et individuelles.

Le droit d’alerte s’adresse par écrit (mail, courrier, lettre recommandée avec accusé de réception), il doit évidemment être adapté s’il est adressé de la part d’un salarié ayant une fonction représentative. Le cas échéant en utilisant le pluriel et des formules telles que « En tant que… ».

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Politique

Un inspecteur du travail suspendu: réaction de la CGT

Voici le communiqué de la CGT suite à la suspension d’Anthony Smith, inspecteur du travail dans la Marne, lui-même de la CGT.

« Pénicaud met à pied un inspecteur du travail qui tente de faire appliquer le droit, la politique de mise en danger des salarié-es doit cesser !

Communiqué commun de la confédération CGT, de l’Union fédérale des syndicats de l’Etat, du SNTEFP-CGT et la CGT de la Marne

Anthony Smith, inspecteur du travail du département de la Marne, ancien secrétaire général de la CGT TEFP, membre de son bureau national et représentant des inspecteur-trices du travail au Conseil national de l’inspection du travail, vient de se voir notifier la suspension immédiate de ses fonctions « dans l’intérêt du service », à titre conservatoire, dans l’attente de la mise en œuvre d’une possible sanction disciplinaire.

Le motif de cette procédure d’une extrême violence ? Notre collègue et camarade a voulu continuer à exercer ses missions de contrôle du respect du droit du travail dans cette période où les salarié-es qui continuent de travailler sont encore davantage exposé-es qu’en temps normal. Il lui est ainsi notamment reproché d’avoir adressé des lettres de rappel de la réglementation aux entreprises de son secteur, et surtout d’avoir engagé « hors du cadre collectif de l’unité de contrôle » une procédure de référé visant une structure d’aide à domicile n’ayant pas pris de mesures suffisantes pour préserver la santé et la sécurité des travailleur-euses qu’elle emploie. Il lui est également expressément reproché d’avoir demandé à l’employeur de cette structure de mettre des masques de protection et d’autres équipements de protection individuelle à disposition des aides à domicile alors même que des salarié-es de l’association ont été hospitalisé-es et plusieurs autres  en arrêt pour suspicion de COVID 19.

Depuis le début de la crise sanitaire que nous traversons, l’orientation du ministère du travail est la poursuite de l’activité économique à tout prix, et quel qu’en soit le coût pour les salariés. La suspension de notre collègue et camarade s’inscrit dans la droite ligne de cette doctrine. Muriel Pénicaud veut faire régner la terreur dans les rangs de l’inspection du travail, perçue comme un obstacle à cette orientation, afin de dissuader les agents de contrôle de faire usage des pouvoirs que leur confère le code du travail. L’objectif est notamment d’éviter que les procédures en référé, comme celles qui ont été couronnées de succès dans le département du Nord, ne se généralisent sur le territoire.

A cette fin, comme le dénonce depuis maintenant plusieurs semaines l’intersyndicale CGT-SUD-FSU-CNT du ministère du travail qui vont saisir l’OIT, le ministère du travail est prêt à toutes les dérives et n’hésite pas à violer allégrement les textes nationaux et internationaux, notamment l’article 6 de la convention n°81 de l’OIT qui rend les agent-es de l’inspection du travail indépendant-es « de toute influence extérieure indue ».

Car cette procédure infâme est engagée sur fond de complète collusion entre la hiérarchie locale et l’employeur visé par l’assignation en référé, important pourvoyeur d’emplois à Reims. Relayant les pressions du pouvoir politique et du patronat, la responsable départementale de la DIRECCTE de la Marne a ainsi ouvertement invité par écrit l’employeur à faire obstacle au contrôle engagé en lui conseillant de ne plus répondre aux sollicitations de l’inspecteur du travail et de « mettre cette correspondance de côté ». L’employeur s’est même enquis par courriel du 11 avril 2020, soit avant que notre collègue ne soit informé de son existence, de l’avancement de la procédure disciplinaire en ces termes éloquents : « où en êtes-vous de la procédure le concernant ? ».

Les responsables nationaux du ministère du travail qui ont choisi de relayer et d’amplifier ces manigances se couvrent de honte et devront en répondre. Car en empêchant sciemment une procédure de référé, pouvoir propre de l’inspecteur-trice du travail, d’aller à son terme, l’administration engage aussi sa responsabilité quant aux conséquences possibles et prévisibles pour les salarié-es concerné-es dont l’exposition au risque perdure aujourd’hui.

La CGT invite l’ensemble du monde du travail à dénoncer cette mesure grave qui participe d’une offensive généralisée contre les droits des salarié-es au prétexte de l’urgence sanitaire. Elle exige le retrait immédiat de la mise à pied d’Anthony Smith et l’abandon de toute procédure disciplinaire.

Elle demande l’arrêt de toutes les pressions et représailles à l’encontre des agent-es du ministère du travail qui tentent de mener à bien leurs missions dans ces circonstances exceptionnelles. »

 

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CFDT: Covid-19 : Les personnels des Ehpad face au confinement

Voici un communiqué de la CFDT alarmant sur la situation du personnel des Ehpad, de plus en plus souvent confiné dans les établissements…

« Covid-19 : Les personnels des Ehpad face au confinement

« Depuis quelques jours, nous constatons qu’un certain nombre de professionnels d’Ehpad, sous l’impulsion de leur direction, se confinent dans leur établissement », alerte Eve Rescanières, secrétaire générale de la fédération Santé-Sociaux CFDT.

