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Les animaux subissent massivement la sécheresse

Les animaux paient déjà la facture.

Le réchauffement climatique est une catastrophe écologique d’aujourd’hui, pas de demain. C’est une chose tout à fait concrète et immédiate pour beaucoup d’animaux sauvages et d’insectes qui subissent la sécheresse de plein fouet en Europe de l’Ouest.

Si pour les humains, la contrainte (normalement) pour l’instant est de ne pas laver sa voiture et, pour les moins individualistes, de limiter le temps sous la douche, pour nombre d’animaux sauvages en revanche, c’est déjà la survie qui se joue.

Il faut penser aux petits animaux, tels les campagnols, les hérissons, les écureuils, qui sont attachés à un petit territoire et qui ne peuvent pas forcément parcourir des distances importantes ou du moins suffisantes. Trouver de l’eau en cette période et échapper à la chaleur devient un problème vital.

Tous les animaux ne sont pas aussi vulnérables, comme l’explique par exemple un technicien forestier de l’ONF à Ouest-France. Mais il y a forcément des conséquences d’une manière ou d’une autre :

« Les grands animaux, comme les cerfs, les chevreuils ou les sangliers sont plus résistants. Ils vont se cacher, trouver des astuces et manger de l’herbe. En revanche, les petits faons de chevreuil ou de biche peuvent trouver des carences, car le lait de la mère ne sera pas assez nutritif si elle ne trouve pas assez de nourriture. En ce moment, c’est la période de croissance et le risque de carence est élevé. »

En plus de la sécheresse, la chaleur devient elle-même un problème, provoquant un stress physiologique très important chez la plupart des espèces. Les arbres et la végétation en général maintiennent normalement des écosystèmes locaux produisant des îlots de fraîcheurs et d’humidité, mais cela fonctionne très mal lors d’épisodes de canicule. Surtout s’ils sont répétés. Les arbres développent une sorte d’auto-protection (en arrêtant la photosynthèse) et l’écosystème garantissant une certaine fraîcheur est perturbé.

Il en est de même pour l’alimentation : non seulement des végétaux meurent asséchés, mais même avant cela, ils ne contiennent plus en ces temps de sécheresse la quantité d’eau qui permet habituellement l’hydratation d’animaux.

En fait, il y a à chaque fois des réactions en chaîne lorsque la nature est perturbée. Autre exemple : fin juillet dans les Alpes-Maritimes, le centre local de soin de la faune sauvage explique recueillir nombre de martinets et chauves-souris dénutris. Non pas déshydratés à cause de l’eau manquante, mais bien dénutris, car les insectes qu’ils mangent, eux manquant d’eau, meurent ou ne naissent pas. C’est d’ailleurs un problème déjà bien connu à cause des pesticides, et chaque années les campagnes victimes de l’agriculture intensive sont bien trop silencieuses en l’absence d’oiseaux.

La sécheresse des sols est également un problème pour beaucoup d’insectes, comme l’explique à la presse locale une bénévole de Indre Nature :

« Beaucoup d’espèces faisant leur chrysalide en terre et lorsqu’il ne pleut pas, celles-ci se dessèchent. On assiste ainsi à beaucoup moins d’émergences que par le passé. Même pour des espèces aussi communes que l’argus bleu-nacré, dont je n’ai vu aucun spécimen cette année. »

Il est évident par ailleurs que les espèces d’amphibiens et de batraciens, qui vivent entre terre et eau, sont directement touchées par l’asséchement des plans et cours d’eau.

Il faut penser aussi, bien qu’ils soient souvent oubliés, aux poissons. En la matière, c’est une catastrophe dans les cours d’eau français en ce mois d’août 2022. Il suffit de lire n’importe quel titre de presse local pour voir un ou des articles terrifiants à ce sujet, avec des rivières desséchées, des bout de la Loire se traversant à pied, et donc des poissons agonisants par manque d’eau ou d’oxygène, ou en raison de la température trop élevée de l’eau, ou encore à cause de la prolifération d’algues toxiques permise par le réchauffement climatique.

Il faut penser aussi aux animaux domestiques qui subissent pour beaucoup un grave stress en raison de la chaleur, surtout pour ceux vivant enfermés dans des appartements mal isolés. Mais le pire concerne évidement les animaux des refuges, qui déjà vivent une situation terriblement difficile là où ils sont, mais en plus subissent encore plus la chaleur, car les infrastructures ne sont malheureusement pas adaptées, faute de moyen et de bénévoles.

Le pire, c’est que tout cela ne résulte pas seulement d’un (grave et long) épisode saisonnier de canicule en France. En fait, la sécheresse dure depuis l’hiver, avec en moyenne en France un déficit de précipitations de 20% par rapport à ce qui était attendu. Le printemps à été particulièrement sec, le troisième le plus sec depuis l’établissement des relevés et statistiques météorologiques.

