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Communiqué d’Eau & Rivières de Bretagne contre un «observatoire de l’agribashing», véritable antenne «Demeter» en Bretagne

L’association écologiste Eau & Rivières de Bretagne, qui fait depuis de nombreuses années un travail de terrain remarquable avec une connaissance très pointue de ses sujets, a publié un texte important, ainsi qu’une pétition à signer. En cause, la préfecture d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne qui lance un « observatoire départemental de l’agribashing ». Rien que le nom en dit long, puisqu’il s’agit en arrière-plan d’une opération visant à empêcher toute critique de l’agro-industrie en Bretagne. La mise en place de cet « observatoire » est particulièrement anti-démocratique et le lien est évidemment fait avec la cellule Demeter de gendarmerie, véritable organe de répression anti-écologie et contre l’activisme vegan (voir à ce sujet l’analyse détaillée par La Terre ‘abord!).

Voici donc le communiqué d’E&R de Bretagne, qui prend le contre-pied de la répression en appelant à s’auto-dénoncer, en assumant haut et fort « les critiques sur le système agro-industriel » :

 

« Agribashing | Non à une antenne Demeter en Bretagne

Un observatoire de l’agribashing en Ille-et-Vilaine est lancé par la préfète de Bretagne. Nous dénonçons cette mascarade et appelons tous nos adhérents à s’auto-dénoncer à la cellule Demeter.

Ce jeudi 2 juillet, la préfète d’Ille-et-Vilaine et de Bretagne annonce la mise en place d’un « observatoire départemental de l’agribashing ». La Fédération Bretagne Nature Environnement, dont faire partie Eau et Rivières de Bretagne, dénonce la collusion et le manque d’objectivité à l’origine d’un tel projet. Il s’inscrit dans la droite ligne de la cellule Demeter, dont la dissolution a été demandée par 27 associations en février dernier.

Le monde associatif exclu de l’Observatoire

Cet « observatoire de l’agribashing » doit réunir la chambre départementale d’agriculture, les syndicats agricoles représentatifs (FDSEA, Jeunes agriculteurs, Confédération paysanne, Coordination rurale), les représentants du secteur agroalimentaire (ABEA, UGPVB) ainsi que les services de l’État (DDTM, DDCSPP, police et gendarmerie).

Le monde associatif est, bien malgré lui, prié de ne pas rejoindre la table des discussions et que l’expertise de nos associations sur la question agricole ne pourra certainement pas y être entendue.

Nous remettons donc en cause l’impartialité et l’objectivité des débats et des solutions pouvant être discutées et apportées par cet « observatoire ».

Collusion à grande échelle

L’annonce de la mise en place de cet « observatoire » a lieu au sein même de l’exploitation agricole du président de la chambre départementale d’agriculture d’Ille-et-Vilaine. Cela illustre parfaitement les liens douteux entre les représentants politiques départementaux et ces instances de promotion et diffusion d’un modèle agricole intensif et dévastateur.

Cette annonce fait suite à la nomination de Thierry Merret en tant que personnalité qualifiée au Conseil économique, social et environnemental (Ceser) par la préfète elle-même. Un autre geste éloquent en faveur du système agricole conventionnel et de ses fervents défenseurs.

Nous dénonçons fermement le manque de transparence et la complicité coupable de la préfecture d’Ille-et-Vilaine qui appuie avec force la mise en place d’un tel projet, lequel ne peut objectivement être considéré comme une priorité départementale.

« Agribashing » : la menace fantôme

La mise en place de ce projet est en lien direct avec son expression nationale, la cellule Demeter, projet gouvernemental déjà dénoncé par nos associations. Un objectif concret de cet « observatoire » est la constitution d’une base de données permettant une remontée d’informations vers la cellule.

Les actions portées par nos associations s’inscrivent dans le respect du droit pour la défense de l’intérêt général. La criminalisation d’actions associatives, assimilées à un agribashing, est en contradiction formelle avec le principe de liberté d’opinion.