Alors que le nombre de décès se multiplient au sein des 7 000 établissements public et privé du territoire, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé une mesure radicale pour les 700 000 résidents et l’ensemble des personnels soignants et accompagnants. « Partout où cela sera possible, j’encouragerai toute démarche pour que le personnel (…) des Ehpad puisse sortir le moins possible de ces établissements. » Une décision aussitôt dénoncée par la fédération Santé-Sociaux. « Elle a été faite mépris des règles d’hygiène élémentaires, du respect des gestes barrières, de la législation sur le temps de travail et du dialogue social. »

Un confinement imposé aux agents et salariés

Fabienne Deconchat, secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux Haute-Vienne déplore l’attitude de plusieurs directions. Dans le sud du département, les responsables d’un établissement ont convoqué les agents le vendredi pour un confinement effectif dès le lundi, sans en informer les organisations syndicales. « Une façon de faire honteuse ! » Dans le Lot-et-Garonne, trois établissements ont mis en place ce confinement. « On s’assoit complétement sur le code du travail. Que se passe-t-il en cas d’accident en dehors du temps de travail ? Comment sont pris les temps de repos ? s’interroge Julia Morel, secrétaire générale du syndicat Santé-Sociaux 47. Dans un établissement, elles dorment à sept par dortoirs, il n’y a pas de respect des règles de distanciation sociale… » Dans les Landes,Béatrice Jayo, secrétaire générale du syndicat CFDT Santé-Sociaux 40, fait le même constat. A Biscarosse, la direction d’un EHPAD a convoqué les agents pour leur signifier la mise en place quasi-immédiate du confinement. « Devant les inquiétudes légitimes des agents, les incompréhensions et les réticences des personnels, la direction a tenu des propos extrêmement culpabilisant afin de les faire céder. Les contractuels étaient particulièrement ciblés ». Le syndicat a condamné ces méthodes. Il alerté la DIRECCTE et l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et a fini par faire reculer la direction. « Grâce à notre action, l’ARS a rapidement réagi. Elle a rappelé qu’il n’existait aucune preuve scientifique que le confinement soit efficace. Elle a aussi signifié son opposition au confinement total, se félicite Béatrice. L’ARS a néanmoins fait savoir qu’elle restait ouverte à l’adaptation des cycles de travail, sur la base d’une négociation et de l’accord formel des représentants des salariés. »

« Le Président qui fait des soignants des héros, ne doit pas en faire des martyrs »

Une option pour le syndicat Santé-Sociaux des Landes, à condition que cela soit assortie de règles strictes : protection de la santé des personnels et des résidents, conditions de logements dignes, rémunérations adéquates, temps de travail respectés et congés supplémentaires. « Nous tenons à rappeler que ces préconisations ne sauraient être déployées sans obtenir, en amont, l’assentiment individuel de tous les professionnels concernés. Aucune forme de pression ou de contrainte ne saurait être tolérée. Seuls les personnels volontaires peuvent s’y inscrire. Le Président qui fait des soignants des héros, ne doit pas en faire des martyrs », martèle Béatrice. Même son de cloche du côté la fédération. « Le dialogue social doit être privilégié. Il est inadmissible que les personnels doivent se sacrifier pour pallier les insuffisances du système. Si les professionnels possédaient les équipements nécessaires suffisants, s’ils avaient accès au dépistage et à du renfort de personnel, ils ne seraient pas contraints de se confiner. » Pour la CFDT Santé-Sociaux cette situation est inacceptable. « Nous demandons au gouvernement de la faire cesser immédiatement ».

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CGT: Lettre ouverte de Philippe Martinez au président de la République

Voici la lettre ouverte adressée au président de la République par Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT :

Monsieur le Président de la République, Monsieur Emmanuel MACRON,

La crise sanitaire du Covid-19 ne faiblit pas. La pandémie du nouveau coronavirus a déjà fait des dizaines de milliers de morts dans le monde depuis son apparition en décembre en Chine. Près de 800 000 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 188 pays et territoires depuis le début de l’épidémie. L’épicentre s’est concentré sur l’Europe.

Notre pays est particulièrement touché et le nombre de personnes contaminées ne cesse de s’accentuer. Beaucoup d’hôpitaux sont désormais submergés par l’arrivée de nouveaux malades nécessitant des soins intensifs et longs. L’ensemble des personnels soignants ainsi que ceux des secteurs du soin à domicile, dans les maisons de retraite font face, attachés à leur mission de service public, mais force est de constater que leurs conditions d’exercice pose question. En effet, les commandes de masques, de matériel médical, voire de médicaments ou les tests annoncés par votre gouvernement tardent à se concrétiser.

Face à cette situation d’urgence, nous souhaitons vous rappeler les mesures indispensables à prendre le plus rapidement possible.

La priorité de votre gouvernement doit être, avant tout, de garantir la stricte protection de tous les salariés qui, assurant des activités essentielles dans le secteur public et privé, doivent continuer à travailler. Ainsi, il est de votre responsabilité de veiller à ce que tout salarié puisse exercer son droit de retrait en l’absence de protection ou face à un danger grave et imminent. C’est d’ailleurs le sens du préavis de grève dans les services publics, afin de protéger les personnels travaillant dans des collectivités où les règles ne sont pas appliquées, tout comme dans les autres secteurs. D’autre part, les codes de bonnes pratiques même unanimes, sont remis en cause ou restreints par les ministères comme c’est le cas dans le BTP.