La question n’est plus de limiter ou de sauver quelques meubles face au réchauffement climatique. C’est déjà bien trop tard, la donne a entièrement changé et la planète sur laquelle nous vivons n’est d’ores et déjà plus la même.

L’écocide est en cours, avec les animaux en première ligne. Il faut maintenant une nouvelle génération d’humains faisant table rase du passé et la première étape pour cela est de se tourner vers les animaux. Pour reconnaître les gens qui valent la peine, il y a donc un critère très simple aujourd’hui : il y a ceux qui sont révoltés jusque dans leur chair par la situation des animaux face à la sécheresse, et puis il y a les autres, minables résidus d’une civilisation qui se meurt.

Et ces résidus minables forment pour l’instant encore la quasi totalité de la population.

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Le problème du VTT dans les Vosges

La tendance est partout et tout le temps à l’écocide.

Le VTT est une pratique particulièrement impactante pour les espaces naturels et les sentiers de randonnée. De grosses roues cramponnées, à vive allure, par centaines, cela forcément creuse la terre, déchire les racines, dérange les animaux. C’est quelque-chose de connu de longue date par les randonneurs et les gens véritablement tournés vers la nature.

Dans la plupart des cas, le VTT n’a rien d’un loisir écologique mais relève de la consommation tout ce qu’il y a de plus libérale et individualiste, voire beauf. Surtout depuis la généralisation des « vélos » à assistance électrique. Et comme nous vivons une époque où c’est la fuite en avant dans la consommation, avec le capitalisme se généralisant 24 heure 24 et jusque dans les moindres interstices de la vie quotidienne, alors forcément tout cela prend de l’ampleur. C’est ce qui se passe actuellement dans les Vosges, où les tensions sont de plus en plus vives à ce sujet.

Un fait récent a attisé le feu : un jeune homme a été gravement blessé à VTT en raison d’un piège. Il s’agissait d’une planche cloutée cachée sous des feuilles. Ce sont les écologistes locaux qui sont directement accusés, car ils mènent actuellement une campagne contre les pratiques invasives des VTTistes et une pétition est en cours. Le peloton de gendarmerie de montagne du Haut-Rhin se scandalise et considère qu’une « ligne rouge a été franchie », car il est déjà constaté depuis quelques temps aussi la pose de barbelés anti-VTT.

L’association SOS Massif des Vosges, directement mise en cause, se défend bien sûr de tout acte criminel, et elle condamne fermement la mise en danger de la vie d’autrui. Pour autant, elle a beaucoup de choses à dire à ce sujet, car la colère est grande. Voici un extrait récent, où ce qui est dit est très pertinent :

« Que recherche le pratiquant de VTT enduro, tout terrain ?

La vitesse, l’adrénaline, la prise de risque, toutes choses, n’est-ce-pas, qui caractérisent l’amoureux de la nature, du silence et de la quiétude !

Le développement de ces sports en pleine nature sur les pentes escarpées du massif vosgien est la garantie de profits immenses des marchands, et fabricants de vélos. C’est la garantie de voir se développer ce marché, bien au delà des VTT enduro et tout terrain vers des VTT électriques, qui permettront à un public peu ou pas sportif de grimper ces mêmes sentiers sans efforts et de les descendre la main sur le frein en se prenant pour des aventuriers.

C’est demain l’ouverture déjà programmée à toutes sortes de nouveaux « produits » motorisés ou non qui envahiront les pentes forestières et les chaumes.

C’est l’envahissement de la nature par des machines et objets inutiles, consommateurs d’énergie et de ressources rares.

C’est l’industrialisation des sites dorénavant consacrés aux loisirs fabriqués artificiellement par les marchands en tous genres, avec la complicité active des offices de tourismes, des collectivités dont l’horizon se limite aux statistiques de fréquentation et au chiffre d’affaire, soutenus en cela par quelques Présidents d’associations de marcheurs en recherche de notoriété, et pour couronner le tout, avec le Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges comme caution.

Parc qui semble trahir bien souvent la charte qui devrait encadrer son action.

C’est également la garantie d’une dégradation accélérée des sols forestiers, les pratiquants de VTT enduro s’écartant systématiquement des pistes même lorsque celles-ci sont spécialement aménagées à leur intention.

C’est plus drôle et plus « fun » de couper les virages et de s’élancer en hors pistes. Nous tenons à disposition des vidéos tournées par les pratiquants eux-mêmes. »

Voilà la réalité de ce genre de loisir pseudo-sportif, et en fait surtout ultra-consommateur de la « nature ». Les régions montagneuses paient déjà depuis des dizaines d’années le prix de ce genre de pratiques poussées à fond par le capitalisme consommateur d’espaces, de « paysages », et de « sensations ». Mais à notre époque, cela prend une ampleur fulgurante.