Que dire des intimidations faites auprès de nos militants associatifs ? Des dégradations faites au niveau des locaux de nos associations ? Du droit environnemental bafoué d’un revers de la main, sous prétexte que nous ne sommes « que » des lanceurs d’alertes, parfois traités d’écolo-terroristes… Madame la Préfète pourrait créer un « observatoire de l’écolo-bashing » ?

Coupons l’herbe sous le pied de cet observatoire !

Pour couper l’herbe sous le pied de cette cellule et de l’observatoire, Eau et Rivières de Bretagne appelle tous ses adhérents et sympatisants à s’auto-dénoncer.

Comment ? En signant la pétition en ligne et en approuvant ce texte : « J’exprime, jusqu’ici en toute liberté, des critiques vis à vis du système agro-industriel breton, en raison d’impacts que je juge négatifs sur l’environnement et la santé. L’opacité sur les cibles et les fonctions de l’observatoire me laissent penser que je pourrais être visé, à mon insu, et donc surveillé par des organisations corporatistes ou à but lucratif. Soucieux de la bonne utilisation des deniers publics, particulièrement mobilisés en ces temps de crise, je tiens à alléger la charge des opérateurs de l’observatoire en m’auto-dénonçant comme porteur résolu de critiques sur le système agro-industriel et ceux qui le font perdurer. »

Signez ici la pétition. »

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Communiqué d’Eau et rivière de Bretagne sur les pulvérisations de pesticides

Voici le communiqué d’Eau et rivière de Bretagne s’insurgeant contre le coup de force anti-démocratique des préfectures bretonnes, en pleine crise sanitaire. Il a en effet été balayé d’un revers de main toute concertation sur les distances minimales par rapport aux habitations pour la pulvérisations de pesticides.

« Distance de pulvérisation des pesticides réduites sans concertation, la double-peine pour les riverains

L’arrêté pesticides paru le 27 décembre 2019, prévoit des distances de sécurité minimales pour la pulvérisation des pesticides à proximité des lieux habités, des Zones de Non-Traitements (ZNT) de 5 m en culture basse et de 10 m en culture haute. Le premier avril, 25 départements, dont tous les département bretons, ont accepté les chartes élaborés par la FNSEA qui réduisent ces distances à 5 m pour les cultures hautes et 3 m pour les cultures basses.

Eau et Rivières de Bretagne a déposé un recours devant le conseil d’État avec 8 autres associations contre l’arrêté du 27 décembre, le jugeant très insuffisant pour assurer la protection des riverains des expositions aux pulvérisations de pesticides.

En pleine crise sanitaire, sans aucune concertation, au moment même où Air Breizh, l’agence de contrôle de la qualité de l’air, alerte sur les émissions d’ammoniac « qui proviennent des élevages de porcs, bovins et volailles », les préfets de tous les départements bretons valident une charte qui divise par deux les distances de précaution pour pulvériser des pesticides. Si nous nous inquiétions de l’inéquité de ces chartes au niveau des territoires selon les rapports de force existant, nous ne nous attendions tout de même pas à ce que cette concertation soit balayée d’un revers de main !

Pour Eau & Rivières, il s’agit purement et simplement d’un déni de démocratie. Comment peut-on parler d’une concertation alors même que, seuls, les utilisateurs de pesticides sont à la manœuvre ? Comment les représentants de l’État dans les régions et les départements peuvent cautionner ces passe-droits ? Le contexte sanitaire actuel ne doit pas être une parenthèse déconnectée de toute réalité. Les riverains sont exceptionnellement obligés de rester chez eux et ne peuvent se soustraire au éventuelles pulvérisation à leurs fenêtres.

Eau et Rivières de Bretagne demande qu’en cette période d’épidémie grave, soit suspendue la décision scandaleuse de valider ainsi des chartes qui auront des conséquences négatives sur la santé. Il sera temps, après la grave crise sanitaire actuelle, de savoir s’il faut diviser par 2 les distances de sécurité pour épandage de pesticides ou les augmenter sensiblement comme le souhaitent toutes les associations. Ces dernières jugent déjà bien insuffisantes les distances de 5 m et 10 m prévues par la loi.

Pour Eau & Rivières de Bretagne, l’objectif reste la sortie complète des pesticides dans les plus brefs délais en accompagnant les agriculteurs dans cette démarche. »