De nombreux salariés sont déjà contaminés, malades voire décédés parce qu’exposés au virus sur leur lieu de travail. Cela pose, dès maintenant, la question de la réparation et ainsi du classement automatique en maladie professionnelle pour les soignants, bien entendu, mais aussi pour tous les travailleurs.

En parallèle, il est maintenant tout à fait urgent de procéder à la définition des activités essentielles et à la fermeture immédiate de celles ne contribuant pas aux besoins vitaux.

Nous voulons d’ailleurs vous réaffirmer notre opposition aux mesures dérogatoires au Code du travail dans les domaines du temps de travail. L’ordonnance prévoyait qu’un décret viendrait préciser les secteurs dans lesquels elle s’appliquerait. À ce jour, aucun décret n’est paru, nous considérons donc qu’aucune dérogation ne peut s’appliquer. L’abrogation immédiate de ces ordonnances qui organisent de manière scandaleuse la déréglementation du travail est ainsi à l’ordre du jour.

Le confinement reste selon les experts scientifiques ou les médecins, le moyen le plus efficace pour lutter contre le Covid-19. L’arrêt des activités non essentielles comme cela vient d’être fait en Italie ou en Espagne permettrait par ailleurs de libérer des protections comme des masques et gants pour ceux qui en ont besoin. À noter le communiqué de l’Amuf (médecins urgentistes) qui va dans ce sens. Par contre, l’évolution de la production pour produire des protections et la reprise d’activité pour des entreprises fermées, comme Luxfer pour la production de bouteilles à oxygène, ou menacées, comme la papeterie de la Chapelle Darblay pour la production de masques, par un financement public est essentiel. Votre ministre de l’Économie a bien parlé de possibles nationalisations.

Nous avons défini une liste d’activités essentielles et nous sommes disponibles pour en discuter avec le gouvernement.

Face à cette pandémie mondiale, nous réitérons notre demande que vous déclariez l’état de catastrophe sanitaire afin de mettre à contribution, par exemple, les assurances et permettre le paiement du chômage partiel à 100 %.

La situation que nous vivons exige que l’ensemble des entreprises contribuent à la solidarité de la Nation, c’est pourquoi vous devez imposer pour toutes, la suppression des dividendes aux actionnaires. Pour le moment votre ministre de l’Économie s’est contenté d’une simple déclaration pour demander aux entreprises qui reçoivent des aides publiques de ne pas verser de dividendes. Nous avons l’expérience de la crise financière de 2008 et cela n’a pas fonctionné, c’est très insuffisant ! Il n’est pas utile de vous rappeler, que récemment encore, les sociétés du CAC 40 s’apprêtaient à verser à leurs actionnaires 54,3 milliards d’euros, soit 5,9 % de plus qu’en 2019. Vous conviendrez que cela constitue un record historique. C’est avant tout une question de décence, de justice et de solidarité nationale !

Il va sans dire qu’un contrôle des aides publiques aux entreprises doit être garanti et une attention particulière doit être portée aux conséquences en matière d’emploi qui pourraient toucher les salariés notamment dans les petites et moyennes entreprises, les secteurs de l’économie sociale et solidaire et plus largement dans tous les secteurs d’activités et cela en lien avec les organisations syndicales représentatives.

Vous devez prendre, dans la période, une mesure d’interdiction de tous les licenciements pour quelques motifs que ce soient et la suspension immédiate de tous les PSE ou plans de restructuration d’entreprise.

Vous devez porter une attention particulière sur la situation des plus fragiles et ainsi prendre des décisions immédiates en direction des chômeurs, travailleurs précaires, intérimaires ou saisonniers, travailleurs des plateformes (…) et prendre des mesures de protection sociale étendues.

En cette période, les salariés ont plus que jamais besoin de leur syndicat à leurs côtés, c’est pourquoi nous tenons à vous rappeler l’engagement pris par votre ministre de l’Intérieur, d’élaborer une autorisation spécifique et nationale pour permettre à tous les élus et mandatés de circuler librement et d’intervenir dans les entreprises ou les services. Cette promesse n’est, à ce jour, encore une fois pas honorée.

Les travailleurs paient un lourd tribut y compris financièrement dans cette crise sanitaire. Beaucoup de voix s’élèvent fortement pour dire que nombre de métiers en première ligne, que ce soit dans l’agroalimentaire, le commerce, l’aide à la personne, les soins ou le médicosocial, les services de ramassage des déchets (…) ne sont pas payés correctement et reconnus dans leur travail, alors que ce sont bien eux les « premiers de cordée ». Beaucoup découvrent leur bulletin de salaire avec des pertes de rémunération substantielles, notamment liées à la disparition des parts variables de rémunération (primes diverses, calcul à partir des forfaits jour, etc.). C’est donc de votre responsabilité de demander à votre ministre du Travail de procéder à une augmentation immédiate du SMIC qui devra se répercuter sur l’échelle des salaires. L’augmentation significative du point d’indice dans la fonction publique doit être un engagement de votre gouvernement.

Nous exigeons également, au-delà d’un paiement à 100 % du chômage partiel, le maintien des cotisations sociales, permettant l’accès de tous à la protection sociale complémentaire (santé et prévoyance).

Enfin, le monde est totalement bouleversé par cette crise et rien ne sera plus comme avant quand nous en serons sortis. Gouverner c’est prévoir et votre gestion de la pandémie n’en a pas fait une démonstration convaincante. Il y a donc un besoin urgent de faire avec les organisations syndicales, un bilan sur les changements radicaux de politique à opérer dans de nombreux domaines économiques et sociaux.