Comme le dit très bien Stéphane Giraud, le directeur d’Alsace Nature (membre du réseau France nature environnement) :

« Le modèle économique actuel, qui privilégie le développement d’un tourisme de masse, risque de transformer le massif en un immense parc d’attraction. »

On ne peut rester indifférent face à un tel phénomène qui relève de la tendance à l’écocide. C’est un enjeu majeur de notre époque, et la Gauche doit s’en saisir à bras le corps. Et l’un des aspects essentiels, c’est la situation des animaux sauvages. Il est absolument flagrant que l’humanité vivant dans le capitalisme mène une agression généralisée de tout ce qui est naturel.

En ce sens, le développement des VTT est une sorte de conquête de l’Ouest convergeant à la bétonnisation du monde. Et le pire c’est que pour fuir le béton que la pratique du VTT se développe, alors que c’est une réponse qui est totalement intégrée à la philosophie du béton elle-même.

Cela indique bien que sans reconnaissance de la question animale, on est forcément pris au piège. La reconnaissance des animaux sauvages, de leur existence naturelle, de la Nature elle-même d’ailleurs, est un préalable à toute considération qui ne soit pas aliénée par le capitalisme conquérant et destructeur.

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Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises

Le CNRS et le Muséum d’histoire naturelle ont enquêté et abouti à un constat terrible sur la disparition des oiseaux ces dernières années. Voici le communiqué à ce sujet du Muséum national d’Histoire naturelle, dont le titre est « Le printemps 2018 s’annonce silencieux dans les campagnes françaises ».

Les derniers résultats de deux études de suivi des oiseaux, l’une menée à une échelle nationale, l’autre plus localement, viennent de sortir.

Les chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS arrivent au même constat : les oiseaux des campagnes françaises disparaissent à une vitesse vertigineuse.

En moyenne, leurs populations se sont réduites d’un tiers en 15 ans. Au vu de l’accélération des pertes ces deux dernières années, cette tendance est loin de s’infléchir…

Grâce à des ornithologues amateurs et professionnels qui identifient et comptent les oiseaux sur tout le territoire métropolitain, le STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs, un programme de sciences participatives porté par le Muséum national d’Histoire naturelle au sein du CESCO1), produit des indicateurs annuels sur l’abondance des espèces dans différents habitats (forêt, ville, campagne etc.).

Les relevés effectués en milieu rural mettent en évidence une diminution des populations d’oiseaux vivant en milieu agricole depuis les années 1990. Les espèces spécialistes de ces milieux, comme l’alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan, ont perdu en moyenne un individu sur trois en quinze ans. Et les chiffres montrent que ce déclin s’est encore intensifié en 2016 et 2017.

Ces résultats nationaux sont confirmés par une seconde étude menée à une échelle locale sur la Zone atelier « Plaine & Val de Sèvre » portée par le CNRS.

Depuis 1995, des chercheurs du CEBC2 suivent chaque année, dans les Deux-Sèvres, 160 zones de 10 hectares d’une plaine céréalière typique des territoires agricoles français.

En 23 ans, toutes les espèces d’oiseaux de plaine ont vu leurs populations fondre : l’alouette perd plus d’un individu sur trois (-35%) ; avec huit individus disparus sur dix, les perdrix sont presque décimées.

Ce déclin frappe toutes les espèces d’oiseaux en milieu agricole, aussi bien les espèces dites spécialistes – fréquentant prioritairement ce milieu -, que les espèces dites généralistes – retrouvées dans tous les types d’habitats, agricoles ou non.

Or d’après le STOC, les espèces généralistes ne déclinent pas à l’échelle nationale ; la diminution constatée est donc propre au milieu agricole, sans doute en lien avec l’effondrement des insectes.

Cette disparition massive observée à différentes échelles est concomitante à l’intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années, plus particulièrement depuis 2008-2009.

Une période qui correspond entre autres à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d’avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides neurotoxiques très persistants.

Ces deux études, menées toutes deux sur une vingtaine d’années et à des échelles spatiales différentes, révèlent l’ampleur du phénomène : le déclin des oiseaux en milieu agricole s’accélère et atteint un niveau proche de la catastrophe écologique.

En 2018, de nombreuses régions de plaines céréalières pourraient connaître un printemps silencieux (« Silent spring ») annoncé par l’écologue américaine Rachel Carson il y a 55 ans à propos du tristement célèbre DDT interdit en France depuis plus de 45 ans.

Si cette situation n’est pas encore irréversible, il devient urgent de travailler avec tous les acteurs du monde agricole pour accélérer les changements de pratiques ; et d’abord avec les agriculteurs qui possèdent aujourd’hui les clés pour infléchir la tendance.

1 Centre des sciences de la conservation (Cesco – MNHN/CNRS/SU)
2 Centre d’études biologiques de Chizé (CNRS/Université de La Rochelle)