La CGT porte des propositions pour transformer cette société autour de valeurs de progrès social, de solidarité et de sécurité, tant professionnelles qu’environnementales.

La CGT revendique ainsi la mise en place d’une « sécurité sociale professionnelle » pour tous afin qu’aucun salarié, tous statuts confondus, ne subisse plus de rupture dans ses droits, dans la reconnaissance de ses qualifications et de ses acquis par l’expérience. Il faut mettre en place une Sécurité sociale intégrale, un 100 % Sécu sur la base du salaire socialisé, fondée sur les principes fondateurs de la Sécurité sociale, que sont la solidarité et l’universalité, en intégrant de nouveaux besoins non encore couverts et adaptés aux nouvelles formes du travail.

Il s’agit de répondre aux besoins fondamentaux, sur le principe de « bien commun universel », de revalorisation du travail, de préservation de l’environnement et de l’anticipation des transitions nécessaires pour que l’activité humaine ne porte pas atteinte à l’avenir de la planète. Cela suppose aussi qu’une autre économie et qu’une autre façon de consommer émergent.

Dix-huit organisations syndicales ou associatives ont publié une tribune pour anticiper et bâtir le « jour d’après ».

Nous vous en livrons quelques pistes :

  • relocalisation des activités, dans l’industrie, dans l’agriculture et les services, permettant d’instaurer une meilleure autonomie face aux marchés internationaux et de reprendre le contrôle sur les modes de production et d’enclencher une transition écologique et sociale des activités ;
  • réorientation des systèmes productifs, agricoles, industriels et de services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et axés sur le rétablissement des grands équilibres écologiques ;
  • établissement de soutiens financiers massifs vers les services publics, dont la crise du coronavirus révèle de façon cruelle leur état désastreux : santé publique, éducation et recherche publique, services aux personnes dépendantes…
  • une remise à plat des règles fiscales internationales afin de lutter efficacement contre l’évasion fiscale est nécessaire et les plus aisés devront être mis davantage à contribution, via une fiscalité du patrimoine et des revenus, ambitieuse et progressive.

Nous sommes convaincus que ces réorientations majeures sont indispensables pour bâtir une société juste, solidaire et durable dans les domaines économiques, sociaux et écologiques.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de mes respectueuses salutations.

Philippe MARTINEZ

Secrétaire général de la CGT »

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Les 11 mesures demandées par la CFDT pour les salariés des commerces alimentaires

Voici la déclaration de la CFDT ce mardi 31 mars 2020 concernant les salariés des commerces, en première ligne dans le cadre de la crise sanitaire en cours :

« Covid-19 : La CFDT services demande 11 mesures pour protéger les salariés des commerces alimentaires

 La Fédération CFDT des services a établi une liste de onze revendications pour protéger les 600 000 salariés du commerce alimentaire dont l’action est indispensable pour permettre aux Français confinés de continuer de se nourrir. Elle estime que ces salariés ne tiendront pas dans la durée si le secteur ne répond pas favorablement ses demandes.

 « Ce que nous voulons c’est une régulation du secteur. Il y a à ce jour trop de disparités entre les enseignes, explique Olivier Guivarch, le secrétaire général de la fédération CFDT des services, il y a beaucoup de différences en temps normal sur les salaires, les avantages, les acquis mais là sur la santé des salariés, c’est inacceptable. C’est la raison pour laquelle nous avons fait des propositions très concrètes. Nous avons les mêmes exigences de protection pour tous. »

Aussi la fédération a réuni les délégués CFDT des enseignes de la grande distribution qui ont défini les mesures à mettre en place pour protéger les 600 000 salariés du commerce alimentaire. La Fédération a transmis ces revendications au gouvernement et à la fédération du commerce et de la distribution (FCD), revendications sans lesquelles elle estime que les salariés de ce secteur ne pourront pas tenir longtemps sans mettre leur santé en péril. Les voici :

  • L’accès prioritaire à un équipement de protection individuelle (dont masques, gel et gants) pour tout le personnel, sous-traitants inclus (propreté, sécurité). quel que soit le format de l’établissement qu’ils soient en hyper, super, en établissement de proximité, en franchise ou location – gérance ;
  • L’aide de l’État pour les entreprises ;
  • La réorganisation des caisses pour respecter la distanciation sociale ;
  • La fermeture de tous les commerces alimentaires le dimanche ;
  • La fermeture au plus tard à 18h00 de tous les magasins, toutes surfaces ;
  • Un nombre maximum de clients par surface ;
  • La mise en rayon en dehors des heures d’ouverture ou neutralisation de la zone fermée à la clientèle (pour limiter le contact avec la clientèle) ;
  • La protection des magasins et des salariés par la force publique (incivilités des clients) ;
  • La sécurisation des établissements sans personnel (tout en caisses automatiques) pour préserver le personnel de sécurité ;
  • La sécurisation des caisses automatiques dans les établissements avec personnel ;
  • La mise en place de procédures en cas de salariés contaminés.

La fédération CFDT des services estime que ces revendications sont d’une urgence absolue.

Par Didier Blain dblain@cfdt.fr »

 

 

 

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Communiqué de la CGT sur les ordonnances du gouvernement

Voici le communiqué de la CGT s’inquiétant des ordonnances du gouvernement concernant le droit du travail :

« ORDONNANCES : LE GOUVERNEMENT DÉRÉGLEMENTE À TOUT VA !

Le conseil des ministres, réuni ce jour, vient de rendre publique ses ordonnances, mettant en place des déréglementations majeures, en matière de droit du travail, en particulier sur le temps de travail, les congés, la prise des RTT ou encore le compte épargne temps.

Le gouvernement profite, ainsi, de manière scandaleuse, de la crise sanitaire pour déroger, dans certains secteurs économiques dits essentiels mais non définis, aux règles du droit du travail.

La durée quotidienne maximale de travail est portée à 12 heures, au lieu de 10 heures actuellement, celle du travail de nuit à 12 heures au lieu de 8 heures.

De même, il décide de réduire le temps de repos, entre 2 journées de travail, à 9 heures contre 11 heures minimum aujourd’hui.

Il fixe la durée maximale de travail hebdomadaire à 60 heures contre 48 heures jusqu’ici et augmente également les durées de travail hebdomadaires, dans le secteur agricole ainsi que le travail de nuit.

Il instaure l’extension du travail le dimanche et prévoit la possibilité d’user de ces régressions jusqu’à décembre 2020.

Toutes ces décisions expriment sans nul doute la volonté gouvernementale et patronale de préparer une intensification de la production économique. Veulent-ils déjà assurer l’après crise sanitaire ?

Pire, la liste des secteurs concernés par ces déréglementations sera définie unilatéralement par le gouvernement par le biais de décrets, alors que le gouvernement refuse toujours de définir quels secteurs non essentiels doivent arrêter leur activité et mettre enfin les salariés en sécurité.

Il y a donc un vrai risque que ces régressions, en matière de droit du travail, soit étendues à de très nombreux secteurs voire à toutes les activités.

Les ordonnances actent également des reculs majeurs en matière de prise des congés payés qui pourraient être imposés jusqu’à 6 jours ouvrables, avec un délai de prévenance réduit à 1 jour franc après accord soit collectif, soit directement entre le salarié et l’employeur dans les petites entreprises.

Ces ordonnances sont, pour la CGT, inacceptables, injustifiées et représentent une remise en cause sans précédent du droit du travail. Elles constituent bien un effet d’aubaine pour les employeurs.

L’urgence, au contraire, est de garantir la protection et la santé de tou.te.s les travailleur.euse.s, en listant l’ensemble des activités ne répondant pas à des besoins essentiels pour la population.

Ce dont ont besoin les travailleu.euse.s, c’est d’aides et non pas de nouvelles contraintes ! »

 

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«C’est comment qu’on survit ?», une BD sur la réforme du chômage

Voici une bande dessinée très intéressante d’Emma, sur son blog emmaclit.com. Elle informe de manière ludique à propos de la réforme de l’assurance chômage « qui va impacter massivement les futurs chômeurs et chômeuses ». Elle a été réalisée avec l’aide d’un conseiller de Pôle Emploi.

Pour soutenir l’auteur, son Tippee : tipeee.com/emmaclit

Une boutique : emmaclit.com/mes-parutions

Emma précise que sa BD est libre de droits pour toute utilisation militante. La voici :

[passez la souris sur le PDF pour afficher le défileur de page et le zoom]

cest-comment-quon-survit-1

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Assurance chômage: lettre des Présidents de gauche de départements

Voici une lettre publiée par le Groupe de Gauche de l’Assemblée des Départements de France (rassemblant PS, PCF et PRG) et signée par les 26 présidents de départements de gauche. Ils alertent et informent de manière utile sur les grandes conséquences de la réforme de l’assurance chômage.

 

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Les organisations de la Gauche contre la réforme de l’assurance chômage

Voici les communiqués de plusieurs organisations de la Gauche à propos de la réforme de l’assurance chômage, qui est une attaque frontale du gouvernement contre le prolétariat.

Gauche démocratique et sociale :

S’opposer à la guerre sociale menée par Macron

Assurance-chômage, retraite : Macron poursuit sans relâche son offensive contre les droits des salariés, une véritable guerre sociale. Macron profite des divisions à gauche  pour imposer le néo-libéralisme aux travailleurs de notre pays qui pourtant très majoritairement le refusent.

Les mesures présentées mardi par le gouvernement Philippe pour soi-disant « améliorer le marché de l’emploi » consistent surtout à durcir les conditions d’accès à l’indemnisation. Objectifs avoués : diminuer le nombre de chômeurs dans une fourchette de 150 000 à 250 000 (de façon administrative pas par des créations d’emploi) et baisser de 3,4 milliards d’euros les indemnités versées par l’assurance-chômage.).

Une attaque contre tous les chômeurs

Les grands perdants seront les travailleurs précaires, catégorie en constante augmentation. Il faudra travailler plus longtemps sur une période plus courte pour devenir éligible (six mois sur vingt-quatre, contre quatre sur vingt-huit précédemment). De même on ne pourra «recharger» ses droits qu’au terme d’une période six fois plus longue que dans l’ancien système. Les cadres, enfin, seront soumis à une allocation dégressive (elle était fixe auparavant). On commence par les cadres, mais n’en doutons pas la dégressivité sera ensuite étendue aux autres salariés. Pour la CGT, le gouvernement « annonce donc des mesures très dures car des travailleurs déjà très précaires vont perdre toute indemnité, d’autres vont voir baisser leurs droits » Même la CFDT trouve que c’est une réforme « profondément injuste qui va toucher 100% des chômeurs ». FO parle de « punition » pour les chômeurs. Alors, une riposte unitaire est possible ?

Un système de retraites par point pour les baisser

Ce n’est plus comme sous Balladur, Raffarin, Sarkozy, Fillon, Hollande, cette fois ce sont les principes mêmes qui ont fondé nos retraites depuis 1945 qui vont être liquidés par Macron. En finissant avec le système par répartition basé sur le travail et les annuités cotisées, en finissant avec le système de cotisations payées par les patrons sur nos bulletins de paie, en le remplaçant par un système par points, Macron va pouvoir ensuite baisser les retraites comme il le voudra car c’est lui qui fixera le taux des points acquis par chacun de nous. De la même façon que de 2017 à 2020 il nous a pris des milliards en jouant sur la hausse de la CSG et la désindexation sur les prix, il pourra faire varier le niveau des retraites, Il annonce aussi qu’il faudra atteindre 64 ans, « âge pivot » pour bénéficier d’un taux sans décote alors même que l’espérance de vie en bonne santé a baissé, entre 2014 et 2016, de 63,4 ans à 62,6 ans et que le chômage frappe 6 562 100 personnes. Les femmes et les précaires seront touchés davantage.

Un besoin urgent de rassembler et reconstruire la gauche

La « contre-révolution Macron » annoncée dès le premier jour se confirme dans tous les domaines : code du travail mis à mal, SNCF cassé pour faire place à la concurrence, hôpitaux asphyxiés, école étouffée, services publics défaits, salaires bloqués, impôt sur la fortune supprimé…Depuis des décennies la classe dominante, le patronat (1), mène une guerre larvée contre le système social issu de l’après-guerre. Pour « Emmanuel Macron, la guerre sociale, déclarée voici quarante ans, doit désormais aboutir à la victoire de l’État néolibéral. C’est oublier que la France rejette profondément cette évolution » (2). Pour se reconstruire, la gauche doit s’appuyer sur cette majorité sociale qui existe dans le pays et qui rejette le macronisme.

Des millions de citoyen.ne.s cherchent une issue politique pour mettre en échec le macronisme. Ils sont prêts à se mobiliser pour peu que les différentes formations de la gauche donnent un signe de rassemblement et dépassent leurs intérêts d’appareils. C’est tout le sens des propositions des militant.e.s du réseau de la Gauche démocratique et sociale (GDS) à mettre sur pied un comité de liaison, une coordination permanente des forces de gauche sans exclusive, ni hégémonie. C’est la seule voie possible pour que les partis se dépassent, et que militants associatifs et syndicaux prennent toute leur place dans une unité populaire à construire.

(1) Pour désigner la classe dominante, « bourgeoisie » ou « patronat » sont des mots qui nous semblent plus précis en termes de contenu de classe que celui « d’oligarchie ».

(2) La guerre sociale en France Romaric Godin Editions La Découverte

Gauche républicaine et socialiste :

Assurance chômage : une austérité brutale et injuste du gouvernement

La réforme de l’assurance chômage présentée le mardi 18 juin par le Premier ministre Édouard Philippe, et par la ministre du travail Muriel Pénicaud, sous la forme d’un décret, contient une batterie de mesures injustes qui vont réduire brutalement les droits des demandeurs d’emploi. C’est une véritable casse brutale de notre modèle social qui est une fois encore, une fois de trop, à l’œuvre.

Le montant de l’allocation versée et les conditions d’accès au régime sont directement attaqués. Ainsi il faudra travailler 6 mois sur une période de 24 mois pour percevoir une indemnité quand il fallait 4 mois de travail sur une période de 28 mois précédemment. Ce sont 3,4 milliards d’euros de budget en moins pour les demandeurs d’emploi d’ici 2021, voire pire ensuite. Les syndicats de salariés n’ont une fois de plus pas été entendus par l’Exécutif. Les maigres pénalités, avec un taux de malus ridiculement faible, visant les entreprises ayant recours abusivement aux contrats courts ou les annonce sur la formation ne sauraient rendre ce projet gouvernemental équilibré ou juste. Pour s’en convaincre il suffit de constater par exemple que le dispositif des droits rechargeables qui permet à un allocataire de reconstituer des droits chaque fois qu’il retrouve un poste est tout simplement rendu inopérant et désincitatif pour les salariés en multipliant par 6 le nombre d’heures travaillées exigées.

Les chômeurs cadres sont eux aussi attaqués : la dégressivité des prestations est mise en œuvre. Pour les cadres rémunérés plus de 4 500 euros brut par mois en poste cela correspond à une baisse de 30 % à la fin du septième mois. Quant à l’objectif très idéologique et rétrograde qui consiste à éviter que la personne « gagne davantage au chômage qu’en travaillant » il est utilisé par la Ministre du travail pour faire des économies sur le dos des chômeurs et notamment des plus fragiles.

Pour toutes ces raisons, la Gauche Républicaine et Socialiste condamne cette contre-réforme qui n’est qu’un nouvel ajustement budgétaire brutal et injuste fait sur le dos des chômeurs par un gouvernement qui se met depuis le début du quinquennat au seul service des plus riches et du MEDEF. Nous demandons qu’une nouvelle concertation s’ouvre au plus vite avec les syndicats de salariés afin de revenir à la plus élémentaire justice sociale dont se targuait pourtant il y a seulement quelques jours le Premier Ministre lors de son discours de politique générale.

Génération-s :

ASSURANCE CHOMAGE : Le Gouvernement déconstruit la protection sociale française

Le Gouvernement continue de mener la vie dure aux femmes et hommes de ce pays à la recherche d’un emploi. Génération.s plaide pour le développement d’une protection sociale universelle de très haut niveau, afin de permettre l’émancipation des individus au sein d’une société où le partage et l’entraide sont valorisés afin que chacune et chacun d’entre nous puisse vivre mieux.

Pas à pas, le Gouvernement En Marche avance dans son entreprise méthodique de démolition de la protection sociale des habitant.e.s de notre pays.

Dernier épisode en date, et avant le choc de la future retraite à points, le Gouvernement continue de mener la vie dure aux femmes et hommes de ce pays à la recherche d’un emploi.

Par sa réforme brutale, il durcit considérablement les conditions pour pouvoir bénéficier de la protection collective solidaire ainsi que le niveau des allocations versées aux personnes qui veulent trouver un emploi.

Demain il faudra travailler plus longtemps (6 mois au lieu de 4) pour avoir droit à l’assurance collective, et qui plus est sur une période de temps raccourcie (24 mois au lieu de 28 mois). De même, les personnes qui enchaînent les contrats courts rechargeront plus difficilement leurs droits à l’assurance avec l’allongement de la durée minimale de travail (6 mois minimum au lieu d’1). Pis, le calcul du salaire de référence tel que modifié conduira à des baisses drastiques d’allocations pour tous les travailleurs précaires qui enchainent les CDD et l’intérim. Les salarié.e.s qui gagnaient plus de 3375 euros nets seront eux aussi pénalisés par la dégressivité de leurs allocations de 30% au bout de 7 mois d’indemnisation, risquant ainsi de ne plus pouvoir payer leurs emprunts ou loyers.

Avec ces mesures, le Gouvernement portera la responsabilité pleine et entière de l’appauvrissement et de la précarisation de centaines de milliers de nos compatriotes qui seront laissés sans revenus, ou avec des allocations trop faibles pour couvrir leurs dépenses courantes et leurs besoins essentiels.

Ce ne sont pas les quelques timides mesures en faveur de l’accompagnement des personnes qui pourront compenser la dégradation collective des droits sociaux des travailleurs et demandeurs d’emplois.

A rebours de cette vision archaïque et brutale, c’est une toute autre conception de la solidarité que porte Génération.s. Nous plaidons pour le développement d’une protection sociale universelle de très haut niveau, afin de permettre l’émancipation des individus au sein d’une société où le partage et l’entraide sont valorisés afin que chacune et chacun d’entre nous puisse vivre mieux.

Nous appelons la gauche et les écologistes à unir leurs forces pour mener une bataille résolue contre ce projet gouvernemental.

Lutte Ouvrière :

Assurance chômage : de nouvelles attaques

La réforme des allocations chômage a d’abord un objectif, fixé par le gouvernement : économiser au minimum 3,4 milliards d’euros entre novembre 2019 et la fin de l’année 2021.

La réforme a été préparée par une série d’arguments contre les gens privés d’emploi. En particulier, la prétendue baisse du chômage permet de justifier un durcissement des conditions d’accès à son indemnisation. Le gouvernement ne cesse de répéter que les demandeurs d’emploi refusent des emplois parce que les allocations qu’on leur verse seraient trop importantes.

Sur la base de ces fables, le gouvernement vient de trancher en imposant de nouvelles conditions pour être indemnisé. Il faudra avoir travaillé six mois sur les 24 mois écoulés, au lieu de quatre mois sur les 28 écoulés, soit une proportion plus importante. Voilà de quoi écarter des dizaines de milliers de travailleurs de la possibilité d’avoir une allocation chômage.

Le projet est aussi d’imposer des conditions beaucoup plus dures pour recharger ses droits au chômage. Alors qu’il fallait 150 heures de travail, il en faudra six fois plus.

C’est aussi le montant de l’allocation qui est revu à la baisse par le biais d’un changement du calcul qui concernera en particulier tous ceux qui travaillent quelques jours par mois. Les indemnités chômage seront calculées sur le revenu mensuel moyen, et non sur les jours travaillés dans le mois. Cette seule mesure rapportera 590 millions d’euros sur trois ans, selon la ministre.

Un tiers des ruptures de contrat proviennent de contrats de moins d’un jour, preuve que ce ne sont pas les travailleurs qui courent après les contrats dits courts. Les pénaliser en plus sur ce qu’ils toucheront chaque mois, c’est leur faire subir une double peine.

Pour faire bonne mesure, quelques sanctions contre une partie des patrons usant de ces contrats courts sont en discussion. Dans sept secteurs uniquement, et dans les entreprises de plus de 10 salariés, la cotisation chômage patronale augmentera de 0,95 % au maximum sur les contrats de moins d’un mois. En sens inverse, ceux qui usent de contrats de plus d’un mois bénéficieront d’une baisse de leur cotisation de 1,05 % maximum. Cependant la ministre Muriel Pénicaud a annoncé que les discussions avec le patronat vont continuer et il est probable que de nouveaux secteurs obtiendront des aménagements supplémentaires.

Le gouvernement introduit aussi la dégressivité des allocations pour les cadres ayant touché mensuellement plus de 4 500 euros brut. Au bout de sept mois de chômage, leur allocation baisserait de 30 %. Outre qu’elle est purement démagogique, cette mesure prépare la dégressivité de toutes les allocations, y compris les plus misérables.

Une des rares mesures positives annoncées concernera une toute petite partie des démissionnaires, qui malgré tout avoir travaillé cinq ans dans la même entreprise pour prétendre à une allocation. Les indépendants, eux, se verront accorder 800 euros pendant six mois.

Alors que chaque semaine des suppressions d’emplois sont annoncées, cette réforme est une attaque en règle contre les chômeurs et en réalité, contre tous les travailleurs. Il ne faut pas la laisser passer.

PCF :

Assurance chômage : une attaque de grande ampleur contre les bases mêmes de notre modèle social

Une fois de plus, les tenants du « nouveau monde » reprennent les recettes de l’ancien : culpabilisation des chômeurs et déresponsabilisation sociale des entreprises comme seules perspectives.

Avec sa réforme de l’Unedic, le gouvernement veut faire payer 3 milliards d’euros d’indemnisation du chômage par les chômeurs. Au nom de l’idéologie ultra-libérale selon laquelle l’indemnisation du chômage serait un facteur de désincitation au travail, il veut une fois encore changer les règles de l’indemnisation des chômeurs en rognant sur le droit à indemnisation.
Mais cette fois, l’ambition est bien d’ajouter une pierre à la mise à bas de notre système solidaire de protection sociale, en introduisant le principe que l’indemnisation calculée ne pourra pas dépasser la moyenne des salaires perçus.

Cette décision prolonge en effet la réforme précédente de l’Unedic et la réforme des cotisations salariales engagées toutes les deux au début du quinquennat. La suppression des cotisations salariales chômage par l’intégration dans le salaire net de leur montant monétaire a modifié les modalités de la gouvernance de l’Unedic où le poids de l’État a remplacé le paritarisme syndicats-patronat. Le refus du patronat d’accepter une solution viable à la dette de l’Unedic (35 Mds d’euros) par une augmentation des cotisations patronales a laissé le champ libre au gouvernement pour cette nouvelle régression des droits des chômeurs.

En vérité, à l’instar de sa future réforme systémique des retraites qui veut plafonner ad vitam æternam la richesse produite par le pays consacrée aux pensions de retraite, le gouvernement déroule sans le dire sa réforme systémique de l’indemnisation du chômage qui imposera de limiter la contribution sociale du pays en faveur des chômeurs et donc la part de richesses que le pays voudrait leur consacrer. C’est ni plus ni moins qu’une nouvelle « règle d’or d’austérité sur la dépense publique et sociale » qui est ainsi imposée aux salariés, et en premier lieu aux chômeurs, dont le but est de remettre en cause les bases mêmes de notre modèle social.

Les dispositions relatives à un bonus-malus pour les entreprises utilisatrices des contrats courts n’étant là que pour servir d’appât pour de futurs signataires de l’accord.

Le Premier ministre prétend qu’il faut « que le travail paie plus que l’inactivité ». Il aspire à un « plein emploi » … à 7% de chômeurs ! De qui se moque-t-on ?!

Si le gouvernement veut vraiment réduire le nombre de chômeurs et relancer l’emploi, eh bien qu’il crée les conditions d’une éradication réelle du chômage. Et pour cela, le PCF a des suggestions à lui faire. A commencer par empêcher les fermetures de site industriels et par créer en urgence les centaines de milliers d’emplois qui manquent cruellement dans les services publics.

Et il pourrait inscrire cette ambition dans la mise en place d’une véritable sécurité d’emploi ou de formation qui, en assurant une rotation emploi-formation-nouvel emploi sans perte de rémunération, permettrait d’assurer une véritable mobilité professionnelle choisie des salariés sans passer par la case chômage, ni par l’inactivité. Et pour financer cela, qu’il mette à contribution ceux qui sont les premiers responsables de la hausse du chômage : le Medef, qui privilégie la rémunération des actionnaires au développement de l’investissement productif, des compétences et de l’emploi !

Parti socialiste :

Assurance-chômage : quand les actes contredisent le discours

Une semaine après avoir annoncé un acte 2 du quinquennat, plus social, la réforme de l’assurance-chômage contredit scandaleusement le discours.

Pour la première fois, une réforme de l’assurance-chômage est proposée par un gouvernement sans négociations avec les partenaires sociaux, sans passage par le Parlement pour la validation. La méthode du gouvernement change, mais en pire !

L’objectif de cette réforme de l’assurance-chômage est purement comptable : faire de 3 à 3,9 milliards d’euros d’économies d’ici 2022. Sur le dos des plus précaires.
Ces économies vont être faites au détriment des demandeurs d’emploi, notamment les jeunes et les plus fragiles.

230 000 personnes concernées vont perdre leurs droits à l’indemnisation. Aucun nouveau droit dans cette réforme, la doctrine du « en même temps » ne s’applique pas.

Par ailleurs, les moyens de Pôle emploi ne seront en réalité pas renforcés. Des embauches en CDD vont remplacer les départs à la retraite non remplacés et les suppressions de poste des deux dernières années.

Cette réforme va à l’encontre de notre système d’indemnisation chômage. Notre système repose sur les cotisations des salariés. Il ne s’agit donc pas d’une allocation versée par l’État dont le gouvernement peut décider de baisser le montant, mais d’une assurance du salarié qu’il a lui-même financé par ses cotisations.

Actuellement, un chômeur sur deux n’est pas indemnisé, la moitié des 2,6 millions de chômeurs indemnisés touche en moyenne moins de 860 euros par mois. Il faut cesser de feindre que l’on règlera le problème en baissant toujours plus les indemnisations. Il faut au contraire rechercher des solutions pour créer de nouveaux droits, des nouveaux emplois dans un contexte de mutations du travail.

Ce qui coûte aujourd’hui à l’assurance-chômage, ce sont les contrats courts et pourtant seul un tiers d’entre eux sera visé par un malus.

Le Parti socialiste se joindra aux mobilisations des salariés et de leurs organisations pour dénoncer cette nouvelle régression qui porte atteinte au modèle social français.